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Les Tréteaux de Maître Pierre

Manuel de Falla

RESSOURCES PÉDAGOGIQUES

À destination des classes du CP à CM2


Concerts scolaires:
12 mai 10h et 14h30
13 mai 10h et 14h30


Manuel de Falla, compositeur

Sur scène:
Josep Vicent, Direction
Eleanor Ross, L’enfant / Soprano
Gerardo López, Maître Pierre / Ténor
Emmanuel Franco, Don Quichotte / Baryton
Compagnie Per Poc, Marionnettes
Orchestre National de Lille

[Création mondiale]
Commande de l’ONL à la compagnie Per Poc

Les Tréteaux de Maître Pierre

Les Tréteaux de Maître Pierre

Manuel de Falla

Argument

Compositeur

Chronologie musicale

Personnages

Synopsis

Orchestre

Clavecin

Livret

Guide d'écoute

Jeux d'écoute

Voix

Clés d'écoute

Les Tréteaux de Maître Pierre

En 1923, le compositeur espagnol Manuel de Falla présente pour la première fois Les Tréteaux de Maître Pierre, une pièce de théâtre de marionnettes qu’il a mise en musique, inspirée d’un épisode du Don Quichotte de Cervantès.

Peu connu, cet opéra de poche aux accents espagnols nous fait entendre de nombreuses couleurs et nuances orchestrales où chaque instrument devient soliste.

La compagnie de marionnettes Per Poc accompagnée de l’orchestre National de Lille et de trois chanteurs donne vie à cette romance médiévale et poétique pour nous transporter dans l’univers du plus célèbre des chevaliers espagnols: Don Quichotte

Argument :

La pièce est tirée des chapitres 25 et 26 de la seconde partie de Don Quichotte de la Manche où apparaissent les tréteaux de Maître Pierre, le montreur de marionnettes.

Elle relate l'histoire de Don Gayferos parti sauver sa fiancée Mélisendra retenue prisonnière par le roi maure Marsilio, ainsi que l'épisode de la libération de la dame et enfin la poursuite entreprise par les Maures pour la retrouver.

Lors de la scène finale opposant les maures à Don Gayferos*, Don Quichotte*, croyant voir dans les marionnettes de véritables guerriers, se précipite sur le théâtre l'épée à la main et dévaste tout, au grand dam de Maître Pierre qui, pleurant sur son sort, ramasse les débris de son théâtre.

* en Espagnol, on peut entendre Don ou Doña devant un prénom ( exemple: Don Juan , Doña Anna). C'est un titre de courtoisie utilisé au Moyen Âge pour les nobles les plus importants avant d'être employé pour tous les nobles à l'époque moderne.

Résumé : Les Tréteaux de Maître Pierre

Époque : entre 1605 et 1615.

Lieu : l'écurie d'une auberge à un endroit non identifié à La Mancha de Aragón en Espagne.


Remarque : l'histoire de Gayferos et Melisendra est inventée, bien qu'elle soit présentée comme historique par Maître Pierre et le trujamán (l'Enfant) et qu'elle apparaisse comme "vraie" à Don Quichotte.

Les personnages :

Don Quichotte

Maître Pierre

L'enfant (Trujamán)

Don Quichotte est un vieil idéaliste, un anti-héros. Il lit tellement de livres de chevalerie, qu'il finit par se prendre pour un chevalier du Moyen Âge. Avec Rossinante, son cheval fatigué, et Sancho, son fidèle compagnon, il part en quête d'aventures à travers l'Espagne.


Dans ce concert, Don Quichotte est représenté par une marionnette et par un chanteur baryton.

Maître Pierre est un marionnettiste. C'est lui qui possède les tréteaux (petit théâtre de marionnettes) et qui présente une histoire chevaleresque à son public.

Lors de la scène finale, Don Quichotte, croyant voir de véritables guerriers dans les marionnettes, se précipite sur le théâtre l'épée à la main et dévaste tout, au grand désespoir de Maître Pierre qui, pleurant sur son sort, ramasse les débris de son théâtre.


Dans le concert que tu vas voir, il est représenté par une marionnette et par un chanteur, un ténor pour être précis !

L'enfant que l'on peut aussi appeler Trujamán est représenté par une chanteuse soprano.

Ce personnage aide Maître Pierre pour le théâtre de marionnette et raconte l'histoire de Don Gayferos et Melisendra.


