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Voyage en Campanie

26 février - 1 mars 2024Terminale Histoire des Arts Terminale Humanité - Littérature - PhilosophieLycée Marie Curie - Versailles

Le royaume de Naples du 17e au 19e s. Capitale européenne d'une éducation intellectuelle et artistique

Pompei

Naples

Vésuve

Oplontis

Paestum

Capri

Sorrente

Il n'y a point de pays où l'on cherche plus à jouir de la vie, et où l'on se familiarise plus avec la mortVivant DENON, Voyage au royaume de Naples, 1778

Ramenez-moi, disais-je, au fortuné rivageOù Naples réfléchit dans une mer d'azurSes palais, ses coteaux, ses astres sans nuage,Où l'oranger fleurit sous un ciel toujours pur.Que tardez-vous ? Partons ! Je veux revoir encoreLe Vésuve enflammé sortant du sein des eaux;Je veux de ses hauteurs voir se lever l’aurore ;Je veux, guidant les pas de celle que j’adore,Redescendre en rêvant de ces riants coteaux.Suis-moi dans les détours de ce golfe tranquille ;Retournons sur ces bords à nos pas si connus,Aux jardins de Cythie, au tombeau de Virgile,Près des débris épars du temple de Vénus :Là, sous les orangers, sous la vigne fleurieDont le pampre flexible au myrte se marieEt tresse sur ta tête une voûte de fleurs,Au doux bruit de la vague ou du vent qui murmure,Seuls avec notre amour, seuls avec la nature,La vie et la lumière auront plus de douceur.Lamartine, Nouvelles Méditations poétiques, 1843.

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Sujets de philosophie HLPVous traiterez au choix l'un des sujets suivants :Sujet 1 L'imaginaire du vestige. Sites : Pompéi + mosaïques du musée archéologique, Oplontis ou Paestum.Commentaire : les vestiges nous permettent d'imaginer une civilisation passée : l'expérience humaine, familiale, sociale, politique, religieuse. - Par quelle démarche intellectuelle peut-on passer de ce que l'on voit à ce que l'on imagine ? Du visible à l'invisible ?- Quel rôle jouent les connaissances historiques, archéologiques, techniques dans cette démarche ?Sujet 2 Le voyage sur les pas d'autres voyageurs. Sites : le Vésuve, Pompéi, Capri ou Naples.Commentaire : l'expérience personnelle du voyage se nourrit de celle de nos prédécesseurs : écrivains, peintres, explorateurs. - Comment l'imaginaire d'autres voyageurs nourrit-il notre propre voyage ?- Inspiration, exaltation ou distanciation du regard ?Sujet 3 Le mythe des âges. Site : collection Farnèse du musée archéologique.Commentaire : nous voyons au musée la collection Farnèse ; la famille Farnèse constitue une collection d'oeuvres à la Renaissance tardive, excavées des termes de Caracalla ; les sculpteurs romains copient les statues grecques.Certaines statues représentent des têtes d'empereurs sur des corps idéalisés, d'autres encore représentent des philosophes aux visages imaginés par les artistes.- Pourquoi attachons-nous de l'importance aux âges anciens ? L'humanité a-t-elle connu un âge d'or ? Quelle est la part d'idéalisation du passé ? - Comment le mythe des âges joue-t-il dans notre appréciation des œuvres d'art ?Consignes Produire un enregistrement audio de 3 à 4 minutes. Déposer-le sur Pearltrees et partagez-le avec moi avant de quitter l'Italie.- Développez une thèse personnelle répondant au sujet choisi.- Choisissez un site, et sélectionnez un petit nombre de vestiges ou œuvres, dont vous développerez une analyse précise et détaillée. Utilisez pour cela les explications des musées ou des guides. Cette analyse appuiera votre thèse.

Le Vésuve

Paysage et romantisme : le Sublime et l'Effroi

Reportage

Activité

Lettre de Pline le jeune à Tacite, dans laquelle il raconte l'éruption du Vésuve et la mort de son oncle.« Il se trouvait à Misène et commandait la flotte en personne. Le 9 avant les calendes de septembre, aux environs de la septième heure, ma mère lui apprend qu’on voit un nuage extraordinaire par sa grandeur et son aspect... Lire la suite.

cartels

L’ascension du Vésuve racontée par Vivant Denon, Voyage au Royaume de Naples, 1778.« Nous continuâmes donc de monter comme à la tranchée ; et après deux heures de la marche la plus pénible, nous entrâmes par la brèche de plain-pied eu fond du cratère,... Lire la suite.

L’ascension du Vésuve racontée par Chateaubriand, Voyage en Italie,1827.« Les nuages s’entrouvrent maintenant sur quelques points ; je découvre subitement et par intervalles Portici, Caprée, Ischia, le Pausilippe et la côte du golfe de Naples, brodée d’orangers : c’est le paradis vu de l’enfer. […]. Lire la suite.

  • Faire 3 photos du Vésuve en respectant les consignes ci-dessous :

Dans votre reportage sur Pearltrees vous devez :

  1. le cratère du Vésuve à la manière de Viollet-le-Duc
  2. le panorama depuis le Vésuve
  3. la baie de Naples avec le Vésuve (à faire plus tard...)

  • Ecrivez un texte sur "le Sublime et l'effroi" à partir des sentiments que vous avez éprouvés, des textes que vous avez lus et des illustrations que vous avez vues

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L’ascension du Vésuve racontée par Elisabeth Vigée-Lebrun, 1794 (?)« Maintenant je vais vous parler de mon spectacle favori, du Vésuve. Pour peu, je me ferai vésuvienne, tant j’aime ce superbe volcan ,... Lire la suite.

Peintres et architectes à Pompéi

Pompei

Archéologie, Restauration et Poétique des ruines

Reportage

Activité

Dans votre reportage sur Pearltrees vous devez :

Madame de Staël, Corinne ou l’Italie, 1807.« Les ruines de Pompéia sont proches du Vésuve, et c'est par ces ruines que Corinne et lord Nelvil commencèrent leur voyage... Lire la suite.

  • Prendre 10 photos avec au moins:

cartels

cartels

Chateaubriand, Voyage en Italie, 1827.« En parcourant cette cité des morts, . Lire la suite.

Dumas, Le Corricolo, 1843. « Cette rue des tombeaux est un magnifique péristyle pour entrer dans une ville morte ; puis tous ces monuments funèbres placés aux deux côtés de la route consulaire au bout de laquelle s’ouvre béante la porte de Pompeïa... Lire la suite.

Théophile Gautier, Pompéi : Le Triclinium, Contes fantastiques, Arria Marcella, 1852.« Les trois amis suivaient cette voie bordée de sépulcres, qui, dans nos sentiments modernes, serait une lugubre avenue pour une ville... Lire la suite.

