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L'homme est-il maître de la nature ?

24 octobre 79

Disparition de Pompéi

À l'automne 79, une violente éruption du Vésuve provoque l'enfouissement de la riche cité romaine de Pompéi sous une pluie de cendres volcaniques. Le même jour, le port voisin d'Herculanum, à l'habitat plus populaire, est écrasé, lui, sous une coulée de roches et de laves. Pompéi disparaît sous 6 mètres de lapilli (fines particules de roches volcaniques) et Herculanum sous 16 mètres de boues. Sorties de l'oubli 1700 ans plus tard, ces deux cités nous ont permis, grâce à leur malheur soudain, de connaître la civilisation romaine à son apogée avec autant de précision que si elle s'était éteinte hier.

Un volcan que l'on croyait éteint

Le site de Pompéi, au nord de l'actuelle baie de Naples, en Campanie, était dominée par la silhouette acérée du Vésuve. Sa précédente éruption remontait à 3 500 ans av. J.-C. et n'avait laissé aucun souvenir dans la mémoire des hommes.

Aussi les Romains ne savaient-ils même pas que la montagne fertile était un volcan ! Pourtant, une alerte avait eu lieu le 5 février de l'an 62. Elle s'était traduite par un violent tremblement de terre qui avait détruit une première fois Pompéi.

Sans attendre, les riches propriétaires avaient reconstruit les superbes demeures décorées de fresques, de statues, de mosaïques et de fontaines, où ils venaient se reposer des turbulences de la vie romaine. Pompéi était alors redevenu le rendez-vous des Romains fortunés et leur offrait tous les plaisirs et le luxe qu'ils pouvaient souhaiter...

Une surprise de taille

La reconstruction était à peine terminée que le volcan se réveilla pour de bon en l'an 79 de notre ère, sous le règne de Titus. En une heure, le volcan propulsa dans l'atmosphère un énorme nuage de cendres brûlantes en forme de pin parasol.

À plusieurs kilomètres de hauteur, ces cendres d'un total de plusieurs millions de tonnes se refroidirent et retombèrent sous forme de poussières et de pierres ponce sur Pompéi. On parle de nuées ardentes.

Sur les 10 000 à 20 000 habitants que devait compter Pompéi, on en a retrouvé à ce jour 2 000 qui ont succombé par asphyxie. Habitués aux tremblements de terre mais ignorant tout du volcanisme, ils avaient négligé de fuir quand il en était encore temps.

Quelques heures plus tard, une coulée composée de roches en fusion et de cendres, dite pyroclastique, dévale la pente du Vésuve et carbonise instantanément Herculanum et ses habitants.

On retrouvera deux mille ans plus tard des débris de squelettes. Au total, en près de 24 heures, le Vésuve entraîne la mort de plusieurs milliers de personnes dans les villes et les campagnes du golfe de Naples.

L'oncle du jeune homme, Pline l'Ancien, est un savant connu pour une gigantesque Histoire naturelle en 37 volumes. Au moment de la catastrophe, il commande la flotte romaine qui mouille à Misène. Mû par la curiosité scientifique et par un sentiment d'humanité, il meurt asphyxié sur la plage de Stabies après avoir tenté avec ses navires d'apporter de l'aide à des habitants.

À Misène, à la pointe nord du golfe de Naples, un jeune homme de 17 ans, Pline le Jeune, assiste à l'éruption et en rédigera trente ans plus tard le compte-rendu détaillé dans deux lettres à l'historien Tacite. Les vulcanologues donneront bien plus tard le qualificatif de plinéen à une éruption volcanique comme celle qu'il a décrite.

On a longtemps pensé que l'éruption du Vésuve s'était produite le 24 août 79, neuvième jour avant les calendes de septembre dans le calendrier romain, en se référant aux lettres de Pline le Jeune. Mais au fil de leurs découvertes, les archéologues ont fini par en douter. Sur le lieu de la catastrophe, les restes de fruits et de raisins plaidaient pour une date plus tardive. La découverte d'un graffiti en 2018 leur a finalement donné raison. L'erreur initiale vient sans doute d'une mauvaise transcription des lettres de Pline au Moyen Âge. Plus récemment, la découverte d'un nouveau manuscrit permet de pencher vers la date du 24 octobre 79, soit le neuvième jour avant les calendes de novembre.

Une erreur de date

Graffiti découvert à Pompéi avec la date du 17 octobre (« XVI K NOV »)

Une mode posthume

La disparition de Pompéi et d'Herculanum est une tragédie humaine comme on en voit hélas à toutes les époques et sur tous les continents. Si elle a gardé une place à part dans l'Histoire, c'est qu'elle s'est avérée être une bénédiction pour les archéologues et les artistes des temps modernes. L'éruption du Vésuve et les villes martyres sont tombées dans l'oubli pendant plusieurs siècles. Puis, au XVIIIe siècle, des paysans, en poussant leur charrue, sortent de terre des vestiges antiques. Ceux-ci suscitent la curiosité du prince d'Elbeuf, un noble de la cour des Habsbourg.

Il dirige en 1710 une campagne de fouilles sur ce qui s'avèrera être l'amphithéâtre d'Herculanum et extrait trois belles statues féminines de marbre. Il en fait don à son cousin, le prince Eugène de Savoie. Ce premier acte de pillage va être de nombreux autres jusqu'à ce que les autorités napolitaines interdisent l'exportation des vestiges.

À la fin du XVIIIe siècle, sous le règne du falot Ferdinand VII et de sa brillante épouse Marie-Caroline de Habsbourg, le site de Pompéi devient une destination à la mode pour les nobles de toute l'Europe comme pour les savants. Les trésors de l'empire romain recueillis à Pompéi deviennent une source d'inspiration pour les décorateurs et les artistes.

Bénéfices d'une tragédie

Dès le XVIIIe siècle, les archéologues se mettent à excaver les traces presque intactes de la vie quotidienne des riches Romains, faisant de Pompéi le premier et le plus grand de tous les chantiers archéologiques.

On s'aperçoit bientôt que les meubles et les corps ensevelis sous les cendres chaudes ont laissé la place à des cavités vides en se décomposant. L'archéologue Giuseppe Fiorelli a l'idée d'injecter du plâtre dans ces cavités de façon à restituer la forme des disparus. D'où ces moulages saisissants des habitants de Pompéi figés dans l'attitude où la mort les a surpris.

On peut aujourd'hui visiter les ruines des deux villes et y retrouver le souvenir de l'ancienne Rome ainsi que dans le musée archéologique de Naples, qui abrite plus d'un million d'objets retrouvés sur les sites.

Reste à souhaiter qu'aucune éruption ne vienne à nouveau recouvrir les sites de Pompéi et Herculanum. La dernière éruption remonte au 17 mars 1944 (photo jointe) et la précédente au 26 avril 1872...