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La mise en place du projet républicain 1870 à 1914

Transcript

Louise-Birot

La mise en œuvre d'un projet républicain de 1870 à 1914

Introduction

Depuis 1789, la France a connu beaucoup de régimes et de constitutions : monarchie absolue, monarchies constitutionnelles, républiques, empires. La défaite contre la Prusse met fin au second empire et ouvre la voie à une Troisième République qui s’étend de 1870 à 1940 et dont la mise en place et la consolidation ont lieu de 1870 à 1914. Cela se déroule dans un contexte de révolution industrielle et d’expansion coloniale.
Malgré les oppositions qu’elle rencontre, comment la Troisième République finit-elle par regrouper la majorité des Français autour d’un projet politique commun ?
La lithographie représente la conclusion de ce projet politique.

A)La défaite et la proclamation de la république

Pourquoi le projet républicain ne peut pas être mise en place avant 1870 ?

La proclamation de la République, Gravure coloriée 1870, (collection particulière)
Image du Manuel d'histoire géographie, première 2019, Manuel numérique.

Léon Gambetta. LEGROS Alphonse

La proclamation de la république.

Suite à la défaite et à la capture de Napoléon III, le 4 septembre, les chefs républicains tels que Léon Gambetta viennent de proclamer la République sur les marches du Palais-Bourbon. Ils vont le faire à nouveau à l’hôtel de ville de Paris. Il organise un gouvernement de Défense nationale pour continuer la guerre.

Léon Gambetta (1838-1882) était un avocat républicain opposé au Second Empire, il participe à la proclamation de la III ème République. Il était ministre de l’Intérieur du gouvernement de Défense nationale, il organise la résistance à l’armée allemande. Plusieurs fois député, il devient président du Conseil en 1881.

B) Une Assemblée nationale monarchiste

Une Assemblée nationale monarchiste (février 1871)

Image Manuel d'histoire géographie, première 2019, Manuel numérique.

Les monarchistes sont majoritaires mais ils sont divisés entre légitimistes et orléaniste qui sont plus modérés. La restauration de la monarchie échoue, notamment car le prétendant légitimiste le comte de Chambord veut le retour du drapeau blanc à la place du drapeau tricolore. Les orléanistes ne veulent pas un retour au symbole de leur ancien régime et veulent conserver certains acquis de la Révolution dont le régime parlementaire.

Les orléanistes vont s’allier avec les républicains modérés en vue d’un compromis institutionnel qui débouchera sur la Troisième République.


Le 30 janvier 1875, l’amendement déposé par le député républicain Henri Wallon est adopté de peu par la Chambre des députés. La Constitution républicaine, coiffée d’un bonnet phrygien et d’une couronne de laurier, triomphe grâce a l’accord populaire symbolisé par la poignée de main entre ouvriers et bourgeois. L’amendement de Wallon instaure dans le cadre de la IIIe République élection du président à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et par la Chambre des députés réunis en « Assemblée nationale ».

Les premières élections de la III ème République donnent une large majorité parlementaire aux monarchistes qui se sont prononcés nettement pour la paix et qui se préparent à rétablir la royauté en France.

C) La guerre civile et la commune

Louise Michel, auteur inconnu

information.tv5monde.com
Photographe inconnu/ Libre de droits.

lavie.fr

L'Internationale, version française, YouTube

La participation importante des femmes :
Louise Michel (1830-1905) était une institutrice, elle enseigne à Montmartre, un quartier populaire du nord de Paris. Engagée politiquement contre le Second Empire, elle participe activement à l’insurrection parisienne contre Thiers (chef du nouveau gouvernement et à la charge de négocier la paix avec la Prusse) et les « Versaillais » (ce qui sont fidèles à l’Assemblée nationale qui siégeait à Versailles et combattit la commune). Elle dirige un Comité de vigilance des femmes dans son quartier, anime le club de la révolution. Ambulancière, elle combat, en uniforme de Garde nationale aux côtés des Communards, ce qui lui vaut le surnom de « Vierge rouge ». Elle sera déportée en Nouvelle-Calédonie.

Certains français refusent la défaite. Hostiles aux armées allemandes, dont le siège a affamé Paris, et au gouvernement de Thiers soutenu par une assemblée conservatrice favorable à la paix, les Parisiens se révoltent et élisent un gouvernement insurrectionnel : la commune de Paris. c’est un gouvernement révolutionnaire et populaire dirigeant de manière autonome la Ville de Paris de mars à mai 1871, et guidé par un idéal de république sociale, anticléricale et libertaire. Cela dégénère en guerre civile et voit les versaillais partisans du gouvernement écraser la commune.

