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VENEZUELA Le Venezuela fait face à une crise politique et économique, qui a poussé plus de 7 millions de Vénézuéliens à quitter leur pays depuis 2015 selon l'ONU. CONTEXTE Le Venezuela a longtemps été l'un des pays les plus pauvres du monde. Néanmoins, au début du XXè siècle, on découvre qu'il possède de ressources pétrolières très importantes. Cela va permettre au Venezuela de sortir de la misère, mais causera également sa perte. Lorsque Hugo Chavez arrive au pouvoir en 1999, par le biais des élections, le Venezuela est au sommet de sa richesse. Il a en effet gagné en popularité en témoignant son opposition au précédent gouvernement, qui devenait autoritaire et qui ne redistribuait pas les richesses. Il entame alors la phase de la révolution bolivarienne. Il souhaite mettre en place un régime socialiste innovant, il redistribue la richesse et investit massivement dans l'enseignement, la santé et les services publics. Il sort des milliers de Vénézuéliens de la pauvreté. Il est un héros. Néanmoins, il fait le choix de tout miser sur la rente du pétrole. C'est-à-dire que le pays vit du pétrole et importe presque tout. Nicolas Maduro prend sa suite à sa mort, en 2013, et ne change pas les choix politiques effectués par Chavez. Lorsque le cours du pétrole s'effondre, en 2015, l'économie du Venezuela en fait de même. Des milliers de Vénézuéliens passent sous le seuil de pauvreté et les services publics reculent, par manque de moyens. La popularité de Maduro, déjà basse, diminue davantage. Et ce n'est que le début de la crise économique du Venezuela. Les prix connaissent une augmentation exponentielle, le pouvoir d'achat s'effondre. Ainsi, en 2021, selon l'enquête nationale sur les conditions de vie du Venezuela, 94,5% de la population vivent dans la pauvreté et 76,6% dans l'extrême pauvreté. A cela s'ajoute le fait que le Venezuela est un des pays les plus violents du monde, et le fait que le gouvernement de Maduro, dont la popularité s'est effondrée, semble prendre un tournant autoritaire : répression de manifestations par la violence, détention arbitraire des opposants du régime, limitation des pouvoirs du parlement... La situation du Venezuela est donc particulièrement alarmante, ce qui conduit de nombreux vénézuéliens à fuir leur pays :

  • Les opposants au régime sont activement encouragés à quitter le pays pour éviter les persécutions et les violences. En effet, de nombreuses violations des droits de l'homme ont été signalées au Venezuela ces dernières années : exécutions extrajudiciaires, usage excessif de la force, détention arbitraire, torture et autres mauvais traitements. Parmi les personnes visées, nous trouvons des défenseurs des droits de l'homme, des journalistes et des activistes.
  • Les migrants fuient également l'augmentation du taux de criminalité, le manque de nourriture, de médicaments et de services essentiels.
L'INSÉCURITÉ ET LA HAUSSE DU TAUX DE CRIMINALITÉ La situation est particulièrement alarmante dans la région de l'Arco minero del Orinoco et dans d'autres zones de l'État de Bolivar. Bolívar, situé au sud du fleuve Orinoco, est le plus grand État de la République bolivarienne du Venezuela. L'État comprend de vastes zones protégées ainsi que des territoires traditionnels de peuples autochtones. Il est également riche en minéraux stratégiques. Ci-dessous une carte du Venezuela, l'État de Bolivar en rouge. L'État de Bolivar partage ses frontières avec le Brésil, la Colombie et la Guyane. C'est donc l'un des principaux itinéraires pour les Vénézuéliens qui souhaitent traverser la frontière. C'est également un lieu stratégique pour le commerce illicite de minéraux stratégiques, d'armes et de drogues. Niveau élevé de violence On observe un niveau élevé de violence dans cet état de Bolivar. Cette violence est due à la forte présence de groupes criminels, mais pas seulement. Les forces de sécurité de l'État, comme les groupes criminels armés, commettent des meurtres, des enlèvements, des actes de torture et des traitements cruels, inhumains et dégradants, ainsi que des violences sexuelles et sexistes, en particulier contre les résidents et les travailleurs des zones minières. De nombreuses violences ont également lieu lors de conflits entre groupes armés ou avec les forces de sécurité de l'État. En outre, les groupes criminels exercent un contrôle sur de vastes zones minières en effectuant des raids violents sur les mines, en établissant des postes de contrôle et en imposant un régime disciplinaire strict aux populations locales sous leur contrôle, ce qui inclut des punitions sévères et violentes à l'encontre de la population civile travaillant dans les zones minières sous leur influence : rasage de la tête des femmes, amputations, passages à tabac et autres formes violentes d'exécution. Ces punitions sont souvent imposées pour le non-paiement des taxes exigées par les sindicatos1 exigent des personnes travaillant dans les mines. Les cas de décapitation pour faire un exemple sont également fréquents lors d'affrontements entre bandes armées, à titre de punition ou d'avertissement par les sindicatos. Zoom sur la violence de genre : Les violences sexuelles et sexistes sont courantes dans l'État de Bolívar, en particulier à l'encontre des femmes et des filles, et sont perpétrées par des acteurs étatiques et des groupes criminels armés. Les groupes criminels contraignent souvent les femmes et les filles à avoir des relations sexuelles, par le biais d'abus de pouvoir, de menaces de violence et parfois de recrutement sous de faux prétextes. Par exemple, si un membre d'un sindicato veut avoir des relations sexuelles avec une femme, elle ne peut pas refuser ou dénoncer la commission du viol, sous peine d'être battue ou tuée. Les punitions infligées aux femmes sont également différentes de celles des hommes : les femmes qui n'obéissent pas aux exigences des membres du sindicato peuvent être soumises à des punitions spécifiques telles que le viol ou d'autres formes de violence sexuelle, la coupe de leurs cheveux contre leur gré ou la défiguration de leur visage. Mais les acteurs étatiques commettent également des violences sexuelles à l'encontre des femmes dans le cadre des checkpoints et des contrôles aux frontières. Les agents peuvent par exemple refuser de rendre l'identité des femmes et des filles, les empêchant de passer, jusqu'à ce qu'elles acceptent d'avoir une relation sexuelle avec eux. LA RELATION VENEZUELO-COLOMBIENNE La violence a toujours été courante le long de la frontière entre la Colombie et le Venezuela. Mais récemment, on a assisté à une forte escalade de cette dernière, impliquant davantage de forces rebelles et militaires, ainsi qu'une série de trafiquants et de criminels. La fermeture de la frontière en raison de la pandémie n'a pas entraîné l'arrêt du trafic. C'est même le contraire, nous avons observé une augmentation de la contrebande de biens et de personnes par des passages illégaux, contrôlés par des groupes armés, comme l'ELN2 et le FARC3. Or, si ces organisations gèrent des activités illicites similaires, les conflits entre elles sont fréquents, tout comme les violences qu'elles commettent contre les civils. MANQUE DE NOURRITURE ET D'AUTRES SERVICES ESSENTIELS L'urgence humanitaire a continué de s'aggraver en 2022. Selon le HCDH4, l'accès aux biens et services essentiels est devenu de plus en plus difficile, en particulier l'accès à l'assistance médicale, à l'eau, au gaz, à la nourriture et au carburant. En conséquence, selon le HCDH, 1/3 de la population vénézuélienne est en situation d'insécurité alimentaire. Le Centre de documentation et d'analyse des travailleurs a calculé que le panier mensuel de base coûtait 260,77 dollars américains en octobre, alors que le salaire mensuel minimum était de 1,66 dollar américain. L'enquête nationale sur les conditions de vie a révélé que 94,5% de la population vivait dans la pauvreté et 76,6% dans l'extrême pauvreté en 2021. On considère qu'une personne est en situation d'extrême pauvreté lorsqu'elle vit avec moins de 1,90 $ (1,40 £) par jour. La situation est particulièrement alarmante pour les communautés indigènes. Elles sont coupées du monde extérieur et les ONG ainsi que les organismes d'aide qui tentent d'atteindre ces régions sont limités dans leurs déplacements par les autorités militaires et les groupes armés. Ainsi, la malnutrition et les maladies qui seraient guérissables ailleurs mettent la vie de certaines de ces personnes en danger. Selon le HCDH, voici un graphique montrant l'évolution du pourcentage de ménages en situation de pauvreté (bleu clair) et d'extrême pauvreté (bleu foncé) au Venezuela de 2002 à 2021. VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME De nombreux témoignages et rapports soulignent le rôle de deux services de renseignement militaires et civils de l'État dans de nombreuses violations des droits de l'homme : la Direction Générale du Contre-espionnage Militaire (DGCIM5) et le Service National de Renseignement Bolivarien (SEBIN6).
  • DGCIM : C'est un organe qui a le pouvoir de mener des activités de contre-espionnage, ciblant les ennemis réels ou supposés du gouvernement.
  • SEBIN : Il a été créé en juin 2010 dans le but de planifier, formuler, diriger, contrôler et exécuter les politiques et actions civiles de renseignement et de contre-espionnage. Selon son règlement, le SEBIN mène des activités visant à "neutraliser les menaces potentielles ou réelles pour l'État".
De nombreuses victimes qui ont été détenues par la DGCIM et le SEBIN ont été soumises à la torture, à des violences sexuelles et/ou à d'autres traitements cruels, inhumains ou dégradants. Leur objectif est de cibler les opposants réels ou supposés au gouvernement. Tout cela se passe dans un climat d'impunité. Détentions arbitraires Selon l'organisation de défense des droits humains Foro Pénal, à la fin de l'année 2021, 244 personnes étaient détenues arbitrairement pour des raisons politiques. Parmi elles figuraient des militants politiques, des étudiants, des militaires, des défenseurs des droits humains et d'autres personnes considérées comme des opposants au gouvernement de Nicolás Maduro. Une grande partie de ces personnes ont été arrêtées sur la base de fausses preuves, créées ou manipulées par les autorités. Les tactiques utilisées par les autorités incluent également le recours à la torture pour faire pression sur les détenus afin qu'ils fassent de fausses accusations. Disparitions forcées, torture et autres mauvais traitements Torture : La pratique de la torture est monnaie courante pour SEBIN et DGCIM. Cette torture peut être à la fois physique et morale : violence sexuelle et sexiste, coups violents portés avec des objets, décharges électriques, asphyxie avec des sacs en plastique, positions de stress, viols, menaces de viol des détenus et/ou des membres de leur famille, nudité forcée, attouchements des organes sexuels, décharges électriques ou coups portés aux organes reproducteurs, menaces de mutilation des organes génitaux... Disparitions forcées : Il est courant que les personnes arrêtées soient détenues en secret, dans des endroits éloignés. Les autorités mentent aux membres de la famille qui les recherchent, affirmant qu'elles ne savent pas où se trouve la personne, sans révéler qu'elles la détiennent. Cette situation peut durer plusieurs mois. Les autorités utilisent également une stratégie appelée Sippenhaft, qui consiste à kidnapper les proches de la personne poursuivie pour les forcer à se rendre. L'impunité : Les autorités se gardent bien souvent d'enquêter sur les allégations de torture, même si les détenus se présentent au procès avec des blessures et des signes visibles de mauvais traitements. Conditions de détention inhumaines : Le manque de soins médicaux, d'eau potable et de nourriture, les conditions insalubres, la surpopulation et la violence sont le lot quotidien des prisons et autres centres de détention. Ainsi les cellules sont également privées de lumière naturelle, tandis que le temps passé à l'extérieur et l'accès aux installations sanitaires sont fortement limités. Les prisonniers doivent déféquer dans des sacs ou des bouteilles en plastique et sont obligés de manger de la nourriture par terre. La malnutrition et la tuberculose ont été les deux principales causes de décès dans les prisons en 2021 au Venezuela, selon l'Observatoire vénézuélien des prisons. Répression de l'opposition : Les opposants politiques réels ou supposés du gouvernement de Maduro font l'objet d'attaques et de harcèlement constants. Ils risquent la détention arbitraire, la torture et d'autres violations des droits de l'homme dans le cadre de cette politique répressive. Répression des défenseurs des droits de l'homme La répression et la criminalisation de la société civile et des défenseurs des droits humains se sont intensifiées en 2021. Les arrestations arbitraires sont courantes, les défenseurs des droits de l'homme étant accusés de plusieurs types d'infractions, notamment de " terrorisme ", d' " incitation à la haine ", de " trahison ".... Selon le Centre pour les défenseurs des droits de l'homme et la justice, en 2021, 743 attaques ont été menées contre des défenseurs des droits de l'homme. À PROPOS DES RÉFUGIÉS Plus de 7 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays depuis 2015 en raison de la crise économique et politique, selon l'ONU. Environ 80 % d'entre eux se trouvent en Amérique latine et dans les Caraïbes (ALC). Cette situation est considérée comme l'une des plus grandes crises de déplacement de réfugiés et de migrants au monde et la plus importante pour les Amériques dans l'histoire récente. Selon le R4R7, de nombreux Vénézuéliens, à la recherche d'un avenir sûr et durable, ont entrepris des voyages mettant leur vie en danger, en empruntant des routes extrêmement dangereuses. Par exemple, l'une des routes les plus dangereuses est celle de la jungle du Darién, entre la Colombie et le Panama. Plus de 68 000 Vénézuéliens ont traversé le Darién entre janvier et août 2022. À leur arrivée au Panama, tous ont déclaré avoir vu, entendu ou subi des agressions sexuelles alors qu'ils marchaient dans la jungle. ZOOM EN EUROPE : Selon l'agence d'asile de l'Union européenne, de janvier à septembre 2022, plus de 37 800 Vénézuéliens ont demandé l'asile dans les pays de l'UE+, soit quatre fois plus que sur la même période en 2021. En septembre, toujours selon l'agence d'asile de l'Union européenne, les demandeurs vénézuéliens ont reçu environ 3 400 décisions en première instance. Seules quelque 110 décisions en septembre ont accordé le statut de réfugié ou la protection subsidiaire, ce qui donne un taux de reconnaissance par l'UE d'environ 3 %. Cependant, les Vénézuéliens se voient fréquemment accorder une forme de protection nationale, qui ne fait pas partie du régime d'asile européen commun et n'est pas comptabilisée ici comme une décision positive. POUR PLUS D'INFORMATIONSLivres:
  • L'histoire de Rachel, Venezuela : https://openoregon.pressbooks.pub/pccimmigration/chapter/rachel/
Films :
  • https://ontheotherside360.org/ : un film interactif à 360° sur le déplacement des Vénézuéliens en Équateur : ON THE OTHER SIDE est un projet collaboratif qui a été créé conjointement avec des réfugiés et des migrants vénézuéliens en Équateur, qui ont participé à un atelier pour en apprendre davantage sur la narration immersive et ont partagé leurs histoires afin de créer le scénario.
