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Le défi des 12 chants

Proposition pédagogique du groupe "Chantons". Tous les mois un chant, ses paroles, un audio, des explis et autres outils sont diffusés à l'ensemble de l'association dans le but de redynamiser la pratique du chant

Les explis

2. DECEMBRE : L'arbre est dans ses feuilles

  1. NOVEMBRE : Je suis fils

3. JANVIER: Soeurs de tous rivages

4. FEVRIER: C'est une autre nuit

5. MARS:

6. AVRIL: Dernier voyage

7. MAI : Entendez-vous dans le feu

12. Octobre : Le canon de la paix

Outils édité par la groupe "Chantons" des Éclaireuses et Éclaireurs de France, association de scoutisme laïque et d'éducation populaire depuis 1911

Passer la souris sur les balises pour avoir des indications sur le texte. Les logos ou/et couleurs correspondent à l'accessibilité des informations selon les branches : Toustes Certaines Lutins / lutines / Luteines Louveteaux / louvettes / louveteaules Eclés/ éclètes Aînés / Aînétes Respos/Response Attention : parfois la fenêtre s'affiche en bas de l'écran, il faut faire défiler.

Je suis fils de marin qui traversa la merJe suis fils de soldat qui déteste la guerreJe suis fils de forçat , criminel évadéEt fils de fille du Roy, trop pauvre à marierFils de coureur des bois et de contrebandierEnfant des sept nations et fils d’aventurierMétis et sang-mêlé bien qu’on me l’ait cachéC’était sujet de honte , j’en ferai ma fiertéJe suis fils d’Irlandais , poussé par la famineJe suis fils d’Écossais venu crever en usineDès l’âge de huit ans , seize heures sur les machinesMais dieu sait que jamais je n’ai courbé l’échineNon, je suis resté droit, là devant les patronsMême le jour où ils ont passé la conscriptionJe suis fils de paysan, et fils d’ouvrierJe ne prends pas les armes contre d’autres affamésCe n’était pas ma guerre, alors j’ai désertéJ’ai fui dans les forêts et je m’y suis cachéRefusant de servir de chair à canonRefusant de mourir au loin pour la nationUne nation qui ne fut jamais vraiment la mienneUne alliance forcée de misère et de peineCelle du génocide des premières nationsCelle de l’esclavage et des déportationsJe n’aime pas le lys , je n’aime pas la croixUne est pour les curés, et l’autre est pour les roisSi j’aime mon pays, la terre qui m’a vu naîtreJe ne veux pas de dieu, je ne veux pas de maîtreJe ne veux pas de dieu, je ne veux pas de maître

Je suis fils

Le défi des 12 chants

Novembre

Dès le Moyen-âge (Xe siècle), un peu avant la construction des châteaux forts en Europe, des marins de différents peuples traversent l'Océan Atlantique et arrivent en Amérique du Nord. Il s'agit des vikings, des normands, des basques puis un peu plus tard des Irlandais. Cependant des peuples habitent déjà ce continent depuis la préhistoire. Il s'agit des tribus amérindiennes. Au XVIe siècle à une époque où les européens arrivent à construire des bateaux plus rapides et plus solides et qu'ils apprennent à s'orienter en pleine mer des français viennent fonder la nouvelle France. Les anglais viennent ensuite coloniser aussi l'Amérique du Nord. Le Québec, le territoire dont parle la chanson est une partie de cette colonie et plus tard un état de l'actuel Canada fondé lui par les anglais.

La guerre est présente sur le sol canadien durant 4 siècles. Dès les premières expéditions, les français qui débarquent dans le nord Américain font la guerre aux tribus amérindiennes. Ensuite de nombreuses guerres opposent les soldats français aux soldats britanniques. En effet ces deux pays souhaitent conquérir les mêmes terres.

Les forçats ou bagnards sont des hommes ou des femmes condamnés en France ou au Royaume-uni et qui sont envoyés dans des bagnes où iels sont obligés des travailler. Ces personnes sont majoritairement des gens pauvres qui n'ont d'autre choix que de voler pour survivre en Europe. Beaucoup d'entre eules ont aussi critiqué les rois et les reines français et britanniques et sont éloignés de leur pays pour que leur idées ne se diffusent pas dans la population.

Les "filles du roy" ne sont pas réellement les enfantes du roi de France. Ce sont des filles pauvres souvent orphelines qui sont envoyées de France vers le Québec pour épouser des soldats afin de peupler l'Amérique du Nord d'enfants d'origine européenne. Le roi Louis XIV leur promet une somme d'argent, la dot, en échange de leur mariage. Cet argent ne leur est pas destiné directement mais à leur mari. Le premier intendant de la Nouvelle-France, Jean Talon (XVIIe siècle) a le souci de développer cette colonie Française. Pour accroître les ressources économiques et garantir à la France une domination perenne ces terres face à d'autres puissances européennes, il s'affaire à favoriser le peuplement de la colonie. Au départ seul des marins et des soldats célibataires s'installent au Québec. Colbert et Louis XIV lance un programme de recrutement de filles à marier à ces hommes. La plupart sont orphelines et recrutées par le clergé dans les lieux où on enferme les misérables comme la Salpêtrière à Paris. On les dit "filles du Roy" car Louis XIV les dote avant de les envoyer sur les bateaux qui les conduisent se marier de l'autre côté de l'Atlantique de grès où de force aux soldats qui acceptent de rester s'installer au Québec. Certaines d'entre elles sont protestantes et ont droit à une conversion forcée au catholicisme avant d'être arrachée à la France.

Métis ou sang mêlé signifie ici une personne dont un parent est d'origine européenne et l'autre d'origine amérindienne. Dans la plus part des cas c'est le père qui est européen. Les enfants métis sont victimes de discriminations et mis à l'écart. Depuis 1982, iels sont reconnues comme étant le 3e peuple du Canada

Les coureurs des bois vont dans les forêt faire du commerce de fourrures animales avec les amérindiens. Ils font cette activité sans permis et sont pourchassés par les hommes du roi. Après l'installation des français sur les terres d'Amérique du Nord, des hommes sillonnent les forêts en s'enfonçant toujours un peu plus à l'ouest pour chasser des bêtes sauvages et faire du commerce de la fourrure (pelleterie). Ces coureurs des bois n'ont pas de permis et travaillent illégalement. C'est un groupe social d'origine très modeste. Très vite ils font du troc avec les peuples autochtones. Les amérindiens leur livrent de la fourrure contre des objets d'artisanat européens. Beaucoup apprennent les langues des premières nations et jouent parfois le rôle d'interprètes. Leur proximité avec les autochtones, leur insoumissions aux règles royales et leurs origines modestes leur donne une image de marginaux. L'expression "coureurs des bois" est restée péjorative en français québécois. Se revendiquer comme "fils de coureurs des bois" signifie se déclarer contre la monarchie toujours en place au XXIe siècle et s'affirmer d'égal à égal avec les descendants des premières nations et non plus dans des rapports de colons/indigènes.