Les personnages du conte :

Don Gayferos

Charlemagne

Le Roi Marsilio

Melisendra

Les personnages secondaires :

Sancho Panza

Les autres personnages non représentés par des marionettes :
  • Roland
  • Le Maure énamouré
  • L'homme aux lances et aux hallebardes

C'est l'écuyer et compagnon d'aventures de Don Quichotte.

Sancho essaie de raisonner Don Quichotte qui a un esprit imaginatif, tant il lit des romans de chevalerie. Sancho est sensé, posé, modérateur et il protège son maître. C'est aussi un paysan, rude, élémentaire, goinfre, marmotte, mais fidèle à son seigneur.


En photo, la marionnette de Sancho Panza spécialement créée pour le concert.

C'est l'écuyer et compagnon d'aventures de Don Quichotte.

Sancho essaie de raisonner Don Quichotte qui a un esprit imaginatif, tant il lit des romans de chevalerie. Sancho est sensé, posé, modérateur et il protège son maître. C'est un paysan, rude, imprudent, vulgaire, goinfre mais fidèle à son seigneur.


Dans les Tréteaux de Maître Pierre, c'est un personnage muet.

Guide d'écoute :

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendra


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions ;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre.

Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte ! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte : (les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

La fuite


Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit ! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non ! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !


Chaque icône de lecture permet d'écouter une scène de l'œuvre. En cliquant sur le titre, vous aurez accès au texte intégral de la scène choisie tout en écoutant la musique.

L'œuvre est constituée d'un seul acte avec la participation de trois chanteurs et de marionnettes.

L'acte unique est divisé en huit fragments qui s'enchainent sans interruption :

Pregón (Annonce)
Sinfonía de Maese Pedro (Symphonie de Maese Pedro)
Corte de Carlomagno (Cour de Charlemagne)
Melisendra (Mélisendre)
Los Pirineos (les Pyrénées)
La Fuga (La Fuite)
La Persecución (La Poursuite)
Finale

1/ L'introduction

Maître Pierre, le marionnettiste, apparaît en sonnant une cloche, avec un singe sur son épaule.

Il attire l'attention et annonce la représentation du "Conte de Melisendra", une histoire sur la fille présumée de Charlemagne qui a été retenue captive par des Maures à Saragosse.
"Venez, venez et voyez, messieurs, le conte de la liberté de Melisendra."
"Vengan, vengan, a ver vuesas mercedes el Retablo de la libertad de Melisendra."

Le public entre. Don Quichotte est conduit à une place d'honneur au premier rang.

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre. Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :(les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée

devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

La fuite/

La poursuite

Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

2/ L'annonce

Conte du sauvetage de Melisendra

La narration est chantée par l'apprenti de Maître Pierre (le Garçon ou Trujamán) : il commence ainsi :
"Cette très véridique histoire..."
"Esta verdadera historia..."

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre. Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :(les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée

devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

La fuite/

La poursuite

Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

Le Truchement : cette très véridique histoire, qu’ici vos seigneuries vont voir représenter, a été empruntée aux chroniques françaises et à nos vieilles « romances » espagnoles qui sont dans la mémoire de tous.
On y voit la liberté rendue par Don Gaïferos à son épouse Mélisendre, que l’Infidèle tenait captive en un donjon d’Espagne, en la cité de Sansuegna.
Voyez, voyez, messeigneurs : celui qui joue là aux échecs, c’est Don Gaïferos, ainsi que nous le dit la chanson : « Au jeu son temps il passe, Don Gaïferos. Insoucieux déjà de Mélisendre ».

3/ La cour de Charlemagne

Melisendra est retenue captive à Saragosse par le roi maure Marsilio.

Son mari Don Gayferos a oublié Melisendra et joue aux échecs avec Don Roland.
L'empereur Charlemagne entre sur une musique majestueuse. Il est en colère, frappe Don Gayferos avec son sceptre et lui demande de partir libérer sa femme.

Restés seuls, les deux chevaliers se disputent.
Don Gayferos refuse l'aide de Don Roland, prétextant que lui-même est suffisant pour sauver Melisendra.


L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre. Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :(les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée

devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

La fuite/

La poursuite


Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

4/ Melisendra

Menu

Sur un balcon de la tour de sa prison, nous voyons Melisendra pensant à la cour de l'Empereur Charlemagne et à son mari Don Gayferos.

