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L'homme et l'animal

Portfolio

Jeanne PARACHINI
Océane BURLOT

2021-2022

Sommaire

1. Introduction

7. Le Corbeau

2. Ovide

3. Les oeuvres d'Ovide

4. Les Métamorphoses

5. Edgar Poe

6. Les oeuvres d'Edgar Poe

8. Les points communs

9. Les différences

10. Notre avis

Introduction

Notre thématique est l’homme et l’animal. Nous l’aborderons à travers deux œuvres, un extrait du livre II des Métamorphoses (vers 531 à 707) d’Ovide et Le Corbeau, d’Edgar Allan Poe (traduit par Charles Baudelaire).
Grace à ces œuvres, nous traiterons notre sujet qui est l’homme et l’animal en étudiant les relations entre les protagonistes des œuvres que nous avons choisies.
Nous tenions à travailler sur le sujet du corbeau, pour comprendre pourquoi et depuis quand nous avons une image si négative de cet animal.

Le principe du portfolio est de comparer et étudier deux œuvres, l’une antique et l’autre contemporaine, autour d’une thématique. Ce projet permet de voir les différences et les similitudes que l’on peut trouver entre deux œuvres d’époques différentes, et d’appréhender ainsi l’évolution des idéologies à travers le temps.

Illustrations pour Le Corbeau, Edouard Manet, 1875

Apollo uccide Coronide, Luigi Ademollo, 1832

Ovide

Ovide, du nom latin Publius Ovidius Naso, est un poète latin né en 43 av. J.-C (1 an après l’assassinat de Jules César) à Sulmon (en Italie) et qui est mort en 17 ou 18 après J.- C. en exil à Tomis. C’est un poète qui a vécu la naissance de l’Empire Romain.

Ovide étant issu d’une famille aisée, c’est à dire de l’ordre équestre qui est le groupe des citoyens les plus riches à Rome, il est l’héritier d’une grande fortune. Il partit à l’âge de 18 ans faire un voyage à Athènes ce qui lui permit d’avoir une grande inspiration pour ses œuvres et notamment pour les Métamorphoses.
Sur la décision de son père, Ovide a suivi une carrière judiciaire. Cependant, il se rendit vite compte que cela n’était pas fait pour lui et il préféra donc se consacrer totalement à la poésie. Grace à cela, il fréquenta d’autres poètes comme Horace, Tibulle ou encore Properce. Sa carrière débuta à l’âge de 24 ans avec Les Amours (écrit en 19 av. J.-C). A l’âge de 40 ans, Ovide décida d’abandonner les poésies érotiques pour pouvoir écrire Les Métamorphoses. Ovide a également influencé de nombreux auteurs au fil des siècles. Des auteurs comme Ronsard, Molière, Shakespeare ou encore Chrétien de Troyes.

19 novembre 8 est la date de l’exil d’Ovide. En effet, Ovide a été exilé par l’empereur Auguste à Tomis, qui se situe en Roumanie (près de la Mer noire). C’est pourquoi Ovide a donné son nom à des villes, rues et écoles dans ce pays. On ne connaît pas exactement les raisons de son exil mais c’est officiellement à cause de son œuvre érotique intitulé l’Art d’aimer. Une œuvre que n’aurait pas apprécié Auguste et qui aurait donc donné la raison de son exil. On pense également qu’il y aurait eu d’autres raisons politiques en rapport avec son exil mais aucune preuve ne permet de le déterminer.
Pendant son exil, Ovide a beaucoup souffert du fait d’être éloigné de Rome. Il l’a d’ailleurs exprimé à travers une œuvre : les Tristes et les Pontiques, qui est un recueil de lettres poétique où Ovide exprime ses regrets, sa mélancolie de Rome et sa détresse d’exilé. Il finira sa vie toujours exilé en 17 ou 18 apr. J.-C.

Ovide, Anton von Werner, 1905

Les oeuvres d'Ovide

La plupart de ses œuvres parlent d’amour ou de la tristesse. Parmi les œuvres les plus célèbres d’Ovide, on retrouve L’Art D’Aimer et les Métamorphoses. Celle des deux qui restera la plus célèbre sera les Métamorphoses.

Tableau du Temple des Muses : Cycnus ; Bloemaert, Cornelis II

Ovide a écrit de nombreux poèmes de genres divers: des poésies didactiques (qui visent à l’enseignement) comme Les Fastes, Les Fards, des poésies élégiaques, comme les Amours, des poésies lyriques (qui visent à exprimer des sentiments amoureux ou douloureux) comme les Tristes, les Pontiques. Et pour finir, il a écrit également des poésies épiques mythologiques comme les Métamorphoses.

L’Art d’Aimer Illustration par Aristide Maillol

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Les Métamorphoses

Le texte

Phaéton foudroyé par Zeus, Jan Carel van Eyck

Comme nous l'avons évoqué précédemment, les Métamorphoses sont un recueil poétique contenant près de 230 récits de métamorphoses, de la création du monde, à la mort de César. Au total, l’œuvre compte 15 livres et environ 12000 vers, des hexamètres dactyliques. Parmi les différentes métamorphoses, les plus célèbres resteront : Actéon, l’enlèvement d’Europe, Orphée et Eurydice, Pygmalion et pour finir Narcisse.

