Want to make creations as awesome as this one?

Transcript

Points de vue

commissariat de l'exposition et textes : Nathalie Amiot Directrice artistique de Hors [ ] Cadre, chargée de mission artothèque

photographies de l'artothèque d'Auxerre

EXPOSITION DU 19 MAI 2021 AU 20 JUIN 2021Abbaye Saint-Germain - Logis de l'abbé

visites commentées de l'exposition

Visites commentées de l’exposition par Nathalie Amiot les 24 mai, 31 mai, 7 juin et 18 juin de 12 h 30 à 13 h 30 sur inscription au 06 88 97 42 26 (nombre de places limitées)

cliquer sur ce symbole

en haut des pages à droite pour voir les éléments interactifs

cliquer ici pour commencer

la photographie à l'honneur

L’artothèque de la ville d’Auxerre possède plus de 1400 œuvres, en majorité des estampes obtenues à l’aide de différentes techniques de gravure. Elle possède également de nombreuses photographies d’artistes contemporains reconnus, dont les démarches témoignent de la diversité et de la richesse de ce medium. Cette exposition intitulée Points de vue nous invite à découvrir les regards singuliers que ces artistes photographes portent sur le monde. Certains photographes privilégient la mise en scène, tandis que d’autres préfèrent une approche plus neutre et documentaire, d’autres encore explorent le rapport de la photographie à la peinture ou à la littérature...Cette exposition se développe selon deux thématiques, l’architecture et le portrait, réparties au sein des trois espaces du logis de l’abbé.

Christelle Vermandé

Christelle Vermandé Dans cette photographie Christelle Vermandé introduit un miroir, dont le reflet dévoile un hors champ imaginaire. Par ce jeu de mise en abîme de l’image dans l’image, l’espace intérieur d’un café fait irruption dans l’espace public de la rue.

03

Daniel Baudry

Daniel Baudry est une figure auxerroise bien connue des amateurs de photographie. Fondateur du photo-club Auxerrois et du mois de la photographie, cet autodidacte passionné, ancien professeur de mathématiques a découvert la photographie en 1975 alors qu’il enseignait à Casablanca. Depuis il n’a eu de cesse d’approfondir ses connaissances de ce medium, en s’adonnant au tirage argentique, expérimentant aussi bien des techniques anciennes comme le sténopé que les logiciels de manipulation d’images tel Photoshop. Daniel Baudry a également partagé avec grande générosité sa passion de la photographie avec le public et notamment les élèves du collège Paul Bert où il a enseigné. Grand voyageur, ses pas l’ont conduit à travers de nombreux pays (la Chine, l’Afrique, l’Inde), des voyages qui ont été autant d’occasions de mener de fructueux reportages photographiques, riches en rencontres et en émotions. Daniel Baudry a consacré des séries de photographies à Auxerre, sa ville d’adoption. Il en a arpenté les ruelles étroites, de jour comme de nuit, pour capter l’âme de la ville...à la recherche d’un éclairage surprenant, d’un point de vue singulier...A travers ses clichés se dégage une atmosphère hors du temps, une vision intemporelle...

02

Germain Plouvier

Germain Plouvier (né en 1969) http://www.germainplouvier.com/ Germain Plouvier étudie la photographie à Paris entre 1988 et 1990 puis devient assistant photographe. Indépendant depuis 1994, il travaille comme photographe d’illustration. Il commence ses recherches sur les images nocturnes et d’ambiances dès le début de son parcours photographique. Mais c’est l’arrivée et la progression du numérique qui lui permettront de retranscrire son interprétation des univers qui nous entourent. La première exposition de ce travail a eu lieu en 2010. Certaines de ses oeuvres appartiennent à des institutions ainsi qu’à de nombreuses collections privées. La série Metropolis de Germain Plouvier à laquelle appartient l’œuvre de l’artothèque est consacrée aux vues de villes et architectures réalisées la nuit et situe ce travail dans la lignée de Brassaï, célèbre photographe, qui dans les années 30 a immortalisé par ses clichés le Paris nocturne. Par des angles de vue surprenants, en contre-plongée le plus souvent, des effets de symétrie, des contrastes très marqués entre des zones d’ombres et de lumière, Germain Plouvier s’attache à faire basculer son sujet, l’architecture, vers un univers très graphique. La photographie exposée est à cet égard très révélatrice. Ces volées de marches deviennent ici une succession de lignes obliques remplissant totalement l’image. Bien qu’en prise directe avec le réel, cette composition, par son cadrage bascule presque vers l’abstraction.

