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L'État à l'époque moderne, France et Angleterre3e période

Dans cette 3e partie, vous incarnez les deux branches cousines de la famille d'Arcy

A gauche, René d'Arcy, chef de la branche protestante de la famille, réfugiée dans les Cévennes pour fuir les dragonnades de Louis XIV

A droite, Philippe d'Arcy, chef de la branche catholique, courtisan à Versailles du Roi Soleil vieillissant

3 novembre 1700. Un messager arrive à la cour de Versailles et interrompt un bal :

A ces mots, le roi de France se lève :

"Monseigneur, j'apporte une terrible nouvelle d'Espagne. Votre cousin, le roi Charles II, est décédé sans héritier. La cour espagnole se déchire pour savoir qui sera son successeur !" Le roi Charles II de Habsbourg en 1685

"Je le veux et l'ordonne : il ne peut y avoir qu'un seul monarque en Espagne. Mon petit-fils, Philippe !" Le 16 novembre 1700, Philippe de France, fils de Louis de France, lui même fils de Louis XIV, est proclamé Roi d'Espagne au château de Versailles.Evidemment, cette décision d'un roi français n'est pas acceptée par les Espagnols, ni par les autres cours européennes. Louis XIV veut leur imposer sa décision : c'est la guerre.

La guerre qui oppose les deux prétendants (à gauche, le prétendant français Philippe, petit-fils de Louis XIV ; à droite, le prétendant autrichien, l'archiduc Charles de Habsbourg, fils de l'empereur du Saint Empire) est très difficile pour la France, qui se retrouve seule avec quelques petits alliés (Bavière) à affronter toutes les autres grandes puissances européennes : l'Autriche, le Saint Empire, la Prusse, la Grande-Bretagne, les Provinces-Unies, le Portugal.

Après 11 années de guerre, la coalition anti-française essaie d'envahir le territoire français. Les troupes autrichiennes prennent le contrôle des places fortes à la frontière du nord, s'ouvrant la route vers Paris. La guerre est sur le point d'être perdue, mais Louis XIV vous envoie, avec le maréchal de Villars, les affronter dans une tentative désespérée de leur bloquer le chemin et renverser la situation...

Vous vous retrouvez avec le maréchal de Villars sur le champ de bataille de Denain et celui-ci vous demande de l'aider à décider sa stratégie :

Option 1 : attaquer de front la coalition avec toute la puissance de nos armes

Option 2 : Affaiblir le centre et renforcer les ailes pour encercler l'ennemi

Option 3 : Préparer une diversion pour piéger l'ennemi et le prendre par surprise

Épuisées, vos troupes sont incapables de résister aux ennemis, vos lignes sont enfoncées, vous êtes fait prisonnier et les coalisés avancent sur Paris

Grave erreur. Vos ailes tiennent le choc de la ligne adverse mais votre centre, affaibli, est complètement enfoncé et les flancs sont séparés. Vos soldats, paniqués, s'enfuient, vous êtes fait prisonnier et les coalisés assiègent Paris.

Vous trompez les troupes ennemis et parvenez à les attirer sur un pont, qui s'effondre sous leur poids. Paniqués, ils s'enfuient. Vous contre-attaquez brillamment et remportez la victoire. La France est sauvée !

La France est sauvée par la victoire décisive du maréchal de Villars à Denain, le 24 juillet 1712.Un an après, les coalisés, épuisés financièrement et politiquement, demandent la paix car ils ne peuvent poursuivre l'effort de guerre. Le traité d'Utrecht en 1713 et celui de Rastatt en 1714 mettent fin à la guerre avec les conditions suivantes : - Philippe de France est accepté comme roi d'Espagne, mettant fin à la mainmise de deux siècles des Habsbourg autrichiens sur la péninsule ibérique, en échange, il renonce à ses droits de succession sur la couronne de France. Le projet de Louis XIV d'une monarchie commune sur les deux Etats, France et Espagne, est donc réduit à néant.- La France cède ses conquêtes de la guerre, notamment la Savoie et des villes à la frontière du nord. - La France perd des colonies en Amérique du Nord, notamment Terre-Neuve et l'Acadie (aujourd'hui la Nouvelle-Ecosse, au Canada) au profit de la Grande-Bretagne - L'Autriche récupère la possession des territoires espagnols en Italie : Milan et la Lombardie, Naples, et la Sardaigne, ainsi que les Pays-Bas espagnols (Belgique et Luxembourg actuels)- L'Autriche abandonne toute revendication sur l'Espagne.- La Prusse devient un royaume et commence à acquérir sa puissance Les traités sont rédigés en français, consacrant la domination internationale de la langue.

25 août 1715, à Versailles. Vous êtes convoqué dans la chambre du roi, qui, gravement malade, est mourant. Tous les courtisans défilent pour lui dire adieu.

Fin août, en rentrant de la chasse, Louis XIV, âgé de 77 ans, s'est plaint de vives douleurs à la jambe. Mal soignée, l'état de celle-ci se dégrade rapidement et la jambe se gangrène. Le roi comprend qu'il va mourir, après 74 ans et cent jours de règne, le plus long de toute l'histoire européenne.

Finalement, après une semaine de grandes souffrances, le roi décède le matin du 1er septembre 1715, quatre jour avant son 77e anniversaire. Le roi a le temps de convoquer son successeur, son arrière-petit-fils, Louis, âgé de 5 ans, pour lui recommander de ne pas suivre son exemple et de se soucier davantage du bien-être du peuple que de construire de grands bâtiments luxueux et mener beaucoup de guerres, car elles sont "la ruine des peuples". Il déclare également que, comme le nouveau roi Louis XV est âgé de 5 ans, la France sera gouvernée par un conseil de régence, dirigé par son neveu, le duc Philippe d'Orléans. La nouvelle arrive rapidement dans toutes les cours européennes, où le prestige du roi Soleil est si important que la simple annonce "le roi est mort", sans préciser de nom, suffit pour que tout le monde comprenne qu'il s'agit du roi de France. Texte : "On crut le roi mort dès le lundy 25. Il se porta mieux un jour ou deux, quoyque sans espérance. Il est mort après avoir beaucoup souffert et avec une grande patience le dimanche 1er sept.[embre] à 8h du matin. Monseigneur le Duc d'Orléans alla au Parlement et fut déclaré Régent le 2 septembre."

Pendant ce temps, suite à l'édit de Fontainebleau en 1685 qui révoquait l'édit de Nantes et interdisait le protestantisme en France, la branche protestante de votre famille s'était réfugiée à Londres, en Angleterre. Vous jouez à présent René d'Arcy, le chef de cette branche.