Longtemps le Québec s'est construit avec l'idée qu'il est composé de deux peuples, les européens et les autochtones. Les métis issus des unions entre les coureurs des bois, les commerçants de fourrures et des femmes autochtones sont niés par la société Québécoise. C'est seulement en 1982 qu'une loi les identifie comme le 3e peuple du Canada. Mais il faut attendre les années 2000 pour que leur statut ne soit pas limité à un quota sanguin mais à une vraie culture. C'est un parti pris de l'auteur de se revendiquer des 3 peuples. Cette position est finalement très moderne et montre la volonté de reconnaître toutes les habitantes et tous les habitants des terres d'Amérique du Nord.

Au XIXe siècle la famine frappe l'Irlande et beaucoup d'entre eules migrent vers le Canada. Ce sont des familles très pauvres qui s'y installent car le trajet coûte moins cher que celui vers les Etats-Unis. Au Québec iels sont très mal accueillies car les francophones ont peur de perdre leur identité culturelle. Aujourd'hui, leurs descendantes et descendants représentent 13% de la population canadienne.

Les Écossais s'installent aussi en Nouvelle-France au départ beaucoup sont des soldats employés comme mercenaires. Ensuite au XVIIIe siècle quelques commerçants écossais font fortune au Canada et font venir leur compatriotes pour travailler dans leurs usines dans des conditions désastreuses.

A partir du XIXe siècle beaucoup d'enfants travaillent dans les usines car l'école n'est pas obligatoire et le travail n'est pas règlementé. Ce sont le plus souvent les enfants issus de l'immigration et des familles autochtones qui sont obligés de travailler car ils sont plus pauvres que le reste de la société québécoise. Le Québec est l'un des derniers états du Canada à rendre le scolarité obligatoire en 1943 (1882 pour la France).

L'auteur utilise l'expression "Dieu sait" mais revendique son athéisme dans le dernier couplet. Cette usage est une persistance linguistique de l'imprégnation de la culture religieuse dans les langues des religions du Livre comme le français ou l'arabe. Il ne signifie pas l'adhésion à une croyance mais une habitude culturelle qui n'est pas questionnée y compris par un chanteur ouvertement athée.

Durant la première guerre mondiale, le Canada envoie des soldats en Europe de l'autre côté de l'Atlantique pour combattre au côté des français et des britanniques. Le pays n'ayant pas assez de volontaires fait passer en 1917 une loi pour mettre en place la conscription. C'est à dire le départ forcé de jeunes hommes à la guerre. Au Québec des manifestions ont lieu contre cette loi pour refuser le départ des hommes à la guerre. Certains hommes fuient et 4 manifestants sont tués. En 1944, durant la seconde mondiale une autre loi sur la conscription est votée et provoque le même rejet au Québec. En 1917, les québécois francophones rejettent la conscription pour plusieurs raisons. D'abord l'armée canadienne refuse la création de bataillons exclusivement francophones Ensuite les québécois refusent cette guerre qui pour eux ne sert que les intérêts de l'impérialisme britannique.

Ici l'auteur fait de nouveau référence aux crises de la conscription. En effet en 1917, 18 827 conscrits partent se cacher dans les forêts pour déserter c'est à dire fuir l'obligation de faire la guerre.

La croix blanche du drapeau québécois ou fleurdélisé est le symbole du christianisme. Si l'auteur dit ne pas aimer la croix cela signifie qu'il dénonce les crimes commis au nom de la religion ou par les gens d’Église directement dans les terres d'Amérique du Nord. C'est aussi une façon de montrer que tous les habitants et habitantes ne sont pas chrétiens dans cette partie du monde.

Génocide signifie massacrer un population en raison son origine ethnique ou religieuse de manière systématique, c'est à dire que personne dans cette population n'est à l'abri et en organisant, préparant ce massacre. Ce mot est inventé après la seconde guerre mondiale. Au Canada 90% des autochtones ou premières nations ont disparu depuis l'arrivée des européens. Beaucoup n'ont pas supportés les maladies telles que la grippe transmise par les français et les britanniques. Cependant on utilise tout de même le mot génocide parce que parfois ces maladies ont été introduites de manière volontaires dans les réserves autochtones et beaucoup de massacres ont eu lieu. Bien souvent les européens ont voulu faire disparaitre ces populations pour prendre leurs terres et coloniser l'Amérique du Nord. Le terme génocide fait débat au Canada car la majorité des morts sont dus au choc microbiens et donc pas par le résultats d'un massacre systématique et programmé. Cependant notons que l'inventeur du mot génocide, l'autrichien Raphël Lemkin lui même nie la nécessité de l'intention pour considérer qu'un nombre massif de morts est un génocide. Pour lui la colonisation est fondamentalement génocidaire. C'est la définition retenue par l'Onu en 1948 qui est plus restrictive. Beaucoup de chercheurs défendent aussi la reconnaissance de l'ethnocide ou génocide culturel. C'est à dire qu'un peuple peut continuer d'avoir des individus mais que s'ils n'ont plus accès à leur identité et à leurs modes de vie, la communauté se dissout dans un autre peuple et c'est aussi une forme de génocide.

Durant la première guerre mondiale plus de 400 000 canadiens traversent l'Atlantique pour combattre en Europe. C'est un chiffre important pour un pays de 7 millions d'habitants. Beaucoup d'entre eux sont des amérindiens. 1 soldat canadien sur 10 meurt sur le front européen. Un grand nombre y est encore enterré. C'est un traumatisme pour une population qui ne voit pas d'intérêt dans cette guerre. Autant meurent en Europe durant la seconde guerre mondiale (1939-1945). 6000 canadiens débarquent en France sur les plages de Normandie le 6 juin 1944 pour libérer l'Europe. 1 sur 6 y perd la vie.

"alliance forcée" signifie que la majorité des québécois n'ont pas choisi la création de cet état et ni le fait d'être regroupés dans un même pays. Les autochtones ont été colonisés, la majorité des autres sont des immigrés poussés dans cette zone par la misère ou déplacés de force comme les bagnards.

Les européens après avoir découvert de nouvelles terres en Amérique ont acheté des esclaves en Afrique (personnes capturées de force) pour les faire travailler dans les colonies en les privant de leur liberté. Aucun de ces bateaux d'esclaves n'a été envoyé au Canada mais certaines de ces personnes ont été déplacées des colonies américaines vers le Canada pour être domestiques ou ouvriers agricoles. En revanche beaucoup d'amérindiens ont été réduits en esclavage par les français et les anglais.

La déportation est le déplacement forcé d’une population. Il existe deux cas de déportation au Canada. D’abord les tribus amérindiennes qui sont chassées de leur terres pour être parquées dans des réserves. Ensuite les acadiens qui sont des francophones et qui sont chassés quand les britanniques prennent le pouvoir en Canada et ils sont déportés vers des régions francophones comme le Québec. On appelle cette épisode du XVIIIe siècle le "grand dérangement".

