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LE DEPARTEMENT DE L'AVEYRONET SA MEDIATHEQUE PROPOSENT

Des traces de rien ces traces dans le sable qui les a remarquées à peine esquissées et déjà effacées par le souffle du désert ces paroles prononcées qui les a entendues à peine murmurées et déjà confondues aux rumeurs du monde Hamid Tibouchi © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

Définition Je suis mon seul ami Je me fais la conversation Et dans les moments difficiles je me console Qui me voit, voit le matelas Dans l’obscurité Un homme solitaire et silencieux Plutôt mort Et pourtant si encombré Par tant de créatures Parfois je m’interroge et mon ami répond Parfois il s’interroge et je le laisse sans réponse Mais nous sommes ensemble dans les moments difficiles Croyant l’un en l’autre Qui me voit, croit que je suis un Mais nous sommes deux Seulement l’un cache l’autre Et se réjouit car il y arrive Toujours Mohammed Badawy Traduit de l’arabe par Antoine Jockey © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

Sommeil J’ai dormi comme l’eau sommeil d’onde vive fluant dans le ravin d’un corps chaud sur une rive de poitrine Il est passé vague à vague à ta porte et t’a pris avec moi comme si on tombait d’une grande cascade d’avenir et je n’avais plus peur Puis il a coulé dans un pied de lune et a pris dans sa houle le fond le retour la marée Avant l’aube il a posé une bruine de monosyllabes en l’eau basse de la bouche ruisseau de neige fondante L’aube est venue goutte que séchait la lumière et je me suis essorée dans le jour Theoni Kotini Traduit du grec par Danielle Morichon © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

Conjuration Contre la bête qui dans les draps remue, j’entre dans la forêt pour y cueillir des plantes. La lavande enfle ma narine et je tiens quelques racines sauvages à la hauteur de mon sternum. J’invoque le sommeil agité de l’endormi et la tension de sa musculature qui le transforme en pierre humaine. J’approche mes doigts des plis de son front et lui fredonne de torses mélodies. Qui pourra jamais dire pourquoi les arbres nouent leurs racines. Qui sait si regarder à l’intérieur, et si baisser les yeux, nous affranchira de la cécité. Mais maintenant réveille-toi. Combien de fièvre se déploie sur nos plumes. La joie de nos doutes nous en rendra dignes. Anna Gual Traduit du catalan par François-Michel Durazzo © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2021

Entendant les voix… Entendant les voix de la Méditerranée la voix des mers, vives rugissantes agonisantes a voix blanchie des océans pouvons-nous ne pas entendre les lents trajets sans plus d’espoir de patrie petite île de mer mouroir cernée de terres zigzags impuissants porté par des courants menteurs brûlé de sel séché de soleil je qui voulais retourner à mon pays et pour sousvivre je dois la quitter Ulysses lisses, forcés oreilles bouchées, liés aux mats quand il y en a pour ne pas entendre la voix des mères chuchotement des « reviens… » l’exode exsangue des sans-travail sans-papiers zéro virgule cinq pour cent d’espoir (passeurs : soixante pour cent) la voix rougissante du sang des corps exsangues vidée de son vide 57 317 décès documentés par sirènes bien étonnées ? et accepteriez-vous d’entendre aussi disons en fond sonore le hurlement muet des frères lointains milliards de surpêchés aussitôt rejetés morts à la baille parce que juste un peu en-dessous de la barre de rentabilité ou trop jeunes vu taille de maille pseudo-réglementaire ou trop loin trop profond désolé trop hideux pour présentoir étaloir la rumeur sauvage des derniers nomades la voix partout salie des océans cétacés, odontocètes, inidés, delphinés, orcellidés que disent nos mots poètes de rive à l’autre sinon la lourde impuissance des verbes la tristesse gauche qu’il y a à rêver d’un monde plus juste ou juste un peu moins injuste ou bien s’abstenir, pour toujours de tout rêve Jacques Rebotier © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2021

