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L'Homme et la technique

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Philosophie

Cours Terminale D

Coirault Alexis

Levesque Corentin
Dewarlez Enzo

A

B

A

A

C

B

B

C

sommaire

Partie 2

Partie 1

Intro

Partie 3

Conclusion

Introduction

Depuis toujours, l'Homme est doté d'un savoir-faire naturel et inné qui lui a permis d'inventer, de construire et d'innover, pour pouvoir s'adapter à son environnement, et faire face aux problèmes que son milieu lui imposait. En permettant ainsi sa survie.

Ce don s'appelle : la technique, dont la racine venant du grec "techné" signifie "fabriquer", "produire". Cette dernière désigne un ensemble de procédés définis et transmissibles qui mettent en application des moyens efficaces pour arriver à des finalités utiles. Ce savoir-faire et cette habileté manuelle à notamment permis à l'Homme, il y a 400 000 ans, de maitriser le feu et donc d'engendrer de nombreux changements au niveau cérébral, physique, physiologique ou encore démographique. Après de nombreuses années, l'Homme à évoluer pour devenir ce qu'il est aujourd'hui, autrement dit, sans technique l'Homme n'existe pas.

La question ici est de savoir si la technique s'oppose à l'humain. Bien évidemment, la doxa répondrait spontanément "non". En effet, la courte introduction dressée juste avant et la pensée collective nous pousse à penser que sans la technique l'Homme n'aurait sûrement pas survécue, et en toute objectivité, cela n'est pas faux. Cependant, en prenant un peu de recul sur le sujet, on aperçoit un paradoxe.

Introduction

En effet, d'un côté, on a vu que la technique nous a toujours permis de nous réinventer et de nous adapter. Elle accroit notre confort de façon accrue notamment avec, par exemple, la construction d'habitats ou encore la confection de vêtements chauds pour faire face aux exigences des climats hostiles. Ou plus récemment, permettre, par le biais de dispositifs compatibles avec notre corps, à des personnes à mobilité réduite ou avec un quelconque handicap de pouvoir vivre pratiquement normalement. Ou même encore, de rendre un travail, répétitif et laborieux beaucoup moins nocif pour notre santé, grâce à, par exemple, l'utilisation d'exosquelettes.

Mais, d'un autre côté, la technique fait justement apparaître trop de confort. Elle aseptise bien trop notre environnement et nous rend potentiellement vulnérables a ce qui nous entoure. La technique a tant évoluer au fil des siècles, voire même, au fil des millénaires, qu'elle arrive à effectuer des actions, des tâches à notre place. Cela pose problème, car ce progrès, si beau soit-il, nous incite à nous réfugier dans une fainéantise une faiblesse de volonté qui, terme, modifierait nos facultés qu'elles soient physiques ou mentales. Et ces dernières se verront amoindries. Plus encore, il nui a notre environnement et menace notre éthique, en étant le fer de lance du capitalisme. Plus encore, il nui a notre environnement et menace notre éthique, en étant le fer de lance du capitalisme.

Cette contradiction pourrait alors nous pousser à nous questionner : jusqu'à quel point l'humain peut-il faire un usage raisonnable de la technique ?
Est-elle une puissance dévastatrice ou salvatrice ?

1

LA Technique
consubstantielle à l'homme ?

Le lien nécessaire entre ces deux entités.

A/LA TECHNIQUE dés L'AURORE DE L'HUMANITÉ

La découverte du feu

Tout d’abord, faisons un petit bon dans l’histoire pour revenir aux bases de la création de la technique pour ici comprendre son lien avec l’humain. Comme dit plutôt en -400 000 avant J-C, la première création technique de l’histoire va voir le jour : le feu. Le feu va permettre à l’Homme de s’approprier son environnement, car c’est pour lui un moyen de subvenir plus facilement à ses besoins en allant chasser et ensuite en pouvant faire cuire ses aliments, il aura ainsi plus de chance de survivre. Donc s’il y a de la technique, il y a plus de chance de survie et de confort. C’est en conséquence un exemple qui montre notre dépendance à la technique ; l’Homme pour compenser sa fragilité puise dans ses savoirs et outils.

