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Participation des élèves au concours "Je la lis", organisé par l'association Le deuxième texte

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Une sélection de huit fables du recueil de la fabuliste, conseillées par les élèves de la 6e6 du collège Adrienne Bolland

(Re)lire les fables d'Augusta Coupey#Je la LIS

La cuisinière du logis Défendait à son chat Mitis, De plonger le menton, la patte, Dans le lait versé dans la jatte. Le matin il n'y toucha pas, Bribe de pain fut son repas; L'après-midi, la cuisinière Sort entretenir la fruitière, Oubliant à terre le lait, Qui lentement refroidissait. Le chat le voit, le chat le flaire, Bondit, s'éloigne et revient faire A la jatte un tendre mamour. Foi de minet! au second tour Oubliant aussi la défense, Le liquide était dans sa panse. La cuisinière, à mon avis, Est plus coupable que Mitis.

La jatte de lait

Les fourmis sont industrieuses, Actives et laborieuses; Elles amassent pour l'hiver Le blé, le moucheron, le ver. Fêtus de foin, fêtus de paille, Fruits, bois, genêts, fraîche semaille, S'entassent dans tous leurs celliers, A faire crouler les piliers. Mais bête, insecte, humain, n'ont part à ces richesses; La fourmi n'a jamais donné ni fait largesses D'un atome, d'un grain, Au prochain. Aussi l'homme détruit les vastes fourmilières, Ecrase sans pitié les milliers d'ouvrières, Qu'il met avec raison, de son chef, hors la loi, Car l'on n'est bon à rien quand on n'est bon qu'à soi !

Les fourmis

La poule et les poussins

Une poule couvait. Menant la chose à bien, Elle eut douze poussins, mignons, gros comme rien, Des amours en duvet qui dormaient sous son aile, Picoraient, kikuitaient, sautillaient autour d'elle. Fière de sa couvée, avec des gloussements, La mère surveillait leurs moindres mouvements. Prenez garde aux renards, disait-elle, ils escroquent Les imprudents poulets qu'à l'instant même ils croquent. Du renard ni du chat les poussins n'avaient peur, Et se rapprochaient d'eux sans marquer de frayeur. Le renard, bon larron, qui longuement les guette, Attrape cinq petits dont il ne laisse miette. Les frères effrayés, vers leur mère accourus, A la quitter d'un pas ne se hasardaient plus.

Les humains ont de nous un grand effroi, ma chère, Disait la Haine à la Colère. Effroi de vous, peur seulement de moi, Repartit la Colère, avec raison ma foi ! Naissant d'un mot trop vif, d'une sotte dispute, A peine dure-t-elle une heure, une minute, Tandis qu'au fond des coeurs, grandissant chaque jour, La Haine éternisée est à craindre toujours.

La haine et la colère

L'escargot

Un escargot de haut parage, Orgueilleux d'un noble lignage, N'entendait pas Céder le pas A la modeste limace Sans carapace. Il la toisait plein de dédain, Lorsque d'un petit ton badin, Elle appelait notre compère Son prochain, son ami, son frère. Son frère, lui, Mons Escargot! La fille sentait le fagot Des sorcières du moyen âge Pour inventer le parentage Il allait s'en venger... un fruit, D'un vieux pommier tombe avec bruit, Ecrasant Escargot, Limace, Sur place. Oh! je me meurs! à moi ma soeur! Dit l'Escargot fou de douleur.. Devant la mort et la souffrance, Ne songeant plus à la naissance, La misérable humanité Comprend enfin l'égalité.

Le zèbre, le cheval, la vache, la brebis, Au pâturage réunis, S'entretenaient du loup. — Oh ! la méchante bête ! S'écria le cheval. Pour moi ce sera fête Quand l'homme l'occira sans pitié ni merci; Il le mérite bien. — Comme vous, mon ami, J'entonnerai joyeux son oraison funèbre, Repartit le timide zèbre. Vous me scandalisez, médisants! dit le loup, Leur apparaissant tout-à-coup. Les animaux surpris ripostèrent au sire : Nous vous jugeons, cruel ! juger n'est pas médire.

Les animaux et le loup

Dans une ville en Picardie Le tocsin sonnait l'incendie. Les cris : au feu ! retentissaient. Pompiers et peuple s'empressaient D'arracher du milieu des flammes Les petits enfants et les femmes Un lâche citoyen sans bouger de chez lui, Bras croisés regardait brûler le bien d'autrui. L'incendie était loin, il n'avait rien à craindre; Partant, pas à courir pour chercher à l'éteindre, Pensait-il; mais le vent fit voler un tison, Qui tombé sur son toit consuma sa maison. Aux malheurs du prochain montrez-vous très-sensibles, Vous pouvez quelque jour subir ses coups terribles.

L'incendie

Kat était un chat de gouttière Appartenant à la portière D'un des beaux hôtels de Paris. Fin escroqueur de rats, bon preneur de souris, Une heure seulement en rond sur une chaise Il sommeillait d'un oeil aussi luisant que braise, Rêvait bataille et combats, Concerts nocturnes aux sabbats. Le bruit le plus léger le dressait sur ses pattes, il aiguisait la griffe, et soudain rats et rates S'enfuyaient dans leurs trous, qu'en termes plus polis Les gens bien élevés ont appelé leurs nids. Kat était peu chéri de la vieille portière. Ses amours étaient Kit, un angora, son frère, Ecarlate matou qui laissait les souris Vider le sucrier, ronger le pain, le riz, Pour aller caresser tendrement la maîtresse, Se frotter à sa jupe et faire avec souplesse Rouler la boule de papier Devant la loge du portier. A lui les os garnis, le café, les biscottes, Le coin du feu, les caillebottes. Nourri comme un sultan, Kit, favori dodu N'avait pas l'air morfondu De Kat, le frère aîné, dont la maigreur extrême, Le poil ternit, le museau blême Donnaient à supposer qu'il logeait dans ses flancs Les vendredis, les quatre-temps, Et six semaines de carême. Il méritait pourtant d'être plus dorloté Que l'angora gâté Mais un animal laid nous est antipathique. Nous aimons, malqré nous un attrayant physique. Aurait-il au moral des vices, des travers, On lui pardonne tout : ainsi va l'univers.

Kit et Kat