  • Once upon a time in Venezuela : Les villageois de la communauté vénézuélienne du lac Maracaibo luttent contre la pollution, la corruption et la négligence pour conserver leurs maisons et leur mode de vie.
Documentary :
  • The Crossing (La Frontera) - 2020 : The Crossing est un film documentaire de 2020 réalisé par la cinéaste colombienne Juliana Peñaranda-Loftus. Le documentaire se concentre sur la crise des réfugiés vénézuéliens, en particulier à la frontière colombo-vénézuélienne et à Cúcuta.
  • "The Broken Country" (El País Roto) : Ce documentaire plonge à l'épicentre de la crise actuelle au Venezuela à travers les voix de ses véritables protagonistes. Il raconte cinq histoires entrelacées montrant comment les citoyens se frayent un chemin à travers les restes d'un gouvernement délabré.
Webpages :
  • Crisis group : https://www.crisisgroup.org/latin-america-caribbean/andes/venezuela
  • Amnesty : https://www.amnesty.org/en/news/?qlocation=1804
  • United Nations Human rights council : https://www.ohchr.org/en/countries/venezuela
GLOSSAIRE
  1. Sindicato = un groupe armé des mines.
  2. ELN = guérilla colombienne nommée Armée de libération nationale (Ejército de Liberación Nacional). C'est une guérilla communiste impliquée dans le conflit colombien.
  3. FARC = Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia) sont le plus grand groupe rebelle de Colombie. Il a été formé en 1964, en tant que branche militaire du parti communiste colombien.
  4. HCDH = La mission du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) est d'œuvrer à la protection de tous les droits de l'homme pour tous, de contribuer à donner aux gens les moyens de réaliser leurs droits et d'aider ceux qui sont chargés de faire respecter ces droits à veiller à ce qu'ils soient appliqués.
  5. DGCIM = C'est un organe qui a le pouvoir de mener des activités de contre-espionnage, ciblant les ennemis réels ou supposés du gouvernement.
  6. SEBIN = Il a été créé en juin 2010 dans le but de planifier, formuler, diriger, contrôler et exécuter les politiques et actions de renseignement et de contre-espionnage. Selon son règlement, le SEBIN mène des activités visant à "neutraliser les menaces potentielles ou réelles pour l'État".
  7. R4R = Il s'agit d'un site web d'opération inter-agences, géré et soutenu par la Plateforme de coordination inter-agences régionale pour les réfugiés et les migrants du Venezuela, dirigée conjointement par l'OIM8 et le HCR9. Cette page a pour but de faciliter la communication, d'améliorer la coordination des opérations dans la région et de mener des actions de plaidoyer afin de répondre aux besoins des réfugiés et des migrants au Venezuela.
  8. OIM = Organisation internationale pour les migrations. Elle fait partie du système des Nations Unies et est la principale organisation intergouvernementale qui, depuis 1951, promeut une migration humaine et ordonnée dans l'intérêt de tous.
  9. HCR = Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés est une agence d'une autre organisation, l'ONU, dont le but est d'assurer le respect et la protection internationale des réfugiés et des demandeurs d'asile.

SOMALIE Selon les données du HCR1, 31 227 personnes originaires de Somalie ont fui en 2021 et ont demandé l'asile dans d'autres pays. La Somalie est confrontée à une situation particulièrement complexe : l'environnement sécuritaire se détériore en raison des conflits armés, des violations des droits de l'homme et des attaques contre les civils. En outre, la population souffre d'une très grave sécheresse, qui entraîne un risque élevé de famine généralisée. Cette année, le conflit armé persistant et les crises humanitaires chroniques ont été aggravés par la pandémie de COVID-19. CONTEXTE POLITIQUE INSTABLE La Somalie a été pendant longtemps divisée en deux : le sud était sous la gouvernance de l'Italie, le Nord sous la gouvernance du Royaume-Uni. En 1960, les deux pays ont obtenu leur indépendance et ont été réunifiés, mais deux administrations présidentielles ont subsisté. En 1969, le Major Général Mohamed Siad Barre mène un coup d'État, il prend le pouvoir et instaure un régime politique communiste. Néanmoins, l'opposition au régime de Siad Barre se renforce au fil de la détérioration du régime, à mesure que les citoyens perdent confiance dans les institutions, notamment dans celles de règlement des conflits, face à l'augmentation de la corruption et à l'augmentation de la violence dans le pays. Par ailleurs, les tensions entre clans se renforcent. Il faut en effet savoir que la Somalie compte six grands groupes de clans : les Darods, les Hawiyés, les Issacks, les Dir, les Rahanwein et les Digils. En 1991, c'est la chute du régime de Siad Barre, renversé par des rebelles du sud de la Somalie. Différents mouvements armés d’opposition l’emportent sur les forces gouvernementale, Mogadiscio tombe au main du général Mohammed Farah Aidid, qui appartient au clan des Hawiyés. Le pays s’apprête à plonger dans une situation catastrophique. En effet, c'est le début d'une rupture fratricide du clan des Hawiyés : le Général Mohamed Farah Aidid n'est pas le président qui finit par être nommé, il s'agit de M. Ali Mahdi Mohamed, également Hawiyé. Cette nomination va engendrer une guerre extrêmement destructrice entre Hawiyés et ceux qui les épaulent, en particulier dans la capitale. Le paysage politique somalien est morcelé entre : les grands clans, une quinzaine de mouvements armés plus ou moins puissants, plusieurs chefs de guerre ainsi que la mouvance islamiste radicale. Aux rivalités internes aux Hawiwés et aux rivalités entre chefs de guerre, aux alliances qui se font et se défont, vient s'ajouter, dans une moindre mesure, les revendications sécessionnistes du Somaliland. Face à l'absence de solution politique, émerge le règne des chefs de guerre. Au début des années 1990, l'ONU tente d'apaiser les conflits internes de la Somalie. Néanmoins cette mission est un échec, l'ONU ne parvient non seulement pas à régler la crise, du à sa mauvaise connaissance du fonctionnement de la société somalienne, mais elle a en plus exacerbé des rivalités sous-jacentes et créé de nouvelles tensions. Progressivement, l'idée de reconstruire la Somalie dans un cadre fédéral s'impose. Le 20 août 2012, le Gouvernement fédéral somalien a été formé, avec Hassan Sheik Mohamud comme président. Néanmoins, le pays demeure fragile. L'insécurité et l'instabilité qui se sont développées au cours de la guerre civile affectent la capacité du gouvernement à exercer son pouvoir sur le territoire. En effet, en l'absence d'une autorité politique capable d'assurer la sécurité collective, les citoyens ont cherché à se protéger par leurs propres moyens. On a alors assisté à un armement de la société et à un fort développement des milices, difficile à défaire. De plus, les rivalités entre le gouvernement fédéral et les états fédérés persistent au sujet du contrôle des territoires et des forces armées, du partage des ressources et de la délégation de pouvoir. En outre, les tensions pour le contrôle de la région de Sool entre le Puntland et le Somaliland s'accentuent : des affrontements meurtriers ont éclaté fin décembre 2022 entre les forces de sécurité du Somaliland et des manifestants dans une zone revendiquée par le Puntland, faisant 20 morts. SITUATION SÉCURITAIRE Al shabaab : La situation sécuritaire en Somalie reste préoccupante, avec de fréquentes attaques meurtrières contre les civils, notamment par les Shabab et d'autres groupes armés, malgré la présence des forces de sécurité somaliennes et internationales. Ainsi, du 1er février au 6 mai 2022, 236 incidents de sécurité ont été enregistrés dans le pays, la plupart attribuables aux Shabab. Al shabaab est un groupe de militants islamistes somalien créé en 2006. Son but est l’imposition d’un Etat islamique sunnite et de la charia en Somalie par la voie du djihad. Le groupe est en conflit avec la Somalie depuis plus de 10 ans. Selon Annette Weber, Haut représentant de l'Union européenne pour la Somalie, les Shabab sont devenus "la franchise mondiale la plus riche et la plus puissante d'Al-Qaïda". Le mouvement a pu progresser notamment du fait de l'instabilité politique somalienne. L'environnement était particulièrement favorable au développement du groupe. La Somalie est en effet un pays où le gouvernement peine à s'implanter en dehors des grandes villes. Ainsi, même si le gouvernement a réussi à reprendre le contrôle de la capitale en 2010, il n'a pas réellement progressé dans sa lutte contre Al Shabaab, qui, en l'absence d'une réelle opposition étatique, peut progresser plus facilement. Ce mouvement est l'une des principales causes d'insécurité en Somalie, il est à l'origine de nombreux conflits armés, d'attaques contre les civils. Il bloque également l'accès et la sortie de certains villages, empêchant l'accès de l'aide humanitaire. Les Chabab oppressent les familles financièrement avec des taxes et procèdent à des recrutements forcés d'adultes et d'enfants pour grossir ses rangs. Les Chabab ont également une interprétation très stricte de la loi islamique, qu'ils imposent dans les régions qu'ils contrôlent: exécutions en public, lapidations, amputations, mariages forcés, codes de conduite restrictifs pour hommes et femmes (interdiction de la musique, des films, de certains vêtements, etc.) POINT INFO RÉCENT : Août : Attaque d'Al shabaab dans la capitale Mogadiscio, faisant 20 morts. Septembre : Alliances des milices du clan et du gouvernement pour mener une attaque contre Al shabaab. Il y a donc un risque d'augmentation des violences contre la population Octobre : L'offensive militaire contre Al-Shabaab se poursuit ; En réponse, le groupe lance plusieurs attaques :

  • A Mogadiscio : l'attaque la plus meurtrière depuis cinq ans, faisant au moins 120 morts.
  • Dans la région de Hiran : la ville de Beledweyne, les villes de Buulobarde et Jalalaqsi, faisant plus de 40 morts.
  • A Kismayo : Al-Shabaab a assiégé un hôtel, tuant 9 civils.
Pendant ce temps, près de la frontière éthiopienne, les combats entre les militants d'Al-Shabaab et les forces de police éthiopiennes auraient fait plus de 100 morts des deux côtés. Décembre : Les forces gouvernementales somaliennes, aidées par les frappes aériennes américaines et les troupes de l'Union africaine, mènent des offensives majeures contre al-Shabab, reprenant le contrôle d'importantes zones au Sud. ➪ Ainsi, des centaines de civils ont été tués dans des attaques menées sans discernement par les parties au conflit.
  • Selon l'ONU, le conflit a fait 536 victimes civiles (241 morts) entre février et juillet 2022, 68% par Al Shabaab, le reste par le gouvernement, les forces militaires claniques et les forces internationales et régionales.
  • En outre, les attaques d'Al Shabaab ont également fait de nombreuses victimes civiles. La plupart de ces attaques ont visé l'AMISOM (Mission de l'Union africaine en Somalie) et les forces de sécurité somaliennes, des personnalités politiques, les médias et des civils.