Comme le dit Simone de Beauvoir dans le Deuxième Sexe, « L’Homo Faber est dès l’origine des temps un inventeur », c’est pour cette raison que certains penseurs contemporains ont requalifié notre espèce de Homo Sapiens à Homo Faber. En effet, le premier outil technique et ceux qui ont suivi ont permis à l’humain d’augmenter la taille de son cerveau, ses facultés physiologiques, ainsi que son expérience grâce à très prosaïquement l’apport de plus de nutriment, d’énergie protéique. Ce cercle vertueux une fois enclenché, l’être humain va devenir de plus en plus intelligent, et va créer de nouveaux objets techniques. Toutefois, comme on vient de le voir, c’est bien la technique qui a rendu l’homme intelligent, et non l’Homme, parce qu’il était intelligent, qui a inventé la technique.

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A propos de l'Homo faber :


"Si, pour définir notre espèce, nous nous tenions strictement à ce que l'histoire et la préhistoire nous présente comme la caractéristique constante de l'homme et de l'intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens, mais Homo faber. En définitive, l'intelligence, envisagée dans ce qui paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels".

Bergson, L'Evolution créatrice.



"L'homo faber est dès l'origine des temps un inventeur : déjà le bâton, la massue dont il arme son bras pour gauler les fruits, pour assommer les bêtes sont des instruments par lesquels il agrandit sa prise sur le monde; il ne se borne pas à transporter au foyer des poissons cueillis au sein de la mer : il faut d'abord qu'il conquière le domaine des eaux en creusant des pirogues; pour s'approprier les richesses du monde il annexe le monde même. Dans cette action il éprouve son pouvoir; il pose des fins, il projette vers elles des chemins : il se réalise comme existant. Pour
maintenir, il crée; il déborde le présent, il ouvre l'avenir. C'est pourquoi les expéditions de pêche et de chasse ont un caractère sacré. On accueille leurs réussites par des fêtes et des triomphes
l'homme y reconnaît son humanité ".

Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, 1949, I, Deuxième partie, Chapitre I.

B/un monde authentiquement humain...

Nature vs Culture

L’Homme doit ainsi beaucoup à la technique et à commencer par sa propre humanité. En effet pour construire un monde à visage humain et ainsi transformer le monde tel qu’il l’entend, il a dû prendre appui sur ses savoir-faire. C’est là qu’il diffère de beaucoup des autres animaux, et même de ses cousins primates. Si ceux-ci n’ont que des proto-outils lui a selon Georges Bataille « […] des outils et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain ». En modifiant son environnement, l’Homme se reconnait-il voit les projections de son esprit devenir réalité concrète. De plus, si l’on qualifie le travail avec le concours de la technique comme fait d’œuvre, il lui permet de se réaliser soi-même, en exploitant son potentiel l’Homme œuvre et est artisan de sa joie.

De cela, naquit la culture, c’est-à-dire ; ce qui existe relativement à l’humain et à son intervention. Ce qui est construit, créé de manière artificielle, ce qui n’était pas là avant et sans lui, mais qui existe par convention, c’est-à-dire par décision humaine. On peut aussi ajouter qu’au-delà de l’aspect pratique l’Homme cherche à intellectualiser ses actions et par l’éducation à transmettre le savoir technique ce qui selon Georges Bataille toujours le place encore une fois en marge de la Nature et de sa nature profonde. « L'homme, parallèlement, se nie lui-même, il s'éduque, il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours libre, auquel l'animal n'apportait pas de réserve. » C’est encore un moyen de se réaffirmer soi-même.

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La technique doit amener l'Homme à lutter contre sa propre nature :


"Je pose en principe un fait peu contestable : que l'homme est l'animal qui n'accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie. Il change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain. L'homme parallèlement se nie lui-même, il s'éduque, il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours libre, auquel l'animal n'apportait pas de réserve. Il est nécessaire encore d'accorder que les deux négations, que, d'une part, l'homme fait du monde donné et, d'autre part, de sa propre animalité, sont liées. [...] tant qu'il y a homme, il y a d'une part travail et de l'autre négation par
interdits de l'animalité de l'homme"

Georges Bataille, L'Erotisme

C/Mais un monde sans labeur ?

