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Bienvenue dans le journal intime de Romane...

Transcript

Journal intime de Romane

(défense de lire)

22 avril 2022, Cagnes-Sur-Mer, début de l’écriture du journal

Et bien voilà, j’attend 18 ans pour commencer à écrire le journal de ma vie (sûrement car maintenant je sais mieux écrire et dévoiler mes émotions comme je les ressens exactement…)
J’ai passé une année un peu compliquée alors je me disais que retranscrire ce que j’ai vécu en écrivant de différentes manières serait une bonne chose pour moi …

L’abord de l’intime, c’est à dire mon essence-même, ma réalité profonde, a plusieurs enjeux communicationnels.
Pour moi, c’est le lieu où se rencontrent le corps et l’esprit, où je me parle à moi-même sans en avoir forcément conscience (je ne sais pas si je suis vraiment claire mais après tout seulement moi lira ca je me comprendrais).
Je suis sure que je ne suis pas la seule à posséder ce genre de socle de solitude intérieure qui me permet de parfois la mettre en mots et alors créer un échange.

Je trouve ça tellement fascinant que l’intime nous différencie chacun les uns des autres, qu’on ai tous une histoire, un passé, une culture complètement différents…
T’imagines un peu que même au début de l’humanité, l’homme a directement cherché à se représenter, à trouver l’expression de lui-même, à symboliser, c’est fou !
Et puis l’intime est représenté sous tellement de formes sur des grottes à l’époque préhistorique, aux publicités à la télévision aujourd’hui …


24 avril 2022, premières idées

Pour communiquer l’intime à travers l’écrit, il faut avant tout que je te présente un peu ma vie, mon passé cher journal;

À la façon de Georges Perec, (c’est un auteur que j’ai étudié en classe), je vais t’eclairer un peu en t’énumérant des souvenirs qui m’ont beaucoup marqué pour que tu comprennes ma sensibilité face à certains événements et pourquoi je les ai choisi eux.
Même si ça fait longtemps que certains se sont produits, je ne les ai pas oubliés ils sont enfouis dans ma mémoire et me rendent nostalgiques chaque fois.
Tu verras qu’il y a certains éléments que tu ne connais pas encore mais je t’expliquerais ça au fur et à mesure …

https://photos.app.goo.gl/J7LYnJ1Mw3CRCYyF8

(si le lien ne marche pas j'ai essayé de l'envoyer par mail et au cas où aucun des deux ne marche, je les ai écrit sur la page d'après même si c'est très dommage car la vidéo est montée et m'a pris du temps)

-Je me souviens des balades dans les champs ensoleillés à« La Doire » avec ma grande cousine.

-Je me souviens de l’immensité des chutes du Niagara lors de mon voyage au Canada

-Je me souviens de la première fois où j’ai regardé Interstellar, les larmes coulaient toutes seules

-Je me souviens des danses endiablées sur du Manu Chao et les spectacles préparés en 20 minutes qui animaient les fins de repas de famille.

-Je me souviens de l’anniversaire de mes 10 ans, le couscous de ma mamie sentait dans toute la résidence

-Je me souviens de mon premier match au stade du Ray a nice avec mon père, toutes ces couleurs et ce brouhaha me remplissaient d’excitation.

-Je me souviens de Chambéry et des flocons de neige qui agressaient le visage sur le télésiège. Les journées étaient longues, fatigantes mais tellement amusantes ! Le soir, enlever les chaussures de ski, prendre une douche à 40 degrés et manger une croziflette me plongeaient dans une satisfaction totale.

-Je me souviens du sentiment de liberté le 5 mai 2020 quand Emmanuel Macron a supprimé les attestations de déplacement et les promenades à un km autour du domicile.

-Je me souviens de la première écoute de Iam avec mon père, je l’admirais et riait en le voyant chanter par coeur des chansons de 6 minutes.


-Je me souviens du générique de gossip girl et à quel point j’étais fan de Chuck et B.

-Je me souviens de l’odeur de la pluie sur le bitume et ce sentiment de légèreté agréable qu’elle me procure

-Je me souviens du premier tarot avec mes grands parents et de ma victoire impensable à l’âge de 13 ans, la chance m’avait souri : petit schlem

-Je me souviens de mes premières basket de marque en 6ème, des Stan Smith qui m’ont donné confiance en moi à l’époque. Ces baskets indémodables sont encore là, au milieu de mes 6 paires quotidiennes à attendre que je les remette aux pieds.