La guerre civile entraîne des exécutions dans les deux camps. Face à l’avancée des Versaillais, les communards exécutent des otages, dont des ecclésiastique.

L’Internationale est un chant révolutionnaire dont les paroles furent écrites par Eugène Pottier en 1871 lors de la répression de la Commune de Paris. Elle est devenue le chant symbole des luttes sociales et par la suite l’hymne de l’URSS.

L’armée versaillaise entre le 21 mai dans Paris par l’ouest, et ses bombardements déclenchent les premiers incendies. Les Communards en allument d’autres pour entraver l’avancée adverse et abattre des symboles de régime détestés (bâtiment impériaux : jaune et monarchique : violet).

La semaine sanglante :

Des troupes versaillaises entrent dans Paris et se livrent à une répression féroce. Ils parviennent à investir le cimetière du Père-Lachaise où des fédérés s’étaient repliés. L’image montre les derniers combattants fusillés.


Comment le projet républicain est mis en place entre 1879 et 1892

A) La mise en place du projet républicain

Manuel d'histoire géographie, 1er, 2019 manuel numérique

Une série de lois constitutionnelles, votées entre 1871 et 1875 grâce au rapprochement entre monarchistes modérés (surtout des orléanistes) et républicains, donne naissance au régime de la IIIe République.

B) Les grandes lois républicaines

La Liberté

La République promeut les lois sur la liberté de la presse, de réunions, d'associations, syndicales (droit de grève)

Georges Clemenceau , fr.wikipedia.org

Grâce a la loi de 1881, la presse, diffusée par abonnement ou à la criée par des camelots, gagne trois millions de lecteurs entre 1880 et 1914.

La liberté de la presse est l’un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques qui repose sur la liberté d’opinion et la liberté d’expression. Elle donne le droit à chaque personne d’exprimer ses opinions dans le respect des autres même quand cela déplaît. Elle garantit aux journalistes la possibilité d’enquêter librement et d’informer les citoyens sur les sujets de leur choix. La liberté de la presse est instaurée dans une loi du gouvernement de Jules ferry en 1881.

Georges Clemenceau (1841-1929) était un homme d’État français, président du Conseil de 1906 à 1909 puis de 1917 à 1920. Il fonde le journal L’Homme libre, qu’il rebaptise L’Homme enchaîné après avoir essuyé la censure ; fervent opposant à l’Empire allemand il se montre en effet critique envers l’action des gouvernements français en place lors de la Première Guerre mondiale.

L'école au service de la République

Jules Ferry, Léon Bonnat, peinture

Manuel d'histoire géographie, 1er, 2019 manuel numérique

Une fois les lois scolaires votées, le budget de l’instruction publique augmente considérablement, de manière à pouvoir équiper toutes les communes d’une école primaire publique. Deux écoles sont présentes, une école communale de filles et une école communale de garçons. Il rend l’école laïque et publique. Il instaure la loi Ferry de 1882 où il rend l’école obligatoire pour les enfants des deux sexes agés de six ans révolus à treize ans.

Jules Ferry (1832-1893) est un avocat, il est l’un des fondateurs de la IIIe République. Plusieurs fois député, ministre de l’Instruction publique (entre 1879 et 1883) et président du Conseil (1880-1881 ; 1883-1885), il promeut la politique scolaire égalitaire de la République.

Symboles et figures républicaines

Victor Hugo, Léon Bonnat

Manuel d'histoire géographie, 1er, 2019 manuel numérique

. Manuel d'histoire géographie, 1er, 2019 manuel numérique

Victor Hugo (1802-1885), d’abord monarchiste et conservateur, Hugo soutient la République à partir de 1849. Il s’exile après le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte et critique avec virulence le Second Empire. Député sous deux Républiques (1848, 1871) puis sénateur (1876, 1885), il s’engage pour de grandes causes républicaines : le suffrage universel, l’instruction pour tous, la séparation des Églises et de l’État et l’amnistie des Communards. Il est considéré comme l’un des plus grands écrivains français.

