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Une contre-enquête pendant le coup de Prague

Transcript

Contre - Enquete

sur le suicide de Jan Masaryk

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Introduction

Indices

Personnages

Carte

Dans cette nouvelle mission, vous devrez resoudre un Cold Case de 1948, et ainsi comprendre ce quis'est reellement passe cette annee-la, en Tchecoslovaquie et qu'on a appele le Coup de Prague.Une fois que vous aurez reuni tous les indices, redigez votre rapport en citant vos sources et en vous servant de la liste des personnages.

Chronologie

Contexte

Photos

Intro

Jan Marasyk,une histoire vraie

Jan Masaryk est né en 1886. Pendant la Première Guerre mondiale, il est au front, dans le camp austro-hongrois, tandis que son père, en exil, s’active à l’étranger pour promouvoir l’idée d’un Etat tchécoslovaque indépendant au sortir du conflit. Ce sera le cas et son pere en deviendra la premier President. Jan Masaryk devient diplomate et occupe un poste de chargé d’affaires aux Etats-Unis, (ou il a vecu 9 ans) puis est nommé ambassadeur à Londres en 1925. Jan Masaryk se montre tres habile et tres apprecie dans cette tache. Il est egalement apprécié dans la population pour son charme et son humour. Son caractère peu conventionnel, ses talents de pianiste, d’orateur et de mondain forgent sa réputation . Cette place de choix dans la conscience des Tchèques et des Slovaques sera d’ailleurs renforcée pendant la Seconde Guerre mondiale, grâce à ses discours de soutien et d’espoir prononcés, depuis Londres, vers la Tchécoslovaquie occupée. Nommé en 1940 ministre des Affaires étrangères du gouvernement tchécoslovaque en exil, Jan Masaryk déploie tout son talent au service de la nation. L’impact de ces messages était énorme. Après la guerre, il reste le chef de la diplomatie tchécoslovaque au sein du gouvernement. C’est un contexte tendu qui l’attend en Tchécoslovaquie où, le parti communiste, bénéficiant de l’aura de son rôle dans la résistance, et du rôle de libérateur de l’Union soviétique, monte en puissance. En février 1948, Jan Masaryk, après de douloureuses hésitations, refuse de démissionner avec d’autres ministres démocrates du cabinet du Premier ministre communiste Klement Gottwald qui a pris le pouvoir. Le ministre très populaire contribue ainsi à légitimer l’instauration d’un régime arbitraire et prosoviétique. « Le peuple me considère comme le défenseur de la démocratie et les communistes font tout pour se servir de moi pour réaliser leurs intentions. » C’est ainsi que Jan Masaryk résume sa situation vers la fin de sa vie. Il ne veut pas devenir un instrument malléable d’une politique qu’il juge désastreuse mais il se sent emporté par un courant auquel il n’arrive pas à résister. Trois jours plus tard son corps inanimé est retrouvé sur le sol, sous les fenêtres de son appartement au ministère des Affaires étrangères. Un mystère plane aujourd’hui encore sur cette mort présentée officiellement comme un suicide. Peut-il s'agir d'un accident ? d'un assassinat ? ...