Fleur de Lys Le drapeau québécois est récent, il date de 1948 et s'appelle le fleurdelisé. La fleur de Lys est le symbole des rois de France. En 1948 et encore aujourd'hui, ils ne sont plus au pouvoir ni France ni au Canada. Malgré tout cette emblème a été choisi car il montre l'attachement à la langue française dans un pays qui parle en majorité anglais. Ici l'auteur dénonce tous les crimes commis au nom du roi de France. Un symbole monarchiste français dans un pays qui est encore une monarchie britannique (le souverain du Canada est Charles III, le roi d'Angleterre et du Commonwealth) c'est plutôt incongru. Quand l'auteur le rejette c'est n'est pas seulement la monarchie française qui n'existe plus depuis 1848 qui est remise en cause mais bien la monarchie Britannique et donc canadienne. Beaucoup de Québécois comme l'auteur défendent un changement de régime et la mise en place d'une République.

Les Sept nations ou sept feux sont des clans amérindiens qui vivaient en Amérique du Nord avant les français et qui après leur arrivée sont parqués dans des réserves. Ces clans sont alliés aux Français dans les guerres qui les opposent à d'autres européens durant plusieurs siècles. L'auteur n'est pas issu d'une famille amérindienne mais il se dit fils des sept nations, ce quI signifie que tous les peuples du Québec qu'ils soient européens ou non sont sur un pied d'égalité et qu'ils sont tous acteurs de l'histoire de ce pays. Les premières nations désignent les peuples qui vivent en Amérique du Nord depuis la préhistoire. Cela vient remplacer le mot "indiens" qui est encore légal. Le terme indien est inexact et vient du fait que les premières expéditions d'explorateurs dans le continent Américains pensent en partant d'Europe trouver une route pour les Indes. Le choix de l'auteur d'utiliSer le terme de premières nations est une marque de respect pour les peuples autochtones.

Chant écrit par Xavier Pétermann du groupe québécois Corrigan fest (dissout en 2012). Ce texte évoque la naissance du Québec (région francophone de l'actuel Canada) et porte un regard critique sur elle-ci, notamment sur les guerres qu'elle a engendrées. La musique est d'inspiration celtique.

Dans notre projet éducatif nous prônons l'éducation à la paix, les paroles de ce chant sont ouvertement pacifistes. C'est l'occasion d'ouvrir un débat sur le fondement des guerres adapté à chaque branche. Diffuser cette chanson c'est aussi affirmer une vision de l'histoire globale qui prend en compte tous les peuples et qui sort donc des représentations européocentrées. Pour finir, il y a une logique à affirmer la fraternité scoute et transmettre des chants qui décrivent les différentes immigrations comme des pierres à l'édifice, constitutives d'un peuple et non comme des sources de problèmes.

Le défi des 12 chants

Décembre

L'arbre est dans ses feuilles

Une chanson à récapitulation ou accumulation est une chanson où la structure des couplets est modifiée par additions successives, de telle façon que chaque vers soit plus long que le précédent. On retrouve ce type de chansons dans les comptines enfantines de toutes les cultures de l'Europe et du Moyen-Orient. Exemples : Alouette, La foire de l'Ouest

Cette chanson est composée en 1978 par Zachary Richard, un chanteur, compositeur, musicien et producteur Etats-unien né en Louisiane dans la communauté Cajun. Les cajuns ou cadiens sont francophones, unilingues jusqu'à la fin du XIXe siècle. Dans les premières années de sa carrière, il est amené à s'installer en France et au Québec pour trouver un public francophone réceptif à sa musique mêlant tradition cajun et pop américaine. Zachary Richard milite dans des associations de défense de la culture cajun, Il est également connu pour être un militant écologiste

Le chanteur est originaire de la Louisiane, c'est l'un des États des États-Unis. Ce territoire est habité par pas moins d'une dizaine de nations amérindiennes depuis la préhistoire. L'explorateur français Cavalier de la Salle remonte le détroit du Mississippi (très grand fleuve américain) au XVIIe siècle et donne le nom de Louisiane à la colonie qui y est fondée au non du roi de France Louis XIV. La région se peuple assez rapidement de français. Cette colonie est vendue au États-Unis par Napoléon Ier au États-Unis en 1803 pour 15 millions de Dollars sans accord de l'assemblée nationale. Ce qui signifie que la vente n'est pas légale. La Louisiane est un État esclavagiste, c'est à dire que son économie repose depuis l'arrivée des européens et des européennes sur l'exploitation d'esclaves déportés.ées d'Afrique pour travailler dans les plantations. Les États du Sud des États-Unis comme la Louisiane refuse d'abandonner ce système ce qui provoque une guerre civile entre états américains de 1661 à 1865. Aujourd'hui dans cet État l'avortement ( c'est à dire le droit de choisir de continuer ou pas une grossesse quand on est enceinte ou enceint) est interdit et la peine de mort autorisée (28 exécutions depuis 1983, 70 personnes attendent encore leur mise à mort)

Zachary Richard est d'origine cadienne. C'est la population francophone ( elle parle français) de la Louisiane dont certaines familles sont présentes depuis les installations des premiers français en Amérique. Souvent cette population est désignée par le mot cajun. Ce mot est anglais et péjoratif ( peu flatteur). Beaucoup des ancêtres de cette population sont des Acadiens. Ils et elles vivaient en Acadie dans l'actuel au Nord de la Nouvelle France dans l'actuel Canada. Après que les britanniques prennent possessions du Canada cette population a été déportée vers la Louisiane, d'autres colonies anglaises d'Amérique et en Europe ( C'est à dire déplacés de force) au XVIIIe et XIXe siècle. Plus de la moitié meurent lors de la première déportation. Cette déportation est liée au fait que les britanniques les considèrent comme indésirables car ils et elles sont francophones et catholiques contrairement aux Britanniques qui veulent fonder un empire colonial anglophone ( qui parle anglais) et protestant. C'est l'un des premiers grand déménagement dramatique de population ( nettoyage ethnique). Ce drame n'est pas reconnu aujourd'hui ni par le Canada ni par les britanniques qui appelle cet épisode "le great dérangement" ce qui signifie le "génial dérangement" Il existe comme pour tous les génocides ou nettoyages ethniques des mouvements négationnistes qui dénoncent l'existence même de cette déportation. L'anglais est la langue officielle de la Louisiane, comme les langues amérindiennes, le français est menacé dans cet État. Lorsque la Louisiane est intégrée aux États-Unis au début du XIXe siècle, l'anglais devient la seule langue officielle. Cependant longtemps les anglophones apprennent le français car elle est la langue la plus parlée. Mais peu à peu la langue anglaise domine dans l’État. Les grands parents de l'auteur (né en 1950) font partie de la dernière génération de personnes ne parlant que le français. En Louisiane les cadiens ne sont pas les seuls francophones, il existe une population parlant le français et tout aussi nombreuse : les créoles ( pour la plus part descendants et descendantes d'esclaves africains et africaines employées dans les plantations des colons français). Le français créole de la Louisiane est plus proche du français de France que le français cadien. Les années 70 sont une décennie où, dans les pays occidentaux, les mouvements de défense des minorités culturelles prennent de l'ampleur. Les langues dominées comme le cadien, le québecois, le breton, le créole, l'occitan, le gaélique... sont mises en lumière par des associations de collectage, des groupes de musique, des auteurices... Ces mouvements culturels sont portés par des courants politiques parfois nationalistes, parfois internationalistes. Des mouvements de déconstruction des rapports de domination aux groupes identitaires d’extrême droite toute la palette existe. Zachary Richard est l'un des incontournables de cette vague des années 70. Il participent notamment aux veillées d'Automne qui est un festival de Montréal où se produisent des cadiens , des québécois, des bretons et des irlandais. L'idée est de promouvoir des cultures issues de minorités culturelles par le prisme de l'ouverture au monde. Aujourd'hui il participe à des films de promotiom de cette culture et milite dans divers mouvements autour de cette question.