Sous la révolution française, le Panthéon accueille les dépouilles de personnages importants pour la patrie. Rendu ensuite à l’Église Catholique, il redevient un lieu à la mémoire des grands hommes à partir des obsèques de Victor Hugo.

Cette statue représente l‘affirmation de la République et l’héritage de la Révolution française. Elle représente Marianne qui est un des symboles de la République avec le drapeau tricolore et la marseillaise ainsi que la devise : liberté égalité fraternité.

Comment le projet républicain, souvent contesté, est consolidé entre 1892 et 1914

Les crises : la crise boulanger

Les scandales : affaire panama, légion d'honneur

Georges Boulanger, Herodote.net

Image de Georges Clemenceau, Herodote.net

Georges Boulanger (1837-1891) était un général de division, ministre de la Guerre en 1886-1891, Boulanger était très populaire dans l’armée.

Ses positions agressives et imprudentes vis-à-vis de l’Allemagne entraînent son renvoi du gouvernement et sa mise à la retraite de l’armée. Il est aussitôt élu député dans plusieurs circonscriptions et rassemble derrière lui des monarchistes et bonapartistes hostiles à la République, ainsi que des radicaux adversaires des républicains au pouvoir.

La République est contestée par plusieurs tendances politiques représentés sur la caricature : l’extrême gauche radicale (sous les traits du député Henri Rochefort (1), les monarchistes et cléricaux (2), les bonapartistes (3), le général Boulanger (4). On peut voir que les trois personnages représentant la politique tiennent une sorte de bélier avec la tête du Général Boulanger.

La crise vient du fait que le gouvernement fait interdire le cumul des candidatures aux élections de 1889 : les boulangistes n’ont que 72 élus contre 366 pour les républicains. Le boulangisme s’effondre. le général Boulanger se suicide le 30 septembre 1891.

boulangisme : mouvement politique français de la fin du XIXe siècle (1885-1889) qui constitue une menace pour la IIIe République.

Caricature de Clemenceau en train de jongler avec de l’argent. Les adversaires de la République critiquent le scandale financier et lance des accusations de corruptions. S’y mêle aussi des relents antisémites avec le personnage qui souffle représenté avec un nez crochu.

Le scandale du panama est une affaire de corruption lié au percement du canal de Panama, qui éclabousse plusieurs hommes politiques et industriels français durant la IIIe République et ruine une centaine de milliers d‘épargnants en pleine expansion internationale de la Bourse de Paris.


Le scandale de la Légion d’honneur éclate en 1887 lorsque le journal proche du boulangisme (mouvement politique français de la fin du XIXe siècle (1885-1889) qui constitue une menace pour la IIIe République) révèle l’existence d’un trafic de décoration sous le titre »La Légion d’honneur à l’encan ».

Une République qui exclut

Couverture du livre Germinale d'Emile Zola

L’anarchiste Auguste Vaillant lance une bombe dans l’hémicycle pour protester contre l’exécution d’un anarchiste, la misère sociale et la corruption parlementaire révélée par le scandale du Panama. Il est arrêté et exécuté le 5 février 1894. Les anarchistes veulent renverser l’État. Il lutte contre la misère sociale. Cette attentat se déroule dans la Chambre des députés le 9 décembre 1893.


L’anarchisme est une philosophie politique qui présente une vision d’une société humaine sans hiérarchie, et qui propose des stratégies pour y arriver, en renversant le système social autoritaire. L’objectif principal de l’anarchisme et d’établir un ordre social sans dirigeants ni dirigés.

Pendant cette période, l’Europe et la France connaissent des révolutions industrielles qui entraînent leur enrichissement. Ce dernier ne profite pas à tous. Il y a beaucoup de misère sociale décrite notamment par Zola dans ses livres. Dans Germinale, il décrit l’exploitation des ouvriers dans les mines et leur révolte.

Les syndicats se créent. Des mouvements politiques apparaissent pour défendre les ouvriers : socialisme, anarchisme.

L'exclusion politique des femmes sous la IIIe République

Hubertine Auclert, Ullstein Bild

Hubertine Auclert (1848-1914) issue d’une famille républicaine et d’un milieu aisé de province, elle considère que l’égalité politique des femmes entraînera leur émancipation. Première à employer le mot « féministe » (personne militant pour l’égalité entre les femmes et les hommes), elle utilise différents moyens d’action pour faire connaître et aboutir le droit de vote pour les femmes : pétitions, lancement de titres de presse et de mouvements, mais aussi d’actions spectaculaires telles que la grève de l’impôt (1880). Hubertine Auclert se présente avec d’autres femmes aux élections législatives de 1970. Sa candidature est annulée.

