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AUTOFOrMATION À DISTANCE

Uranie et Melpomène
© Château de Versailles, Dist. RMN / © Jean-Marc Manaï

L'ASTRONOMIE à VErSAILLES

bienvenue dans le module N°4

La découverte du
système solaire

Dans ce module nous aborderons :

BONNE FOrMATION !

  • Les planètes au début du XVIIe siècle
  • Les grandes découvertes sous Louis XIV
  • Les Princes et l'astronomie
  • La planétologie à l'Observatoire depuis le XVIIIe siècle

À l'issue, un quiz vous permettra d'évaluer vos connaissances

Le mot planète est un adjectif, πλανήτης, planếtês, de l'expression planếtês astêr, qui désigne en grec ancien un « astre en mouvement » par rapport aux étoiles fixes constituant la sphère céleste.
Étymologiquement, le terme s'applique donc à la fois au Soleil, à la Lune, ainsi qu'aux cinq "planètes" facilement visibles à l'œil nu, Mercure et Vénus, dans le crépuscule du soir ou du matin, et Mars, Jupiter et Saturne, visibles jusqu'à 180° de la direction du soleil.

Pour en savoir plus cliquez sur le mot en gras

MODULE 4

RESSOURCES
Pour aller plus loin

SÉQUENCE 2
Les grandes découvertes
sous Louis XIV

La découverte du système solaire

Début

SÉQUENCE 3
Les Princes et l'astronomie

QUIZ TEST
Module 4

REssources

FOCUS
Louis XIV et
la figure d'Apollon

SÉQUENCE 1
Les planètes au début
du XVIIe siècle

SÉQUENCE 4
La planétologie à
l'Observatoire depuis
le XVIIIe siècle

SÉQUENCE 1
Les planètes au début du
XVIIe siècle

la découverte du système solaire

Au début du XVIIe siècle, les planètes sont toujours associées au Soleil et à la Lune, et ce en dépit de l’hypothèse de Copernic qui place le Soleil au centre du mouvement - un grand débat règne alors de savoir si la Terre elle-même est en mouvement autour du Soleil.

Un grand astronome du Danemark, Tycho Brahe, multiplie alors les observations précises des mouvements planétaires, et le mathématicien allemand Kepler les utilisera pour établir la forme elliptique des mouvements autour du Soleil.

De nouvelles tables et calendriers voient alors le jour et leur succès affirme la supériorité du modèle de Kepler : l’astronomie moderne est née.

C’est avec la lunette de Galilée que vont se multiplier les observations de la Lune et des planètes, ouvrant la voie à la succession de découvertes par Cassini, Huygens et les astronomes de l’Académie royale.

Depuis l'Antiquité, le mouvement des cinq planètes - Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne - suscite une grande curiosité.

Au contraire de la Lune et du Soleil, dont le parcours le long des constellations zodiacales est régulier et répétitif, celui des planètes est capricieux et provoque nombre d'interrogations. Chacune de ces planètes semble en effet, reculer et changer de sens et de parcours pendant plusieurs mois, le long de boucles ou de zig-zags assez différents d'une fois à l'autre. Ce mouvement est très difficile à modéliser dans le modèle géocentrique. Il trouve en revanche une explication très simple dans le système héliocentrique du fait du mouvement naturel de la Terre autour du Soleil.

© Wikipedia/Brian Brondel

Ce mouvement en boucle, que les anciens expliquent par la combinaison de deux mouvements circulaires (cercle déférent et épicyclique) autour d'une terre fixe, résulte en réalité de la combinaison des mouvements de la planète et de la Terre autour d'un foyer commun, le soleil. Il a donc fallu attendre Copernic au XVIe siècle, puis Kepler au XVIIe siècle, pour lui donner une explication définitive.

Tycho Brahe (1546-1601) vit dans les tourments de l'Europe de la fin du

XVIe siècle et des guerres de religion. En août 1563, à 17 ans, Tycho observe la conjonction de Jupiter et Saturne et constate que la date de l'observation diffère de plusieurs jours de celle prédite par les éphémérides.
Il dispose pourtant des Tables pruténiques qu'Erasmus Reinhold a calculées selon le système héliocentrique de Copernic.
Cet écart entre la théorie et l’observation influence profondément le jeune astronome.
Observateur infatigable, protégé de l'empereur du Danemark, Tycho Brahe construit son observatoire, Uraniborg, qu'il dote des instruments les plus précis jamais conçus.
Il va accumuler près de 30 années d'observations précises de positions d'étoiles et du mouvement des planètes par rapport à elles.

À L'ORIGINE TYCHO BRAHE ET JOHANNES KEPLER

Tycho Brahé par Jérémias Falk
” © Château de Versailles, Dist. RMN

Johannes Kepler (1571-1630)

Kepler est un astronome allemand. Il adopte les idées coperniciennes mais constate que les mouvements circulaires décrivent mal les orbites observées.

Travaillant sur les données relatives à l'orbite de Mars à partir des résultats d'observation de l’astronome Tycho Brahé, Kepler montre en 1605 que cette trajectoire est une ellipse ayant pour foyer le Soleil, et non pas un cercle ou une composition de cercles.

Il publie en 1609, Astronomie Nouvelle qui renouvelle l'astronomie planétaire. Son nom reste attaché aux lois des orbites planétaires qui s'appliquent à tout corps en orbite sous l'action de la gravitation (y compris aux futurs satellites artificiels).

À la fin du XVIIe siècle, la théorie de l'attraction universelle exposée par Isaac Newton confirmera et expliquera ces résultats.

Les tables Pruténiques (du latin Prutenia, la Prusse) sont les tables astronomiques établies en 1551 par le disciple de Nicolas Copernic immédiatement après la publication de l’ouvrage De Revolutionibus Orbium Celestum. Bien que calculées dans le nouveau système hélicentrique, elles sont imparfaites car fondées sur les orbites circulaires et les épicycles de Ptolémée. Elles seront supplantées au début du XVIIe siècle par les tables Rudolphines, établies par Képler.

Erasmus Reinhold (1511-1553)
Astronome et mathématicien allemand, doyen puis recteur de l’université de Wittenberg, il est un ardent soutien de son contemporain Nicolas Copernic, aux côtés de son collègue professeur de mathématiques, Goerg Joachim Rheticus, qui aidera et convaincra Copernic à publier son ouvrage De Revolutionibus Orbium Celestum en 1543.

Les éphémérides (du grec ἐφημερίς, journal) permettent de déterminer les heures de levers et couchers du Soleil et de la Lune en tous lieux et de décrire l’aspect du ciel et la visibilité des planètes et des constellations.

A la base des calendriers, ils règlent la vie civile.

Les données de Tycho Brahe permettent à Johannes Kepler (1571-1630) de déterminer la figure elliptique des trajectoires des planètes.
Le Soleil, placé à l'un des foyers de chacune des ellipses, assure le mouvement à l'aide d'une vertu motrice s'exerçant à distance, dont Kepler spécule l'existence, sans en découvrir la nature.

Les Tables rudolphines abandonnent définitivement le calcul d’éphémérides fondé sur la combinaison de périodes apparentes (déférent, épicycle, excentrique) des corps du Système solaire dans le système géocentrique de Ptolémée. Elles ouvrent la voie à l'astronomie moderne et ses lois mathématiques. Leur précision est démontrée de façon éclatante en 1631, trois ans après la mort de Kepler, quand le 7 novembre, conformément aux prédictions, l'astronome Pierre Gassendi est le premier à observer le passage de Mercure devant le soleil.

Johannes Kepler
© Château de Versailles, Dist. RMN

Pierre Gassendi (1592-1655)

Mathématicien, philosophe et théologien, il enseigne Lucrèce et Épicure au Collège royal (futur Collège de France). Inlassable observateur, il observe avec succès le passage de Mercure devant le soleil en 1631 prédit par les Tables Rudolphines de Kepler.

Ces tables prédisent un passage de Vénus en Décembre 1631 (puis 1761).

Le passage de 1631 se déroule avant le lever du soleil en Europe. Il est recherché par Gassendi depuis Paris mais non observé.


© RMN-GP (Château de Versailles) / © Gérard Blot

Jeremiah Horrocks (1618-1641) a prédit que les tables Rudolphines permettaient également l’observation d’un passage en 1639.