-Je me souviens de l’odeur sucrée de « La Nuit trésor » de ma tata. Ce parfum m’envoutait à l’époque, et me donnait envie d’être comme elle, une femme brune et charismatique aux lèvres rouges et aux dizaines de bijoux dorés.

-Je me souviens de notre tradition qui était de manger la polenta sur une grande planche de bois recouverte d’aluminium les soirs d’été. La semoule épaisse était accompagnée de sauce tomate préparée par toute la famille avec amour. Les oignons et les herbes avaient été fraichement coupé et la sauce mijotait depuis le matin. Nous étions alors une vingtaine de personnes heureuses à manger à la fourchette une polenta familiale sans chichi.

-Je me souviens de la peste que j’étais qui cachait sa console de jeux sous l’oreiller et disait à sa mère qu’elle était bien dans le placard du salon. L’excitation en allumant l’objet électronique faisait battre mon coeur et rougir mes joues : il fallait se préparer à faire semblant de dormir si un des deux parents ouvrait la porte …

-Je me souviens du premier tampon sur ma carte électorale le 24 avril 2022

Ce premier atelier m'a permis de me rappeler des moments enfouis au fond de ma tête mais qui m'ont procuré quleque chose. Ils permettent d'éclairer le moment présent, de se réapproprier son histoire et la poursuivre. Cette "mise en ordre des souvenirs" m'a permis un peu de "ranger mon esprit" et de me rappeler de choses essentielles de ma vie non hiérarchisées.

Passer d’une version concise à une version plus détaillée des souvenirs m’a permis de les recontextualiser avec un recul qu’il n’y avait évidemment pas lorsqu’il s’agissait du présent. Je n’ai pas spécialement rencontré de difficultés lors de ce travail.

25 avril 2022,

J’espère que ce premier atelier t’a plu cher journal.
Maintenant que tu en sais un peu plus sur moi, sur les choses auxquelles je suis sensible, j’ai décidé de t’en dire un peu plus sur des thèmes bien précis dans ma vie, car hier j’avoue, je n’avais pas trop développé.
À la manière de Alain Robbe Grillet ou Guy de Maupassant (2 auteurs que j’ai aussi étudié en classe) je vais te décrire un objet qui m’est plus que cher, qui est indispensable à ma vie ou pour réussir quelque chose.
Tu vas peut-être me prendre pour une folle mais je l’ai toujours sur moi peu importe ce que je fais. Il peut être dans ma sacoche, sur moi, sur ma table de chevet enfin bon c’est mon objet fétiche.
Ça ne va peut être pas te paraître symbolique et tu vas te demander si je suis une fille normale mais bon j’espère que tu ne me jugeras pas…


26 avril 2022,

J’ai beaucoup réfléchi avant de te le dire car j’avais peur de ta réaction mais bon après tout il faut bien que je l’écrive car ça compte pour moi.
Je ne sais pas si tu l’avais compris avec les souvenirs, mais ma mamie qui fait des couscous est née au Maroc et a vécu là-bas jusqu’à ce que mon père soit papa. J’étais sa première petite fille et aussi sa fierté, son bijou, tout pour elle.
Maroc 2003, ma mamie part avec mon grand-père pour la France avec tas de cadeaux pour mes jeunes parents qui étaient installés à Cagnes-sur-mer depuis 7 ans.
Grand-mère à 45 ans, elle me raconte la fierté et la hâte qu’elle avait de me voir.
Ne sachant mon sexe en revenant en France, elle avait acheté toutes sortes de djellaba de couleurs, des plats à ne plus savoir où les mettre et j’en passe.

Les albums photo pouvaient témoigner de ce petit objet si symbolique. À l’hôpital il était là, dans le couffin aussi, dans la baignoire ou sur la table à langer également. Cette petite gourmette plaquée argent avec écrit « babouche » en arabe dessus m’accompagnait dans tous mes moments.



Puisque ma grand mère ne savait ni le sexe, ni mon prénom quand elle est venue en France, elle a décidé de graver Babouche car c’était un surnom rigolo qui pouvait aller pour une fille et un garçon. Depuis ce jour, même en sachant mon prénom, elle m’appelle Babouche.