Les Métamorphoses d’Ovide ont été écrites au début du Ier siècle, à la fin de la vie d’Ovide. Ovide, avant de partir en exil, avait brûlé son œuvre, mais cette œuvre a quand même été conservée et donc publiée grâce aux manuscrits qu’Ovide avait distribués à ses amis. L’œuvre connaîtra un grand succès. Dans ce vaste recueil poétique, Ovide a voulu mettre en scène des métamorphoses qui puisent leur origine dans les récits mythologiques, les récits épiques et les tragédies. Ovide s’est probablement inspiré de l’Iliade et de l’Odyssée d’Homère ainsi que de la Théogonie d’Hésiode..

ans l’extrait que nous avons choisi, nous pouvons remarquer qu’il y a plusieurs récits :

Premièrement, il y a l’histoire du corbeau, - on retrouve dans cet extrait le corbeau, jadis de couleur blanche, ce qui représente un aspect de gaieté, qui fut transformé en un corbeau tout noir, ce qui représente à présent, un côté plus sombre, plus triste. Cette métamorphose du corbeau est due au fait que le corbeau a révélé à son maître Apollon l’infidélité que Coronis a eu envers ce dernier.
Deuxièmement, nous retrouvons la mise en garde de Cornix envers le corbeau. En effet, nous remarquons ici que la Cornix essaye de mettre en garde le corbeau lui disant de ne rien révéler à Apollon. Elle lui explique alors sa propre expérience. La corneille raconte comment elle a été punie par Minerve pour avoir rapporter une faute commise par Aglauros. On remarque donc dans ce passage qu’il ne faut pas intervenir dans les affaires d’autrui. Pour finir, on remarque le fait que le corbeau n’écoute pas les explications de la Corneille et s’en va rapporter à son maître l’infidélité de Coronis. On voit donc que, comme l’avait prévenue la Cornix, le corbeau fut métamorphosé. Cela montre qu’il faut écouter son prochain.

Notre extrait est Traduit par Anne Marie Boxus et Jacques Poucet. Il date de 2005. Anne Marie Boxus était une lectrice en langues anciennes, et Jacque Poucet était historien, spécialiste de la Rome antique.

Actéon métamorphosé en cerf, Francesco Albani










Di maris adnuerant : habili Saturnia curru


ingreditur liquidum pauonibus aethera pictis,


tam nuper pictis caeso pauonibus Argo,



quam tu nuper eras, cum candidus ante fuisses,



corue loquax, subito nigrantis uersus in alas.

Nam fuit haec quondam niueis argentea penni


ales, ut aequaret totas sine labe columbas,


nec seruaturis uigili Capitolia uoce


cederet anseribus nec amanti flumina cycno.

Lingua fuit damno : lingua faciente loquaci

qui color albus erat, nunc est contrarius albo.

Pulchrior in tota quam Larisaea Coronis

non fuit Haemonia : placuit tibi, Delphice, certe,


dum uel casta fuit uel inobseruata, sed ales



sensit adulterium Phoebeius, utque latentem

detegeret culpam, non exorabilis index,



ad dominum tendebat iter. Quem garrula motis



consequitur pennis, scitetur ut omnia, cornix

auditaque uiae causa « non utile carpis »


inquit « iter : ne sperne meae praesagia linguae !


Quid fuerim quid simque uide meritumque require :

inuenies nocuisse fidem. nam tempore quodam

Pallas Ericthonium, prolem sine matre creatam,

clauserat Actaeo texta de uimine cista



uirginibusque tribus gemino de Cecrope natis



et legem dederat, sua ne secreta uiderent.


Abdita fronde leui densa speculabar ab ulmo,

quid facerent : commissa duae sine fraude tuentur,

Pandrosos atque Herse ; timidas uocat una sorores


Aglauros nodosque manu diducit, et intus


infantemque uident adporrectumque draconem.


Acta deae refero. Pro quo mihi gratia talis



redditur, ut dicar tutela pulsa Mineruae


et ponar post noctis auem ! Mea poena uolucres


admonuisse potest, ne uoce pericula quaerant.

At, puto, non ultro nequiquam tale rogantem


me petiit ! Ipsa licet hoc a Pallade quaeras :

quamuis irata est, non hoc irata negabit.

Nam me Phocaica clarus tellure Coroneus,



(nota loquor) genuit, fueramque ego regia uirgo



diuitibusque procis (ne me contemne) petebar :


forma mihi nocuit. Nam cum per litora lentis


passibus, ut soleo, summa spatiarer harena,


uidit et incaluit pelagi deus, utque precando

tempora cum blandis absumpsit inania uerbis,

uim parat et sequitur. Fugio densumque relinquo


litus et in molli nequiquam lassor harena.

Inde deos hominesque uoco ; nec contigit ullum

uox mea mortalem : mota est pro uirgine uirgo

auxiliumque tulit. Tendebam bracchia caelo :

bracchia coeperunt leuibus nigrescere pennis ;

reicere ex umeris uestem molibar, at illa

pluma erat inque cutem radices egerat imas ;

plangere nuda meis conabar pectora palmis,

sed neque iam palmas nec pectora nuda gerebam ;

currebam, nec, ut ante, pedes retinebat harena,

sed summa tollebar humo ; mox alta per auras


euehor et data sum comes inculpata Mineruae.


Quid tamen hoc prodest, si diro facta uolucris



crimine Nyctimene nostro successit honori ?

An quae per totam res est notissima Lesbon,

non audita tibi est, patrium temerasse cubile

Nyctimenen ? Auis illa quidem, sed conscia culpae

conspectum lucemque fugit tenebrisque pudorem

celat et a cunctis expellitur aethere toto. »

Talia dicenti : « Tibi » ait « reuocamina » coruus

« sint, precor, ista malo : nos uanum spernimus omen. »

Nec coeptum dimittit iter dominoque iacentem

cum iuuene Haemonio uidisse Coronida narrat.

Laurea delapsa est audito crimine amantis,

et pariter uultusque deo plectrumque colorque

excidit, utque animus tumida feruebat ab ira,

arma adsueta capit flexumque a cornibus arcum


tendit et illa suo totiens cum pectore iuncta

indeuitato traiecit pectora telo.

Icta dedit gemitum tractoque a corpore ferro

candida puniceo perfudit membra cruore

et dixit : « Potui poenas tibi, Phoebe, dedisse,

sed peperisse prius ; duo nunc moriemur in una. »

Hactenus, et pariter uitam cum sanguine fudit ;

corpus inane animae frigus letale secutum est.


