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Prendre en charge les auteurs

La technologie en renfort

Un arsenal élargi après le Grenelle

Quand les acteurs s’associent : l’importance du travail en réseau

La prévention dès le plus jeune âge

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Mal au multiples visages, le problème des violences conjugales appelle des réponses tout aussi multiples. « Chaque cas est différent, plus on a d’outils, plus on répond à des besoins », exprime ainsi Laurie Lemaire, présidente de l’association Rivhaj, à Vienne. Hébergement d’urgence, accompagnement médical et juridique et écoute des victimes sont ainsi les solutions traditionnelles assurées par les associations, en lien avec les services sociaux, les collectivités locales et les juridictions.Organisé entre septembre et novembre 2019, le Grenelle des violences conjugales est venu étoffer l’arsenal législatif à disposition des acteurs. Il a débouché sur 46 mesures pour enrayer les violences au sein du couple, dont 17 étaient considérées réalisées un an plus tard.

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Un arsenal élargi après le Grenelle

Photo Le DL/ Lisette BENOIT

Sur le terrain, les actes prennent forme peu à peu. Le fait que 22 places d’hébergement aient été créées dans le Vaucluse ou que le budget alloué aux structures de prise en charge des victimes en Isère ait augmenté de 21% depuis le Grenelle, ne sont que deux exemples locaux parmi d’autres. « Je constate que la manière dont nous sommes reçus par les institutions est de plus en plus favorable, estime Catherine Ferraris, de l’association Titanes, à Valence. Il y a une vraie volonté d’agir sur le terrain ». Entre la libération de la parole et la batterie de mesure du Grenelle, la lutte contre les violences au sein du couple connaît actuellement un coup de boost. Reste que l’expérience montre que les moyens n’arrivent pas toujours à la vitesse attendue, engendrant un délai entre l’annonce et la réalisation des actes.

Sur le terrain, les actions se concrétisent lentement

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« On n’est pas loin de MeToo, de Balance ton porc et du Grenelle qui est venu dans la continuité. Je crains que ça retombe ensuite comme un soufflet », redoute Marion, intervenante sociale au sein de l’association SaVoie de Femme. Elle garde en mémoire l’exemple de l’ordonnance de protection, qui permet d’interdire aux conjoints d’entrer en contact avec les victimes, et qui existe dans la loi depuis 2004. Pour autant, sa mise en œuvre concrète n’est que très récente et dépend des moyens engagés dans chaque territoire.

« Quand on évince le mari, où va-t-il ? L’éviction du conjoint violent, on l’avait dans la loi depuis 2004.

L’acte judiciaire se prenait, mais concrètement, qu’est-ce qui était fait [pour empêcher le conjoint d’approcher la victime, NDLR] ? Sur la juridiction d’Albertville, cela ne fait que deux ans que c’est protocolisé. » L’une des mesures fortes prises par le gouvernement depuis le Grenelle a été de faciliter le recours à l’ordonnance de protection, dont les demandes sont passées, selon le JDD, de 2 975 en 2018 à 5 983 en 2020 en France.

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Prendre en charge les auteurs

« Ce n’est pas à nous de nous cacher », lançait Salwa dans les colonnes du Dauphiné libéré en décembre 2020. Cette jeune Ardéchoise, victime de violences conjugales pendant trois ans, exprimait une triste réalité, celle d’une double peine où les victimes, pour s’extraire du cycle de la violence, doivent parfois tout laisser derrière elles.