Un Maure s'approche furtivement et lui vole un baiser. Elle appelle à l'aide.
Le roi Marsilio, témoin de ce baiser volé ordonne aux gardes de s'emparer de l'insolent Maure. Il est emmené à travers les rues jusqu'à la place de la ville, où la sentence de deux cents coups est exécutée.

Le garçon (Trujamán) ajoute que chez les Maures, la justice est très rapide.

Don Quichotte, qui regarde le spectacle de marionettes demande au garçon de ne pas s'éloigner de l'histoire : « Garçon, garçon, raconte ton histoire sans détour ».

Maître Pierre dit au garçon de s'en tenir à l'histoire pour calmer Don Quichotte.

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre. Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :(les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée

devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

La fuite/

La poursuite

Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

5/ Le châtiment du Maure

Menu

Le soldat maure est puni : les coups qu'il reçoit sont au rythme de la musique.

Le Maure tombe et il est entraîné par les gardes.

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre. Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :(les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée

devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

La fuite/

La poursuite

Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

6/ Les Pyrénées

Menu

Don Gayferos chevauche pour sauver Melisendra, en passant par-dessus une montagne (les Pyrénées).

Le rideau se referme et le garçon (Trujamán) décrit comment Melisendra, à la fenêtre de sa tour, parle à Don Gayferos, pensant qu'il est un étranger de passage. Elle cite un vieux poème (romance).

Don Gayferos révèle son identité à Melisendra, ce qui la rend très heureuse.

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre. Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :(les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée

devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

La fuite/

La poursuite

Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

7/ La fuite

Menu

Melisandra descend du balcon. Don Gayferos la prend sur son cheval et ils fuient pour la cour de l'Empereur Charlemagne à Paris.Le garçon (Trujamán) leur souhaite bonne chance.

Maître Pierre dit au garçon de s'en tenir à l'histoire.
"Du calme, mon garçon, ne développe pas trop, l'affectation est mauvaise."
"Llaneza, muchacho, no te encumbres, que toda afectación es mala"

Le rideau du théatre de marionettes s'ouvre pour la dernière fois montrant le roi Marsilio courant chercher ses gardes, qui partent immédiatement.

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre. Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :(les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée

devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

La fuite/

La poursuite

Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

8/ La poursuite

Marsilio tire la sonnette d'alarme, et la ville est en émoi. Les cloches de tous les minarets sonnent. Don Quichotte sursaute pour objecter que c'est ridicule
"Ce n'est pas vrai, c'est une grosse erreur"
"Eso no, que es un gran disparate"
Les Maures n'avaient pas de cloches, seulement des tambours et des fifres .

Maître Pierre intervient à nouveau pour dire à Don Quichotte de ne pas être si pointilleux car les pièces de théatre sont souvent pleines d'erreurs et sont tout de même réussies. Don Quichotte est d'accord.

Les soldats maures poursuivent Melisendra et Don Gayferos. Le garçon (Trujamán) a peur que les Maures attrapent le couple et les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval.
À ce stade, Don Quichotte ne peut plus se retenir et s'adresse aux marionnettes :
"Tu devras te battre avec moi"
"Alto, malnacida canalla, non les sigáis ni persigáis, si no, conmigo sois en batalla"

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre. Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :(les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée

devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

La fuite/

La poursuite

Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

9/ Final

Menu

Continuant d'insulter les Maures, Don Quichotte furieux, utilise son épée pour détruire les marionnettes.
Lui qui se considère comme un chevalier errant déclare que c'est la preuve de leur utilité :
"Je souhaite que ceux qui disent que les chevaliers errants sont inutiles puissent voir ça !".
"¡Quisiera yo tener aquí delante aquellos que no creen de cuanto provecho sean los caballeros andantes !"

Il déclare également son amour à sa dame imaginaire, Dulcinée.

Maître Pierre ne peut que se plaindre avec désespoir des ravages causés à ses marionnettes.

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre. Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :(les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée

devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

La fuite/

La poursuite

Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

Le langage musical de Manuel de Falla (partie 1)

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre


Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions ;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne

Extrait 3

Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre.

Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte ! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte : (les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre
Extrait 2

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure


Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction

Extrait 1

La fuite


Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit ! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non ! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

Dans cette œuvre on peut distinguer quelques éléments caractéristiques du langage musical du compositeur. Écoutons quelques extraits afin d'en distinguer les éléments saillants :


Bourdon

Ostinato

Ostinato

Mélodie populaire ornementée

Extrait 1

Extrait 2

Mesure ternaire

Extrait 3

Roulement
de
tambour

Rythme
ternaire (triolet)

Sonnerie de trompette, appel des cors

Sonnerie de trompette, appel des cors

Chaque icône de lecture permet d'écouter une scène de l'oeuvre. En cliquant sur le titre, vous aurez accès au texte intégral de la scène choisie tout en écoutant la musique.

Un bourdon est un son continu, sur une même note ou un intervalle de quinte, sur lequel va se développer le discours musical.

L'ostinato est un procédé d'écriture consistant à répéter obstinément une formule rythmique, mélodique ou harmonique accompagnant de manière immuable les différents éléments thématiques durant tout le morceau.

Les ornements sont des notes complémentaires ajoutées à la mélodie.

Si on peut jouer une mélodie sans certaines notes, alors on peut dire que celles-ci sont de l’ornementation.

Ces ornements sont souvent présents dans le thème et variations :




L'ostinato est un procédé d'écriture consistant à répéter obstinément une formule rythmique, mélodique ou harmonique accompagnant de manière immuable les différents éléments thématiques durant tout le morceau.

Mesure ternaire : correspond à toute mesure dont les temps sont divisibles par trois.

Un roulement de tambour est un signal sonore produit par la frappe rapide et continue de baguettes sur un tambour.

Ecoutez un roulement de caisse claire (avec le timbre) :


Un rythme ternaire signifie qu'un temps de la mesure sera partagé en trois parties égales.

Dans cet exemple : 1 temps = un triolet = une noire


Le langage musical de Manuel de Falla (partie 2)

L'annonce

Maître Pierre :

Venez, nobles seigneurs, venez voir

comment fut libérée Mélisendre; venez écouter une des plus belles histoires du monde.


Mélisendre

Extrait 5

Le Truchement :

Regardez maintenant, Messeigneurs,

comment on emmène le Maure entravé et précédé de crieurs sur la place publique. On lui donne deux cents coups de bâton suite à la sentence du Roi Marsile exécutée dès que le forfait a été commis, car chez les Maures il n'y a pas d'enquête et on ne fait pas subir aux accusés l'é-preuve de l'interrogatoire comme c'est le cas chez nous.

Don Quichotte :

Allons, petit; poursuivez votre histoire

en droite ligne et ne faites pas de digressions ;

que pour connaître la vérité il faut maintes et maintes preuves.

Maître Pierre : (passe sa tête entre les rideaux)

Mon petit, n'entre pas dans les détails; fais plutôt ce que te dit ce monsieur. Contente-toi du chant principal et laisse de côté les fioritures. Tant de subtilité risque de tout embrouiller.

Le Truchement :

Oui, j'en ferai donc ainsi.

Don Quichotte :

Continue !

Les Pyrénées

Le Truchement :

Voici maintenant la belle Mélisendre qui, vengée de l'audace du Maure amoureux, est montée au mirador de la tour. Le prenant pour un voyageur, elle s'adresse à son époux en ces termes: "Chevalier, si en France tu vas, demande des nouvelles de Don Gaïferos", d'après la fameuse romance.

Vous allez voir aussi comment Don Gaïferos se découvre à elle et la joie de Mélisendre en le reconnaissant. Elle se laisse glisser le long du balcon; Don Gaïferos la prend dans ses bras et l'installe sur son cheval. Ensuite il prend le chemin de Paris.

La Cour de Charlemagne


Le Truchement :

Maintenant, vos Seigneuries vont voir comment l'Empereur Charlemagne, père putatif de ladite Mélisendre, fâché de voir son gendre si insouciant et si peu actif vient le sermonner. Après l'avoir averti du danger que courait son honneur s'il ne tentait pas de délivrer son épouse, on raconte qu'il lui dit : "Je vous ai assez mis en garde; prenez vos dispositions". Là-dessus, il tourne le dos à Don Gaiferos qui, fort dépité et plein de colère, demande sur-le-champ ses armes et au sieur Roland, son épée Durandal.

