La décolonisation

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Le premier continent à entamer sa décolonisation est l'Asie. Pour l'Asie du Sud, le Proche et le Moyen-Orient, l'indépendance est acquise entre la Seconde Guerre mondiale et 1955. Les mandats français accèdent à l'indépendance rapidement : le Liban dès 1943 et la Syrie en 1946. En Indochine, Hô Chi Minh proclame l'indépendance du Vietnam en 1945 déclenchant ainsi une guerre d'indépendance qui va durer jusqu'en 1954. L'indépendance du Vietnam entraîne la dislocation de l'Indochine française, le Laos et le Cambodge sont eux aussi indépendants. Le gouvernement britannique travailliste (de gauche) est favorable à l'indépendance de l'Inde en 1947. Cependant les violences entre hindous et musulmans vont entraîner la partition du pays en trois : l'Inde à majorité hindoue, le Pakistan et le Bangladesh à majorité musulmane.

L'Afrique accède à son tour à l'indépendance surtout entre 1955 et 1966. La Libye, ancienne colonie italienne confiée à la France et au Royaume-Uni à la fin de la Seconde Guerre mondiale, est indépendante en 1951. A l'inverse, les colonies portugaises de l'Angola et du Mozambique n'accèdent à l'indépendance qu'en 1975. La Namibie, mandat confié par l'ONU à l'Afrique du Sud, n'est indépendante qu'en 1990. Entre les deux, sont surtout concernées l'Afrique du Nord et l'Afrique noire. On peut citer l'Algérie colonie française qui obtient son indépendance en 1962 après une guerre contre la France entamée en 1954. Les colonies que la France possédait en Afrique noire (AEF et AOF) se voient accorder leur indépendance en 1960. Le Maroc et la Tunisie sont indépendants depuis 1956. Les colonies britanniques deviennent indépendantes entre 1957 et 1964 de façon pacifique suite à des négociations : le Ghana (1957), le Kenya (1963), la Tanzanie (1964) par exemple.

Les anciennes colonies accèdent à l'indépendance de deux façons soit de manière négociée soit par une guerre d'indépendance.

La voie de la négociation témoigne de la volonté des anciennes métropoles de régler rapidement et sans heurts la question de l'indépendance de leurs anciennes colonies. D'une manière générale, le gouvernement britannique liquide rapidement et facilement son empire colonial à l'issue du conflit mondial comme pour l'Inde britannique. Ces indépendances ont été préparées par des négociations ou une indépendance par étapes comme ce fut le cas en Afrique noire française d'abord autonome en 1956 puis indépendante en 1960.

La guerre d'indépendance révèle la difficulté de la métropole à abandonner sa colonie. Le cas de l'Algérie est un très bon exemple. La France ne peut renoncer à ce territoire organisé comme la métropole avec des départements et une importante minorité européenne : "l'Algérie c'est la France". Ce qui explique un conflit long et complexe.

La chronologie de la décolonisation s'explique par des facteurs favorables.

1)La Seconde Guerre mondiale affaiblit considérablement les puissances coloniales européennes. Leurs économies sont exsangues et souvent il faut aussi reconstruire les structures politiques.

2)Les USA et l'URSS sont devenues les deux superpuissances orchestrant le monde désormais bipolaire. Elles affichent clairement leur anticolonialisme et n'apportent aucun soutien politique aux puissances coloniales dans ce domaine. Les métropoles s'en retrouvent encore plus affaiblies.

3)La jeune ONU créée en 1945 sert de tribune aux peuples colonisés et aux différents mouvements indépendantistes. Ils mettent en avant le droit des peuples à disposer d'eux mêmes inscrit dans la Charte de San Francisco pour appuyer leur droit à l'indépendance.

4)Ces différents facteurs encouragent encore plus les mouvements indépendantistes, anciens ou nouveaux, dans leur combat pour l'indépendance de leur pays. Les manifestations, les tensions avec les colons ou les armées, les affrontements sont de plus en plus fréquents et violents. Dans certains cas, des guerres d'indépendance éclatent face à l'intransigeance des puissances coloniales.

Mandat : territoire placé sous la tutelle d’une puissance coloniale par l'ONU pour une durée déterminée afin, en théorie, de préparer son indépendance.

Métropole : puissance étrangère possédant une colonie

La Conférence de Bandung (1955) :

Cette conférence se tient en Indonésie à Bandung du 17 au 24 avril 1955. C'est un tournant dans l'histoire de la décolonisation.

Cinq chefs de gouvernements asiatiques décident de convoquer une conférence de pays africains et asiatiques. 29 gouvernements sont représentés et trois tendances se dessinent : la tendance pro-occidentale (Philippines, Laos, Thaïlande, Turquie, Liban, Libye...), la tendance neutraliste (Egypte, Inde, Syrie...) et la tendance communiste (Chine, Nord-Vietnam).

Le principal thème de la conférence est la condamnation du colonialisme, ce qui accélère l'entrée de l'Afrique dans la décolonisation.

Le second thème est la coexistence pacifique c'est-à-dire des relations internationales basées sur le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté, la non-agression et la non-ingérence dans les affaires intérieures. Il s'agit aussi d'établir des relations économiques qui ne soient plus seulement à l'avantage des grandes puissances, mais plus égalitaires.

C'est la première conférence sans participation des Etats européens, des Etats-Unis ou de l'URSS. Il émerge donc l'idée que les pays du Tiers-Monde doivent rechercher une autre voie, il s'agit donc de promouvoir le non-alignement.

Tiers-Monde : expression créée par le démographe français Alfred Sauvy pour désigner les pays les moins développés, ce concept est repris à partir de 1955 par les nouveaux Etats indépendants d'Afrique et d'Asie pour affirmer leur solidarité sur la scène internationale.

Le non-alignement : refus des Etats issus de la décolonisation de prendre parti en faveur de l'un ou de l'autre des deux Grands pendant la guerre froide. On parle aussi de neutralisme.

La conférence de Belgrade (1961) :

La plupart des pays du Tiers-Monde refusent de s'aligner aussi bien sur le camp occidental que sur le camp soviétique.

Leur première conférence se tient à Belgrade en Yougoslavie du 1er au 6 septembre 1961 à l'invitation du président yougoslave Tito, du président égyptien Nasser et du président indien Nehru.

Les 25 Etats présents manifestent leur rejet de la politique des blocs, du néo-colonialisme qui prend la forme de contraintes économiques, et du surarmement des grandes puissances.

D'autres conférences permettent aux non-alignés de poursuivre leur combat.

Celle au Caire en 1964 insiste surtout sur l'indépendance économique et la volonté de sortir du sous-développement.

La conférence d'Alger (1973) confirme une nouvelle stratégie de concertation entre pays producteurs de matières premières pour peser davantage face aux grandes puissances économiques.

Mais ce mouvement des non-alignés n'a pas de véritable cohésion, il connaît des tensions internes liées aux rivalités régionales notamment.

Lors de ces différentes conférences, des dirigeants de pays du Tiers-Monde en deviennent des figures et veulent servir de modèles aux autres pays : le président yougoslave Tito, le président égyptien Nasser, le président indien Nehru. La Chine communiste de Mao revendique aussi ce rôle de leader.

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Sources :