Paenitet heu ! Sero poenae crudelis amantem,

seque, quod audierit, quod sic exarserit, odit ;

odit auem, per quam crimen causamque dolendi

scire coactus erat, nec non arcumque manumque

odit cumque manu temeraria tela, sagittas ;

conlapsamque fouet seraque ope uincere fata

nititur et medicas exercet inaniter artes.

Quae postquam frustra temptata rogumque parari


uidit et arsuros supremis ignibus artus,

tum uero gemitus (neque enim caelestia tingui

ora licet lacrimis) alto de corde petitos

edidit, haud aliter quam cum spectante iuuenca

lactentis uituli dextra libratus ab aure

tempora discussit claro caua malleus ictu.

Vt tamen ingratos in pectora fudit odores

et dedit amplexus iniustaque iusta peregit,

non tulit in cineres labi sua Phoebus eosdem

semina, sed natum flammis uteroque parentis



eripuit geminique tulit Chironis in antrum.

Sperantemque sibi non falsae praemia linguae

inter aues albas uetuit consistere coruum.

Les dieux de la mer avaient approuvé de la tête ; la regagne

l'éther limpide sur son char rapide tiré par des paons chatoyants,

chatoyants depuis peu de temps, après le meurtre d'Argus,


tout comme toi, corbeau babillard, naguère éclatant de blancheur,



qui as changé de couleur, subitement doté d'ailes noires.


Jadis en effet, cet oiseau avait l'éclat de l'argent et des plumes de neige,


au point qu'il rivalisait avec toutes les colombes immaculées

et ne le cédait ni aux oies qui, grâce à leur voix vigilante,

sauveraient un jour le Capitole, ni au cygne, ami des rivières.


Sa langue le perdit ; sa langue bavarde aidant,

lui qui était blanc est maintenant de la couleur opposée.

Dans toute l'Hémonie, nulle fille n'était plus belle

que Coronis de Larissa ; certes, dieu de Delphes, elle te plut,

tant qu'elle fut fidèle ou tant qu'elle agit sans témoins indiscrets ;


mais l'oiseau de Phébus remarqua son infidélité et,

indicateur impitoyable, il se rendait auprès de son maître

pour lui révéler cette faute restée secrète. Une corneille bavarde

le suit à tire d'ailes, voulant tout savoir ; apprenant la raison

de son déplacement : « Tu entames un voyage bien inutile » ; dit-elle,


« ne néglige pas les prédictions exprimées dans mon récit.

Vois ce que j'ai été et ce que je suis, et demande-toi

comment j'ai mérité ce sort. Tu verras que ma fidélité m'a nui.

En effet, au temps jadis, Pallas avait enfermé Érichthonius,

un enfant né sans mère, dans une corbeille tressée d'osier de l'Acté,


et l'avait confié aux trois filles, vierges, de l'hybride Cécrops,

leur fixant pour règle de ne pas regarder son contenu secret.

Cachée par un léger feuillage, du haut d'un orme épais,

j'observais ce qu'elles faisaient ; Pandrosos et Hersé, toutes deux,

gardent loyalement l'objet qui leur est confié ; seule Aglauros


taxe ses soeurs de timidité, et sa main défait les noeuds de la corbeille ;

à l'intérieur, elles voient un petit enfant et un serpent étendu à côté de lui.

Je rapporte ces faits à la déesse ; en échange, j'obtiens la faveur

d'apprendre que je suis exclue des protégés de Minerve,

et reléguée derrière l'oiseau de la nuit. Ma punition peut avoir été

d'avertir les oiseaux d'éviter les risques du bavardage.

Mais, j'y pense, la déesse m'a cherchée, moi qui en vain

ne le demandais pas de mon plein gré ! Libre à toi d'interroger Pallas ;

elle est en colère, mais malgré sa colère elle ne le niera pas.

Donc, Coroneus, célèbre en terre de Phocide, était mon père


- ces faits sont connus -, et moi, j'étais une fille de sang royal,

recherchée - ne me regarde pas de haut - par de riches prétendants.

Ma beauté me fit grand tort. En effet, un jour que, à mon habitude,

je me promenais lentement sur le sable, le long du rivage,

le dieu de la mer me vit et s'enflamma. Tout d'abord,

il perd du temps en prières et en propos caressants,

puis il se prépare à me faire violence et me poursuit. Je fuis

et, quittant le rivage ferme, je m'épuise en vain sur le sable mou.

Alors j'invoque les dieux et les humains, mais nul mortel

n'entendit ma voix ; une vierge s'est émue pour une vierge


et lui a porté secours. Je tendais les bras vers le ciel ;


mes bras commencèrent à noircir, transformés en ailes légères.

Je tentais de rejeter ma robe de mes épaules, mais devenue plumage,

elle poussait sous ma peau de profondes racines.

J'essayais de frapper de mes mains ma poitrine nue,



mais déjà je n'avais plus ni mains ni poitrine nue.

Je courais, mais comme avant le sable ne retenait plus mes pieds,

et j'étais soulevée de la surface du sol. Bientôt, emportée dans les airs,

me voilà livrée à Minerve, comme suivante, pure de toute faute.


Mais à quoi cela me sert-il, puisque, suite à un crime abominable,


Nyctimène, devenue oiseau, m'a succédé dans cet honneur ?

N'as-tu donc pas entendu cette histoire, connue de tout Lesbos,

disant que Nyctimène a souillé la couche paternelle ?

Elle est oiseau sans doute, mais consciente de sa faute,

elle fuit les regards et la lumière, dans les ténèbres,


elle cache sa honte, chassée par tous du royaume de l'éther ».

À ces paroles le corbeau dit : « Grand mal te fassent

tes mises en garde ; moi, je méprise ton vain présage. »

Il ne renonce pas au voyage entrepris et raconte à son maître

qu'il a vu Coronis couchée avec un jeune homme d'Hémonie.

Apprenant le crime de son amante, le dieu laissa tomber son laurier ;

ses traits se défirent, son visage devint livide, son plectre lui échappa ;

tandis qu'il bouillonnait, le coeur tout gonflé de colère,


il saisit ses armes coutumières, tendit son arc flexible,

et ce coeur qu'il avait tant de fois serré sur son coeur,

il le transperça d'un trait imparable.