Hippolyte Taine, Pompei, Voyage en Italie, 1867« Presque partout, au centre de la maison, est un jardin grand comme un salon, au milieu un bassin de marbre blanc avec une fontaine jaillissante, à l’entour un portique de colonnes... Lire la suite.

Photographes à Pompéi

1. un temple 2. une villa/maison, 3. une vue de rue, 4. le forum, 5. un édifice de spectacle, 6. un détail d'architecture, 7. un décor peint, 8. une trace d'activité d'archéologue, 9. un tombeau, 10. libreVos photos doivent s'inspirer de prises de vue du 19e siècle

  • Ecrire un texte sur vos sentiments et votre réflexion face aux ruines (+ sur la restauration - HDA)

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Oplontis

L'art de la fresque murale dans une riche villa romaine du Golfe de Naples

Reportage

Activité

Des fouilles sur le site furent entreprises en 1785 mais furent rapidement interrompues à cause de fissures émanant du dioxyde de carbone, toxique pour les ouvriers. Dans les années 1830 des fouilles clandestines furent entreprises par Wilhelm Johan Carl Zahn, célèbre peintre et architecte allemand, ami de Johann Wolfgang Goethe. Des fouilles officielles furent entreprises en 1839 mais le site ne fut vraiment fouillé qu’à partir de 1974.

  • Faire 10 photos de fresques en respectant les consignes ci-dessous

cartels

Ci-contre des reproductions de fresques à Pompéi et Hercunamum réalisées par W. J. K. Zahn et éditées entre 1828 et 1830

L'ART DE LA FRESQUE dans les villlas pompéiennes. Lire la suite.

Les 4 styles de peintures pompéiennes

Dans votre reportage sur Pearltrees vous devez :

  1. inspirez-vous des vues de W. J.K. Zahn
  2. concentrez-vous sur des détails
  3. une photo par couleur dominante (les 6 : noir, blanc, jaune, vert, bleu, rouge)
  4. au moins une photo de scène mythologique, d'animaux, de fruit/légumes/végétation et d'architecture

HLP. Violence et histoire : faire une recherche sur les maroquinades à mettre en rapport avec le film La Ciociara réalisé en 1960 par Vittorio de Sica

Paestum

Les temples grecs en Campanie : représentation et restauration

Reportage

Activité

Dans votre reportage sur Pearltrees vous devez :

  • Prendre 6 photos avec au moins : vue générale + façade + intérieur + détail architectural
  • Faites le relevé d'une façade d'un temple dorique périptère
  • Ecrivez un texte sur la question de la restauration : "Si vous étiez un restaurateur de monuments que feriez-vous des ruines de Paestum ?"

La ville qui s'appelle alors Poseidonia est fondée en 600 av. nè. par des Grecs de Sybaris (en Calabre actuelle car les Grecs ont colonisé au 6e-5e av. nè. le sud de l'Italie et la Sicile ce qu'on appelle la Grande Grèce). Durant les 6e-5e av. nè. la cité est au sommet de sa splendeur et les 3 temples du site (Athéna/Cérès, Neptune, Héra) datent de cette période. Vers 420-410 av. nè. la ville est conquise par les Lucaniens (peuple italique) et la ville est rebaptisée Phaiston. En -273 les Romains conquièrent la ville et la ville devient une colonie romaine et reçoit le nom de Paestum.

cartels

Vivant Denon, Voyage au Royaume de Naples, 1778.« On fait des descriptions si étranges, et on prend des idées si monstrueuses d’après ce qu’on lit, et ce que l’on entend raconter que je croyais trouver Paestum dans un désert marécageux... Lire la suite.

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Sorrente

Le pittoresque et sa représentation

Reportage

Activité

cartels

Dans votre reportage sur Pearltrees vous devez :

  • A l'aide de la définition vous chercherez ce qui est pittoresque pour vous et vous prendrez 2 ou 3 photographies en argumentant votre choix. Vous pouvez vous inspirer du portfolio ci-contre

(italien pittoresco, de pittore, peintre) ; qui est digne d’être peint.- Qu’on remarque pour son originalité (curieux, étonnant)- Qui a du relief, qui sort de l’ordinaire, qui fait image (insolite ; piquant, vivant).

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Capri

Reportage

Activité

cartels

Le pittoresque et sa représentation

Dans votre reportage sur Pearltrees vous devez :

  • Prendre 8 photos qui imitent les 8 illustrations du portfolio en donnant un titre faisant ressortir le pittoresque pour chaque photo
  • Dans le catalogue de la RMN choisissez 2 oeuvres (mais pas de photos) et justifiez vos choix

HLP. Capri : source d'inspiration ? Vous écrirez un texte répondant à cette question

Maxime du Camp, Orient et Italie, Souvenirs de voyages et de lectures, 1868Maxime du Camp est un ami très proche de Flaubert, c’est avec lui qu’il a réalisé son grand Tour qui l’a mené de l’Italie au Maroc. Après une longue réflexion sur les ruines et l’antiquité il conclut ainsi sa visite.« Je n’ai plus rien à dire de l’ile de Capri, qui est le meilleur belvédère où l’on puisse monter pour voir le golfe de Naples se déployer dans toute sa splendeur. ... Lire la suite.

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Naples : Musée archéologique

Archéologie, Histoire et Muséologie

Reportage

Activité

Le Musée est né grâce à l'intérêt des Bourbons pour l'art et la culture. Charles III, roi de Naples depuis 1734, commença les explorations du territoire détruit par l'éruption du Vésuve, en 79 après J.-C. Les villes Ercole et Pompéi ont ainsi été trouvées. En plus, il apporta à Naples une riche collection de pièces archéologiques romaines, provenant de Rome et hérité de sa mère Elisabetta Farnèse. Cependant, ce fut son fils Ferdinand qui réunit la partie romaine de la collection Farnèse et les découvertes vésuviennes, dans un seul bâtiment, le Palais degli Studi.

  • Faites un portfolio de 10 oeuvres comprenant :

Dans votre reportage sur Pearltrees vous devez :

  1. un vase antique
  2. une scupture en marbre
  3. une sculpture en bronze
  4. la mosaïque d'Alexandre
  5. une autre mosaïque de votre choix
  6. une fresque "mythologique"
  7. une fresque "nature morte"
  8. une fresque "portrait"
  9. une fresque "paysage"
  10. La maquette de Pompéi

  • Faites l'étude approfondie d'une des oeuvres de votre portfolio

Vers la page "Le centre historique de Naples"

Plan du musée

Site officiel du musée

Le centre historique de Naples

Le Baroque et le pittoresque

Reportage

Activité

Dans votre reportage sur Pearltrees vous devez :

Dumas, Le Corricolo, 1843. « La Villa-Réale fait face à l’hôtel de la Victoire ; c’est la promenade de Naples. Elle est située, relativement à la rue de Chiaya, comme le jardin des Tuileries à la rue de Rivoli... Lire la suite.