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Photo Le DL/ Angélique SUREL

En Isère, un centre pour héberger… et évincer les conjoints violents

« Ce n’est pas à la victime de partir », c’est aussi le leitmotiv d’un projet unique dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’association Rivhaj, basée à Vienne en Isère, va ouvrir, vraisemblablement « avant l’été », un centre pour héberger les auteurs de violences conjugales. Prendre en charge les auteurs plutôt que les victimes, un changement de paradigme encore rare en France : un appel à projet lancé par l’Etat en juillet 2020 prévoit la création de 16 centres de suivi des auteurs dans le pays, mais seule l’initiative iséroise prévoit leur hébergement. Une seule structure dans l’Hexagone fait de même actuellement, le centre Clotaire à Arras, dans le Pas-de-Calais, depuis 2008.« L’éviction du conjoint se fera sur décision de justice [suite à un dépôt de plainte ou un signalement, NDLR]. Il n’aura pas le choix », indique Laurie Lemaire, présidente de Rivhaj. Le centre pourra accueillir 8 hommes, qui resteront pour une période allant jusqu’à trois mois. Durant cette période, encadrés par une équipe médico-sociale (psychologues, éducateurs spécialisés, assistantes sociales…), ils participeront à des groupes de parole et de responsabilisation, seront suivis judiciairement, et participeront aussi aux tâches collectives, notamment ménagères. L’objectif : la prise de conscience.

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Comprendre d’où vient sa violence, réaliser qu’il y a un déséquilibre au sein du couple et que la violence n’est pas un phénomène relationnel normal, autant de démarches qui nécessitent un accompagnement. L’idée de centre pour les auteurs permet aussi qu’à l’éviction du domicile, les hommes ne se retrouvent pas chez des amis ou de la famille, qui pourraient avoir une vision complaisante avec lui et ralentir le processus de prise de conscience.

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« Toutes les associations disent que les auteurs ont souvent eux-mêmes été victimes de violences. Il y a une nécessité de soins médicaux, de rééducation à l’égalité femme/homme… cela ne se fait pas en allant trois mois en prison », explique Caroline Abadie, députée (LREM) de la 8e circonscription de l’Isère, qui a accompagné le projet aux côtés de Rivhaj. « Tant qu’il y aura des auteurs de violences, il y aura des victimes. Avec un primo délinquant, on peut obtenir des résultats. » Et éviter la récidive.Le projet, bien accueilli par le réseau associatif, est soutenu par l’Etat et toutes les collectivités locales concernées. L’emplacement exact du lieu est connu de l’association mais pas encore dévoilé. Il sera situé entre Vienne et Bourgoin et concernera les juridictions des tribunaux de ces deux villes.

Plus d'infos sur le projet de centre pour les auteurs de violences conjugales

  • Le projet avance
  • L'Etat financera le centre à 70%

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D’autres initiatives pour accompagner les auteurs

Toujours à Vienne, la Ville, via le CCAS, a mis en place depuis 2018 un logement pour accueillir les conjoints violents. L’éviction se fait là aussi sur décision d’un juge. Le relogement peut durer jusqu’à trois mois, période durant laquelle l’auteur de violences dispose d’une prise en charge sociale, juridique et psychologique réalisée par l’association France Victimes 38 Apress, le CCAS et le contrôleur judiciaire.

Du côté de Grenoble, le prise en charge des auteurs (sans toutefois leur hébergement) est assurée depuis plus de 10 ans par l’association PASSIBLE.

Composée de psychologues, elle reçoit des auteurs de violences pour mener avec eux des thérapies.

En outre, dans la même ville, un projet de stage de responsabilisation et de groupes de parole est porté par le Codase (Comité dauphinois d’action socio-éducative), en lien avec la Métropole et le tribunal judicaire de Grenoble.

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Photo Irata-Fotolia Stéphane BIDOUZE

Dans la Drôme, c’est l’association Remaid France victimes qui mobilise une psychologue auprès des auteurs en « pré-sententiel », lorsqu’ils sont placés sous contrôle judiciaire et qu’ils attendent d’être jugés.

Enfin, mentionnons le projet de centre d’accueil et de suivi actuellement en cours en Vaucluse et qui fait suite à l’appel à projet lancé par le gouvernement en juillet 2020. Attendu en cette année 2021, il pourra prendre en charge jusqu’à 200 personnes par an. Les association Rhéso, l’Amav, le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) et l’unité de psychiatrie légale et de victimologie du centre hospitalier de Montfavet, à Avignon, portent le projet.