Là, vous découvrez un régime politique très différent de la France : une monarchie parlementaire

Au début du XVIIIe siècle, le royaume d'Angleterre est uni au royaume d'Ecosse (Acte d'Union, 1707), formant le Royaume de Grande-Bretagne. L'Irlande reste un royaume séparé, même si sa couronne repose aussi sur la tête du roi de Grande-Bretagne.

En discutant avec quelques Londoniens, vous apprenez que ce régime a été mis en place lors de deux révolutions successives : la première entre 1642 et 1651, qui s'achève par la victoire des rebelles, qui exécutent le roi Charles Ier (ci-dessous) en 1649 et remplacent les royaumes par un Commonwealth d'Angleterre, sous la domination d'un Lord Protecteur, Oliver Cromwell. En 1660, le fils de Charles Ier, Charles II, parvient à récupérer le trône et fait exécuter les responsables de la mort de son père. Il est toutefois obligé de respecter le Parlement afin d'éviter une nouvelle révolution : ainsi, en 1679, il est obligé d'accepter la mise en place de la loi d'Habeas Corpus qui interdit tout emprisonnement arbitraire et garantit la justice. Le Parlement britannique est divisé en deux chambres : la Chambre des Communes ou "chambre basse", élue par les électeurs et représentant les territoires du royaume, et la Chambre des Lords ou "chambre haute" nommée à vie par le roi et représentant la haute noblesse.

En 1685, Charles II meurt sans aucun enfant légitime pour lui succéder, il est donc remplacé par son frère, Jacques II. Or, celui-ci est un admirateur du système absolutiste français et cherche à l'imposer en Grande-Bretagne. Il est donc à son tour renversé par une révolution en 1688, parvenant à fuir de justesse (image ci-dessous). Le Parlement révolté fait appel au stadhouder (= gouverneur général) des Provinces-Unies, Guillaume d'Orange-Nassau, qui devient roi de Grande Bretagne sous le nom de Guillaume III. Dès son avènement, pour prouver son soutien au Parlement britannique, il accepte de promulguer le Bill of Rights.

Le Stathouder des Provinces-Unies, roi d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande Guillaume III d'Orange Nassau (ci-dessous). Il accepte le Bill of Rights car c'est la condition pour qu'il gagne les trônes. Ce document est innovant, car il affirme non seulement des libertés individuelles (consentement à l'impôt), mais surtout des limites à l'autorité du roi qui n'est donc pas absolue (soumission du roi à l'autorité des lois, impossibilité de lever et entretenir une armée en temps de paix sans l'accord du Parlement, régularité des sessions parlementaires), et fixe des règles parlementaires (liberté des élections, liberté de parole au sein du Parlement). Ce texte ouvre la voie à un régime parlementaire et à la mise en place d'un État de droit. Guillaume meurt en 1702, sa fille, la reine Anne (celle qui donna son nom au navire du célèbre capitaine pirate Edward Teach, dit Barbe Noire : le Queen Ann's Revenge), lui succède.

En 1721, alors que vous êtes à Londres, divers scandales écartent les principaux Lords et ministres. Un homme concentre alors tous les pouvoirs à la tête du Parlement et devient le principal conseiller du roi George Ier : sir Robert Walpole. On considère que c'est lui qui crée le rôle de Premier ministre à la tête de la Grande Bretagne. Il reste au pouvoir jusqu'à sa démission en 1742, à partir de son mandat, le système parlementaire britannique peut se résumer ainsi :

Dans ce régime, la population s'intéresse de plus en plus à la politique, notamment via la presse (The Tatler, 1709, The Spectator, 1711) et surtout dans les cafés, lieux de débats politiques par excellence : la ville de Londres en compte plusieurs centaines en 1700.

Le Parlement siège au palais de Westminster. Ces idées politiques sont nettement influencées par celles de philosophes tels que John Locke et le Parlement défend les sciences avec la Royal Society of Science, créée en 1660 (suivie en 1666 par l'Académie Française des Sciences en France)

Isaac Newton est un savant anglais né en 1642 et mort en 1727. Il a touché à tout : astronomie, mathématiques, optique, physique... Il est surtout connu pour ses travaux en optique (décomposition de la lumière blanche avec un prisme), en mécanique (lois de Newton) et bien évidemment ses découvertes sur la gravitation universelle, publiée en 1687 sous le titre Philosophiæ naturalis principia mathematica. Il est entrée à la Royal Society dès 1672 et y reste jusqu'à sa mort. Dans le même temps, il enseigna à la prestigieuse université de Cambridge et fut même à plusieurs (courtes) reprises membre du Parlement britannique.

John Locke est un philosophe anglais né en 1632 et mort en 1704. Pour lui, le pouvoir politique doit avoir l’accord des gouvernés parce que l’on ne peut pas priver les hommes de la liberté qui est un état naturel de l’homme. De même, la propriété étant un droit humain (cette idée fut reprise dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en 1789), nul ne peut en être privé sans son assentiment ; ainsi l’impôt – qui est la « confiscation » d’une partie de la propriété d’un individu – n’est justifié que dans la mesure où il l’accepte. Dans ces conditions, un pouvoir politique qui n’aurait pas eu l’accord des gouvernés ne peut ni gouverner, ni lever des impôts.C’est bien sûr la monarchie absolue qui est condamnée par cette philosophie puisque dans ce régime le roi dit tenir son pouvoir de Dieu et en aucun cas des gouvernés ; c’est le roi qui dispose de la souveraineté et non pas la nation. Mais Locke condamne aussi tout autre régime politique qui n’accorderait pas la souveraineté à la nation.

Vous êtes soudain convoqué au près du roi Georges II de Grande Bretagne. Il a en effet une mission de la plus haute importance, qu'il ne peut confier à un Anglais car c'est une délicate mission d'espionnage en Ecosse. Or, l'Ecosse ayant longtemps été l'alliée de la France ("Auld Alliance"), vous devriez être bien reçu...

En effet, tout le monde n'accepte pas ce nouveau régime. Vous êtes envoyé, déguisé, parmi les partisans de l'ancien roi déchu, Jacques, qui sont appelés les "Jacobites" et militent pour le retour de la dynastie de Jacques, les Stuart, pour des raisons politiques mais aussi religieuses : en effet, là où la majorité de la population anglaise est protestante, les Stuart sont catholiques et possèdent encore beaucoup de soutien en Ecosse et en Irlande où le peuple est encore pour beaucoup catholique.

