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Transcript

  • Un mur de caisses de biscuits rouillées et numérotées
  • 50 tonnes de vêtements achetés dans des friperies
  • Une pince de chantier rouge
  • Des haut-parleurs
  • Des néons
  • Boltanski dénonce les crimes contre l’humanité notamment la shoah.

Une installation artistique

Christian BOLTANSKI, Personnes, Grand Palais, 2010.

  • Christian Boltanski est un plasticien français, né en 1944 à Paris. Boltanski est aujourd'hui reconnu comme l'un des principaux artistes contemporains français.
  • Né d'un père juif d'origine russe et d'une mère corse chrétienne, il réalise des œuvre qui nous transportent dans un espace de méditation, souvent en lien avec la mort.
  • Toutes les œuvres de Boltanski travaillent sur le souvenir, du souvenir d'enfance au souvenir des défunts, de l'histoire personnelle à la grande histoire.

Situer l’artiste

Les archives de C.B. 1965-1988, 1989Installation avec de la lumière Métal, photographies, lampes, fils électriques. 270 x 693 x 35,5 cm

Volonté de « Garder une trace de tous les instants de notre vie, de tous les objets qui nous ont côtoyés, de tout ce que nous avons dit et de ce qui a été dit autour de nous, voilà mon but ». Pour réaliser ce projet, il construit un mur de 646 boîtes à biscuit en fer blanc, certaines plus rouillées que d'autres, témoignant d'une usure du temps. Cet agencement évoque des archives de fortune, établies dans l'urgence de conserver ce qui, sans elles, serait voué à la disparition. Car ce que ces boîtes contiennent, ce sont plus de 1 200 photos et 800 documents divers que Boltanski a rassemblés en vidant son atelier. C'est toute sa vie d'artiste qui est consignée là, mais cachée au spectateur, présente seulement dans sa mémoire, dans son intimité.

  • En 1988, Boltanski s'empare d'un nouvel élément, le vêtement. Il s'agit d'une pièce qui fait allusion aux entrepôts dans lesquels les nazis remisaient les effets des personnes déportées. L'usage du vêtement chez Boltanski est donc d'emblée lié au thème de la mort.
  • Pour lui, « La photographie de quelqu'un, un vêtement ou un corps mort sont presque équivalents : il y avait quelqu'un, il y a eu quelqu'un, mais maintenant c'est parti ». Le vêtement est lui aussi une trace ou une empreinte qui témoigne d'une vie passée.
  • Avec Réserve, Boltanski tapisse les murs d’une salle entière de vêtements usagers, voire poussiéreux, qui répandent une odeur de grenier. Car la forte présence de l’œuvre ne se manifeste pas seulement visuellement, mais par une dimension olfactive trop rarement exploitée en arts plastiques.

Réserve, 1990Installation Tissu, lampes. Dimensions variables

  • Le visiteur commence par voir le mur de caisses de biscuits numérotées s’élevant devant lui comme un écran. C’est un mur de séparation entre l’extérieur et l’intérieur de l’œuvre. On peut songer au mur de Berlin séparant jusqu’en 1989 Berlin Est de Berlin Ouest.
  • Ces caisses empilées, accumulées, évoquent également les cimetières espagnols ou des urnes. Les personnes ne sont plus que des numéros. Comment ne pas songer aux déportés tatoués par les allemands, les considérant comme de simples numéros sans identité, sans nom ni prénom ? D’ailleurs le titre Personnes n’évoque-t-il pas l’anonymat ?
  • On entend une rumeur dans les hauts parleurs sans pouvoir identifier les bruits.

Description et interprétation de l’œuvre

  • Une fois le mur passé, le visiteur pénètre à l’intérieur de la nef du Grand Palais, au cœur de l’œuvre où un vacarme saisissant se fait précisément entendre. Bruits d’usines ou de machines, le spectateur a du mal à identifier la rumeur étourdissante. On entend également des enregistrement de battement de cœurs. Les spectateur sont d’ailleurs invités à enregistrer leur propre cœur pour participer à cette installation interactive (ils participent ainsi à ce « devoir de mémoire »).
  • Sur le sol sont disposés en allées formant un quadrillage, 70 rectangles de vêtements multicolores et que l’on devine déjà portés. On se croirait dans un cimetière avec des sépultures gisant au sol.
  • Des haut-parleurs accrochés à des poteaux situés dans les angles des rectangles de vêtements diffusent le son des cœurs battants. Des câbles relient les poteaux, obligeant les visiteurs à suivre un chemin précis éclairé par des néons diffusant une lumière froide. Cette installation fait penser aux baraquements dans les camps de concentration.
  • C’est l’hiver, le froid fait parti de l’œuvre : le visiteur est saisi par la température qui favorise le recueillement, la méditation et même l’effroi.
  • L’artiste veut mettre le spectateur face à l’histoire en créant cet évènement commémorant la shoah. En effet, les nazis dépouillaient leurs victimes de tous leurs biens jusqu'aux couronnes dentaires en or. Ils en faisaient des piles qu’ils recyclaient.
  • AU fond de la pièce se trouve une pyramide gigantesque de vêtement au sommet de laquelle une pince géante de chantier vient saisir puis relâcher quelques vêtements au hasards. Il montre ici le jeu de la vie et de la mort. Cette pince serait « le doigt de dieu » selon l’artiste. Mais celle-ci nous rappelle également les pinces des fêtes foraines. C’est le seul clin d ‘œil humoristique dans cette œuvre tragique. On songe à la pesée des âmes dans le jugement dernier. Et c’est avec stupeur que le spectateur voit les vêtements retomber ai sommet de la pyramide comme des corps morts lorsque la grue les relâche.