01

salle 1

Serge Sautereau

Serge Sautereau https://serge-sautereau.com/ Après des études d’anglais à Dijon puis une maîtrise d’Arts Plastiques à Paris 1, Serge Sautereau a fait ses gammes en photographiant les ombres dans la ville et le corps féminin (Prix du Jury Noir et Blanc Ilford). Plus tard, il a suivi pour le Grand Louvre la construction de la Pyramide. Spécialisé en photo d’architecture et de paysage, il travaille en indépendant pour des institutions et collectivités, des sociétés immobilières, pour l’édition et la presse magazine. Il enseigne la photographie argentique et numérique à Paris depuis 1997 (Cours d’Adultes) ainsi qu’à Auxerre ou Lausanne sous forme de stages à thèmes variés. La photographie objectif ville, de Serge Sautereau appartenant à l’artothèque, fait partie des recherches développées par l’artiste sur le thème de l’architecture, auquel il a consacré des centaines de clichés. A l’instar de Germain Plouvier et de Daniel Baudry, Serge Sauterau s’intéresse aux effets nocturnes, en privilégiant l’usage du noir et blanc et en s’attardant sur les lumières, qui dessinent des traces, des lignes et rendent compte des flux urbains.

04

cliquer sur les noms des artistes pour accéder aux textes

salle 2

Robert Smithson

Robert Smithson né en 1938, décédé en 1973 https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Smithson Robert Smithson est l’un des fondateurs du Land art, mouvement créé dans les années 60 aux USA, par des artistes revendiquant un travail en prise directe avec la nature. Marié à Nancy Holt, autre artiste de ce mouvement, Robert Smithson fut également proche des artistes minimalistes et conceptuels tels que Donald Judd et Mel Bochner. Par ailleurs, il a développé une activité d’écrivain et de critique, en publiant de très nombreux textes théoriques. Dès le début de sa carrière, Robert Smithson montre un intérêt marqué pour la géologie, la cristallographie et les matériaux tels que la terre, les pierres, la lave qu’il n’hésite pas à déplacer au sein des espaces d’exposition des galeries. Il fait aussi largement usage du verre et des miroirs pour produire dans ses installations des effets de symétrie. L’œuvre la plus célèbre de Robert Smithson est sans conteste, Spiral Jetty, un Earthwork monumental réalisé en 1970, à Great Salt Lake, à la surface des eaux rouges du lac salé dans l’Utah. L’œuvre exposée fait partie d’un ensemble de 4 pièces, présentant exactement la même photographie, mais déchirée en 4 morceaux différents, ce qui contribue à rendre chaque exemplaire unique. Ici l’artiste s’intéresse au support même de l’image et comment une action sur cet élément, en l’occurrence, la déchirure, transforme l’impression que nous en avons, conditionne le regard que nous lui portons.

06

Georges Rousse

Georges Rousse http://www.georgesrousse.com L’artothèque d’Auxerre possède deux photographies de Georges Rousse : Coblence et Genève. Georges Rousse est un artiste français, dont la carrière débute dans les années 80. Son œuvre se situe à la croisée de la peinture, de l’architecture et de la photographie. Georges Rousse investit le plus souvent des lieux abandonnés, désaffectés, des garages, des entrepôts industriels, voués à la destruction ou à d’importantes restaurations. Son œuvre s’inscrit dans un travail de mémoire, une volonté de garder une trace de ces lieux, de leur rendre un hommage en les transcendant par le biais de la photographie. La première étape consiste à intervenir directement in situ, c’est-à-dire à même le lieu, en réalisant une peinture, le plus souvent aux formes géométriques. La particularité de cette peinture, est qu’elle est créée d’après un seul et unique point de vue, celui de la chambre photographique. Pour se faire, elle envahit les sols, les plafonds, les murs et subit de multiples déformations selon le principe de l’anamorphose. L'anamorphose est une illusion d'optique, le résultat de déformations de la réalité par la perspective. Il s'agit notamment de peintures dont les formes sont distordues de telle manière qu'elles ne reprennent leur configuration véritable qu'en étant regardées sous un angle particulier. Le tableau Les Ambassadeurs peint en 1533 par Hans Holbein, en offre un bel exemple : le crâne situé au premier plan apparaît déformé sauf si on le regarde sur le côté. Ainsi, dans la photographie Coblence, de Georges Rousse appartenant à l'artothèque de la ville d'Auxerre, il faut imaginer que tous les carrés du damier ont été dispersés de manière fragmentée au sein de cet espace, sur le dallage du sol, les piliers et les voûtes. Le damier ne retrouve sa forme unifiée que sous un seul point de vue, celui de l'appareil photographique. La photographie vient immortaliser ce travail de peinture qui demeure éphémère en créant une saisissante illusion. L’effet d’optique de l’appareil photographique nie toute profondeur, toute perspective à cette peinture, ramenant ce damier au premier plan, comme s’il venait simplement se superposer à l’image. L’artiste nous invite à méditer sur les notions de réalité et d’illusion et fait ainsi une magistrale démonstration du caractère virtuel des images.

