Want to make creations as awesome as this one?

Transcript

L'École des langues orientales vivantes s'est installée à la fin de l'année 1873 dans le bâtiment qui est devenu l’actuelle Maison de la recherche en 2021. A cette époque, l'hôtel du 2 rue de Lille est un édifice vétuste et décrépi, dont certains éléments menacent de s’effondrer. Il est très difficile d’y assurer des cours ! La décennie 1880 est donc marquée par une campagne de travaux visant à rénover le bâtiment. La maîtrise d’œuvre de ce projet est confiée à l'architecte Louis Faure-Dujarric. A travers cette petite visite, vous pourrez découvrir les différents projets envisagés par Louis Faure-Dujarric et ce qu'il en reste aujourd'hui. Il vous suffit de cliquer sur les différentes zones des plans pour découvrir le bâtiment.

Avant-propos

Débutez la visite

À la découverte du 2 rue de Lille

Rez-de-chaussée

Premier étage

Deuxième étage

Troisième étage, sous les toits de Paris

Voici l'un des plans réalisés en 1883 par Louis Faure-Dujarric. Sélectionnez un point pour commencer votre visite, puis naviguez entre les étages en utilisant les commandes en bas à droite de votre écran.Vous pouvez également cliquer sur les icônes bleues pour découvrir d'autres archives détaillant l'histoire du bâtiment.

La Bibliothèque

Un peu de contexte

Vers la rue de Lille et lafin de la visite

Archives nationales, fonds de l'Architecture, CP/VA//157/4, École des langues orientales, projet de reconstruction, coupe transversale sur la cour vue depuis le nord, 26 mars 1883

Le 2 rue de Lille avant les Langues O'

Le bâtiment du 2 rue de Lille n’a pas été construit pour héberger les Langues O'. Cet hôtel particulier a été commandé en 1716 par le marquis de Bacqueville, puis acheté par Jean-Louis de Bernage, prévôt des marchands, juste avant sa mort en 1767.

A partir de la fin du XVIIIe siècle, divers locataires s’y succèdent : l’administration des Domaines de Paris, le ministère des Cultes, la Caisse des dépôts et consignations et l’École du Génie maritime qui l’occupe de 1858 à 1872 avant de déménager à Cherbourg. Sous la houlette de Charles Schefer, l’École des langues orientales vivantes s'installe dans les locaux ainsi libérés.

Le marquis de Bacqueville est une personnalité haute-en-couleur du monde parisien du XVIIIe siècle. Président de la Chambre des comptes, il est surtout connu pour ces expériences. Il a ainsi tenté de traverser la Seine en volant grâce des ailes géante attachées à ses bras et jambes. Il s'élança donc devant une foule de curieux du toit de son hôtel qui s'étendait à l'époque jusqu'au Quai Voltaire. L'expérience fut un échec qui couta au marquis, après un vol plané de 300 mètres, une jambe cassée et une sévère humiliation.

Charles Scheffer, photographie imprimée de Nadar, publié dans "La Vie Universitaire à Paris", éditions Armand Colin, 1918.

Malgré la cession du bâtiment au ministère de l'Instruction publique et à l'École des langues orientales vivantes, il ne faut pas croire que l'École du Génie maritime s'est immédiatement retirée. Après 1872, la Marine dispose encore de salles pour organiser des examens rue de Lille. Plusieurs courriers échangés en 1880 entre le ministère de la Marine et le ministère de l'Enseignement supérieur soulignent que le ministre de la Marine et des Colonies de l'époque, l'Amiral Jauréguiberry, désire reprendre possession de l'hôtel particulier. Cependant, l'École des langues orientales vivantes étant bien établie rue de Lille, l'École navale ne parvient pas à obtenir gain de cause. Image : Photographie anonyme de Jean-Bernard Jauréguiberry. Source : https://www.geneanet.org/media/public/amiral-jean-bernard-jaurEguiberry-3115460