Frappée, Coronis gémit et, une fois le fer retiré de la plaie,

tandis qu'un sang pourpre inonde ses membres blancs, elle dit :

« J'aurais pu, Phébus, subir un châtiment de ta part,

mais après m'être accouchée : maintenant nous serons deux à mourir. »


Elle n'en dit pas plus et perdit son sang et la vie ;

le froid de la mort gagna son corps privé de souffle.


L'amant regrette, trop tard hélas, cette punition cruelle ;

il se hait d'avoir écouté, de s'être ainsi enflammé ;

il hait aussi l'oiseau qui le força à connaître la trahison

et la cause de sa douleur ; il hait aussi son arc et sa main

et les flèches que sa main a lancées à la légère.

Coronis s'est écroulée : il la réchauffe et, par des soins trop tardifs,

il s'efforce de vaincre le destin, exerçant, en vain, son art de médecin.

Lorsqu'il vit l'inutilité de ses tentatives, la préparation du bûcher

et le corps de Coronis prêt à devenir la proie du feu suprême,

il poussa alors - un visage céleste ne peut être baigné de larmes ! -

des gémissements venus du fond de son coeur ;

ainsi gémit la génisse lorsqu'elle voit le front du veau

qu'elle allaite fendu d'un coup sonore par la massue

qu'on a balancée près de son oreille droite.

Cependant Phébus baigna le sein de la morte de vains parfums,

l'étreignit et accomplit les rites prescrits pour cette fin injuste ;

mais ne tolérant pas que sa propre semence soit aussi réduite en cendres,

il arracha son fils aux flammes et au ventre de sa mère


et l'emporta dans l'antre de Chiron au corps hybride.

Quant au corbeau, qui espérait un prix pour son rapport précis,

il interdit de le compter encore parmi les oiseaux de couleur blanche.











Edgar Allan Poe est un écrivain américain du XIXème siècle. Ses livres sont de genres très différents : on trouve du policier, de la poésie, du fantastique ou encore la parodie. Il est l’une des principales figures du romantisme américain grâce à son écriture variée.

Edgar Poe naît à Boston le 19 janvier 1809. Ses parents meurent jeunes, et Edgar, qui n'est alors qu'un enfant, est adopté par une famille bourgeoise, les Allan. Edgar Poe décide de quitter sa famille à 18 ans. Il publie ses premiers écrits, Tamerlan et autres poèmes, et s’engage pour cinq ans comme artilleur sous le nom de Edgar A. Perry. Sa mère adoptive meurt le 28 février 1829, John aide Edgar à quitter l’armée.
Pendant deux ans, Edgar peinera à avoir un revenu correct, jusqu’à ce qu’il gagne un prix. A la suite de cela, il sera engagé dans divers journaux tels que le Southern, le Burton’s Gentleman Magazine et l’Evening Mirror. La Chute de la maison Usher, Le Diable dans le beffroi et William Wilson, qui paraissent dans le Burton’s Gentleman Magazine, font du magazine le mensuel le plus en vue de Philadelphie. Lorsque Le Corbeau est publié dans l’ Evening Mirror, l’œuvre a un succès extraordinaire.
Plusieurs fois, Edgar Poe tente d’être indépendant et d’avoir sa propre revue, mais ce n’est qu’à sa troisième tentative qu’il y parvient, avec le Broadway Journal. Seulement, il ne reste propriétaire de la revue que 3 mois.
Du côté de sa vie personnelle, il épouse en 1836 sa cousine, Virginia, âgée de 13 ans à l’époque. Pendant un an (de 1841 à 1842), il jouit d’une vie financière stable, c’est sûrement l’époque de sa vie la plus heureuse. Cependant, son bonheur prend fin quand Virginia est victime d’une hémorragie en 1842.
En mai 1846, Edgar et sa famille déménagent dans la banlieue de New York. Là-bas, Edgar Poe tombe malade et est incapable d’écrire. La famille sombre dans la misère. En 1847, Virginia décède.
En décembre 1848, il donne devant deux mille personnes sa célèbre conférence sur Du Principe poétique. Elle est encore aujourd’hui considérée comme la charte de la poésie pure. Dans cette conférence, il expose sa pensée théorique de la poésie. De nombreux poètes ont utilisé ce guide poétique, notamment Charles Baudelaire, qui est d’ailleurs le traducteur de notre texte.
Le 27 septembre 1849, il disparaît, pour réapparaître 4 jours plus tard, dans un état déplorable, voire fou.
Edgar meurt, officiellement d'une « congestion cérébrale», le dimanche 7 octobre 1849.

Edgar Allan Poe

mort

jeunesse

Il existe beaucoup de théories sur la mort d’Edgar Allan Poe, mais voici la plus reconnue : il aurait été victime de corruption et de violence, courantes lors des élections. De fait, la ville était en pleine campagne électorale et des agents parcouraient les rues, pour faire boire aux naïfs un cocktail d’alcool et de narcotiques afin de les traîner ainsi abasourdis au bureau de vote. Edgar Poe serait ressorti de cette attaque totalement traumatisé.

Ses deux parents, Elizabeth et David Jr Poe, sont comédiens. Son père meurt en 1811, après avoir sombré dans l’alcoolisme et sa mère mourra la même année d’une maladie, à l’âge de 24 ans.

Edgar Poe est adopté par une famille bourgeoise, qui le baptise Edgar Allan Poe. En 1815, toute sa famille déménage au Royaume-Uni. Edgar fait preuve d'un caractère irritable et parfois tyrannique envers ses camarades de classe, mais obtient de brillants résultats scolaires, en latin et français notamment. En 1819, Edgar Allan Poe fait une première fugue, à l’âge de 10 ans.