La thèse aristotélicienne

La technique est aussi un moyen pour l’Homme de rendre moins pénible le travail au sens du labeur nécessaire à notre survie, car les objets artificiels vont lui permettre de dépenser moins d’énergie. S’il se préserve et accumule plus d’énergie, alors il pourra effectuer d’autres activités, autre que celles qui lui servent à subvenir à ses besoins, ce qui le mènera vers son épanouissement complet. Si la technique permet à indirectement à l’Homme de s’épanouir, alors elle permet de rendre les Hommes heureux.

"S'il était possible à chaque instrument parce qu'il en aurait reçu l'ordre ou par simple pressentiment de mener à bien son ouvre propre, comme on le dit des statues de Dédale ou des trépieds d'Héphaïstos qui, selon le poète, entraient d'eux-mêmes dans l'assemblée des dieux, si, de
même, les navettes tissaient d'elles-mêmes et les plectres jouaient tout seuls de la cithare, alors les ingénieurs n'auraient pas besoin d'exécutants ni les maîtres d'esclaves".
Aristote, Les Politiques

Cet extrait montre bien qu’il possible qu’un jour la technique pourrait nous soustraire des inégalités de ce monde et donner la possibilité à tous de pourvoir à ses besoins et à son bonheur propre.

Résonance contemporaine

L'intelligence artificiel véritable leitmotiv de la Silicon Valley est vu par ses détracteurs comme une menace pour l'emploi, car elle projète à terme de remplacer l'Homme dans bon nombre de taches, et même de la surpasser par l'automatisation des tâches. Une BD traite ce sujet avec justesse et rétablie la vérité sur certains fantasmes...

Une BD

2

LE double tranchant de la technique

Les limites de celle-ci et ses dangers

A/Modification de l'environnement

Le réchauffement climatique

Si l'être humain s'est principalement construit et développé grâce aux savoirs techniques, nos sociétés modernes semble remettre en question les bienfaits de ceux-ci. En effet étant donné leurs avancements et leurs complexités, ils sont à même de réaliser des modifications drastiques de notre environnement naturel.
Notre confort de vie en témoigne, très loin des conditions du chasseur-cueilleur nomade d’il y a 15 000 ans, l’Homme a su modifier son milieu pour qu’il réponde à ses besoins. Mais c’est là tout l’enjeu de la prospérité matérielle atteinte, car elle ne s’est pas faite sans altérations du milieu dans lequel nous vivons. Ainsi, l’Homme par son empreinte sur tout le globe n’a cessé de déstabiliser, et même de détruire des écosystèmes entiers, et cela au nom du progrès et du confort matériel.

Cette altération selon Bergson prend racine dans la découverte des énergies fossiles. Elles en sont de facto un exemple intéressant puisqu’en aillant accès à une quantité dantesque « [d’]énergies potentielles accumulées pendant des millions d’années, » l’Homme a pu réaliser ses plus grands rêves (voler, se déplacer rapidement, aller dans l’espace…) en un peu plus d’un siècle.
Mais les conséquences de ce que certains qualifient d’hubris sont déjà visibles. En témoigne le réchauffement du climat induit par l’action humaine et principalement par la combustion de ces énergies carbonées.

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A/Modification de l'environnement

Les preuves scientifiques

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) documente de façons très étoffées et précise l'impact du mode de vie des Hommes sur le climat terrien et les conséquences du dérèglement de celui-ci sur la nature, mais aussi sur notre civilisation directement. Victime directe de la technique, nous avons pourtant des difficultés à fuir ce cercle vicieux.

La nature, en nous dotant d'une intelligence essentiellement fabricatrice, avait ainsi préparé pour nous un certain agrandissement. Mais des machines qui marchent au pétrole, au charbon, à la « houille blanche», et qui convertissent en mouvement des énergies potentielles accumulées pendant des millions d'années, sont venues donner à notre organisme une extension si vaste et une puissance si formidable, si disproportionnée à sa dimension et à sa force, que sûrement il n'en avait rien été prévu dans le plan de structure de notre espèce : ce fut une chance unique, la plus grande réussite matérielle de l'homme sur la planète.
Une impulsion spirituelle avait peut-être été imprimée au début : l'extension s'était faite automatiquement, servie par le coup de pioche accidentel qui heurta sous terre un trésor miraculeux.

