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Le Soi et l'autre - Isabelle Ratié

Identité, différence et altérité dans la philosophie de la Pratyabhijna

Introduction

  • Un questionnement autour de la reconnaissance de soi
  • La reconnaissance admet une différence entre son soi passé, et son soi présent.
  • Elle implique un détachement de son identité, pour pouvoir se retrouver.

Introduction

  • Un questionnement autour de la reconnaissance de soi
  • La reconnaissance admet une différence entre son soi passé, et son soi présent.
  • Elle implique un détachement de son identité, pour pouvoir se retrouver.

Doctrine bouddhique :

  • Toute altération du soi est altérité : le soi ne demeure jamais identique à soi-même.
  • Thèse de l'anatmavada : toute connaissance de soi est illusoire.

Introduction

  • Un questionnement autour de la reconnaissance de soi
  • La reconnaissance admet une différence entre son soi passé, et son soi présent.
  • Elle implique un détachement de son identité, pour pouvoir se retrouver.

Doctrine bouddhique :

  • Toute altération du soi est altérité : le soi ne demeure jamais identique à soi-même.
  • Thèse de l'anatmavada : toute connaissance de soi est illusoire.

Doctrine brahmanique :

  • Vise la compréhension de l'identité du soi, sans en exclure la différence.
  • Thèse de l'existence de l'atman


Le mouvement de la Pratyabhijna

  • Etymologie : re- (praty) ; connaissance (jna) = manifestation en présence (abhi) du Soi.
  • Développé au IX-Xème siècle de notre ère
  • Sous l'impulsion du penseur Utpaladeva et de son commentateur Abhinavagupta.
  • Issu du shivaisme du Cachemire, non dualiste
  • Posture philosophique et phénoménologique différente du bouddhisme et du brahmannisme

Le mouvement de la Pratyabhijna

  • Etymologie : re- (praty) ; connaissance (jna) = manifestation en présence (abhi) du Soi.
  • Développé au IX-Xème siècle de notre ère
  • Sous l'impulsion du penseur Utpaladeva et de son commentateur Abhinavagupta.
  • Issu du shivaisme du Cachemire, non dualiste
  • Posture philosophique et phénoménologique différente du bouddhisme et du brahmannisme

  • Deux thèses réfutées :
- Il n'est pas de Soi.
- A supposer qu'il est un Soi, il ne saurait être un sujet connaissant, permanent et agissant.

Thèse défendue : L'identité de l'individu est la conscience absolue du Soi

Le traité de la Pratyabhijna

Intérêt principal : instruction d'autrui

Le traité fait appel à :

- L'expérience = perception immédiate
- L'inférence = destinée à convaincre autrui
> Sous forme d'un dialogue philosophique


Thèse défendue : L'identité de l'individu est la conscience absolue du Soi

Le traité de la Pratyabhijna

Si tout est le Soi et ainsi si même Autrui est contenu dans le Soi, qui Utpaladeva pourrait-il bien chercher à convaincre ?

A quelle connaissance le traité prétend-il amener l'homme, le Soi étant déjà à lui-même conscient ?

Paradoxes soulevés :

Intérêt principal : instruction d'autrui

Le traité fait appel à :

- L'expérience = perception immédiate
- L'inférence = destinée à convaincre autrui
> Sous forme d'un dialogue philosophique


  • Celui qui se met en quête de sa propre identité a déjà conscience de lui-même

  • Il s'agit d'une méconnaissance (connaissance erronée) de soi.

  • La Pratyabhijna doit amener les hommes à une "re-connaissance".

Mise en évidence des pouvoirs du Soi, au delà d'une connaissance ne reconnaissant pas son objet pour ce qu'il est.

Chapitre 1 :
La critique bouddhique du Soi

A - La critique bouddhique de l'argument de la perception du Soi
B - La critique bouddhique de l'argument de la mémoire
C - La critique bouddhique du pouvoir de connaissance

A - La critique bouddhique de l'argument de la perception du Soi

Argument : la perception prouve l'existence d'un Soi conscient, connaissant et permanent

COGNITION

Action de connaître

Fait d'être manifeste

Moyen de connaissance

MANIFESTATION

Acte qui éclaire l'objet

Implique acte de manifestation

Phénomène résutant de l'acte de manifestation

La perception

COGNITION

MANIFESTATION

Mes états de conscience constituent une série de cognitions.