05

Colette Hyvrard

Colette Hyvrard, née en 1957 http://www.colettehyvrard.com/ Colette Hyvrard a étudié à l’école d’art de Saint-Etienne et a également obtenu une maîtrise d’arts plastiques à l’université de paris 8. Dans ses œuvres, Colette Hyvrard questionne le rapport de l’image à l’objet, de l’image au réel. Ses photographies présentent un espace qui ouvre sur l’imaginaire, en dévoilant au spectateur les conditions de production de celui-ci. Le contenu de ses photographies exhibe les conditions mêmes de leur réalisation. L’artiste utilise des objets du quotidien, de récupération qui sont la matière première de son travail, elle n’utilise que des matières économiques, qui peuvent être réutilisées plusieurs fois. Elle se donne comme enjeu de partir des moyens dont elle dispose et qui sont ceux de chacun, accessibles et peu coûteux. Ce sont des objets souvent proches du déchet (tubes de dentifrice, cartons d’emballage) qui créent une ombre portée qui les sublime. Ainsi une simple boîte de pellicule 24x36 manipulée sous un éclairage lui permet de créer une série d’ombres d’avions furtifs très différentes. Vélo de Minus induit par son titre humoristique une distance ironique par rapport au chef d'œuvre de l'histoire de l'art (la Venus de Milo, sculpture datée de 100 av J.C. et conservée au musée du Louvre). Le point de départ est un assemblage de matériaux hétérogènes qui, éclairé par un projecteur, produit l'ombre de la célèbre sculpture antique. «De la Venus de Milo, la Victoire de Samothrace et du Discobole de Myron, je n'ai retenu que le point de vue des diapositives vendues au musée du Louvre. J'ai déconstruit en quelque sorte ces chefs d'œuvres dans les échafaudages précaires au premier plan. Je confronte beauté idéale et réalité des objets du quotidien qui bien que triviaux, n'en sont pas moins dignes d'intérêt.» (Colette Hyvrard).

Jordi Colomer

Jordi Colomer né en 1962 à Barcelone http://www.jordicolomer.com/index.php?lg=3 Anarchitekton Barcelone 2 de Jordi Colomer, fait partie d’une série d’œuvres, vidéos et photographiques, réalisées entre 2002 et 2004 dans 4 grandes villes : Barcelone, Osaka, Bucarest et Brasilia. Dans ces différents lieux, l’artiste met en scène son alter ego, un personnage nommé Idoj Samicne, qui sillonne les espaces urbains en brandissant une maquette à l’effigie d’un des bâtiments de la ville. Le titre de l’oeuvre composé de deux mots, anarchie et architekton (architecte en grec) évoque de multiples références : Architectones de Malevitch, Anarchitecture de Gordon Matta Clark, ainsi que les défilés urbains de maquettes organisés par les artistes constructivistes. Dans cette photographie réalisée à Barcelone, la maquette brandit par l’artiste tel un étendard, se confronte avec le bâtiment dont elle se veut le double, La Tour Agbar de Jean Nouvel que l’on aperçoit en arrière plan. A la stature figée, à la présence imposante de ce monument dans la ville, l’artiste oppose son architecture de carton, à la fois pauvre, mobile et poétique...