Halley énonce en 1691 une méthode pour mesurer la dimension du Système solaire à partir de la mesure en différents lieux du temps de passage de Vénus devant le soleil .

Publiées en 1627, les Tables rudolphines commandées à Kepler par Rodolphe II, sont fondées sur les lois du mouvements des planètes qu'il avaient découvertes à partir des observations décrites par Tycho Brahe. Elles permettent de prédire avec précision les événements célestes comme le passage de Mercure et Vénus devant le soleil ainsi que les éclipses solaires et lunaires.


Avec la lunette, instrument d'observation conçu par l'opticien néerlandais Hans Lippershey, Galilée (1534-1642) va accumuler les preuves scientifiques du mouvement de la Terre et participer à un basculement majeur dans l'histoire des sciences : l'observation visuelle et l'expérimentation deviennent la base de toute théorie scientifique.

Il découvre la nature stellaire de la Voie lactée, qu'il décrit comme un poudroiement d’étoiles impossible à dénombrer.
Il observe les reliefs sur la lune qu'il attribue à des montagnes et des vallées.

LES DÉCOUVERTES DE GALILÉE

Avec la découverte des phases de Vénus, il prouve au monde que la planète ne circule pas autour d'un point situé entre la Terre et le Soleil, comme on l'affirmait depuis l'Antiquité, mais passe bien derrière le Soleil en encerclant celui-ci, conformément au système héliocentrique de Copernic et à l'astronomie de Tycho Brahe et de Kepler.

Mise en évidence des reliefs du terminateur lunaire par Galilée. Galileo Galilei, Sidereus nuncius, 1610.
© Observatoire de Paris

Galilée découvre également, par projection de l’image du soleil sur un écran, l’existence des taches sombres. L’aspect et le déplacement régulier d'ouest en est lui permettent d'établir la période de rotation du soleil en 30 jours sur lui-même. La plus importante de ses observations, à laquelle il consacre une grande part de son Sidereus Nuncius, le Messager des étoiles, imprimé à Venise en 1610, est la découverte des quatre principaux satellites de Jupiter les 7, 8 et 10 janvier 1610.

Il les nomme Stellae Medicae, "Etoiles Médicéennes", en hommage à ses protecteurs et mécènes, la famille des Médicis, Grands Ducs de Toscane.

La présence de lunes autour d'un autre corps que la Terre démontre qu'il est possible qu'un corps en mouvement puisse avoir une ou plusieurs lunes, et que le Système solaire peut comporter plusieurs centres. Le monde savant du XVIIe siècle se convainc alors peu à peu de la position centrale du Soleil dans le système copernicien.

Sidereus nuncius, magna... spectacula pandens... quae a Galileo Galileo,... sunt observata in lunae facie... apprime vero in quatuor planetis circa Jovis stellam disparibus intervallis... quos... novissime author depraehendit primus atque medicea sidera nuncupandos decrevit Galilei, Galileo (1564-1642). Auteur du texte

© gallica.bnf.fr / BnF

LA PENDULE DITE DE "LA CRÉATION DU MONDE"

Pendule dite “de la création du monde” 1754
mécanisme de Roque, Joseph-Léonard (horloger)
d'après Passemant, Claude-Siméon (horloger)
boîtier de Germain, François-Thomas (bronzier)
© Château de Versailles, Dist. RMN / © Jean-Marc Manaï

​ Cette pendule extraordinaire comporte un globe terrestre gravé sur laiton argenté. Il tourne en 24 heures, le rayon du soleil indiquant l’endroit où à chaque moment le soleil se trouve à son zénith. Ses pôles s’élèvent et s’abaissent insensiblement pour tenir compte de la déclinaison du soleil et rendre les différentes longueurs du jour. Le cadran supérieur indique l’heure, le jour et le mois. Sur le planisphère, les planètes ont chacune leur mouvement propre et leur véritable excentricité. Une lune placée dans les rochers croît et décroît régulièrement.

Sommaire


LA PENDULE DITE DE LA CRÉATION


Commandée par le marquis Dupleix comme cadeau pour le nabab de Golconde. Officiellement achevée en 1754, avec un mouvement conçu par Claude Siméon Passemant et réalisé par Léonard Roque.

Elle fut présentée à Louis XV la même année au château de Trianon. En réalité le mouvement n'était pas terminé et Dupleix, ruiné, mourut en 1763 sans en avoir pris possession.

Le mouvement fut achevé et mis en place par les héritiers de Passemant et la pendule devint la propriété du neveu de Dupleix, Guillaume Dupleix de Basquencourt.

Guillotiné en juillet 1794, ses biens revinrent à son unique héritière Mme de Montesquiou. Mais la pendule n'est pas dans l'inventaire, il semble que Antide Janvier l'avait gardé dans son stock.

Il tente a plusieurs reprise de la vendre à l'état, forçant même la main du Directoire en menaçant de la démonter. Elle finit par rentrer dans les collections nationales.




La pendule comporte un cadran dans lequel les planètes tournent autour du Soleil selon des trajectoires qui respectent les vraies orientations et excentricités telles qu’elles sont connues depuis Kepler
(la distance de Jupiter et Saturne ne sont pas respectées pour des raisons d’échelle).



SÉQUENCE 2
Les grandes découvertes
sous Louis XIV

la découverte du système solaire

DES DATES MAJEURES DES GRANDES DÉCOUVERTES SOUS LOUIS XIV

1655

1666

1659

1675

1683

1699

1691

1687

1667

1656

1676

1679

1684

1706

1724

1671

1655

➤ Christian Huygens découvre Titan, le plus gros satellite de Saturne.


Christiani Hugenii ... Systema Saturnium, sive De causis mirandorum Saturni phaenomenôn, et comite ejus planeta novo, 1659.
Dans cet ouvrage, Huygens décrit la découverte de Titan, première lune de Saturne, observée pour la première fois le 25 mars 1655 (image ci-dessus) ainsi que sa compréhension, l'année suivante, de la nature des anneaux de Saturne. © ETH-Bibliothek Zürich, domaine public.


1656

➤ Christian Huygens découvre la nature des anneaux de Saturne.



Huygens découvrant l'anneau de Saturne, tableau vers 1820, © Observatoire de Paris




1659

➤ Christian Huygens découvre les premiers détails de la surface de Mars.

1666

➤ Jean-Dominique Cassini découvre les calottes polaires de Mars.

1671

➤ Jean-Dominique Cassini découvre Japet et Rhéa, satellites de Saturne


➤ Mesure la parallaxe de Mars, en collaboration avec Jean Richer.


Les Élémens de l'astronomie vérifiez par M. Cassini par le rapport de ses Tables aux observations de M. Richer faites en l'isle de Caïenne. Avec les observations de MM. Varin, Des Hayes et de Glos faites en Afrique et en Amérique. 1684.© BNF Gallica



1666 - 1667

➤ Création de l'Académie royale des sciences

Médaille commémorative de la fondation de l'Académie des sciences, © Observatoire de Paris



➤ Fondation de l'observatoire de Paris, le plus vieil établissement astronomique encore en activité.


Médaille commémorative de la fondation de l'Observatoire de Paris, © Observatoire de Paris




1675

➤ Jean-Dominique Cassini découvre la division de Cassini, principale division des anneaux de Saturne.


Observations nouvelles de M. Cassini, touchant le globe et l'anneau de Saturne - Journal des Sçavans pour l'année 1677, © Observatoire de Paris


1676

➤ Ole Christensen Rømer découvre la vitesse finie de la lumière par l'étude des phénomènes mutuels des satellites de Jupiter.


Journal des Sçavans du 7 décembre 1676, © Bayerische StaatsBibliothhek, domaine publique


1679

➤ Publication du premier numéro de Connaissance des Temps, plus ancien ouvrage d'éphémérides encore publié aujourd'hui.

Page de garde de la première édition de la connaissance des temps, 1679, © Gallica/BNF, Observatoire de Paris

1687

Isaac Newton énonce la loi universelle de la gravitation, dans Philosophiae Naturalis Principia Mathematica.