Le marquis de Bacqueville était une personnalité excentrique du Paris du XVIIIe siècle. Président de la Chambre des comptes, il est surtout connu pour ses expériences farfelues. Il a ainsi tenté de traverser la Seine en s'équipant d’ailes géantes attachées à ses bras et à ses jambes. Il s'élança devant une foule de curieux du toit de son hôtel, qui s'étendait à l'époque jusqu'à l’actuel Quai Voltaire, pour atterrir 300 mètres plus loin. En dépit de cette distance honorable pour l’époque, l'expérience fut considérée comme un échec qui coûta au marquis une jambe cassée et une sévère humiliation. Image : dessin d'Albert Tissandier in Histoire des ballons et des ascensions célèbres, Alfred Sircos et Th. Pallier, Paris, F. Roy, 1876, p. 105

Les Langues O' avant la rue de Lille

Avant d'arriver rue de Lille, l'École était hébergée dans l'enceinte de la Bibliothèque impériale, rue des Petits Champs dans le deuxième arrondissement (a). Après de nombreuses plaintes émises à la fois par le personnel et par les étudiants, l’École est d’abord relocalisée de 1869 à 1873 dans les bâtiments du Collège de France (b), puis finalement le 6 septembre 1873 au 2 rue de Lille (c).

Retour au plan

Détail d'un Plan de Paris, Paris, A. Martin, 1878, Bibliothèque Nationale de France.

b

a

c

Le rez-de-chaussée

Retour au plan

Monter à l'étage

Ce plan du rez-de-chaussée souligne les nombreuses ressemblances, et surtout les différences existantes entre le projet de Faure-Dujarric et l‘actuelle Maison de la recherche. En effet, les premiers plans ont été pensés en fonction d'un autre projet d'aménagement urbain qui devait permettre l'extension de la rue de Rennes jusqu'aux berges de la Seine. De même, bien que certaines salles de classe de la Maison de la recherche semblent dater du projet de Faure-Dujarric, il est frappant de constater que le pavillon ouest du bâtiment voisin, situé au 4 rue de Lille (en bas du plan), était destiné à l'époque à occuper un rôle plus important.

Archives nationales, fonds de l'Architecture, CP/VA//157/4, École des langues orientales, projet de reconstruction, 26 mars 1883

Le premier étage

Retour au plan

Monter à l'étage

Si de nos jours le premier étage du 2 rue de Lille accueille les bureaux de de la vice-présidence du conseil scientifique, de la direction de l’École doctorale et le service de la recherche, dans les années 1880 un certain nombre de salles étaient utilisées par la Bibliothèque des langues orientales.Les salles de lecture et de cours qui se trouvaient dans l'aile nord (côté Seine) sont aujourd'hui devenues le grand et le petit salons. De même le rôle des salles donnant sur la rue des Saints-Pères a évolué avec le temps.

Archives nationales, fonds de l'Architecture, CP/VA//157/5, École des langues orientales, projet de reconstruction, 26 mars 1883

Le couloir des médaillons

Le vestibule du premier étage est décoré de plusieurs médaillons représentant les langues enseignées par l’école.Une plaque commémorant les élèves morts au front pendant la Grande Guerre occupe également le mur. A cet égard, on se souviendra de l’engagement de l’École pendant le conflit : une partie du bâtiment est ainsi convertie en hôpital militaire.

Photos © Sophie Lloyd - Inalco

Monter à l'étage

Retour au plan

Médaillon écrit en arabe (il est écrit ‘l’Orient”) : la chaire d’arabe est l’une des premières mises en place par la direction de l’École. Elle est d’abord confiée à Antoine-Isaac Silvestre de Sacy. Hartwig Derenbourg est le premier professeur à se voir attribuer la chaire d’arabe littéraire rue de Lille.

Médaillon écrit en arménien (Հայք signifie ‘Les Arméniens’) : l’arménien est l’une des premières langues enseignées, dès 1798 par Jacques Chahan de Cirbied. Le premier professeur d’arménien à enseigner Rue de Lille est Edouard Dulaurier qui est professeur d’arménien de 1862 à 1881.

