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Fuite en Egypte, fresque de Giotto, 1305

Arcabas peint "la mère de l'enfant", MARIE. Même s'il on ne voit que très peu son visage, nous pouvons sentir, ressentir, imaginer toute son inquiétude de savoir son enfant en danger. MARIE est, d'ores et déjà, au coeur de l'Histoire de son Fils, l'Emmanuel qui, dans toute sa fragilité d'enfant, se retrouve au coeur d'une menace qui le dépasse, qui la dépasse... Arcabas peint MARIE le regard fixé vers la direction indiquée... MARIE, comme lors de l'Annonciation, doit être troublée, bouleversée voire craintive quant aux événements mais elle renouvelle son "OUI" ... Les évangélistes ne cachent pas les épreuves et les souffrances de MÈRE qu'a vécues et continuera de vivre MARIE : soupçons d'infidélité, conditions humbles et précaires de la naissance, l'annonce de Syméon, l'inquiétude face aux propos tenus sur son fils, enfin, la plus terrible des épreuves, celle d'assister, impuissante, au pied de la CROIX, à la PASSION et la MORT de son ENFANT.Cette tendresse maternelle dont fait preuve MARIE n'est-elle pas celle des mères qui aujourd'hui traversent des mers, des déserts et/ou des montagnes pour sauver la vie de leur enfant ?

En arrière-plan, L'OR ...L'OR évoque le Soleil et toute sa symbolique : la fécondité, la richesse et le rayonnement ; l'Amour et le don ; foyer de lumière et de connaissanceDans l'art chrétien, cette couleur représente l'absolue perfection, la LUMIÈRE SOLAIRE en tant que symbole de la LUMIÈRE MANIFESTÉE. L’OR est le métal des rois et des empereurs, non seulement en Occident mais dans tout le reste du monde.Eucharistie : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité », l'OR symbolise, ici, aussi, la transformation de l’humain en divin par la conscience de Dieu.

Le peuple de la Bible, dont l'origine est le désert, n'a jamais été tourné vers la mer : en hébreu, un mot unique – YAM – désigne toute étendue d'eau profonde (mer, lac, ou fleuve). Lieu de tous les dangers qui symbolise les forces du Mal. Parmi les personnages bibliques, Jésus est sans doute le seul dont l’activité est liée à la mer : il parle à la mer comme il parle à un démon ; durant son ministère en Galilée, il navigue d’un point à un autre pour pêcher, prêcher et même marcher ; il y calme les tempêtes (rite exorcisme) … La mer est le lieu des forces hostiles à Dieu mais Dieu les dompte et délègue ici à L'ANGE cette fonction de domination. Matthieu est très attentif à cumuler les éléments attestant que Jésus est bien le Messie attendu (références aux prophéties de l’Ancien Testament). La première est bien ce détour par l’Égypte : « d’Égypte, j’ai appelé mon fils » (Osée 11,1). Le voyage se fait tantôt à pied, à dos d’âne ou sur un bateau ... L'EXIL est interprété comme un EXODE (au sens biblique). Dieu ne laisse pas son fils dans l’enfer de la servitude et du génocide, mais fait de la fuite de l’Egypte un CHEMIN DE LIBÉRATION. D'ailleurs, ici, la mer semble calme, apaisée tout en restant la mer (vaguelettes).. Matthieu ne nous aide-t-il pas à entendre en profondeur le souci et l’espérance des exilés, à situer la vie du Christ au cœur de leur expérience d’exil ou même d’exode ? Ne nous aide-t-il pas à comprendre combien les enfants de l’exil sont les fils bien-aimés d’un Dieu qui sauve ?

La BARQUE est un moyen de transport sur les eaux qui symbolisent Dieu et sa parole (nombreux récits bibliques du Premier comme du Nouveau Testament) ... La SAINTE FAMILLE n'est pas effrayée, elle vit un moment difficile mais elle sait que DIEU est là avec elle ! Elle a et maintien sa FOI, elle fait CONFIANCE à DIEU et peut traverser "à l'autre rive" sans craindre les circonstances du voyage. La BARQUE est ici peinte comme "ARCHE", ALLIANCE de DIEU avec LES HOMMES et dans laquelle la SAINTE FAMILLE "marche" pour que L'ENFANT puisse accomplir sa MISSION, celle de SAUVER LE MONDE...La BARQUE permet aussi d'affirmer que, comme lors de la traversée de la Mer Rouge par les Hébreux, la SAINTE FAMILLE effectue sa traversée, elle aussi, "à pied sec".