Contexte

UNE limousine noire entourée de motards de la sécurité conduit jusqu'à la tribune le dignitaire qui va proclamer la « victoire du peuple ». L'esprit, l'atmosphère, le parfum des démocraties populaires sont presque tout entiers contenus dans cette scène qui ouvre la phase finale de la prise complète du pouvoir par les communistes tchécoslovaques. Il est à peu près 16 heures, le 27 février 1948, et, dans un vent froid dont tous les témoins ont gardé le souvenir, le premier ministre communiste, Klement Gottwald, vient annoncer la bonne nouvelle à une foule de deux cent mille Pragois rassemblés sur la place Venceslas : le président Edvard Benes a cédé. Plus exactement, il a accepté la démission des ministres non communistes qui, naïvement, avaient cru par leur geste mettre un coup d'arrêt aux manoeuvres du PC. Le résultat est exactement inverse. La Tchécoslovaquie est devenue une dictature et elle le restera pendant quarante et un ans. Le seul pays où la liberté d'action des communistes n'était pas encore totale a rattrapé son retard. Dorénavant, la Tchécoslovaquie sera l'une des démocraties populaires les plus rigides, les plus disciplinées et les plus prosoviétiques.Les circonstances, l'adresse des uns et la maladresse des autres ont pu avoir un effet sur la date et le déroulement des événements. Mais, pour l'essentiel, les jeux avaient été faits cinq mois plus tôt dans la petite ville polonaise de Szklarska Poreba où, sur l'injonction de l'URSS, les représentants des PC de six pays de l'Est, de l'Italie et de la France avaient constitué le Kominform. Et entendu Gueorgui Malenkov, alors vice-président du conseil des ministres soviétique, venu de Moscou, les appeler à « s'unir en un camp puissant, cimenté par des intérêts vitaux communs, contre le camp impérialiste et antidémocratique ». L'heure des accommodements et de la patience était passée. Il s'agissait, sur ordre de Staline, de faire bloc autour d'une URSS engagée dans la guerre froide. Depuis que les Soviétiques avaient libere Prague, la Tchécoslovaquie était tombée dans l'orbite de l'URSS. Et les élections de 1946 avaient fait du Parti communiste la première force politique du pays : 38 % des voix. Le premier ministre, Gottwald, était communiste, et le PC s'était réservé certains secteurs essentiels. A lui la police et la sécurité. A lui encore l'information, en particulier le contrôle de la radio. Et dans une moindre mesure l'armée, confiée à un « compagnon de route », le général Ludwik Svoboda.Mais les ministres communistes etaient encore en minorité au gouvernement, et la présidence de la République leur échappait. Edvard Benes, l'homme qui en 1938, lâché par les Occidentaux, avait cédé à Hitler, n'était certes pas un adversaire très redoutable. Mais tout vieux et malade qu'il fût, il avait encore des velléités de résistance. En ce même mois de septembre 1947, il osait encore convoquer Klement Gottwald pour lui dire qu'il ne permettrait pas aux communistes de « dévorer les partis non communistes les uns après les autres ». Et, deux mois plus tôt, il avait fallu une colère de Staline et une convocation à Moscou pour que le gouvernement tchèque renonce à ce qu'il avait d'abord voulu accepter : le plan Marshall. A partir de l'automne 1947, donc, on passe à des méthodes plus énergiques. Avec d'autant plus de détermination que, dans le pays, la popularité du Parti communiste, usé par l'exercice du pouvoir et une situation économique médiocre, est en baisse sensible. Les élections prévues pour le printemps suivant s'annoncent difficiles. Il sera fait en sorte qu'elles ne le soient pas. L'effort est d'abord concentré sur la Slovaquie où, en novembre, un « coup de Bratislava » est près de réussir. C'est une sorte de répétition générale. Rudolf Slansky, le secrétaire général du parti, qui, devant ses amis du Kominform, avait promis de « frapper très fort la réaction » et de « redoubler la vigilance du parti et de ses masses et de renforcer ses positions dans la police et l'armée », commence à passer à l'acte. La police et la sécurité interrompent de plus en plus souvent les réunions électorales des partis non communistes, en particulier les socialistes nationaux. Les responsables des syndicats font monter la pression, et le parti invente un nouveau slogan : « Faire payer les millionnaires » pour dédommager les paysans victimes de la sécheresse de l'été 1947. Le reste du gouvernement s'y oppose, mais la tension monte, et Gottwald use d'un ton de plus en plus menaçant tandis que les chefs des autres partis, comme privés de volonté, semblent se contenter d'attendre la suite. « S'ils ne veulent pas de la voie lente [vers le socialisme], alors nous pouvons nous engager sur la voie rapide », annonce un dirigeant des syndicats, Jungmann. Début février, les événements s'accélèrent. Le 13 février, pendant un conseil des ministres, un responsable du Parti socialiste national et d'autres ministres lancent ce qui se veut l'ébauche d'une contre-offensive. Ils dénoncent l'introduction dans la police, à l'instigation des communistes, d'éléments « gestapistes, gangstéristes ». Et, à ce moment précis, un ministre socialiste annonce que le noyautage vient de franchir une nouvelle étape : dix nouveaux commandants régionaux de la police ont été révoqués et remplacés par des communistes. Quatre ministres exigent que la mesure soit annulée, qu'une enquête soit ouverte. Gottwald refuse. Une semaine plus tard, douze ministres remettent leur démission, avec l'idée de vider l'abcès, de provoquer des élections anticipées qui révèleraient l'affaiblissement des communistes dans l'électorat. Mais quelques socialistes et indépendants, persuadés de réussir à tirer leur épingle du jeu, refusent de suivre. Les démissionnaires douze sur vingt-six - sont donc minoritaires et, du coup, leur manoeuvre risque de laisser le champ libre aux communistes qui sont passés à l'offensive. Tandis que le PC et les syndicats qu'il contrôle organisent des manifestations de rue, Gottwald, en contact constant avec l'ambassadeur russe Zorine, dénonce « un complot contre la République organisé en conjonction avec les milieux impérialistes de l'étranger » et en appelle « aux bons Tchèques et aux bons Slovaques ». Des forces de police considérables, renforcées par des garde-frontières, sont acheminées vers Prague où s'est réuni le congrès des conseils d'entreprise qui, houspillé par les communistes, approuve un programme de marche accélérée vers le socialisme. LE 23 février, sous prétexte que certains dirigeants socialistes « nationaux » ont prévu de s'opposer à l'occupation par les communistes des bâtiments publics, Gottwald fait distribuer des armes aux milices ouvrières. Les ministres démissionnaires sont sommés de ne plus venir à leur ministère, faute de quoi seraient mis en oeuvre contre eux « les moyens dont dispose la classe ouvrière ». Reste cependant un obstacle, certes ténu : Edvard Benes, qui a des velléités de résistance. « Vous êtes en train de faire un coup d'Etat, un putsch. Mais je ne me laisserai pas impressionner. Ce que vous préparez, c'est un second Munich. » Deux jours plus tard, pourtant, après avoir tenté de louvoyer, il cède. Il accepte la démission des ministres, entérine la liste du nouveau gouvernement que lui présente Klement Gottwald et où les communistes ont la majorité. Ils ont laissé quelques places à des sociaux-démocrates et à des socialistes-nationaux transfuges ainsi qu'à l'inévitable Ludwik Svoboda qui a déjà promis « le soutien de l'armée au peuple », et au ministre des affaires étrangères, Jan Masaryk, qui se suicidera quelques semaines plus tard (à moins qu'il n'ait été défenestré). Benes, résigné, « adresse ses voeux » à ceux qui « veulent emprunter des voies nouvelles et établir une nouvelle forme de démocratie », formulant seulement l'espoir « que cette voie soit heureuse pour tous » et Gottwald va célébrer la victoire sur la place Venceslas. Formellement, la légalité est préservée puisqu'une majorité de députés a approuvé le coup de force. Les arrestations ont déjà commencé, les purges s'organisent, et les communistes ont pris le contrôle de tous les journaux. On est le 26 février, le coup a réussi à la perfection. Il est temps pour les Occidentaux de protester. Trois jours plus tard, dans Le Populaire, Léon Blum se demande comment à Prague les partis sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens ont pu se « volatiliser » de cette manière. « On ne parvient pas à comprendre. » Il pose, il se pose de nombreuses questions : « Avons nous fait pour nos camarades tchèques tout ce que nous pouvions, tout ce que nous devions ? L'avions-nous fait pour nos camarades bulgares, roumains, hongrois, polonais ? » Et il répond lui-même : « Peut-être notre complaisance fut-elle notre faute. Peut-être notre véritable devoir envers eux était-il de nous montrer plus clairvoyants et plus prévoyants qu'eux-mêmes. »