Piraterie À l'origine, la piraterie s'est développée comme un acte défensif contre la pêche illégale : les pêcheurs se retrouvaient sans moyen de subsistance suite à l'augmentation de la contrebande internationale et de la pêche illégale par des chalutiers étrangers dans les eaux territoriales somaliennes. Les pirates somaliens se présentaient comme les garde-côtes officieux de la nation, luttant contre la pêche illégale et le déversement de déchets par des sociétés étrangères. Cependant, le motif qui se cache derrière l'activité et sa prolifération a évolué. En effet, l'activité est extrêmement lucrative, notamment la prise d'otages et la demande de rançon, les pirates pouvant demander des centaines de milliers de dollars de rançon. La piraterie s'est donc transformée, non pas en une activité de défense, mais en une véritable entreprise lucrative. Elle est devenue un problème mondial. Si le développement de la piraterie peut être expliqué de ce point de vue, il faut aussi dire qu'elle a pu se développer parce que l'environnement politique le permettait. L'instabilité politique du pays et sa guerre civile n'ont pas permis la mise en place d'une administration centralisée, rendant la lutte contre la piraterie difficile, voire impossible. Ces dernières années, cependant, la piraterie a considérablement diminué. Cela est dû à la présence de nombreuses forces navales étrangères dans les eaux somaliennes, qui patrouillent et luttent contre la piraterie. L'ONU a autorisé les navires de guerre à pénétrer dans les eaux somaliennes et à user de tous les moyens pour se défendre contre la piraterie. Aujourd'hui, les attaques de pirates ont pratiquement cessé. SITUATION HUMANITAIRE La situation humanitaire en Somalie reste dramatique et très complexe, en raison des effets dévastateurs du conflit, de l'insécurité, des inondations, de la sécheresse, d'une invasion de criquets et de la pandémie. Après quatre mauvaises saisons des pluies consécutives, environ 7,8 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, sont gravement touchées par l'insécurité alimentaire. L'agence des Nations unies pour l'enfance a signalé à la mi-septembre que plus de 500 000 enfants somaliens de moins de cinq ans risquaient de mourir de faim en raison de la sécheresse. L'aide internationale est le seul moyen d'éviter cela, mais il est impossible d'atteindre certaines villes qui en ont besoin, à cause d'Al shabaab. Les agriculteurs sont incapables de cultiver leurs terres ou de prendre soin de leurs animaux en raison des dégâts causés aux terres agricoles et aux prairies du fait de la sécheresse. Les ressources en eau de surface se sont considérablement détériorées et les puits de forage se sont asséchés, ce qui a poussé des millions de personnes à fuir leur foyer à la recherche de nourriture, d'un abri et d'eau dans des camps de réfugiés, notamment dans les zones contrôlées par les Shabab où l'accès humanitaire est entravé. Selon une étude réalisée par Oxfam et Save the Children, le changement climatique aggrave la faim parmi les populations vulnérables. Les deux ONG estiment qu'une personne meurt de faim toutes les 48 secondes en Somalie, au Kenya et en Éthiopie. SITUATION DES DROITS DE L'HOMME Bref résumé de la situation actuelle : La Somalie fait face à un contexte de nombreuses violations des droits de l'homme, parmi lesquelles nous pouvons citer : de nombreuses attaques contre les travailleurs humanitaires ; un recours excessif à la force par la police entraînant la mort de civils ; des violations du droit à la liberté d'expression et d'opinion ; une augmentation des violences sexuelles et sexistes ; une augmentation des expulsions forcées pendant la pandémie. À propos de la liberté d'expression, d'association et de réunion : Même si plusieurs lois protègent ces libertés, dans la pratique, les forces de sécurité somaliennes, de même que les anciens des clans et les personnalités politiques, ne protègent pas ces droits. Selon l'Union des journalistes somaliens et l'Association des médias somaliens, entre janvier et avril 2022, 37 journalistes ont été arrêtés et détenus dans tout le pays et au Somaliland. Dans son rapport annuel 2021, l'Union nationale des journalistes somaliens a fait état de deux meurtres de journalistes et de 63 cas d'agression physique, de harcèlement, d'arrestation illégale, de détention, de torture, de cyberharcèlement et de menaces contre des journalistes et quatre organisations médiatiques. À propos du système judiciaire : Il existe un niveau élevé d'impunité en Somalie. Le système juridique ne permet pas une application stricte de la loi et une protection efficace des citoyens. Le système juridique somalien est double :
  • Le système étatique, qui rencontre de nombreuses difficultés : manque de personnel, d'infrastructures, d'équipements et de fonds... et qui n'est pas implanté dans les régions contrôlées par les Shabab. Dans ces régions, les Shabab appliquent strictement la charia, qui prévoit la peine de mort pour certains délits, la lapidation des femmes mariées pour adultère et l'amputation des mains des voleurs.
  • La justice extrajudiciaire, développée pour pallier les faiblesses du système formel. Elle est basée sur un ensemble de normes de droit non écrites, dont la charia. Le problème est que dans ces tribunaux extrajudiciaires, les normes internationales en matière de droits de l'homme ne sont pas respectées. En outre, la justice est rendue dans un système où les clans ont une forte influence, de sorte qu'elle n'est pas nécessairement rendue en faveur des groupes marginalisés, mais profite plutôt aux majorités.
EN RÉSUMÉ : La combinaison de la sécheresse, des inondations, des conflits armés et de la perte des moyens de subsistance a exacerbé la crise humanitaire : aux 2,6 millions de personnes déjà déplacées les années précédentes, 573 000 nouvelles personnes déplacées peuvent être ajoutées entre janvier et août 2022, selon l'ONU. Parmi les personnes menacées figurent des civils, des chefs de clan, des délégués électoraux, des fonctionnaires et des représentants du gouvernement, des policiers, des soldats hors service et des travailleurs humanitaires. En conséquence, la Somalie est confrontée à une détérioration de sa situation sécuritaire ainsi qu'à une sécheresse et au risque d'une famine généralisée. Le HCR fournit aux États de nouvelles orientations juridiques sur la protection des réfugiés somaliens : les Etats doivent permettre aux personnes fuyant la Somalie de se mettre en sécurité : les personnes fuyant la violence, les violations des droits de l'homme et les persécutions doivent être considérées comme remplissant les critères pour recevoir le statut de réfugié. À PROPOS DES RÉFUGIÉSSelon les données du HCR, 31 227 personnes originaires de Somalie ont fui en 2021 et ont demandé l'asile dans d'autres pays. Les pays de destination les plus courants ont été l'Ouganda, l'Allemagne et la France. Les réfugiés qui ont le mieux réussi ont été ceux de l'Ouganda et du Kenya. Au total, 75,3% des demandes d'asile de Somaliens ont été acceptées dans le monde en 2021. Par ailleurs, selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés, « 80 % des réfugiés somaliens vivent dans les pays voisins : fin 2021, on comptait plus de 800 000 réfugiés et demandeurs d'asile somaliens dans le monde, dont la grande majorité vit dans les pays voisins tels que le Kenya (279 200), l'Éthiopie (250 719), le Yémen (69 940) et l'Ouganda (61 853) ». NOUVELLES RÉCENTES POUR L'EUROPE Selon l'Agence européenne pour l'asile, plus de 1 500 Somaliens ont demandé l'asile dans les pays de l'UE en août 2022, soit à peu près autant que l'année dernière à la même époque. En août, environ 1 300 décisions ont été prises pour les demandeurs somaliens, et un peu plus de 800 de ces décisions ont accordé le statut de réfugié ou de protection subsidiaire. Cela donne un taux de reconnaissance du statut de réfugié de 61% en Europe. Le nombre de demandes en instance en première instance a continué à augmenter, dépassant les 13 300 à la fin du mois d'août. Un peu moins de la moitié des affaires pendantes le sont depuis plus de six mois. POUR PLUS D'INFORMATIONS Livres :
  • "Ne me dis pas que tu as peur" - Livre de Giuseppe Catozzella. Basée sur une histoire vraie remarquable, une jeune Somalienne risque sa vie dans son périple vers l'Europe pour participer aux Jeux olympiques.
  • "Le verger des âmes perdues" - Livre de Nadifa Mohamed. Nous sommes en 1987, à Hargeisa, la deuxième plus grande ville de Somalie. Les vents secs portent des rumeurs de révolution, mais la dictature reste bien ancrée. Bientôt, à travers les yeux de trois femmes, nous assisterons à la chute de la Somalie.
  • "Hier demain Voix de la diaspora somalienne" - Livre de Farah Nuruddin. L'auteur, Somalien, raconte les histoires de réfugiés somaliens et d'autres personnes dont la vie a été déracinée ou terriblement transformée par l'anarchie en Somalie au début des années 1990.
Movies :
  • "Fishing Without Nets" (2014): Alors qu'il prend d'assaut un tanker français avec ses collègues, Abdi, un pirate, se lie d'amitié avec l'un des otages. Mais il devra faire des choix dramatiques pour décider de son avenir.
  • "Asad" - Filin Gaaban (en anglais). https://www.youtube.com/watch?v=O2TOczOBr7g
Webpages :
  • Crisis group :https://www.crisisgroup.org/africa/horn-africa/somalia
  • Amnesty international : https://www.amnesty.org/fr/location/africa/east-africa-the-horn-and-great-lakes/somalia/report-somalia/
  • OHCHR : https://www.ohchr.org/fr/countries/somalia
GLOSSAIRE
  1. UNHCR = Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés est une agence d'une autre organisation, l'ONU, dont le but est d'assurer le respect et la protection internationale des réfugiés et des demandeurs d'asile.

PALESTINE Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA1), au 21 novembre 2022, 6 157 Palestiniens ont été tués et 143 165 blessés depuis 2008 dans le contexte de l'occupation et du conflit. Voici deux graphiques de l'OCHA montrant respectivement le nombre de morts et le nombre de blessés palestiniens par an depuis 2008, sachant que les chiffres couvrant 2022 sont partiels et seront mis à jour prochainement par l'OCHA. Les Palestiniens sont confrontés à un conflit qui n'épargne pas les civils. Ils sont confrontés à la négation de leur droit à la liberté d'expression et à l'intégrité corporelle, ils vivent dans un climat de violence généralisée et dans la crainte de la destruction de leurs maisons. Résumé historique Voici un résumé de l'évolution du territoire palestinien au fil des ans : FOCUS SUR LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME : GAZA : Blocus2 Israël a imposé un blocus maritime et aérien à Gaza depuis 2007, cela fait donc quinze ans qu'il dure, asphyxiant la population et l'économie du territoire. En effet, les importations et exportations sont drastiquement réduites, notamment celles de produits de première nécessité (eau potable, électricité, médicaments), et la circulation des populations est également restreinte : chaque demande de sortie - y compris médicale - est soumise à l'approbation d'Israël, qui peut la bloquer sans explication. Il en résulte un accès limité aux soins de santé, à l'éducation et aux moyens de subsistance adéquats, notamment aux terres agricoles et aux zones de pêche. L'accès au travail est également très difficile : le taux de chômage atteignait 44% au 30 septembre 2022, selon le Centre palestinien des droits de l'homme3 (PCHR). De plus, selon le PCHR, "plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté, plus de 68,5% de la population de Gaza souffre d'insécurité alimentaire, 80% de la population de Gaza dépend de l'aide internationale". Les forces israéliennes : Le territoire est également confronté à des offensives militaires israéliennes régulières et dévastatrices. Ainsi, ces dernières années, on peut citer les opérations "Pluies d'été" (2006), "Plomb durci" (2008-2009), "Pilier de défense" (2012), "Bordure protectrice" (2014). Celle de 2014 a été la plus meurtrière : près de 2 200 morts côté palestinien, dont 70% de civils, et plus de 10 000 blessés. Israël est également violent dans sa répression des manifestations. Par exemple, lors des manifestations de la Grande Marche du retour en 2019 : plus de 207 Palestiniens ont été tués et 33 800 blessés, selon l'ONU. Violations des droits de l'homme par le Hamas4 à Gaza : Gaza est également confrontée à de nombreuses violations des droits des Palestiniens perpétrées par le Hamas. Le Hamas viole notamment les droits humains en réprimant les manifestations avec violence. Par exemple, en mars 2019, lors de manifestations palestiniennes dénonçant les conditions de vie déplorables à Gaza, le Hamas a arrêté des centaines de manifestants palestiniens. Ces manifestants ont été brutalisés, arrêtés arbitrairement, torturés, maltraités. Cela constitue une violation flagrante des droits des Palestiniens à la liberté d'expression et d'association et un déni de leur droit à ne pas être détenu arbitrairement et de leur droit à l'intégrité physique. Système de santé : Toutes ces difficultés sont aggravées par un système de santé au bord de l'effondrement. Il est extrêmement difficile pour le secteur de la santé à Gaza de faire face au nombre considérable de blessés. Le système de santé de Gaza est régulièrement confronté à des afflux massifs et soudains de nouvelles blessures à traiter, en plus des restrictions à la circulation des personnes et des matériels ainsi que de la pénurie d'électricité et d'équipements dont il souffrait déjà. Cisjordanie et Jérusalem-Est En Cisjordanie et à Jérusalem-Est, la colonisation5 se poursuit à un rythme soutenu : on compte désormais près de 650 000 colons dans ces territoires. Les Palestiniens qui