© Universitätsbibliothek Basel, domaine public


1691

➤Énoncé par Halley de la méthode de mesure de la distance Terre-Soleil par les passages de Vénus de 1761 et 1769

Allégorie du passage de Vénus devant le Soleil au plafond de la salle du conseil de l'Observatoire de Paris, peinture de Dupain, 1886. La figure d'Halley y apparaît en médaillon à côté de celles de Le Verrier et Delisle. © Observatoire de Paris

1699

➤ Louis XIV et la cour assistent à une éclipse partielle de soleil à Fontainebleau.


1706

➤ L'Abbé Bignon, Cassini II, La Hire observent une éclipse à l'aide d'instruments en présence de Louis XIV à Marly.


1724

➤ Louis XV enfant observe l'éclipse totale du 22 mai 1724 à Trianon en présence de Cassini II.


1683

➤ Jean-Dominique Cassini interprète correctement les causes de la lumière zodiacale.


Lumière zodiacale ou l'atmosphère du soleil vue de profil vers la fin du mois de février 1683.

Traité physique et historique de l'Aurore Boréale / De Mairan. - Paris : Imprimerie royale, 1733. - pl.I, p.38.
1653.
Observatoire de Paris


1684

➤ Jean-Dominique Cassini découvre Téthys et Dioné, satellites de Saturne.


Nouvelle découverte des deux satellites de Saturne les plus proches, faites à l'Observatoire royal, par Mr Cassini, de l'Acad. r. des sciences, 1686,
© Observatoire de Paris



Au XVIIe siècle, les rapports entre sciences et politique prennent des formes nouvelles dans l'espace européen. Les savants sont présents aux côtés du Prince dont ils illustrent la magnificence. Le pouvoir confère une protection et s'approprie, en retour, le prestige symbolique des découvertes.
En 1666, Louis XIV et Colbert fondent l’Observatoire de Paris et l'Académie royale des sciences, qui tient sa première séance le 22 décembre 1666. Les deux créations sont liées, l'Observatoire étant alors destiné à servir de centre de travail pour les académiciens (salles des séances, laboratoires) aussi bien qu'à abriter les instruments pour les observations astronomiques, utiles à la mesure des longitudes et à la géographie.

En France, la prestigieuse génération des savants de la première partie du XVIIe siècle, Descartes, Fermat, Pascal, Mersenne, Gassendi, s’est éteinte à la fin des années 1660 ; et c’est depuis l’extérieur des frontières du royaume que Colbert fera venir les deux plus grands astronomes européens pour refonder l’astronomie royale : Christian Huygens et Giovanni-Domenico Cassini.

LES GRANDES DÉCOUVERTES DE CHRISTIAAN HUYGENS

Christiaan Huygens
Etablissement de l'Académie des sciences
Henri Testelin 1673
© Château de Versailles, Dist. RMN / © Jean-Marc Manaï

Le père de Christiaan Huygens, Constantijn, est le secrétaire particulier du Prince d’Orange. Il est un familier des savants, artistes et médecins qui gravitent autour du Prince, et correspond avec Descartes et Mersenne, et il posséde un laboratoire scientifique.

Christian Huygens étudie les ouvrages de Galilée, fait plusieurs séjours à Paris entre 1655 et 1664 au cours desquels il rencontre Gassendi, Pascal et Fermat, puis Colbert. Il construit dans le laboratoire familial à La Haye, une séries de télescopes. À l’aide de l’un d’entre eux, une lunette à très longue focale, il découvre en 1655 un satellite à la planète Saturne, qu’il nomme Titan. Il se convainc également que les satellites étranges observés par Galilée, Gassendi, Riccioli, sont en fait un anneau encerclant la planète, dont il découvre ainsi l’existence. Il annonce ces découvertes en 1659 dans son ouvrage Systema Saturnium.

Mais c’est également dans le domaine de la conception et du perfectionnement des horloges, à l’aide de mécanismes de son invention, indispensables à la mesure du temps pour la détermination des longitudes, que Christian Huygens acquiert un prestige dans toute l’Europe de la fin du XVIIe siècle. Il publie à Paris, en 1673, son ouvrge Horologium Oscillatorium. Il repart en Hollande en 1681 à la suite d’une maladie. La révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV l’empêche de revenir en France et il meurt en 1685.

LA DÉCOUVERTE DE TITAN, PREMIÈRE LUNE DE SATURNE

© Gallica - BNF Observatoire de Paris

Les recherches sur Titan à l'Observatoire de Paris se poursuivent au XXIe siècle avec les données de la Mission Cassini-Huygens.

Les figures ci-dessous sont extraites de l'ouvrage Systema Saturnium, publié par Christiaan Huygens en 1659.
À gauche, les différents aspects de l’anneau de Saturne au télescope, avant la publication de la découverte de l’anneau par Huygens en 1659.
À droite, l'explication donnée par Huygens de l'aspect d'un anneau encerclant la planète et vue sous différents angles selon la saison et la position de Saturne autour du Soleil. Tous les 14 ans et demi les anneaux disparaissent quand la Terre se trouve dans leur plan.

Titan, la première lune de Saturne


Voir


Le mystère de la rotation de Titan


Les quatre saisons de Titan


Titan s'éloigne de Saturne 100 fois plus vite que prévu

Le char de jupiter entre la Justice et la Piété, vers 1671 , Noël Coypel

© Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

Le triomphe de Saturne sur son char tiré par des dragons, 1672, Nöel Coypel

© RMN-GP (Château de Versailles) / © Michèle Bellot

À Versailles, ces découvertes scientifiques font leur chemin et influencent le peintre Noël Coypel. Ces deux tableaux sont organisés de la même façon : en arrière-plan, la divinité sur son char, tirée par des aigles pour Jupiter, et par des dragons dans le cas de Saturne. Au premier plan, figure une femme représentation allégorique de la planète. Elle est accompagnée de putti, reliés par une guirlande. Au nombre de quatre sur le tableau de Jupiter, et de trois pour Saturne, ils symbolisent les satellites récemment découverts autour des deux planètes.

Le Triomphe de Saturne évoque les deux nouveaux satellites découvert par Cassini : Japet en 1671, et Rhéa l’année suivante, grâce à ses observations menées à l'Observatoire de Paris. Comme vu précédemment, Huygens avait découvert Titan en 1655. En 1684, il découvre encore deux satellites, Téthys et Dioné. Cassini propose de nommer tous les satellites de Saturne « Étoiles ludoviciennes » en l'honneur de Louis XIV.

Au premier plan, on aperçoit les "maisons" de la planète Jupiter : les signes astrologiques du Capricorne et des Poissons. Ils entourent une personnification de la planète elle-même sous l'aspect d'une jeune femme qui retient une guirlande de fleurs, quatre enfants symbolisant les quatre satellites de la planète, qui avaient été découverts par Galilée en 1609.


L'esquisse présente plusieurs différences avec la peinture réalisée : la plus importante est le geste de Jupiter tendant le sceptre qui n'apparait plus dans le plafond ; on notera également le changement de position de l'allégorie de la Violence, dans l'angle inférieur gauche de la composition. Cette esquisse témoigne donc de modifications ultimes avant la réalisation du décor.

Cette esquisse constitue un pendant avec l'autre esquisse de Noël Coypel, Le Char de Saturne entre la Prévoyance et le Secret, qui a été acquise par le château en 1994.


Voir l'œuvre

Ce modélo est réalisé par Coypel en 1672 comme projet pour un salon à l'extrémité de l'appartement du roi. Ce salon ne verra jamais le jour suite à la construction de la galerie des Glaces en 1678. Cette esquisse est restée dans les collections du peintre jusqu'à la moitié du 18e siècle. Il est aujourd'hui présentée dans les galeries historiques du château de Versailles.


Voir l'oeuvre

LES GRANDES DÉCOUVERTES DE CASSINI

"Quand il n'y avait encore aucun endroit logeable dans l'observatoire, je fis premièrement les observations partie aux Galeries du Louvre, où M. Colbert avait fait accommoder à mon usage un appartement par le soin de M. Perrault, contrôleur des bâtiments du Roy, partie au jardin de la bibliothèque du Roy où était un grand quart de cercle et vis-à-vis un cadran à soleil, le plus grand et le plus exact qu'on eût vu à Paris, tracé par M. Buot, orné de très belles peintures par Jean Cotelle, et une méridienne, tracée sur une bande de cuivre enchâssée dans une table de pierre et vérifiée par M. Picard. L'aiguille aimantée n'en déclinait pas alors sensiblement. C'est dommage qu'elle ait depuis été déplacée par le jardinier”

Jean-Dominique Cassini. Anonyme
© Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais

(Cassini I : Notes manuscrites à l’Observatoire, à propos de son arrivée à Paris).

