La plainte des exilés - Lilly Souaillat
Lilly Washington
Created on April 3, 2022
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Transcript
La plainte des exilés
Dans ce premier texte d’Ovide, celui-ci nous expose sa vision du monde maintenant qu’il est exilé. On peut distinguer trois parties
Commençons par la première partie : le tourment.
Et que je suis loin de ma patrie,
que je suis loin de ma très chère épouse
et de tout ce qu’après elles j’ai de plus cher ici-bas !
Dans ce premier passage, Ovide exprime ses sentiments. Il dit que tout ce qui lui était cher lui manque. Il y a des répétitions de certains mots.
D’abord, “loin”, ce qui montre à quel point Ovide se sent seul, éloigné de tout ce qu’il avait. Ensuite, avec “cher/chère”, qui renforce les propos d’avant, en montrant que ce qu’il n’a plus lui était précieux. D'ailleurs, le verbe “avoir” est bien employé puisqu’on a, enfin, la répétition du déterminant possessif “ma” et du superlatif (“de plus”). Ceux-ci permettent à Ovide d’insister sur le fait que tout ce qu’il a perdu était à lui, et que c’est dur de vivre sans ce qu’on a l’habitude de détenir. Surtout que maintenant il n’est plus dans SA patrie, il n’appartient plus à l’environnement qu’il côtoie. Il déclare même, en dehors de l’extrait étudié, que “Ici, c'est moi le Barbare, parce que je ne suis compris par personne”. On remarque aussi que sa femme a une grande importance, ce qu’on analysera un peu plus tard.
On ressent donc que son dépaysement le perturbe vraiment, ce qui est confirmé par la partie suivante à laquelle nous passons désormais : la consolation.
Et pourtant, si à cause de leur éloignement, je ne puis toucher leur main,
mon imagination les contemple tous !
Ma maison, ma ville et la forme des lieux errent devant mes yeux.
L’image de ma femme erre devant mes yeux, comme si elle était présente
Ici, Ovide nous explique en quelque sorte comment il gère le sentiment décrit précédemment : grâce à son imagination (“mon imagination les contemple tous”).
En effet, il explique que sa vie d’avant le hante.
Il y est presque toujours dans son imaginaire dans laquelle il trouve du réconfort (“comme si elle était présente”). On a l’impression qu’il cherche à s’échapper du monde réel en faisant ça. Encore une fois, il y a des répétitions avec “erre(nt) devant mes yeux”, une expression qui renforce sa déconnexion de la réalité. Il précise que c’est l’éloignement et sa frustration qui font en sorte qu’il agisse et s’extirpe comme ça. On retrouve une nouvelle fois d’ailleurs les deux éléments qui lui manquent le plus : sa patrie (“Ma maison, ma ville et la forme des lieux”), et sa femme.
Cette dernière prend plus d’importance dans ce passage, puisqu’elle est cette fois séparée de la patrie, et qu’il rajoute la phrase “comme si elle était présente”.
Cependant, elle prend vraiment plus d’importance dans la troisième partie que nous allons analyser tout de suite :
Mon épouse, à la fois mon tourment et ma consolation !
Mon tourment par son absence,
ma consolation par l’amour qu’elle me prodigue,
et par sa constance à soutenir le fardeau qui l’accable
Ovide nous expose ce qu’il ressent par rapport à sa femme qu’il a déjà cité au moins une fois dans chaque partie. C’est comme une conclusion de celles-ci.
En effet, il parle de tourment et de consolation, nos deux derniers titres. Il revient en insistant sur le manque avec le mot "absence". Il explique ensuite que malgré le fait qu'elle ne soit pas là, elle reste sa consolation par "sa constance à soutenir le fardeau qui l'accable". On suppose que c'est la perte de son mari, ce qui contraste vraiment avec ses derniers propos "l'amour qu'elle me prodigue", puisqu'il annonce ce qui se passe dans son imagination, puis ce qui doit vraiment arriver pour sa femme. Ce qui montre que malgré le fait qu'il veuille s'échapper de la réalité, il la connaît, et essaie de l'accepter tant bien que mal.
S’inspirant à la fois de l’épopée latine de Virgile, écrite il y a plus de 2000 ans, et de son histoire familiale, Olivier Kemeid raconte le périple d’Énée, qui se décide à quitter son pays. Dans cet extrait, on retrouve à nouveau 3 parties :
Dans cette première partie qui “présente” les migrants, Kemeid veut que le spectateur/lecteur ait une image spécifique d’eux.