Vous verrez ensuite que Roland ne veut pas la lui prêter et lui propose de l'accompagner dans sa périlleuse aventure. Mais le valeureux chevalier, irrité, refuse et dit qu'il est bien capable de délivrer son épouse tout seul, quand bien même elle serait prisonnière au plus profond des entrailles de la terre.

Là-dessus, il court s'armer pour se mettre en route sur-le-champ.

Final

Don Quichotte : (bondissant près du théâtre et dégainant son épée)

Arrêtez, ignobles canailles! Cessez de les poursuivre, sinon préparez-vous à m'affronter! Ne fuyez pas, lâches brigands, viles créatures! Ne voyez- vous pas que je suis seul à me battre avec vous ?

Maître Pierre :

Arrêtez, arrêtez, Excellence. Arrêtez, Monseigneur Don Quichotte ! Ne voyez-vous pas que vous détruisez tous mes biens ?

Don Quichotte :

Vil fripon, grossier, effronté, insolent !

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte :

O, vous, valeureux Don Gaïferos et Don Quijote : belle et noble Dame Mélisendre ! En voilà fini de la superbe de vos poursuivants! Mon robuste bras l'a terrassée. Ne prenez pas la peine de chercher le nom de votre sauveur. Sachez que mon nom est Don Quichotte, chevalier et esclave de la belle et incomparable Dulcinée.

Maître Pierre :

Pauvre de moi !

Don Quichotte : (les yeux au ciel comme en extase)

Oh Oh, dulcinée! Dame de mon coeur, jour de mes nuits, joie de mes peines !...

Maître Pierre :

Oh, malheur !

Don Quichotte :

...étoile qui me guide...

Maître Pierre :

Maudit soit l'auteur de mes jours !

Don Quichotte :

...tendre objet de mon coeur, astre de ma vie.

Maître Pierre :

Que je suis malheureux !

Don Quichotte : (sortant brusquement de son extase et s'adressant à tous les présents)

Oh, vous, honorable assistance;

chevaliers et écuyers, passants ou voyageurs,

que vous alliez à pied ou à cheval, dites-moi :

que seraient devenus le bon Don Gaïferos et la belle Mélisendre, si je ne m'étais pas trouvé ici présent ? Que tous ceux qui ne croient pas aux bienfaits des chevaliers errants se présentent ici, devant moi!

Heureuse époque, siècles heureux qui virent les exploits héroïques du valeureux Amadis, du courageux Felixmarte d'Hircanie, de l'audacieux Tirant le Blanc, de l'invincible Belianis de Grèce et de toute la foule de ces innombrables chevaliers qui emplirent le livre de la gloire de leurs défis, de leurs amours, de leurs batailles.

Maître Pierre :

Vierge Marie !

Don Quichotte :

En un mot comme en cent : longue vie à la chevalerie errante qui est bien au-dessus de tout ce qui existe sur terre aujourd'hui.


Symphonie de

Maître Pierre

Maître Pierre :

Asseyez-vous tous ! Attention messieurs, je vais commencer.

Le Truchement :

Cette histoire véridique qui est jouée devant vos Seigneuries est tirée des chroniques françaises et des romances espagnoles connues de tous. Elle raconte comment Don Gaïferos délivra son épouse tombée en captivité aux mains des Maures, dans la ville espagnole de Sansueña.

Vos Seigneuries verront Don Gaïferos en train de jouer aux dames, comme le raconte la romance : "Don Gaïferos joue aux dames, et déjà il a oublié Mélisendre".


Le châtiment du Maure

Extrait 6

Le Truchement :

Voilà maintenant Don Gaïferos qui arrive à cheval sur la route de Sansueña.

Entrée de Charlemagne

Extrait 4

Le Truchement :

Vous allez voir maintenant la tour de l'Alcazar de Saragosse. La dame à son balcon est la belle et incomparable Mélisendre. De là-haut, souvent elle contemplait la route qui mène vers la France et, les pensées tournées vers son époux, elle trouvait une consolation dans sa captivité.

Et voici, Messeigneurs, qu'un Maure arrive derrière Mélisendre et par surprise lui ravit un baiser sur les lèvres. Vous verrez aussi sa hâte à s'essuyer les lèvres et ses lamentations. Mais le Roi de Sansueña Marsile, témoin de l'insolence du Maure, son parent et favori, fait arrêter sur-le-champ.