BERGSON, Les deux sources de la morale et de la religion

Le film Bienvenue à Gattaca traite aussi de l'eugénisme, nous plongeant dans une société où l'on peut choisir le génotype son futur enfant

B/Bioéthique et OGM

Eugénisme

On a donc pu voir que la technique à permis à l’Homme de modifier les constantes extérieures de son environnement et ce non sans lui porter préjudice. Mais le progrès nous emmène plus loin, ainsi porté par la science et plus particulièrement la médecine l’Homme à compris son fonctionnement et à commencer à le manipuler. La découverte de l’ADN dans les années 1960 marque un tournant puisque nous comprenons pour la première fois ce qui fait ce que nous somme biologiquement. Le philosophe Jonas parle ainsi de cette appropriation de l’infiniment petit : « La soumission de la nature destinée au bonheur humain a entrainé par la démesure de son succès, qui s'étend maintenant également à la nature de l'homme lui-même, le plus grand défi pour l'être humain que son faire n’ait jamais entrainé ».

Les Organismes Génétiquement Modifiés en sont le produit le plus impressionnant, mais peut alors se poser la question de la limite ; somme-nous prêt à modifier génétiquement, massivement nos progénitures ?
Aldous Huxley dans Le Meilleur des mondes expose cette problématique et pousse celle-ci à son paroxysme. Dans son roman, il met en lumiére une société monde au sein de laquelle la reproduction est maîtrisée génétiquement et chaque individu est incubé et se voit attribué seulement les caractéristiques propres à sa caste.

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Extrait du Meilleur des monde :


"Un œuf, un embryon, un adulte, — c'est la normale. Mais un œuf bokanovskifié* a la propriété de bourgeonner, de proliférer, de se diviser : de huit à quatre-vingt-seize bourgeons, et chaque bourgeon deviendra un embryon parfaitement formé, et chaque embryon, un adulte de taille complète. On fait ainsi pousser quatre-vingt-seize êtres humains là où il n'en poussait autrefois qu'un seul. Le progrès. — La bokanovskification, dit le D.I.C. Pour conclure, consiste essentiellement en une série d'arrêts du développement. Nous enrayons la croissance normale, et, assez paradoxalement, l'oeuf réagit en bourgeonnant. [...] A ce moment, l'œuf primitif avait de fortes chances de se transformer en un nombre quelconque d'embryons compris entre huit et quatre-vingt- seize, « ce qui est, vous en conviendrez, un perfectionnement prodigieux par rapport à la nature. Des jumeaux identiques, mais non pas en maigres groupes de deux ou trois, comme aux jours anciens de reproduction vivipare, alors qu'un œuf se divisait parfois accidentellement ; mais bien par douzaines, par vingtaines, d'un coup. […] Le Procédé Bokanovsky est l'un des instruments majeurs de la stabilité sociale ! Instruments majeurs de la stabilité sociale. Des hommes et des femmes conformes au type normal ; en groupes uniformes. Tout le personnel d'une petite usine constitué par les produits d'un seul œuf bokanovskifié. Quatre-vingt-seize jumeaux identiques faisant marcher quatre-vingt-seize machines identiques ! Sa voix était presque vibrante d'enthousiasme. On sait vraiment où l'on va. Pour la première fois dans l'histoire. — Il cita la devise planétaire : « Communauté, Identité, Stabilité. » Des mots grandioses."


*Le Procédé 'Bokanovsky' est dans le romans une méthode de culture des fœtus mélangeants fécondation in vitro et reproductions artificielle.


Huxley, Brave New World, Chapitre 1


Ce qui est perturbant ici, c'est que le récit donné n'est que trop peu écarté de la réalité. Qu'adviendra-t-il si une puissance parvient à mettre au point une méthode eugéniste aussi perfectionnée ? Ce fantasme des régimes totalitaires d'il y a 70 ans flirte avec le réel aujourd'hui puisque la Chine par exemple, a déjà commencé des recherches poussées sur le clonage et ceux sans la moindre déontologie scientifique.