La famille d’Edgar rentre aux États-Unis en 1820. À l’école, Edgar obtient, là aussi, d'excellents résultats, mais commence à manifester un certain penchant pour la solitude et la rêverie. John Allan envoie Edgar à l’université de Virginie, en 1826. L’année suivante, M. Allan ne le réinscrit pas car malgré les bons résultats de Edgar, celui-ci à des dettes de jeu et des frais courants, qui s'élèvent à 2 000 dollars.

Les oeuvres de Poe

Au cours de sa vie, Edgar Allan Poe a écrit un grand nombre d’œuvres. Il est célèbre pour ses contes et ses nouvelles, mais il a aussi réalisé des poèmes, des romans, des essais et même une pièce de théâtre (qui est d’ailleurs restée inachevée).
Edgar A. Poe est parfois qualifié d’innovateur littéraire.
En effet il est considéré comme l’inventeur du roman policier. C’est en écrivant Double Assassinat dans la rue Morgue qu’il crée le genre. Bien que les mystères ne soient pas une nouvelle forme littéraire, Poe a été le premier à introduire un personnage qui a résolu le mystère en analysant les faits de l'affaire.
De plus, il n’est pas le premier écrivain d'histoires d'horreur, mais ses techniques constituent le fondement du genre littéraire. On trouve souvent dans ses œuvres une atmosphère gothique, notamment dans la nouvelle La Chute de la maison d’Uther ou encore dans le poème Le Corbeau. La plupart de ses écrits abordent les thèmes de la mort et de la perte, si présents dans sa propre vie.
Il est aussi un des pionniers de la science-fiction, avec des titres comme La Vérité sur le cas de M. Valdemar.

Poe a été parmi les premiers à proposer l'établissement de normes permettant de juger les œuvres littéraires et a créé sa propre vision de ce qui constituait une bonne littérature, faisant ainsi de lui un critique littéraire. Parmi les idées de Poe sur la critique littéraire figurait la conviction qu'une œuvre devait être examinée pour sa propre valeur et que des critères non littéraires tels que les antécédents ou le statut social d'un écrivain ne devaient pas être pertinents.
Parmi les œuvres de Edgar Allan Poe, on peut citer Le Masque de la Mort Rouge, Le Chat Noir, La lettre volée ou encore Le Puits et Le Pendule, dans les plus célèbres. Mais l’œuvre qui aura le plus de succès lors de sa publication est Le Corbeau. On trouve d’ailleurs souvent une représentation de l’oiseau sinistre lorsque l’on fait des recherches sur cet auteur.

Le Corbeau de Edgar Poe est publié pour la première fois le 29 janvier 1845, dans le New York Evening Mirror. Ce poème narratif s’inscrit dans les plus grandes œuvres d’Edgar Poe. En effet, dès sa première publication, le poème rencontre un immense succès.

Le poème est très logique et méthodique. Dans La Philosophie de la composition, Edgar Poe explique qu’il cherche à satisfaire la demande des lecteurs autant que des critiques dans cette œuvre. Dans ce texte, il décrit tous les mécanismes mis en œuvre pour créer. Il veut démontrer qu’il est possible d’écrire un bon poème avec pour seul soutien la technique. Ainsi, lors de l’écriture du Corbeau, Poe exclut ses sentiments.
Dans ce récit, le narrateur se lamente sur la mort de son amour, Lenore, lorsqu’il reçoit la visite d’un corbeau. L’oiseau perché en haut de sa porte répète inlassablement « Jamais plus » (Nevermore). La répétition de ces mots plonge le narrateur dans un désarroi si fort qu'il sombre dans la folie.
Au-delà des aspects poétiques, La Lénore « perdue » a peut-être été inspirée par la vie de Poe lui-même, soit par la mort prématurée de sa mère Elizabeth Poe, soit par la longue maladie de sa femme, Virginia.
Il s’inspire en partie du roman Barnaby Rudge de Charles Dickens, où l’on retrouve un corbeau parlant et de la Cour de lady Geraldin de Elizabeth Barrett Browning au niveau de rythme du poème.
Le poème serait selon Christopher F. S. Maligec une sorte de paraclausithyron élégiaque, une ancienne forme poétique grecque et romaine représentant la complainte d'un exclu, l'amant se retrouvant à la porte scellée de sa bien-aimée.
Le poème possède des rimes internes et de nombreuses allitérations. Il est composé de 18 strophes de 6 vers chacun. Toutes les strophes finissent par un mot en [u] en français et en [or] en anglais (exemple : « jamais plus »// " nevermore ")
Le Corbeau, est traduit par Charles Baudelaire. L’auteur français découvre Edgar Poe trois ans avant la mort de celui-ci, et se passionne pour ses œuvres. Baudelaire est considéré comme un des meilleurs traducteurs de Poe, et grâce à lui, Poe connaît un grand succès en France. On peut même dire que les deux auteurs partagent une fraternité artistique.

Le Corbeau

illustration de Gustave Doré, 1884

résumé

le texte

Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué,
Sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée,
Pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il se fit un tapotement,
Comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre.
« C’est quelque visiteur, – murmurai-je, – qui frappe à la porte de ma chambre ;
Ce n’est que cela et rien de plus. »

Ah ! distinctement je me souviens que c’était dans le glacial décembre,
Et chaque tison brodait à son tour le plancher du reflet de son agonie.
Ardemment je désirais le matin ; en vain m’étais-je efforcé de tirer
De mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue,
Pour la précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore, –
Et qu’ici on ne nommera jamais plus.

Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait,
Me remplissait de terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu’à ce jour ;
Si bien qu’enfin pour apaiser le battement de mon cœur, je me dressai, répétant :
« C’est quelque visiteur qui sollicite l’entrée à la porte de ma chambre,
Quelque visiteur attardé sollicitant l’entrée à la porte de ma chambre ; —
C’est cela même, et rien de plus. »


Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N’hésitant donc pas plus longtemps :
« Monsieur, dis-je, ou madame, en vérité, j’implore votre pardon ;
Mais le fait est que je sommeillais et vous êtes venu frapper si doucement,
Si faiblement vous êtes venu frapper à la porte de ma chambre,
Qu’à peine étais-je certain de vous avoir entendu. » Et alors j’ouvris la porte toute grande ; –
Les ténèbres, et rien de plus.

Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d’étonnement, de crainte,
De doute, rêvant des rêves qu’aucun mortel n’a jamais osé rêver ;
Mais le silence ne fut pas troublé, et l’immobilité ne donna aucun signe,
Et le seul mot proféré fut un nom chuchoté : « Lénore ! »
C’était moi qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot : « Lénore ! »
Purement cela, et rien de plus.


Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme incendiée,
J’entendis bientôt un coup un peu plus fort que le premier.
« Sûrement, – dis-je, – sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de ma fenêtre ;
Voyons donc ce que c’est, et explorons ce mystère. Laissons mon cœur se calmer un instant, et explorons ce mystère ; –
c’est le vent, et rien de plus. »


Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d’ailes,
Entra un majestueux corbeau digne des anciens jours.
Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta pas, il n’hésita pas une minute ;
Mais avec la mine d’un lord ou d’une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre ;
Il se percha sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma chambre ; –
il se percha, s’installa, et rien de plus.


Alors, cet oiseau d’ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie,
Induisant ma triste imagination à sourire :
« Bien que ta tête, – lui dis-je, – soit sans huppe et sans cimier,
Tu n’es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit.
Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la nuit plutonienne ! »
Le corbeau dit : « Jamais plus ! »


Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si facilement la parole,
Bien que sa réponse n’eût pas un bien grand sens et ne me fût pas d’un grand secours ;
Car nous devons convenir que jamais il ne fut donné à un homme vivant
De voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre,
Un oiseau ou une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre,
se nommant d’un nom tel que – Jamais plus !

Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique,
Comme si dans ce mot unique il répandait toute son âme.
Il ne prononça rien de plus ; il ne remua pas une plume, –
Jusqu’à ce que je me prisse à murmurer faiblement : « D’autres amis se sont déjà envolés loin de moi ;
Vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées. »
L’oiseau dit alors : « Jamais plus ! »


Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec tant d’à-propos :
Sans doute, – dis-je, – ce qu’il prononce est tout son bagage de savoir,
Qu’il a pris chez quelque maître infortuné que le Malheur impitoyable
A poursuivi ardemment, sans répit, jusqu’à ce que ses chansons n’eussent plus qu’un seul refrain, Jusqu’à ce que le De profundis de son Espérance eût pris ce mélancolique refrain :
« Jamais – jamais plus ! »

Mais le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire,
Je roulai tout de suite un siège à coussins en face de l’oiseau et du buste et de la porte ;
Alors, m’enfonçant dans le velours, je m’appliquai à enchaîner les idées aux idées,
Cherchant ce que cet augural oiseau des anciens jours,
Ce que ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours voulait faire entendre

En croassant son – Jamais plus !

Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais n’adressant plus une syllabe
À l’oiseau, dont les yeux ardents me brûlaient maintenant jusqu’au fond du cœur :
Je cherchai à deviner cela, et plus encore, ma tête reposant à l’aise
Sur le velours du coussin que caressait la lumière de la lampe,
Ce velours violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête,
À Elle, ne pressera plus, – ah ! jamais plus !

Alors, il me sembla que l’air s’épaississait, parfumé par un encensoir invisible
Que balançaient les séraphins dont les pas frôlaient le tapis de ma chambre.
« Infortuné ! – m’écriai-je, – ton Dieu t’a donné par ses anges, il t’a envoyé du
Répit, du répit et du népenthès dans tes ressouvenirs de Lénore !
Bois, oh ! bois ce bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue ! »
Le corbeau dit : «Jamais plus ! »

« Prophète ! – dis-je, – être de malheur ! oiseau ou démon ! mais toujours prophète !
Que tu sois un envoyé du Tentateur, ou que la tempête t’ait simplement échoué,
Naufragé, mais encore intrépide, sur cette terre déserte, ensorcelée,
Dans ce logis par l’Horreur hanté, – dis-moi sincèrement, je t’en supplie,
Existe-t-il, existe-t-il ici un baume de Judée ? Dis, dis, je t’en supplie ! »
Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Prophète ! – dis-je, – être de malheur ! oiseau ou démon ! toujours prophète !
Par ce ciel tendu sur nos têtes, par ce Dieu que tous deux nous adorons,
Dis à cette âme chargée de douleur si, dans le Paradis lointain,
Elle pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment Lénore,
Embrasser une précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore. »
Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

« Que cette parole soit le signal de notre séparation, oiseau ou démon ! – hurlai-je en me redressant. –
Rentre dans la tempête, retourne au rivage de la nuit plutonienne ;
Ne laisse pas ici une seule plume noire comme souvenir du mensonge que ton âme a proféré ;
Laisse ma solitude inviolée ; quitte ce buste au-dessus de ma porte ;
Arrache ton bec de mon cœur et précipite ton spectre loin de ma porte ! »
Le corbeau dit : « Jamais plus ! »

Et le corbeau, immuable, est toujours installé
Sur le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ;
Et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui rêve ;
Et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher ;
Et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher,
Ne pourra plus s’élever, – jamais plus !


Edgar Allan Poe, traduction de Charles Baudelaire

Once upon a midnight dreary, while I pondered, weak and weary,
Over many a quaint and curious volume of forgotten lore—
While I nodded, nearly napping, suddenly there came a tapping,
As of some one gently rapping, rapping at my chamber door—
"'Tis some visitor," I muttered, "tapping at my chamber door—
Only this and nothing more."


Ah, distinctly I remember it was in the bleak December;
And each separate dying ember wrought its ghost upon the floor.
Eagerly I wished the morrow;—vainly I had sought to borrow
From my books surcease of sorrow—sorrow for the lost Lenore—
For the rare and radiant maiden whom the angels name Lenore—
Nameless here for evermore.