Dès votre entrée chez les Jacobites, vous êtes interpellé par l'un des conjurés, un Ecossais avec un accent à couper au couteau :

"Hello, you brave frenchman ! As a french, you must be catholic, so you came to help us against...Oh mais attendez, pawdonnez-moi. Vous êtes fwançais, vous ne pawlez donc cewtainement pas anglais !Nous vous souhaitons la bienvenue pawmi nous, mais nous devons toutefois, avant de vous accowder notwe confiance, véwifiez que vous n'êtes pas un espion de Westminster...Wépondez, s'il vous plaît, à ces quelques questions !"

Vous allez faire votre rapport au roi

Votre rapport d'espionnage permet au roi Georges II de la dynastie de Hanovre de prévoir une 4e tentative de débarquement des Jacobites (après 1692, 1708 et 1715) en Ecosse pour tenter de rétablir les Stuart au pouvoir en Grande-Bretagne. L'ancien roi Jacques II étant mort, ces jacobites défendent les droits de son petit-fils, Charles Édouard Stuart, surnommé Bonnie Prince Charlie ou "The Young Pretender" ("The Old Pretender" étant son père). Ils débarquent en Ecosse en 1746, à la tête d'Anglais catholiques, d'Ecossais, d'Irlandais et de plusieurs centaines de Français fournis par le roi Louis XV, mais cette armée est écrasée en avril dans la lande de Culloden par les troupes hanovriennes commandées par le prince de Cumberland. C'est la fin de la dernière tentative militaire jacobite.

C'est depuis Londres que vous assistez, vieillissant, au déclenchement de la guerre de 7 ans en 1756..Cette guerre oppose les principales puissances européennes et leurs colonies et les combats ont lieu sur l'ensemble des continents : certains historiens parlent ainsi de première guerre mondiale. Vous envoyez votre fils en Amérique assister au conflit.

Ce conflit est symptomatique de l'opposition navale et coloniale entre la France et la Grande-Bretagne qui dure pendant tout le XVIIIe siècle. Si la situation européenne reste très indécise jusqu'à la mort de la tsarine Elizabeth de Russie en 1762 juste au moment où les troupes russes allaient prendre Berlin. Son successeur, qui admire la Prusse, signe immédiatement la paix. En revanche, sur les théâtres coloniaux, les Britanniques prennent très rapidement l'avantage en prenant le contrôle de l'Inde, des colonies françaises et espagnoles en Afrique, et, surtout, de l'Amérique du Nord.

Le commandant français en Amérique du Nord est le marquis de Montcalm. Partisan d'alliances stratégiques avec les peuples autochtones (notamment les Hurons), celui-ci est très efficace, mais il meurt, tué au combat en défendant Québec en septembre 1759. A sa mort, les défenses françaises s'effondrent et la Grande Bretagne prend le contrôle de presque toute l'Amérique française.

Après la défaite française, votre fils rentre à Londres vous rejoindre, mais votre petit-fils, Nicolas d'Arcy, décide de rester en Amérique et se fixe à Boston. Vous jouez à présent le jeune Nicolas.

Le Traité de Paris de 1763 qui mit fin à la guerre donna toute l'Amérique du nord française à la Grande Bretagne. La même année, le roi Georges délivra la Proclamation de 1763 qui, entre autres, interdisait aux colons britanniques de partir vers l'ouest plus loin que la ligne des Appalaches (une chaîne de montagnes), réservant ces terres aux Amérindiens ayant aidé les Britanniques lors de la guerre (en anglais, la guerre de sept ans est aussi appelée "French and Indian War". Cette décision fut très impopulaire parmi la population des Treize Colonies.

Depuis Boston, vous ne perdez toutefois pas contact avec votre pays d'origine : dans le cadre du commerce triangulaire, vous êtes souvent amené à faire affaires avec des commerçant bordelais ou rochelais.

Le port de Bordeaux en 1759 (peinture de Joseph Vernet)

Tout autour de l'océan atlantique, les ports s'enrichissent considérablement par le commerce triangulaire reposant sur la traite négrière. George Morland, L’exécrable trafic d’êtres humains, 1788

Des navires chargés de marchandise de peu de valeur (la pacotille, avec par exemple des objets métalliques manufacturés, des parures, des bijoux de perle, du tabac, des chapeaux, de l'alcool, mais aussi des armes et de la poudre noire) quittent les ports européens et mettent le cap vers l'Afrique, et notamment le golfe de Guinée, où ils échangent leur cargaison contre des esclaves qu'ils entassent dans les soutes du navire, dans des conditions terribles (voir ci-dessous, sous la carte). Ces esclaves sont emmenés en Amérique où ils sont échangés contre des produits coloniaux, par exemple produits dans de grandes plantations : le coton, le sucre, le café... qui sont ensuite vendus très cher en Europe.

Vous refusez, car vous êtes contre le trafic d'êtres humains. Cette opinion est d'ailleurs de plus en plus présente à Boston en cette deuxième moitié du XVIIIe siècle, poussée par les idées des philosophes.

L'un de ces marchands, Jonathan Bonnet, vous propose de vous mettre à cette traite négrière, très rentable.

Vous êtes notamment en contact avec votre cousine, Françoise Marguerite d'Arcy, qui a épousé un riche négociant de Nantes. Cet homme n'est certes pas noble, mais l'alliance a une visée financière.

Dans ses lettres, elle vous tient informé de la situation en France, et vous explique entre autres les derniers changements territoriaux : en 1766, le roi de Pologne Stanislas Leszczynski décède. Or, il était également duc de Lorraine et de Bar, territoires qui ne faisait pas alors partie du royaume de France. A sa mort sans fils, la Lorraine et le duché de Bar sont rattachés à la France, car sa fille, Marie Leszczynska, a épousé le roi de France Louis XV. De plus, ce dernier a également acheté la Corse en 1768 : l'île appartenait à la République de Gênes, mais était en révolte constante contre les Génois pour son indépendance. Les révoltés, menés par Pascal Paoli, avaient d'ailleurs établi la première Constitution démocratique moderne en 1755. Les Génois ont cédé l'île à la France, ne pouvant maintenir l'ordre. Louis XV envoya immédiatement un corps expéditionnaire qui après plusieurs affrontements écrasa définitivement les troupes corses à la bataille de Ponte-Novo. Un an plus tard, naissait à Ajaccio un certain Napoleone Buonaparte...