09

Balthasar Burkhard

Balthasar Burkhard né à Bern en 1944, décédé en 2010 http://balthasarburkhard.com/ Dans ses séries photographiques, l’artiste suisse Balthasar Burkhard revisite les grands thèmes de la tradition picturale : le Nu, le Portrait, le Paysage. Ses œuvres le plus souvent en noir et blanc, interpellent le spectateur par leur précision et la qualité de la lumière qui exalte les textures, les surfaces, les matières en offrant une multitude de détails et de subtils dégradés. Grâce à la technique de l’héliogravure (procédé mis au point au 19e siècle par Nicéphore Niepce qui consiste à transférer une image sur une plaque de cuivre), Balthasar Burkhard obtient une gamme chromatique tout en finesse avec d'infinies variations de noir, de blanc et de gris. L'héliogravure datée de 2001 appartenant à l'artothèque d'Auxerre, nous invite à focaliser notre attention sur une aile de faucon, pour entrer au cœur de la matière qui la constitue, révéler la beauté de son plumage. Les noirs sont profonds et les demi-teintes et dégradés de gris sont extrêmement riches, ce qui confère à l'image un côté velouté, extrêmement doux et sensuel. En choisissant un cadrage frontal, en plan rapproché, et un fond d'un noir intense, l'artiste opère une fragmentation de son sujet, il le décontextualise, pour le faire advenir autre, comme le souligne le titre La Robe de la Fiancée.

08

Stéphane Couturier

Stéphane Couturier né en 1957 http://www.stephanecouturier.fr/couturier/accueil.html Stéphane Couturier est un photographe plasticien, qui décide dans les années 80 de se consacrer au domaine de l'architecture. Il a développé sous le titre d’Archéologie urbaine, toute une série de photographies consacrée à la ville et plus particulièrement aux chantiers, espaces de transitions, et de métamorphoses urbaines. Il attire l'attention sur des territoires à priori sans qualité pouvant apparaître comme banals. La chambre photographique lui permet de mettre en évidence par le cadrage et la composition le potentiel des textures, des matériaux, des couleurs, de ces univers architecturaux. L'artiste s'est intéressé aux usines et aux lieux industriels abandonnés, comme ici avec cette photographie du site de la chocolaterie Menier à Noisiel. L'artiste créé par le cadrage une mise en abîme de la fenêtre. Le paysage est perçu de manière fragmentaire à travers plusieurs séries de cadres, d'ouvertures qui se succèdent suivant les différents plans.

07

Sophie Calle

Sophie Calle née en 1953 à Paris https://www.perrotin.com/fr/artists/Sophie_Calle/1#news Sophie Calle fait de sa vie une œuvre. Ses récits sont souvent autobiographiques à la croisée de la réalité et de la fiction. Elle utilise différents supports : la photographie, le récit, la vidéo, le film. L’artiste présente souvent ses œuvres sous forme d’installations mêlant photographies et textes. Ce sont les voyages et les rencontres qui nourrissent sa pratique artistique. Pour sa première série Les Dormeurs (1979) elle invite 45 personnes à dormir pendant 8 heures dans son lit. L'artiste suit des inconnus dans la rue, se livre à des jeux de rôles endossant par exemple, la fonction de femme de chambre dans un hôtel, pour pouvoir photographier les clients. Le livre intitulée Los Angeles, de 2002 a été réalisé lors d'un voyage aux Etats-Unis dans la ville de Los Angeles. L'artiste a rencontré de nombreuses personnes à qui elle a posé cette question: «Los Angeles est littéralement la ville des anges, où sont les anges?». Elle note les réponses des personnes interrogées, et prends une photographie de ces rendez-vous. Ces 20 photographies et histoires, dessinent en filigrane le portrait de la ville de Los Angeles vu à travers le regard de ses habitants et personnalités.

10

11

salle 3

PLMC

PLMC Pierre-Luc Darnaud & Marie-Christine Goradesky Depuis les années 2000, Pierre-Luc Darnaud et Marie-Christine Godaresky travaillent ensemble sous le nom générique de PLMC. Ils développent tout d’abord un travail photographique auquel s’adjoint en 2004 une pratique graphique et commencent en 2006 une activité éditoriale (affiches, éditions et livres d’artistes). Leurs œuvres se déploient par séries et explorent la relation de couple, les liens qui se tissent avec l’autre, les angoisses, les rêves. Dans leurs dessins Suite à deux mains les artistes réalisent en même temps et sur la même feuille un dessin d’après nature du corps de l’autre, chacun étant simultanément dessinateur et modèle. Avec la série des Boîtes, les artistes proposent des images intimes et sensuelles : des fragments de corps que des mains effleurent, caressent, empoignent. Le dispositif permet de révéler l’image ou bien au contraire de la cacher au regard. La boîte peut être ouverte ou bien au contraire rester close, le spectateur peut choisir de garder cette image pour lui seul ou l’offrir au regard de l’autre…