  • Faites un portfolio de 10 photos comprenant au moins :

  1. un élément baroque dans le Duomo
  2. un élément baroque dans la basilique de la Sainte Annonciation
  3. un élément baroque dans l'église del Gésù Nuovo
  4. le cloître de la basilique Santa Chiara de Naples (si ouvert et non payant)
  5. une vue pittoresque de la via dei Tribunali
  6. une vue pittoresque de la via San Giorgio Armeno
  7. une vue du Palazzo Reale
  8. 9. 10. Libre

Vivant Denon, Voyage au Royaume de Naples, 1778.« Devant Jesù nuovo, et devant le couvent de San Domenico grande, il y a deux aiguilles, ou obélisques, dont l’extrême magnificence ne sert qu’à relever le ridicule... . Lire la suite.

Parcours

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Emile Zola, Voyage à Rome, 1894.« Les rues étroites qui descendent, dont les toits se touchent, et le linge, et l’humidité, et l’odeur nauséabonde. Toute la vie dehors... Lire la suite.

Plan de 1886

Vue de la ville au milieu du 18e s.

Anonyme, Vendeurs de macaroni à Naples, photographie, 1895

Le Caravage, Les Sept Oeuvres de Miséricorde, 1607, huile sur toile, 390 x 260 cm, église Pio Monte della Misericordia, Naples

Le baroque napolitain ne semble pas convenir au goût d’un homme du siècle des Lumières…Devant Jesù nuovo, et devant le couvent de San Domenico grande, il y a deux aiguilles, ou obélisques, dont l’extrême magnificence ne sert qu’à relever le ridicule. Les architectes paraissent avoir fait tous leurs effort pour s’écarter également de la légèreté et de l’élégance gothiques, ainsi que de le noblesse de l’architecture grecque ; ce n’est qu’un amas de sculptures et d’ornements en marbre, sans projet, sans objet terminant à peu près en pointe, et portant une Vierge bien dorée. On pourrait s’étonner de ce qu’on n’a pas fait aussi dorer tous ces ornements en marbre, afin de compléter toute l’inutilité de cette magnificence. Les fontaines sont dans le même genre ; il y en a un grand nombre, mais pas d’une agréable ; on ne cite celle de Médine que parce qu’elle est la plus grande ; partout on voit beaucoup de figures, beaucoup de marbres, beaucoup de sculptures, sans groupes, sans caractère et sans effet. Une immense quantité d’eau y est très mesquinement distribuée. Il n’y a pas une église qui ait un beau portail ; la peinture, la sculpture et l’architecture dorment paisiblement à Naples depuis des siècles. On bâtit actuellement à grand frais, sur les dessins de Vanvitelli, l’église de l’Annunziata ; mais le terrain dont il s’est servi s’est opposé à ce que ce célèbre architecte aurait pu faire.

Les ruines de Pompéia sont proches du Vésuve, et c'est par ces ruines que Corinne et lord Nelvil commencèrent leur voyage. Ils étaient silencieux l'un et l'autre ; car le moment de la décision de leur sort approchait, et cette vague espérance, dont ils avaient joui si longtemps, et qui s'accorde si bien avec l'indolence et la rêverie qu'inspire le climat d'Italie, devait enfin être remplacée par une destinée positive. Ils virent ensemble Pompéia, la ruine la plus curieuse de l'antiquité. À Rome, l'on ne trouve guère que les débris des monuments publics, et ces monuments ne retracent que l'histoire politique des siècles écoulés ; mais à Pompéia, c'est la vie privée des anciens qui s'offre à vous telle qu'elle était. Le volcan qui a couvert cette ville de cendres l'a préservée des outrages du temps. Jamais des édifices exposés à l'air ne se seraient ainsi maintenus, et ce souvenir enfoui s'est retrouvé tout entier. Les peintures, les bronzes, étaient encore dans leur beauté première, et tout ce qui peut servir aux usages domestiques est conservé d'une manière effrayante. Les amphores sont encore préparées pour le festin du jour suivant ; la farine qui allait être pétrie est encore là ; les restes d'une femme sont encore ornés des parures qu'elle portait dans le jour de fête que le volcan a troublé, et ses bras, desséchés, ne remplissent plus le bracelet de pierreries qui les entoure encore. On ne peut voir nulle part une image aussi frappante de l'interruption subite de la vie. Le sillon des roues est visiblement marqué sur les pavés dans les rues, et les pierres qui bordent les puits portent la trace des cordes qui les ont creusées peu à peu. On voit encore sur les murs d'un corps-de-garde les caractères mal formés, les figures grossièrement esquissées que les soldats traçaient pour passer le temps, tandis que ce temps avançait pour les engloutir.Quand on se place au milieu du carrefour des rues, d'où l'on voit de tous côtés la ville, qui subsiste encore presque en entier, il semble qu'on attende quelqu'un, que le maître soit prêt à venir ; et l'apparence même de vie qu'offre ce séjour fait sentir plus tristement son éternel silence. C'est avec des morceaux de lave pétrifiée que sont bâties la plupart de ces maisons qui ont été ensevelies par d'autres laves. Ainsi, ruines sur ruines, et tombeaux sur tombeaux ! Cette histoire du monde, où les époques se comptent de débris en débris, cette vie humaine, dont la trace se suit à la lueur des volcans qui l'ont consumée, remplissent le cœur d'une profonde mélancolie. Qu'il y a longtemps que l'homme existe ! qu'il y a longtemps qu'il vit, qu'il souffre et qu'il périt ! Où peut-on retrouver ses sentiments et ses pensées ? L'air qu'on respire dans ces ruines en est-il encore empreint, ou sont-elles pour jamais déposées dans le ciel, où règne l'immortalité ?