occupent ces territoires sont soumis à un contrôle permanent de l'armée israélienne, dans un climat de violence généralisée et de harcèlement quotidien. Ainsi, la vie quotidienne des Palestiniens se déroule dans un contexte de violence et d'augmentation du rythme des démolitions de maisons et des saisies de structures appartenant à des Palestiniens (ex : juillet 2019 : 362 structures détruites par les autorités israéliennes). Ils sont également confrontés à une augmentation des raids sur les organisations de la société civile et sur les résidences palestiniennes dans le but de procéder à des détentions et des arrestations arbitraires, afin de réduire au silence les organisations de la société civile et les défenseurs des droits humains. En conséquence, de nombreux résidents palestiniens sont contraints de quitter les zones touchées par la violence, tandis que l'expansion de la colonisation israélienne se poursuit, encerclant de fait la population palestinienne et réduisant l'espace dont elle dispose pour vivre. En outre, le gouvernement israélien cherche à établir sa domination sur la partie est de Jérusalem. Il a multiplié les ordres d'expulsion des Palestiniens, les arrestations et les démolitions. Le gouvernement israélien mène une politique de refus d'autorisation de permis de construire pour les Palestiniens afin de récupérer Jérusalem. Les Palestiniens construisent donc des maisons illégalement, et le gouvernement israélien a le droit de les détruire. De nombreux Palestiniens vivent avec la peur de voir leur maison démolie et de devoir recommencer à zéro. Il est devenu courant pour les Palestiniens de devoir reconstruire leur maison trois, quatre fois ou plus. LES DROITS DES ENFANTS Le conflit a un impact négatif sur la santé physique et morale des enfants : L'accès aux soins de santé à Gaza : Le système de santé à Gaza ne permet pas aux enfants d'accéder à des soins adéquats. De plus, s'ils ne peuvent pas se faire soigner à Gaza, il leur est également difficile de se faire soigner en entrant en Israël. En effet, de nombreuses demandes d'entrée en Israël pour un traitement médical sont rejetées ou ne sont pas traitées assez rapidement. Le taux d'approbation de ces demandes est encore plus faible pour les enfants palestiniens blessés lors des manifestations de Gaza que pour ceux blessés dans d'autres circonstances. Accès à l'éducation : Le conflit affecte également le système éducatif. Les forces israéliennes tirent à balles réelles, libèrent des gaz lacrymogènes ou lancent des grenades assourdissantes dans les écoles et aux alentours. Anxiété : Les enfants sont également sujets à une forte anxiété en raison de leur exposition constante à la violence et à la menace de démolition de leurs maisons. La démolition de maisons palestiniennes par les forces israéliennes entraîne très souvent le déplacement de familles entières. Le déplacement forcé est un événement traumatisant, surtout lorsqu'il touche les plus vulnérables, notamment les enfants. Le traumatisme de la violence répétée à Gaza a également un impact sur la santé mentale des enfants. Selon l'Organisation mondiale de la santé, en 2021, 82 % des adolescents de Gaza ont estimé avoir un bien-être mental faible ou très faible. POINT 2021 Selon Al-Haq6, dans son rapport sur les violations des droits de l'homme en 2021 : En mai : Des manifestations palestiniennes contre la colonisation israélienne ont eu lieu dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem. Puis, les manifestations se sont étendues à l'ensemble des territoires occupés par les Palestiniens, entraînant un climat de tensions. Les autorités israéliennes ont également mené une offensive contre Gaza en mai. Celle-ci s'est traduite par 11 jours de bombardements intensifs visant des infrastructures civiles et militaires, causant des dégâts considérables et des pertes humaines. Selon Al-Haq, plus de 240 personnes ont été tuées, dont 60 enfants. Plus de 630 enfants ont été blessés. Certains ont subi des blessures entraînant un handicap à long terme, comme la perte d'un membre. L'offensive a également déplacé plus de 38 000 habitants, dont les maisons ont été endommagées. Témoignage : Témoignage de Ahmed, 41 ans, recueilli par Médecins Sans Frontières (MSF). Le prénom a été changé pour la préservation de l'anonymat. " J'ai été blessé le premier jour des bombardements. J'étais chez moi quand la maison a été touchée. Nous ne savions pas si c'était une bombe ou si quelque chose dans la maison avait explosé. Nous venions d'entendre un bruit massif et la maison a tremblé. C'est alors que j'ai vu ma main presque arrachée, qui pendait au bout de mon bras. Toute la famille était réunie, c'était le ramadan. Une partie de la maison a été détruite, deux de mes cousins sont morts et un autre de mes proches est devenu handicapé. L'explosion a été si forte que les voisins ont également été blessés. Le fils du voisin marchait dans la rue et a perdu ses deux yeux. Il n'avait que 9 ans et il ne pourra plus jamais voir. Il jouait juste dehors. Les gens essayaient de mettre les victimes dans des voitures. Les ambulances ne pouvaient pas nous atteindre, car les bombes tombaient de partout. J'étais dans une voiture avec 4 autres victimes. L'une d'elles était l'enfant d'un voisin. Elle est morte sur les genoux de son père, juste à côté de moi, sur le chemin de l'hôpital. Nous ne savions pas si nous arriverions vivants à l'hôpital : autour de nous, tout avait été bombardé. J'ai finalement atteint l'hôpital Al-Shifa et une semaine après, j'ai été transféré à l'hôpital MSF Al-Awda. Dans les deux hôpitaux, ils craignaient que les bombes ne nous touchent. J'ai eu 8 interventions chirurgicales différentes et ma main a été amputée. Pendant que j'étais à l'hôpital, je craignais pour ma famille. Leur santé mentale a été profondément affectée et les bruits forts font encore pleurer mes deux plus jeunes enfants. Ma mère est celle qui a le plus souffert. Elle a fait une dépression nerveuse et est maintenant prise en charge par des professionnels de la santé mentale. Elle ne peut toujours pas en parler sans faire une crise de panique. Ce qui fait le plus mal, c'est que je ne peux pas subvenir aux besoins de ma famille. J'étais chauffeur et je ne peux pas conduire sans ma main. J'étais responsable non seulement de ma femme et de mes enfants, mais aussi de mes parents âgés. J'étais censé recevoir une prothèse de main, mais à cause du blocus, je n'ai aucune idée de la date à laquelle cela va arriver. Parfois, je me demande pourquoi j'ai survécu. J'aurais aimé mourir avec les autres, pour pouvoir enfin quitter Gaza. La mort est la seule issue. " Juin : De nombreuses manifestations ont lieu en Cisjordanie suite à l'assassinat de Nizar Banat, militant politique, par les services de sécurité palestiniens lors d'une tentative d'arrestation. En réponse, le Hamas et les autorités palestiniennes ont mené une politique de forte répression : violences physiques contre les manifestants, arrestations arbitraires, confiscation de téléphones, intimidations, tortures... Ainsi, la liberté d'expression, le droit à l'intégrité physique... ont été niés. Conclusion 2021 : 2021 est une nouvelle année où de nombreux droits des Palestiniens ont été bafoués : le droit à la liberté d'expression, à la sécurité, à la liberté de mouvement, à l'éducation, à la santé, au travail, à l'intégrité physique... et aussi le plus essentiel : le droit à la vie. Selon les Nations Unies, 324 Palestiniens sont morts aux mains des autorités israéliennes en 2021, dont 240 pendant l'offensive de Gaza. L'année 2021 s'est également traduite, selon Al-Haq, par la démolition, par les autorités israéliennes, de plus de 230 maisons en Cisjordanie. Plus de 1 300 autres unités résidentielles ont été complètement détruites à Gaza, à la suite du bombardement de mai, tandis que 6 000 autres unités résidentielles ont subi des dommages partiels. POINT 2022 Mai : Israël a mené une nouvelle offensive contre Gaza. Les frappes israéliennes ont tué des dizaines de civils et détruit des immeubles remplis de maisons et de commerces, alors qu'aucune cible militaire évidente ne se trouvait à proximité. Israël vise délibérément des structures civiles, en violation des lois de la guerre, qui interdisent les attaques qui n'ont pas d'objectif militaire clair. Août : Le 5 août 2022, les autorités israéliennes ont mené une attaque contre la bande de Gaza, visant le domicile de Tayseer al-Jabari, un dirigeant du Jihad islamique, invoquant une menace imminente. Le ministère palestinien de la Santé à Gaza fait état de 49 décès, dont 17 enfants, dus aux frappes israéliennes. A PROPOS DES RÉFUGIÉS Réfugiés de Palestine = personnes dont la résidence habituelle entre le 1er juin 1946 et le 15 mai 1948 était la Palestine, et qui ont perdu leurs maisons et leurs moyens de subsistance à la suite du conflit de 1948, ainsi que leurs descendants, selon l'UNRWA7. Aujourd'hui, quelque 5 millions de personnes répondent à cette définition, selon l'UNRWA. La majorité des réfugiés palestiniens continuent de résider soit dans le territoire palestinien occupé, soit dans les pays voisins. Selon l'UNRWA, plus de 40% (environ deux millions) vivent en Jordanie, plus d'un million (23%) à Gaza, près de 760 000 (16%) en Cisjordanie, 462 000 en Syrie et environ 420 000 au Liban. La majorité des réfugiés palestiniens ne résidant pas dans le territoire palestinien occupé se trouvent en Jordanie, en Arabie saoudite, en Égypte, dans les États du Golfe, au Chili et aux États-Unis. Selon l'Agence européenne pour l'asile, en Europe, en 2021, nous avons enregistré 3 885 demandes d'asile de Palestiniens et le taux de reconnaissance était de 64%, ce qui est un taux de reconnaissance particulièrement élevé. POUR PLUS D'INFORMATIONS : Films :

  • "Omar" (2013) : un jeune combattant de la liberté palestinienne accepte de travailler comme informateur après qu'on lui ait fait admettre sa culpabilité suite à l'assassinat d'un soldat israélien.
  • "Une bouteille à la mer" (2010) : Tal est une jeune Française qui vit à Jérusalem avec sa famille. A 17 ans, elle est à l'âge des premières fois : premier amour, première cigarette, premier piercing. Premier attentat, aussi. Après l'explosion d'un kamikaze dans un café de son quartier, elle écrit une lettre à un Palestinien imaginaire dans laquelle elle exprime ses interrogations. Elle glisse la lettre dans une bouteille et la donne à son frère pour qu'il la jette à la mer, près de Gaza.
  • "Alata (Out in the Dark)" : Un drame centré sur l'histoire d'amour entre deux hommes situés dans des camps opposés du conflit du Moyen-Orient : Nimer, un étudiant palestinien, et Roy, un avocat israélien.
  • "Ya Tayr El Tayer (Arab Idol) " : Ce film est un biopic sur le chanteur palestinien Mohammad Assaf, dont la victoire dans la version panarabe de l'émission télévisée Pop Idol en 2013 a donné lieu à un moment de fierté et d'unité nationales en Palestine. Il montre les circonstances difficiles dans lesquelles Assaf, d'abord comme petit garçon à Gaza, puis dans la vingtaine, grandit pour devenir un chanteur.
  • Little Palestine (Diary of a Siege) (2021) : le quartier de Yarmouk (Damas, Syrie) a abrité le plus grand camp de réfugiés palestiniens au monde de 1957 à 2018. Quand la Révolution Syrienne éclate, le régime de Bachar Al-Assad voit Yarmouk comme un refuge de rebelles et un noyau de résistance. Il encercle le quartier et met en place un siège à partir de 2013. Progressivement privés de nourriture, de médicaments et d'électricité, les habitants de Yarmouk se retrouvent coupés du reste du monde.
  • Jenin, Jenin (2002) : Jenin, Jenin est un documentaire sur ce qu'il se serait passé lors de la bataille de Jenine, dans le cadre de l'opération Rempart, dans le village de Jénine en territoire palestinien, impliquant Tsahal (l'armée israélienne) en 2002 (en réaction à une série d'attentats dont celui du 27 mars 2002 à l'hôtel Park de Netanya), où le cinéaste laisse la parole aux habitants de la ville.
  • Budrus: It take a Village to Unite the Most Divided People on Earth (2010) : Budrus est un long métrage documentaire sur un organisateur communautaire palestinien, Ayed Morrar, qui réunit des membres locaux du Fatah et du Hamas avec des partisans israéliens dans un mouvement non armé pour sauver son village de Budrus de la destruction par la barrière de séparation israélienne.
  • Paradise Now (2005) : Paradise Now est un drame politique et psychologique réalisé par Hany Abu-Assad sur deux hommes palestiniens se préparant à un attentat suicide en Israël.
Livres :
  • "Une bouteille à la mer de Gaza" de Valérie Zenatti : Tal est une jeune Française qui vit à Jérusalem avec sa famille. A 17 ans, elle est à l'âge des premières fois : premier amour, première cigarette, premier piercing. Premier attentat, aussi. Après l'explosion d'un kamikaze dans un café de son quartier, elle écrit une lettre à un Palestinien imaginaire dans laquelle elle exprime ses interrogations. Elle glisse la lettre dans une bouteille et la donne à son frère pour qu'il la jette à la mer, près de Gaza.
  • "Apeirogon" de Colum McCann ; Bassam Aramin est palestinien. Rami Elhanan est israélien. Ils vivent dans un monde de conflit qui colore chaque aspect de leur vie quotidienne, des routes qu'ils sont autorisés à emprunter aux écoles que fréquentent leurs filles, Abir et Smadar, en passant par les points de contrôle, tant physiques qu'émotionnels, qu'ils doivent négocier. Leurs mondes changent irrémédiablement après qu'Abir, 10 ans, soit tuée par une balle en caoutchouc et que Smadar, 13 ans, soit victime d'un attentat suicide. Lorsque Bassam et Rami découvrent l'histoire de l'autre, ils reconnaissent la perte qui les relie et tentent d'utiliser leur chagrin comme une arme pour la paix.