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Contexte (2)

Mais les ministres communistes etaient encore en minorité au gouvernement, et la présidence de la République leur échappait. Edvard Benes, l'homme qui en 1938, lâché par les Occidentaux, avait cédé à Hitler, n'était certes pas un adversaire très redoutable. Mais tout vieux et malade qu'il fût, il avait encore des velléités de résistance. En ce même mois de septembre 1947, il osait encore convoquer Klement Gottwald pour lui dire qu'il ne permettrait pas aux communistes de « dévorer les partis non communistes les uns après les autres ». Et, deux mois plus tôt, il avait fallu une colère de Staline et une convocation à Moscou pour que le gouvernement tchèque renonce à ce qu'il avait d'abord voulu accepter : le plan Marshall. A partir de l'automne 1947, donc, on passe à des méthodes plus énergiques. Avec d'autant plus de détermination que, dans le pays, la popularité du Parti communiste, usé par l'exercice du pouvoir et une situation économique médiocre, est en baisse sensible. Les élections prévues pour le printemps suivant s'annoncent difficiles. Il sera fait en sorte qu'elles ne le soient pas. L'effort est d'abord concentré sur la Slovaquie où, en novembre, un « coup de Bratislava » est près de réussir. C'est une sorte de répétition générale. Rudolf Slansky, le secrétaire général du parti, qui, devant ses amis du Kominform, avait promis de « frapper très fort la réaction » et de « redoubler la vigilance du parti et de ses masses et de renforcer ses positions dans la police et l'armée », commence à passer à l'acte. La police et la sécurité interrompent de plus en plus souvent les réunions électorales des partis non communistes, en particulier les socialistes nationaux. Début février, les événements s'accélèrent. Le 13 février, pendant un conseil des ministres, un responsable du Parti socialiste national et d'autres ministres lancent ce qui se veut l'ébauche d'une contre-offensive. Ils dénoncent l'introduction dans la police, à l'instigation des communistes, d'éléments « gestapistes, gangstéristes ». Et, à ce moment précis, un ministre socialiste annonce que le noyautage vient de franchir une nouvelle étape : dix nouveaux commandants régionaux de la police ont été révoqués et remplacés par des communistes. Quatre ministres exigent que la mesure soit annulée, qu'une enquête soit ouverte. Gottwald refuse. Une semaine plus tard, douze ministres remettent leur démission, avec l'idée de vider l'abcès, de provoquer des élections anticipées qui révèleraient l'affaiblissement des communistes dans l'électorat. Mais quelques socialistes et indépendants, persuadés de réussir à tirer leur épingle du jeu, refusent de suivre ...

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Contexte (3)

Les démissionnaires, douze sur vingt-six - sont donc minoritaires et, du coup, leur manoeuvre risque de laisser le champ libre aux communistes qui sont passés à l'offensive. Tandis que le PC et les syndicats qu'il contrôle organisent des manifestations de rue, Gottwald, en contact constant avec l'ambassadeur russe Zorine, dénonce « un complot contre la République organisé en conjonction avec les milieux impérialistes de l'étranger » et en appelle « aux bons Tchèques et aux bons Slovaques ». Des forces de police considérables, renforcées par des garde-frontières, sont acheminées vers Prague où s'est réuni le congrès des conseils d'entreprise qui, houspillé par les communistes, approuve un programme de marche accélérée vers le socialisme. LE 23 février, Gottwald fait distribuer des armes aux milices ouvrières et les ministres démissionnaires sont sommés de ne plus venir à leur ministère, faute de quoi seraient mis en oeuvre contre eux « les moyens dont dispose la classe ouvrière ». Reste cependant un obstacle, certes ténu : Edvard Benes, qui a des velléités de résistance. « Vous êtes en train de faire un coup d'Etat, un putsch. Mais je ne me laisserai pas impressionner. Ce que vous préparez, c'est un second Munich. » Deux jours plus tard, pourtant, après avoir tenté de louvoyer, il cède. Il accepte la démission des ministres, entérine la liste du nouveau gouvernement que lui présente Klement Gottwald et où les communistes ont la majorité. Ils ont laissé quelques places à des sociaux-démocrates et à des socialistes-nationaux transfuges ainsi qu'à l'inévitable Ludwik Svoboda qui a déjà promis « le soutien de l'armée au peuple », et au ministre des affaires étrangères, Jan Masaryk.Benes, résigné, « adresse ses voeux » à ceux qui « veulent emprunter des voies nouvelles et établir une nouvelle forme de démocratie », formulant seulement l'espoir « que cette voie soit heureuse pour tous » et Gottwald va célébrer la victoire sur la place Venceslas. Formellement, la légalité est préservée puisqu'une majorité de députés a approuvé le coup de force. Les arrestations ont déjà commencé, les purges s'organisent, et les communistes ont pris le contrôle de tous les journaux. On est le 26 février, le coup a réussi à la perfection. Jan Krauze, Le Monde,22 fevrier 1998.