Ce bracelet est la chose la plus symbolique que je possède : il a une vraie histoire.
L’écriture en arabe signifie les années de vie de ma grand-mère, « babouche » est mon surnom favori, le fait que le bracelet vienne du Maroc est symbolique et le fait qu’il ne m’aie jamais quitté me montre chaque jour à quel point un objet a une histoire et appartient à l’intime.

Discret, ce petit bracelet maille très fine argenté s’est un peu usé avec le temps.
Toujours sur mon poignet gauche, je ne l’enlève jamais à part si vais aider mon père sur les chantiers par peur de le perdre (auquel cas il est toujours sur moi dans une poche ou ma sacoche).
L’inscription s’est atténuée voir a disparu mais je m’en fiche, je me rappelle exactement comment il était au début et je ne l’oublierais jamais.
Ce bracelet, c’est ma grand-mère, peu importe ce qu’il arrive, ce bijou la représente, elle sera toujours avec moi pour le meilleur et pour le pire à travers cette petite chose.

Pour cet atelier, j’ai été inspiré par un objet à la fois simple mais symbolique. Ce bracelet n’est pas le premier objet qui m’est venu en tête, mais il était celui qui me semblait le plus en adéquation avec le fond de ma pensée.
La partie introductive, dans laquelle je raconte un peu les aventures de ce bracelet avant qu'il ne m'appartienne, va permettre de comprendre la portée du bijou en plusieurs lignes.
Le bracelet ne possède pas tellement d'éléments descritpifs c'est pour cela que j'ai insisté sur le côté symbolique de celui-ci.
J’avais le désir de choisir un objet "familial" car pour moi la famille c'est le plus important dans la vie. Cet objet est en adéquation avec mes valeurs et mes idées.
Je voulais également montrer que ce n'est pas le prix de l'objet qui compte c'est sa portée et ce qu'il représente.

J’ai essayé de faire en sorte que l’on puisse trouver un intérêt à la lecture et éprouver une sensation de satisfaction en voyant qu'une si petite chose pouvait me combler.
Il s’agit pour finir de montrer que lors de l’enfance, on arrive à créer cette relation passionnelle, et presque fusionnelle avec des objets tous plus anodins les uns que les autres sans jamais vraiment comprendre pourquoi.
J’ai aimé cet atelier car il est à la fois très personnel et en même temps universel.
J’ai la ferme conviction que peu importe l’âge, l’époque, le lieu ou le milieu social, que chacun pourrait se remémorer un objet fétiche qu’il a affectionné.

28 avril 2022,

Je ne regrette pas de te l’avoir dit pour mon objet fétiche tiens, ça m’a fait du bien de t’en parler car cet objet m’accompagne toujours et fait partie intégrante de moi.
Même dans les moments les plus compliqués dont je te parlerais quand je serais prête, je ressentais un gain d’énergie, de bonheur, de relativisme en regardant ce bracelet.

Je me demande même si ce n’est pas grâce à lui que j’ai réalisé mon rêve de jeunesse…
Et bien tu sais quoi, je vais te le raconter ce moment qui m’a rempli de joie.

Cette fois-ci j’ai décidé de le faire à la manière de Sophie Calle qui crée des « fictions plastiques », qui utilise sa propre vie comme art : elle propulse l’intime dans la sphère intime.
Avec son oeuvre « Prenez soin de vous », elle va partager sa réflexion sur la rupture amoureuse et fait de cette événement une expérience collective.

AVANT LA FIERTÉ

En sixième j’ai été prise en section sportive natation au collègue Joseph Pagnol. J’étais vraiment mauvaise et me comparait beaucoup aux autres filles minces, élancées avec des maillots de bain de marque jusqu’au 23 juin 2019 où ma vie a changé.