13

Didier Ben Loulou

Didier Ben Loulou né en 1958 à Paris http://www.didierbenloulou.com/ Dans les années 80, Didier Ben Loulou réalise un travail photographique à Tel-Aviv-Jaffa. En 1993, il décide de s’installer à Jérusalem et commence à photographier la Vielle ville. Parallèlement il effectue plusieurs commandes en Europe, notamment en France, sur les îles du Frioul près de Marseille, le port de Sète et à Vézelay. Le musée de l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre lui a consacré en 2000 une importante rétrospective, en partenariat avec l’artothèque d’Auxerre et le Centre d’art de Tanlay. La photographie appartenant à l’artothèque d’Auxerre fait partie de la série Visages et lieux réalisée dans la vielle ville de Jérusalem. Didier Ben Loulou arpente cette cité chargée d’histoire et enregistre des fragments, des traces qui sont autant de tentatives de cerner ce territoire trois fois millénaire, de tisser des liens entre sacré et profane, présent et passé. Grâce au tirage Fresson (procédé au charbon direct inventé en 1952 par Pierre Fresson), l’artiste obtient des noirs profonds et un rendu incomparable des couleurs qui magnifie les matières et textures, des corps, des visages, des paysages.

12

Günter Brus

Günter Brus né en 1938 en Autriche https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%BCnter_Brus Günter Brus est l’un des membres fondateurs de l’actionnisme viennois, mouvement artistique créé en Autriche dans les années 60. A l’instar des autres artistes de ce groupe (Otto Muehl, Hermann Nitsch…), Günter Brus met en scène son propre corps dans des actions radicales, souvent provocatrices et transgressives. Les deux photographies appartenant à l’artothèque d’Auxerre font partie de la série des Selbstbemalung (auto-peinture), elles sont le témoignage des happenings, performances réalisées par l'artiste en 1964. L’artiste se focalise sur son visage qui devient le support des œuvres. Dans l’une, il le recouvre de peinture noire en ayant recours à de grands gestes qui débordent largement sur l’espace du mur, dans l’autre il trace à sa surface préalablement recouverte de peinture blanche une ligne qui s’apparente à une cicatrice. Günter Brus s’affirme ici comme l’héritier de l’action Painting (peinture d’action) mouvement initié dans les années 50 aux USA par Jackson Pollock, Franz Kline, Sam Francis.

24

Philippe Bazin

Philippe Bazin né en 1954 à Nantes http://www.philippebazin.fr/ Philippe Bazin a étudié à L’école Nationale supérieure de la photographie d’Arles entre 1986 et 1989 et enseigné à l’ENSA de Dijon. Cet ancien médecin a placé l’humain au cœur de sa démarche artistique. Entre 1985 et 1986, dans le service de gériatrie où il travaille, il réalise sa première série de photographies : Faces. 34 portraits de vieillard(e)s dont les visages sont saisis en noir et blanc et en gros plan. Un ultime témoignage de leur présence au monde avant leur disparition. Trois en plus tard, une autre série du même nom générique Faces dresse les portraits de 16 nouveau-nés, selon le même principe de cadrage. Ainsi le photographe documente les deux âges extrêmes du cycle de la vie : la naissance et la vieillesse, le début et la fin. La réunion de ces deux séries de portraits lors d'expositions est un choc esthétique d'une grande force. Multiples, triplés présente côte à côte, 3 portraits de nourrissons, trois petites filles triplées. Dans cette série, l’artiste se plaît à créer un parallèle entre le medium photographique et le sujet photographié. Ces trois images photographiques sont nées chacune d’une même matrice, d’un même négatif ou fichier numérique, comme ces trois bébés sont issus d’une même mère.

14

Fabien Deflou

Fabien Deflou Formé à la Société Française de Photographie, puis élève et assistant d’Yves Guillot, Fabien Deflou a débuté une démarche personnelle dans le milieu des années 90. Ses travaux aboutiront à deux ouvrages : Jeux de piste en 1994, une géographie sensuelle de la ville de Sens où il vit et Le Pont en 1999. L’artothèque d’Auxerre possède plusieurs oeuvres de Fabien Deflou, qui ont fait l’objet d’une édition intitulée Le Pont. Ces images, réalisées toutes en noir et blanc, s'inscrivent dans l'histoire de la photographie et de ses différents genres que sont la photographie de nu, le portrait photographique, le paysage. Des thèmes que l’artiste traite avec beaucoup de sensibilité dans des compositions sensuelles et intimistes. Ce corps de femme en partie immergé, dont seule la tête affleure à la surface de l’eau, pour offrir un surprenant jeu de reflet, n’est pas sans évoquer le travail de Ralph Gibson, photographe américain dont Yves Guillot fut l’assistant.