Chronologie de l'Affaire Marasyk

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17 fevrier 1948 : nomination de huit nouveaux commissaires de police a Prague, tous communistes.

Gottwald appelle les milices pragoise (communistes) a se tenir pretes

6 mars 1948 : Le ministre de la Defense nationale declare que l'ancien President Masaryk (pere) aurait approuve la prise du pouvoir du 25 fevrier

7 mars 1948 : Jan Masaryk se recueille sur la tombe de ses parents au cimetiere de Lany. Il semble deprime selon les temoins.

9 mars 1948 : Jan Masaryk visite en compagnie de l'ambassadeur polonais, le President Benes. Il s'entretient ensuite avec lui de leur impuissance face aux communistes.

10 mars 1948 : le policier du palais, Filipovski, qui commence sa ronde, aperçoit de la lumière à la fenêtre de la chambre du mi-nistre ; à 1 h 30, fin de la ronde, la fenêtre est sombre.

1er mars 1948 : Arrivé dix jours plus tot, le vice ministre des Affaires etrangeres sovietique, Valerian Zorine quitte Prague

10 mars 1948 : à 5 heures du matin, le concierge fait sa tournée et aperçoit dans la cour intérieure le corps gisant à terre,sur le dos, vêtu d'un pyjama, pieds nus de Jan Masaryk. Le médecin du ministère de l'In-térieur, le Dr Teply, ne remarque aucune trace de violence : « Le ministre est mort quel-ques instants après sa chute. » Il estime que le décès remonte à 5 h 30

Chronologie de l'Affaire Masaryk

Personnages

Ceux qui ont vecu le Coup de Prague

Klement Gottwald, secretaire general du PCT avant la guerre, il prend la tete de la resistance communiste a partir de 1941. Il devient chef du gouvernement de la IIIe Republique en 1946, puis president de la Republique populaire en 1948

Laurence Steinhardtambassadeur des Etats-Unis a Prague, entre juillet 1945 et septembre 1948.

Edouard Benesco-fondateur avec Tomas Marasyk de la republique de Tchecoslovaquie, il lui succede a la presidence de 1935 a 1938. Exile jusqu'en 1939, date a laquelle il redevient President du Gouvernement Provisoire tchecoslovaque.

Valerian Zorine est ambassadeur sovietique en Tchecoslovaquie de 1945 a 1947. Il devient alors vice-ministre des Affaires etrangeres et se rend a Prague, le 19 fevrier 1948.

Rudolf Slanskycommuniste et juif, il se refugie a Moscou durant la guerre et anime les emissions radio destine aux tchecoslovaques. A la Liberation, il devient vice-premier ministre mais est arrete en 1951, lors des Proces de Prague et execute.

Cartes

Palais Cernin

Place de la Vieille-Ville

Le matin du 10 mars 1948, le corps sans vie de Jan Masaryk est retrouvé au pied de la salle de bain de son appartement de fonction, au ministère des Affaires étrangères, photo: Centrum pro dokumentaci totalitních režimů

Facade du Palais Czernin et fenetre de de la salle de bain. (Photo by Harry Redl/The LIFE Picture Collection via Getty Images)

La salle de bain des appartements de Jan Masaryk, au Palais Czernin, photo: Ondřej Tomšů

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Fermé

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Debut 1948, qui dirige la Tchecoslovaquie ?

Un gouvernement d'Union nationale

Les Communistes

Les sociaux-democrates

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La Tchecoslovaquie a-t-elle participee au Plan Marshall ?

Non, car Staline dont l'armee occupe toujours le pays, fait pression

Oui, ccar le pays est profondement liberal et pro-americain

Non, car le pays est profondement communiste et pro-sovietique

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Les Communistes s'emparent du pouvoir en fevrier 48...

suite a des manoeuvres politiciennes et a la menace sovietique

suite a des elections legislatives qu'ils remportent avec plus de 38% des suffrages

suite a un coup d'etat militaire

Face a la prise du pouvoir, la reaction des democraties occidentales est :

moderee : Elles emmetent des protestations mais sans plus.

violente. : Elles menacent d'une intervention militaire

positive : La Tchecoslovaquie etait de toutes facons un pays deja communiste

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En 1948, les communistes en Tchecoslovaquie sont :

nombreux, bien structures et fideles a Moscou

quasiment la totalitede la population

peu nombreux et mefiants a l'egard des sovietiques

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Pourquoi le President Benes a-t-il cede aux communistes ?