Introduction


La fuite


Le Truchement : (qui dès lors ne quitte plus la scène)

Allez en paix, ô véritables amants à nuls autres pareils! Arrivez sains et saufs dans votre patrie ! Que les yeux de vos parents et amis vous voient couler en paix des heureux, aussi nombreux au moins que ceux de Nestor.

Maître Pierre : (pointe la tête sous les tréteaux)

De la simplicité, petit ! Pas de grandiloquence! Pas d'affectation !

Le Truchement :

Voyez, Seigneurs, comment le Roi,

informé de la fuite de Mélisendre, fait donner l'alarme en toute hâte. Dans la ville tout entière, retentit le son des cloches de tous les minarets.

Don Quichotte :

Grands Dieux, non ! En voilà une absurdité !

Chez les Maures il n'y a pas de cloches, mais des timbales et des fifres !

Maître Pierre : (montrant de nouveau sa tête)

Ne prêtez pas attention à ses gamineries, Monsieur Don Quichotte. Ne donne-t-on pas presque quotidiennement des milliers de comédies pleines de telles absurdités ? Et malgré tout, n'ont-elles pas un grand succès et ne les écoute-t-on pas avec admiration ?

Don Quichotte :

Vous avez raison.

Maître Pierre :

Continue, mon garçon.

Le Truchement :

Regardez cette brillante troupe de cavaliers qui sortent de la ville à la poursuite des deux amants chrétiens. Écoutez résonner les fifres et les trompettes et retentir les timbales et les tambours. Oh, comme je crains qu'ils ne les rattrapent et qu'ils ne les ramènent attachés à la queue de leur propre cheval !

Ostinato

Extrait 4

Extrait 5

Importance des instruments solistes :
trompette, flûte, violon, cor anglais, cor.

Extrait 6

Alternance des timbres de chaque pupitre

Mesure binaire, caractère
de marche

Mélodie ornementée

Mesure à
3 temps

Pupitre des bois et harpe

Mesure binaire/
Mesure ternaire superposées

Thème mélodique

crécelle

Ecriture par juxtaposition de blocs musicaux

Chaque icône de lecture permet d'écouter une scène de l'oeuvre. En cliquant sur le titre, vous aurez accès au texte intégral de la scène choisie tout en écoutant la musique.

Idée mélodique ou rythmique caractéristique qui peut être développée ou variée.

L'ostinato est un procédé d'écriture consistant à répéter obstinément une formule rythmique, mélodique ou harmonique accompagnant de manière immuable les différents éléments thématiques durant tout le morceau.

Mesure binaire : correspond à toute mesure dont les temps sont divisibles par deux.

Mesure ternaire : correspond à toute mesure dont les temps sont divisibles par trois.

Mesure binaire : correspond à toute mesure dont les temps sont divisibles par deux.

La crécelle est une sorte de racleur en bois. Le son caractéristique de la crécelle est produit par le claquement répété d'une lame sur une roue dentée.

Les voix

Les voix des chanteurs d'opéra portent une
dénomination particulière en fonction de leur timbre et
de leur tessiture.
Du grave à l'aigu nous aurons :

- pour les voix d'hommes : basse, baryton, ténor,

- pour les voix de femmes : alto, mezzo-soprano, soprano.


Truchement : soprano

Maître Pierre : ténor

Don Quichotte : baryton


Il y a trois rôles chantés dans Les Tréteaux :

L'orchestre des Tréteaux de Maître Pierre comprend :

- VENTS : 1 flûte traversière, 1 piccolo, 2 hautbois, 1 cor anglais, 1 clarinette, 1 basson, 2 cors, 1 trompette,

- CORDES : 1 harpe, 2 premiers violons, 2 seconds violons, 2 altos, 1 violoncelle, 1 contrebasse, clavecin,

- PERCUSSIONS : 2 timbales, 1 caisse (tambour avec caisse en bois), xylophone, 2 crécelles dont une petite, 1 grand tambour de basque sans sonnailles, tam tam, clochette.

Activité 1 : placez les instruments dans leur famille !

PERCUSSIONS

BOIS

CORDES

CUIVRES

Activité 1. Solution :

PERCUSSIONS

BOIS

CORDES

CUIVRES

Activité 2 : Tout est mélangé !
Classez les instruments dans leur famille :

CORDES

PERCUSSIONS

CUIVRES

BOIS

Activité 2 : Solution !