« Les nuages s’entrouvrent maintenant sur quelques points ; je découvre subitement et par intervalles Portici, Caprée, Ischia, le Pausilippe et la côte du golfe de Naples, brodée d’orangers : c’est le paradis vu de l’enfer. |…].Nous voilà au fond du gouffre. Je désespère de pouvoir peindre ce chaos […] La couleur générale du gouffre est celle d’un charbon éteint. Mais la nature sait peindre des grâces jusque sur les objets les plus horribles : la lave en quelques endroits est pleine d’azur, d’outremer, de jaune et d’orange. Des blocs de granit, tourmentés et tordus par l’action du feu, se sont recourbés à leurs extrémités, comme des palmes et des feuilles d’acanthe. La matière volcanique, refroidie sur les rocs vifs autour desquels elle a coulé, forme çà et là, des rosaces, des girandoles, des rubans ; elle affecte aussi des figures de plantes et d’animaux, et imite des dessins variés que l’on trouve dans les agates. J’ai remarqué sur un rocher bleuâtre un cygne de lave blanche parfaitement modelé ; vous eussiez aimé voir ce bel oiseau dormant sur une eau paisible, la tête cachée sous son aile, et son long cou allongé sur son dos comme un rouleau de soie. »

Un jeune homme, Octavien, tombe amoureux du moulage d’un sein vu au musée archéologique et la jeune femme morte en 79 revit pour lui.[…] Les trois amis suivaient cette voie bordée de sépulcres, qui, dans nos sentiments modernes, serait une lugubre avenue pour une ville mais qui n’offrait pas les mêmes significations tristes pour les anciens, dont les tombeaux, au lieu d’un cadavre horrible ne contenait qu’une pincée de cendre, idée abstraite de la mort. L’art embellissait ces dernières demeures, et comme dit Goethe, le païen décorait des images de la vie les sarcophages et les urnes.C’est ce qui faisait sans doute que Max et Fabio visitaient, avec une curiosité allègre et une joyeuse plénitude d’existence qu’ils n’auraient pas eues dans un cimetière chrétien, ces monuments funéraires si gaiement dorés par le soleil et qui, placés sur le bord du chemin semblent se rattacher encore à la vie et n’inspirent aucune de ces froides répulsions, aucune de ces terreurs fantastiques que font éprouver nos sépultures lugubres. Ils s’arrêtèrent devant le tombeau de Mammia, la prêtresse publique, près duquel est poussé un arbre, un cyprès ou un peuplier. Ils s’assirent dans l’hémicycle du triclinium des repas funéraires, riant comme des héritiers ; ils lurent avec force lazzi les épitaphes de Nevoleja, de Labéon et de la famille Arria, suivis d’Octavien qui semblait plus touché que ses insouciants compagnons du sort de ces trépassés de deux mille ans.

Presque partout, au centre de la maison, est un jardin grand comme un salon, au milieu un bassin de marbre blanc avec une fontaine jaillissante, à l’entour un portique de colonnes. Quoi de plus charmant et de plus simple, de mieux choisi pour passer les heures chaudes du jour ? Les feuilles vertes entre les colonnes blanches, les tuiles rouges sur le bleu du ciel, cette eau murmurante qui chatoie vaguement parmi les fleurs, cette gerbe de perles liquides, ces ombres des portiques tranchées par la puissante lumière, y a-t-il un meilleur endroit pour laisser vivre son corps, pour rêver sainement et jouir, sans apprêt ni raffinement, de ce qu’il y a de plus beau dans la nature et dans la vie ? Quelques-unes de ces fontaines portent des têtes de lions, des petites statues gaies, des enfants, des lézards, des lévriers, des faunes qui courent sur la margelle. Dans la plus vaste de ces maisons, celle de Diomède, des orangers, des citronniers, semblables probablement à ceux d’autrefois, font briller leurs pousses vertes ; un vivier luit, une petite colonnade enferme une salle à manger d’été ; tout cela s’ordonne dans l’enceinte carrée d’un grand portique. Plus on essaye de réformer ces mœurs dans son imagination, plus elles semblent belles, conformes au climat, conformes à la nature humaine

1Vous me demandez de vous raconter la fin de mon oncle pour pouvoir la transmettre plus exactement à la postérité : je vous en remercie, car je prévois que cette mort, quand vos œuvres l’auront partout répandue, bénéficiera d’une gloire éternelle. 2 Bien qu’il ait péri au milieu de la dévastation des plus belles contrées, en même temps que des populations, en même temps que des villes, dans un accident mémorable qui semble destiné à faire vivre éternellement son souvenir, bien qu’il ait mis au jour lui-même des oeuvres en grand nombre et inoubliables, cependant la durée de sa gloire sera de beaucoup prolongée par l’immortalité réservée à vos écrits. 3 Pour ma part, j’estime heureux les hommes auxquels les dieux ont accordé le privilège de faire des actions dignes d’être écrites ou d’écrire des livres dignes d’être lus, et trois fois heureux ceux qui ont l’un et l’autre don. C’est parmi ces derniers que sera mon oncle, grâce à ses livres à lui et aux vôtres. Voilà pourquoi j’accepte volontiers et réclame même la charge que vous me donnez. 4 Il se trouvait à Misène et commandait la flotte en personne. Le 9 avant les calendes de septembre, aux environs de la septième heure, ma mère lui apprend qu’on voit un nuage extraordinaire par sa grandeur et son aspect. 5 Il venait de prendre son bain de soleil, puis d’eau froide, il avait fait un repas léger étendu sur son lit et y travaillait. Il demande ses chaussures, monte à l’endroit d’où on pouvait le mieux contempler le phénomène en question : une nuée se formait (on ne pouvait bien voir de loin de quelle montagne elle sortait, on sut ensuite que c’était du Vésuve), ayant l’aspect et la forme d’un arbre et faisant penser surtout à un pin. 6 Car après s’être dressée à la manière d’un tronc fort allongé, elle déployait comme des rameaux, ayant été d’abord, je suppose, portée en haut par la colonne d’air au moment où elle avait pris naissance, puis cette colonne étant retombée, abandonnée à elle-même ou cédant à son propre poids, elle s’évanouissait en s’élargissant ; par endroit elle était d’un blanc brillant, ailleurs poussiéreuse et tachetée, par l’effet de la terre et de la cendre qu’elle avait emportées.