Votre cousine se tient également très au fait des avancées scientifiques. Elle tient un salon à Bordeaux, et se rend régulièrement à Paris pour assister aux salons scientifiques, philosophes et littéraires les plus prestigieux, notamment celui de Marie-Thérèse Rodet Geoffrin. Dans ces salons, on cherche à avoir les invités les plus prestigieux, savants, penseurs, écrivains... pour discuter de tout mais surtout de discussions intellectuelles. C'est le siècle des Lumières. Un contexte stimulant pour les sciences

  • Au XVIIIe siècle, les découvertes scientifiques s’intensifient et sont à l’origine de nombreux progrès techniques. Dans les sociétés des Lumières, l’idée s’impose que la science doit se mettre au service de la technique pour le bénéfice de tous.
  • Les autorités politiques encouragent ces progrès. En France, le roi s’entoure d’experts qu’il met au service de la puissance du royaume. Jacques Vaucanson, féru de mécanique, est nommé Inspecteur des manufactures (1741) et invente un premier métier à tisser automatique (1745). Avec la création des Écoles des ponts et chaussées (1747) et du génie de Mézières (1748) émerge la figure de l'ingénieur civil et militaire.
  • L’expérimentation et l’émulation entre les savants contribuent à la diffusion des progrès techniques. Cela favorise la concurrence autant que l’espionnage industriel. Des brevets sont octroyés pour protéger les intérêts d’une nouvelle figure, les inventeurs.
Les innovations techniques
  • Le XVIIIe siècle foisonne d'innovations dans de nombreux domaines, comme l’agriculture. Inspirés par le courant physiocrate, les grands propriétaires tentent des expérimentations sur leurs terres. Bien que leurs effets soient limités, les techniques s’améliorent : le semoir est inventé, la charrue perfectionnée.
  • Dans l’industrie naissante, les innovations permettent d’abord la mécanisation des opérations manuelles. En 1784, Edmund Cartwright perfectionne le métier à tisser de Jacques Vaucanson. Les innovations de la machine à vapeur, de Denis Papin jusqu’à James Watt en passant par Thomas Newcomen permettent aussi de remplacer l’énergie animale. Elles donnent naissance au factory system annoncent la « révolution industrielle ».
  • Des domaines plus originaux sont parfois concernés. Les aérostats (montgolfières), au départ récréatifs, sont adaptés grâce aux études d’Antoine Lavoisier pour trouver une application militaire.
La diffusion d’une culture savante
  • Les sociétés des Lumières se passionnent pour ces progrès scientifiques et techniques. Des amateurs de sciences et collectionneurs d’instruments viennent rejoindre les réseaux de savants. Quelques rares femmes parviennent à trouver leur place en animant des salons ou en publiant les travaux de scientifiques étrangers, comme Émilie du Châtelet.
  • Les périodiques scientifiques et les ouvrages de vulgarisation continuent de diffuser les découvertes tandis qu’apparaissent les dictionnaires et encyclopédies. Grâce à ses planches illustrées, l’Encyclopédie (1751-1772) de Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert donne autant sa place aux sciences qu’aux techniques.
  • Enfin, la culture savante se diffuse par l’essor des musées et des cabinets de curiosités, ainsi que par le biais d’expériences publiques réalisées par des démonstrateurs dont certains sont des savants reconnus. Elles s’adressent à un public curieux constitué de nobles et de bourgeois.

Elle vous raconte notamment des expériences auxquelles elle a pu assister dans ces salons, et parmi les plus marquantes, celle du baiser électrique : une femme, debout sur un objet non conducteur, reçoit une petite décharge électrique. En embrassant un homme debout sur le sol à ses côtés, cela permet au courant de passer jusqu'au sol à travers le corps de l'homme. A une époque où les connaissances électriques n'en sont qu'à leurs balbutiements, l'expérience est sensationnelle.

Mais c'est surtout l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert qui est l’œuvre scientifique et philosophique majeure du XVIIIe siècle, éditée entre 1751 et 1772 sous le titre Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. L'objectif des auteurs est de faire la synthèse de l'ensemble des connaissances disponibles au milieu du XVIIIe siècle, ce qui fut fait par une longue liste d'encyclopédistes savants. https://www.lumni.fr/video/la-philosophie-des-lumieres-sous-louis-xv La philosophie des Lumières sous Louis XVLe 28 juin 1751, après 5 ans de travail, paraît le premier volume de l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert, connue aussi...Lumni

Les savants des Lumières sont très nombreux, on peut évoquer : - L'Anglais John Locke, qui réfléchit au fonctionnement de l'État, - L'Écossais David Hume qui eut une très grande influence philosophique avec son Traité de la nature humaine, - Les Français François Marie Arouet, dit Voltaire, qui eut également un très important impact philosophique et est l'auteur de nombreux textes tels que les Lettres Philosophiques, Candide, l'Ingénu, le Dictionnaire Philosophique...; le mathématicien Condorcet, Diderot et son compère d'Alembert, directeurs de l'Encyclopédie, le chimiste Antoine Laurent de Lavoisier, le philosophe politique Montesquieu (De l'Esprit des Lois...), l'économiste Turgot, le naturaliste Buffon qui fut parmi les premiers à classer scientifiquement les espèces animales et végétales avec le suédois Carl von Linné...- Le Suisse Jean-Jacques Rousseau, auteur d'une pensée politique très importante dans son Contrat social et dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. - Les Allemands comme l'écrivain Johan von Goethe, auteur de Faust, le philosophe Emmanuel Kant et sa Critique de la raison pure - Ou encore l'inventeur américain Benjamin Franklin qui fut l'un des Pères fondateurs des États-Unis.

Elle vous raconte être allée au salon de Mme Geoffrin, où elle a rencontré la femme savante la plus célèbre de l'époque :

En 1745, Gabrielle Émilie de Breteuil, marquise du Châtelet (1706-1749), l’une des premières femmes à s’intéresser publiquement aux sciences, traduit un ouvrage de Newton. Cette mathématicienne, astronome et physicienne élue à l’Académie de Bologne et soutenue par Voltaire, parvient à intégrer les cercles savants de son temps. Dans un monde dominé par les hommes, elle acquiert une réputation européenne grâce à ses travaux sur Newton et Leibniz, et grâce à sa participation aux grands débats scientifiques. En 1745, Émilie du Châtelet entreprend de traduire les Principes mathématiques de Newton. En 1759, dix après sa mort, Voltaire, qui était son amant, lui rend hommage dans la publication posthume de sa traduction: "Cette traduction que les plus savants Hommes de France devaient faire, et que les autres doivent étudier, une femme l’a entreprise et achevée à l’étonnement et à la gloire de son pays. [La] Marquise du Châtelet, est l’auteur de cette traduction, devenue nécessaire à tous ceux qui voudront acquérir ces profondes connaissances, dont le monde est redevable au grand Newton. C’eût été beaucoup pour une femme de savoir la géométrie ordinaire, qui n’est pas même une introduction aux vérités sublimes contenues dans cet ouvrage immortel. […] Mme du Châtelet a rendu un double service à la postérité en traduisant le livre des Principes, et en l’enrichissant d’un commentaire. Il est vrai que la langue latine dans laquelle il est écrit, est entendue de tous les savants ; mais il en coûte toujours quelques fatigues à dire des choses abstraites dans une langue étrangère : d’ailleurs le latin n’a pas de termes pour exprimer les vérités mathématiques et physiques qui manquaient aux anciens."Voltaire, préface aux Principes mathématiques de la philosophie naturelle par feue Mme la Marquise du Châtelet, 1759

Dans l'assistance se trouvait également une autre femme célèbre, Angélique du Coudray, qui fut la première à enseigner en public comment bien dérouler un accouchement, en ayant inventé une machine imitant un corps féminin et un fœtus, permettant de reproduire les manipulations à effectuer par les sages-femmes lors d'un accouchement.