And the silken, sad, uncertain rustling of each purple curtain
Thrilled me—filled me with fantastic terrors never felt before;
So that now, to still the beating of my heart, I stood repeating,
"'Tis some visitor entreating entrance at my chamber door—
Some late visitor entreating entrance at my chamber door;—
This it is and nothing more."


Presently my soul grew stronger; hesitating then no longer,
"Sir," said I, "or Madam, truly your forgiveness I implore;
But the fact is I was napping, and so gently you came rapping,
And so faintly you came tapping, tapping at my chamber door,
That I scarce was sure I heard you"—here I opened wide the door;—
Darkness there and nothing more.



Deep into that darkness peering, long I stood there wondering, fearing,
Doubting, dreaming dreams no mortal ever dared to dream before;
But the silence was unbroken, and the stillness gave no token,
And the only word there spoken was the whispered word, "Lenore?"
This I whispered, and an echo murmured back the word, "Lenore!"—
Merely this and nothing more.



Back into the chamber turning, all my soul within me burning,
Soon again I heard a tapping somewhat louder than before.
"Surely," said I, "surely that is something at my window lattice;
Let me see, then, what thereat is, and this mystery explore—
Let my heart be still a moment and this mystery explore;
'Tis the wind and nothing more!"


Open here I flung the shutter, when, with many a flirt and flutter,
In there stepped a stately Raven of the saintly days of yore;
Not the least obeisance made he; not a minute stopped or stayed he;
But, with mien of lord or lady, perched above my chamber door—
Perched upon a bust of Pallas just above my chamber door—
Perched, and sat, and nothing more.



Then this ebony bird beguiling my sad fancy into smiling,
By the grave and stern decorum of the countenance it wore,
"Though thy crest be shorn and shaven, thou," I said, "art sure no craven,
Ghastly grim and ancient Raven wandering from the Nightly shore—
Tell me what thy lordly name is on the Night's Plutonian shore!"
Quoth the Raven "Nevermore."



Much I marvelled this ungainly fowl to hear discourse so plainly,
Though its answer little meaning—little relevancy bore;
For we cannot help agreeing that no living human being
Ever yet was blest with seeing bird above his chamber door—
Bird or beast upon the sculptured bust above his chamber door,
With such name as "Nevermore."




But the Raven, sitting lonely on the placid bust, spoke only

That one word, as if his soul in that one word he did outpour.
Nothing further then he uttered—not a feather then he fluttered—
Till I scarcely more than muttered "Other friends have flown before—
On the morrow he will leave me, as my hopes have flown before."
Then the bird said "Nevermore."





Startled at the stillness broken by reply so aptly spoken,
"Doubtless," said I, "what it utters is its only stock and store
Caught from some unhappy master whom unmerciful Disaster
Followed fast and followed faster till his songs one burden bore—
Till the dirges of his Hope that melancholy burden bore
Of 'Never—nevermore.'"



But the Raven still beguiling my sad fancy into smiling,
Straight I wheeled a cushioned seat in front of bird, and bust and door;
Then, upon the velvet sinking, I betook myself to linking
Fancy unto fancy, thinking what this ominous bird of yore—
What this grim, ungainly, ghastly, gaunt and ominous bird of yore
Meant in croaking "Nevermore."




This I sat engaged in guessing, but no syllable expressing
To the fowl whose fiery eyes now burned into my bosom's core;
This and more I sat divining, with my head at ease reclining
On the cushion's velvet lining that the lamp-light gloated o'er,
But whose velvet violet lining with the lamp-light gloating o'er,
She shall press, ah, nevermore!



Then, methought, the air grew denser, perfumed from an unseen censer
Swung by Seraphim whose foot-falls tinkled on the tufted floor.
"Wretch," I cried, "thy God hath lent thee—by these angels he hath sent thee
Respite—respite and nepenthe, from thy memories of Lenore;
Quaff, oh quaff this kind nepenthe and forget this lost Lenore!"
Quoth the Raven "Nevermore."


"Prophet!" said I, "thing of evil!—prophet still, if bird or devil!—
Whether Tempter sent, or whether tempest tossed thee here ashore,
Desolate yet all undaunted, on this desert land enchanted—
On this home by Horror haunted—tell me truly, I implore—
Is there—is there balm in Gilead?—tell me—tell me, I implore!"
Quoth the Raven "Nevermore."


"Prophet!" said I, "thing of evil—prophet still, if bird or devil!
By that Heaven that bends above us—by that God we both adore—
Tell this soul with sorrow laden if, within the distant Aidenn,
It shall clasp a sainted maiden whom the angels name Lenore—
Clasp a rare and radiant maiden whom the angels name Lenore."
Quoth the Raven "Nevermore."


"Be that word our sign in parting, bird or fiend!" I shrieked, upstarting—
"Get thee back into the tempest and the Night's Plutonian shore!
Leave no black plume as a token of that lie thy soul hath spoken!
Leave my loneliness unbroken!—quit the bust above my door!
Take thy beak from out my heart, and take thy form from off my door!"
Quoth the Raven "Nevermore."




And the Raven, never flitting, still is sitting, still is sitting
On the pallid bust of Pallas just above my chamber door;
And his eyes have all the seeming of a demon's that is dreaming,
And the lamp-light o'er him streaming throws his shadow on the floor;
And my soul from out that shadow that lies floating on the floor
Shall be lifted—nevermore !