1Vous me demandez de vous raconter la fin de mon oncle pour pouvoir la transmettre plus exactement à la postérité : je vous en remercie, car je prévois que cette mort, quand vos œuvres l’auront partout répandue, bénéficiera d’une gloire éternelle. 2 Bien qu’il ait péri au milieu de la dévastation des plus belles contrées, en même temps que des populations, en même temps que des villes, dans un accident mémorable qui semble destiné à faire vivre éternellement son souvenir, bien qu’il ait mis au jour lui-même des oeuvres en grand nombre et inoubliables, cependant la durée de sa gloire sera de beaucoup prolongée par l’immortalité réservée à vos écrits. 3 Pour ma part, j’estime heureux les hommes auxquels les dieux ont accordé le privilège de faire des actions dignes d’être écrites ou d’écrire des livres dignes d’être lus, et trois fois heureux ceux qui ont l’un et l’autre don. C’est parmi ces derniers que sera mon oncle, grâce à ses livres à lui et aux vôtres. Voilà pourquoi j’accepte volontiers et réclame même la charge que vous me donnez. 4 Il se trouvait à Misène et commandait la flotte en personne. Le 9 avant les calendes de septembre, aux environs de la septième heure, ma mère lui apprend qu’on voit un nuage extraordinaire par sa grandeur et son aspect. 5 Il venait de prendre son bain de soleil, puis d’eau froide, il avait fait un repas léger étendu sur son lit et y travaillait. Il demande ses chaussures, monte à l’endroit d’où on pouvait le mieux contempler le phénomène en question : une nuée se formait (on ne pouvait bien voir de loin de quelle montagne elle sortait, on sut ensuite que c’était du Vésuve), ayant l’aspect et la forme d’un arbre et faisant penser surtout à un pin. 6 Car après s’être dressée à la manière d’un tronc fort allongé, elle déployait comme des rameaux, ayant été d’abord, je suppose, portée en haut par la colonne d’air au moment où elle avait pris naissance, puis cette colonne étant retombée, abandonnée à elle-même ou cédant à son propre poids, elle s’évanouissait en s’élargissant ; par endroit elle était d’un blanc brillant, ailleurs poussiéreuse et tachetée, par l’effet de la terre et de la cendre qu’elle avait emportées.

On fait des descriptions si étranges, et on prend des idées si monstrueuses d’après ce qu’on lit, et ce que l’on entend raconter que je croyais trouver Paestum dans un désert marécageux, ses temples perdus ou enfouis dans les joncs et les broussailles, son air infect et exhalé de la fange ; au lieu de cela, je trouvais une belle situation, un golfe, une belle plaine entourée de montagnes, un pays cultivé en vignes et en blé, des habitations qui n’annoncent rien moins que la misère, des habitants qui ne souffrent que de la mauvaise eau qu’ils sont obligés de boire […] Ce qui reste des murs fait voir très distinctement la forme de la ville, qui était un carré irrégulier d’à peu près quatre milles de tour, sur un terrain parfaitement uni ; les murailles conservées à certains endroits de vingt pieds de hauteur et de six pieds d’épaisseur, bâties de grosses masses de pierres posées à sec, flanquées de tours carrées d’espace en espace, avec des portes.

Le pittoresque :La Villa-Réale fait face à l’hôtel de la Victoire ; c’est la promenade de Naples. Elle est située, relativement à la rue de Chiaya, comme le jardin des Tuileries à la rue de Rivoli. Seulement, au lieu de la terrasse du bord de l’eau, c’est la plage de l’Arno ; au lieu de la Seine, c’est la Méditerranée ; au lieu du quai d’Orsay, c’est l’étendue, c’est l’espace, c’est l’infini.La Villa-Réale, est sans contredit la plus belle et surtout la plus aristocratique promenade du monde. Les gens du peuple, les paysans et les laquais en sont rigoureusement exclus et n’y peuvent mettre le pied qu’une fois l’an, le jour de la fête de la Madone du-Pied-de-la-Grotte. Aussi ce jour-là, la foule se presse-t-elle sous ses allées d’acacias, dans ses bosquets de myrtes, autour de son temple circulaire. Chacun, homme et femme, accourt de vingt lieues à la ronde avec son costume national ; Ischia, Caprée, Castellamare, Sorrente, Procida, envoient en députation leurs plus belles filles et la solennité de ce jour est si grande, si ardemment attendue qu’il est d’habitude de faire dans les contrats de mariage une obligation au mari de conduire sa femme à la promenade de la Villa-Réale, le 8 septembre de chaque année, le jour de la fête della Madona di pie-di -Grotta.Tout au contraire des Tuileries, d’où l’on renvoie le public au moment où il est le plus agréable de se promener, la Villa-Réale reste ouverte toute la nuit. Les grandes grilles se ferment, il est vrai, mais deux petites portes dérobées offrent aux promeneurs attardés une entrée et une sortie toujours praticable à quelque heure que ce soit.Nous restâmes jusqu’à minuit assis sur le mur que vient battre la vague. Nous ne pouvions nous lasser de regarder cette mer limpide et azurée que nous venions de sillonner en tous sens et à laquelle nous allions dire adieu. Jamais elle ne nous avait paru aussi belle.

Les rues étroites qui descendent, dont les toits se touchent, et le linge, et l’humidité, et l’odeur nauséabonde. Toute la vie dehors. Des balcons légers suspendus à toutes les fenêtres, et les femmes, les enfants sur les balcons, quand ils ne sont pas dans la rue. Le panier qui descend au bout d’une corde, pour les provisions : la femme se penche, crie au marchand ce qu’elle veut, et la quantité, met l’argent dans le panier, le descend, et le marchand met à son tour la marchandise qui remonte. Des femmes installées sur les balcons cousant, se peignant. Mais surtout dans la rue : on y fait tout, on s’y lave, on s’y pouille, on s’y habille, on y mange, on y passe les journées entières. Des femmes debout, assises. Des hommes à la file, accroupis au bord du trottoir. Des enfants qui jouent. Des troupeaux de chèvres qui passent, qu’on trait. Et de la nourriture partout dans des petites voitures, que de grosses lanternes carrées éclairent le soir, sur des éventaires, des petites tables, éclairées de la même façon. Des grenades, des fruits, de la friture, du poisson, et des coquillages. Enfin des nourritures toutes faites, qui trainent au milieu de la cohue et qui permettent de manger là, sur le trottoir, sans faire de cuisine. Des voix criardes, des rires, des bousculades (l’estaque), des glapissements d’enfants. Encore une fois, la vie au dehors dans ce qu’elle a de plus abandonné et de plus insouciant. Des chants, de la musique, une insouciance extraordinaire, une misère gaie, qui n’a pas froid. (…) Et avec toute cette gaieté au soleil, un sentiment d’infinie tristesse qui se dégage.

Je n’ai plus rien à dire de l’ile de Capri, qui est le meilleur belvédère où l’on puisse monter pour voir le golfe de Naples se déployer dans toute sa splendeur. Ces côtes ondoyantes, ce Vésuve qui porte les nuages, cette mer si douce et si bleue, forment un des plus beaux paysages qu’il soit donné à l’œil humain de contempler. Cependant, malgré soi, on y est attristé ; la nature y est si puissante que l’homme disparaît, malheureusement il disparaît tout entier. Cette île charmante dort d’un sommeil plein de songes enivrants, j’en conviens, mais elle dort, et si profondément parfois qu’on pourrait croire que c’est pour toujours, c’est la Belle aux flots dormants. Les souvenirs de l’antiquité ont laissé sur cette contrée une telle empreinte que la vie moderne a peine à s’y acclimater. ; elle semble s’en écarter avec défiance et attendre pour commencer son œuvre, que la liberté nouvellement conquise ait accompli la sienne.