Regarde les âmes que tu as maintenant ici sous tes yeux
Parmi celles-ci nombreuses sont celles qui n'ont commis aucun crime
Mais malgré elles ploient sous le poids du chagrin
Ce sont les peuples exilés
Ceux qui sont à la recherche d'une terre
Il nous les introduit comme des “âmes” innocentes et tristes qui ne cherchent qu’à s’en sortir.
Le terme “exilés” contraste avec le début du passage, puisque l’exil est une sentence pour quelqu’un qui a enfreint la loi d’une manière grave, normalement.
Or, il est dit plus tôt que ce sont des âmes qui n’ont “commis aucun crime”.
On comprend donc que cela signifie que bien qu’ils soient innocents, ces gens sont quand même condamnés d’une des pires façons possibles : en les privant de leur vie. La dernière phrase, “ceux qui sont à la recherche d’une terre”, amplifie l’injustice de la situation, puisque ça montre qu’ils sont chassés, sans avoir quelque part où aller, une destination spécifique.
Ils “errent” juste, essayant de trouver un endroit où ils puissent rester.
Maintenant, il faut savoir pourquoi ces gens sont “chassés”. C’est ce qu’explique, si on peut dire ça, Kemeid dans cette deuxième partie.
Juifs de Russie cherchant leur nouvelle Odessa Algériens Bengalis marchant vers l'Inde Chypriotes Vietnamiens fuyant Hanoi et Saigon Khmers Hazaras d'Afghanistant Guatémaltèques Indiens Miskito du Nicaragua peuples du Mozambique Namibiens fuyant Lubango Kurdes de l'Irak Somaliens rejoignant l'Ethiopie pendant que les Ethiopiens la fuient Rohingya de Birmanie dans les marais enfouis du Bangladesh Boutanais gagnant le Nepal Libériens au Sierra Leone Tutsis et Hutus aux sangs mêlés Tadjiks Ossetiens Kosovars Maliens noyés dans le détroit de Gibraltar Mexicais fusillés à Tijuana mutilés de l'Agola Soudanais en fuite vers le Kenya Congolais de Goma Paestiniens de Gaza
Irakiens Azéris Colombiens Sri Lankais Géorgiens Haitiens Dominicains Togolais Centrafricains Chinois Indonésiens
En effet, on a ici une longue liste de peuples qui ont dû partir, et dans certains cas, avec un verbe ou un groupe nominal explicatif : “cherchant leur nouvelle Odessa; marchant vers l'Inde; Vietnamiens fuyant Hanoi; rejoignant l'Ethiopie pendant que les Ethiopiens la fuient; dans les marais enfouis du Bangladesh; noyés dans le détroit de Gibraltar; fusillés à Tijuana; mutilés de l'Agola; en fuite vers le Kenya”… On remarque plusieurs choses. Déjà, dans le texte, il n’y aucune virgule, aucun point, même aucune ponctuation. Cela permet de montrer le nombre élevé de peuples migrants, mais aussi le fait que personne ne s’intéresse vraiment à eux, ne les aide.
Effectivement, vu que tout est enchaîné, notre esprit ne se concentre qu’une seconde sur chaque nom, qui sont d’ailleurs compliqués à lire, et la plupart n’ont pas de phrase après leur nom, comme s’ils n’avaient pas d’histoire, ou du moins aucune qui intéresse.
Enfin, la deuxième chose qui est notable, ce sont les verbes employés. On trouve deux catégories : les verbes qui renvoient à l'errance (cherchant, fuyant, rejoignant, marchant…), et à la ceux qui renvoient à la violence (noyés, fusillés).
Avec ces deux catégories, il englobe un peu le parcours des migrants : violent et incertain.
Dans cette troisième partie, on remarque tout de suite les intentions de Kemeid :
inclure le lecteur/spectateur, pour qu’il se sente directement touché, peu importe son passé, et qu’il veuille agir.
Et au bout de la longue file des errants toi et les nôtres
Vous portez en vous le ferment de vos civilisations
Vous avez le pouvoir de fonder des nations
Ou de les détruire
Il nous donne individuellement un pouvoir énorme, qui est celui de fonder ou de détruire des nations, à la manière d’empereurs ou de rois.
Ça donne le sentiment à celui qui reçoit ce pouvoir d’être “supérieur” grâce aux termes très opposés “fonder” et “détruire”, ce qui le lui donne plus de chance de s’approprier le message, et la “quête” qui vient avec.
De plus, on retrouve une fin qui claque un peu, entre guillemets, puisque le dernier mot de l’extrait est le verbe détruire, un extrême qui se renvoie aussi aux migrants, car leur vie, leurs villes, leurs pays, finissent dans beaucoup de cas détruits.