Perspective avec Jonas :


"En quoi consiste la nouveauté, et comment est-elle advenue ? [...] [le facteur en est] le saut qualitatif qui s'est opéré dans notre puissance technologique. [...] En manipulant des grandeurs relatives au monde corporel visible, la technique se tenait encore pour ainsi dire à la superficie des choses. Depuis, elle a pénétré jusqu'au niveau moléculaire : elle peut désormais le manipuler, et créer à partir de là une matière qui n'a jamais existé, modifier les formes de la vie, libérer des forces. Jamais auparavant, on n'a serré d'aussi près le génie de la nature dans ses composantes. [...] Cette capacité à créer au « cœur » même des choses implique l'apparition de nouveaux dangers, liés à la nouvelle puissance."

Jonas, « Technique, liberté, obligation » Une Éthique pour la nature.

Pour aller plus loin

Bienvenue à Gattaca

Affiche du film de Andrew Niccol paru en 1997

C/technocratie et Capitalisme

Monopole de la technique

L’œuvre dystopique d’Huxley étudiée un peu plus tôt développe dans ses lignes un autre concept intéressant, celui d’une superpuissance étatique détenant le monopole de la technologie. Une technocratie, « On entend par technocratie la prise en main et la direction de la société par des techniciens mus par les impératifs technico-économiques. […] Pour nombre de sociologues contemporains, les technocrates sont des techniciens qui, en raison de leurs compétences techniques, peuvent imposer leur pouvoir aussi bien aux hommes politiques traditionnels qu'aux propriétaires de firmes. Gouvernant ou étant censés gouverner par la technique, ils se voient reprocher par certains d'adopter une explication mécaniste de la société humaine, par d'autres de n'offrir que des solutions d'« organisation » aux problèmes politiques. » TECHNOCRATIE, Encyclopædia Universalis

La définition proposée nous montre bien que la société vers laquelle nous pouvons tendre considère l’Humain comme un amoncèlement de donnée technique que seules les élites détenant ce savoir sont capable d’en faire usage. Même si nous en sommes aujourd’hui encore préservés, les brevets ou le monopole de certaines technologies nous montre qu’il y a une véritable inégalité quant à l’accès aux savoirs techniques. La pandémie actuelle en est un bon exemple ; alors qu’un laboratoire avait mis au point un vaccin efficace contre la Covid-19, s’est posé la question de la libre diffusion du procédé technique aux laboratoires concurrents. En effet bien que constituant une violation de la propriété intellectuelle l’action aurait pu permettre à plus d’usines de produire le vaccin et donc de potentiellement faire gagner de précieux mois d’attentes ou encore de précieuses vies.

C/technocratie et Capitalisme

L'ouvrier victime de la technique

Enfin, le travail au sens de temps ou de force de production alloué à une firme qui détient les capitaux et les moyens de production se révèle être, en association avec la technique et le progrès, une alliance nocive pour l’Homme. Malheureusement, dans nos sociétés capitalistes dopées à la technologie, la majorité des travailleurs se retrouve par nécessité du salaire et donc de la survie enchainés à cette alliance. L’automatisation grâce à la technique, du travail est donc un préjudice pour l’Homme Karl Marx dans Le Capital en parle ainsi « La facilité même du travail devient une torture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de son intérêt. »

L’individu est esclave de la machine, il perd tout sont potentiel de projection sur le monde et répond à des ordres préétablis indépendant de sa volonté. Le travail n’est plus un fait d’œuvre, mais il devient aliénant, vide de sens et chaque jour, il dépossède le travailleur de son bien-être et de sa capacité s’affirmer par soi-même.