De quel arbre parle-t-on ? Le territoire de la Lousiane est massivement peuplé de deux essences d'arbre : Le cyprès chauve et le chêne de Virginie. Comme tu viens de le voir sur les photos ces arbres deviennent très imposants et le chêne ne ressemble pas du tout au chêne européen. Alors duquel peut-il donc s'agir? Le cyprès est un conifère, il n'a donc pas de feuille! On peut donc raisonnablement penser qu'il s'agit du chêne !

Les oiseaux sont ovipares. C'est à dire que la femelle pond des œufs pour que l'embryon se développe et devienne un oisillon une fois que la coquille se sera ouverte avec la chaleur du nid.

Une centaine d'espèces d'oiseaux se trouve en Louisiane. Les plus fréquentes qui nichent dans les marais sont les hérons, les aigrettes, les pélicans bruns, les ibis et les hiboux. Alors lequel est celui de la chanson ? Le héron ou aigrette ? Et non ! Il construit des héronnières qui sont trop grosses pour être dans le trou d'un nœud d'un arbre! Le pélican brun ? Pas sûr ! Les pélicans font leur nid en colonie, il faudrait qu'il y ait plusieurs nids dans l'arbre.. L'ibis ? Peu probable ! L'ibis construit des plateformes à la fourche d'un arbre et pas dans un trou. L’hibou ? Très probablement ! La femelle s'installe dans le creux ou le trou d'un arbre, le mâle lui donne des matériaux dont elle se sert pour construire un nid à partir de ce trou.

Les chants à récapitulation sont faciles à apprendre, la structure est familière pour les enfants et les répétitions permettent de travail la mémorisation. L'arbre et dans ses feuilles est un super support pour accompagner des activités d’ornithologie ou de repérage des essences d'arbres. Pourquoi pas creuser et partir à la découverte de la faune et de la flore de la Louisiane. Bien que contemporain ce chant a déjà était modifié dans la culture orale au grès de ses diverses transmissions, ce qui explique un léger écart entre la version déjà chantée dans certains groupes éclés (celles présentées ici) et les paroles de l'auteur.

Le défi des 12 chants

Janvier

Soeurs de tous rivages

Le chant de marins était entonné par des personnes ayant peu ou pas de formation musicale. Sa structure est donc généralement simple (une suite de couplets simples entrecoupés d'un refrain ou d'une phrase reprise en leitmotiv). Les mélodies sont faciles à mémoriser. C'est l'occasion de découvrir le vocabulaire lié à la navigation et de l'univers maritime. Pourquoi féminiser ce chant ? La version présentée est celle des aînés.ées du clan du Volvestre de 2016. Dans les années 60 les femmes investissent l'espace public et accèdent à de nouveaux postes dans la vie professionnelle. Certains espaces et certains secteurs se féminisent même si le bout du chemin n'est pas pour aujourd'hui. Le segment qui a n'a pas profité de cette mise en lumière et qui laisse encore les femmes dans l'ombre sont les textes. Les lois, les règlements intérieurs des établissements scolaires (mixte depuis 1969), la presse à grand tirage... aucun de ces écrits ne sont féminisées. Une sous représentation des femmes dans les Lettres comme dans le Verbe n'est ni un hasard ni une fatalité. La disparition du féminin dans la langue française débute au XVIIe siècle avec l'Académie française mais surtout s’accélère à partir de la Révolution. L’invisibilisation du féminin dans la langue relève d’une construction de la disparition des femmes des métiers, du pouvoir, de la création, de la politique. Aujourd'hui féminiser des chants de la tradition populaire c'est simplement opérer un juste rééquilibrage, parce qu'il ne serait pas sérieux de considérer que notre répertoire de chants est inclusif. Ni avant 1964 et la création d'un mouvement mixte ni même après. Des adeptes du sens historique dans sa pureté objecterons : "Mais il n'y avait pas de femmes corsaires ou marins ? " La Reine Teuta, Rusia, Princesse Sela, Jeanne de Belleville, Sayyida -al Hurra, Anne Bonny, Ching Shih entre beaucoup d'autres et rien que pour les femmes pirates. A bon .ne entendeureuse !

Les gabier-es sont les matelot-es qui montent dans les hunes (les mâts) des gros bateaux à voile, pour manœuvrer les voiles en hauteur.

Très mauvais temps ou vent très froid

A gauche lorsqu'on regarde l'avant du bateau.

Trace qu'un bateau laisse derrière lui à la surface de l'eau.

Décharge simultanée ou successive de plusieurs coups de canons

Faire disparaître ou dérober.

Lorsque le voilier est face au vent, il ne peut pas avancer ; on dit alors que le voilier est vent debout. Pour suivre sa direction il est obligé de faire des zigzags. Un vent arrière provient du secteur arrière du voilier. Dans ce cas la vitesse du voilier est nettement diminuée.

La version traditionnelle : Car c'est le plus vaillant corsaire qui donna l'ordre du départ(Car c'est le plus vaillant corsaire qui donna l'ordre du départ)Vite en mer et sans retard faisons la guerre à l'AngleterreCar c'est le fameux Jean Bart qui nous commandera le départ(Car c'est le fameux Jean Bart qui nous commandera le départ) Les explis de la version traditionnelle : corsaire : Les corsaires sont des armateurs, capitaines ou membres d'un équipage d'un navire civil mais armé ayant reçu d'un souverain une "lettre de marque". C'est à dire l'autorisation d'attaquer et de récupérer le butin des navires marchands battant pavillon d'un pays ennemi. Les corsaires sont soumis aux lois de la guerre et donc s'ils sont faits prisonniers, ils sont considérés comme des prisonniers de guerre. Les guerres de courses sont abolies en Europe après la guerre de Crimée par le Traité de Paris. Elles sont encore légales aujourd'hui aux États-Unis. La répartition du butin est règlementée. Le privilège est toujours à la puissance. L'Etat prend la plus grosse part, ensuite l'armateur, puis le capitaine (25 parts) et en bout de chaîne les prolétaires des mers : les mousses (1/2 parts) guerre à l'Angleterre : l'Angleterre est la flotte la plus puissante du XVIIe siècle. De multiples guerres l'opposent à la France et aux Provinces-Unies. C'est à cette époque l'ennemie numéro 1 des flottes continentales. Jean Bart : 1650-1702 Corsaire flamand au service de l'Espagne puis de la France. Contrairement à la légende, les sources rapportent qu'il n'est pas né pêcheur mais fils d'une famille de riches corsaires dunkerquois. Fin tacticien, il reçoit des lettres de noblesses pour ses faits d'armes et est incorporé dans la marine dans laquelle il fini amiral. Après une vie au service des puissants il meurt chez lui à 51 ans. Ce qu'apporte la version présentée dans les 12 chants : La version initiale vante la navigation guerrière dégoulinante de virilisme et est à la gloire des amiraux au service des puissants. Dans la version présentée ici, il n'y a plus de chef pour donner le départ mais chacune est capable de se lancer dans l'aventure de sa propre initiative. La distance entre les deux versions est synonyme d'un empowerment collectif. L'expression "Une guerre à notre manière" peut être interprétée comme une lutte, un combat politique, social, culturel... pas forcément un conflit armé pour un territoire ou pour étendre une domination. Une façon de choisir ses propres armes.