15

Laurent Dejente

Laurent Dejente né en 1961 http://www.documentsdartistes.org/artistes/dejente/repro.html Laurent Dejente s’adonne au portrait photographique pour interroger les comportements humains, les stéréotypes. Les activités de loisirs sont devenues son thème de prédilection : sa série Panoplies révèle l’importance que requiert la tenue vestimentaire chez les sportifs, tandis que Les sorties s’intéresse à la figure du touriste, photographié de dos contemplant un paysage ou la vitrine d’un musée… Si les clichés peuvent s’apparenter à des instantanés, ils sont au contraire le résultat d’une longue mise en scène où rien n’est laissé au hasard. La photographie appartenant à l’artothèque fait partie de la série des Stations réalisée en 2005. Laurent Dejente s'emploie à inverser le sens de l'image pour créer des situations paradoxales où règnent confusion et ambiguïté. L'artiste a créé notamment plusieurs clichés mettant en scène des baigneurs dans des bassins, le corps à demi-immergé. Par un effet de basculement de l'image à la verticale, ce nageur semble se tenir debout et s'extraire d'une paroi d'eau bleue.

16

17

Ben Hansen

Ben Hansen né en 1940 en Belgique http://www.benhansenphotography.com/frieda_fr.html Ben Hansen a longtemps enseigné les civilisations gréco-latines, avant d’entreprendre entre 1973 et 1977 des études en photographie. Son travail figure dans de nombreuses collections muséales tel que le musée Ludwig de Cologne, le musée de l’Elysée de Lausanne ou encore le Stedelijk Museum d’Amsterdam. Le genre auquel s‘intéresse Ben Hansen est la photographie de nu. Toutes ses séries de photographies à partir de 1977 mettent en scène des corps nus dans des paysages, en recherchant à exprimer une relation fusionnelle de l’humain avec les éléments naturels (les arbres, la terre, les végétaux, les roches, les rivières, la boue). L’œuvre de Ben Hansen se nourrit de mythologie et de primitivisme. Ben Hansen a tout d’abord privilégié le noir et blanc, avant de se tourner dans les années 80 vers la photographie couleur. L’artothèque d’Auxerre possède deux œuvres de Ben Hansen représentatives de ces deux périodes. L’œuvre exposée appartient à sa première série de photographies réalisée entre 1977 et 1981 et intitulée Frieda, Paula, Ben. Il s'agit des noms des protagonistes de ses clichés, dont les corps nus sont mis en scène, parfois en couple, parfois seuls dans différents espaces naturels. Ici la blancheur de la peau du modèle tranche avec la noirceur de ce tapis végétal et sa position en fœtus associée à la forme circulaire évoque l'idée d'une naissance...

Nils Udo

Nils Udo né en 1937 en Allemagne https://www.nils-udo.com/ Nils Udo est un artiste représentant du Land Art, mouvement artistique né à la fin des années 60 qui privilégie le travail dans la nature. Il étudie les arts graphiques à Nuremberg puis s’installe à Paris où il se consacre à la peinture. Suite à de nombreux voyages qu’il entreprend à travers le monde, il décide en 1972 de se consacrer entièrement à la nature qui devient son espace de travail, son atelier à ciel ouvert. Au sein de ces espaces naturels, il crée des sculptures éphémères à partir des matériaux prélevés sur place, sans dégrader l’environnement. Comme les œuvres sont vouées à disparaitre, il en conserve des traces par le biais de la photographie. Selon ses termes, Nils Udo cherche à «Peindre avec des nuages. Ecrire avec de l’eau. Enregistrer le vent de mai, la course d’une feuille tombante. Travailler pour un orage. Anticiper un glacier. Orienter l’eau et la lumière… Dénombrer une forêt et une prairie…» L’œuvre Coquelicot, à été créée en 1994 en Allemagne. Elle fait partie d’une série qui décline l’image du nid, un des thèmes chers à l’artiste. Cette photographie nous montre un enfant nu, le corps recouvert de pois rouges, assis sur un tapis de fougères au cœur d’un feuillage de saule. Dans cette mise en scène, l’artiste cherche à créer un contraste de couleur entre les formes rouges présentent sur le corps du personnage et l’environnement enveloppant du végétal tout en nuances de vert. Nous assistons à la naissance d’un être hybride à mi-chemin entre l’humain, le végétal et l’animal.