À son arrivée à Paris en 1669, alors qu'il est logé au Louvre, Jean-Dominique Cassini trouve l’édifice de l'Observatoire élevé à hauteur du premier étage. Il critique le projet de Claude Perrault, qui va être modifié selon ses indications : suppression d’une des trois tours octogonales, réduction de moitié du grand escalier en U (qui reste imposant avec ses 156 marches) et aménagement d'une grande salle pour la méridienne au premier étage.

Visite 360° de la salle Cassini

Bibliothèque numérique - Observatoire de Paris

Citation de Cassini : "L'astronomie a reçu en ce siècle un secours extraordinaire de l'invention de la lunette qui nous fit voir les objets éloignés de la même grandeur que s'ils étaient proches."

Bibliothèque numérique - Observatoire de Paris


Voir le document


Les lunettes sans tuyau

Vignette représentant l'observatoire et les différents moyens d'observations de l'époque. Tirée des Theses mathematicae de optica … / Jacques Cassini (Cassini II) - Parisiis, 1691 - p. de titre. 1290.

Si les premières lunettes permettant l'observation du ciel sont mentionnées dès le XVIe siècle, le XVIIe siècle et les progrès dans le domaine de l'optique marquent un tournant pour l'astronomie. Cassini I, avant son arrivée en France avait déjà, avec une lentille simple de quelques centimètres de diamètre, observé les durées de rotation de Jupiter, Mars et Vénus. Mais pour aller plus loin dans l'observation du ciel, des objectifs plus importants avec une longueur focale plus grande étaient nécessaires.

La carte de la lune

la grande carte de la lune de J. Dom. Cassini

Gravure sur cuivre légendée par Cassini IV, 1788
Observatoire de Paris

Histoptique, une alliance entre l'histoire et l'optique

Cassini, une dynastie dans le domaine de la science astronomique et géodésique française.


1671-1712 : Cassini I (Jean-Dominique)

1712-1756 : Cassini II (Jacques)

1756-1784 : Cassini III (César-François Cassini de Thury)

1784-1793 : Cassini IV (Jean-Dominique Cassini de Thury)

« Ensuite, il se divise en deux larges anneaux, apparemment la ligne sombre qui semble elliptique est vraiment circulaire et sépare deux anneaux concentriques, dont (celui de) l'intérieur est plus brillant que l'extérieur. Immédiatement après l’émersion de Saturne des rayons du soleil les anneaux sont visibles toute l'année jusqu'à ce qu’ils disparaissent ; d'abord, avec un télescope 35 pieds, puis un plus petit de 20 pieds. Ce format plus modeste est plus facile (à utiliser). »

— Extrait de la lettre de Signor Cassini concernant une tache récemment vue dans le soleil, ajoutée à une remarquable observation de Saturne, faites par lui-même.

CASSINI ET LES ANNEAUX DE SATURNE

Dans son Systema Saturnium, publié en 1659, Christian Huygens démontre que Saturne est entourée d'un anneau. En 1672, depuis l'Observatoire de Paris, Cassini I découvre la division des anneaux de Saturne qui porte son nom. En 1675, il s'interroge sur la nature de l'anneau, et affirme que « l’apparence de l'anneau est causée par un amas de très petits satellites qu'on ne voit point séparément ». Il découvre aussi que celui-ci « est divisé par une ligne obscure en deux parties égales dont l'intérieure était fort claire et l'extérieure un peu obscure ». On appellera cette ligne « Division de Cassini ». Dans le Journal des Sçavants pour l'année 1677, il annonce la découverte et fait l'éloge de la supériorité des lunettes dont il dispose à l'Observatoire Royal.

Observations nouvelles de M. Cassini, touchant le globe et l'anneau de Saturne - Journal des Sçavans pour l'année 1677 - p. 33. - Observatoire de Paris

SÉQUENCE 3
Les Princes et l'astronomie

la découverte du système solaire

DES OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES À LA COUR : LES ÉCLIPSES

Louis XIV assiste à l’éclipse partielle le 3 mai 1715 au château de Marly, accompagné de son arrière petit-fils, le futur Louis XV.

Au-delà du contexte institutionnel, militaire ou politique, les rois de France s’intéressent aux observations astronomiques.

Louis XIV assiste à l’éclipse partielle de soleil du 23 septembre 1699 alors que la Cour est à Fontainebleau. Après avoir examiné le phénomène derrière un verre fumé, il demande à Jean-Dominique Cassini de lui exposer un plan de la trajectoire de l’éclipse dans le monde.

Dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences de 1724, on trouve un rapport circonstancié par Jacques Cassini de l’observation de l’éclipse totale du 22 mai 1724 à Trianon en présence du jeune roi, Louis XV, alors âgé de 14 ans.

Le 10 juin 1761, le premier passage de Vénus devant le soleil est observé par l’académicien Pierre-Charles Lemonnier, en présence du roi âgé alors de cinquante-et-un ans. Ces passages très rares (en moyenne deux par siècle) permettent alors, selon une méthode suggérée par Halley à la Royal Society, de mesurer la distance de la terre au soleil et suscitent nombre d’expéditions scientifiques. Cet engouement royal se poursuit avec Louis XVI.

Le 12 mai 1706, en présence du roi, Cassini et Maraldi observent à Marly, une éclipse totale du soleil.

https://bibnum.obspm.fr/ark:/11287/3KxnT#?c=&m=&s=&cv=&xywh=205%2C80%2C2627%2C1913

Vue de l’éclipse du Soleil MDCCXXIV,

Anonyme XVIIIe siècle © Observatoire de Paris

Cette éclipse de grandeur 0,94 à Paris, est totale à Londres où elle est prédite avec une précision remarquable et observée par Edmund Halley.


Passage de l'ombre sur la France pendant l'éclipse du soleil de 1724
Estampe par YvesMarie le Gouaz (1742-1806)

«Sa Majesté se rendit à Trianon quelque temps avant l’heure de l’Eclipse, dont le commencement fut observé à 5h 54' 30".[...]
On continua ensuite de voir le croissant du Soleil diminuer de longueur à mesure qu’il paraissoit se retrecir, sans qu’on y découvrît aucune interruption, & on n’apperçût à la fin qu’un point lumineux, semblable à une Etoile fixe qui disparut entierement à 6h 48' 4" que le Soleil fut entierement éclipsé.[...]
Les Oiseaux cesserent leur ramage, & disparurent quelques momens avant l’Eclipse totale, & le Roi vit très-distinctement Mercure, qui étoit à peu près au milieu entre le Soleil & Venus qui se trouvoient à peu près dans la même direction. On observa aussi diverses Etoiles fixes, telles que la Chevre, & on en auroit apperçû un plus grand nombre, si le Ciel n’avoit pas été autant chargé de vapeurs & de nuages qu’il l’étoit. On voyoit autour du Soleil une espece de couronne de lumière un peu allongée vers l’Occident, dont on ne pût pas déterminer les limites, à cause d’une brume épaisse dans laquelle se trouvoit alors le Soleil & la Lune.
On fut aussi très-attentif à considerer si on ne voyoit point de rayons lumineux sur la surface de la Lune, de même qu’on en avoit remarqué dans celle de 1715 observée en Angleterre, mais on n’en apperçut aucun.
»
«La même obscurité dura pendant 2 minutes 16 secondes, après lesquelles le Soleil commença à reparoître à 6h 50' 20", comme un éclair -l’anneau de diamant- , qui dissipa sur le champ les tenebres dans lesquelles on étoit plongé.[...]
Le Soleil parut ensuite jusqu’à son coucher au travers de nuages rares qui ne permirent point d’observer les phases de l’Eclipse après l’Emersion, & quoi-qu’il fut près de l’horison, les Oiseaux reparurent, & on entendit leur ramage comme auparavant.
»


Voir le [Journal des observations faites à l'Observatoire de Paris et au château de Thury], 1er janvier 1724 - 30 décembre 1729,” Bibliothèque numérique - Observatoire de Paris

OBSERVATION DE L'ECLIPSE DU SOLEIL Faite à Marli le 12 Mai 1706. en préfence du Roi, de Monseigneur & de Monseigneur le duc de BOURGOGNE.