La version traditionnelle : Et des prises de tout tonnage nous ramèneront avec nous(Et des prises de tout tonnage nous ramèneront avec nous)Et la gloire, et les gros sous feront voyage dans nos sillagesVent arrière ou vent debout, nous les ramèneront avec nous(Vent arrière ou vent debout, nous les ramèneront avec nous) Les explis de la version traditionnelle : tonnage : Capacité de transport (d'un navire de commerce), évaluée en tonneaux. gros sous : l'argent des corsaires ne venait pas simplement des pierres et des métaux précieux volés sur les bateaux mais aussi des œuvres d'art volées aux civilisations amérindiennes, à la revente d'esclaves trouvés dans les négriers appréhendés. Ce qu'apporte la version présentée dans les 12 chants : La version traditionnelle fait l'apologie de l’appât du gain, de la gloire liée à la richesse y compris construite sur la spoliation des sociétés précolombiennes, africaines et du pacifique asiatique et la traite d'êtres humains. Rappelons également que les corsaires ne sont pas des Robins des bois des mers. Le thème de ce couplet dans la version du clan du Volvestre est tout autre. On peut y entendre un appel à s'unir aux quatre coins monde. Bref une vision éloignée du chacun chacune pour soi initial, une vision plus universaliste. Le texte contemporain met en lumière la sororité ou l'adelphité que l'on peut aussi entendre comme un appel aux luttes collectives ou un appel à la rencontre.

A droite lorsqu'on regarde l'avant du bateau.

Le défi des 12 chants

Février

C'est une autre nuit

C'est une autre nuit qui recommenceNe regrettons pas le jour qui meurt :Ce sera demain le jour de chance ,Ce sera demain plus de bonheur. Refrain :Et s'il fait plus froid et qu'il vente,Ne regrettons pas le soleil :Ecoutons ce soir la nuit qui chante,Il n'y a jamais deux jours pareils. C'est une autre voix qui nous entraîneA chanter les joies de l'avenir ;Jetons dans le feu les vieilles peinesPour illuminer les souvenirs. Refrain C'est une autre étoile qui s'allumeA travers les branches du pin noir ;Et tandis que le feu se consume,Nous chantons le dernier chant du soir. Refrain

Avertissement : le chant de ce mois-ci a permis de mettre en lumière le fait que l'on ne mettait pas toustes le même sens derrière les mêmes mots, que ce texte était diversement apprécié dans notre équipe et que nous n'avions pas toustes les mêmes analyses sur l'histoire française du carnet de chant. La vie quoi ! Si une grande partie de l'équipe chante ce texte avec enthousiasme en vibrant des souvenirs qu'elle a de ce chant partagé autour d'un feu en y voyant une invitation à ne pas s'encombrer de la nostalgie et à avoir confiance en l'avenir vous allez découvrir que ce n'est pas le cas de tout le monde. Pour ce qui vous concerne tout est évidement ouvert. Les explis de ce mois-ci se chargeront de démontrer comment des chants très populaires en France sous couvert de poésie et de valeurs positives véhiculent insidieusement tout un corpus symbolique et philosophie judéo-chrétien. Donc plutôt à destination des responsables, à lire dans l'ordre et jusqu'à la fin pour avoir une vision complète de la réflexion proposée. Si tu kiffes les chants béats genre une version laïque resucée du concept chrétien de "l'espérance", fonce apprendre ce chant à tes louveteaux, ce texte est fait pour toi! Jean Naty-Boyer, l'auteur de ce chant a inondé de 400 chansons les carnets de chant des colos, du scoutisme, des mouvements d'éducation populaire et des chorales scolaires à partir des années cinquante. Ses textes poétiques collent à son époque, celle du plaisir d'être ensemble dans un avenir enfin plus paisible que la décennie précédente marquée par la seconde guerre mondiale, celle de la mode du kasaktchov mais aussi celle dans laquelle on bourre les moments de chants des mouvements de jeunesse de jolies choses pour garantir une certaine moralisation de l'enfance et de l'adolescence. Une époque dans laquelle on évite soigneusement les répertoires politiques par peur que la jeunesse de ces associations ne se tourne vers des aspirations plus révolutionnaires. C'est d'autant plus vrai dans les mouvements de masse où la classe moyenne accueille les enfants des milieux populaires. Cette bulle de naïveté sera un peu éclatée par la génération post soixante-huitarde qui intègrent dans son répertoire des chants plus politiques comme ceux de Pierre Chêne ou de Brassens. Oui mais pas partout ! Pour une biographie de l'auteur un peu plus consensuelle celle de wikipédia est très détaillée : ici Sinon, les harmonies de la mélodie chantées à plusieurs voix sont très belles c'est une autre raison d'apprendre ce chant à ses louveteaux. Alors oui c'est comme dit plus haut "une version laïque resucée d'un concept chrétien". Mais pour autant faut-il s'interdire de la chanter dans un mouvement laïque ? Le plus chouette c'est d'ouvrir le débat ! Qu'on peut aussi reformuler ainsi : "Est-il nécessaire de manger des steaks de soja lorsqu'on est végétarien/végétarienne ? Ou "est-il interdit d'interdire comme en 68 ?"

Première étape de notre démonstration : du "bonheur" à l'espérance. La notion de "bonheur" comme espérance a des racines chrétiennes. La vertu d'espérance répond au bonheur en effet selon les croyances judéo-chrétiennes l'espérance est ce qui fait écho au bonheur que Dieu projetterai en chaque humain. Le "jour qui meurt" deux vers plus haut est une métaphore de la vie. L'espérance du bonheur confère à la fin une passerelle vers la vie éternelle selon la tradition chrétienne. C'est pour ça que selon ce texte il ne faut pas regretter le jour qui meurt. Comme le propose la chanson il s'agit de passer d'une désillusion à l'autre en les laissant glisser les mauvais jours dans l'espoir d'un autre jour, "demain plus de bonheur". Faire le dos rond en attendant, une façon de ne pas changer le monde pour le rendre meilleur mais de l'accepter dans l'espoir de mieux. Bref la venue d' "Un jour de chance" et n'ont pas d'un grand soir pour lequel on se serait battu. C'est là que résident toute la charge judéo-chrétienne d'espérance du texte. A qui ? à quoi ? Devrait-on cette chance ?