Le poème commence dans une atmosphère sombre, à minuit, lors d’une tempête. Très vite, le lecteur est plongé dans la mélancolie du narrateur. Celui-ci tente d’apaiser sa tristesse suite à la mort de sa bien-aimée. Le narrateur finit par s’endormir, pour être réveillé par un bruit. La scène fait monter l'appréhension du lecteur, qui atteint son apogée lorsque le narrateur ouvre sa porte. Edgar Poe tarde même à annoncer ce qui se trouve derrière la porte avec le rythme de son poème. Derrière la porte, personne ne se tient. Le narrateur croit entendre le nom de sa bien-aimée, Lénore. Le narrateur referme la porte et replonge dans la tristesse. Cependant, le narrateur entend encore un bruit, mais cette fois à sa fenêtre. Il ouvre donc sa fenêtre, laissant entrer un corbeau majestueux. L’oiseau va se poser sur un buste de Pallas, surplombant ainsi le narrateur. Le narrateur est amusé par ce corbeau et lui demande son nom, ce à quoi le corbeau répond « Jamais plus ». Le narrateur est bien entendu surpris de la réponse du volatile, bien qu’elle n’ait pas de sens. Le narrateur commence à s’apitoyer sur son sort, en disant que le corbeau va l’abandonner, affirmation à laquelle le corbeau répond par « Jamais plus ». Intéressé par l’oiseau, le narrateur s’assoit en face de lui et recommence à se lamenter. Il commence à s’énerver contre l’oiseau, l’appelant « Prophète » du bien ou du mal. Et le corbeau continue de répondre « Jamais plus ». Le narrateur demande alors au corbeau s'il pourra revoir Lénore au ciel, et encore une fois « Jamais plus ». Cette dernière réponse fait rentrer le narrateur dans une rage folle. Le narrateur ordonne à l’oiseau de partir et le corbeau continue de répondre la même chose. Le narrateur finit enfermé dans sa dépression, sous l’ombre menaçante du corbeau qui continue de le surplomber et le regarder depuis le buste de Pallas.illustration de Gustave Doré

Les points communs

Nous allons à présent comparer ces œuvres : nous nous apercevons bien vite qu'elles sont différentes sur de nombreux points, mais en approfondissant nos recherches, nous avons pu dégager plusieurs similitudes.


Tout d’abord, on retrouve un corbeau dans les deux œuvres et les deux parlent.
À chaque fois, le corbeau apparaît comme un oiseau mal aimé. Ovide nous explique pourquoi ("Sa langue le perdit","Lingua fuit damno"), tandis que dans Poe le fait remarquer, dans le caractère presque démoniaque du corbeau ("thing of evil [...]if bird or devil!" "être de malheur ! oiseau ou démon ! ").
Le corbeau est un messager divin ; dans la métamorphose, nous savons que le corbeau est au service de Apollon ("Phoebeius" "l'oiseau de Phébus"), tandis que dans le Corbeau, c'est le narrateur qui attribue au corbeau un rôle de prophète, d’envoyé du Tentateur ("Whether Tempter sent" "Que tu sois un envoyé du Tentateur") .

Apollon et le corbeau ,musée de Delphes, coupe en céramique, 480-470 av J-C.

Le corbeau est dans les deux cas porteur de message, chez Ovide, il annonce à Apollon la tromperie de Coronis ("raconte à son maître qu'il a vu Coronis couchée avec un jeune homme d'Hémonie","dominoque iacentem cum iuuene Haemonio uidisse Coronida narrat"). Chez Poe, le message est moins concret, mais le narrateur lui donne un rôle d'envoyé du Tentateur, et lui pose des questions à propos de sa Lénore perdue et de sa peine("is there balm in Gilead?""existe-t-il ici un baume de Judée ?").
Ensuite, les deux poèmes traitent de la perte d’un être aimé : Coronis pour le texte d’Ovide, et Lénore pour celui de Poe. Ainsi les deux textes évoquent le deuil et ont une même atmosphère de tristesse. Le corbeau est donc associé au deuil.
De plus, la métamorphose comme le Corbeau évoquent Minerve (ou Pallas) : dans la métamorphose, la corneille qui intervient est une ancienne protégée de Minerve ("je suis exclue des protégés de Minerve""tutela pulsa Mineruae"). Dans Le Corbeau, l'oiseau est posé sur un buste de Pallas ("a bust of Pallas" "un buste de Pallas")

Le Corbeau sur le buste de Pallas Athéna, Gustave Doré,

Malgré toutes ces similitudes, nous retrouvons également de nombreuses différences.
Pour commencer, si le corbeau a un nom dans le poème de Poe ("Bird [..] With such name as "Nevermore."" ou encore "Un oiseau [..] se nommant d’un nom tel que – Jamais plus !") nous remarquons cependant que, dans les métamorphoses d'Ovide, le nom du corbeau n'est pas annoncé.
Ensuite, nous pouvons également remarquer que, si dans les deux poèmes, les auteurs évoquent leur(s) dieux, ce ne sont pas les mêmes. Dans le corbeau, le narrateur est chrétien alors que nous remarquons que le texte d'Ovide lui, est un texte mythologique romain.

Les différences

Dans le texte, l'action du corbeau est également très différente : nous pouvons voir que le corbeau décrit par Poe réalise peu d'actions, mais le narrateur leurs accordent une grande importance, en y voyant des signes divins et humains.
Ces paroles sont toujours les mêmes, ce qui les apparentent à des cris ("Jamais plus" ou "Nevermore"). En revanche, dans les métamorphoses, Ovide décrit le corbeau comme avec des caractères humains : il possède une volonté et est loyal envers Apollon, plus encore, il a un défaut qui de plus est lié à la parole ("sa langue bavarde" ou "lingua faciente loquaci").

Apollon tue Coronis, Johann Wilhelm BAUR

Illustration d'Édouard Manet, 1875

Jeanne

Océane

Notre avis

Océane

Je trouve que le principe du portfolio est très interessant. Cependant, je trouve que notre binome ne s'y est mis que trop tardivement et ce projet à surtout provoqué du stres chez moi. Malgré tout ce stress, je suis plutot satisfaite de ce que nous avons fait. Je ne sais pas si je devrais refaire un portfolio l'année prochaine, mais je serais mieux préparée et le réussirais mieux et plus sereinement, j'espère.

Pour ma part, je touve que le principe du portfolio est très intéressant également mais aussi très enrichissant. Comme l'a dit Jeanne, notre binome s'y est mis trop tard. Cependant, je trouve que le portfolio est un bon exercice pour apprendre a mieux gérer son temps de travail. Dans l'ensemble je suis également plutôt satisfaite de ce que l'on a fait.