Maintenant je vais vous parler de mon spectacle favori, du Vésuve. Pour peu, je me ferai vésuvienne, tant j’aime ce superbe volcan ; je crois qu’il m’aime aussi, car il m’a fêté et reçu de la manière la plus grandiose. (…)La première fois que j’y suis monté, nous fumes pris, mes compagnons et moi, par un orage affreux, une pluie qui ressemblait au Déluge. Nous étions trempés, mais nous n’en cheminions pas moins sur une hauteur pour voir une des grande lave qui coulait à nos pieds. Je croyais toucher aux avenues de l’enfer. Un brasier qui me suffoquait serpentait sous mes yeux ; il avait trois milles de circonférence. Le mauvais temps nous empêchant d’aller plus loin ce jour-là, outre que la fumée et la pluie de cendre qui nous couvrait rendait le sommet du mont invisible, nous montons sur nos mulets et descendons dans les laves noires. Deux tonnerres, celui du ciel et celui du mont, se mêlaient ; le bruit était infernal, d’autant plus qu’il se répétait dans les cavités des montagnes environnantes. Comme nous étions précisément sous la nuée, je tremblais, et toute notre cavalcade tremblait comme moi, que le mouvement de notre marche n’attirât sur nous la foudre. (…)Bien loin d’être dégoutée par ce début, quelque jours après je retourne à mon cher volcan… Il faisait le plus beau temps du monde. Avant la nuit nous étions sur la montagne pour voir les anciennes laves et le coucher du soleil dans la mer. Le volcan était plus furieux que jamais, et comme au jour on ne distingue point de feu, on ne voit sortir du cratère, avec des nuées de cendres et de laves, que l’énorme fumée blanchâtre, argentée, que le soleil éclaire d’une manière admirable. J’ai peint cet effet, car il est divin.Enfin la nuit vint, et la fumée se transforma en flamme, les plus belles que j’ai jamais vu de ma vie. Des gerbes de feu s’élançaient du cratère, et se succédaient rapidement, jetant de tous côté des pierres embrasées qui tombaient avec fracas. En même temps descendait une cascade de feu qui parcourait l’espace de 4 à 5 milles. Une autre bouche du cratère placée plus bas était aussi enflammée, celle-ci produisait une fumée rouge et dorée, qui complétait le spectacle d’une manière effrayant et sublime. La foudre, qui partait du centre de la montagne, faisait retentir tous les environs, au point que la terre tremblait sous nos pas. J’étais bien un peu effrayée… J’avais tant à admirer que ce besoin l’emportait sur mon effroi. (…)Cette grand scène de destruction a quelque chose de pénible et d’imposant, qui remue fortement l’âme ; je ne pouvais plus parler en revenant à Naples ; dans le chemin, je ne cessais de retourner le tête pour voir encore ces gerbes et cette rivière de feu. C’est donc à regret que j’ai quitté ce spectacle grandiose ; mais j’en jouis par le souvenir, et tous les jours je me représente encore ces différents effets.

Eugène VIOLLET-LE-DUC, Cratère de l'Etna, Aquarelle et gouache, 1836, Musée Lambinet, VersaillesRobert RIVE, Vue du Golfe de Naples, vers 1860, NemoursJoseph WRIGHT, Eruption du Vésuve et vue des îles de la baie de Naples, 1776-1780, huile sur toile, Tate Collection, LondresPierre Jacques VOLAIRE, Eruption du Vésuve vu de Portici, v. 1767, huile sur toile, Musée du LouvreMickaël WUTKY, L’Eruption du Vésuve, v. 1760, huile sur toile, musée des beaux-arts de Nantes Pierre de VALENCIENNES, Eruption du Vésuve le 24 aout de l’an 79, huile sur toile, 1813, Musée des Augustins, Toulouse

Anonyme, Vue de Pompéi, photographie, v.1860, Nemours, château-muséeRobert RIVE, laion d'Ariane, photographie, v.1865, Nemours, château-muséeAnonyme, Pompéi, vue du Vésuve fumant, photographie, fin 19e s. (?), ENSBAAlfred-Nicolas NORMAND, Cheneau et gargouilles en terre cuite à Pompéi, photographie, 1885, MPP (Charenton-le-Pont)Alfred-Nicolas NORMAND, Bassin, sculptures et statutes au dépôt lapidaire de Pompéi, photographie, 1885, MPP (Charenton-le-Pont)Giorgio SOMMER, Corps pétrifiés, Pompéi, photographie, v.1895, MET (NY)Anonyme, Pompéi anfiteatro, photographie, 1870-1890, Musée d'OrsayAnonyme, Pompéi, rue en enfilade, photographie, 1865, Musée d'OrsayConstant PUYO, Maison avec fresques, Pompéi, photographie, 1890-1900, Musée d'OrsayAnonyme, Pompéi, Temple de Vénus, photographie, 1865, Musée d'Orsay

La plupart des peintures que nous admirons sur les murs sont des fresques, de l’italien a fresco ; c’est-à-dire qu’elles étaient exécutées immédiatement sur l’enduit encore frais, avant qu’il sèche, ce qui rendait la réalisation de l’oeuvre délicate, car il n’y avait aucune possibilité de reprendre le travail. L’artiste devait être un peintre confirmé. On imagine que ce n’est pas lui qui préparait le mur. Il était accompagné d’une équipe au sein de laquelle exerçaient des apprentis pour chacune des tâches : préparer et appliquer les enduits, préparer les couleurs, peindre les fonds et les motifs les plus simples. A lui revenait de réaliser les sujets les plus délicats. […]Les couleurs dont disposaient les peintres étaient au nombre de 6 (blanc, noir, jaune, vert, bleu et rouge) et se présentaient sous forme de pigments naturels en poudre (une quinzaine au total), conservés dans des petites coupes en terre cuite, comme celle retrouvées dans l’atelier du peintre [les archéologues ont retrouvé à Pompéi une armoire contenant des centaines de pots de peinture et des outils appartenant à un entrepreneur en peinture]. Pour les utiliser, il fallait les mélanger à un liant par exemple de la chaux pour la peinture à fresque, ou de l’œuf pour peindre à sec pour les retouches. Les artistes n’utilisaient pas d’eau pour diluer les pigments. […]Quant au choix des couleurs par le propriétaire, quand il était possible, il dépendait de la fortune du maître de maison. Il semble ainsi que le noir était très prisé pour les pièces prestigieuses surtout si celles-ci recevaient la lumière du matin, et que le rouge cinabre (sulfure de mercure) constituait le luxe suprême si l’on considère son prix. Ce dernier était même fixé par la loi, si l’on en croit Pline, il était si élevé que cette couleur faisait l’objet d’une commande séparée, et payée à part, en sus du total prévu par le devis. Jusque dans le choix des peintres, le pompéien pouvait étaler sa fortune au yeux de tous et afficher ainsi sa supériorité sociale. […]Le dominus qui voulait briller aux yeux de ses contemporains souhaitait suivre la mode et, dans le domaine de la peinture comme dans bien d’autres, les styles ont évolué suivant les époques. […]Les peintres exploitaient deux sources principales d’inspiration : d’une part la vie quotidienne des hommes, d’autre part le monde des dieux et de la mythologie. […]La première et principale fonction du décor pictural est de transporter ceux qui vivent dans la domus hors de la réalité du quotidien. Le pompéien demande à la peinture de créer l’illusion qui transcende son cadre de vie familier.Jean-Noël ROBERT, Pompéi et la Campanie antique, Les Belles Lettres, 2015, Paris