Parce qu'il craint une guerre civile et qu'il n'a pas confiance en l'aide occidentale

Parce qu'il est lui-meme communiste et pro-sovietique

Parce qu'il ne s'est doute de rien jusqu'au dernier moment

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Prague (A.F.P.). 13 decembre 1969 -" L'enquête sur la mort de Jan Masaryk, ancien ministre des affaires étrangères tchécoslovaque, rouverte au printemps 1968, a été close et un communiqué officiel sera publié dans les prochains jours ", a déclaré jeudi soir à Radio - Prague M. Karel Pesta, membre du parquet tchécoslovaque. La commission d'enquête a rejeté la possibilité de meurtre et retenu, outre la thèse du suicide avancée à l'issue de l'enquête originale entreprise il y a vingt ans, celle d'un " accident malheureux ". Cette dernière théorie, a précisé M. Pesta, tient compte de tous les éléments qui seraient en contradiction avec un suicide : l'absence de lettre d'adieu ; la direction de la chute ;le brouillon du discours que le ministre préparait pour le lendemain à l'occasion de la visite d'une délégation polonaise ;les coussins trouvés sous la fenêtre et les pilules somnifères dispersées sur la fenêtre.

Selon des témoins dignes de foi, a affirmé M. Pesta, Jan Masaryk luttait souvent contre ses insomnies en prenant des pilules et en essayant de se rafraîchir assis sur une fenêtre ouverte, pour mieux s'endormir. Dans ces conditions, une chute accidentelle serait explicable, a dit M. Pesta.Selon des témoins dignes de foi, a affirmé M. Pesta, Jan Masaryk luttait souvent contre ses insomnies en prenant des pilules et en essayant de se rafraîchir assis sur une fenêtre ouverte, pour mieux s'endormir. Dans ces conditions, une chute accidentelle serait explicable, a dit M. Pesta.

« J’ai décidé de vous écrire cette lettre dans les dernières heures de ma vie,. Ma décision est irrévocable. Il est déjà impossible de parler librement en Tchécoslovaquie. (...) Je ne peux pas vivre sans liberté. Il ne me reste plus qu’à mourir, et dans un silence total, ainsi mon action ne pourra pas servir de prétexte à ceux qui voudraient provoquer une guerre civile en Tchécoslovaquie. Vous avez rompu vos promesses en faisant du PCT un instrument d'oppression mettant en place un Etat policier et autoritaire en Tchécoslovaquie "

Extrait de la lettre ecrite par Jan Masaryk, le 9 mars 1948, adresse a Joseph Staline. Cette lettre est restee secrete jusqu'en 1991.

" Je puis affirmer que dès les premiers jours de la crise gouvernementale, Jan Masaryk s'est tenu à l'écart de ceux qui, par leurs agissements, l'avaient provoquée. [...]La presse occidentale a déclenché contre Jan Masaryk une campagne concertée [...]Ceux qui ont connu Masaryk savent combien il était sensible aux" attaques personnelles, et comprennent combien les attaques orchestrées dont il était l'objet devaient l'atteindre péniblement, non seulement dans ses sentiments profonds mais encore dans ses nerfs. Là, est l'origine de sa maladie, et des circonstances qui l'ont amené à sa fin tragique. [...]" Jan, cher Jan, accepte notre dernier salut, notre dernier adieu. A nous, restés ici bas, tu nous as légué la mission de marcher avec le peuple. Et nous, Jan, nous resterons fidèles au peuple et nous marcherons avec lui. C'est ce que nous te promettons. ".

Extrait du discours prononce par Monsieur le President du Conseil, Klement Goltwald, a l'occasion des obseques de M. Jan Masryk, ministre des affaires etangeres, le 13 mars 1948

Temoignage de M. Brandon, dans le Saturday Evening Post. Il affirme que Jan Masaryk, le jour de sa mort, devait gagner l’Angleterre, escorté de son médecin personnel. "La police secrète, écrit M. Brandon, apprit l'intention qu'avait Masaryk de s'enfuir et vint ce soir-là l'arrêter ou le tuer. Masaryk en se défendant fit usage de son revolver, tuant peut-être quatre personnes. N'ayant plus de balles pour lui-même et se trouva, pressé par les policiers, contre la fenêtre. Ou bien il continua à résister et les hommes le Jetèrent dans la rue, ou bien, refusant de se laisser emmener. Il fit lui-même le plongeon fatal beaucoup plus sous l’effet d'une angoisse Irrésistible, que pour réaliser une décision rationnelle.

Il est impossible de savoir pour l'instant ce qu'il y a de vrai dans cette version du " suicide ". Les seules révélations intéressantes pourraient être faites par quatre personnes : le valet de chambre de Jan Masaryk, sa femme de ménage et les deux policiers de garde dans le corridor. Le Monde, 19 aout 1948

Témoignage de Miss Marcia Davenport, romanciere americaine qui affirme que Jan Masaryk lui aurait confie : « Un jour ou l'autre, ils me tueront moi aussi ! » Marcia Davenport, jolie, fortunée, divorcée, venait de dépasser la quarantaine ; Jan Masaryk, également divorcé, avait 62 ans. Ils s'étaient rencontrés à New York. Elle avait loué un appartement à Prague et s'apprêtait à convoler en justes noces avec Jan Masaryk. Celui-ci envisageait, dès le début de mars, de gagner l'Occident sans toutefois oser parler ouvertement de son projet. Il avait prié sa fiancée de partir pour Londres et de l'y attendre. Il lui avait remis une lettre que les policiers de Nosek — sans doute informés — saisirent sur la romancière à son passage à la frontière. Jan Masa-ryk qui l'apprit aussitôt, en fut très affecté.

Suite...