Monsieur l'Abbé Bignon aiant communiqué à l'Académie une Lettre qu'il avoit reçue de M. le Comte de Pontchartrain, par laquelle il lui mandoit que le Roi vouloit qu'on choifit quelques Aftronomes de l'Académie Royale des Sciences pour aller obferver à Marli en sa présence l'Eclipfe du Soleil, pendant que les autres refteroient à l'Obfervatoire pour y faire les observations de cette Eclipse, MM. Cassini le fils [Cassini II, 1677-1756] & de la Hire le fils furent choisis pour aller à Marly & ils portèrent avec eux un Quart de cercle de deux pieds de rayon, une Pendule à seconde, une à demi-féconde, 166. in 4. & plufieurs Lunettes de diverfes grandeurs. On avoit attaché deux de ces Lunettes, dont l'une étoit de neuf et l'autre de sept pieds, deux supports qui portoient une planchette perpendiculaire à l'axe de la Lunette , à la diftance de l'oculaire d'environ deux pieds, & l'on avoit tracé fur un carton placé(...)


Extrait Observation de l'éclipse du Soleil, faite à Marly le 12 mai 1706, en présence du roi de Monseigneur, & de Monseigneur le Duc de Bourgogne", Histoire de l'Académie Royale des Sciences, année 1706, J. Boudot, Imprimerie royale, 1731 p.165.


La grandeur d’une éclipse (fraction du soleil cachée par la lune) est notée en « doigts » divisés en soixante minutes. Douze doigts correspondent à un soleil complètement éclipsé. L’observation se fait par projection sur un dessin gradué (papier millimétré) à l’aide d’une lunette astronomique. La précaution à noter la grandeur, qui paraît aujourd’hui désuète, est à replacer dans le contexte stratégique des XVIIe et XVIIIe siècles pour la mesure des longitudes.
Le temps vrai des « doigts éclipsés » est ainsi soigneusement noté par les Académiciens : « Pour avoir la différence de deux Méridiens, il faut dans le Ciel un spectacle commun à deux Observateurs placés sous les deux Méridiens, pour que de la différence des heures où ils auront vu ce phénomène, ils puissent conclure la distance des lieux ou Méridiens sous lesquels ils sont. »

Les savants et les sciences sont au service du roi, et pourtant Louis XIV ne pratique pas les sciences. Il a reçu un enseignement scientifique essentiellement pratique notamment, les mathématiques appliquées à l’arpentage, la cartographie, les fortifications et la balistique.Le programme éducatif de son fils le Grand Dauphin, inclut un enseignement scientifique mêlant leçons particulières et visites à l’Académie, à l’Observatoire et au jardin du roi.

L’intérêt scientifique de Louis XV est éveillé par le Régent, et par les visites de cabinets scientifiques de particuliers. Intérêt qu’il conservera toute sa vie. Une charge de sous précepteur pour les sciences est créée pour l'éducation du dauphin, Louis de France qui est pérennisée pour Louis XVI et ses frères.
Des programmes éducatifs sont établis, des instruments scientifiques sont fabriqués, faisant des sciences une discipline à part entière dans la formation des princes.

L'ÉDUCATION DES PRINCES

Louis de France, dauphin (fils de Louis XV), Louis Tocqué, 1735-1800

© Château de Versailles, Dist. RMN /
©Jean-Marc Manaï

Philippe d’Orléans (1674-1723)

Devenu régent du royaume à la mort de Louis XIV, Philippe d’Orléans s’assure de l’éducation par l’intermédiaire du cardinal de Fleury. Ce dernier y inclut de nouveaux savoirs comme l’anatomie, l’astronomie, la cartographie. Le Régent lui-même féru de sciences sera un soutien de l’Académie royale des sciences et lancera une grande enquête dite Enquête du Régent, par l’intermédiaire des intendants sur les ressources naturelles et minérales du royaume.




Louis XV enfant recevant une leçon, en présence du cardinal de Fleury et du Régent.


Anonyme entre 1715 et 1725
©Musée Carnavalet, Histoire de Paris



DES INSTRUMENTS SCIENTIFIQUES POUR L'INSTRUCTION DES PRINCES

Sphère armillaire 1705

Jean-Baptiste-Nicolas Delure (fabricant ) d'après Jean Pigeon (mathématicien)
© RMN-GP (Château de Versailles) / Droits réservés

Louis XV fait fabriquer des instrumensts scientifiques didactiques par l'abbé Nollet qui sont utilisés pour l'éducation des Princes jusqu'à Louis XVI. Ils sont conservés dans les appartements privés ou dans les réserves des Menus-Plaisirs.

Les nombreux décors des appartements publics et privés rappelent aux visiteurs de Versailles et aux Princes, l'importance des sciences qui font partie des attributs de la fonction royale au même titre que le commerce, la guerre, la marine ou les arts.

Cabinet de la garde-robe de Louis XVI, 18e siècle

©Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Marc Manaï

Cette sphère armillaire est semblable à celles utilisées pour l'éducation des Princes.

Elle a été réalisée par Jean-Baptiste Delure présente la Terre au milieu du cercle du zodiaque, tandis que la Lune et le Soleil sont sur des arcs de cercle coulissants en cuivre. La conception de la sphère correspond donc encore au système de Ptolémée (qui met la Terre au centre de l’univers) alors que la théorie de Copernic, la première à décrire la Terre autour du Soleil, s’était déjà largement imposée dans les milieux scientifiques européens.

Sphère armillaire

La sphère armillaire réalisée par Jean-Baptiste Delure présente la Terre au milieu du cercle du zodiaque, tandis que la Lune et le Soleil sont sur des arcs de cercle coulissants en cuivre. La conception de la sphère correspond donc encore au système de Ptolémée (qui met la Terre au centre de l’univers) alors que la théorie de Copernic, la première à décrire la Terre autour du Soleil, s’était déjà largement imposée dans les milieux scientifiques européens.


Voir Les sciences à Versailles - chapitre 2

L'Abbé Nollet (1700-1770) est connu pour la fabrication d'instruments scientifiques en collaboration avec des savants de l'Académie des Sciences. Il les utilise lors de ses cours de physique expérimentale, dispensés à l'école de physique qu'il avait créée. Il publie en 1743 son premier volume de ses Leçons de physique expérimentale, dédié au dauphin. L'année suivante, Louis XV lui confie l'éducation scientifique du prince. Il apporte avec lui ses instruments, fait des démonstrations qui impressionnent la Cour. En dehors de ses instruments de physique expérimentale comme les pompes à feu, la machine pneumatique ou la vis d'Archimède, il est aussi connu pour ses globes terrestres et célestes.


© Château de Versailles

DES GLOBES COMMANDES PAR LOUIS XVI POUR L'EDUCATION DU DAUPHIN

Globe terrestre et célèste

Edmé Mentelle 1786
© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet

GLOBE DE BERGEVIN

GLOBE DE MENTELLE

Globe terrestre

Dom Bergevin 1784
©chateau de Versailles

pour info,

Commandé par Louis XVI pour l’éducation du Dauphin, il sera aussi utilisé pour l’éducation du roi de Rome, fils de Napoléon 1er.

Ce globe a été réalisé par le géographe Edme Mentelle, et le mécanicien Mercklein, pour l’ouverture et la fermeture des parties du globe. L’extérieur est un globe terrestre décalottable et les constellations du globe céleste sont dessinées au revers.

À l’intérieur, se trouve le tout premier globe en relief, représentant les reliefs continentaux et océaniques. Pour les reliefs océaniques, Mentelle profite des relevés faits par la marine française.


Intérieur du globe de Mentelle

© Château de Versailles


Un globe voyageur !