Pétales Cuirassée de sommeil Je traverse l’océan incendié des rêves imprononcés. La langue m’abandonne avec l’âge, me laissant nue. Ne me laissant être rien de plus que moi-même. Me laissant témoigner de ce qui est interdit aux mots. Ses pétales de beauté défleurissent en tombant Je veux les retrouver et faire pareil pour quelqu’un d’autre mais je n’ai aucun quelqu’un d’autre à proximité. Pas comme ce chat errant te griffant quand tu l’as caressé pour que tu ne l’abandonnes pas. « Laissez-le vivre » as-tu dit, ta main glissant sur la fourrure lustrée comme si elle naviguait sur l’océan qui nous sépare. Gili Haimovich Traduit de l’anglais par Marilyne Bertoncini © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2021

L’hiver, le temps du signe (extrait) A Amjad Nasser En toi j’ai rencontré le début de ma vieillesse En toi j’ai rencontré la fin de ma jeunesse Les rencontres agissent toujours ainsi Elles changent les hommes en miroirs Quand elles ont lieu dans un hiver sévère, Miroir du temps. J’ai dit des choses que tu as déjà dites Et tu as dit des choses que je dirai plus tard. Aucun de nous deux n’a fait de commentaire Reconnaître le signe nous a suffi. Raed Wahesh Traduit de l’arabe (Palestine) par Antoine Jockey © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2021

Chemin Nous étions sur le chemin, les oiseaux aussi Temps que nous embellissions dans les souvenirs, Comme le vert profond des oliviers garde le cimetière Cette Histoire, déluge de cette géographie Et ce départ qui refuse de partir Nous nous sommes éloignés d’un pays qui fût le nôtre Et approchés d’un autre qui s’éloigne de nous Les oiseaux, nos ombres dans l’air Et nous, leurs ombres sur terre L’exil, le deuxième cri La patrie, le premier cri L’exil, c’est te poser sur une branche sûre Et emprunter ton ombre à l’Histoire La patrie, une alouette qui se pose sur ton tronc Incliné vers la maison, car tu es l’arbre Les oiseaux s’envolent et se posent, s’envolent Et se posent sur ce chemin qui menait à la maison Menait-il à la maison, ce chemin, vraiment ? Nous étions sur le chemin, et les oiseaux Apprenaient à la terre à voler. Hala Mohammad Traduit de l’arabe (Syrie) par Antoine Jockey © Éditions Bruno Doucey, Les hirondelles se sont envolées avant nous, traduit de l’arabe par Antoine Jockey, 2021.

Chemin Nous étions sur le chemin, les oiseaux aussi Temps que nous embellissions dans les souvenirs, Comme le vert profond des oliviers garde le cimetière Cette Histoire, déluge de cette géographie Et ce départ qui refuse de partir Nous nous sommes éloignés d’un pays qui fût le nôtre Et approchés d’un autre qui s’éloigne de nous Les oiseaux, nos ombres dans l’air Et nous, leurs ombres sur terre L’exil, le deuxième cri La patrie, le premier cri L’exil, c’est te poser sur une branche sûre Et emprunter ton ombre à l’Histoire La patrie, une alouette qui se pose sur ton tronc Incliné vers la maison, car tu es l’arbre Les oiseaux s’envolent et se posent, s’envolent Et se posent sur ce chemin qui menait à la maison Menait-il à la maison, ce chemin, vraiment ? Nous étions sur le chemin, et les oiseaux Apprenaient à la terre à voler. Hala Mohammad Traduit de l’arabe (Syrie) par Antoine Jockey © Éditions Bruno Doucey, Les hirondelles se sont envolées avant nous, traduit de l’arabe par Antoine Jockey, 2021.