Félix DUBAN, A Pompeia, aquarelle, v. 1830, Musée d'OrsayLouis-Jean DESPREZ, L'entrée de Pompei par la porte d'Herculanum, fin 18e s., gravure aquarellée, Musée du LouvreJean Baptiste Cicéron LESUEUR, Fouilles de Pompéi, dessin, 1828, ENSBAFrançois-Wilbrod CHABROL, Temple de Vénus à Pompéi, aquarelle, 1867, ENSBAAlfred-Nicolas NORMAND, Atrium de la maison dite de Cornélia Rufo, Pompéi, aquarelle, 1849, Musée d'OrsayAchille MICHALLON, Le forum à Pompéi, huile sur toile, 1819, Musée du LouvreCharles GARNIER, Pompéi, maison d Méléagre, aquarelle, 1851, ENSBALudwig ZANTH, Décor pompéien, aquarelle, 1822-1824, Musée d'OrsayJules-Léon CHIFFLOT, Maison du Centenaire à Pompéi, état actuel, 1903, ENSBAJules-Léon CHIFFLOT, Maison du Centenaire à Pompéi, 1903, ENSBA

Louis-François-Philippe BOITTE, Capri, maisons sur fond de montagnes, aquarelle, 1861, Musée d'OrsayCarl Gustav CARUS, Vue sur Capri, huile sur carton, 1828, DresdeGustave de BEAUCORPS, Capri, panorama de village, photographie, 1857-1859, Musée d'OrsayLéopold ROBERT, Jeune italienne assise sur les rochers de Capri, huile sur toile, 1827, LilleMaurice DENIS, Marthe de profil sur le bateau de Capri, photographie, v. 1913, Musée d'OrsayThéodore CHASSERIAU, Rochers des Faraglioni à Capri, aquarelle, 1819-1856, Musée du LouvreJules Elie DELAUNAY, Paysage à Capri, dessin, 1857, Musée du LouvreConstant MOYEUX, Maison dite Qui si sana à Capri, aquarelle, 1863, Valenciennes

En parcourant cette cité des morts, une idée me poursuivait. A mesure que l'on déchausse quelque édifice à Pompeïa, on enlève ce que donne la fouille, ustensiles de ménage, instruments de divers métiers, meubles, statues, manuscrits, etc., et l'on entasse le tout au Musée Portici. Il y aurait selon moi quelque chose de mieux à faire : ce serait de laisser les choses dans l'endroit où on les trouve et comme on les trouve, de remettre des toits, des plafonds, des planchers et des fenêtres, pour empêcher la dégradation des peintures et des murs ; de relever l'ancienne enceinte de la ville, d'en clore les portes ; enfin d'y établir une garde de soldats avec quelques savants versés dans les arts. Ne serait-ce pas là le plus merveilleux musée de la terre ? Une ville romaine conservée tout entière, comme si ses habitants venaient d'en sortir un quart d'heure auparavant ! […] un architecte habile suivrait quant aux restaurations el style local dont il trouverait des modèles dans les paysages peints sur les murs mêmes des maisons de Pompéi

« Nous continuâmes donc de monter comme à la tranchée ; et après deux heures de la marche la plus pénible, nous entrâmes par la brèche de plain-pied eu fond du cratère, qui, dans ce moment, avait au moins 150 pieds de profondeur. On peut dire dans ce moment car, malgré l’apparente solidité du sol par la dureté matières qui le composent, rien n’est plus inconstant que la forme et le niveau d’un cratère […] Rien de plus brillant et de plus extraordinaire que le tableau qu’offrait cet intérieur. L’escarpement presque perpendiculaire de rochers terminant en pointes de différentes formes ; le déchirement de ce sol qui laissait voir les tranches de tout ce qui le composait, des milliers de moufettes qui tapissaient leurs orifices de sels et de soufre, colorés de l’incarnat le plus vif, du rouge orangé, du blanc, du jaune et du vert et de toutes les nuances qui participent à toutes ces couleurs ; une vapeur vacillante et transparente qui leur servait comme de vernis, des torrents de fumée, alternativement noire et blanche, qui sortait à gros flocons de plusieurs trous où l’œil ne pouvait pénétrer, enfin cet ensemble, par ces formes, ces couleurs, et ces accidents particuliers, formait un tableau aussi beau qu’extraordinaire ; tableau qui n’a point encore été fait, et ne le sera peut-être jamais car […] il serait bien difficile de déterminer un peintre à aller s’établir avec son chevalet à cette ouverture, où il serait à tout moment exposé à être assailli et suffoqué par la fumée, au moindre tourbillon ou changement de vent. »

1Vous me demandez de vous raconter la fin de mon oncle pour pouvoir la transmettre plus exactement à la postérité : je vous en remercie, car je prévois que cette mort, quand vos œuvres l’auront partout répandue, bénéficiera d’une gloire éternelle. 2 Bien qu’il ait péri au milieu de la dévastation des plus belles contrées, en même temps que des populations, en même temps que des villes, dans un accident mémorable qui semble destiné à faire vivre éternellement son souvenir, bien qu’il ait mis au jour lui-même des oeuvres en grand nombre et inoubliables, cependant la durée de sa gloire sera de beaucoup prolongée par l’immortalité réservée à vos écrits. 3 Pour ma part, j’estime heureux les hommes auxquels les dieux ont accordé le privilège de faire des actions dignes d’être écrites ou d’écrire des livres dignes d’être lus, et trois fois heureux ceux qui ont l’un et l’autre don. C’est parmi ces derniers que sera mon oncle, grâce à ses livres à lui et aux vôtres. Voilà pourquoi j’accepte volontiers et réclame même la charge que vous me donnez. 4 Il se trouvait à Misène et commandait la flotte en personne. Le 9 avant les calendes de septembre, aux environs de la septième heure, ma mère lui apprend qu’on voit un nuage extraordinaire par sa grandeur et son aspect. 5 Il venait de prendre son bain de soleil, puis d’eau froide, il avait fait un repas léger étendu sur son lit et y travaillait. Il demande ses chaussures, monte à l’endroit d’où on pouvait le mieux contempler le phénomène en question : une nuée se formait (on ne pouvait bien voir de loin de quelle montagne elle sortait, on sut ensuite que c’était du Vésuve), ayant l’aspect et la forme d’un arbre et faisant penser surtout à un pin. 6 Car après s’être dressée à la manière d’un tronc fort allongé, elle déployait comme des rameaux, ayant été d’abord, je suppose, portée en haut par la colonne d’air au moment où elle avait pris naissance, puis cette colonne étant retombée, abandonnée à elle-même ou cédant à son propre poids, elle s’évanouissait en s’élargissant ; par endroit elle était d’un blanc brillant, ailleurs poussiéreuse et tachetée, par l’effet de la terre et de la cendre qu’elle avait emportées.