  • "Les matins de Jénine" de Susan Abulhawa : Comme son père, et comme le père de son père, Hassan vit de la culture des olives dans le petit village palestinien d'Ein Hod. Mais en 1948, lors du conflit qui a suivi la création de l'Etat d'Israël, Ein Hod a été détruit et ses habitants chassés vers un camp de réfugiés. Pour Hassan, cet exil s'accompagne de la douleur de voir le cycle familial ancestral brisé à jamais. Son jeune fils Ismaïl a été enlevé par des Israéliens qui lui ont caché ses origines. Le fils aîné, Youssef, grandira dans la haine des Juifs, prêt à toutes les extrémités. Quant à Amal, sa fille, elle tentera sa chance aux Etats-Unis, inconsolable, cependant, d'avoir fui sa famille. La guerre les a séparés. Elle seule pourra les réunir.
Sitweb : Pour plus de témoignages, par MSF :
  • https://www.msf.fr/actualites/gaza-un-an-apres-retour-sur-les-effets-devastateurs-des-bombardements-israeliens
A propos de l'histoire de la Palestine :
  • https://www.un.org/unispal/history/
  • https://www.geo.fr/geopolitique/6-dates-cles-pour-comprendre-le-conflit-israelo-palestinien-211837
Autres :
  • Crisis group : (english)
https://www.crisisgroup.org/middle-east-north-africa/east-mediterranean-mena/israelpalestine
  • Amnesty international :
https://www.amnesty.org/fr/news/?qlocation=1874
  • OCHR :
https://www.ohchr.org/fr/search?f%5B0%5D=country_taxonomy_term_name%3APalestine&query=palestine GLOSSAIRE:
  1. OCHA : le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires est la partie du Secrétariat des Nations Unies chargée de rassembler les acteurs humanitaires pour assurer une réponse cohérente aux urgences.
  2. BLOCUS : l'isolement, la fermeture ou l'encerclement d'un lieu, comme un port ou une ville, par des navires ou des troupes hostiles pour empêcher l'entrée ou la sortie.
  3. PCHR : le Centre palestinien pour les droits de l'homme est une organisation non gouvernementale à but non lucratif basée dans la ville de Gaza qui travaille à la protection des droits de l'homme, à la promotion de l'état de droit et au respect des principes démocratiques dans le territoire palestinien occupé.
  4. HAMAS : c'est un mouvement nationaliste et islamiste palestinien militant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza qui se consacre à l'établissement d'un État islamique indépendant dans la Palestine historique. Fondé en 1987, le Hamas s'est opposé à l'approche laïque de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) face au conflit israélo-palestinien et a rejeté les tentatives de céder toute partie de la Palestine.
  5. COLONISATION : action de prendre le contrôle d'une région ou d'un pays qui n'est pas le sien, notamment par la force, et d'y envoyer des personnes de son propre pays.
  6. AL-HAQ : Al-Haq est une organisation non gouvernementale palestinienne indépendante de défense des droits de l'homme basée à Ramallah, en Cisjordanie. Il a été créé en 1979 pour protéger et promouvoir les droits de l'homme et l'état de droit dans le Territoire palestinien occupé (OPT).
  7. UNRWA : L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient est une agence subsidiaire créée par l'Assemblée générale des Nations Unies (ONU) en 1949 pour fournir des services de secours, de santé et d'éducation aux réfugiés palestiniens.

PAKISTAN Selon les données du HCR, 24 824 personnes originaires du Pakistan l'ont fui en 2021 et ont demandé l'asile dans d'autres pays. Le Pakistan est confronté à de nombreux défis qui créent un climat d'insécurité, d'instabilité et de violations des droits de l'homme. Le conflit avec le géant indien, la montée des talibans, la radicalisation religieuse et l'augmentation des violences communautaires entraînent de nombreuses violations des droits de l'homme. A cela s'ajoutent la crise environnementale et une situation économique qui ne permet pas à tous d'avoir accès à un emploi qui leur permettrait de vivre décemment. Par conséquent, de nombreux migrants tentent de fuir vers d'autres pays, non seulement pour améliorer leur niveau de vie, mais aussi simplement pour survivre. CONFLIT AVEC L'INDE : Le conflit débute en 1947, les deux puissances se disputant la région du Cachemire. En 1949, la région est divisée en deux : 37% du territoire revient au Pakistan, 63% à l'Inde. Néanmoins, les revendications n'ont pas cessé depuis. Le Cachemire est devenu un instrument de la rivalité entre l'Inde et le Pakistan. Cette zone reste tendue. Ainsi, le Pakistan s'est construit autour de cette rivalité, qui influence grandement sa politique et ses choix. Ce conflit est donc en grande partie responsable de la position du Pakistan vis-à-vis des Talibans. En effet, le Pakistan ne veut pas être entouré de deux pays ennemis. Ainsi, le gouvernement veut s'assurer que l'Afghanistan ne soit pas gouverné par un groupe politique favorable à l'Inde. Il souhaite garder son pays voisin sous son influence. La solution rencontrée est de maintenir un environnement instable en soutenant le groupe islamiste des Talibans, en leur donnant accès à des formations, en leur fournissant des armes, en les aidant directement lors d'interventions, ... Le Pakistan soutient donc dans l'ombre les djihadistes actifs en Afghanistan mais aussi ceux actifs au Cachemire indien afin d'accroître son pouvoir, son contrôle sur ces zones. Qui sont les Talibans ? Les Talibans constituent un mouvement islamiste sunnite nationaliste et pro-pachtoune fondé au début des années 1990, qui a dirigé la majeure partie de l'Afghanistan de 1996 à octobre 2001. Le mouvement était composé, au départ, de fermiers et de jeunes hommes étudiant l'islam dans des madrasas, ou écoles religieuses, afghanes et pakistanaises. Les Talibans se sont établis et ont consolidé leurs forces dans le sud de l'Afghanistan. Leur première action a été d'instituer une interprétation stricte des instructions du Coran. Dans la pratique, cela s'est traduit par une politique souvent impitoyable à l'égard des femmes, des opposants politiques et des minorités religieuses. LE PAKISTAN ET LES TALIBANS : Le retour des talibans au pouvoir en 2021 est donc dans un premier temps une bonne nouvelle pour le Pakistan. Il lui permet d'asseoir son influence, et il devient l'intermédiaire indispensable dans les relations internationales de l'Afghanistan. Néanmoins, la situation se retourne progressivement contre lui. Il se retrouve l'acteur principal de la menace des talibans pour lui-même. En effet, on observe une radicalisation religieuse au Pakistan : devenir un soutien et un refuge pour les talibans afghans a contribué à la banalisation du terrorisme au Pakistan et à la radicalisation religieuse. Et les autorités, occupées à protéger les talibans afghans, ont permis le développement de ces groupes militants sunnites. De nombreux Pakistanais rejoignent la branche pakistanaise des Talibans : le Tehrik-e Taliban Pakistan (TTP). Ce mouvement compte aujourd'hui plusieurs milliers de membres. Le TTP est une alliance de militants formée en 2007 qui s'oppose à l'armée pakistanaise. L'une des revendications du TTP est de rétablir un statut semi-autonome aux anciennes zones tribales administrées par le gouvernement fédéral (FATA), qui sont frontalières de l'Afghanistan. Islamabad a fusionné la région des FATA avec sa province du nord-ouest de Khyber Pakhtunkhwa en 2018 afin d'y améliorer la gouvernance. Le TTP, soutenu par les talibans afghans, veut revenir sur la fusion des FATA avec la province de Khyber Pakhtunkhwa, il souhaite imposer la charia1 dans la région et demande le retrait des forces militaires pakistanaises de la région frontalière. À cette fin, il mène des attaques terroristes transfrontalières depuis l'Afghanistan avec une fréquence croissante depuis l'arrivée au pouvoir des Talibans. Ce mouvement est soutenu par les talibans afghans, de sorte que les liens avec Kaboul pourraient se distendre à l'avenir. En outre, le TTP a toujours eu des liens étroits avec les échelons supérieurs d'Al-Qaïda. Le succès des talibans afghans pourrait enfin être porteur d'espoir, redonnant de l'énergie aux talibans pakistanais dans leur lutte pour renverser leur gouvernement. Cela conduit à une forte instabilité au Pakistan, ainsi qu'à une sorte de schizophrénie : elle soutient les talibans afghans mais combat la branche pakistanaise. LES VIOLENCES CONTRE LES MINORITÉS : Le Pakistan existe depuis 1947, il est créé suite à la disparition de l'empire colonial britannique. A l'origine, l'intention était de faire du Pakistan un refuge pour les communautés musulmanes. Au Pakistan, 75% de la population est sunnite2, 18% chiite2, et les derniers 7% de la population sont répartis entre plusieurs autres religions (chrétiens, hindous...). Mais pour certains, c'était aussi l'occasion d'établir une théocratie3, d'appliquer la charia. Cette seconde position a progressé lentement, avant de l'emporter. Ainsi, au début des années 1970, la religion a commencé à être exploitée dans la sphère politique et les manifestations publiques d'hostilité envers les minorités religieuses se sont multipliées. Cette hostilité est allée jusqu'à devenir une politique d'État, entrant dans le droit, la fiscalité et l'éducation. Les autorités pakistanaises, en général, ne protègent pas les minorités. Ceci pour des raisons géostratégiques et politiques : pour obtenir une majorité de voix aux élections, l'important est de convaincre la majorité, et jouer la carte de la religion est un moyen efficace d'y parvenir. La politique est donc largement favorable à la majorité ethnique et non aux minorités. Le terrorisme se développe alors. L'idée d'islamisation, d'imposition de la charia, y compris par la violence, se répand dans un climat d'impunité. Le TTP est responsable de l'incitation ou de la conduite de certaines des pires violences sectaires. Récemment, nous pouvons prendre l'exemple des attentats à la bombe du 4 mars 2022 contre la mosquée chiite de Peshawar, qui ont tué plus de 60 personnes. Le TTP mobilise ses partisans, alimente cette haine des minorités religieuses et justifie ses actions terroristes en utilisant l'argument de la lutte contre le blasphème (le blasphème étant passible de la peine de mort au Pakistan). Exemple : lynchage d'un directeur d'usine sri-lankais le 3 décembre 2021, accusé à tort de blasphème. Nous nous trouvons dans un contexte de violations des droits de l'homme accablantes selon les ONG (Human Right Watch, Amnesty International). Le Pakistan présente un climat de violence institutionnelle et sociétale permanente : violences, discriminations, violations des droits de l'homme, détentions arbitraires, disparitions forcées, persécution des minorités… dans un environnement d'impunité. Les minorités religieuses ne sont pas protégées par les autorités, c'est même le contraire : la loi contre le blasphème4 est de plus en plus utilisée contre elles. Le blasphème est passible de la peine de mort. Fin 2017, des centaines de personnes étaient en attente de jugement, la majorité appartenant à des minorités religieuses. À cela s'ajoute la menace du terrorisme, qui aurait coûté la vie à plus de 50 000 Pakistanais depuis 2001 selon Amnesty international. PAKISTAN & DROIT DES ENFANTS : Au Pakistan, aucun système public de protection des enfants n'a été mis en place de manière effective. Ainsi, les enfants font face à de nombreuses violations de leur droit au regard du droit international. Maltraitance des enfants Selon le rapport du SAHIL5, en 2021, 3852 cas de maltraitance d'enfants ont été rapportés dans les journaux. Ces abus incluent des cas signalés d'abus sexuels sur des enfants, des cas d'enlèvement, des cas d'enfants disparus et des cas de mariages d'enfants. Ainsi, selon le rapport du SAHIL, un total de 2275 cas d'abus sexuel ont été raportés en 2021, soit une hausse de 25% par rapport à 2020, 62% des victimes se situaient dans la tranche d'âge 6-15 ans Selon l'UNICEF, en 2021, environ un cinquième des femmes âgées de 20 à 24 ans se sont mariées alors qu'elles étaient elles-mêmes encore des enfants. Ces mariages forcés peuvent conduire à une vie entière de désavantages et de privations pour le développement du corps et de l'esprit d'un enfant. Les principales victimes de ces mariages forcés sont les femmes, en effet, parmi les 80 cas de mariages d'enfants signalés en 2021, selon le rapport du SAHIL, 70 concernaient des filles. Cela montre également que les filles sont mariées à des hommes plus âgés. Il est également alarmant que la majorité des cas de mariages d'enfants continuent d'être signalés dans la tranche d'âge 6-15 ans. Le rapport du SAHIL rapporte également un nombre inquiétant d'enlèvement d'enfants en 2021 au Pakistan, s'élevant à 1303 cas, dont 233 (18%) ont été suivis d'abus sexuels. Enfin, les enfants pakistanais font également face à un risque d'exploitation économique, qui les prive de leur enfance, de leur santé et de leur éducation, les condamnant à une vie de pauvreté. Ainsi, selon l'UNICEF, en 2020, 13.4% des enfants âgés de 5 à 17 ans de la région du Penjab travaillaient, et 14.4% dans la région du Khyber Pakhtunkhwa. La lutte contre le mariage et le travail des enfants est particulièrement difficile au Pakistan car une très grande majorité des enfants ne sont pas enregistrés à la naissance : il n'y a donc pas d'enregistrement précis de leur âge, ce qui permettrait pourtant de contribuer à prévenir le travail et le mariage des enfants. Les conséquences du Covid : En 2021, plus de 10 enfants ont été maltraités chaque jour, selon les données du SAHIL, soit, une augmentation de 30% par rapport à 2020. Le Covid n'a en effet pas amélioré la situation. À l'inverse, les restrictions de mouvement et la perte de revenus rendent les enfants plus susceptibles d'être victimes de violence et d'abus. De plus, les revenus ayant diminué, les enfants sont plus susceptibles de travailler ou de se marier avant d'atteindre l'âge adulte. PAKISTAN & ENVIRONMENT : L'environnement, et notamment le réchauffement climatique, constitue un nouveau défi pour le Pakistan. Selon le dernier rapport de la German watch, le Pakistan devrait figurer parmi les dix pays les plus durement touchés par la hausse des températures au cours des prochaines décennies. Cela entraînera une forte insécurité alimentaire, des événements climatiques extrêmes, une augmentation des vagues de chaleur et des incendies. Cette vague de chaleur contribuera à la fonte des glaciers et aura donc pour conséquences de fortes inondations, ainsi qu'un manque d'eau potable, les glaciers fournissant de l'eau douce à plus de 220 millions de personnes. L'exemple de l'année 2022 illustre parfaitement le risque encouru par le Pakistan : Une période de canicule extrême : L'exemple de Jacobabad a été repris par de nombreux médias, de nombreuses études (In Jacobabad, One of the Hottest Cities on the Planet, a Heat Wave Is Pushing the Limits of Human Livability - Inside Climate News) : c'est l'une des villes les plus chaudes du monde et l'une des deux seules à avoir atteint un niveau de chaleur et d'humidité que le corps humain ne peut supporter. Pour se protéger de cette chaleur suffocante, les habitants ont essayé plusieurs solutions, des solutions qui ne sont ni satisfaisantes ni durables :

  • S'allonger avec des vêtements mouillés pour réussir à se reposer.