Étape 2 : La joie dans nos cœurs, événou shalom .. ah non pardon, méprise et confusion de texte L'injonction de "chanter les joies de l'avenir" n'est pas sans rappeler les exhortations à la joie récurrentes dans l'Ancien et le Nouveau Testament : "Réjouissez-vous!" (Epître de Saint Paul). Paul est l'un des 12 apôtres devenu un modèle classique de de la joie triomphante sur les tristesses du monde dans les controverses philosophiques. Ici l'injonction est faite par "une autre voix". Mais qui est-elle ? Mystère. On se le demande ! Pour Mathieu, autre apôtre, la joie réside dans l'espérance. La boucle est bouclée avec le premier couplet.

Étape 3 : Purifions-nous pauvres âmes! Pour atteindre les "joies de l'avenir " promises un vers plus haut, il faut d'abord en passer par le feu symbole de jugement et de purification ultra présent dans la symbolique chrétienne. "Jetons dans le feu nos vielles peines". La catharsis est faite ! Autre marque de la symbolique chrétienne dans l'utilisation de l'image du feu : le feu est la présence de Dieu. Les théophanies, c’est-à-dire les manifestations de la présence de Dieu parmi les humains dans la tradition chrétienne, prennent souvent la forme d’une fumée ou d’un feu, comme dans l'épisode du mont Sinaï avec Moïse qui comprend la présence de Dieu en apercevant de la fumée.

Étape 5 : le feu d'artifice Après "l'illumination des souvenirs" et donc l'avènement de la connaissance vient ... un signe divin L'étoile fait également partie des images utilisées dans la tradition chrétienne. Les versets de la Bible qui évoquent les étoiles sont extrêmement nombreux. "L'étoile qui s'allume" n'est pas sans rappeler celle de Bethléem qui s'éclaire pour prévenir les rois mages de la naissance du christ, le saveur qui devrait conduire à "demain plus de bonheur". "L'étoile qui s'allume", dans les différentes parties de la Bible c'est toujours un signe divin (Théophanie) Alors oui on a aussi le droit d'y voir plutôt Vénus (première étoile visible le soir qui est en fait une planète et qui est surnommée "l'étoile du berger") et se dire que ces explis c'est vraiment n'importe quoi ! Mais on peut aussi se demander si on a toujours mesuré la portée philosophique et culturelle des chants, poèmes que l'on transmet ?

Étape 4 : de la purification à la compréhension de ses pêchers, à la connaissance de ce qu'il faut éviter. Ou Étape 4 version scoute : la progression personnelle mais pas tout à fait seul/seule Le choix du verbe "illuminer" pour parler de souvenir n'est pas un hasard ou une licence poétique aléatoire. Dans la doctrine chrétienne, le mot lumière signifie éclairer l'avenir. Comprendre à l'aide de Dieu ce que l'avenir nous réserve (prophétie). Dieu est présent un vers plus haut avec la symbolique du feu. Les pêchers sont donc purgés "jetons nos vielles peines." L'illumination devient donc possible.Contrairement à la lumière qui permet de comprendre l'avenir, l"illumination permet de décrypter le passé et donc "les souvenirs". " mon Dieu, éclaire mes ténèbres" Psaume 119, de la bible. Pour le nouveau testament l'enjeu est de comprendre ses pêchers, peut-être ceux qui ont causé "les vielles peines".

Le défi des 12 chants

Mars

Le défi des 12 chants

Avril

Après les deux bondieuseries (toujours pas d'unanimité dans le groupe!) précédentes, ce mois-ci nous faisons un crochet par une vision bien athée de la mort mais qui s'achève avec une dernier couplet plutôt agnostique histoire de ne pas abandonner totalement la perspective d'un paradis céleste. A l'écoute de la mélodie on se dit que c'est un peu dynamique pour un chant du soir. Alors est-ce pour autant un chant du matin? Ouais pourquoi pas si on a envie de mettre la patate à ses lutins avec la mort avant de démarrer l'activité... Un chant de goûter peut-être? Philo plutôt le goûter alors! Quelques pistes modestes sont ouvertes dans les explis ...

Cette chanson était chantait par IMAGO un groupe de folk/rock progressif des années 70. Leur répertoire est poétique et engagé. Ce texte a été écrit par l'un d'entre, Bernard Benguigui, en 1979.

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Est-il mieux de s'endormir avant de mourir ? Faut-il garder les yeux ouverts et savoureux chacune des dernières secondes? La sédation prolongée est-elle la seule issue acceptable pour les cas incurables ?

La faux est le symbole de la mort qui est parfois surnommée la "faucheuse". C'est un symbole d'origine italien très répandu au Moyen-âge que plus tard les artistes de la Renaissance ont diffusé en Europe.

L'expression la clé sous la porte signifie au XVe siècle partir discrètement. Plus tard cela veut dire faire faillite. Les disparitions sont-elles tellement liées à l'intime que leur deuil doit être fait dans la discrétion ? Les applaudissements dans les églises lors des enterrements sont fréquents dans la culture espagnole, impassable il y encore certaine années en France (toujours vrai dans certaines églises, certaines familles). Dans la culture arabo-musulmane les pleurs ne sont pas admis lors de la mise en terre (cérémonie d'ailleurs réservée traditionnellement aux hommes . De l’Égypte antique jusqu'à la France du XVIIIe siècle et à la Chine ou Taïwan d'aujourd'hui; pleureuse d'enterrement est un métier très répandu.

Quitte-on vraiment la vie ? Ou bien est-ce la mémoire des vivants que nous continuons d'habiter? Quelles traces laisse-t-on? Est-ce le seul vecteur de notre existence, la préoccupation prépondérante, ces traces que nous pourrions laisser? Ça veut dire quoi laisser des traces dans un monde où les générations actuelles ne peuvent plus affirmer qu'elles vont laisser une planète viable aux générations futures?

L'expression le "bruit des bottes" évoque la tenue militaire. Elle apparaît dans les années 1910 pour évoquer l'imminence d'une guerre. Dans les années 40 elle est utilisée surtout pour évoquer l'armée allemande ou les SS nazies. Elle signifie depuis la montée en puissance de l’autoritarisme, du totalitarisme et l'avènement de dictatures militaires.

Ici les "héros" sont les soldats qui donnent la mort. Ce qualificatif est ironique et rajoute une dimension pacifiste à la chanson.