Eugène VIOLLET-LE-DUC, Le temple de Neptune à Paestum, dessin, 1836, Musée d'OrsayHenri LABROUSTE, Temple de Neptune à Paestum, aquarelle, 1828, ENSBAHenri LABROUSTE, Temple de Cérès à Paestum, aquarelle, 1828, ENSBAAnonyme, Temple de Paestum, photographie, v.1865, Nemours, château-muséeFirmin Eugène LE DIEN, Paestum, les temples, photographie, 1852-1853, BnFJoseph Mallord William TURNER, Les temples de Paestum, aquarelle, 1826-1827, Tate Collection, LondresAchille MICHALLON, Temple de Neptune à Paestum, dessin, v. 1820, Musée du LouvreJules Louis Philippe COIGNET, Le temple de Poséidon à Paestum, huile sur toile, 1844, Pinacothèque de Munich

Dumas raconte le voyage qu’il effectue de Rome à Naples en 1835 avec le peintre Louis Godefroy Jadin. Il visite les ruines de Pompéi. "Cette rue des tombeaux est un magnifique péristyle pour entrer dans une ville morte ; puis tous ces monuments funèbres placés aux deux côtés de la route consulaire au bout de laquelle s’ouvre béante la porte de Pompeïa, ne dépassant pas la couche de sable qui les recouvrait, se sont conservés intacts comme au jour où ils sont sortis des mains de l’artiste : seulement le temps a déposé sur eux en passant cette belle teinte sombre, ce vernis des siècles qui est la suprême beauté de toute architecture. Joignez à cela la solitude, cette poétique gardienne des sépulcres et des ruines. Que serait-ce donc, je le répète, si l’on n’avait point passé par Herculanum ! Qu’on se figure, sous un soleil ardent, ou, si l’on aime mieux sous un pâle rayon de la lune, une rue large de vingt pas, longue de cinq cents, toute sillonnée encore par les roues des chars antiques, toute garnie de trottoirs pareils aux nôtres, toute bordée, à droite et à gauche, par des monuments funéraires, au-dessus desquels se balancent quelques maigres et tristes arbustes poussés à grand peine dans cette cendre ; offrant à son extrémité, comme une grande arche à travers laquelle on ne voit que le ciel, cette porte par laquelle on allait de la ville des morts à celle des vivants ; qu’on entoure tout cela de silence, de solitude, de recueillement, et on aura une idée bien incomplète encore, de l’aspect merveilleux que présente le faubourg de Pompeïa, appelé par les anciens le bourg d’Augustus Felix, et par les modernes la rue des Tombeaux. Nous nous arrêtâmes, ne songeant plus à ce soleil de trente degrés qui nous tombait d’aplomb sur nos têtes, moi pour prendre le nom de tous ces monuments, Jadin pour faire un croquis de cette vue. On eût dit que nous avions peur de voir disparaître tout ce panorama d’un autre âge, et que nous voulions le fixer sur le papier avant qu’il s’envolât comme un songe ou qu’il s’évanouît comme une vision."

Karl Ernst MORGENSTERN, La Maison Tasso à Sorrente, huile sur toile, 1861, MunichGiorgio SOMMER, Vue de côte de Sorrento, photographie, 1870, Museo della Fotografia, FlorenceChtchédrine Silvestr FEODOSIEVICH, Terrasse à Sorrente, dans le golfe de Naples, huile sur toile, 1826, Musée du Louvre

1Vous me demandez de vous raconter la fin de mon oncle pour pouvoir la transmettre plus exactement à la postérité : je vous en remercie, car je prévois que cette mort, quand vos œuvres l’auront partout répandue, bénéficiera d’une gloire éternelle. 2 Bien qu’il ait péri au milieu de la dévastation des plus belles contrées, en même temps que des populations, en même temps que des villes, dans un accident mémorable qui semble destiné à faire vivre éternellement son souvenir, bien qu’il ait mis au jour lui-même des oeuvres en grand nombre et inoubliables, cependant la durée de sa gloire sera de beaucoup prolongée par l’immortalité réservée à vos écrits. 3 Pour ma part, j’estime heureux les hommes auxquels les dieux ont accordé le privilège de faire des actions dignes d’être écrites ou d’écrire des livres dignes d’être lus, et trois fois heureux ceux qui ont l’un et l’autre don. C’est parmi ces derniers que sera mon oncle, grâce à ses livres à lui et aux vôtres. Voilà pourquoi j’accepte volontiers et réclame même la charge que vous me donnez. 4 Il se trouvait à Misène et commandait la flotte en personne. Le 9 avant les calendes de septembre, aux environs de la septième heure, ma mère lui apprend qu’on voit un nuage extraordinaire par sa grandeur et son aspect. 5 Il venait de prendre son bain de soleil, puis d’eau froide, il avait fait un repas léger étendu sur son lit et y travaillait. Il demande ses chaussures, monte à l’endroit d’où on pouvait le mieux contempler le phénomène en question : une nuée se formait (on ne pouvait bien voir de loin de quelle montagne elle sortait, on sut ensuite que c’était du Vésuve), ayant l’aspect et la forme d’un arbre et faisant penser surtout à un pin. 6 Car après s’être dressée à la manière d’un tronc fort allongé, elle déployait comme des rameaux, ayant été d’abord, je suppose, portée en haut par la colonne d’air au moment où elle avait pris naissance, puis cette colonne étant retombée, abandonnée à elle-même ou cédant à son propre poids, elle s’évanouissait en s’élargissant ; par endroit elle était d’un blanc brillant, ailleurs poussiéreuse et tachetée, par l’effet de la terre et de la cendre qu’elle avait emportées.