Médaillon en chinois (il est écrit ‘Le pays de l’est’) : la chaire de chinois est créée en 1843 avec comme premier titulaire Antoine Bazin. Celui-ci enseigne à l’École jusqu’à sa mort en 1862. Le premier titulaire de la chaire à avoir exercé rue de Lille est le comte Alexandre Kleczkowski.

Médaillon en Hindi (‘L’Inde’) : la chaire d’Hindoustani est créée en 1828 avec à sa tête Joseph Héliodore Garcin de Tassy. Il enseigne encore l’hindoustani quand l’école déménage rue de Lille. Il y reste jusqu’à sa mort en 1878. Il est alors âgé de quatre-vingt-quatre-ans.

Le deuxième étage

Retour au plan

Monter à l'étage

Alors que le premier étage cumulait des fonctions pédagogiques et administratives, le deuxième accueillait à l'origine les anciens résidents de l’hôtel particulier dont l'administrateur et le personnel de service.Cet étage comprend ainsi plusieurs cuisines et salles à manger, ainsi qu'un couloir permettant de passer de l'office à la salle à manger sans passer par les parties communes.

Archives nationales, fonds de l'Architecture, CP/VA//157/6, École des langues orientales, projet de reconstruction, 26 mars 1883

Le troisième étage

Retour au plan

Le troisième étage était également un étage d'habitation qui comportait plusieurs chambres : une grande chambre à coucher, la chambre du secrétaire bibliothécaire et son cabinet de travail.Dans un premier temps, il fut envisagé d’aménager uniquement la partie nord de l’étage. Cependant, les plans suivants mettent en évidence l’ajout rapide de plusieurs autres chambres dans le bâtiment sud, ainsi que l’aménagement de la lingerie de l'École, aujourd'hui disparue.

Archives nationales, fonds de l'Architecture, CP/VA//157/7, École des langues orientales, projet de reconstruction, 26 mars 1883

La Bibliothèque

Retour au plan

Si aujourd'hui l'ensemble des collections de l'ancienne Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales est réuni au sein de la BULAC installée au Pôle des langues et civilisations, dans le XIIIe arrondissement, ces collections ont aussi été hébergées aux 2 et 4 rue de Lille. Comme le montraient les plans de l'immeuble, les étages de l'aile ouest accueillaient la Bibliothèque de l'École des langues orientales, ainsi qu'un dépôt de livres.L'ensemble des locaux alloués à la Bibliothèque était pensé pour éviter la détérioration des ouvrages conservés.

Archives nationales, fonds de l'Architecture, CP/VA//157/13, École des langues orientales, projet de reconstruction, 26 mars 1883

Revenir à l'étage

Les langues O' et la rue de Lille

Fin de la visite

Problèmes de voisinage

L'îlot des Langues O'

Retour au plan

Visiter la Maison de la recherche aujourd'hui

Bien que les travaux de rénovation conduits par Louis Faure-Dujarric se soient achevés en 1891, le bâtiment a continué à évoluer et à bénéficier de plusieurs rénovations, notamment en 1935 et en 2019. En complément de cette visite qui présente ce qu'a été et ce qu’aurait pu être le 2 rue de Lille, l’Inalco propose également une visite virtuelle dans le bâtiment tel qu’il est aujourd’hui.

DÉMARRER

Remerciements

Crédits

Exposition réalisée par Louis Pourre (archiviste chargé de la valorisation des fonds), avec le concours de membres du Service de l’information scientifique, des archives et du patrimoine, de la Mission Histoire et de la Direction de la communication :- Sarah Cadorel (responsable du Service de l’information scientifique, des archives et du patrimoine)- Eléonore Herreras (chargée de communication - attachée de presse)- Sonia Leconte (chargée de communication digitale)- Emmanuel Lozerand (chargé de Mission Histoire auprès de la présidence de l'Inalco et mémorialiste de la Fondation Inalco)- Robert Pasquet (graphiste)

- Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine- Direction des Systèmes d'informations et des ressources numériques (DSIRN) de l'Inalco

Remerciements

Plan du local provisoire occupé par l'École, 1869, Cote F/17/14586, Archives nationales de Pierrefitte

Au Collège de France

L'École des langues orientales s'installe à partir de l'année 1868 dans les appartements de l'administrateur du Collège de France. Le local se divise en six pièces servant respectivement de dépôt de livres, de magasin de monnaies et de médailles, de salle de cours, de salle d'étude, d'antichambre et de salle des professeurs. Le manque d'espace va cependant poser problème et le conseil de l'Ecole se met rapidement en quête d'un nouveau local.