Un numéro national pour les conjoints et conjointes violents

Signe que la perception des auteurs bouge en France, le mois d’avril 2020 a vu la création, au niveau national, d’un numéro d’urgence à destination des conjoints et conjointes violents, le 08 019 019 11. Ouverte du lundi au dimanche, de 9 heures à 19 heures, la ligne est tenue par des professionnels en lien avec la Fédération nationale d’accompagnement des auteurs de violences (Fnacav).

À lire aussi : Le témoignage d’un conjoint violent

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Un profil type pour les auteurs ?

En novembre dernier, le Dr Laurent Layet, expert psychiatre auprès de la Cour d’appel à Nîmes, décrivait à Vaucluse Matin les traits communs qui pouvaient exister parmi les auteurs de violences. « Ce sont des hommes qui ont du mal à gérer leurs émotions et qui ont été confrontés à la violence pendant leur enfance. Soit comme témoin, soit comme victime. Ce sont aussi des individus qui sont dans l’agir et qui mentalisent assez peu. Ils commencent par des choses insidieuses comme les insultes. Puis ils en viennent à la bousculade et à une violence physique de plus en plus marquée. Cette évolution crée un phénomène de banalisation. » Avant d’insister sur la nécessité d’un accompagnement psychologique : « Ces hommes sont souvent dans la minimisation, la banalisation et le déni, ou alors ils disent que c’est la femme qui est violente. […] Il faut qu’il y ait la punition mais aussi les soins. Pour cela, le groupe de parole est quelque chose de bien car ces hommes se voient dans les autres et là, il peut se passer quelque chose en eux ».

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La technologie en renfort

Le téléphone grave danger, pour alerter les forces de l’ordre

Déployés en France à partir de 2015, le nombre de téléphones grave danger (TGD) connait actuellement un coup d’accélération dont nos départements bénéficient : ils sont passés de 3 à 5 en Ardèche en 2020, de 3 à 12 en Isère sur la même période, de 3 à 11 depuis fin 2019 en Drôme et sont désormais une dizaine en Haute-Savoie… En France, le nombre d’appareils distribués est passé de 330 en février 2019 à 1 100 en septembre 2020.

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Photo Le DL/ C.A.

Comment fonctionne-t-il ? Semblable à n’importe quel portable, le TGD est remis à une victime de violences conjugales considérée par un procureur comme courant un grave danger du fait du comportement de son compagnon (ou de sa compagne), qui a interdiction d’entrer en contact avec elle. Le téléphone dispose d’une touche pour joindre un service d’aide, fonctionnant en permanence, qui va pouvoir contacter directement gendarmes ou policiers de la zone. La victime est géolocalisée, les uniformes bleus peuvent intervenir. Le TGD repose sur le partenariat d’associations de victimes référentes, des tribunaux, des forces de police, des services sociaux et des collectivités locales, car il implique en parallèle un accompagnement médico-social de la victime.

À lire aussi : Le témoignage de Barbara, qui a bénéficié d’un TGD après la première incarcération de son ancien compagnon

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Le bracelet anti-rapprochement déployé depuis le début de l’année

Lancé en France en septembre 2020, le bracelet anti rapprochement vise à avertir les forces de l’ordre et la victime si le conjoint violent s’approche de cette dernière. Semblable à un bracelet électronique attaché au bras ou à la jambe du conjoint, il géolocalise son porteur et fait bipper un boîtier qui reste en possession de la victime. Celle-ci est prévenue, de même que le conjoint, qui reçoit un avertissement. Les forces de l’ordre peuvent intervenir si l’auteur des violences continue de s’approcher.

À lire aussi : Dans les Hautes-Alpes, le premier bracelet anti-rapprochement distribué

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La mise en place du bracelet anti-rapprochement est décidée par un juge, en matière pénale, avant un jugement ou après, en cas de condamnation. Il peut aussi être proposé, en matière civile, dans le cadre d’une ordonnance de protection. Le conjoint devra alors obligatoirement accepter le bracelet, sans quoi il s’exposerait à une procédure pénale.Mesure récente, le bracelet anti-rapprochement commence à être déployé dans nos départements depuis le début de l’année 2021.