Ce globe monumental (1,60 de diamètre), est commandé par Louis XVI en 1784, avec l’intention de l’utiliser pour l’éducation du Dauphin. Pour sa réalisation plusieurs spécialistes sont réunis : Dom Claude Bergevin, comme mécanicien, avec l’aide de son frère, Louis Catherine, les géographes Le Clerc père et fils, le géographe du roi, Robert de Vaugondy et le dessinateur Léonard Leymonnerie.


À la mort de Claude Bergevin en 1789, le globe est inachevé et présente de graves défauts techniques. À partir de là, son histoire est marquée par les évènements révolutionnaires et les changements politiques. Quand Louis Bergevin obtient le droit de poursuivre le globe en 1790, il le fait entièrement refaire pour y faire figurer les nouvelles découvertes géographiques de La Pérouse et de Cook.


En 1796, le globe est placé dans la bibliothèque des Quatre Nations (la Mazarine) accompagné des 36 dossiers contenant les fuseaux de papier.


Le globe devra attendre une visite de l’empereur Napoléon III pour qu’enfin il soit monté dans sa monture. Mais trop encombrant pour le conservateur de la bibliothèque, il est présenté à l’exposition internationale de 1878 au Trocadéro, puis resta dans ce musée d’Ethnographie où il est vu par l’amiral Mouchez, qui l’obtint pour l’Observatoire. Il entre dans le musée de l’Observatoire de Paris en 1885, comme on peut le voir ici.

En 1934, le globe est transféré sur le site de l’Observatoire de Meudon et enfin en 1947, Monsieur le Directeur Danjon en a fait don (?) au Musée de Versailles (Catalogue des manuscrits de l'Observatoire,1895 p. 60 ; Rapport annuel de l'Observatoire de Paris , 1885, p. 22 ; Maindron, « Le globe géographique de l'Observatoire de Paris», tiré à part de la Revue scientifique, 7 mai 1887. Voir aussi : Archives nationales F 17/1284).

SÉQUENCE 4
La planétologie à l'Observatoire depuis le XVIIIe siècle

la découverte du système solaire

À partir de la fin du XVIIIe siècle, les découvertes de planètes vont se poursuivre avec l'astronome anglais William Herschel qui découvre la planète Uranus en 1781. Puis les plus grosses planètes qui composent la ceinture d'astéroïdes sont découvertes à partir de 1801 (Cérès, Pallas, Junon, Vesta).


Une découverte retentissante est celle de la planète Neptune en 1846, car elle résulte de l'application des lois du mouvement du système solaire et des calculs de perturbations sur la trajectoire d'Uranus.

François Arago et Urbain le Verrier dominent le XIXe siècle à l'Observatoire de Paris, mais on compte aussi les grands savants, Fresnel, Foucault, et Fizeau, qui multiplient les expériences sur la nature de la lumière.

La planétologie prend un nouvel essor au XXe siècle avec l'ère spatiale et les missions d'exploration vers les planètes, qui vont jusqu'à se poser sur leur sol (Vénus en 1970, Mars en 1976, Titan en 2004).

En 1781, grâce a un télescope de grand diamètre l'astronome anglais William Herschel découvre la planète Uranus qu'il nomme d'abord Georgium Sidus c'est-à-dire l'étoile de Georges, en hommage au roi Georges III d'Angleterre.

La planète, prise d'abord pour une comète, s'est appelée la planète de Herschel, et c'est l'astronome allemand Johann Bode qui propose le nom d'Uranus, père de Saturne et grand-père de Jupiter dans la mythologie.
En 1787, Herschel va découvrir deux satellites, que son fils John nomme en 1852 en hommage aux personnages du Songe d'une nuit d'été de W. Shakespeare, Titania
et Obéron.

On sait aujourd'hui qu'Uranus, possède 27 satellites naturels de toute taille, ainsi qu'un système d'anneaux étroits, découverts par la sonde Voyager-2 de la NASA lors de son passage à proximité en 1986.

LA DÉCOUVERTE D'URANUS, LA SEPTIÈME PLANÈTE DU SYSTÈME SOLAIRE

Reconstitution du téléscope de Herschel
Dist. Commons.wikimedia© Mike Young

Modèle de téléscope avec lequel William Herschel a découvert Uranus. Le secret d'Hershel en tant qu'observateur était la puissance et le grossissement de ses téléscopes. Cé réflecteur de sept pieds de long et six pouces de diamètre ƒ14 de diamètre était particulièrement apprécié. Son miroir principal au bas du tube et le miroir secondaire près du dessus, devant l'oculaire étaient en métal spéculum. C'est avec un téléscope de sept pieds qu'Herschel fit la découverte de la planète Uranus en 1781.

Musée d'astronomie Herschel, Bath.

Mike Young




Lors de la première nuit du XIXe siècle (1er janvier 1801), Giuseppe Piazzi découvre par hasard un nouvel objet du Système solaire, Cérès. Trois objets similaires sont découverts dans les années suivantes : Pallas en 1802, Junon en 1804 et Vesta en 1807. Tous apparaissent situés entre les orbites de Mars et Jupiter et sont considérés comme des nouvelles planètes, bien qu'Herschel propose de créer une nouvelle catégorie, les astéroïdes (du grec aster : étoile et -(o)ide, semblable à) car ils se présentent dans une lunette sous un aspect stellaire (ils n'ont en effet pas de diamètre apparent détectable à cause de leur petite taille). À partir de 1845 et la découverte d’un cinquième astéroïde, Astrée, les découvertes d'astéroïdes entre Mars et Jupiter se succèdent et l'appelation d'astéroïde s'impose au détriment de celle de planète.

On compte aujourd'hui plusieurs centaines de milliers d'astéroïdes ; mais même pris tous ensemble, leur volume total reste inférieur à celui de la Lune.

LA DÉCOUVERTE DE CÉRÈS, PLUS PETITE PLANÈTE NAINE DU SYSTÈME SOLAIRE

Cérès, dite l'été. Moulage d'après l'oeuvre de Jean-Baptiste poultier
© Château de Versailles, Dist. RMN / © Didier Saulnier

La même mésaventure est arrivée à Pluton en 2006. Pluton a été considéré comme la neuvième planète du Système solaire depuis sa découverte par Clyde Tombaugh en 1930 jusqu'à la résolution de l'Union astronomique internationale de 2006 qui définit précisément le terme planète comme étant un astre suffisamment massif pour "faire la loi" sur son orbite. Pluton partageant son orbite avec de nombreux autres petits corps, elle fut déclassée en "planète naine", un statut spécial pour les petits corps assez massifs pour être de forme sphérique et créé sur mesure pour lui. Mais, du coup, Cérès est montée en grade, considérée également comme une planète naine et non plus comme un astéroïde.

Le Système solaire depuis 2006. © Union astronomique internationale.

Giuseppe Piazzi (1746-1826) est un astronome, mathématicien et prêtre italien.

Premier directeur de l'observatoire de Palerme, il est connu pour sa découverte de Cérès mais également pour ses travaux sur le mouvement des étoiles et un catalogue de plus de 6000 d'entre elles.

Piazzi a initialement nommé le fruit de sa découverte « Cérès Ferdinandéa » (en italien : Cerere Ferdinandea), d'après la déesse romaine Cérès, protectrice de la Sicile, et le roi Ferdinand III de Sicile, mécène et créateur de l'observatoire de Palerme. La référence au souverain fut rapidement abandonnée pour ne garder que le nom de la déesse romaine de l'agriculture et des moissons.

Pierre-Simon de Laplace (1749-1827) contribue au tournant du XIXe siècle, à l'émergence et aux progrès de l'astronomie mathématique. Il démontre que le Système solaire est mécaniquement stable (1773) et émet l'hypothèse cosmogonique selon laquelle le Système solaire serait issu d'une nébuleuse en rotation (1796).
Après les travaux de Clairaut, d'Alembert et Euler, son Traité de Mécanique Céleste vient couronner l'analyse mathématique des mouvements célestes, sur lesquels se fondent les découvertes ultérieures, transformant ainsi l'approche géométrique de la mécanique de Newton par une approche basée sur l'analyse mathématique.
Grace à ces travaux les astronomes peuvent calculer les orbites de tous les corps du système solaire en prenant en compte leur attractions gravitationnnelles mutuelles.
Laplace, qui a participé à la fondation de l'école polytechnique avec Lagrange, fut brièvement ministre de l'intérieur sous le Consulat.