  • Les travailleurs font des pauses l'après-midi, mais cela entraîne une baisse des salaires, alors que le moindre centime devient indispensable.
  • S'allonger sur le terre-plein séparant les routes à grande vitesse pour profiter du flux d'air produit par les véhicules.
  • Sauter dans l'eau sale pour se rafraîchir, quitte à avoir des problèmes de peau.
Ainsi, les évanouissements dus à la chaleur sont fréquents, ainsi que les problèmes de peau... Et les femmes sont encore plus exposées : elles ne peuvent pas se déshabiller en public, ni sauter dans les égouts pour se rafraîchir, ni dormir dehors à cause du risque de violence sexuelle. Une forte mousson : Une nouvelle catastrophe a suivi : ⅓ du Pakistan s'est retrouvé sous les eaux après une forte mousson. Plus de 1600 personnes ont trouvé la mort lors de ce désastre. De nombreuses maisons, magasins, routes et ponts ont été détruits. 7,5 millions de personnes ont été déplacées, beaucoup d'entre elles vivent dans des camps de fortune, sans protection contre les moustiques, qui peuvent être porteurs de plusieurs sérieux virus et maladies (dengue, gale) et où l'on manque d'eau potable et d'installations sanitaires. À PROPOS DES RÉFUGIÉS Selon les données du HCR, 24 824 personnes originaires du Pakistan ont fui en 2021 et ont demandé l'asile dans d'autres pays. Les pays de destination les plus courants ont été l'Italie, la Grèce et la France. Globalement, 83 % des demandes d'asile des Pakistanais ont été rejetées dans le monde en 2021. NOUVELLES RÉCENTES POUR L'EUROPE Selon l'agence européenne pour l'asile, près de 11 600 Pakistanais ont demandé l'asile dans les pays de l'UE entre juin et août 2022, soit près de deux fois plus que l'année dernière à la même époque, 1,7 fois plus précisément. En août, environ 2 100 décisions ont été prises pour des demandeurs pakistanais en Europe, mais moins de 150 de ces décisions ont accordé une protection. Cela donne un taux de reconnaissance du statut de réfugié de 7%, en ligne avec les derniers mois. Dans l'ensemble, les demandes en instance en première instance ont continué à augmenter, dépassant les 19 800 à la fin du mois d'août. Un peu moins de la moitié des affaires pendantes le sont depuis plus de six mois. POUR PLUS D'INFORMATIONS DOCUMENTAIRES :
  • "Pakistan hidden shame : the forgotten street children" - (En anglais) : Un regard sur les abus sexuels subis par les enfants vivant dans la ville de Peshawar, au nord-ouest du Pakistan.
https://www.youtube.com/watch?v=6l7i0SSo6B
  • "Girl Unbound: The War to Be Her" (2016) (En anglais) : Au Waziristan, "l'un des endroits les plus dangereux de la planète", Maria Toorpakai défie les talibans en se déguisant en garçon pour pouvoir faire du sport ouvertement. Mais lorsqu'elle devient une étoile montante, sa véritable identité est révélée, ce qui entraîne des menaces de mort constantes sur elle et sa famille, obligeant Maria à quitter sa maison et son pays. Sans se laisser décourager, Maria décide de rentrer chez elle, en affrontant le danger, pour pratiquer le sport qu'elle aime.
  • "Pakistan : le blasphème et la mort" - Réalisé par Mohammed Naqvi. Au Pakistan, quiconque est accusé de blasphème encourt la peine de mort. Alors que les militants pour les droits civiques réclament depuis des années la révision de cette loi adoptée en 1986, Khadim Hussain Rizvi, fondateur du parti intégriste islamiste Tehreek-e-Labbaik, a orchestré une campagne violente pour lui afficher son soutien. Le documentaire suit l'histoire de quatre personnes accusées de blasphème.
FILMS
  • "Dukhtar" (2014) : Dans les montagnes du Pakistan, les villageois chassent une mère, un fils et une fille de 10 ans après que cette dernière se soit enfuit la veille de son mariage. En effet, elle refuse de se marier avec le chef de la tribu.
  • "Iqbal, l’enfant qui n’avait pas peur" (2015), plaidoyer contre le travail des enfants : Ce film d'animation est inspiré de l’histoire vraie d'Iqbal Masih, cet enfant pakistanais réduit à l’esclavage dès ses quatre ans pour rembourser la dette familiale. A 9 ans, il fuit l’usine de tapis dans laquelle il travaille enchaîné douze heures par jour. Grâce à un avocat qui lui vient en aide, Iqbal devient à 10 ans l'une des figures mondiales de la lutte contre l’esclavage moderne, multipliant les interventions dans des conférences internationales pour l’UNICEF ou encore devant les Nations Unies à New-York.
BOOKS
  • "Moi, Malala, je lutte pour l'éducation et je résiste aux Talibans" – Malala Yousafzai et Patricia McCormick. Malala Yousafzai résolut de se battre pour continuer d’aller à l’école. Son courage faillit lui coûter la vie.Le 9 octobre 2012, alors qu’elle n’avait que quinze ans, elle fut grièvement blessée par un taliban dans un car scolaire. Cet attentat censé la faire taire n’a que renforcé sa conviction dans son combat, entamé dans sa vallée natale pour la conduire jusque dans l’enceinte des Nations unies. À seize ans à peine, Malala Yousafzai est la nouvelle incarnation mondiale de la protestation pacifique et la plus jeune candidate de l’histoire au prix Nobel de la paix.Moi, Malala est le récit bouleversant d’une famille exilée à cause du terrorisme ; d’un père qui envers et contre tout a fondé des écoles ; de parents courageux qui, dans une société où les garçons sont rois, ont manifesté un amour immense à leur fille et l’ont encouragée à s’instruire, à écrire, à dénoncer l’insoutenable et à exiger, pour toutes et tous, l’accès au savoir.
  • "A Hard Country" – Anatol Lieven (en anglais) : Le livre d'Anatol Lieven est une enquête magistrale sur ce pays extrêmement complexe et souvent mal compris : ses régions, ses ethnies, ses traditions religieuses concurrentes, ses paysages sociaux variés, ses profondes tensions politiques et ses schémas historiques de violence, mais aussi son étonnante stabilité sous-jacente, ancrée dans la parenté, le patronage et le pouvoir d'élites locales bien établies.
  • "La fiancée pakistanaise" – Babsi Sidhwa : A la suite d'un des massacres interethniques qui accompagnèrent la partition de l'Inde et du Pakistan, une petite orpheline, originaire du Penjab, est adoptée par Qasim, un montagnard du Kohistan. Ayant lui-même perdu femme et enfants, celui-ci a décidé de gagner Lahore où il élève la fillette. Des années après les événements, profondément nostalgique de ses montagnes natales, Qasim donne la jeune fille en mariage à un homme de sa tribu : père et fille adoptive refont alors le chemin vers la haute vallée de l'Indus. Mais tout sépare les nouveaux époux dont les noces tournent à la tragédie...Qu'il s'agisse dès violentes scènes du début du roman, de la vie populaire des quartiers de Lahore ou des paysages grandioses de l'Himalaya, Bapsi Sidhwa excelle à évoquer un territoire intime et authentique où, loin de tout exotisme, prennent vie des personnages attachants que déchire un rêve d'impossible réconciliation culturelle.
SITES WEB
  • Crisis group : https://www.crisisgroup.org/327/asia/south-asia/pakistan/new-era-sectarian-violence-pakistan
  • Amnesty international : https://www.amnesty.org/fr/location/asia-and-the-pacific/south-asia/pakistan/
GLOSSAIRE :
  1. Charia = La charia est le système juridique de l'Islam. Elle est basée sur le Coran, le livre saint de l'Islam. C'est un code de conduite éthique, qui a pour but d'aider les musulmans dans leurs choix quotidiens, qui doivent être guidés par Dieu. Elle traite aussi du culte et de la charité. Mais la charia traite également de la criminalité. Par exemple, la charia présente le vol comme un crime grave, qui, selon les interprétations les plus strictes, peut être puni par l'amputation de la main du délinquant.
  2. Chiites et sunnites = Le sunnisme et le chiisme sont les deux principales branches de la religion musulmane. L'origine de la division en deux branches remonte à la mort de Mahomet et au problème de sa succession. Les sunnites reconnaissent les trois premiers successeurs tandis que les chiites ne reconnaissent comme légitimes que le quatrième successeur, un cousin du prophète Mahomet, et ses successeurs. Les sunnites représentent 90% des musulmans d'aujourd'hui. Ils sont majoritaires dans de nombreux pays du monde dit musulmans. Les chiites sont majoritaires en Irak et en Iran où ils sont la religion officielle. Les différences théologiques entre les religions sunnite et chiite sont utilisées comme un outil dans de nombreux conflits, bien qu'elles cachent souvent d'autres motifs de confrontation.
  3. Théocratie = Société dans laquelle le gouvernement est exercé par une autorité religieuse.
  4. Blasphème = Discours qui offense la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme saint.
  5. SAHIL = Sahil est une organisation qui travaille depuis 1996 sur la protection des enfants, notamment contre les abus sexuels sur les enfants.

SYRIe Saviez-vous que plus de 90 % des Syriens vivent dans la pauvreté ? Et que plus de 11 millions d'entre eux dépendent de l'aide humanitaire ? La Syrie est confrontée aux conséquences d'une guerre de 11 ans : pauvreté, manque d'éducation, crise économique, sécheresse, violence, manque d'infrastructures et des millions de personnes déplacées. APPROCHE HISTORIQUE :

  • Le printemps arabe :
En 2011, à travers le monde arabe, les gens ont décidé de manifester et d'exiger des réformes de la part de gouvernements oppressifs. Cela a commencé en Tunisie et s'est étendu à l'Égypte, au Yémen, au Bahreïn, à la Libye et à la Syrie, même si cela a touché, dans une moindre mesure, d'autres pays également. Voici une carte, extraite de The economist : press reports, de toute la zone qui a connu ces soulèvements. En Syrie, le contexte avant le printemps arabe était le suivant : chômage, manque de liberté politique et répression par le président Bachar el-Assad. Cependant, le pays comptait plus de deux millions d'habitants vivant ensemble en paix malgré des religions et des ethnies différentes : Kurdes, Arabes, Arméniens, chrétiens, musulmans... Le niveau de scolarisation des enfants en âge de fréquenter l'école primaire était de presque 100% et les chiffres de la mortalité infantile étaient similaires à ceux d'autres pays à revenu intermédiaire. Le mariage des enfants existait, mais en nombre beaucoup plus faible qu'aujourd'hui. Avant la guerre, la Syrie était un pays prospère, avec une situation stable et une richesse culturelle millénaire.