Mon entraîneur Benjamin croyait en moi depuis le début et me disait de ne rien lâcher, il me disait souvent : « Si t'as pas envie je m’en fous c’est pas moi qui regrettera après d’avoir laissé passer la chance de sa vie »


Fierté J-1727

J-1720

On m’avait pris car j’avais selon eux des capacités. Je me rendais compte que j’étais nulle, pas assez ci, pas assez ça, je perdais toute confiance en moi.
En compétition je me faisais battre à chaque fois et "les pestes", comme, je les appellerais, venaient me voir pour me dire « t’inquiètes pas Romane une prochaine fois ».
J’avais choisi le papillon comme spécialité. Enfin mon entraîneur avait choisi pour moi.
Je détestais cette nage. Je me noyais. J’avais la boule au ventre d’aller à l’entraînement, aux compétitions, de manger une petite barre chocolatée par peur d’être jugée. J’avais perdu 5 kilos.

J-1625 : la pire année


J- 1366 : une nouvelle année (la rentrée en 5eme)



J-1244

Première année de collège : c'est fait. Une année vraiment difficile entre famille, amis, problèmes personnels.
La rentrée en cinquième s'était un peu mieux passée cette fois-ci. J'avais rencontré un garçon à la natation qui est à l'heure d'aujourd'hui mon meilleur ami : Hugo. Sans lui je serais encore seule à me comparer aux autres avec toute perte de confiance en moi.
J'avais laissé de côté les pestes qui parlaient sur moi et me concentrait sur mes performances de natation. J'acquiérais des techniques qui me permettaient de progresser mais toujours pas d'exceller.
Je continuais le papillon car je croyais beaucoup en cette nage et mes deux entraineurs me redonnaient peu à peu confiance en moi. Je progressais doucement avec quelques coups de mou parfois mais j'avais quelque chose de plus qu'en sixième : la détermination et le mental.
Malgré quelques bons temps lors de compétitions, je n'avais toujours pas atteient mon objectif.
Aux yeux de ma famille je voulais qu'ils soient fiers de mon évolution et de m'être battu jusqu'au bout, je ne voulais juste nager, je voulais aussi gagner.





"Mieux vaut nager seul qu'en compagnie de la personne qui a décidé de vous noyer."

J-1095 : rentrée en quatrième

Les efforts commencent enfin à payer. Ces 12 heures d'entraînement par semaine où l'on nageait sous -1 degrès, où nous ne sentions plus notre corps, où les entraineurs nous poussaient à bout ne servaient pas à rien. Je commençais de plus en plus à me rapprocher des temps des pestes mais je restais humble.

Le dos crawlé est aussi devenu une de mes spé. Cette année de quatrième fut riche en intensité puisque les meilleurs du club qualifiés pour les "N2" étaient récompensés par un satge de natation à Callela en Espagne. À mon plus grand bonheur j'avais été qualifiée grâce à mon temps sur le 1OO mètres papillon.

J-547

J-520 (rabibochage avec les pestes dans la victoire commune du 100 mètres nage libre)

J-366
Ce jour-là devait malheuresement arriver. Malgré tous mes efforts et mes résultats corrects, je n'avais pas été selectionnée pour les Championnaits de France. Je me rappelle encore de cette tristesse quand je me suis connectée sur le site et j'ai vu ma 41ème place alors qu'ils en prenaient 40. La fille juste au-dessus de moi m'avait battu de 0,002 centièmes. J'étais déçue, énervée contre moi-même, anéantie.


J-305 : rentrée en troisième.

"écoute moi romane, t'es capable tu le feras cette année ne t'en fais pas"

Cette grande déception m'avait mis un coup moral mais avait forgé encore plus mon mental. Il ne fallait pas que je lâche, que j'abandonne si près du but. Chaque entrainement, chaque compétition était un challenge. Je ne pensais qu'à réussir ces Championnats de France qui avaient toujours été un rêve pour moi. Plus les mois passaient, plus je changeais mentalement et physiquement.

J-80

J-72 (des petites victoires personnelles avant le jour J)

J-54 (entraînement avec Alain Bernard qui me remotive et me donne pleins de conseils pour être prête)

J-32 Le stress commence de plus en plus à monter mais je suis confiante, j'ai toutes les cartes en main. Comme dit Benjamin mon entraineur "tu n'as aucune raison de pas réussir à part toi-même". Tous les entrainements et les petites compétitions régionales me confortent dans l'idée que "ca devrait le faire".

J-50 séléction aux championnats de France !

J-20 : moins de 3 semaines de préparation physique avant le grand jour

J-5 : on y est presque

J-3

J-2

J-1

J-J https://share.icloud.com/photos/09ctfYegHnNc8qYIqnJJ0WpeQ