EMERGENCE DE L'ASTRONOMIE MATHÉMATIQUE

Pierre-Simon, marquis de Laplace
Guérin, Jean-Baptiste-Paulin , 1837
© RMN-GP (Château de Versailles) / Droits réservés

Les loi de la gravitation de Newton sont déterminées grâce à la division des mouvements planétaires en segments pris aussi petits que l’on veut, une méthode inspirée du calcul infinitésimal inventé par Gottfried Leibniz. Pour décrire des phénomènes à plusieurs corps, comme la précession des équinoxes ou le mouvement d’une comète soumise à l’attraction de plusieurs planètes, il devient nécessaire de combiner différentes équations du mouvement.

Jusqu’au XVIIIe siècle, on accumulait des mesures afin d'en déduire des lois empiriques, telles les lois de Kepler fondées sur les observations de Tycho Brahé.

A partir du milieu du XVIIIe siècle, les lois du mouvements dérivent de systèmes d’équation mathématiques et ont une valeur prédictive supérieure aux observations. Ses artisans sont Lagrange, d’Alembert, Euler, puis Laplace et Bessel.

De nos jours, les intégrations numériques des équations ont permis de complexifier les modèles et d’étudier les variations et perturbations des mouvements planétaires sur des périodes de plusieurs centaines de millions d’années.

Le roi Louis-Philippe Ier nomme Le Verrier précepteur pour l’astronomie de son petit-fils Louis-Philippe d’Orléans. La Royal Society of London lui décerne la prestigieuse médaille Copley, puis l’inscrit parmi ses membres étrangers, comme le feront aussi d’autres sociétés savantes.

Peu après avoir dévoilé à l’Académie des sciences, le 31 août 1846, les éléments de la planète perturbant l'orbite d'Uranus et le lieu où on devrait la trouver, Urbain Le Verrier écrit à plusieurs astronomes étrangers qu’il sait disposer d’instruments puissants et surtout de bonnes cartes du Ciel qui n’existent pas à l’Observatoire de Paris.
L’un de ces astronomes est Johann-Gottfried Galle (1812-1910), de l’Observatoire de Berlin. Le Verrier lui écrit le 18 septembre 1846, la lettre arrive le 23 septembre, et dès la nuit qui suit Galle découvre la planète.

NEPTUNE, LA PREMIERE DÉCOUVERTE DE L'ASTRONOMIE MATHÉMATIQUE

" M. Le Verrier vit le nouvel astre au bout de sa plume ".

Phrase célébre prononcée par Arago devant l'Académie des sciences.

Le Verrier découvre la planète Neptune par ses calculs en septembre 1846

Esquisse peinte par Edmond-Louis Dupain pour un projet de plafond, 1889© Bibliothèque de l’Observatoire de Paris

François Arago (1786-1853) occupe une place prépondérante dans l'Observatoire du XIXe siècle. Il y invite Augustin Fresnel (1788-1827), Léon Foucault (1819-1868) et Hippolyte Fizeau (1819-1896) à réaliser leurs projets scientifiques et y développer leurs nouvelles techniques d'observation (photographie, spectroscopie, mesures de la vitesse de la lumière) pour l'étude des spectres stellaires et du soleil. C'est la naissance de l'astrophysique à l'Observatoire.

LÉON FOUCAULT À L'OBSERVATOIRE DE PARIS

François Arago
Fuhr, Charles-Jérémie (lithographe)
d'après Scheffer, Henry (peintre)- 1852
© Château de Versailles

Léon Foucaut invente et perfectionne les miroirs de télescopes jusqu'à 80 cm de diamètre. Il est l'inventeur de l'instrument d'astronomie, le sidérostat.

C'est également à l'Observatoire de Paris que Léon Foucault fait la première démonstration du mouvement de la Terre avec le célèbre pendule qui porte son nom (1851).

DE LA MÉCANIQUE CÉLÈSTE À LA NAISSANCE DE L'EXPLORATION SPATIALE

Tout au long du XIXe siècle, les progrès techniques se poursuivent et les instruments de l’astronomie se perfectionnent. Ils se couplent aux développements de la photographie et de la spectroscopie. Les outils mathématiques perfectionnent la détermination des positions des corps dans le système solaire et leurs perturbations gravitationnelles. Le développement des signaux radio-électriques, des chemins de fer, des voyages intercontinentaux conduisent à uniformiser les systèmes de référence et les unités de mesure.

Au XXe siècle, les observations planétaires se poursuivent grâce à la spectroscopie, qui permet d'analyser à distance les constituants gazeux dans les atmosphères des planètes. Mais c’est avec l’ère spatiale à partir de 1957, que la planétologie va prendre un essor inégalé, avec les missions scientifiques vers les autres planètes. Grâce aux collaborations internationales (Etats-Unis, Union soviétique, puis Agence spatiale européenne) l’Observatoire de Paris participe à la conception et l’envoi d’instruments de mesure à bord de missions spatiales vers Vénus, Mars, et le système de Saturne avec la mission Cassini-Huygens.

Observatoire de Paris. Le télescope de 1m20 en service

Anonyme
©Bibliothèque de l'Observatoire de Paris

Photographie de Jupiter [21 avril 1886] par MM. Henry : 10h 42 à 10h 48. Agrandissement direct = 18 fois

Henry, Proper Mathieu (1849-1909)

Henry, Paul Pierre (1848-1905)

©Bibliothèque de l'Observatoire de Paris



Spectre de Vénus, par H. Deslandres ; comparé le 12 avril 1892 aux spectres électriques du fer et du manganèse.
Deslandres, Henri (1853-1948)
©Bibliothèque de l'Observatoire de Paris

Un hommage exceptionnel aux découvertes de Cassini et Huygens est rendu lorsque la mission conjointe de la NASA et de l'ESA, Agence spatiale européenne, lancée en 1997 vers Saturne et son satellite Titan, est nommée d'après les deux académiciens royaux.

LA MISSION CASSINI-HUYGENS

La mission d'exploration du système de Saturne va durer plus de 20 ans, entre le lancement en Floride (1997), l'arrivée et l'atterrissage de la sonde Huygens sur Titan (Déc. 2004 – Jan. 2005) et la plongée du vaisseau spatial Cassini dans l'atmosphère de Saturne à la fin de la mission (septembre 2017). Plusieurs équipes de l'Observatoire de Paris ont participé à la conception des instruments et l'exploitation des données scientifiques.

FOCUS
Louis XIV et la figure d'Apollon

Tête d' " Apollon rhodien ", 1660-1680, Anonyme

© Château de Versailles, Dist. RMN / © Jean-Marc Manaï

« On choisit pour corps le soleil, qui […], par l’éclat qui l’environne par la lumière qu’il communique aux autres astres qui lui composent comme une espèce de cour, […], par le partage égal et juste qu’il fait de cette même […] lumière à tous les divers climats du monde, par le bien qu’il fait en tous lieux, produisant sans cesse de tous côtés la vie, la joie et l’action, par son mouvement sans relâche, où il paraît néanmoins toujours tranquille, par cette course constante et invariable, dont il ne s’écarte et ne se détourne jamais, est assurément la plus vive et la plus belle image d’un grand monarque. »

Dans ses Mémoires, à propos de l’année 1662, Louis XIV s’est expliqué sur sa devise Nec pluribus impar et sur l’usage du soleil comme emblême.

LE SOLEIL À VERSAILLES : LA FIGURE D'APOLLON

Le château fut ainsi dédié à Apollon, présent notamment dans le Grand Appartement et dans les jardins. Ce n’est qu’à la fin des années 1670 que ce langage apollinien allait être supplanté par un autre type de discours, historique, plus explicitement rapporté à Louis XIV lui-même.

Sur ce relief, le visage du dieu, dit « Apollon rhodien », se détache sur un fond de rayons solaires qui lui composent une sorte de gloire. Composée de fines mèches ondoyantes et réparties de manière symétrique autour du visage, sa chevelure est coiffée de la couronne de laurier des triomphateurs antiques. D’auteur resté inconnu, ce relief provient probablement d’un des premiers décors de Versailles, intérieur ou extérieur, modifié ou détruit par la suite. Même après avoir perdu sa dorure d’origine, dont les traces de préparation ont été identifiées dans certaines parties protégées, même privé de son contexte et quelque peu lacunaire, ce plomb a conservé une étonnante force plastique, qui tient sans doute à la perfection formelle du visage et au pouvoir royal qu’il symbolise.