Jésus vient de naître à Bethléem... Hérode, le roi des Juifs est inquiet suite aux questions des mages qui sont à la recherche du Roi qui vient de naître. Inquiet, il décide de faire massacrer tous les enfants de moins de deux ans ! Hérode est prêt à tout pour maintenir son pouvoir ! Ne sachant pas ni "qui", ni "où", ni "quand", il ordonne même de tuer tous les enfants pour éliminer celui qui pourrait, un jour, le remettre en cause !​Le thème des rois mages peut s'éclairer à la lecture du Ps 71 : la nature messianique de Jésus est ainsi reconnue à la fois par le petit peuple (les bergers) comme par des personnes importantes.Et aujourd'hui ? Combien d'Hérode impose leur régime totalitaire pour préserver leur pouvoir politique et/ou religieux ?

Arcabas peint JOSEPH en train d'obéir à l'annonce de L'ANGE, c'est à lui que DIEU s'adresse ; il assume son rôle et sa responsabilité vis-à-vis de MARIE et L'ENFANT, il organise la fuite ; il doit sauver Jésus de la mort, de la violence et de la folie d'Hérode ; il doit conduire le Messie loin du danger, son heure n'est pas encore venue : c'est lui qui sauve le Sauveur ! Joseph est tête baissée et même yeux fermés, il ne regarde pas où il va ... En confiance, il va ... Il ne sait pas où il va ... En confiance, il va ...Et aujourd'hui ? Combien de pères, de mères de familles se lèvent le matin en décidant de tout quitter pour sauver leur famille qu'ils sentent en danger ? Comme JOSEPH, combien sont-ils prêts à braver tous les dangers d’un VOYAGE LONG ET PÉRILLEUX ?

Après le serpent, l'âne est l'autre animal qui parle dans le Premier Testament. MAIS il n'est pas "tentateur" mais plutôt celui qui alerte, guide et protège son maître, Balaam (Nb 22, 21-34) : l'âne est donc celui qui discerne la présence de Dieu ! Lorsque JÉSUS tance le chef de la synagogue qui tente de le piéger à propos du repos hebdomadaire : « Hypocrites ! Chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire ? »... Ne peut-on lire ici une réminiscence de ce que MARIE et JOSEPH lui ont raconté sur "l’aventure" du voyage de Nazareth à Béethléem pour le recensement, sur sa naissance dans une crêche et, même, sur leur fuite en Égypte ? Rappelons-nous aussi que le judaïsme a fait de cette animal une monture royale que JÉSUS chevauchera lors de son arrivée triomphale à Jérusalem...

Dans ce tableau, Arcabas peint L’ANGE comme la TENDRESSE DE DIEU pour MARIE et L'ENFANT. Ainsi, il les protège de son corps tandis que son manteau protège leur seul bien, L'ÂNE. Dès la conception de JÉSUS, c'est L'ANGE qui avait mis JOSEPH en responsabilité de prendre soin d'eux (autre tableau d'Arcabas, Le songe de Joseph). Arcabas le peint en train de les diriger vers l’AVENIR, vers la MISSION de JÉSUS. Dans la demande de L'ANGE de fuir en Égypte, il faut entendre (et voir) un APPEL, un ORDRE : « Lève-toi » ... Un APPEL, comme une PROMESSE de SALUT, qui nous rappelle ceux adressés à ABRAM (« Va, quitte ton pays ») ou à MOÏSE (« Maintenant, va, je t’enverrai auprès de Pharaon et tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les enfants d’Israël »). D'ailleurs, aujourd'hui... N'est-ce pas à cette même promesse d’être sauvé ou d'une vie meilleure (que ce soit de la mort, de la guerre, de la famine, de l'absence de liberté...) qui anime bon nombre de migrants à quitter leur pays et leur famille ?