Lorsque Prihoda ouvre la porte de la chambre, tous remarquent un grand désordre. Dans la salle de bains : des oreillers sur le sol, partout du verre cassé ; la fenêtre est ouverte. « C'est de là que le ministre est tombé, faisant une chute de quinze mètres » disent les policiers.Communiqué officiel : « Jan Masaryk s'est suicidé. » Diverses sommités médicales qui ont examiné le corps de Jan Masaryk sont d'accord : celui-ci n'a pu se suicider. Les blessures sur son corps montraient qu'il était tombé sur le dos, alors qu'un homme qui se jette dans le vide tombe sur la face. D'autre part, une personne qui se suicide le fait sans crainte, or le cadavre montrait des symptômes physiologiques de terreur, notamment la crispation de la partie inférieure du corps. Mais à tous ceux qui à l'époque émettaient ces jugements ou attiraient l'attention sur le fait que pour cacher le coup qui aurait été porté derrière l'oreille droite de Jan Masaryk, les autorités avaient fait placer là un bouquet de perce-neige, à tous il était arrivé quelque malheur.

Ainsi, les plus grands amis de Jan Masaryk, les Jelinok ont mystérieusement péri dans l'incendie de leur maison, la femme carbonisée dans son lit, le mari retrouvé mort au fond du puits dans la propriété, et le fils gravement blessé fut aussitôt transporté dans un hôpital psychiatrique.Dans l'armée aussi, beaucoup de drames, tel celui du général Janco qui, plus tard, découvrant peu à peu les « dessous de l'affaire » s'est suicidé... Un officier de la garde au palais Czernin, qui rapporte que cinq hommes s'étaient introduits ce soir-là dans le bâtiment, trouve la mort peu après dans un accident d'automobile. ... Un ancien garde du père de Jan Masaryk, qui demandait que le corps de Jan Masaryk fut exhumé afin de pouvoir en examiner le côté droit, les photographies officielles ne présentant toujours et très habilement que le côté gauche, est arrêté. Il mourut durant son interrogatoire. Pour le chef des renseignements occidentaux, Michael Rand : « l'assassinat aurait été organisé par la police secrète soviétique N.K.V.D. » Les circonstances de l'assassinat auraient été les suivantes. Sous l'effet d'un somnifère versé dans la bouteille de bière, Jan Masaryk ne put résister à une attaque : un coup de crosse ou une piqûre pour l'étourdir avant de le jeter par la fenêtre...Genevieve Tabouis, Revue des deux mondes, Paris, avril 1973.

La lettre publiée, mercredi 20 février, par Rude Pravo (le Monde du 23 février) que Jan Masaryk, l'ancien ministre tchécoslovaque des affaires étrangères, aurait écrite à Staline pour justifier son suicide, au lendemain du " Coup de Prague " en 1948, est un faux, a affirmé vendredi l'un des secrétaires personnels du ministre. " Son emploi du temps du 9 mars 1948 (date de la lettre et veille de sa mort), matériellement, ne pouvait lui donner le temps d'écrire une lettre de près de six pages en français ", a déclaré M. Antonin Sum à Rude Pravo, ancien organe du Parti communiste tchécoslovaque. L'existence de cette lettre était inconnue jusqu'à mercredi ; une version dactylographiée en tchèque aurait été découverte dans les archives de l'ancien dirigeant Antonin Novotny, tandis que l'original se trouverait à Moscou.Le Monde, 24 fevrier 1991.

Londres, 28 mai (A.F.P.). - Jan Masaryk, l'ancien ministre tchécoslovaque des affaires étrangères, s'est bien suicidé, a déclaré le docteur Lumir Soukup, professeur à l'université de Glasgow au cours d'une interview qu'il vient d'accorder au docteur Giri Kotlar, homme de loi chargé par le gouvernement tchécoslovaque d'enquêter sur les circonstances dans lesquelles M. Masaryk a trouvé, la mort en 1948. Les témoignages des personnes qui ont connu l'ancien ministre seront publiés à la fin de l'année. Le docteur Soukup était un ami intime de l'ancien ministre et fut un de ses secrétaires particuliers Il s'enfuit de Tchécoslovaquie en 1948 emportant avec lui divers documents, dont le certificat d'autopsie de l'homme d'État. Le docteur Soukup a précisé : " Il y a eu toutes sortes de tentatives pour discréditer le dernier geste de Masaryk parce qu'il s agissait d'un coup énorme porté au prestige du gouvernement à cette époque. Masaryk a sacrifié sa vie pour mettre en garde le pays contre la domination soviétique, tout comme il l'avait averti du péril nazi. " Le seul moyen pour lui de le faire était de se donner la mort Il avait fait part de ses intentions non seulement à moi mais aussi à d'autres personnes. "Le Monde, 29 mai 1968.