La dernière lettre qu'elle vous a envoyé contient de nombreux papiers expliquant le rôle de chaque philosophe des Lumières. Cependant, au moment où vous le donnez à votre épouse pour qu'elle en prenne connaissance...

Vos deux dernières nées jouent à courir partout, vous renversent et vous font lâcher la liasse de papiers !

Nous sommes le 16 décembre 1773. Vous vous rendez dans un café politique de Boston pour apprendre les dernières nouvelles.

Là, vos compagnons de tablée sont occupés à critiquer la couronne britannique. Outre la proclamation de 1763 garantissant les Appalaches comme frontière à ne pas franchir entre territoire des amérindien et territoire des colons, le roi Georges III maintient en Amérique du Nord une importante force armée qui est financée par les impôts des colons.De plus, depuis la fin de la guerre de 7 ans, le roi augmente les taxes sur les produits envoyés dans les colonies américaines : le Sugar Act de 1764 (taxe sur le sucre), le Stamp Act de 1765 (taxe sur les timbres), les Townshends Acts en 1767... sont très mal acceptés par les colons, qui se voient ainsi lourdement taxés par le Parlement britannique contre lequel ils ne peuvent se défendre puisqu'ils n'y ont aucun représentant.Les colons américains protestent contre ces taxes, selon le slogan "pas de taxation sans représentation !" ("no taxation without representation"). Le 5 mars 1770, une importante manifestation avait eu lieu dans les rues de Boston pour protester contre ces politiques financières. Les soldats britanniques, les "Tuniques Rouges", ont alors tiré dans la foule pour la disperser, tuant 7 personnes et en blessant de nombreux autre (image ci-dessous). Or, l'un de vos compagnons de table est en train de lire un journal évoquant une nouvelle taxe...

Dans ce journal, un article vous apprend que le gouvernement britannique a encore fait passer une nouvelle loi de taxation : selon cette loi, le Tea Act, tout marchand des colonies souhaitant importer du thé devra payer de lourdes taxes, en revanche, la Compagnie Anglaise des Indes Orientales, elle, a le droit de venir vendre du thé dans les colonies sans payer aucune taxe. Cela étant une mesure injuste de concurrence déloyale, risquant de provoquer la ruine des marchands des colonies, vous et vos compagnons de tablée protestez vigoureusement. C'est alors qu'un homme, habillé en amérindien, entre en courant dans le café :

"Messieurs ! Trois navires de la Compagnie des Indes viennent d'arriver dans le port de Boston et veulent débarquer leur thé sans payer de taxe, selon leur nouvelle loi !Moi et les camarades des Fils de la Liberté nous sommes déguisés en Indiens pour aller jeter tout ce thé par dessus bord ! Ils ne veulent pas payer ? Qu'à cela ne tienne, ils n'en profiteront pas !"

Les territoires britanniques en Amérique du Nord sont organisés en colonies. Les plus anciennes et importantes d'entre elles ont davantage d'autonomie, ce sont les 13 Colonies le long de la côte est du continent, du nord au sud : - New Hampshire, du nom du comté de Hampshire au sud de l'Angleterre - Massachussets (et son territoire du Maine au dessus du New Hamphire), du nom d'une tribu amérindienne algonquine qui y vivait et dont le nom signifie "ceux des grandes collines". C'est dans cette colonie que se trouve Boston. - Rhode Island, du com de l'île grecque de Rhodes, célèbre pour son Colosse, merveille du monde antique - Connecticut, de l'amérindien algonquin "Quinnehtukqut" qui signifie "site de la longue rivière" - New York, du nom de la ville anglaise de York. Colonie où se trouve le site de la Nouvelle Angoulême, fondée dans la baie de l'Hudson par les Français en 1524, renommée Nouvelle-Amsterdam par les Néerlandais en 1624 et surtout New York par les Anglais en 1674. - New Jersey, du nom de l'île anglo-normande de Jersey, au large des côtes françaises de Normandie. - Pennsylvanie, du nom du fondateur de la colonie, William Penn, et du latin sylvania, la forêt. Le nom signifie littéralement "la forêt de Penn" - Delaware, du nom de l'un de ses premiers gouverneurs, Thomas West, baron De La Warr - Maryland, du nom de la princesse Henriette-Marie de France, fille du roi Henri IV et épouse de Charles Ier d'Angleterre - Virginia, soit en référence à la reine Elizabeth Iere d'Angleterre, surnommée la "Reine Vierge" car elle ne s'est jamais mariée, soit en référence à la nature sauvage et vierge de la colonie - Caroline du Nord, en référence à Charles Ier d'Angleterre qui accorda la première concession sur ces terres et à Charles II qui créa la colonie en la détachant de la Virginie en 1670. - Caroline du Sud, idem (et dont la capitale est Charleston, nommée également en référence aux deux monarques). - Géorgie, du nom du roi Georges II de Grande Bretagne

Vous arrivez juste à temps sur le port pour sauter dans un canot et aider les "Fils de la Liberté" à jeter le thé dans l'océan atlantique :

A la fin de l'action, vite surnommée "Boston Tea Party", 342 caisses de thé avaient été jetées par dessus bord, soit 45 tonnes, d'une valeur d'environ 10.000 livres. Le Parlement britannique réagit en fermant le port de Boston, en dissolvant le gouvernement local et en publiant les Coercive Acts ou Lois Intolérables ordonnant de rembourser le thé, en donnant tout pouvoir nommé par le roi à la place du gouvernement local, et en réquisitionnant les maisons non utilisées de Boston pour y loger des soldats britanniques envoyés exercer la répression. Cette action, et surtout les lois répressives qui ont suivi et qui furent très mal acceptées, furent la première étape de la guerre d'indépendance américaine.