Attraper le téléphone grave danger et passer l’alerte lorsque le conjoint menaçant est tout proche n’est pas toujours évident. Pour éviter ce biais, des associations de victimes, telles l’Avema dans l’Ain et l’Amav dans le Vaucluse, testent une autre solution technologique : le bouton de géolocalisation « MonSherif », développé par la société avignonnaise Domie Digital. Ce petit carré se porte sur soi, de manière invisible. Relié par Bluetooth au téléphone de celle ou celui qui le porte, le bouton envoie, par simple clic, un appel, un SMS et un e-mail à cinq personnes de confiance, avec la géolocalisation de la potentielle victime.Le « Monscheriff » est notamment proposé par les associations aux femmes qui ne peuvent pas encore disposer, pour raisons procédurales, d’autres dispositifs.

Un bouton discret pour alerter l’entourage

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Ces mesures sont-elles efficaces ?

Si les associations ont encore peu de recul sur l’efficacité de ces dispositifs technologiques, elles saluent la multiplication des possibilités et la complémentarité avec les aides traditionnelles, qui permettent de répondre au besoin de chaque situation. Le bracelet anti-rapprochement est notamment bien accueilli, ayant fait ses preuves en Espagne depuis 10 ans, où aucune femme équipée n’a perdu la vie depuis.Le TGD en revanche est sujet à plus d’interrogations. Il n’a pas empêché le meurtre, en 2017 à Mirabel-aux-Baronnies (Drôme), d’Emmanuelle, 42 ans, par son ex-conjoint. Celui-ci, avant de la tuer, avait écarté le sac de la victime dans lequel de téléphone était rangé.Cécile Castelli, la directrice du Service d’insertion et de probation des Hautes-Alpes (Spip 05), que le Dauphiné Libéré interrogeait fin janvier, résumait ainsi les doutes sur le TGD : « Il y a le temps incompressible de l’intervention [des forces de l’ordre]. Et, notamment en milieu rural, pendant ces 15 à 20 minutes, l’auteur a le temps de porter atteinte à la victime. »

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« Ce qui fonctionne, c’est le réseau d’aide aux victimes. Que les femmes sentent qu’il y a un ensemble de partenaires qui fait qu’elles ne perdront pas d’énergie –qu’elles n’ont pas- pour trouver de l’aide », constate Marion, intervenante sociale à l’association SaVoie de Femme à Chambéry. Travailler ensemble pour multiplier les portes d’entrées à l’accompagnement et les types de soutiens, l’idée n’est pas nouvelle mais les initiatives sont nombreuses actuellement entre Alpes et Rhône.

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Quand les acteurs s’associent : l’importance du travail en réseau

Photo Molly Belle via Unsplash

Des policiers et gendarmes pleinement inclus dans le réseau d’aide

La juridiction d’Albertville, en Savoie, est notamment très active sur la question. Depuis début 2020, les femmes peuvent porter plainte pour violences au centre hospitalier Albertville-Moûtiers, suite à une convention liant les services locaux de l’Etat, de la justice et l’établissement de soin. Policiers et gendarmes du secteur sont aussi pleinement inclus dans le réseau d’aide aux victimes : ils ont d’une part un contact direct avec le comité des infirmières du centre hospitalier Albertville-Moûtiers. D’autre part, ils travaillent avec l’association d’Aide aux victimes et interventions judiciaires (AVIJ), après chaque intervention ou plainte, pour que celle-ci assure un suivi psychologique.

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Tribunaux et commissariats ouvrent aussi leurs portes à des associations d’aides aux victimes. C’est le cas par exemple de l’Apress à Vienne, installé au Tribunal de grande instance de la ville et, qui deux fois par mois, tient une permanence dans la gendarmerie de Roussillon (vallée du Rhône iséroise).