En tant qu'elles sont des manifestations instantanées et discontinues.

Quelle est la source de la réflexivité de la conscience ?

Philosophes du Nyaya


PB : Quelle est la source de la réflexivité de la conscience ?

> La cognition manifestant des objets se manifeste aussi elle-même
> La cognition fait l'objet d'une cognition postérieure
> La conscience réflexive consiste en la succession de deux cognitions

Philosophes du Nyaya


Philosophes de la Mimamsaka

PB : Quelle est la source de la réflexivité de la conscience ?

> La cognition manifestant des objets se manifeste aussi elle-même
> La cognition fait l'objet d'une cognition postérieure
> La conscience réflexive consiste en la succession de deux cognitions

> La cognition ne peut s'appliquer à elle-même
> Aucune cognition postérieure ne peut en faire reconnaître une autre.
> Aucune véritable conscience réflexive.

Philosophes du Nyaya


> La cognition est manifestation d'objet et manifestation de soi-même
> La conscience réflexive accompagne toute cognition d'objet, sur un mode immédiat.
> La conscience manifestée = cognition instantanée.

Logiciens bouddhistes

Philosophes de la Mimamsaka

PB : Quelle est la source de la réflexivité de la conscience ?

> La cognition manifestant des objets se manifeste aussi elle-même
> La cognition fait l'objet d'une cognition postérieure
> La conscience réflexive consiste en la succession de deux cognitions

> La cognition ne peut s'appliquer à elle-même
> Aucune cognition postérieure ne peut en faire reconnaître une autre.
> Aucune véritable conscience réflexive.

Thèse bouddhique : Il n'est pas de soi perçu en dehors du soi des cognitions.

  • Les cognitions ne manifestent pas un sujet percevant permanent.
  • La cognition manifeste une conscience de soi, qui n'est pas conscience DU Soi.

Pourquoi le bouddhiste n'admet-il pas que le " Soi " dont nous faisons l'expérience dans la conscience de soi, puisse être davantage que la cognition instantanée ?

Perception de l'objet / Concept de l'objet

Les cognitions instantanées du sujet se rapportent à des concepts.

Le Soi ne se distingue pas de la cognition instantanée.

  • Le Soi n'est pas perçu

> Conscience = cognition instantanée
> = Série discontinue d'états conscients différents et impermanents
> Si le Soi était perçu, il serait impermanent.

Or, il n'existe pas de Soi impermanent.

Le Soi ne se distingue pas de la cognition instantanée.

  • Le Soi n'est pas perçu

> Conscience = cognition instantanée
> = Série discontinue d'états conscients différents et impermanents
> Si le Soi était perçu, il serait impermanent.

Or, il n'existe pas de Soi impermanent.

  • La cognition du "Je" n'a pas pour objet le Soi mais les cinq skandha.

Le Soi ne se distingue pas de la cognition instantanée.

  • Le Soi n'est pas perçu

> Conscience = cognition instantanée
> = Série discontinue d'états conscients différents et impermanents
> Si le Soi était perçu, il serait impermanent.

Or, il n'existe pas de Soi impermanent.

  • La cognition du "Je" n'a pas pour objet le Soi mais les cinq skandha.

  • Le "Je" est résultat d'une construction conceptuelle qui n'est pas le Soi (comme tout autre pronom désignant le soi : mon, mes...)

Dire "Je" c'est :
  • Associer le Soi à un concept
  • Admettre une conscience positionnelle sur soi.
> Or, le Soi s'il existe, devrait se poser de manière immédiate à la cognition.

La cognition du « Je » détermine le corps et les cognitions.

Cette cognition n’est pas une perception directe du Soi, mais le résultat d’une conceptualisation.

B - La critique bouddhique de l'argument de la mémoire

Argument : Tout souvenir implique reconnaissance spontanée du Soi.

- Toute expérience est issue d'une cognition instantanée.

- Toute expérience est donc détruite au moment du souvenir.
- Aucun souvenir ne peut être conforme à l'expérience passée, puisque détruite.

" La cause doit être conçue à partir de l'absence de l'effet, si cette cause n'existe pas. "

- Toute expérience est issue d'une cognition instantanée.

- Toute expérience est donc détruite au moment du souvenir.
- Aucun souvenir ne peut être conforme à l'expérience passée, puisque détruite.

Si toute expérience passée est détruite, alors comment peut-il y avoir souvenir de choses perçues à travers une perception détruite ?