L’ensemble du plan d’aménagement des Langues Orientales, élaboré par Louis Faure-Dujarric, s’articule à l’origine autour de l’extension de la rue de Rennes jusqu’aux berges de la Seine. L’École des langues orientales aurait ainsi été isolée du reste du quartier.Des plans postérieurs prévoient même d’étendre l’École jusqu’au 1 rue de Lille et au 1 quai Voltaire, créant un véritable « îlot ». Ce bâtiment aurait été aménagé autour de trois cours différentes et d’un unique porche d’entrée ouvrant sur la nouvelle rue. Ce complexe aurait été traversé par un passage passant sous la rue projetée et débouchant sur la rue des Saints-Pères. Ce projet ne vit jamais le jour, mais ce plan de 1933 permet de mesurer les ambitions des architectes.

L'îlot des Langues O'

Archives nationales, fonds de l'Instruction publique, bâtiments F/17/14586, École des langues orientales, projet d'extension, 7 juin 1933.

Image : Charles Schefer, photographie imprimée de Nadar, publié dans La Vie Universitaire à Paris, Armand Colin, 1918.

Charles Schefer, ancien élève de l'École de 1838 à 1840, devient "maître répétiteur" avant d'obtenir la chaire de persan en 1857. Il occupe également pendant cette période différentes fonctions au ministère des Affaires étrangères, dont celle de "premier secrétaire-interprète pour les langues orientales au ministère des Affaires étrangères". En parallèle de cette carrière diplomatique, il est nommé en 1867 à la tête de l'École. Cette nomination annonce une période de changement pour les Langues O' : recherche de nouveaux locaux, augmentation du nombre de chaires, développement de la Bibliothèque. Jusqu'à sa mort en 1898, Charles Schefer est le moteur d'une renaissance pour l'École des langues orientales avec en particulier l'installation de l'École au 2 rue de Lille.

Problèmes de voisinage

Les travaux au 2 rue de Lille bouleversent non seulement la vie de l’École, mais également celle du quartier, parfois au déplaisir de ses habitants. Assez rapidement, des pétitions sont envoyées au ministère des Travaux publics.Parmi ces problèmes de voisinage figure notamment la question de la propriété du mur qui sépare l’École du bâtiment du 1 quai Voltaire. Plusieurs plans sont réalisés pour permettre de bien mettre en évidence la répartition de la propriété de ce mur. Certains riverains ont aussi porté plainte suite à des accidents provoqués par le chantier tels que des chutes de débris ou des trous dans la chaussée. Cependant ces épisodes n’empêchent pas la poursuite du chantier qui est finalement achevé par la réception des travaux le 4 juillet 1891.

Archives nationales, fonds des Beaux-Arts, F/21/5971, École des langues orientales, projet de mur séparatif, 22 juillet 1892

Les salles de classe qui existent aujourd'hui ont été envisagées dès le début du projet. A cette époque le nombre d'étudiants est nettement inférieur à celui d’aujourd’hui, bien qu’il augmente rapidement à partir de 1880. Les salles de cours semblent avoir conservé les mêmes dimensions en dépit de la modernisation du bâtiment.

Les salles de classe

Cet étage du bâtiment nord, perpendiculaire à la rue des Saints-Pères, devait accueillir des appartements attribués au secrétaire bibliothécaire. Aujourd’hui, cette partie de l’étage est occupée par l'Institut français de recherche sur l'Asie de l'Est (IFRAE).