À Annecy, police et gendarmerie disposent d’une intervenante sociale, dont le poste est en partie financé par la Ville. Elle apporte un accompagnement psychologique, social et judiciaire aux victimes et permet de garder le lien avec elles, notamment lorsqu’elles ne veulent pas porter plainte mais que les policiers ou gendarmes « sentent qu’il y a quelque chose qui coince », comme nous le relations dans un article en novembre dernier.

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Photo Le DL/ Vincent BOUVET GERBETTAZ

Une assistante sociale est aussi présente au commissariat de Vienne dans le but notamment de diversifier la réponse apportée aux victimes qui viennent signaler des violences. Ce poste est cofinancé par l’agglomération, ses communes et l’Etat. Un projet du même type est en cours dans le Vaucluse, à Apt, où une intervenante sociale va prendre ses quartiers à la gendarmerie, sous l’égide de l’association de victime Amav.

Plus généralement, la Haute-Savoie, accélère sur la question de la prise en compte sociale des victimes par les forces de l’ordre : sur l’année 2020, une centaine de gendarmes du département a reçu une formation auprès de l’association Espace femmes Geneviève D., et la volonté affichée est de travailler en collaboration avec les assistantes sociales, afin que problématiques judiciaires et sociales soient prises en compte avec le même investissement. Dans la même dynamique, la ville d’Annemasse devrait voir en 2021 l’ouverture d’une Maison de confiance et de protection de la famille, où cinq gendarmes spécialement formés auront en charge la prévention, la prise en compte des dossiers et les enquêtes.On assiste aussi à plusieurs créations de brigades spécialisées dans les violences intrafamiliales, comme dans les Alpes-de-Haute-Provence depuis mars 2020.

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Mettre les pharmaciens à contribution

Sollicités par le gouvernement dès le premier confinement pour être des relais aux signalements de violences, des pharmaciens jouent le jeu un peu partout en France. Ainsi, dans la Drôme ou en Savoie, les sachets de course distribués dans les officines comportent des messages d’alerte et des instructions pour signaler des faits de violence. Dans les deux départements, l’action a été financée par des associations de gendarmes. Lors du premier confinement, l’idée d’un mot de passe auprès des pharmaciens, « masque 19 », avait aussi été avancée par Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur. Ce code permettant aux victimes de sonner discrètement l’alerte au comptoir, même en présence du conjoint.

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À lire aussi : Comment la Justice se réorganise dans la Drôme pour mieux lutter contre les violences faites aux femmes

Photo Le DL/ F.G.

Impliquer le monde du travail

À Roussillon, en Isère, l’agence Pôle emploi a décidé de s’adresser au public spécifique des femmes victimes de violences via son dispositif Etape (emploi, trajectoires et accompagnement par Pôle emploi), co-financé par des fonds de l’Union européenne. Son objectif : un accompagnement vers l’emploi en fonction de la situation de la victime et en lien non seulement avec des acteurs médico-sociaux locaux, mais aussi avec des entreprises, via d’autres dispositifs existants (Mode d’emplois, Objectif emploi DrômArdèche…).« Il s’agit de ne pas différer l’accès à l’emploi, si la personne est prête à engager les démarches, car le retour à l’emploi est un élément clé de leur parcours de reconstruction, explique Marie Cutajar, conseillère en charge du dispositif. Certaines femmes auront besoin de temps pour se préparer au retour à l’emploi (travailler sur un projet professionnel, reprendre confiance en elles, résoudre des freins périphériques en parallèle...), d’autres vont être dans une situation d’urgence de retour à l’emploi (obtenir un contrat de travail pour accélérer les procédures d’accès au logement, favoriser les démarches pour obtenir la garde des enfants, permettre l’autonomie financière …). »Le programme concerne des femmes en Isère mais aussi dans les départements limitrophes de la Drôme, de l’Ardèche, du Rhône et de la Loire. Il est développé depuis janvier.