Une œuvre monumentale

  • Circulation du spectateur
  • Image et son jouent leur rôle.
  • Spectateur invité à enregistrer ses propres battements de cœur.

Une œuvre pénétrable et interactive

69 rectangles de vêtements par terre

Une pince géante Une pyramide de vêtements

Mur de caisses de biscuits Séparation intérieur/extérieur de l’installation

69 rectangles : Cimetière Baraquement des camps de concentration Corps après une catastrophe (11septembre ou tsunami)

Pince de chantier : hasard (pesée des âmes) et fête foraine (ironie, second degré)

Séparation Intérieur/Extérieur Limite de l’œuvre (tel le cadre d’un tableau) Aspect morbide : cimetière

L’œuvre est composée de 3 parties :

  • Le mur de caisses de biscuits
  • Les rectangles de vêtements au sol
  • La pyramide de vêtements avec la pince géante

Une œuvre en Triptyque

Urnes funéraires Numéros

Cimetière espagnol

Mur de boites rouillées

Pyramide de vêtements

Voûtes

Pavage, dalles

Lien avec La vierge au chancelier Rolin de Van Eyck, XVe siècle

Camp d’Auschwitz

Des poteaux, des fils

N’oubliez pas que cela fut, Non, ne l’oubliez pas : Gravez ces mots dans votre cœur. Pensez-y chez vous, dans la rue, En vous couchant, en vous levant ; Répétez-les à vos enfant. Ou que votre maison s’écroule, Que la maladie vous accable, Que vos enfants se détournent de vous. » Turin, Janvier 1947, Primo Levi

Primo Levi: poème en introduction de son livre :  Si c’est un homme "Vous qui vivez en toute quiétude Bien au chaud dans vos maisons, Vous qui trouvez le soir en rentrant La table mise et des visages amis, Considérez si c’ est un homme Que celui qui peine dans la boue, Qui ne connaît pas de repos, Qui se bat pour un quignon de pain, Qui meurt pour un oui pour un non. Considérez si c’est une femme Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux Et jusqu’à la force de se souvenir, Les yeux vides et le sein froid Comme une grenouille en hiver.

    Lien avec d’autres œuvres : littérature

    • En 1969, il se rend célèbre dans le milieu artistique en se prenant en photo, faisant le salut nazi dans de grandes villes d'Europe. Sa volonté est de réveiller les consciences en affirmant que le nazisme n'est pas mort mais que le sujet reste occulté :
    « Étudiant en droit j'avais des professeurs brillants et fascistes. À l'école le sujet était évoqué pendant deux semaines. À la maison on ne l'évoquait pas. »
    • Il déclare également : « L'Histoire pour moi est un matériau comme le paysage ou la couleur. »

    Anselm Kiefer

    Devoir de mémoire

    Angel of History, sculpture en plomb et autres matériaux, National Gallery of Art, 1989

    Anselm Kiefer La hiérarchie des anges (Die Ordnung der Engel), 2000 Huile, émulsion, acrylique, gomme-laque et toiles de lin sur toile 950 x 510 cm

    • Performance artistique réalisée par Marina Abramovic en 2010 au New York’s Museum of Modern Art.
    • Pendant 716 heures et 30 minutes soit 3 mois, l’artiste est restée assise, immobile et silencieuse, sur une chaise attendant qu’un visiteur se décide à s’assoir face à elle. C’est plus de 1500 personnes qui ont vécu cette expérience unique, l’artiste les fixait droit dans les yeux le temps qu’ils désiraient rester.

    Recueillement, contemplation…

    Photographie argentique N&B

    Sculpture

    Peinture murale

    • BANKSY, Beach Boys, 2009.
    • Kata Legrady, « Bombs and candies », 2010.
    • Marc Riboud, photographie prise pendant les manifestations de 1967.

    Dénoncer avec poésie…