Comme nous venons de le voir, c'est L'ANGE qui semble indiquer à JOSEPH la route à suivre ... Cette fuite dont le retour est prévu ... D'ailleurs, la Sainte Famille n'est-elle pas ici sur le retour ? Ne vogue-t-elle pas pour permettre à Jésus d'être l'EMMANUEL, Dieu dans et avec nous, dans notre histoire ; de vivre, ensuite, sa MISSION ... MISSION qui le ménera à la CROIX, instrument du SALUT DE L'HUMANITÉ ... Vers la CROIX sous le souffle de L'ESPRIT SAINT, DON DE DIEU, qui agit, libère du doute, rend fort et confiant dans l'épreuve... Arcabas ne peint-il pas par ce détail du tableau la continuité de PÂQUES et de la RÉSURECTION ? La PENTECÔTE n'est-elle pas, déjà, le rappel de la fête juive des prémices de la récolte "APRÈS LEUR SORTIE D'ÉGYPTE" et du don de la Torah ? La Pentecôte n'est-elle pas le SIGNE de L'ENVOI EN MISSION (ici, de l'enfant Jésus ; puis, des apôtres ; enfin, de tous les chrétiens, donc de nous) ? Arcabas peint donc L'ENFANT JÉSUS voguer vers sa MISSION qui perdurera dans l'Histoire de l'humanité grâce à l'ESPRIT SAINT : ce détail du tableau nous rappelle donc bien la fête du don de l'ESPRIT SAINT, LA PENTECÔTE, souffle de vie qui continue de faire de JÉSUS, aujourd'hui, L'EMMANUEL, Celui qui est présent dans nos vies.

Par sa couleur blanc immaculé et la douceur qu’évoque son roucoulement, la colombe est devenue un symbole de pureté et de simplicité.Comme dans l’épisode de la fin du Déluge (Gn 8), la colombe est aussi celui de l’espoir, de l’harmonie, de la paix retrouvée et de la fidélité... Tout ce que la Sainte Famille cherche, et trouvera, dans cette fuite... En tant que forme manifestée de l’Esprit Saint, la colombe représente ici un messager de l’amour divin. Elle symbolise l’amour qui unie le Père à son Fils, qui sera exprimée lors de son baptême. La colombe, c’est aussi l’Esprit Saint qui intervient dans la vie des hommes, présent au monde. Luc 1, 35 nous rappelle que l’ange répondit à Marie : « L’Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » Arcabas ne peint-il pas aussi cette présence trinitaire ?

PSAUME 71 Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice. Qu'il gouverne ton peuple avec justice, qu'il fasse droit aux malheureux ! Montagnes, portez au peuple la paix, collines, portez-lui la justice ! Qu'il fasse droit aux malheureux de son peuple, qu'il sauve les pauvres gens, qu'il écrase l'oppresseur ! Qu'il dure sous le soleil et la lune de génération en génération ! Qu'il descende comme la pluie sur les regains, une pluie qui pénètre la terre. En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu'à la fin des lunes ! Qu'il domine de la mer à la mer, et du Fleuve jusqu'au bout de la terre ! Des peuplades s'inclineront devant lui, ses ennemis lècheront la poussière. Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents. Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande. Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront. Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie. Il les rachète à l'oppression, à la violence ; leur sang est d'un grand prix à ses yeux. Qu'il vive ! On lui donnera l'or de Saba. On priera sans relâche pour lui ; tous les jours, on le bénira. Que la terre jusqu'au sommet des montagnes soit un champ de blé : et ses épis onduleront comme la forêt du Liban ! Que la ville devienne florissante comme l'herbe sur la terre ! Que son nom dure toujours ; sous le soleil, que subsiste son nom ! En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ; que tous les pays le disent bienheureux ! Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, lui seul fait des merveilles ! Béni soit à jamais son nom glorieux, toute la terre soit remplie de sa gloire ! Amen ! Amen !

Après leur départ, voici que L'ANGE DU SEIGNEUR apparaît en songe à JOSEPH et lui dit : « Lève-toi ; PRENDS L'ENFANT ET SA MÈRE, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher L'ENFANT pour le faire périr. » JOSEPH se leva ; dans la nuit, il prit L'ENFANT ET SA MÈRE, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’HÉRODE, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : d’Égypte, j’ai appelé mon fils. Alors HÉRODE, voyant que les mages s’étaient moqués de lui, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus. Après la mort d’HÉRODE, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends L'ENFANT ET SA MÈRE, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de L'ENFANT. » JOSEPH se leva, prit L'ENFANT ET SA MÈRE, et il entra dans le pays d’Israël. Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen. Mt 2, 13-23