Début septembre 1774. Suivant une rumeur, vous vous retrouvez au Faneuil Hall de Boston où est entreposée la poudre de la ville. Vous tombez sur les soldats britanniques, les "Tuniques Rouges" ! Ils ont cerné le bâtiment et sont en train de récupérer la poudre... Que faire ?

Option 1Attaquer les gardes pour sauver votre poudre !

Option 2Vous rallier aux gardes.Vive le Roi !

Option 3Laissez faire et rameuter la population pour protéger les autres stocks

Les gardes épaulent leurs armes et font feu...

Les Bostoniens vous qualifient de traître, et vous font subir le supplice du goudron et des plumes. Vous êtes recouvert de goudron brûlant, des plumes sont collées sur votre corps et vous êtes exhibé dans toute la ville sur une poutre. Vous êtes humilié.

Vous êtes parvenu à protéger le stock de poudre et d'armes. Les rebelles américains commencent à combattre les troupes britanniques. Les colonies élisent des représentants devant se rendre à un Congrès continental à Philadelphie, en Pennsylvanie.Vous êtes présent dans ce Congrès lorsque, le 4 juillet 1776, les représentants continentaux votent la Déclaration d'Indépendance des États-Unis d'Amérique. Devant vous, présentant leur travail, se trouvent les 5 Pères Fondateurs, membres de la Commission des Cinq ayant rédigé la Déclaration d'Indépendance.

John Adams, représentant de Boston et du Massachussets au Congrès continental. Futur 2e Président des États-Unis.

Roger Sherman, représentant du Connecticut.

Robert Livingston, représentant de New York

Thomas Jefferson, représentant de la Virginie et futur 3 Président des États-Unis.

Benjamin Franklin, inventeur, imprimeur, représentant de la Pennsylvanie.

Signée par les 56 membres du Congrès, l'indépendance est officiellement déclarée ce 4 juillet 1776. Rejetée par la Grande Bretagne dont le roi Georges III envoie davantage de troupes pour détruire la révolte, c'est le début de la partie militaire de la Révolution américaine : la guerre d'indépendance est lancée. Cette déclaration est aujourd'hui encore la fête nationale des États-Unis.

Aussitôt adopté, le texte de la déclaration a été imprimé sous la forme d’affiches et de tracts, diffusés dans toutes les colonies au cours des semaines suivantes. « Nous regardons comme des vérités évidentes par elles-mêmes que tous les Hommes ont été créés égaux ; qu’ils ont reçu de leur Créateur certains droits inaliénables ; qu’au nombre de ces droits sont la vie, la liberté et la recherche du bonheur ; que c’est pour assurer ces droits que les Gouvernements ont été institués parmi les Hommes et qu’ils ne tirent leur juste pouvoir que du consentement de ceux qui sont gouvernés ; que toutes les fois qu’une forme de Gouvernement devient destructive de ces fins, le Peuple est en droit de l’altérer ou de l’abolir et d’instituer un nouveau gouvernement, en établissant ses fondements sur les principes et organisant ses pouvoirs en la forme qui lui paraîtra la plus propre pour effectuer sa sûreté et son bonheur. […] Mais lorsqu’une longue suite d’abus et d’usurpations, ayant invariablement le même objet pour but, prouve évidemment un dessein de soumettre le Peuple à un Despotisme absolu, il est en droit, c’est même son devoir, de secouer le joug d’un pareil Gouvernement et de se pourvoir de nouveaux Gardiens pour sa sûreté future. […] L’histoire du présent roi de la Grande-Bretagne est une histoire d’injustices et d’usurpations réitérées, toutes ayant directement pour objet l’établissement d’une tyrannie absolue sur ce pays. » Préambule de la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique (4 juillet 1776), traduit en français dans la Gazette de Leyde (30 août 1776), un journal lu dans toute l’Europe. « La Déclaration immortelle du 4 juillet 1776, alors que l’Amérique était envahie par une centaine de vaisseaux de guerre et, suivant l’estimation du Parlement, par 55 000 soldats expérimentés, ne résultait pas d’une passion ou d’un enthousiasme soudain. C’était une mesure dont le peuple avait longuement délibéré, que des centaines d’assemblées populaires avaient discutée avec pondération, ainsi que des écrits publics dans tous les États. Cette mesure, le Congrès ne l’a pas adoptée avant d’avoir reçu des instructions positives de ses mandants dans les États. Elle a été alors unanimement adoptée par le Congrès, signée par tous ses membres, transmise aux assemblées des États et acceptée successivement par elles, ratifiée et enregistrée dans leurs archives. » John Adams, Mémoire pour les États généraux des Provinces Unies, 1781.

De nombreuses batailles ont lieu, Lexington ou Bunker Hill (1775) par exemple ou encore Saratoga (1777). Dans l'ensemble, les rebelles sont dominés par l'expérimentée armée britannique. Les miliciens, surnommés Insurgents, et les troupes américaines de l'armée régulière, appelée Armée Continentale, menées par le général George Washington évitent globalement l'affrontement direct avec les Tuniques Rouges, même si certaines batailles comme Saratoga tournent à leur avantage.

Né en 1732 et décédé en 1799, George Washington était un riche planteur de l'État de Virginie. Engagé dans l'armée britannique pendant la guerre de sept ans, il prit assez rapidement la tête de l'armée continentale (l'armée des États-Unis) avec le grade de général (ci-dessous). Considéré comme l'un des principaux Pères Fondateurs des États-Unis, il en fut par ailleurs le premier Président et donna son nom à la capitale fédérale.

Les treize étoiles sur le drapeau représentent les Treize Colonies :

C'est alors qu'une aide inespérée arrive : la frégate l'Hermione vient de traverser l'Océan depuis la France ! A son bord, plusieurs volontaires venus se battre pour la Liberté, dont le marquis auvergnat Gilbert du Motier de La Fayette

Le marquis de La Fayette (1757-1834) est venu se battre pour aider les révoltés américains, comme plusieurs autres Français, alors que la France n'est toujours pas officiellement engagée dans le conflit. A peine arrivé sur le continent américain, La Fayette, à peine âgé de 19 ans, fut nommé Général de l'armée continentale par Washington. Il joua par la suite un rôle décisif dans la poursuite de la guerre et fut surnommé "le Héros des Deux Mondes" (car il fut également très important pendant la Révolution française)

Comme vous êtes Français, vous êtes envoyé en 1778 avec Benjamin Franklin à Versailles, à la cour du roi Louis XVI de France.Avec votre aide, celui-ci parvient à obtenir une audience royale.