BOIS

CORDES

PERCUSSIONS

CUIVRES

Les Vents :

La clarinette
La trompette
Le piccolo

Les Cordes :

Le violon
L'alto
Le violoncelle
La contrebasse

Les percussions :

Le xylophone
Le tam
Les timbales

Bravo !!!

Activité 3 : Associe un son à un instrument de l'orchestre :

Ecoute chaque son puis déplace-le sur le nom de l'instrument qui convient. Lorsque tu auras tout bon le chef d'orchestre te félicitera !

Les Vents :

La clarinette
La trompette
Le piccolo

Les Cordes :

Le violon
L'alto
Le violoncelle
La contrebasse

Les percussions :

Le xylophone
Le tam
Les timbales

Bravo !!!

Activité 3 : Associe un son à un instrument de l'orchestre :

Ecoute chaque son puis déplace-le sur le nom de l'instrument qui convient. Lorsque tu auras tout bon le chef d'orchestre te félicitera !

Le clavecin n'est pas l'ancêtre du piano qui est un instrument à cordes frappées.
Tout comme la harpe et la guitare, le clavecin est un instrument à cordes pincées.
Les cordes du clavecin sont pincées par un plectre. Toutefois, le claveciniste ne tient pas ce plectre à la main. Le plectre est fixé sur un morceau de bois, le sautereau, posé à l’extrémité de chaque touche du clavier, dans le clavecin.

Quand le musicien appuie sur la touche, celle-ci soulève le sautereau qui entraîne lui-même le plectre, faisant résonner la corde.







Manuel de Falla rencontre en 1921, à Grenade, Wanda Landowska, qui lui réclamait depuis des années un concerto pour le clavecin. Avant que ce concerto ne voie le jour en 1926, la claveciniste polonaise aura obtenu une partie musicale importante dans Les Tréteaux.

Gamme du clavecin :

Le clavecin


Wanda Landowska, née à Varsovie le 5 juillet 1879 et morte à Lakeville (Connecticut, États-Unis) le 16 août 1959, est une pianiste et claveciniste polonaise, considérée comme une des personnalités les plus importantes dans la renaissance du clavecin au début du xxe siècle.


Même si ses opinions musicologiques et son attachement exclusif au clavecin Pleyel - si éloigné du clavecin traditionnel qu'il est parfois tenu pour un instrument distinct - sont à présent plutôt décriés, Wanda Landowska est très généralement considérée comme la première actrice majeure de cette renaissance. Selon Ann Bond, « l'enthousiasme de Landowska et sa profonde musicalité furent néanmoins à l'origine d'une augmentation de l'intérêt porté au répertoire historique».


Clavecin Pleyel de Wanda Landowska :

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I/ Le compositeur :

Manuel de Falla est un compositeur espagnol (né en 1876 à Cadix - Espagne et mort en 1946, à Alta Gracia - Argentine). Il découvre la musique par le piano et débutera sa carrière de compositeur en composant de nombreuses petites pièces pour cet instrument.

De 190è à 1914, il séjourne en France et rencontre de grands compositeurs tel que Ravel, Debussy ou encore Paul Dukas avec qui il deviendra ami.
Il rapporte de Paris son œuvre la plus descriptive : Nuits dans les jardins d’Espagne.
Durant les années qui suivent, il écrit toutes ses œuvres connues :
Sept chansons populaires espagnoles
le ballet l’Amour sorcier
le ballet Le Tricorne

Manuel De Falla traduit toutes les passions de l'espagne. Son activité de compositeur lui apporte beaucoup d’estime de la part de ses collègues et du public. Mais il est de santé fragile et son perfectionnisme lui fait perdre beaucoup de temps et de force. Il compose lentement et son style évolue vers une certaine austérité. On le constate dans Les tréteaux de Maître Pierre.
Après la guerre civile en Espagne, il choisit de s’expatrier en Argentine. Fin 1939, il quitte Buenos Aires pour la Sierra Córdoba où il vit en ermite. Il meurt dans le dénuement
en 1946.