  • La guerre civile :
En mars 2011 Un groupe d'adolescents a peint quelques slogans révolutionnaires sur le mur d'une école. Pour cette raison, ils ont été arrêtés et torturés par les forces de sécurité, ce qui a déclenché une série de manifestations pro-démocratie de la population. La répression du gouvernement a été très dure, elle s'est traduite par des assassinats et de la violence. Pour faire face à cette répression, des groupes armés sont nés, souhaitant lutter contre le gouvernement, ce qui se terminera par une guerre civile dans le pays. Le groupe connu sous le nom d'opposition (ceux qui voulaient la destitution du président Assad), était composé de groupes rebelles comprenant des combattants modérés et laïques, et des groupes islamistes1 et djihadistes2. Le gouvernement a accusé l'opposition d'être composée de terroristes et de membres de l'État islamique (EI)3. Profitant de l'instabilité en Syrie, l'EI a pris le contrôle de vastes étendues de territoire et a créé une guerre dans la guerre, s'opposant à l'opposition et au gouvernement. L'Arabie saoudite, la Turquie et les États-Unis ont été impliqués dans cette guerre, soutenant les groupes d'opposition, et la Russie et l'Iran, du côté d'Assad. En 2014 La présence de l'EI en Irak et en Syrie devient plus importante. Les État-Unis interviennent alors, soutenant les forces kurdes4. En théorie, la Syrie, comme les Kurdes étaient contre l'EI, mais, se focalisant sur le propre conflit et s'accusant notamment mutuellement de tuer des civils lors de leurs opérations militaires, ils ne résolvent pas le problème de l'instabilité dans le pays, créant un environnement favorable pour les djihadistes de l'EI, qui profitent de la situation pour augmenter leur pouvoir, prenant le contrôle du nord et l'est de la Syrie. En 2016 La Turquie entre dans la guerre civile syrienne pour combattre les forces kurdes, avec lesquelles elle est en conflit depuis longtemps. Différents groupes s'affrontent : le régime syrien, les forces kurdes, l'opposition au régime (certains djihadistes) et l'EI. L'une des catastrophes les plus connues de cette guerre a eu lieu en 2017 lorsque le gouvernement syrien a utilisé du sarin dans la ville de Khan Shijun, une arme chimique qui a tué des milliers d'enfants. Si cette guerre a duré aussi longtemps, c'est parce que les puissances régionales et mondiales sont intervenues et que les conséquences ont été meurtrières : près d'un demi-million de personnes sont mortes et 12 000 d'entre elles étaient des enfants (UNICEF). SITUATION ACTUELLE : La pauvreté : Actuellement, 90% de la population vit dans une extrême pauvreté et un total de 13,4 millions de personnes dépendent de l'aide humanitaire selon l'ONU5. De plus, selon l'UNICEF6, de nombreux enfants souffrent également de malnutrition, ce qui affecte leur croissance. Le manque d'éducation : Le nombre d'enfants et d'adolescents non scolarisés est très élevé : 2,45 millions d'enfants et d'adolescents ne vont pas à l'école, alors qu'avant la guerre, c'était l'opposé, le taux d'alphabétisation en Syrie était élevé : 79,6% de la population était alphabétisée (UNICEF). La crise économique : La Syrie fait actuellement face à une crise économique importante : les prix ont fortement augmenté au cours des dernières années et le PIB7 (Produit intérieur Brut) a quant à lui diminué. A cela s'ajoute une forte corruption, un effondrement de la production pétrolière et une drastique baisse du tourisme. Les syrens ont dû opter pour d'autres moyens de survie, favorisant notamment le développement du marché noir et de la contrebande. Le changement climatique : Selon l'ONU, le nord-ouest de la Syrie subit sa pire sécheresse depuis 70 ans, ayant pour conséquence une importante pénurie d'eau potable. D'une part, cette sécheresse s'explique par le fait que le Moyen-Orient est l'une des régions les plus touchées par le changement climatique dans le monde. D'autre part, cela s'explique par le fait que l'Euphrate ne fournit pas assez d'eau. En effet, ce fleuve prend sa source en Turquie. Or, cette dernière est soupçonnée de retenir l'eau en raison de problèmes politiques avec le parti kurde syrien (PYD). La violence : Aucune partie de la Syrie n'est sûre. La torture, les disparitions forcées et les arrestations arbitraires sont monnaie courante dans le pays, comme le sont toutes les formes de violations des droits humains par le gouvernement contre ceux qui ont fui le pays mais qui sont maintenant de retour. Manque d'infrastructures : De nombreuses infrastructures sont endommagées du fait de la guerre, notamment les canalisations. De plus, plus de la moitié des hôpitaux publics sont handicapés en raison de leur destruction et une école sur trois a été rendue inutilisable. Personnes déplacées : Les personnes déplacées du fait de la guerre civile sont nombreuses. 6,7 millions de Syriens se sont relocalisés à l'intérieur du pays et 5,6 millions de personnes déplacées ont fui, principalement vers les pays voisins (Liban, Jordanie et Turquie). Ces derniers accueillent la majorité des réfugiés (93%), moins de 10% des Syriens déplacés ont demandé l'asile en Europe. PERSONNES DÉPLACÉES : Personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays : Selon les Nations Unies, "la Syrie est le pays qui compte le plus grand nombre de déplacés internes" (6,9 millions). Les personnes déplacées vivent dans des camps dans des conditions désastreuses et vivent dans la misère. La nourriture fait cruellement défaut, tout comme les soins médicaux. De plus, les hivers sont froids et pluvieux à certains endroits, les familles doivent donc chauffer leur propre maison, mais très souvent, elles n'ont pas les moyens d'acheter du combustible. Ajoutez à cela l'incertitude qui règne dans tout le pays. Pays voisins et Europe : Plus de la moitié des réfugiés syriens sont restés au Moyen-Orient, principalement en Turquie, où ils sont près de 4 millions. La plupart de ces réfugiés se trouvaient à Istanbul, le gouvernement turc a donc décidé de réduire le nombre de réfugiés dans les centres urbains et en a déplacé beaucoup vers d'autres provinces. Le Liban, quant à lui, accueille la deuxième plus grande population de réfugiés syriens, étant le pays où la densité de réfugiés est la plus élevée au monde. La Jordanie, l'Irak et l'Égypte accueillent également un grand nombre de personnes fuyant la guerre, environ un million. Les autres réfugiés se trouvent principalement en Europe, notamment en Allemagne, Grèce, Suède et Autriche. Ci dessous, une carte de la répartition et des destinations des Syriens : LES DEMANDES D'ASILE : En 2020, les demandes d'asile ont diminué de 32% par rapport à l'année précédente, non pas parce qu'il y avait moins de personnes ayant besoin d'une protection internationale, mais parce que, en raison de la pandémie, il est devenu plus difficile de rejoindre l'Europe. Même si moins de demandes ont été reçues, 6 sur 10 ont été refusées. En 2021, 87 % des Syriens ayant présenté une demande d'asile en Europe ont reçu une réponse positive. Au total, 109 790 personnes originaires de Syrie ont fui et demandé l'asile dans d'autres pays en 2021, selon le HCR8 (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés). Cela correspond à environ 0,601 % de tous les habitants. Les pays d'accueil les plus fréquents étaient l'Allemagne, l'Autriche et les Pays-Bas. POUR PLUS D'INFORMATIONS Livres :
  • "L'apiculteur d'Alep" de Christi Lefteri : Nuri est apiculteur, sa femme, Afra, artiste. Ils vivent avec leur jeune fils, Sami, à Alep, en Syrie. La vie y est douce jusqu'à ce qu'éclate la guerre qui ravage tout, jusqu'aux précieuses ruches de Nuri qui décide alors de partir pour rejoindre l'Angleterre. Mais sa femme repousse le plus longtemps possible le moment fatidique de l'exil. On comprendra pourquoi au fil du récit.
  • "La carte du souvenir et de l'espoir" de Jennifer Zeynab Joukhadar : Été 2011. Lorsque le père de Nour est emporté par un cancer, sa mère décide qu'il est temps pour elle et ses filles de quitter New York et de rejoindre leur famille en Syrie. Mais bientôt, la guerre éclate en Syrie et les bombes pleuvent sur Homs. Pour Nour et sa famille, un choix s'impose : rester affronter la violence ou s'enfuir et traverser les sept mêmes pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord qu'ont sillonnés, neuf cents ans plus tôt, les cartographes que Nour admire tant. Et c'est dans la merveilleuse histoire de Rawiya que Nour va puiser force et courage.
. Sitweb:
  • Amnesty international :
https://www.amnesty.org/en/location/middle-east-and-north-africa/syria/report-syria/ Films:
  • "L'Autre côté de l'espoir" (The other side of hope) - 2017 : Khaled, un jeune Syrien, débarque sur le sol finlandais un peu par accident. Il se rend dans un poste de police pour y faire officiellement une demande d'asile qui lui est refusée. Khaled trouve alors refuge dans un local à poubelles, et croise le chemin de Wikström, un Finlandais en pleine crise de la cinquantaine.
Documentaires:
  • "Pour Sama" (2019) : Syrie, décembre 2016. Waad al-Kateab fait partie des derniers survivants avant que la ville ne tombe aux mains des forces de Bachar al-Assad. Elle est connue sur Internet pour ses reportages déchirants sur la situation en Syrie.
  • "Né en Syrie" (2016) : Ce documentaire intime suit un groupe d'enfants syriens réfugiés qui échappent de justesse à une vie de tourments et s'intègrent dans un pays étranger.
  • "The cave" (2019) : Ce film documentaire syro-danois, réalisé par Firas Fayyad montre une zone d'opposition assiégée durant la guerre civile syrienne. Le film suit le docteur Amani Ballour, une jeune femme médecin à Douma, dans la Ghouta, qui dirige un hôpital de fortune dans des souterrains.
Podcasts:
  • https://www.wvi.org/syria-crisis-response/Syria10/podcast-syrias-lost-generation
  • https://player.fm/series/what-happened-to-syria
GLOSSARY:
  1. Islamiste: personne qui professe le fondamentalisme musulman ou qui en est membre. Le fondamentalisme musulman est un mouvement politique qui cherche à implanter l'islam dans tous les pays musulmans de manière rigide et en utilisant la force et la violence, si nécessaire.
  2. Groupes djihadistes : groupe de fondamentalistes musulmans qui défendent la lutte armée à des fins religieuses et conçoivent le djihad comme une guerre sainte.
  3. EI : l'acronyme désigne l'État islamique. Il s'agit d'un groupe terroriste de nature fondamentaliste et djihadiste qui suit une doctrine radicale de l'islam sunnite. Il est apparu en Irak en réponse à l'invasion de ce pays. Afin d'appliquer la charia (loi islamique basée sur les règles fondamentales du Coran), ils violent les droits de l'homme, exécutant des personnes, procédant à des nettoyages ethniques.
  4. Kurdistan: c'est une vaste région appartenant aux pays du Moyen-Orient, principalement la Turquie, l'Iran, l'Irak, la Syrie et, dans une moindre mesure, l'Arménie. Cette région ne correspond pas à un seul pays. Ils parlent le kurde, mais il existe de nombreuses variantes selon leur pays d'origine. Dans certains pays, comme en Turquie, ils ont été brutalement réprimés à certains moments de leur histoire. Ils revendiquent un territoire autonome indépendant des pays dans lesquels ils résident.
  5. ONU : les Nations Unies sont la plus grande organisation internationale existante, dont le but est de maintenir la paix et la sécurité. L'objectif est d'unir les gouvernements du monde entier pour mobiliser leurs efforts afin d'atteindre les objectifs des droits de l'homme.
  6. UNICEF : le Fonds des Nations unies pour l'enfance est une agence des Nations unies qui œuvre en faveur des enfants et des adolescents les plus défavorisés du monde, en leur fournissant notamment des vaccins, de la nourriture, de l'eau potable et une éducation.
  7. PIB : Le produit intérieur brut est le total des biens et des services produits dans un pays sur une période donnée, généralement un an.
  8. HCR : le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés est une agence de l'ONU, dont le but est d'assurer le respect et la protection internationale des réfugiés et des demandeurs d'asile.

AFGHANISTAN Selon les données du HCR1, 31 227 personnes originaires de Somalie ont fui en 2021 et ont demandé l'asile dans d'autres pays.