On a deux points de vue différents : celui d'Ovide, un exilé, donc un point de vue intérieur, et celui de Kemeid, qui décrit la vie des migrants, et qui a donc un point de vue extérieur. Cette différence nous apporte ainsi deux manières de voir le quotidien d'un migrant, qui se complètent, en quelque sorte. En effet, Kemeid nous dit que les peuples exilés sont chagrinés, et Ovide nous montre comment, et ce que lui fait pour y remédier.
On remarque plusieurs similarités.
Tout d'abord, le fait qu'elles parlent toutes les deux de migrants, et de leur souffrance. Ce qui montre évidemment le lien entre les deux.
Ensuite, le dépaysement de ceux qui doivent partir est très bien décrit et montré dans les deux œuvres ("à la recherche d'une terre" ; "que je suis loin de ma patrie").
De plus, les deux textes sont soit de l'antiquité (avec Ovide), soit inspiré d'un texte qui date de cette période (L'Eneide s'inspire du texte de Virgile).
Enfin, les deux sont en quelque sorte des témoignages. En effet, Ovide témoigne de son expérience en tant qu'exilé, et Kemeid, lui, témoigne pour les oubliés, ceux qui n'ont "pas d'histoire".
Mais on retrouve aussi de grosses différences.
Déjà, même si les deux textes sont inspirés de l'antiquité, celui de Kemeid a été écrit dans années 2000, avec un point de vue et des exemples plus actuels, ce qui fait qu'en lisant les deux textes, nous n'avons pas du tout les mêmes sentiments.
Ensuite, comme dit précédemment, on a un point de vue intérieur à la situation de migrant, et un point de vue extérieur, mais ce n'est pas le principal. En effet, dans l'œuvre de Kemeid, les migrants sont punis alors qu'ils sont innocents, tandis qu'Ovide, lui, est exilé parce qu'il a commis un crime (enfin, selon celui qui l'a jugé). Les migrants de Kemeid ne savent pas où aller, Ovide est déjà dans un nouvel endroit où il sait qu'il ne sera pas chassé. On voit donc bien qu'on a affaire à deux sortes d'exilés, qui ne sont pas vraiment au même niveau.
Enfin, l'exposition de la peine et la douleur est différente. Ovide donne l'impression de se plaindre dans l'extrait, alors que le discours de Kemeid se veut encourageant. Son but est de changer les choses en exposant la vie de gens dont le quotidien est dur, pendant que celui d'Ovide est de se vider de sa tristesse. On a de ce fait ici deux textes écrit dans deux objectifs différents.
Comme dit précédemment, si on s'intéresse un peu à la biographie de Kemeid, on s'aperçoit qu'il vient d'une famille de migrants, qui sont partis d'Égypte pour aller s'établir au Québec. Il a d'ailleurs écrit d'autres pièces qui parlent de la migration comme "Furieux et désespérés". Les grand-parents de Kemeid lui ont transmis leur souffrance, et il a décidé d'en faire une force et un message. On a donc ici la même inspiration pour les auteurs : leur passé, leur histoire. Leurs œuvres sont des témoignages.
Conclusion
Réponse à la question
Fin...
En conclusion, ces deux textes expressent la douleur des migrants de deux manières différentes.
D'abord, Ovide, en témoignant à la première personne, de son point de vue donc, sur ce qu'il ressent, sa façon de tenir le coup.
On entre dans la tête, en quelque sorte, d'un exilé.
Quant à Kemeid, on a le point de vue cette fois d'un enfant d'exilé, même si ce n'est pas directement dans le texte. On présente la douleur des migrants à la troisième personne, ce qui nous donne un regard extérieur, et qui donne au lecteur l'impression de pouvoir changer les choses.
Même s'ils sont plutôt différents, ces textes se complètent l'un l'autre.
Premièrement, l'œuvre d'Ovide lui a permis de mettre sur papier tout ce qui se passait dans sa tête, de se soulager pensant un moment ; mais aussi d'essayer de se racheter auprès d'Auguste, qui est celui qui l'a exilé (dans le tome 2 des Tristes).
Ensuite, dans sa pièce, Kemeid essaie de changer les choses et de motiver les gens à agir, à accueillir les migrants, à changer le monde à leur échelle.
Enfin, il donne une voix à ceux qui sont inconnus, muets au reste du monde, et leur permet d'avoir non seulement de l'importance, mais aussi plus de respect auprès des gens.
On peut donc en conclure que oui, l'art et la littérature peuvent être autre chose : un soulagement, une trace, un moyen de donner envie d'agir et surtout de changer les choses. En écrivant, on peut faire évoluer les mentalités, apporter de l'aide indirectement. C'est pour cela qu'en temps de guerre, les livre sont souvent brûlés et les œuvres d'art réquisitionnées.
Merci d'avoir lu ce devoir !