L'Institut français de recherche sur l'Asie de l'Est

Photos © Inalco

En 1883, Louis Faure-Dujarric imagine un hôtel pourvu d'une entrée imposante qui s'ouvrirait sur une extension de la rue de Rennes alors en projet. L'aile donnant sur la rue de Lille ne devait alors contenir qu'une salle d’étude et un vestiaire et non l'entrée principale de l'hôtel ainsi que l'accueil comme c'est le cas aujourd'hui.

L'accueil rue de Lille

L'escalier reliant les deuxième et troisième étages devait être construit dans le prolongement de l'escalier principal.Il a finalement été décidé de le décaler contre le mur nord, créant ainsi un espace à part.

© Inalco

L'escalier vagabond

Le couloir du LACNAD

Dans le couloir où se situent aujourd’hui les bureaux du centre de recherche Langues et Cultures du Nord de l’Afrique et Diasporas (Lacnad) se trouvaient à l’origine les chambres du personnel qui travaillait au 2 rue de Lille, ainsi que des cuisines. Les cuisines n'ont disparu que bien plus tard, les étudiants et chercheurs de l'Inalco s'en servant jusqu'au début des années 2000.

© Inalco

L'actuelle salle Suzanne Borel devait accueillir les cours de persan, arabe et turc avant sa transformation en salon de réception. Aujourd’hui, quatre tableaux qâdjârs ornent ses murs, mais il avait été demandé en 1914 au peintre Edouard Fourrier d'y réaliser une grande fresque.

Les salons

Cependant, l'œuvre était trop coûteuse à installer et comportait de plus une suite de caractères arabes assemblés au hasard et dénuée de sens. Paul Boyer, l'administrateur, décida de refuser la fresque, craignant qu'elle ne cause un effet fâcheux lors des réceptions.

Photos © Sophie Lloyd / Inalco

L'espace occupé par le salon de Silvestre de Sacy devait à l'origine accueillir les salles de réception de l'école. Le découpage de cette aile en trois salles se retrouve encore aujourd’hui. Les trois pièces sont aujourd'hui décorées d’œuvres d’art et d’artisanat d’Asie du Sud et de l’Est données à l'École.

La salle Silvestre de Sacy

© Sophie Lloyd / Inalco

Le pavillon ouest occupe une place centrale dans les premiers plans de Faure-Dujarric, car il devait alors accueillir l'entrée principale du bâtiment. Au rez-de-chaussée, sur la rue de Rennes, auraient donc dû se trouver à la fois un hall d'entrée, une petite salle de conférence, un musée ethnographique et une galerie s'étendant sur la cour intérieure.

La caféteria et l'auditorium

La salle de conférence aurait eu des dimensions supérieures à celles de l'actuelle cafétéria, tandis que l’entrée donnant sur la rue et le musée ethnographique auraient été installés à l’emplacement occupé aujourd’hui par l’auditorium Georges Dumézil.

Les mosaïques qui ornent les couloirs du rez-de-chaussée datent des travaux de Faure-Dujarric. Celui-ci choisit de confier leur réalisation à l'atelier de V. Zambon. Ces décors de mosaïques en marbre représentent le blason de l'École, ainsi que des croissants entrelacés qui caractérisent l'esthétique orientaliste que l'on retrouve dans l'ensemble des décors du bâtiment.

Les mosaïques

Le couloir des médaillons

Le vestibule du premier étage est décoré de plusieurs médaillons représentant les langues enseignées à l’École.Une plaque commémorant les élèves morts au front pendant la Grande Guerre occupe également le mur. On se souviendra de l’engagement de l’École pendant le conflit : une partie du bâtiment fut alors convertie en hôpital militaire.

Médaillon écrit en arabe (il est écrit ‘l’Orient”) : la chaire d’arabe est l’une des premières mises en place par la direction de l’École. Elle est d’abord confiée à Antoine-Isaac Silvestre de Sacy. Hartwig Derenbourg est le premier professeur à se voir attribuer la chaire d’arabe littéraire rue de Lille.

Médaillon écrit en arménien (Հայք signifie ‘Les Arméniens’) : l’arménien est l’une des premières langues enseignées, dès 1798 par Jacques Chahan de Cirbied. Le premier professeur d’arménien à enseigner Rue de Lille est Edouard Dulaurier qui est professeur d’arménien de 1862 à 1881.