18

Marc Le Mené

Marc Le Mené né en 1957 à Lorient https://www.dailymotion.com/video/xj04t3 http://marc.lemene.free.fr/ Marc Le Mené s’est intéressé très jeune au processus de fabrication des images photographiques, qu’il aborde en autodidacte, en développant lui-même les portraits de ses proches. Il travaille ensuite pour de grands studios publicitaires avant de réaliser en 1984 sa première exposition au Musée National d’Art Moderne. Marc Le Mené compose des fictions photographiques, réalisées à partir de maquettes et souvent rehaussées de peinture ou crayons de couleurs, ce qui donne à chaque image un caractère unique. Nourri de références à la peinture et à la littérature, l’artiste cherche selon ses propres termes : « à construire un univers qui me ressemble, comme un écrivain ». Un univers qui paraît vraisemblable alors que tout est faux, fictif. La photographie La Chambre mentale appartient à une série réalisée entre 1995 et 2000, représentant des personnages évoluant au sein d’un espace en trompe l’œil, dont la perspective tronquée renforce l’idée d’enfermement. Chaque image a été conçue selon le même dispositif, à partir d’une boîte cubique à 5 pans ouverte sur un coté. Dans cette pièce miniature, qui tient lieu de petit théâtre, l’artiste installe des objets, des silhouettes découpées, il fabrique des mises en scène, invente des fictions qui se jouent des notions d’échelle et de réalité.

19

Delphine Balley

Delphine Balley née en 1974 http://www.dda-ra.org/fr/oeuvres/BALLEY_Delphine Le Berlinois et ses tresses fait partie d’une série intitulée Histoires vraies, que l’artiste a débutée en 2006 et qui comporte 15 photographies. Dans le coin d’une chambre, au-dessus d’un lit sont suspendues des tresses blondes et châtain clair. Elles semblent en suspension, comme si elles flottaient dans l’espace, tels les rêves d’un dormeur qui prendrait place sur cette couche. Derrière elles, sur les murs sont accrochés des tableaux dont l’un d’eux représente une bête bleue ailée, un être chimérique semblant contempler le paysage. Bien que le décor soit extrêmement banal, la présence des tresses en suspension, du tableau au sujet fantastique font basculer la scène vers l’étrange et l’onirique. Un texte accompagne cette photographie : «Ce Berlinois ayant la coupable manie de couper des nattes blondes de jeunes filles, sa mère décida de l'envoyer en Argentine, pays de brunes». Cette phrase a été écrite par le critique d’art Félix Fénéon qui a apporté sa contribution aux Nouvelles en trois lignes parues dans le journal Le Matin entre mai et novembre 1906. Chacune de ces nouvelles relate un fait divers, une dépêche reçue le matin même par le journal. Avec sa forme condensée, son style acerbe, elle devient sous la plume de l'auteur une sorte de haïku. Delphine Balley s'empare de ce fait divers pour créer un espace fictionnel, une mise en scène photographique où chaque élément du décor, chaque accessoire devient un protagoniste de l'histoire. Dans ce lieu où la présence humaine est absente, les objets incarnent les personnages, ils nous dévoilent les ressorts de ce conte mystérieux et tragique.

20

Walter Pfeiffer

Walter Pfeiffer né en 1946 https://galeriesultana.com/artists/walter-pfeiffer https://www.lespressesdureel.com/auteur.php?id=287 Photographe Suisse, Walter Pfeiffer commence sa carrière artistique dans les années 70, au sein des milieux underground en réalisant des polaroids teintés d’érotisme. Ses images sont emblématiques de toute une génération de photographes travaillant sur les questions identitaires, la sexualité, la liberté, le travestissement et l’affirmation d’une culture gay. Le travail de Walter Pfeiffer s’inscrit dans les recherches menées par Nan Goldin, Larry Clark et influencera les jeunes générations de photographes tel Wolfgang Tillmans. Dans les années 80, Walter Peiffer documente la jeunesse, en dressant le portrait d’adolescents qu’il photographie dans les rues de Paris, Milan et Zürich. La photographie présentée dans cette exposition évoque cette série. On découvre deux garçons photographiés de dos sur fond rouge et vêtus tous deux d’un même sweat-shirt rouge à capuche. Leurs gestes l’un envers l’autre sont tendres et amicaux. Un lien fraternel et peut-être amoureux les lie, un rapport fusionnel qu’accentue la couleur rouge qui harmonise et unifie les personnages au décor