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Diffuser les bons réflexes auprès des acteurs concernés

Les journées internationales de lutte contre les violences faites aux femmes le 25 novembre et des droits des femmes le 8 mars, permettent aussi aux associations de diffuser plus largement leur message auprès d’acteurs potentiellement en première ligne sur la question, mais pas toujours formés. Dans la Drôme par exemple, la campagne de sensibilisation Ruban blanc, qui a lieu en novembre, réuni 163 partenaires, dont 95 communes. Dans ce cadre, l‘association Remaid/France Victimes 26 a pu rencontrer des responsables de structures d’accueil petite enfance de l’agglomération de Valence et Romans-sur-Isère afin de leur donner des pistes sur comment réagir en cas de violences présumées sur une maman.

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La prévention dès le plus jeune âge

« Dans notre société, il y a toujours autant de violences machistes, alors qu’on a désormais un arsenal juridique pour lutter contre. Si on en est là, c’est parce que les mentalités n’ont pas évolué assez vite. Les violences faites aux femmes ne s’arrêteront pas parce qu’on les prend en charge et qu’on punit les auteurs. C’est très bien, mais pas suffisant. Il faut travailler sur le fond. » Ces paroles, prononcées dans les colonnes du Dauphiné Libéré à l’approche de la journée internationale des droits des femmes, sont celles d’Esther Vinas, membre du bureau valentinois de l’association Femmes solidaires. Elles accompagnent une série d’expositions sur l’égalité femme/homme, installées dans l’agglomération à l’occasion du 8-Mars.

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Phto Le DL/ Muriel ROTTIER

Des stages d’autodéfense féministes

Prévenir plutôt que guérir, en enseignant dès le plus jeune âge l’égalité entre les sexes. Dans la capitale drômoise, l’association Titanes s’y prend d’une manière novatrice : par des stages « d’autodéfense physique et verbaux ».

« Ce ne sont pas des cours de krav-maga ou de combat », précise d’emblée Catherine Ferraris, qui a créé l’association en 2015. « On sait que dans les faits, le danger ne vient pas tant de la rue que de l’espace privé. Nous apprenons par exemple comment réagir quand, à 15 ans, votre copain veut vous imposer une relation sexuelle et que vous ne voulez pas. Ces stages sont organisés par et pour des femmes qui savent ce que c’est d’avoir peur, pour éviter que les violences n’arrivent et ne recommencent ».

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Photo Le DL./ Clarisse ABATTU

Comment ? En reprenant confiance en soi. « L’un des objectifs est de se rendre compte que nos ressentis -se dire qu’il y a un malaise, que quelque chose ne va pas- sont justes. Dans les violences conjugales, l’homme essaie de faire porter la responsabilité des violences sur l’autre (“je me suis énervé parce que tu n’as pas fait à manger“, par exemple). Se dire “c’est injuste“, ce ressenti est bon ». S’écouter et reprendre confiance en soi, tout en apprenant aussi, physiquement, à se défendre si la situation devient menaçante, permet ensuite de poser des limites. « Il faut une très grande absence de peur pour dire, dès le début d’une relation : “tu ne me parle pas comme ça, je ne suis pas ta bonne“, signale Catherine Ferraris. « Nous reconstruisons la confiance en soi, détruite par le compagnon violent, en légitimant nos ressentis ».Les stages sont ouverts à toutes, et notamment aux adolescentes, dès 10 ans, souvent inscrites par des parents inquiets. À Grenoble, l’association Ancrage réalise elle-aussi des stages de ce type.

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Apprendre le respect de soi et de l’autre, dès l’enfance

À Carpentras, dans le Vaucluse, l’association Le Point écoute Le Passage procède à des ateliers d’éducation à la vie affective et sexuelle en établissements scolaires. Ils accompagnent des jeunes jusqu’à 25 ans. Leur formule : amener l’équilibre dans sa relation à soi, afin d’apaiser sa relation à l’autre. Du côté de la Haute-Savoie, l’association Espace femmes Geneviève D., anime des ateliers à destination des 5-10 ans pour promouvoir le respect dès l’enfance. Parmi leurs axes de travail : aider les enfants à résoudre des conflits de façon non-violente… et apprendre à s’accepter tel qu’on est, au-delà des stéréotypes de genres.