La Troisième République a accordé le suffrage universel mais seulement aux hommes.

Des mouvements féministes protestent : sur le modèle des suffragettes anglaises sont organisés des actions.

Lors des élections municipales 1908. Hubertine Auclert brise une urne pour protester contre l’interdiction du droit de vote aux femmes.


Affaire Dreyfus

Journal l'aurore, J'accuse

La dégradation d'Alfred Dreyfus, couverture du "Petit Journal, 13 janvier 1895

L’affaire Dreyfus est une affaire d’État devenu par la suite un conflit social et politique majeur de la IIIe République, survenu en France à la fin du XIXe siècle autour de l’accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, juif d’origine alsacienne, qui est finalement innocenté.

Alfred Dreyfus est accusé car il est soupçonné d’avoir livré des documents aux Allemands.

L’opinion se divise entre les dreyfusards, convaincu de son innocence, et des antidreyfusards, souvent antisémites (inspiré par la haine des juifs) et antirépublicains.

Dans un article de journal devenu célèbre, Zola accuse directement les acteurs de l’affaire dont le ministre de la Guerre d’avoir caché la vérité.

La société est aussi traversée par des tendances xénophobes et antisémites.
L’affaire Dreyfus en est le symbole.

Le capitaine Dreyfus, de confession juive, est accusé à tort d’espionnage, dégradé (cf.image), et déporté en Guyane. En essayant de cacher l’erreur judiciaire, l’armée va faire naître un affrontement qui va diviser la société.

Consolidation du projet républicain, lutte contre l'influence de l'Église

Loi de séparation des l'Églises et de l'État 1905

Le projet républicain se heurte à l’Église catholique qui tente de garder une influence sur la société et qui est proche de l’opposition au régime. Les républicains ont imposés la laïcité dans plusieurs domaines dont l’exemple le plus important a été celui de l’école.

Avant 1905, les relations entre l’État et l‘Église étaient gérés par le concordat établi sous Napoléon.

La loi de séparation de 1905 entérine la rupture entre l’Église catholique et une République devenu complètement laïque.

Sur la caricature on voit Clemenceau, inspiré par Voltaire couper le lien qui relie l’Église à la France symbolisé par Marianne.

Cette lithographie date d’août 1914, avec l’idée que la guerre va être facile et que l‘Alsace Lorraine va être récupérée dès 1914. Elle représente un sergent de l’armée française faisant classe a des élèves Alsaciens. C’est donc une illustration du patriotisme et de la revanche à prendre. C’est une image de propagande patriotique et républicaine.

Cette carte représente la France comprenant l’Alsace et la Lorraine alors qu’elles sont encore annexé à l’empire Allemand en 1914.
La France n’a jamais accepté l’annexion de l’Alsace-Lorraine c’est pourquoi elles sont présentes sur la carte.

Cette homme est un sergent de l’armée française faisant classe à des élèves Alsaciens. Nous pouvons ensuite nous interroger sur l’armée faisant la classe. Il faut savoir que cela fait référence aux instituteurs de la IIIème République qui étaient surnommés les « hussards noirs » (militaires).

Il reprend la leçon interrompu il y a 44 ans, c’est-à-dire lors de la guerre perdu contre l’Allemagne en 1870 qui avait vu la perte de l’Alsace-Lorraine.

La République est fortement représentée : drapeau bleu blanc rouge, buste de Marianne, référence à la marseillaise et donc a la Révolution Française. Or le projet républicain n’allait pas de soi. Sa mise en place a été progressive et il a été fortement contesté.

On voit que les personnages ont la tenue traditionnelle d’Alsace. On voit également que filles et garçons sont dans la même classe alors qu’il existait une école des filles et des garçons.

La lithographie ne montre pas les débuts difficiles du projet républicain : élection monarchiste, commune, les crises (boulangisme, anarchisme, laïcité...), les exclusions.


Elle montre l'aboutissement du projet républicain en 1914 tourné vers la revanche contre l'Allemagne.

La lithographie, datée d'août 1914 laisse penser que dès cette date la guerre va être facile et l'Alsace récupérée. L'histoire sera différente et donnera lieu à la Première Guerre mondiale, longue de quatre ans.

Conclusion