Dès 1776, la révolution américaine est vue en France comme une mise en pratique des idées des Lumières. Les événements sont très suivis en France, et la lutte pour la Liberté des Insurgents américains y est très populaire. Benjamin Franklin, l’envoyé des États-Unis en France, tisse de nombreux liens avec les salons philosophiques à Paris. Cet enthousiasme contribue à la diffusion de nouveaux principes dans la société : l’égalité, la liberté, la souveraineté du peuple, la séparation des pouvoirs. La révolution américaine participe ainsi de façon indirecte à la contestation de la monarchie absolue et de la société d’ordres.

La France déclare la guerre à la Grande Bretagne et envoie une flotte et un corps expéditionnaire de plusieurs milliers de soldats embarqués à bord de 49 navires de transport, protégés par une flotte de navires de guerre.

Le commandant du corps expéditionnaire français, le vicomte Jean-Baptiste Donatien de Vimeur de Rochambeau. A la tête de ses troupes, il aide les troupes continentales de Washington à encercler les Britanniques de Lord Cornwallis à Yorktown en 1781.

Le Marquis de La Fayette

George Washington commandant des troupes continentales

Les fortifications de Yorktown où se sont réfugiés les Anglais. Comme aucune aide ne vient, ils capitulent et sont faits prisonniers le 19 octobre 1781. C'est la fin de la présence militaire britannique sur le territoire des États-Unis. Vaincus, les Britanniques signent en 1783 le Traité de Paris reconnaissant l'indépendance des États-Unis. 60.000 loyalistes, fidèles au roi d'Angleterre, fuient le continent américain.

La flotte française commandée par l'amiral De Grasse écrase les renforts britanniques à la bataille de la Baie de Chesapeake le 5 septembre 1781. La défaite humiliante de la guerre de Sept Ans est vengée, les Britanniques, incapables de soutenir leurs troupes sur place, ont perdu le contrôle des Treize Colonies.

Dès l'annonce du traité de paix et de la reconnaissance de l'indépendance des Etats-Unis, les colons américains jettent à bas tous les symboles de la monarchie.

Entre mai 1787, une Convention réunissant 33 représentants des 13 colonies nouvellement indépendantes se réunit à Philadelphie. Après plusieurs mois de travaux, elle finit par signer le 17 septembre la Constitution des Etats-Unis.

George Washington est élu à l'unanimité Président de la Convention. La rédaction de la constitution s’accompagnait d’un enjeu : celui de la mettre en place avec charisme. Washington a eu un rôle très important dans les débuts de la république américaine car il a su remplir cette mission. Il a eu un rôle à la fois militaire, politique et moral : . Militaire car il est le commandant qui a conduit les troupes américaines pendant la guerre. . Politique car il a accompagné les grandes étapes institutionnelles de la fondation des États-Unis et influencé sa politique étrangère. . Moral car son sérieux et sa modestie ont fait de sa personnalité une figure emblématique autour de laquelle les Américains se sont soudés.George Washington est le premier président des États-Unis (1789-1797). Durant ses deux mandats, il défend le rôle du Président et cherche à renforcer l’adhésion des Américains au gouvernement fédéral. Dans le domaine extérieur, il pacifie les relations avec l’Angleterre par le traité de Londres (1794); il défend aussi des principes isolationnistes, seuls à même selon lui de préserver la paix et la prospérité des États-Unis.

La Constitution des États-Unis crée un État fédéral dirigé d'abord depuis New York puis une nouvelle capitale créée sur les rives du fleuve Potomac et nommée en l'honneur du général victorieux, Washington. Dans cet État, chacun des 13 États qui le composent conservent une autonomie, mais tous doivent respecter la Constitution et les lois fédérales qui s'appliquent à tous sans distinction.

La grande nouveauté du système politique nord-américain, régi par la Constitution de 1787 et largement inspiré des idéaux des Lumières, réside non seulement dans la création d’une fonction inédite (président), mais aussi dans la mise en place d’un régime politique républicain, libéral, fédéral, représentatif : La Constitution de 1787 donne naissance à une République fédérale, c’est-à-dire une république dans le cadre d’un État fédéral. Le gouvernement fédéral (ou central) est chargé des affaires communes: monnaie, affaires étrangères, défense. Chacun des treize États a toutefois son propre gouvernement élu qui demeure souverain pour la religion, l’éducation, la police.Les trois pouvoirs sont séparés (l’exécutif au président, le législatif au Congrès, le judiciaire à la Cour suprême). Ils font contrepoids les uns aux autres, puisque le Congrès peut mettre en accusation le président, celui-ci peut apposer son veto à des lois votées par le Congrès, et la Cour suprême contrôle l’action présidentielle. Le Sénat assure une égale représentation de chacun des États fédérés qui disposent, quelle que soit leur taille ou leur population, de deux élus. La Chambre des représentants est composée de députés dont le nombre varie selon la population de chaque état. La Cour suprême, composée de sept juges nommés à vie par le président, est chargée de trancher les conflits entre États ou entre un État fédéré et le gouvernement fédéral. Le régime nord-américain est bien représentatif puisque le Congrès comme le président sont élus au suffrage masculin censitaire plus ou moins direct.Les principales libertés assurées par les amendements sont la liberté d’expression (free speech), de réunion, de presse, de pétition et de conviction religieuse, ainsi que le port d’armes.

Commençant par "Nous, le Peuple des États-Unis, en vue de former une Union plus parfaite, d'établir la justice, de faire régner la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer le bien-être général et d'assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous décrétons et établissons cette Constitution pour les États-Unis d'Amérique.", la Constitution est la loi suprême du pays, qui règle son organisation, ses institutions et leur fonctionnement. Modifiée depuis par 27 amendements, elle est aujourd'hui encore en vigueur.

Ce régime est représentatif mais ne représente pourtant pas l'ensemble de la population des États-Unis : de nombreuses catégories sont en effet exclues de la vie politique.

Vous êtes envoyé dans la Salle du Sénat du Congrès des États-Unis, à Washington. Là, un étrange personnage nommé John-Peter Foockaw vous reçois...

Alors que vous êtes sur la route pour rentrer à Boston, un messager vous intercepte et vous donne une lettre

Vous recevez une lettre de France : votre cousine est morte. Il n'y a plus aucun d'Arcy en France, la branche catholique s'est éteinte. Vous êtes donc les derniers représentants de la famille et héritez de toutes les possessions des d'Arcy en France. Vous choisissez donc de rentrer en Europe pour prendre possession de cet héritage.