Médaillon en chinois (il est écrit ‘Le pays de l’est’) : la chaire de chinois est créée en 1843 avec comme premier titulaire Antoine Bazin. Celui-ci enseigne à l’École jusqu’à sa mort en 1862. Le premier titulaire de la chaire à avoir exercé rue de Lille est le comte Alexandre Kleczkowski.

Médaillon en Hindi (‘L’Inde’) : la chaire d’Hindoustani est créée en 1828 avec à sa tête Joseph Héliodore Garcin de Tassy. Il enseigne encore l’hindoustani quand l’école déménage rue de Lille. Il y reste jusqu’à sa mort en 1878. Il est alors âgé de quatre-vingt-quatre-ans.

La vie des professeurs et des étudiants des Langues O' n'est pas de tout repos à la Bibliothèque impériale.Une correspondance de 1864 souligne que "personne ne pourrait donc se douter qu'il existe une école rue neuve des Petits Champs n° 8. [...] On passe par un étroit corridor pour arriver sur une petite salle qui donne sur la rue voisine ; et le bruit des voitures interrompt à chaque instant le professeur".En 1868, Charles Schefer se plaint encore de l'étroitesse des locaux, qualifiant la situation "d'état de chose déplorable" et demandant au Ministre d'organiser un changement de locaux.

Lettre de Charles Schefer, du 8 juin 1868, F/17/14586, Archives nationales de Pierrefite-sur-Seine

Le problème de la Bibliothèque impériale

L'escalier d'honneur

L'escalier d'honneur et ses bas-reliefs figurent parmi les symboles de l'École des langues orientales vivantes. Il ne s’agit pas d’une création ex-nihilo de Louis Faure-Dujarric : les plans cadastraux datant du début du XIXe siècle laissent deviner qu’un escalier existait déjà à cet emplacement. Le décor de l'escalier est le fruit d'une longue réflexion de la part de l'architecte.Si dans un premier temps des panneaux en mosaïques sont envisagés pour orner les murs du palier, Faure-Dujarric porte finalement son choix sur des bas-reliefs du sculpteur Laurent Marquestre. Ces quatre figures ont été choisies par la direction de l'École et rejoignent l’esprit orientaliste de l’ensemble de la décoration. Elles représentent plusieurs langues centrales à l'époque dans l’enseignement des langues orientales : le chinois, le turc, l’hindi et le persan.

Photos de l'escalier d'honneur © Sophie Lloyd - Inalco

Le couloir du CERLOM

L'aile du deuxième étage donnant sur la rue de Lille abrite aujourd’hui les bureaux de la direction de la recherche, de la valorisation et des études doctorales, ainsi que les bureaux du Centre d’étude et de recherche sur les littératures et les oralités du monde (CERLOM). Si la cuisine, le salon et le vestibule ont disparu, la disposition des pièces est restée la même.

© Inalco

L'ensemble des locaux alloués à la bibliothèque est pensé par Louis Faure-Dujarric pour permettre d'éviter la détérioration des ouvrages conservés tout en mettant en valeur le bâtiment.L’un des plans montre que la séparation entre le premier et le deuxième étage aurait pu disparaître pour ne laisser qu’une grande bibliothèque s’élevant sur deux niveaux avec à son sommet un dépôt de livres. Cependant il semble que ce projet n'ait jamais vu le jour.

La bibliothèque au 2 rue de Lille

Étudiants dans la bibliothèque, 1926, collections Inalco

Pour organiser et gérer le flux d’ouvrages arrivant au 2 rue de Lille, des appartements sont attribués au secrétaire bibliothécaire. Cette fonction existe dès l’année 1798 et est successivement occupée par Jean puis Louis Sédillot, son fils. Ce dernier est maintenu dans ses fonctions jusqu’en 1873, date à laquelle Auguste Carrière obtient ce poste. Il joue un rôle important dans le développement constant de la Bibliothèque des langues orientales. Professeur d’arménien, il se distingue par son volontarisme au poste de secrétaire bibliothécaire. Grâce à ses réseaux de sociabilités, de nombreux intellectuels le contactent et lui proposent une grande variété d'ouvrages.Pour pouvoir facilement accéder à ces collections en perpétuelle expansion, le secrétaire bibliothécaire dispose à l'époque d'un logement situé au troisième étage du bâtiment.

