Le carnet

Katyana, 2ᵈᵉ E

Le carnet

Ken, 15 ans, arrive en seconde. Il ne connaît pas grand monde, même personne. On ne lui parle pas vraiment, on se moque de lui, Ken est bègue. Il évite de s’exprimer, garde ses opinions pour lui (qui lui donnait des idées de poésie). Alors, il a toujours sur lui un carnet, il note toutes ses idées. Un jour, il l’a vue, elle. Il s’est dit : « elle avait le visage de Natalie Portman, c’est mon égérie » et, il a décidé d’aller lui parler. Emporté par l’anxiété, il se met à bégayer. Il s’approche avec un regard rivé sur elle, puis, il abandonne. Il a fait ça pendant trois jours, trois jours sans relâche. Il a essayé avec toujours tant de convictions, qui lui a inspiré une phrase : « t’as enterré mon coeur, tu n’étais qu’une fossoyeuse qu’une bombe joyeuse, mes rêves sont hantés par ta peau soyeuse ». Il finit par rejoindre ses potes, Alpha et Mohamed. Ils voient sur son visage que ça ne va pas alors, ils préfèrent ne pas parler, par peur d’aggraver le cas de Ken.

Il finit par dire « J’ai enco-re é-chou-ou-é... ». Alpha et Mohamed essayent encore de le réconforter, mais sans succès. Ken finit par partir avec cette phrase en tête : « Vaut mieux avoir de sérieux amis que des amis sérieux ». En rentrant chez lui, il la croise. Elle souriait, elle était joyeuse, comme tous les jours et il se dit : « Un sourire éternel qui traîne en elle, comme si la vie n’était qu’une blague ». D’un coup de tête, il va la voir. Cette fois-ci, il ne bégaye pas comme d’habitude, comme si le sourire de cette fille lui avait donné un peu de force. Il lui dit : « Salut Ilé-éna-a, on peut par-r-rler ? Ça-a fait longtemps qu-qu-e, tu me donnes l’en-n-vi-ie d’être meilleur, à cha-a-qu-e fois que je te vo-vois, mon coeur s’emba-alle. Plusieurs fois, j'ai essa-ayé de t’avou-uer mes sentim-ments, j’-j’ai pas réussi. Ilé-é-éna, je t’ai-aime. Tu me do-onnes l’en-vi-ie de vi-vivre, ce qu-que j’a-av-avais perdu pen-en-dant des années. » Elle ne sait pas quoi répondre, elle est estomaquée face à ce que Ken vient de lui dire.

Elle dit : « Je ne sais pas quoi te dire, j’avoue que tu me prends au dépourvu Ken. Je ne sais pas vraiment si je suis prête à avoir quelque chose de sérieux avec quelqu'un mais je ne veux pas que tu le prennes pour toi, c’est moi. Désolée Ken, mais oublie-moi. ». Elle s’est effacée dans la pénombre, sans se retourner, comme si elle avait honte qu’on l’aime. Il n’en revenait pas, il venait de perdre toute force, il était à bout, il s’est effondré sur la route, ne pensant qu’à ce qu’elle venait de dire. Il avait mal, il ne voulait plus exister. Il est rentré chez lui, ignorant ses parents, il est parti se coucher, n’ayant que son chagrin pour s’endormir. Cette nuit-là, il avait rêvé d’elle. Lorsqu’il s’est réveillé, il a pleuré. Il avait si mal qu’une douleur au coeur a surgi. En allant au lycée, dans le métro, il s’est dit « l’amour on le fait pas, on le subit. ». Il arrive au lycée, il savait que quelque chose n’allait pas, tout le monde le regardait. Alpha et Mohamed arrivent en courant et lui disent : « regarde ton téléphone. ».

Ken sort son téléphone et il regarde ses notifications, ça venait de Twitter. Iléna avait tweeté : « Ptdr ce gros bouffon de bègue m’aime comment je l’ai recalé, il fait trop pitié à avoir gobé mon mensonge haha !! ». Il part en courant, il part en courant, il laisse tomber son carnet, avec toutes ses notes dedans. Trop pressé, il ne le ramasse pas. Alpha le prend et le lit avec Mohamed. Ils sont choqués par tant de beauté, de tristesse simultanée dans ses phrases. Ken se dit : « Est-ce que tu t’es d’ja fait rabaisser par celle que t’aimais secrètement ? Gentille en privé mais, d’vant les gens, cruelle et légère… ». Ken veut l’écrire, il se rend compte qu’il n’a plus son carnet... Il se sent mal, mais c’est trop tard, il ne sait pas où il l’a perdu. Il rentre chez lui, et quelques secondes plus tard, c'est Alpha et Mohamed qui sonnent à la porte, avec le carnet en main. Alpha dit : « Mec, elle ne te mérite pas et eux non plus, ça va aller, ça va te rendre plus fort, je te le promets...

Sérieusement, c’est hyper touchant ce que t'écrit, on ressent tes émotions à travers tes mots, tu devrais les partager, c’est super ce que tu fais ». Ken lui dit : « Je ne sais pas trop mec. J’y ai déjà pensé mais... Écoute, tu as raison, puis ça va m’aider à tout surmonter. ». Ça leur a donné des idées aux trois. Sans le savoir, ils faisaient la même chose chacun dans leur coin. Et c’est comme ça que le petit Ken est devenu le grand Nekfeu, celui qui a affirmé : « Ce soir, j’ai joué devant 80 000 personnes, mais je ne me suis jamais senti aussi seul. »