Alexandre Maral.



Voir l'oeuvre ici

Au moment de la création des grands appartements, le programme comportait sept pièces qui furent dédiées à des planètes, comme les sept planètes tournant autour du soleil Apollon. L’ordre des planètes n’était pas respecté, même si la chambre avec le plafond d’Apollon était au centre de la disposition originelle.

L’enfilade a été modifiée suite à la construction de la galerie des glaces, à l’ajout du salon de l’Abondance, seules restent en place, Vénus, Diane (Lune), Mars, Mercure et Apollon devenue la salle du Trône. A chaque planète étaient associés des héros de l’Antiquité et leurs actions.
Ce ne sont pas que les héros antiques, ou les dieux qui sont racontés mais l’histoire de Louis XIV et le portrait du roi.

LA FIGURE D'APOLLON DANS LE CHATEAU DE VERSAILLES

Le char d'Apollon, Charles de la Fosse 1673-1678

© Château de Versailles, Dist. RMN / © Christophe Fouin

LE PLAFOND DU SALON D'APOLLON

Le plafond est consacré au dieu du soleil, des arts et de la paix. Le symbole solaire, choisi très tôt par Louis XIV, est représenté par Apollon s’élançant sur son char, entouré par des figures allégoriques. Les voussures illustrent la magnificence et la magnanimité du roi, au travers d’exemples tirés de l’Antiquité : Vespasien faisait bâtir le Colisée, Auguste édifiant le port de Misène, Porus devant Alexandre et Coriolan supplié par sa mère et son épouse d'épargner Rome.


Les personnes représentées sont : Apollon, le Point du Jour, Flore, le Printemps, Bacchus, l'Automne.

Communiqué de presse : Restauration du salon d'Apollon


Dans les jardins, le thème d’Apollon fut utilisé plus tôt que dans les grands appartements, après 1664 et la fête des Plaisirs de l’Isle Enchantée. Là encore le programme ne fut pas achevé et fortement modifié, mais nous pouvons retenir un axe principal démarrant légèrement décalé sur le côté du château avec la grotte de Thétys, se poursuivant au bassin de Latone, empruntant l’axe du Tapis Vert pour se terminer au bassin d’Apollon.

Dans deux allées parallèles au grand axe, se trouvent les bassins des saisons.
Le projet originel devait raconter la vie d’Apollon.

LA FIGURE D'APOLLON DANS LES JARDINS DE VERSAILLES

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LE BASSIN DE LATONE

Inspiré par Les Métamorphoses d'Ovide, ce bassin est créé en 1668 à la suite du remaniement du parterre devant le château. De forme ovale, il est muni d’un jet central et de 6 jets secondaires, et reçoit la sculpture de Latone et ses enfants, Diane et Apollon. Le groupe a été réalisé par le sculpteur Gaspard Marsy. Balthazar Marsy, travaille aux figures des paysans lyciens transformés en grenouille.

Latone protège ses enfants des paysans menaçant tout en implorant l’aide et la vengeance de Jupiter, le père d’Apollon et Diane. A l’origine le groupe était placé au niveau de l’eau, puis Jules Hardouin Mansart modifia la fontaine en y ajoutant les vasques de marbres, donnant au bassin son élévation pyramidale. A l’origine la déesse regardait vers le château et un mur de soutènement qui devait être orné de niches et statues évoquant la naissance et l’enfant du dieu Apollon d’après Le Brun.


Histoire à écouter

LE BASSIN DU CHAR D'APOLLON


Un premier bassin se trouvait à cette emplacement à l’époque de Louis XIII. Nommé bassin des cygnes, en 1665, il reçoit une gerbe. En 1668, le bassin prend une forme plus allongé. En 1671, le groupe d’Apollon sortant des eaux sur le char du Soleil est installé en son centre.

Situé devant le grand canal dans l'axe central du jardin de Versailles, l'oeuvre de Tuby, d'après un dessin de Le Brun, s'inspire de la légende d'Apollon, dieu du soleil et emblème du roi et montre le dieu jaillissant de l'onde et s'apprêtant à effectuer sa course quotidienne au dessus de la terre.


Histoire à écouter


GROTTE DE THÉTYS

En 1665, fait construire un petit bâtiment dont la partie supérieure se verra adjoindre un réservoir. Ce sont les frères Charles et Claude Perrault, en collaboration avec Charles Le Brun qui définirent le programme iconographique. La façade fut conçue comme un arc de triomphe. Elle était ornée de 7 reliefs sculptés qui illustraient la descente du char d’Apollon sur la mer et annonçait l’accueil du dieu par les tritons et les sirènes.

Les baies de l’entrée de la grotte étaient fermées par des grilles.

A l’intérieur, les murs étaient recouverts de rocailles, de coquillages naturels, de stalactites de porcelaine tigrée et de grosses nacres.

Les Francine avait développé effets de jeux d’eau qui, surgissant du sol ou ruisselant des concrétions de la voûte, surprenaient les visiteurs.

En avant de la grotte des jets d’eau surgissaient du sol et pouvaient interdire l’entrée de la grotte.

Trois niches abritaient les groupes de marbres commandés en 1666 : Au centre, Apollon servi par les nymphes (François Girardon, Thomas Regnaudin), sur les côtés deux groupes Chevaux du Soleil (Gilles Guérin et les frères Marsy) et les statues d’Acis et Galatée (Jean-Baptiste Tuby) le long des parois latérales.

La grotte disparut avec la construction de l’aile nord en 1684.

Vue du fond de la grotte de Thétis de Versailles, Lepautre Jean, 1676


LES BASSINS DES SAISONS

Ils ont été réalisés entre 1666 et 1672, et placés sur les allées latérales à l’axe principal. Dessinés par le premier peintre Charles Le Brun, et sculptés par Tubi, Regnaudin, Marsy et Girardon. Les quatre bassins se rattachent à la thématique apollinienne.

Bassins ronds ou octogonaux, les dieux figurants les saisons (Saturne/Hiver ; Bacchus/automne ; Cérès/Eté ; Flore/Printemps) sont placés sur des iles où se retrouvent les attributs des saisons (roses pour le printemps, blé pour l’été ; raisins ; pour l’automne, glaçons pour l’hiver).

Chaque dieu/saison est accompagné de petits putti. Le tout peint au naturel.

> Voir plan

BASSIN DE CÉRES, DIT DE L'ÉTÉ


BASSIN DE BACCHUS, DIT DE L'AUTOMNE


BASSIN DE FLORE, DIT DU PRINTEMPS


BASSIN DE SATURNE, DIT DE L'HIVER


QUIZ TEST
Module 4

LA DÉCOUVERTE DU SYSTÈME SOLAIRE

RESSOURCES
Pour aller plus loin

La découverte du systÈME SOLAIRE

Pour aller plus loin dans la découverte du sytème solaire, l'Observatoire de Paris à l'occasion de ses 350 ans propose des exposition virtuelles pour explorer ses recherches.

Les collections muséales de l'Observatoire sont accessibles via le portail COSMOS (COllections Scientifiques et Muséales de l’Observatoire de PariS) de la bibliothèque. Les documents numérisés (imprimés, manuscrits, iconographie…) et les expositions en ligne sont disponibles à partir du portail web bibnum.
L'ensemble des collections de la bibliothèque de l'Observatoire de Paris peut également être consulté à partir du portail unique Télescope.

Les oeuvres de Versailles présentées sont accessibles et téléchargeables en haute définition dans le site Collections. Certaines d'entre-elles sont consultables sur le site photo de la RMN.

Nous vous remercions de votre participation et souhaitons que ces modules vous ont donnés satisfaction.

Un questionnaire vous sera adressé pour nous permettre d'améliorer nos propositions futures.

S.Bonald, Château de Versailles
L.Girard, RMN pour le Château de Versailles
N.Robichon, Observatoire de Paris - PSL
T.Widemann, Observatoire de Paris - PSL