Dans le navire qui vous ramène en France, vous vous tenez à jour sur la société française, qui est alors en pleine ébullition. Cette société est dite d"'ordres", c'est à dire qu'elle est divisée en trois catégories de personnes, la noblesse, le clergé, et le troisième ordre, simplement dit "le Tiers" ou le "Tiers État".Les deux premiers sont privilégiés : certains postes importants (dans l'Église, dans l'armée, etc) leur sont réservés, et ils ne paient que certains, voire aucun impôt. A l'inverse, le Tiers État, qui correspond à l'écrasante majorité de la population, paie une grande quantité d'impôts, envers l'État bien sûr mais également envers les deux autres (la dîme pour le clergé, par exemple), en plus de devoir des obligations envers le seigneur qui possède leur terre (du travail forcé non rémunéré avec les corvées, des taxes supplémentaires, les droits banaux, pour pouvoir utiliser le moulin, le four à pain ou traverser le pont, etc)

Cette contestation est renforcée par une grande irrégularité dans l'approvisionnement en céréales entre le milieu du XVIIe siècle et la fin du XVIIIe siècle. Ces famines ponctuelles affaiblissent les paysans qui protestent de plus en plus contre les taxes.

Cela provoque de nombreuses émeutes de subsistance sur ces périodes, où les paysans prennent parfois les armes pour réclamer d'avoir du pain et la suppression des abus seigneuriaux et des corvées.

En 1776, le ministre des finances Anne Robert Jacques Turgot tente de réformer le pays en supprimant les corvées des paysans pour les remplacer par un impôt payé par tous, y compris les nobles, mettant ainsi fin à certains privilèges de la noblesse. Il s'était justifié ainsi : « Le privilège a été fondé originairement sur ce que la noblesse était seule chargée d’un service militaire qu’elle faisait en personne, à ses dépens1 […]. Toute la puissance militaire de l’État est [désormais] fondée sur une armée nombreuse, entretenue en tout temps et payée par l’État. La noblesse qui sert dans cette armée est soudoyée2 par l’État et n’est pas moins payée que les roturiers3 qui remplissent les mêmes grades. Non seulement les nobles n’ont aucune obligation de servir, mais ce sont au contraire les seuls roturiers qui y sont forcés, depuis l’établissement des milices4, dont les nobles et même leurs valets sont exemptés. Il est donc avéré que le motif qui a fondé le privilège ne subsiste plus.Aux dépenses immenses de l’entretien de l’armée se sont jointes celles des forteresses, de l’artillerie, l’établissement d’une marine puissante, les dépenses de la protection des colonies et du commerce, celles des améliorations intérieures de toute espèce, enfin un poids énorme de dettes, suite de guerres longues et malheureuses. Il n’y a jamais eu de motif pour exempter la noblesse de contribuer à ces dépenses » Jacques Turgot, Rapport adressé au roi Louis XVI, janvier 1776.1 : c'est à dire à ses frais2 : payée. Le terme n'avait pas à l'époque la connotation actuelle péjorative de corruption.3 : Les roturiers sont les non-nobles. 4 : troupes non régulières (cad pas dans l'armée de métier) chargées de défendre la frontière Quelques nobles étaient d'accord avec lui, comme le déclare ici le marquis de Condorcet : Le marquis de Condorcet, un proche ami de Turgot, participe au débat en publiant une brochure ridiculisant les privilégiés. Ce texte est également reproduit dans la presse, pour bénéficier de la plus large audience possible. « [Les corvées] seront détruites et il ne restera plus d’elles que leur nom, dévoué à l’éternelle horreur des amis de l’humanité. [Mais] il y a des classes d’hommes condamnés à avoir toujours les idées d’un autre siècle. […] Si, par des vues d’avarice et d’ambition, ils osent s’opposer au bien du peuple ; si, non contents d’être les admirateurs des sottises antiques, ils veulent employer, pour les défendre, l’intrigue ou les bourreaux … puisse la main du génie leur imprimer une flétrissure éternelle et les dévouer au mépris et à la haine de tous les siècles ! Les corvées ont deux grands protecteurs : l’avarice et la sottise. Français, réjouissez-vous de vivre sous un règne où ces protecteurs ont perdu leur crédit. »Correspondance littéraire secrète, 12 mars 1776.Cependant, au cours de l'année 1776, la noblesse se ligua à la Cour de Versailles contre Turgot, obtenant finalement sa démission et l'annulation de la réforme, mécontentant encore davantage le Tiers État. Ainsi, le Parlement de Paris, cour de justice composée de nobles, émet cet avis au roi Louis XVI : « La première règle de la justice est de conserver à chacun ce qui lui appartient, règle fondamentale qui ne consiste pas seulement à maintenir les droits de propriété, mais encore à conserver ceux qui sont attachés à la personne et qui naissent de la prérogative de la naissance et de l’état. Tout système qui, sous une apparence d’humanité et de bienfaisance, tendrait, dans une monarchie bien ordonnée, à établir entre les hommes une égalité de devoirs et à détruire ces distinctions nécessaires, amènerait bientôt le désordre, suite inévitable de l’égalité absolue et produirait le renversement de la société civile, dont l’harmonie ne se maintient que par cette gradation de pouvoirs, d’autorités, de prééminences et de distinctions qui tient chacun à sa place. » Parlement de Paris, Remontrances adressées au roi Louis XVI, 2 mars 1776.

Vous arrivez enfin en France, et vous trouvez un pays très appauvri, en crise financière et alimentaire

Le roi Louis XVI se met en scène à Versailles en donnant l'aumône aux pauvres d'un hameau voisin pendant l'hiver 1788, très rude.Le pays est en effet extrêmement endetté à cause de sa participation à la guerre d'indépendance des États-Unis :

Le roi tente de trouver des solutions pour résoudre les problèmes du royaume. En 1787, pour apaiser la situation religieuse, il adopte l'Édit de tolérance qui accorde aux Protestants un état civil : c'est la fin légale des persécutions religieuses en France, même si la religion catholique reste la seule religion officielle du royaume. Cette loi s'applique également aux Juifs.

Tout cela ne suffisant pas, le roi finit par décider de réunir les États-Généraux du royaume, c'est à dire de réunir les représentants des trois ordres à Versailles, afin de discuter la création de nouveaux impôts pour résoudre la crise.Chaque paroisse du royaume doit rédiger la liste de ses plaintes dans des cahiers de doléances, et chaque province doit élire ses représentants. Vous vous présentez à Chinon, et êtes élu.

Le 5 mai 1789, vous êtes donc à Versailles, dans la salle des Menus Plaisirs, pour le début de la réunion des États-Généraux....

FIN. (pour le moment...)