IRAN L'Iran, ancienne Perse, l'une des plus anciennes civilisations du monde encore existante, connaît une période de rébellions au sein de laquelle le gouvernement se montre particulièrement violent et cruel : condamnations à mort des manifestants et restriction de nombreuses libertés fondamentales. APPROCHE HISTORIQUE : Avant la révolution islamique de 1979 : Avant la Révolution islamique iranienne de 1979, qui va renverser la monarchie et changer le cours du pays, l'Iran était dirigé par le Shah Mohammed Reza Pahlavi, dont les réformes visaient à occidentaliser le pays. Néanmoins, la corruption et la suppression des libertés individuelles ont fini par exaspérer les secteurs communistes et religieux de la nation. Pendant la période du Shah, l'économie et les possibilités d'éducation se sont développées, même pour les femmes : elles ont été encouragées et motivées à étudier, ce qui a amené de nombreuses familles conservatrices et rurales à autoriser leurs filles à étudier en dehors de la ville. En outre, les écoles n'étaient pas séparées par sexe : garçons et filles étudiaient ensemble. Les femmes pouvaient également assister à des manifestations sportives et rencontrer leurs amis et leur famille, quel que soit leur sexe. La tenue vestimentaire des femmes était libre, certaines portant le hijab et d'autres préférant opter pour le style occidental. Il n'y avait pas de code vestimentaire les obligeant à porter le voile et des vêtements modestes. On trouvait également des discothèques et des lieux de divertissement et chacun pouvait fréquenter qui il voulait. Pendant la fameuse Révolution blanche1, en 1963, les femmes ont obtenu le droit de vote et les mêmes droits politiques que les hommes. Malgré cela, elles n'ont pas bénéficié d'une représentation politique aussi importante que celle de leurs homologues masculins, et elles n'ont pas cessé de jouer les rôles traditionnels. La loi sur la "protection de la famille" a fait passer l'âge minimum du mariage pour les filles de 13 à 18 ans, et a donné aux femmes plus de poids pour demander le divorce. Elle a également interdit la polygamie, les hommes ne pouvaient avoir qu'une seule femme. Le Shah, en tant que dirigeant autocratique, était également un progressiste et s'engageait en faveur de la sécularisation. Cependant, sous son règne les libertés politiques ont été restreintes par des mesures autoritaires : les partis d'opposition ont été marginalisés ou interdits, les manifestations sociales ont souvent été censurées, des arrestations illégales ont eu lieu et les opposants au régime ont été torturés. Tout cela constituait un problème majeur qui a conduit différents milieux - communistes, libéraux et religieux - à faire une révolution pour parvenir à une véritable démocratie. Après la révolution islamique de 1979 : Le successeur du Shah, l'Ayatollah2 Ruhollah Khomeini, a remplacé le régime autoritaire par un régime autoritaire religieux. Lui et ses successeurs ont apporté de nombreux changements au pays. Ils ont décrété que toutes les femmes devaient porter le voile et ne pouvaient porter ce qu'elles souhaitaient que derrière des portes fermées. Ils ont également interdit la présence des femmes dans les stades de sport où les joueurs sont des hommes. La Constitution a été modifiée afin de souligner que la plus haute autorité est Dieu et qu'il sera représenté par le chef religieux suprême. Ils ont en échange promis la justice, la liberté et la démocratie, ainsi que l'indépendance de la tutelle des grandes puissances, notamment des États-Unis. Durant les années qui ont suivi la révolution, on a observé une diminution significative de la pauvreté : la révolution a cherché à éliminer les différences entre les zones rurales et urbaines. Cependant, l'incapacité du gouvernement à créer des emplois est devenue notoire, considérant que le marché du travail iranien ne peut absorber autant de diplômés qu'il y en a dans le pays. De nombreux Iraniens ont souffert et souffrent encore de la précarité socio-économique. D'autre part, il convient de noter que les politiques favorisent ceux qui sont fidèles au régime du fait de la corruption, de la mauvaise gestion et du copinage encore très ancrés. La Révolution n'a par ailleurs pas changé le caractère de classe de la société iranienne, ce qui a pu amener à parler d'une révolution sans changement dans laquelle la couronne du Shah a seulement été remplacée par le turban des mollahs3. LA SITUATION ACTUELLE : La société iranienne se sent frustrée et en colère depuis de nombreuses années, en particulier les jeunes, qui veulent un avenir sûr et un emploi décent, ainsi que le désir de vivre leur jeunesse sans les pressions religieuses et morales de la société. Sont nommés et développés ci-après certains points qui préoccupent la société iranienne et qui, à leur tour, portent atteinte aux droits de l'homme ou répriment les libertés individuelles. Police de la moralité : C'est un système de surveillance chargé de s'assurer du respect par la population des interprétations strictes de la moralité islamique. Gasht-e Ershad est aujourd'hui la principale agence chargée de cette tâche. Les agents arrêtent les femmes qui portent le hijab de manière incorrecte ou pas du tout, les femmes qui montrent trop de cheveux, et les femmes qui portent des vêtements moulants ou un maquillage excessif. Lorsqu'une femme est arrêtée pour avoir enfreint certaines règles, elle peut se voir infliger une amende, être emprisonnée ou subir des violences physiques. "Quand j'étais adolescente en Iran, la police morale m'a arrêtée parce que j'étais dans une pizzeria avec un groupe d'amis" (BBC, 2022). Liberté d'expression, d'association et de réunion : L'Iran se classe au 178e rang sur 180 des pays respectant la liberté d'expression, devenant donc à contrario un des pays les plus répressifs à l'égard de la presse, emprisonnant des journalistes et interdisant des publications (Reporters sans frontières). Les autorités ont ainsi interdit de nombreux partis politiques, censuré à nombreuses reprises des médias, dispersé des manifestations pacifique par la violence, coupé internet pour dissimuler les violations des droits humains commises par les forces de sécurité… En outre, les autorités ont également ajouté Signal à certains réseaux sociaux pour surveiller les publications dans certaines villes et arrêter leur auteurs si cela est jugé nécessaire. Torture et mauvais traitements : Les autorités et les procureurs torturent fréquemment les prisonniers lors des interrogatoires. Les conditions de détention sont également inhumaines et les prisons sont largement surpeuplées. En 2021, de nombreux détenus sont morts des suites de coups, de flagellation, de cécité, d'amputation et de lapidation. Discrimination à l'égard des femmes et des filles : Le manque de protection juridique des femme est évident. Elles pâtissent d'une mise à l'écart dans la législation, en matière de mariage, de divorce, d'emploi, d'héritage et d'exercice de fonctions politiques. De même, le mariage des enfants est toujours à l'ordre du jour : entre mars 2020 et mars 2021, 31 379 mariages de filles âgées de 10 à 14 ans ont été enregistrés (Amnesty International). Discrimination à l'encontre des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI) : L'homosexualité est considérée comme une perversion, une maladie, et est reprimée par le biais de méthodes violentes, notamment celle de la thérapie de conversion, qui consiste en des procédures visant à modifier l'orientation sexuelle d'une personne. Une autre des méthode utilisée pour reprimer l'homosexualité consiste à tuer les personnes homosexuelles. Discrimination à l'encontre des minorités ethniques : Certaines communautés telles que les communautés arabe ahwazi, turque azerbaïdjanaise, baloutche, kurde et turkmène souffrent de restrictions dans l'accès à l'éducation, à l'emploi et aux postes politiques. Dans le même ordre d'idées, les condamnations à mort et les arrestations arbitraires sur la base d'accusations telles que l'inimitié envers Dieu, sont connues pour être plus fréquentes parmi les minorités ethniques, notamment envers les Kurdes4. Discrimination à l'encontre des minorités religieuses : Les minorités religieuses souffrent d'exclusion, dans la loi comme dans la pratique, dans l'éducation, l'emploi et l'adoption, entre autres. De même, elles sont sujets à la torture et à de mauvais traitements pour avoir pratiqué leur foi. Ces dernières années, le gouvernement a restreint la liberté de religion en introduisant dans le code pénal une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans d'emprisonnement ou une amende pour avoir insulté des Iraniens de souche, des religions de révélation divine ou des croyances islamiques ou pour s'être livré à des activités [...] en contradiction avec l'islam (Amnestia International, 2021). La peine de mort : Ces dernières années, de nombreuses personnes n'ayant pas commis de crimes graves reconnus au niveau international, tels que le trafic de drogue et la corruption, ont été condamnées à mort, même des manifestants ont été punis par cette mesure. Assassinat de Mahsa Amini (2022) : Le 16 septembre, Mahsa Amini, une jeune kurde de 22 ans, meurt à l'hôpital des suites de coups portés par la police morale après avoir été arrêtée pour ne pas avoir correctement couvert ses cheveux avec son voile. De leur côté, les autorités nient que les faits se soient déroulés de cette manière, mais affirment que la jeune femme est décédée d'un arrêt cardiaque. Les parents nient que Mahsa était malade. Cette situation a déclenché une vague de manifestations dans tout le pays au cours desquelles de nombreux manifestants ont été arrêtés et plusieurs ont même été condamnés à mort. Il est déjà connu que le gouvernement iranien a procédé à certaines de ces exécutions publiquement pour répandre la peur, en justifiant que les condamnés à mort ont tué des membres des autorités. En plus de ces mesures drastiques, l'accès à Internet a également été restreint pour empêcher les citoyens de partager avec le reste du monde ce qui se passe. Les manifestations sont un signe du besoin de changement dans le pays, un pays qui respecte les droits des femmes et des minorités ethniques. Le slogan le plus souvent entendu ces jours-ci est "Femme. Vie. Liberté." PERSONNES DÉPLACÉES Selon le HCR, en 2021, 20 575 Iraniens ont fui et demandé l'asile dans d'autres pays, soit 0,23 % de la population totale. Les pays de destination les plus fréquents étaient le Royaume-Uni, l'Allemagne et le Canada et, les demandeurs d'asile qui ont le ont obtenus les plus de réponses positives sont ceux d'Irak et d'Azerbaïdjan (World Data). Les Afghans en Iran : Un grand nombre de réfugiés afghans vivent en Iran, ce, même si la route pour traverser la frontière est très dangereuse. Ils sont en effet exposés à une violente répression par l'Iran, les autorités ayant la permission d'ouvrir le feu contre eux. S'ils parviennent à pénêtrer dans le pays, ils sont souvent détenus et soumis à la torture et aux mauvais traitements. Ceux qui parviennent à s'installer, vivent sans papiers et/ou dans des conditions précaires ; de nombreux enfants sont contraints de travailler et l'accès à l'éducation est limité. Depuis 2021, environ 65% des demandeurs d'asile afghans ont été expulsés vers l'Afghanistan. POUR PLUS D'INFORMATIONS Livres : GLOSSAIRE

  1. Révolution blanche : consiste en une série de réformes menées par le Shah pour moderniser le pays. Son nom est dû à l'intention du dirigeant d'empêcher une révolution rouge, avec du sang. Parmi ces réformes, nous pouvons citer : l'instauration d'un contrôle strict des institutions religieuses et la mise en forme d'une réforme agraire. Cette dernière n'a pas eu beaucoup de succès car elle a fait perdre au régime le soutien des grands propriétaires terriens.
  2. Ayatollah : signifie littéralement signe de Dieu et est le titre de l'une des plus hautes autorités religieuses parmi les chiites islamiques -une branche de l'islam-.
  3. Mullah : il s'agit du titre désignant les prêtres islamiques chiites.
  4. Kurdistan : ce terme désigne une vaste région appartenant aux pays du Moyen-Orient, principalement la Turquie, l'Iran, l'Irak, la Syrie et, dans une moindre mesure, l'Arménie. Cette région ne correspond pas à un seul pays. Ils parlent le kurde, mais il existe de nombreuses variantes selon leur pays d'origine. Dans certains pays, comme en Turquie, ils ont été brutalement réprimés à certains moments de leur histoire. Ils revendiquent un territoire autonome indépendant des pays dans lesquels ils résident.

PRÉSENTATION DU PROJET Saviez-vous qu'au Venezuela, les défenseurs des droits de l'homme sont accusés de terrorisme, d'incitation à la haine et de trahison ? Saviez-vous que 80 % des réfugiés somaliens ne vivent pas en Europe mais dans des pays voisins d'Afrique, tout aussi instables ? Saviez-vous que de nombreux Palestiniens de Cisjordanie vivent dans la crainte constante de voir leur maison démolie ? Saviez-vous qu'au Pakistan, la chaleur insupportable due au changement climatique aggrave encore le quotidien des femmes ? Saviez-vous que 6 demandes d'asile sur 10 demandées par des Syriens ont été refusées en Europe en 2020 ? Saviez-vous qu'en Iran, les personnes homosexuelles sont contraintes de modifier leur orientation sexuelle par des thérapies de conversion "médicales" ? Nous sommes Alessandra (27 ans), Maewenn (21 ans) et Gisela (28 ans), venant respectivement d'Italie, de France et d'Espagne. Nous nous sommes retrouvées à Ioannina (Grèce) pour vivre une belle expérience avec des demandeurs d'asiles mineurs non accompagnés. Notre travail consiste à rendre un peu plus agréable le voyage qu'ils ont entrepris, et c'est pourquoi nous nous rendons chaque jour dans l'établissement où ils sont accueillis. Nos journées sont pleines d'émotions et d'apprentissage : nous apprenons de chaque personne que nous rencontrons. C'est pourquoi nous avons décidé d'étudier et de nous informer sur la situation des pays d'où viennent ces jeunes qui nous font bouger chaque jour et qui nous donnent de leur temps. Nous voulions comprendre les raisons de certains regards tristes, de leur générosité, remonter à l'origine de tout ; et nous voulions aussi nous comprendre nous-mêmes : nos sentiments, nos inquiétudes et nos pensées lorsque nous sommes en contact avec eux. Après plusieurs semaines de recherches, d'échanges et de lectures, nous avons décidé de rassembler toutes les informations que nous avons trouvées afin de les partager, sous le format d'une carte intéractive. Notre principal objectif en réalisant cette carte était de mettre en lumière toutes ces crises, et notamment celles qui sont dans l'ombre. Si comme nous vous êtes intéressés par les raisons qui ont poussé tous ces réfugiés et demandeurs d'asile à quitter leur pays, leur famille et leurs amis pour entamer ce périlleux voyage vers une vie meilleure, voici notre carte interactive. PS : Ce projet est en cours, nous ajouterons de nouveaux pays.