Le bibliothécaire au 2 rue de Lille

Buste d'Auguste Carrière, situé dans les couloirs du rez-de-chaussée de la Maison de la recherche.

Avant d’attribuer à cet espace le rôle de "cabinet des professeurs", il avait été envisagé de le transformer en "lampisterie" (entrepôt de lampes). Il a ensuite servi de salle de cours jusqu'au début des années 2000. Cette petite salle sert aujourd'hui de réfectoire pour le personnel de la Maison de la recherche.

L'office

La statue d'Antoine-Isaac Silvestre de Sacy fut réalisée par les frères Rochet. Louis Rochet est alors également professeur de « langues tartares » à l’École des langues orientales, poste qu’il occupe de 1875 à sa mort en 1878. La statue, achevée par son frère Charles, est livrée en 1880. Bien qu’il soit dans un premier temps envisagé de la positionner au milieu de la cour sur un socle en bois, on choisit un socle en pierre installé près de l'aile nord.

La statue de Silvestre de Sacy

Pour passer directement des cuisines à la salle à manger, le personnel empruntait un couloir caché appelé à l’époque « l'office ». Ce passage est encore accessible aujourd'hui via une porte dissimulée dans la salle L2.06. Il débouche dans l’un des bureaux du centre de recherche Langues et Cultures du Nord de l’Afrique et Diasporas (LACNAD).

L'office et la salle à manger

© Inalco

Avant de devenir l'actuel bureau de la vice-présidence du Conseil scientifique, cette pièce munie d'une salle d'attente et d'une antichambre servait de cabinet à l'administrateur. Les salles longeant la rue de Lille, dans un premier temps destinées à accueillir des ouvrages donnés à l'École, ont rapidement été transformées en une salle de conseil, un secrétariat et une salle d'archives.

Le bureau de la vice-présidence du conseil scientifique

Jusqu’à l’hiver 2023, l'aile sud abritait l’appartement du concierge de l’Inalco. Le rôle de cette partie de l’étage est donc resté sensiblement le même depuis 1880, car elle devait alors être habitée par le concierge, puis par l’appariteur et la femme de charge. En 1873, bien que le bâtiment change d'occupant, il ne change pas de concierge. Monsieur Thibaudier, ancien concierge de l'École du Génie maritime est nommé concierge de l'École des langues orientales dès le 8 novembre 1873.

L'appartement du concierge

Archives nationales, fonds de l'Instruction publique, F/17/*/1036, décret de nomination du concierge du 2 rue de Lille, 8 novembre 1873

Le choix de déplacer l'École des langues orientales au 2 rue de Lille, (ancienne rue de Bourbon) n’est pas le fruit d’une décision arbitraire.Le 6 mai 1873, le conseil de perfectionnement de l'établissement n'a pas encore fixé sa décision et envisage encore d’autres localisations, notamment dans la rue de l'Université, mais la volonté de trouver un lieu proche des sociabilités étudiantes a finalement convaincu les membres du conseil de choisir l'hôtel de Bernage.

Registre des délibérations du Conseil de perfectionnement, séance du 6 mai 1873, 62AJ/4, Archives nationales de Pierrefite-sur-Seine

Le choix de la rue de Lille

Le premier projet de Louis Faure-Dujarric prévoyait une ouverture sur la rue de Rennes prolongée et un porche sur la façade intérieure de l'aile ouest. Ce porche couronné d’une horloge flanquée de deux statues aurait permis d’aménager une terrasse au deuxième étage. Il ne reste de ce projet qu’une petite avancée dans la cour qui permet au visiteur d’imaginer le tracé du porche.

Le porche et la terrasse