Le paradis est un mot perse signifiant vergé bordé de murs. Il est repris par les hébreux au premier millénaire avant J.C. La notion paradis est présente dans toutes les religions du livre mais aussi dans les croyances asiatiques ou dans les polythéismes de l'Antiquité. Il est envisagé comme un espace de bonheur ou bien comme une quête. Dans toutes les croyances sa présence ne repose que sur son opposition à l'enfer quelque soit sa représentation. Dans les sociétés non sécularisées d'antan ou d'aujourd'hui, il n'a donc pas une place centrale. En effet la question centrale est celle du salut. La mise en sûreté de l'âme. Pour les catholiques et les musulmans se sont les pêchers terrestres qui priveraient du paradis. Pour les protestants calvinistes (traditionnellement majoritaires en France) la question serait tranchée avant la naissance, on parle de prédestination. La réussite sociale serait le signe de cette prédestination. Dans les vers de la chanson le personne principal dit ouvertement que le paradis n'existe pas. Il n'émet pas de doute c'est donc une affirmation athée. C'est une profession de non foi plutôt perçue comme anodine aujourd'hui. Mais jusqu'à il y a peu (grosso modo autour de 1968) , les personnes athées était vues comme immorale. Dans le poème célèbre d'Aragon La rose et le réséda (1943) son célèbre refrain appelle à l'unité croyants et non croyants à s'unir dans la résistance en évoquant indirectement le paradis : Celui qui croyait au ciel Celui qui n'y croyait pas Ce qui peut être lu comme simple appel à l'adelphité et en réalité plus engagé que cela. Il s'agit d'affirmer que les athées sont aussi respectables que les croyants, que leurs valeurs sont justes. Un rebelle est un rebelle Nos sanglots font un seul glas

Ici l'auteur accepte d'envisager l’existence d'un paradis auquel il n'aurait pas cru. Ses derniers vers n'ont plus de coloration athée (affirmation, que Dieu et tout ce qui va avec n'existent pas) mais une teneur agnostique. C'est à dire qu'il prétend ne pas être capable de savoir si Dieu et la vie après la mort existent.

La fourmi sera-t-elle heureuse de compter ses richesses lorsqu'elle trépassera? Les bébés fourmis seront-ils ou seront-elles aussi heureuses que les bébés cigales au décès de leurs parents? Est-il logique d'économiser toute sa vie pour à son décès transmettre ces richesses à une association ou à ses enfants ? L'héritage est-il vraiment juste? Capitaliser sans se soucier de la moralité de la source de ses revenus est-il moral? Au soir de sa vie mesure ton sa réussite ou son épanouissement personnel à la taille de son capital?

Le défi des 12 chants

Mai

Entendez-vous dans le feu

Ce mois-ci un canon que l'on trouve partout mais dont on ne sait pas pas grand chose sur son origine hormis qu'il était déjà chanté dans les années 50. En effet c'est un chant populaire qui nous intègre à la grande famille du scoutisme (pris au sens large, du genre la famille élargie qui invite à table son tonton qui fait des blagues racistes). De l'éducation nationale, aux scouts de France en passant par les scouts d'Europe et l'application Canto (dédiée aux chants tradionnels comprenant quelques airs du IIIe Reich et fondée par des identitaires) plusieurs versions circulent. Notamment la phrase "éclaireur soit joyeux" est souvent modifiée : - "père castor soit joyeux" - "soit joyeux soit joyeux" - " scout d'Europe soit joyeux" La version présentée ici propose une alternative féminisée à chacune et chacun sa préférée! Ce chant fait partie d'une longue longue liste de chants scouts valorisant la pratique du feu de camps. Souvent en lui donnant une acception mystique. La veillée chant autour du feu, cette vielle madeleine de Proust du scout, les tisons qui frétillent, les étincelles dans les yeux blablabla... Faire l'apologie d'une activité aussi climaticide en 2023 à longueur de carnet de chant, on en parle? Ben oui ce mois-ci on va en parler ! On va bousculer nos pratiques pour être en cohérence avec notre discours éco-citoyens ? C'est mieux non ? On va mettre notre répertoire en adéquation avec les enjeux pour la planète? à vous de juger! D'ici là voici une version de secours : Entendez vous dans le feu tous ces cris fort douloureux C'est notre terre qui sèche Eclaireur sois pluvieux Eclaireuse sois pluvieuse Et si vous nous envoyiez la votre de version climatofriendly?

Cher feu de camp, je t'écris aujourd'hui pour te dire que j'ai passé des moments incroyables avec mes camarades éclais et éclaites autour de tes braises. J'ai encore des frissons en repensant à certains chants et certaines conversations partagés en compagnie de tes flammes. J'ai encore dans mes narines l'odeur dégueulasse de mes fringues le lendemain matin des veillées passées dans tes fumées. Cependant aujourd'hui je n'ai plus envie de chanter tes louanges. Je n'ai plus envie de transmettre ta pratique en dilettante. La planète brûle, les forêts suffoquent. J'ai choisi mon camp (attention jeu de mots scout). PS : je te donne des arguments dans la balise suivante.

Alors le feu de camp écocide ou inoffensif ? Ne cherchez pas de réponses dans des rapports scientifiques français. Vous ne trouverez pas grand chose. En revanche les grands parcs canadiens ont commandé plusieurs rapports sur la question qui tous ne laissent que peu de doutes sur la question. Selon une étude de 2019 de la société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) la qualité de l'air après une soirée autour d'un feu camp se trouve jusqu'à 4 fois plus pollué qu'au centre ville de Montréal. Quand même ! Il faut plusieurs heures pour que l'air retrouve sa qualité initiale. Pas assez convainquant comme argument ? Un feu de camp de 9h libère autant de carbone dans l'atmosphère qu'une voiture intermédiaire roulant pendant un an *. (* Les arbres stockent du gaz carbonique. Plus ils en stockent moins il y en a dans l'atmosphère et moins le climat est déglingué. Nota bene : on peut aussi compter sur nous pour moins en générer.) Bon ben il n'y a pas photo : Oui faire des feux de camp ça craint ! Oui faire son apologie dans les carnets de chant ça ... Alors la philosophie scoute a toujours été que oui le feu ça brûle et ça provoque des incendies mais c'est plus malin d'apprendre aux louveteaux à faire du feu plutôt que de leur interdire et prendre le risque qu'un jour iels jouent en scred avec des allumettes et foutent le feu à la forêt parce qu'iels ne savent pas le gérer... Donc le feu de camp peut-être ! la prise de risque éducative bien sûr ! mais la limitation des conneries surtout ! Qu'est-ce qui est donc moins pire ? - un bois sec et franc (non résineux) c'est moins pire Truc : si je cogne deux bouts de bois secs entre eux et que ça résonne, ben ils sont assez secs ! - limiter la taille et le temps du feu c'est bien - réserver le feu de camp à de rares occasions c'est bon pour la planète - cueillir du bois mort sur une grande zone c'est mieux. En effet le bois mort a un rôle clé dans l'écosystème. Il est une source de nutriments et est un refuge pour certaines mini bestioles. Si je cueille tout le bois mort sur une petite parcelle de forêt je la fout un peu à poil. - utiliser plutôt du bois de chauffage destiné à la combustion c'est encore moins pire. Alors on les chante toujours ces braises ?