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Des traces de rien ces traces dans le sable qui les a remarquées à peine esquissées et déjà effacées par le souffle du désert ces paroles prononcées qui les a entendues à peine murmurées et déjà confondues aux rumeurs du monde Hamid Tibouchi © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

Définition Je suis mon seul ami Je me fais la conversation Et dans les moments difficiles je me console Qui me voit, voit le matelas Dans l’obscurité Un homme solitaire et silencieux Plutôt mort Et pourtant si encombré Par tant de créatures Parfois je m’interroge et mon ami répond Parfois il s’interroge et je le laisse sans réponse Mais nous sommes ensemble dans les moments difficiles Croyant l’un en l’autre Qui me voit, croit que je suis un Mais nous sommes deux Seulement l’un cache l’autre Et se réjouit car il y arrive Toujours Mohammed Badawy Traduit de l’arabe par Antoine Jockey © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

Sommeil J’ai dormi comme l’eau sommeil d’onde vive fluant dans le ravin d’un corps chaud sur une rive de poitrine Il est passé vague à vague à ta porte et t’a pris avec moi comme si on tombait d’une grande cascade d’avenir et je n’avais plus peur Puis il a coulé dans un pied de lune et a pris dans sa houle le fond le retour la marée Avant l’aube il a posé une bruine de monosyllabes en l’eau basse de la bouche ruisseau de neige fondante L’aube est venue goutte que séchait la lumière et je me suis essorée dans le jour Theoni Kotini Traduit du grec par Danielle Morichon © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

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Des traces de rien ces traces dans le sable qui les a remarquées à peine esquissées et déjà effacées par le souffle du désert ces paroles prononcées qui les a entendues à peine murmurées et déjà confondues aux rumeurs du monde Hamid Tibouchi © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

Définition Je suis mon seul ami Je me fais la conversation Et dans les moments difficiles je me console Qui me voit, voit le matelas Dans l’obscurité Un homme solitaire et silencieux Plutôt mort Et pourtant si encombré Par tant de créatures Parfois je m’interroge et mon ami répond Parfois il s’interroge et je le laisse sans réponse Mais nous sommes ensemble dans les moments difficiles Croyant l’un en l’autre Qui me voit, croit que je suis un Mais nous sommes deux Seulement l’un cache l’autre Et se réjouit car il y arrive Toujours Mohammed Badawy Traduit de l’arabe par Antoine Jockey © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

Sommeil J’ai dormi comme l’eau sommeil d’onde vive fluant dans le ravin d’un corps chaud sur une rive de poitrine Il est passé vague à vague à ta porte et t’a pris avec moi comme si on tombait d’une grande cascade d’avenir et je n’avais plus peur Puis il a coulé dans un pied de lune et a pris dans sa houle le fond le retour la marée Avant l’aube il a posé une bruine de monosyllabes en l’eau basse de la bouche ruisseau de neige fondante L’aube est venue goutte que séchait la lumière et je me suis essorée dans le jour Theoni Kotini Traduit du grec par Danielle Morichon © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

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Des traces de rien ces traces dans le sable qui les a remarquées à peine esquissées et déjà effacées par le souffle du désert ces paroles prononcées qui les a entendues à peine murmurées et déjà confondues aux rumeurs du monde Hamid Tibouchi © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

Définition Je suis mon seul ami Je me fais la conversation Et dans les moments difficiles je me console Qui me voit, voit le matelas Dans l’obscurité Un homme solitaire et silencieux Plutôt mort Et pourtant si encombré Par tant de créatures Parfois je m’interroge et mon ami répond Parfois il s’interroge et je le laisse sans réponse Mais nous sommes ensemble dans les moments difficiles Croyant l’un en l’autre Qui me voit, croit que je suis un Mais nous sommes deux Seulement l’un cache l’autre Et se réjouit car il y arrive Toujours Mohammed Badawy Traduit de l’arabe par Antoine Jockey © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014

Sommeil J’ai dormi comme l’eau sommeil d’onde vive fluant dans le ravin d’un corps chaud sur une rive de poitrine Il est passé vague à vague à ta porte et t’a pris avec moi comme si on tombait d’une grande cascade d’avenir et je n’avais plus peur Puis il a coulé dans un pied de lune et a pris dans sa houle le fond le retour la marée Avant l’aube il a posé une bruine de monosyllabes en l’eau basse de la bouche ruisseau de neige fondante L’aube est venue goutte que séchait la lumière et je me suis essorée dans le jour Theoni Kotini Traduit du grec par Danielle Morichon © Éditions Bruno Doucey, Voix vives, de Méditerranée en Méditerranée – Anthologie Sète 2014