21

Patrick Tosani

Patrick Tosani né en 1954 https://www.patricktosani.com/ Parallèlement à ses études d’architecture à Paris de 1973 à 1979, Patrick Tosani développe une démarche photographique qui s’imposera au fil des années comme une référence majeure de l’art contemporain. Son travail se déploie en séries autour de deux thématiques centrales : l’objet et le corps et revendique l’utilisation du cadrage frontal, de l’agrandissement, de la netteté et de la précision. Pour Patrick Tosani il s’agit de regarder les objets banals sous un autre jour, de les faire basculer dans une autre dimension, un statut monumental. Ainsi il présente des talons, des ongles et des cuillères, tels des fragments démesurément agrandis, ou encore d’étranges masques qui ne sont autres que des pantalons photographiés sous un angle inédit, des corps vus en plongée ou en contre-plongée… Le corps du sol fait partie d’une série réalisée en 2005 et représente des pantalons mouillés, disposés sur le sol, baignant dans une flaque d’eau… Ces vêtement associés à l’élément liquide ne sont pas sans évoquer une série antérieure, Les Chaussures de lait de 2002, où le lait envahit une paire de bottines et débordent sur le sol. Dans ces deux séries l’objectif est le même : rendre palpable, par l’élément liquide le corps absent, lui donner une présence, un poids.

22

Edouard Levé

Édouard Levé né en 1965, décédé en 2007 https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_Lev%C3%A9 A la fois écrivain et photographe, Édouard Levé s’est tout d’abord essayé sans succès à la peinture avant de se consacrer pleinement à la photographie, sur une période brève, comprise entre 1999 et 2007. Dans sa première série, il se lance à la recherche des homonymes de personnages célèbres. Ainsi il tire le portrait d’Eugène Delacroix, Fernand Léger, Yves Klein, Georges Bataille… ! Pour une autre série intitulée Reconstitutions, il met en scène ses propres rêves en demandant aux personnes qui y sont apparues d’incarner leur propre rôle. Les 10 photographies d’Édouard Levé appartenant à l’artothèque d’Auxerre font partie de la série Fictions réalisée en 2006. Chaque image présente des personnages photographiés sur un fond et un sol noirs et habillés de noir. Ils se livrent à d’étranges actions dont le sens nous échappe. Leur sérieux et leurs visages impassibles renforcent l’idée d’incongruité, de malaise. Chacune de ces scènes apparait comme un arrêt sur image, le fragment d’une histoire dont nous ne sommes pas en mesure de saisir la narration. L’absence de décor décontextualise ces tableaux vivants et contribue à accentuer l’effet d’irréalité, de théâtralité.

23

L'artothèque

un service de prêt d'oeuvres pour les particuliers, les établissements scolaires, les entreprises

contactez-nous et venez choisir des oeuvres !

En raison de la situation sanitaire les prêts se font uniquement sur rendez-vous. Contact : Mohamed Bekkouy artotheque@auxerre.com Adresse 38 boulevard Lyautey 89000 Auxerre

En souscrivant un abonnement annuel vous pouvez emprunter jusqu'à 5 oeuvres tous les deux mois

Domicilié à Auxerre : Forfait annuel pour un emprunt de 5 œuvres tous les 2 mois •abonnement individuel adulte : 19 €•abonnement groupe adultes : 30 €•abonnement groupe d'enfants (scolaires) : gratuit•abonnement entreprises privées, professions libérales : 150 € Domicilié hors Auxerre : Forfait annuel pour un emprunt de 5 œuvres tous les 2 mois •abonnement individuel adulte : 25 €•abonnement groupe adultes : 55 €•abonnement groupe d'enfants (scolaires) : 50 €•abonnement entreprises privées, professions libérales : 300 € •abonnement au delà de 5 œuvres empruntées : 3 €Gratuité : enfants, adolescents et sur justificatifs pour les étudiants jusqu'à 26 ans, les demandeurs d'emploi, les personnes handicapées, les bénéficiaires du RSA, les bénéficiaires du minimum vieillesse