La cause = le Soi n'existe pas, pourtant l'effet "souvenir" existe.

Isabelle Ratié - Le Soi et l'Autre (Chapitre 1 " La critique bouddhique du soi ")

- Qualité d'ordre psychologique [du Soi]

- Ce qui rend conforme le souvenir à l'expérience

Elan
vega

Trace résiduelle
bhavana

- Ce qui rétablit un état antérieur

- Qualités d'odre matériel
[du corps]


Elasticité

sthitisthapaka

SAMSKARA

Trace résiduelle
bhavana

« On ne saurait à juste titre inférer l’existence d’une cause pour rendre compte d’un effet, qu’à condition que la cause suffise à rendre compte de cet effet. »

  • La cause = Soi ne rend pas compte de l'effet = souvenir , l'expérience étant détruite.
  • La cause = trace résiduelle suffit à rendre compte de l'effet = souvenir , étant trace restante de l'expérience

Qualité de la substance = expérience passée

Incompatible avec un Soi permanent

Isabelle Ratié - Le Soi et l'Autre ( Chapitre 1 : La critique bouddhique du Soi , p73 )

C - La critique bouddhique du pouvoir de connaissance : l'impossible relation du Soi et des cognitions

Argument 1 : La nature consciente du Soi, échappant à la particularisation du temps


  • Produit de l'impermanence
  • Particularité s'ajoutant de manière extrinsèque un objet passif

Le Temps

Argument de l'atmavadin

Le Soi

Conscient, permanent et actif

Pas de statut d'objet particularisé

Incompatible avec le déterminisme temporel


  • Produit de l'impermanence
  • Particularité s'ajoutant de manière extrinsèque un objet passif

Le Temps

Le Soi

Conscient, permanent et actif

Pas de statut d'objet particularisé

Incompatible avec le déterminisme temporel


  • Produit de l'impermanence
  • Particularité s'ajoutant de manière extrinsèque un objet passif

Le Temps

C'est la conscience elle-même qui impose aux objets un cadre spatio-temporel.

Critique bouddhique

  • Si le Soi est de nature consciente et DONC permanente.
  • La cognition doit l'être aussi.
  • Toute cognition inconsciente est impossible.

Critique bouddhique

  • Si le Soi est de nature consciente et DONC permanente.
  • La cognition doit l'être aussi.
  • Toute cognition inconsciente est impossible.

/ L'atmavadin considère la cognition comme consciente et instantanée.
Il ne peut y avoir de relation entre deux entités se manifestant déjà elle-mêmes.
La cognition appartient donc à un autre Soi.

Critique bouddhique

  • Si le Soi est de nature consciente et DONC permanente.
  • La cognition doit l'être aussi.
  • Toute cognition inconsciente est impossible.

/ L'atmavadin considère la cognition comme consciente et instantanée.
Il ne peut y avoir de relation entre deux entités se manifestant déjà elles-mêmes.
La cognition appartient donc à un autre Soi.

L'argument de l'atmavadin revient à admettre l'existence d'une multiplicité de Soi, donc la non existence d'un Soi unique.

C - La critique bouddhique du pouvoir de connaissance : l'impossible relation du Soi et des cognitions

Argument 1 : La nature consciente du Soi, échappant à la particularisation du temps

Argument 2 : La théorie Samkhya de l'intellect-miroir

Sujet conscient
purusa

Objet

La théorie de l'intellect-miroir :

Lumière
prakasa

Intellect
buddhi

reflète la lumière de l'objet

passe sous forme de reflet

projette sa lumière

Sujet conscient
purusa

Objet

La théorie de l'intellect-miroir :

Intellect
buddhi

reflète la lumière de l'objet

passe sous forme de reflet

projette sa lumière

La cognition (inconsciente) est rendue possible par la réception par l'intellect du reflet de l'objet et de la lumière du Soi.

Critique bouddhique

  • Si l'intellect a le pouvoir d'illuminer les choses, il doit lui-même être lumineux (conscient).
  • L'existence d'un sujet conscient n'est donc pas nécessaire.

  • La conscience implique la permanence.
  • L'intellect doit être permanent.

/ Dans le cas contraire, il n'existe aucun Soi permanent pouvant posséder le pouvoir de la connaissance.


Il n'existe que des cognitions.

Conclusion du chapitre
Avis personnel
Limites de l'oeuvre