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Transcript

1990

Crise personnelleCrise familiale

START

JUSTE LA FIN DU MONDE

Lecture linéaire 10: Deuxième partie, scène 3, de "Tu es là" à "le ressentiment contre moi-même"

Présentation de l'oeuvre :En 1990, Jean-Luc Lagarce écrit la pièce "Juste la fin du monde" à Berlin. Elle va être jouée pour la première fois en 1999 et va gagner en reconnaissance après la mort de son auteur en 1995. Elle va même devenir l'une de ses oeuvres les plus traduites et jouées mondialement. Elle va entrer dans le répertoire de la Comédie Française en 2008 et a été adaptée au cinéma en 2016 par Xavier Dolan.L'intrigue tourne autour de Louis, de retour après des années d'absence pour annocer sa mort prochaine à sa famille. Il retrouve sa mère, sa soeur, son frère et rencontre sa belle-soeur pour la première fois. La pièce explore les thèmes des difficultées de la communication, les conflits et les relations familiales compliquées.Présentation du passage :Le passage final de cette pièce expose une crise familiale dans laquelle chacun exprime ce qu'il avait à dire à Louis. Il était pourtant venu pour annoncer son tragique destin, mais il va être le seul à ne rien dire avant de partir. Dans cette scène, Antoine accuse Louis d'être à la fois victime et complice des tensions familiales.Problématique: Comment Jean-Luc Lagarce fait-il passer Antoine des reproches aux regerts?

Introduction

Je ne suis rien, je n'ai pas le droit, et lorsque tu nous quitteras encore, que tu me laisseras, je serai moins encore, juste là à me reprocher les phrases que j'ai dites, à chercher à les retrouver avec exactitude, moins encore, avec juste le ressentiment,le ressentiment contre moi-même.

Tu es là devant moi,je savais que tu serais ainsi, à m’accuser sans mot,à te mettre debout devant moi à m’accuser sans mot, et je te plains, et j’ai de la pitié pour toi, c’est un vieux mot, mais j’ai de la pitié pour toi, et de la peur aussi, et de l’inquiétude, et malgré toute cette colère, j’espère qu’il ne t’arrivera rien de mal,et je me reproche déjà(tu n’es pas encore parti) le mal aujourd’hui que je te fais. Tu es là, tu m'accables, on ne peut plus dire ça, tu m'accables, tu nous accables, je te vois, j'ai encore plus peur pour toi que lorsque j'étais enfant, et je me dis que je ne peux rien reprocher à ma propre existence, qu'elle est paisible et douce et que je suis un mauvais imbécile qui se reproche déjà d'avoir failli se lamenter, alors que toi, silencieux, ô tellement silencieux, bon, plein de bonté, tu attends, replié sur ton infinie douleur intérieure dont je ne saurais pas même imaginer le début du début.

2- Le personnage pathétique d'Antoine

1- Les deux frères face à face

Les mouvements du texte

utilisation du polyptote avec pronom "nous" qui vient remplacé "me" :

  • Antoine reproche à Louis de les faire tous culpabiliser, même en restant silencieux, par sa simple attitude de victime
  • valeur plus forte et amplifient les reproches d'Antoine

"on ne peut plus dire ça" (l. 197), "j'ai encore plus peur pour toi" (l. 200):

  • présence éphémère
  • Antoine a deviné que son frère ne serait bientôt plus là, il ne le verra bientôt plus

Affirmation "Tu es là": l'adverbe "là" situe Louis dans l'espaceAntoine est en face de son frère qui lui parle+ "je te vois" l. 200:"tu es encore là", "je te vois encore": suggère une présence physique et un sens plus symbolique

Tu es là devant moi,je savais que tu serais ainsi, à m’accuser sans mot,à te mettre debout devant moi à m’accuser sans mot, et je te plains, et j’ai de la pitié pour toi, c’est un vieux mot, mais j’ai de la pitié pour toi, et de la peur aussi, et de l’inquiétude, et malgré toute cette colère, j’espère qu’il ne t’arrivera rien de mal,et je me reproche déjà(tu n’es pas encore parti) le mal aujourd’hui que je te fais. Tu es là, tu m'accables, on ne peut plus dire ça, tu m'accables, tu nous accablest.

je te vois, j'ai encore plus peur pour toi que lorsque j'étais enfant, et je me dis que je ne peux rien reprocher à ma propre existence, qu'elle est paisible et douce et que je suis un mauvais imbécile qui se reproche déjà d'avoir failli se lamenter,

La négation + termes péjoratifs : objections qu'il adresse à lui même--> s'en veux de se comparer à son frère et retourne les reproches contre lui

Voir ou penser à son frère déclanche chez lui une envie de se comparer à celui ciLe voir lui fait penser à sa propre existanceEt l'avoir en face le fait ressentir de la rivalité envers lui

Association proposition + verbe de penséAntoine confie se que lui évoque de voir son frère

je te vois, j'ai encore plus peur pour toi que lorsque j'étais enfant, et je me dis que je ne peux rien reprocher à ma propre existence, qu'elle est paisible et douce et que je suis un mauvais imbécile qui se reproche déjà d'avoir failli se lamenter,

La négation + termes péjoratifs : objections qu'il adresse à lui même--> s'en veux de se comparer à son frère et retourne les reproches contre lui

Voir ou penser à son frère déclanche chez lui une envie de se comparer à celui ciLe voir lui fait penser à sa propre existanceEt l'avoir en face le fait ressentir de la rivalité envers lui

Association proposition + verbe de penséAntoine confie se que lui évoque de voir son frère

je te vois, j'ai encore plus peur pour toi que lorsque j'étais enfant, et je me dis que je ne peux rien reprocher à ma propre existence, qu'elle est paisible et douce et que je suis un mauvais imbécile qui se reproche déjà d'avoir failli se lamenter,

"bon, plein de bonté" = Parallélisme (adjectif + précision):description amère et ironiqueIl avez déjà formulé ce repoche auparavant

Apostrophe + adverbe d'intensité mettent en la valeur la moquerie d'Antoine envers son frère

Connecteur d'opposition + répétition de l'adjectif marque une opposition Antoine décrit ironiquement son frère qui lui sait demeurer dans le silence

Antoine s'oppose à son frère : il se traite de ''mauvais imbécile'' qui a presque eu la faiblesse de s'exprimer

et que je suis un mauvais imbécile qui se reproche déjà d'avoir failli se lamenter, alors que toi, silencieux, ô tellement silencieux, bon, plein de bonté,

Périphrase peut aussi être entendue de manière ironique, Antoine poursuivant alors ses reproches à son frère

  • « "dont je ne saurais pas même imaginer le début du début » (l.210-211) =
  • douleur de Louis
  • le spectateur saisit l'ironie tragique d'Antoine
  • Cette phrase fait référence à la souffrance intérieur de Louis, qui se sent différent et étranger à sa famille, ainsi quà la mort qu'il porte en lui

La périphrase et hyperbole : « ton infinie douleur intérieure » (l. 210) = Antoine semble avoir un pressentiment de la mort prochaine de Louis, même si elle n'est pas mentionnée

tu attends, replié sur ton infinie douleur intérieure dont je ne saurais pas même imaginer le début du début.

le mot « douleur » :

  • intensifié par les deux adjectifs qui l'encadrent, « infinie » et « intérieure », construits avec le même préfixe « in »
  • "infinie : préfixe privatif= fait référence à "Juste la fin du monde"
  • "intérieure" : "dans, en" = intimité, innaccésibilité de l'intériorité de Louis
  • Titre annoce la fin du monde de Louis