Chalie Chaplin, Les Temps modernes, 1936

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"Dans la manufacture et le métier, l'ouvrier se sert de son outil ; dans la fabrique, il sert la machine. Là, le mouvement de l'instrument de travail part de lui ; ici, il ne fait que le suivre. Dans la manufacture, les ouvriers forment autant de membres d'un mécanisme vivant. Dans la fabrique, ils sont incorporés à un mécanisme mort qui existe indépendamment d'eux [...] En même temps que le travail mécanique surexcite au dernier point le système nerveux, il empêche le jeu varié des muscles et comprime toute activité libre du corps et de l'esprit. La facilité même du travail devient une torture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de son intérêt. Dans toute production capitaliste en tant qu'elle ne crée pas seulement des choses utiles, mais encore de la plus-value, les conditions du travail maitrisent l'ouvrier, bien loin de lui être soumises, mais c'est le machinisme qui le premier donne à ce renversement une réalité technique. Le moyen de travail converti en automate se dresse devant l'ouvrier, pendant le processus du travail même, sous forme de capital, de travail mort qui domine et pompe sa force vivante La grande industrie mécanique achève enfin, comme nous l'avons déjà indiqué, la séparation entre le travail manuel et les puissances intellectuelles de la production qu'elle transforme en pouvoirs du capital sur le travail. L'habileté de l'ouvrier apparaît chétive devant la science prodigieuse, les énormes forces naturelles, la grandeur du travail social incorporées au système mécanique, qui constituent la puissance du Maître".


Karl Marx, Le Capital, Livre I, Chapitre XV, 1867

Dans Les Temps modernes, sortie en 1936, Chaplin, en montrant la vie d'un ouvrier, propose une réflexion sur l'effet des machines industrielles sur le travail et sur l'être humain.

3

LA technique, pour le meilleur et pour le pire

Le besoin de sens et de raison

A/L'ambivalence de ce pouvoir artificiel

La fin fixe l'usage

On a donc vu que la démesure technique menace l’intégrité de l’environnement humain, et même sa propre intégrité à bien des égards. Mais on a pu discerner plutôt avec Bergson que selon lui « nos organes sont des instruments naturels, nos instruments sont par là même des organes artificiels. L'outil de l'ouvrier continue son bras ; l'outillage de l'humanité est donc un prolongement de son corps. ». Ainsi si tout outils ou techniques est prolongement matériel ou spirituel de notre corps, derrière chaque méfait de ceux-ci il y a la main de l’Homme. Donc la technique en mettant simplement en œuvre des moyens efficaces est moralement neutre. Que dire par exemple de la découverte de la fusion atomique qui, en possession de certains s’est vu être l’arme la plus dévastatrice de l’histoire de nos civilisations, mais qui pourtant pourrait résoudre nos défis énergétiques.

La fin fixe l’usage, selon Jonas, il faut trouver alors une nouvelle théorie éthique. Pour lui, il faut envisager un avenir technologique, potentiellement négatif pour s'en prémunir. Il faut pousser les concepts technologiques à leurs paroxysmes afin d'en dégager les dangers. En somme, nous devons considérer les œuvres de sciences-fictions dystopiques comme des scénarios dont il est bon de débattre afin d’en cerner les potentiels enjeux. « Seule la prévision de la déformation de l'homme nous fournit le concept de l'homme qui permet de nous en prémunir. […] l'éthique qui doit garder [la survie physique de l’Homme et ce qui fait son humanité] doit être non seulement une éthique de la sagacité, mais aussi une éthique du respect. » Jonas

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"Toute sagesse héritée, relative au comportement juste, était taillée en vue de cette expérience. Nulle éthique traditionnelle ne nous instruit donc sur les normes du « bien » et du « mal » auxquelles doivent être soumises les modalités entièrement nouvelles du pouvoir et de ses créations possibles. La terre nouvelle de la pratique collective, dans laquelle nous sommes entrés avec la technologie de pointe, est encore une terre vierge de la théorie éthique.

Dans ce vide (qui est en même temps le vide de l'actuel relativisme des valeurs) s'établit la recherche présentée ici. Qu'est-ce qui peut servir de boussole ? L'anticipation de la menace elle-même ! C'est seulement dans les premières lueurs de son orage qui nous vient du futur, dans l'aurore de son ampleur planétaire et dans la profondeur de ses enjeux humains, que peuvent être découverts les principes éthiques, desquels se laissent déduire les nouvelles obligations correspondant au pouvoir nouveau. Cela, je l'appelle « heuristique de la peur » Seule la prévision de la déformation de l'homme nous fournit le concept de l'homme qui permet de nous en prémunir. Nous savons que cela est en jeu. Mais comme l'enjeu ne concerne pas seulement le sort de l'homme, mais également l'image de l'homme, non seulement la survie physique, mais aussi l'intégrité de son essence, l'éthique qui doit garder l'un et l'autre doit être non seulement une éthique de la sagacité, mais aussi une éthique du respect."