Compte-rendu de l'enregistrement audio inédit de Vilibald Hofmann, un des premiers agents de police à avoir examiné le corps de Jan Masaryk. En 1968, en plein Printemps de Prague, l'agent Hofmann est appelé à témoigner par le procureur général qui souhaite rouvrir l’enquête. Il a prefere ne pas changer sa version originale mais a ensuite decide d'enregistrer un nouveau temoignage, jusqu'ici reste secret.Ils (au bureau du procureur, ndlr) lui ont demandé s’il avait vu Masaryk au sol. Ils ont dit : ‘Est-ce que vous avez remarqué que la scène était photographiée ?’ Vilibald Hofmann a alors pensé que s’il répondait non, ils ne lui montreraient rien, donc il a dit qu’il le supposait. Quand ils lui ont montré une photo, il a immédiatement pensé : ‘Ce n’est pas la photo originale. Elle a été trafiquée’. Il a tout de suite été convaincu que ça avait été fait plus tard. Dans ce témoignage oral enregistré vingt ans après les faits, qui diffère du rapport qu’il a rédigé le jour même et des rapports officiels de l’époque, Vilibald Hofmann estime qu’il existe des disparités entre la disposition du corps lors de son arrivée sur place, et les photos officielles. Au cours des vingt minutes d’enregistrement, il se souvient également du premier médecin appelé pour examiner le corps de Jan Masaryk, et qui avait estimé l’heure du décès à quatre, voire six heures plus tôt. Une conclusion qui était en contradiction avec les résultats de l’autopsie qui avait suivi et avec la version délivrée plus tard par les autorités communistes. Ce docteur Teplý sera d’ailleurs retrouvé mort quelques temps après, dans des circonstances tout aussi opaques.Dans lenregistrement, Vilibald Hofmann y décrit tous les événements de ce matin du 10 mars. Il attire l’attention sur des détails qui devraient nous faire réfléchir sur la réalité de ce qui s’est passé ou non.

Il décrit également la manière dont a été examiné le corps. Il dit également avoir dû signer des papiers affirmant qu’aucun document n’avait été retrouvé sur place, ce qui n’était pas vrai… » En 2004, la police tchèque a clos le dossier, proposant une nouvelle conclusion : au moins une personne aurait été présente et aurait contribué à la chute du député démocrate de la fenêtre de sa salle de bain. Mais sans l’ouverture des anciennes archives soviétiques sur le sujet, difficile de rendre un verdict incontestable.Radio Prague International, Anna Kubista, 4 octobre 2019

Prague, 20 avril (Reuter). - Le commandant Bedrich Pokorny, ancien officier des services de renseignements tchécoslovaques, qui avait participé à l'enquête sur la mort de M. Jan Masaryk en 1948, a été trouvé pendu dans un bois, près de Brno, il y a trois semaines, annonce l'agence Ceteka. Le commandant Pokorny travaillait au bureau politique du ministère de l'intérieur, en 1948, lorsqu'il participa à l'enquête sur la mort de Masaryk et sur celui du commandant Augustin Schramm, agent du NKVD. Celui-ci était souvent soupçonné d'avoir joué le rôle clé dans l'assassinat de Jan Masaryk. Cependant, sans preuves suffisantes pour étayer cette affirmation, il ne fut pas inquiete. En revanche, il a été abattu dans son propre appartement deux mois et demi plus tard. La police politique et la justice communistes ont poursuivi, condamné et exécuté Miloslav Choc, un jeune anticommuniste. Cependant, Schramm était peut-etre un homme qui en savait trop, et son assassinat pourrait etre une dissimulation ordonnée par le NKVD et les autorités des partis communistes.Le Monde, 22 avril 1968.

Lorsque j'ai appris à 7 heures du matin, le 11 mars 1948, le suicide de Jan Masaryk, j'ai rassemblé immédiatement les dirigeants du groupe de résistants " Prijdeme " (" Nous arrivons "), que j'animais depuis le coup de Prague du 25 février. D'accord avec ces derniers, j'ai pris sur moi de faire prévaloir la thèse si vraisemblable selon laquelle Masaryk aurait été liquidé physiquement par les agents du N.K.V.D. J'ai, en conséquence, adressé au correspondant de l'Associated Press à Prague un communiqué l'informant que Jan Masaryk venait d'être assassiné et défenestré. Cette information fit le tour du monde et permit au délégué tchécoslovaque auprès des Nations unies à New-York d'élever une protestation qui fut inscrite à l'ordre du jour au Conseil de sécurité. Jan Masaryk, fils du fondateur de la République tchécoslovaque, considéré en Occident comme un champion de la liberté, " assassiné " par les sbires du Kremlin, l'événement prenait une valeur immense pour notre lutte contre le communisme qui venait de s'emparer du pouvoir dans notre pays. La vérité est néanmoins différente. Le secrétaire privé de Jan Masaryk, le docteur Lumir Soukup a vu Jan Masaryk quelques heures avant sa mort. M. Soukup confirma dès 1949 à M. J. Josten, directeur de l'agence F.C.I. de Londres, qu'il s'agissait bien d'un suicide et en expliqua les motifs, qui ne laissent place à aucun doute. Le mardi 10 mars 1948, dans la matinée, Jan Masaryk accompagnait l'ambassadeur polonais, M. Olszewski, à Sezimovo-Usti, où résidait, depuis le putsch communiste, le président de la République, le Dr Benès. Masaryk n'était pas de bonne humeur, comme c'était pourtant généralement le cas lorsqu'il rendait visite à son ami Benès.