Le défi des 12 chants

Juin

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Le défi des 12 chants

Juillet

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Aout

Celle que j’aime dit souventQu’un ami qui aime, quand on aime comme elle aime,Celle que j’aime dit souventQu’un ami qui aime, c’est mieux qu’un amant.L’amour nous mène et nous ramène à demi-pas,Si c’est toi qui mènes, je vais où tu m’emmènesL’amour nous mène et nous ramène à demi-pas,Si c’est toi qui mènes, je vais ou tu vas.Celle que j’aime dit parfoisQu’un ami qui aime, quand on aime comme elle aime,Celle que j’aime dit parfoisQu’un ami qui aime fais le premier pasCelle que j’aime hier m’a ditQu’un amant qui aime, quand on aime comme elle aime,Celle que j’aime hier m’a ditQu’un amant qui aime, c’est mieux qu’un ami mari

ggg

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Octobre

Canon de la paix

Écoutez, le temps viendra,L'humanité saura la vérité, Le lion s'étendra près de l'agneau. Et nous fondrons des piques pour des faux,Et des sabres pour des herses.La paix sera notre combat,Faites que ce temps vienne.

Pourquoi chanter ce chant ? Pas parce que l'auteur a été jusqu'en 1939 le président de l'association "les amis de l'URSS" et fan de Staline. Mais plutôt parce que dans une période où les discours va-t-en guerre ressurgissent, une période dans laquelle la guerre est présente en Europe, en Asie et en Afrique cela semble primordial d'éduquer à la paix. Cependant en tant qu'éducateurice consciente pouvons nous nous satisfaire d'une transmission en mode "la guerre c'est mal, la paix c'est bien"? ....? Ce canon peut permettre avec toutes les branches, d'ouvrir une réflexion sur le pacifisme en général ou bien sur ce que signifie "être collectivement en paix". La paix mais pour faire quoi? Du quotidien anodin, du rapport aux autres aux grandes luttes collectives comment se construit la paix ? Pour les plus grands : à quoi sert la guerre? à qui sert la guerre ? Existe-t-il des guerres justes ? Les États estimés démocratiques peuvent-ils user de tous les moyens pour se défendre? Le combat pour la paix est-il parfois une forme de soumission ? La guerre pensée comme un moyen nécessaire de la lutte n'est-elle pas un wagon de plus pour véhiculer les ancrages virilistes de notre société?

Ici la version originale est "Les hommes un jour sauront la vérité". Le terme "humanité" permet un texte plus inclusif.

La métaphore agricole continue d'être filée ici. Les sabres deviennent des herses. Une herse permet d'ameublir la terre après le labour ou d'enfouir des engrais, des semences ou de mauvaises herbes.

Les paroles filent une métaphore agricole. Après la guerre l'humanité n'aura plus besoin de ses piques de combat et pourra gentiment se remettre au travail en transformant ses armes en outils agricoles, comme par exemple en faux. Après la guerre la paix est réduite au monde du travail. En France en 1914 56% de la population est encore rurale. 20% des paysans français sont morts au front. Avec les personnes privées d'emplois ils sont surreprésentés dans les régiments d'infanteries qui sont les plus vulnérables dans les combats. Les populations européennes connaissent les rationnements et les pénuries. En France la moitié des paysans sont au front et 2 500 000 hectares de terres agricoles sont perdus durant la guerre de position. En Allemagne la population connaît la faim car les armées adverses imposent un blocus maritime dans la mer du Nord. La métaphore de l'auteur renvoie également à l'urgence de nourrir la population.

Pour celleux qui révisent le bac de français ou le DNB il s'agit là d'une oxymore....

Romain Rolland en 1914 Le canon de la paix a été composé par François Terral, sur des paroles de Romain Rolland. François Terral est un compositeur et arrangeur de musique de variétés (Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens...) mort en 2003. Romain Rolland (1866-1944) est un intellectuel français profondément engagé dans une recherche en faveur de la paix. En 1914, après une brève hésitation, il comprend que cette guerre est un « suicide » pour l’Europe. N’étant pas mobilisable du fait de son âge (48 ans), il reste en Suisse pour pouvoir librement diffuser ses articles pacifistes. En novembre 1916, il reçoit le prix Nobel de littérature (1915) «comme un hommage à l’idéalisme de sa production littéraire». Dans l’entre-deux guerres, il entretient une correspondance avec la plupart des grandes figures de l’époque où il montre une grande lucidité dans son engagement. Source : Chorale Chanterive

Ici l'auteur s'inspire d'une parabole du Christ que l'on retrouve dans la bible au chapitre 11 du livre d'Isaïe : "Le loup habitera avec l’agneau, et la panthère se couchera avec le chevreau ; le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse, seront ensemble, et un petit enfant les conduira. La vache et l’ourse auront un même pâturage, leurs petits un même gîte ; et le lion, comme le bœuf, mangera de la paille. " Pour les chrétiens quand Dieu reviendra sur terre pour instaurer son royaume, il recréera le climat utopique du fameux jardin d’Éden. Les humains seront en paix entre euxlles et les prédateurs ne seront plus des dangers. Bon, c'est encore aussi une preuve que même dans les textes qui ont la prétention d'être sécularisés le christianisme empreigne toujours le corpus des valeurs prônées. Dans ce vers on peut se demander si les agneaux doivent gentiment attendre que les lions veuillent bien s'allonger et enfin leur offrir la paix parce que depuis qu'ils espèrent le moment et enfin venu. Ici, comme dans "une autre nuit" (février), nous retrouvons la philosophie chrétienne de l'espérance. Ou bien si les agneaux doivent agir et créer les conditions pour soumettre les lions à la paix ? L'avant dernier vers semble trancher la question mais il est un peu contredit par le dernier vers : "La paix sera notre combat, Ok là on agit! Faites que ce temps vienne." Ah oui s'il vous plaît! Non là on ne fait qu'espérer et prier... En revanche notre projet éducatif a tranché : "article 1.4 L'association vise à former des citoyen·nes engagé·es qui connaissent leur pays, ouvert·es sur lemonde, conscient·es des problèmes liés aux enjeux sociaux, culturels, environnementaux,économiques et attaché·es à les résoudre."

Le pacifisme définit par le monde diplomatique : "Doctrine d’opposition à la guerre et à la violence étatique et refusant l’emploi des armes. La sauvegarde de la paix est estimée prioritaire sur toute autre considération. Les mouvements pacifistes, parfois influents sur l’opinion (comme pendant la guerre du Vietnam) sont issus de courants historiques — religieux, philosophiques, politiques — divers et se font entendre aujourd’hui dans des contextes variés : l’objection de conscience (exemple des refuzniks israéliens), l’opposition au nucléaire et l’écologie sont les principaux terrains où ils s’expriment." Le pacifisme c'est le fait de refuser la guerre et de condamner les états qui sont violents avec leur population. Les pacifistes refusent qu'on utilise des armes.