https://youtu.be/iQwk_pOxsbs



https://youtu.be/w_LKS2s6zks


https://youtu.be/_MS332sS7cA


https://youtu.be/rn94BugmnE8



Chronologie musicale : Manuel de Falla

1884

1917

1923

1905

1921

Commence l’étude du piano

1907-1914

Séjourne en France et rencontre Dukas, Albéniz, Debussy et Ravel

Ballet Le Tricorne

Les Tréteaux de Maître Pierre

Travaille à sa « cantate scénique » L’Atlantide, qui restera inachevée

Ballet L’Amour sorcier

1946

Mort à Alta Gracia (Argentine), où il a émigré après la guerre civile espagnole

Opéra La Vie brève

1915

Réside à Grenade, où il organise un concours de Cante jondo (type de flamenco) en lien avec Federico García Lorca

1876

Naissance à Cadix

1926-1946




Piano de la maison de Manuel de Falla, Calle Ancha à Cadix.




https://pad.philharmoniedeparis.fr/0043731-biographie-paul-dukas.aspx


https://pad.philharmoniedeparis.fr/0051746-biographie-de-claude-debussy.aspx


https://pad.philharmoniedeparis.fr/0041014-biographie-maurice-ravel.aspx


https://www.radioclassique.fr/magazine/compositeurs-interpretes/isaac-albeniz/


II/ Le compositeur :

Manuel de Falla en onze dates :


1876 : Naissance à Cadix
1884 : Commence l’étude du piano
1905 : Opéra La Vie brève
1907-1914 : Séjourne en France et rencontre Dukas, Albéniz, Debussy et Ravel
1915 : Ballet L’Amour sorcier
1917 : Ballet Le Tricorne
1921 : Réside à Grenade où il organise un concours de Cante jondo (type de flamenco) en lien avec Federico García Lorca
1923 : Les Tréteaux de Maître Pierre
1926 : Concerto pour clavecin et cinq instruments, dédié à Wanda Landowska
1926-1946 : Travaille à sa « cantate scénique » L’Atlantide, qui restera inachevée
1946 : Mort à Alta Gracia (Argentine), où il a émigré après la guerre civile espagnole.

Contexte de création de l'œuvre :

Moins souvent joué aujourd'hui, et probablement plus difficile à monter, Les Tréteaux de Maître Pierre, comme L'Histoire du soldat de Stravinsky témoigne du goût des compositeurs modernes pour les petites formes, les instrumentations légères, et tout ce qui, au lendemain de la Première Guerre mondiale, peut casser la solennité du concert symphonique et de l'opéra.



Les Tréteaux sont nés simplement d'une commande de la Princesse de Polignac, désireuse de compléter la série de petites œuvres vocales écrites pour son salon, après Renard de Stravinsky et Socrate de Satie.

Sur le conseil du grand pianiste Ricardo Viñes, elle s'adresse au compositeur Manuel de Falla, chef de file de la jeune musique espagnole qui séjourne régulièrement à Paris.

Portrait de la princesse de Polignac

Le livret :

À l'opéra, le livret est le texte de l'histoire racontée. On y retrouve des descriptions mais aussi tous les dialogues que l'on entendra sous forme de chant.

Le livret (version française et espagnole) :

IMPRESSUM
©Orchestre National de Lille
Photos : Ugo Ponte ©onl
©Per Poc Marionnettes

Ce dossier a été réalisé par :
Sébastien Bouvier, professeur d’Éducation Musicale, Enseignant missionné à l’Orchestre National de Lille,
Relais de l’Orchestre National de Lille auprès du niveau secondaire.

Aude Leclerc, chargée de la pédagogie et de l’action éducative à l’Orchestre National de Lille.
aleclerc@on-lille.com
T 03 20 12 82 67

Les Tréteaux de Maître Pierre

https://www.onlille.com/saison_21-22/

Les sons des instruments. Page pour une intervention en classe !

VENTS : 1 flûte traversière, 1 piccolo, 2 hautbois, 1 cor anglais, 1 clarinette, 1 basson, 2 cors, 1 trompette

CLAVECIN ? dans les cordes ou séparé ? CORDES : Harpe, 2 premiers violons, 2 seconds violons, 2 altos, 1 violoncelle, 1 contrebasse
PERCUSSION : 2 timbales, 1 caisse (tambour avec caisse en bois), xylophone, 2 crécelles dont une petite, 1 grand tambour de basque sans sonnailles, tam tam, clochette ?(vérifier l'image)