M. Olszewski étant reparti pour Prague. Masaryk passa plusieurs heures en tête à tête avec le chef de l'État et ne regagna Prague que tard dans l'après-midi. Masaryk était très déprimé, car au cours de son entretien animé avec Benès il s'avéra que les mesures qu'ils étaient tous deux en train de prendre pour soustraire à la police communiste un certain nombre de leurs fidèles amis étaient vaines. M. Lev Sychrava, ami personnel du président Masaryk, de son fils, du Dr Benès, m'a confirmé plus tard que ce dernier lui avait dit lui-même, quelques semaines après la tragédie du palais Czernin, que Jan Masaryk montrait des signes d'une infinie lassitude tout au long de l'entretien qu'il avait eu avec lui après le départ de l'ambassadeur polonais. De retour au ministère, Masaryk reçut son secrétaire ainsi que l'attaché de presse de l'ambassade de Tchécoslovaquie à Londres, M. Kavan. Immédiatement après il congédia le Dr Soukup pour la nuit. Celui-ci raconte : " Les gens qui prétendent que Jan Masaryk fut assassiné physiquement, n'ayant aucune preuve de cet assassinat, puisqu'il n'y en a pas, prouvent par là qu'ils ne connaissaient pas du tout Jan Masaryk. " La vérité est que Masaryk préparait son évasion ; il avait même conçu deux plans. Puis, soudainement, il changea d'idée, estimant sans doute que sa mort aurait une plus grande signification pour son peuple et démontrerait que vivre pour soi-même ne vaut rien lorsque ont disparu les raisons de vivre. Mais si l'on sacrifie sa vie pour démontrer qu'elle se trouve exposée à de mortels dangers, ces dangers, ainsi dénoncés, peuvent être combattus. En optant pour le suicide, Masaryk se sacrifiait pour l'humanité, parce que celle-ci réagit plus vivement aux actes qu'aux paroles. Cela, Masaryk le répétait souvent au Dr Soukup et à ses autres amis.

Témoignage du Docteur Hanak, 1968, Le Monde

Suite....

Il reste à préciser le moment où Jan Masaryk prit la résolution de se supprimer ", poursuit le secrétaire du ministre. Il m'apparaît vraisemblable que ce moment survint le samedi 6 mars 1948, lorsque l'actuel président de la République tchécoslovaque, le général Ludvik Svoboda, ancien ministre de la défense nationale dans le gouvernement Gottwald, déclara dans les salons de l'hôtel de ville de Prague, à l'occasion de la remise d'une décoration au président Masaryk, que celui-ci aurait pleinement approuvé les " événements " de février 1948 s'il avait été vivant. C'en était trop pour son fils. Durant tout le trajet de l'hôtel de ville au palais Czernin, il resta silencieux. Retrouvant sa chambre en compagnie du Dr Soukup, il s'approcha de la table sur laquelle reposait un moulage de la main du président libérateur. Il dit, en contemplant ce moule : " Svejkovina je u tonce " (" La comédie est finie ").Le lendemain, le 7 mars, jour anniversaire de la naissance de son père, Jan Masaryk se rendit au cimetière de Lany, où il demeura plus longtemps que d'habitude sur la tombe de ses parents, noyé dans ses souvenirs. Le lundi 8, il expliqua à son secrétaire qu'il venait d'avoir une conversation téléphonique avec le premier ministre Gottwald, qui l'avait prié de venir une demi-heure plus tôt le mercredi suivant au Parlement, devant lequel le nouveau gouvernement du Front national rénové devait être présenté et filmé par les actualités. " Je n'irai plus ", dit Masaryk... et, comme toujours, il tint parole.

A quiconque demande aujourd'hui si Jan Masaryk fut victime d'un assassinat, il faut répondre sans hésitation aucune : NON, du point de vue physique ; OUI, sur le plan spirituel. Sa fin fut un acte pleinement pensé, délibéré et prémédité. La vie, que Masaryk aimait tant, était TOUT ce qu'il possédait. Il l'offrait pour ouvrir les yeux du monde sur le danger communiste et pour l'en avertir. Le gouvernement " stalinien " de l'époque a tenté d'expliquer le geste de Masaryk comme un acte de réprobation à l'égard des télégrammes et des lettres de l'étranger qui lui étaient parvenus. Cette théorie s'appuyait sur la présomption que Masaryk approuvait le gouvernement communiste, ce qui n'était pas le cas. Après la crise de février, Masaryk écrivit deux lettres à son ami Sir Robert Bruce Lockhart où il expliquait la raison pour laquelle il avait accepté d'en faire partie : il s'agissait d'aider au maximum ses amis, directement menacés par le nouveau régime : mais il se rendit vite compte que ses efforts étaient voués à l'échec. Dans sa chambre, où les lumières restèrent allumées toute la nuit, pendant que son cadavre gisait sur le pavé de la cour, on trouva la Bible ouverte sur une page de la lettre de saint Paul aux Galates, dont les versets suivants avaient été soulignés : " Mais le huit de l'esprit c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la tempérance ; la loi n'est pas contre ces choses. " Avant d'ouvrir la fenêtre de sa salle de bains, pour se jeter dans le vide, Jan Masaryk pensa certainement à son père, auteur d'un livre sur le suicide. " Avec ce livre, avait-il écrit, j'ai exprimé qu'une vie dénuée de foi perd en assurance et en force - avec cela j'ai tout dit.

Le Dr Hanak est fils de diplomate, né en 1920, a été livré en 1940 par la police hongroise à la Gestapo, et qu'il est passé pendant la guerre par divers camps de concentration ; anticommuniste de toujours, il a refusé après sa libération par les Américains de rentrer en Tchécoslovaquie, mais a été forcé de le faire par les alliés. Arrêté dès son arrivée à Prague et libéré en 1947 seulement, il a fondé un groupe de résistance anticommuniste au lendemain du coup de Prague ; arrêté à nouveau en 1949 et condamné à cinq ans de travaux forcés, il réussit à s'évader et à gagner l'Occident.

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