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Funérailles de Victor Hugo

G.F Guiaud, 1885, musée Carnavalet, Paris

E. ARBEY

Estrade sur laquelle le cercueil de Victor Hugo est posé. Victor Hugo demande dans son testament à être transporté dans un simple corbillard, comme les pauvres. Plus d’un million de Parisiens et de Parisiennes se pressent le long du parcours, ce qui est inédit. Le cortège vers le Panthéon s’étire sur plusieurs kilomètres. Source : Photographie anonyme, juin 1885, Le Livre Scolaire Sous la grande arche du monument se tient le catafalque de 22 mètres de haut dessiné par Charles Garnier. L’architecte de l’Opéra avait tenu à concevoir bénévolement cette œuvre dont la forme rappelait à la fois une urne et un encrier. Le cercueil de Victor Hugo est déposé à son pied.

Foule et loueurs d'échelles, vendeurs de nourriture et de souvenirs.

Le 22 mai 1885, meurt Victor Hugo. Écrivain, poète et homme politique extrêmement connu, il est célèbre autant pour ses œuvres (Les Misérables, La Légende des siècles) que pour ses combats en faveur de la République. Des funérailles nationales sont organisées et Victor Hugo est célébré comme héros de la République. Ce tableau en témoigne. Portrait de Victor Hugo par Nadar, vers 1884

Arc de Triomphe Dans l'esprit des concepteurs, le sommet de l'Arc devait être couronné par un groupe sculpté monumental. En 1882, un quadrige conçu par le sculpteur Alexandre Falguière est installé sur le socle laissé vide : cette maquette en charpente et en plâtre, grandeur naturelle, représente une allégorie de La France ou de La République, tirée par un char à l'antique s’apprêtant à « écraser l’Anarchie et le Despotisme ». La sculpture monumentale, baptisée le Triomphe de la Révolution, est enlevée dès 1886 car elle commence à se dégrader, son remplacement définitif par un bronze ne s'étant jamais fait par la suite. Il existe peu de représentations où cette maquette est visible.

" Je viens d’assister aux funérailles de Victor Hugo, du haut d’une fenêtre donnant sur le boulevard Saint‑Germain. C’était vraiment colossal. […] Je suis ivre de tant de bruit, de foules, de couronnes portées, de musique, de costumes, de manifestations.Je note ici ce qui m’a causé le plus d’impression. C’était, outre l’armée à pied et à cheval qui encadrait cet immense défilé, qui l’ouvrait et qui le fermait, d’abord cette suite de chars traînés par des chevaux vêtus de housses noires et blanches et portant des montagnes de couronnes. Non, jamais tant de couronnes aux mille couleurs n’ont été jetées au pied d’un défunt. Un Himalaya ! Le corbillard où reposait Victor Hugo était celui des pauvres, triste et noir. Mais quel défilé ! […] J’étais à mon poste à midi : le défilé qui avait commencé à 12 h 40 s’est terminé à 16 h 20. Tout mon pays était là ! Tous les âges, toutes les corporations, toutes les associations étaient représentées. […] Des femmes défilaient avec des hommes qui portaient, elles aussi, leurs couronnes. Et les drapeaux et les bannières flottaient au vent. […] "Abbé Mugnier, Journal, 1879‑1939.

Un évènement républicain :

Tout au long de la cérémonie, laïque, les symboles républicains sont mis en avant. C'est le cas pour le drapeau tricolore, emblème officiel depuis 1848. Cette cérémonie est l'occasion de renforcer les rites républicains.

Pour symboliser le deuil de la République lors de la mort de Victor Hugo, l'Arc de Triomphe est surmonté d'un vaste voile noir.

Le poète sera veillé toute la nuit du 31 mai 1885 par des millions de français. Pour illuminer le monument, 44 candélabres furent allumés tandis que 4 urnes diffusent de l’encens. La société Edison offrira l'installation de l'éclairage public de la place de l’Étoile pour l'occasion.

Le 1er juin, au matin, des chars entiers de couronnes de fleurs convergent encore vers la place de l’Étoile. Des drapeaux tricolores sont agités par la foule. L’Arc de triomphe est devenu, le temps de cet hommage, le catalyseur de cette émotion nationale. Le corps de Victor Hugo sera conduit plus tard dans la journée au Panthéon. Selon son dernier souhait, il sera transporté dans le corbillard des pauvres. De 11 h 30 à 19 heures, un immense cortège, suivi par une foule évaluée à plus de 1 million de personnes, escorta le corbillard des pauvres de l’Arc de triomphe au Panthéon. Sinibaldi Paul, 1885, Musée Carnavalet