Hans Jonas, Le Principe responsabilité : une éthique pour la civilisation technologique, 1979


D'après Lelivrescolaire.fr

Pour répondre à l'avènement de technologie toujours plus à la pointe "Higth-Tech", des chercheurs et ingénieurs ont élaboré un modèle inverse, celui de la technologie dite "approprié" ou low-tech. Un ingénieurs français à créé une plateforme de partage libre et de débat autour de la place de la technologie dans nos sociétés et de l'alternative low-tech.

B/ Vers un autre modèle sociétal ?

Remise en question nécessaire

Ce que nous avons vu principalement dans la deuxième partie, c’est que la technique peut nous nuire. Mais il est important de cerner que la technologie comme dit précédemment est un moyen. Ainsi si derrière chaque outil il y a le bras d’un Homme derrière chaque courant technique il y a le projet d’une société. On définit la société comme un ensemble organisé qui règle par des normes les relations entres les individus et donc leur relation avec la technique. De ce fait, quand nous évoquions les déboires du travail mécanisé, nous parlions avant de son organisation capitaliste. De même, lorsqu’il s’agissait de technocratie mue par un idéal transhumaniste ou eugéniste. À chaque fois derrière ces visions, se cache l’ambition d’une certaine société. Il est donc important de retrouver du sens et de questionner le savoir technique Jonas en parle ainsi « L'aventure de la technologie, avec ses risques extrêmes, exige ce risque de la réflexion extrême. » Après tout, la technique en servant la société peut très bien assouvir les désirs de prospérité d’une certaine élite comme pouvoir au bonheur collectif.

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"La fondation d'une telle éthique, qui ne reste plus liée au domaine immédiatement intersubjectif des contemporains, doit s'étendre jusqu'à la métaphysique, qui seule permet de se demander pourquoi des hommes doivent exister au monde : donc pourquoi vaut l'impératif inconditionnel de préserver leur existence pour l'avenir. L'aventure de la technologie, avec ses risques extrêmes, exige ce risque de la réflexion extrême. Une telle fondation est tentée ici, à l'encontre de la résignation positiviste-analytique de la philosophie contemporaine. Du point de vue ontologique sont déployées à nouveau les vieilles questions du rapport de Petre et du devoir. de la cause et de la finalité. de la nature et de la valeur, afin d'enraciner dans l'être, par-delà le subjectivisme des valeurs, le nouveau devoir de l'homme qui vient d'apparaître."


Hans Jonas, Le Principe responsabilité : une éthique pour la civilisation technologique, 1979


D'après Lelivrescolaire.fr

Low-tech vers un retour en arrière ?

une plateforme

Si nous avons définit la technique par son utilité entre autres il semble convenable de remettre cette notion au centre du débat actuel. De nos jours en effet, bon nombre d’objet technique n’ont plus d’utilité au sens primaire de la survie et réponde à des besoins de plus en plus futiles mais non moins demandeur en ressource terrestre. Pour dénoncer ce consumérisme vide de sens et pousser à la réflexion, des artistes Japonais ont développé le chindōgu l’art de créer des gadgets utiles mais inutilisable.

le chindōgu

© Kenji Kawakami

Quelques exemples de ces objets loufoques.

Conclusion

La technique, s'oppose-t-elle à l'humain ?

Lien fondamental entre technique et humain

Les dangers de la puissance technique

Homo Faber
Notion culturelle
Monde à notre image
Affranchissement du labeur

Impact environementaux
Modification de l'essence humaine
Bioéthique
Aliénation par le travail

La fin fixe l'usage
Remise en cause de nos société
Importance du projet commun de société, direction du progrès

Consigne : à partir du diagramme ci-dessus, réalisez une conclusion d'une dizaine de ligne reprenant les grandes idées du Chapitre. N'oubliez pas l'ouverture sur un autre sujet !

Cours Terminé !

Merci