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Transcript

Une maison de poupées

Henrik Ibsen

Présentation :

Une maison de poupées est une pièce de théâtre écrite en 1879 et représentée pour la première fois le 21 décembre de la même année par Henrik Ibsen, un dramaturge d'origine norvégienne. Elle est inscrite au registre international Mémoires du monde de l'UNESCO .Les personnages présents dans la scène sont Torvald Helmer un directeur de banque, Nora sa femme, le docteur Rank, Mme Linde l'amie d'enfance de Nora, l'homme d'affaire Krogstad, les trois enfants des Helmer, Anne-Marie la bonne des enfants, Hélène la femme de chambre des Helmer et un commissionnaire.

Résumé :

Nora, le personnage principal de la pièce est mariée depuis huit ans à Torvald avec qui elle a eu trois enfants. C'est une femme au foyer qui se contente d'agir aux ordres que lui donne son mari comme il était normal à cette époque. Après qu'il soit tombé malade, Nora a dû emprunter de l'argent à Krogstad sans mettre au courant Torvald car pour le soigner, il fallait aller en Italie mais le voyage était très couteux. L'homme d'affaires menace alors Nora de tout révéler à son mari après avoir découvert les manigances qu'il faisait avec Mme Linde.

Ma scène préférée :

Ma scène préférée est la XVIème de l'acte 3. La scène se passe après que Torvald découvre les lettres envoyées de Krogstad et apprend ce que sa femme lui a caché. Nora se rhabille, décidée à partir pour de bon de chez elle et prête à quitter son mari et laisser ses enfants. Elle a enfin compris que son mariage avec Torvald ressemblait à sa relation avec son père, elle refuse de continuer à se faire traiter comme une poupée. Cependant son mari fait tout pour la retenir mais rien n'y fait, Nora a pris sa décision.

Cette scène m'a beaucoup plu car enfin Nora ouvre les yeux face à la relation qu'elle entretient avec son mari. Elle lui tient tête pour la première fois depuis qu'ils se connaissent et laisse apparaître l'image d'une femme forte qui ne se laisse pas faire ce qui était le contraire auparavant quand elle était soumise à lui.Selon moi cette scène reflète la réalité car encore aujourd'hui beaucoup de femmes sont soumises et à travers cette scène, l’héroïne montre l'exemple et laisse un très beau message de courage.

Scène XVI

NORA, HELMER.


Helmer.

C’est de lui. Mais tu ne l’auras pas, je la lirai moi-même.


Nora.

Lis.


Helmer, s’approchant de la table.

Je n’en ai pas le courage. Peut-être sommes-nous pris l’un et l’autre… Non, il faut que je le sache.

Il ouvre rapidement la lettre, parcourt quelques lignes, examine un papier qui y est joint et pousse un cri de joie. Nora l’interroge du regard.

Helmer.

Nora !… Non, je relis… Oui, c’est cela, je suis sauvé… Nora, je suis sauvé.


Nora.

Et moi ?


Helmer.

Toi aussi naturellement. Nous sommes sauvés tous les deux. Vois, il te rend le reçu. Il dit qu’il regrette, qu’il se repent. Un heureux événement qui a changé son existence… Oh ! ce qu’il écrit n’a pas d’importance. Nous sommes sauvés, Nora ! Maintenant personne ne peut te nuire… Ah ! Nora, Nora. Non, détruisons d’abord ces abominations… Laisse-moi voir… (Il jette un regard sur le reçu.) Non, non, je ne veux rien voir. Je me figurerai que j’ai eu un cauchemar et qu’il est passé. (Il déchire les deux lettres et le reçu, les jette dans la cheminée et en regarde brûler les fragments.) Voilà ! tout a disparu… Il t’écrivait que depuis la veille de Noël tu… Oh ! quelle épreuve ont dû être pour toi ces trois jours, Nora !


Nora.

Durant ces trois jours j’ai soutenu une lutte violente.


Helmer.

Et tu t’es désespérée. Tu ne voyais pas d’autre issue que… Non, non, nous ne conserverons aucun souvenir de tous ces ennuis. Allons célébrer notre délivrance en répétant sans cesse : « C’est passé ! c’est passé ! » Mais écoute-moi, Nora, il semble que tu ne comprends pas. C’est passé ! Allons, que signifie ce sérieux ? Oh ! ma pauvre petite Nora, j’y suis ! Tu ne peux croire que je te pardonne, mais crois-le, Nora, je te le jure, tout est pardonné. Je sais bien que tout ce que tu as fait tu l’as fait pour amour de moi.


Nora.

C’est vrai.


Helmer.

Tu m’as aimé comme une femme doit aimer son mari. Seulement tu te trompais dans l’emploi des moyens. Mais crois-tu que je t’aime moins parce que tu n’es pas capable de te guider toi-même. Non, non, repose-toi sur moi. Ni aide, ni direction ne te manqueront. Je ne serais pas homme si ton incapacité ne te rendait doublement séduisante à mes yeux. Oublie les paroles dures que je t’ai dites dans les premiers moments de terreur quand je croyais que tout allait crouler sur moi. Je t’ai pardonné, Nora. Je te jure que je t’ai pardonné.


Nora.

Merci de ton pardon.

Elle sort par la porte de droite.

Helmer.

Non, reste ici… (il la suit des yeux.) Pourquoi vas-tu dans l’alcove ?


Nora, de sa chambre.

Pour enlever ce déguisement.


Helmer, près de la porte qui est restée ouverte.

Bien, repose-toi, tâche de calmer ton esprit. Petit oiseau effarouché, repose en paix. J’ai des ailes assez larges pour t’abriter. (Il marche sans s’éloigner de la porte.) Oh ! quel foyer paisible et enchanteur que le nôtre, Nora ! Tu es ici en sûreté. Je te garderai comme si tu étais une colombe recueillie par moi, après que je l’ai tirée saine et sauve des serres du vautour. Je saurai calmer ton pauvre cœur palpitant. J’y réussirai peu à peu. Crois-moi, Nora, demain tu verras tout avec d’autres yeux. Tout continuera comme auparavant. Je n’aurai pas besoin de te dire à tout instant que je t’ai pardonné, parce que toi-même tu le comprendras sans aucun doute. Comment peux-tu croire, que je veuille te repousser, ni te faire aucun reproche ? Ah ! tu ne sais pas ce que c’est qu’un vrai cœur d’homme ! Il est si doux, si agréable pour la conscience d’un homme de pardonner sincèrement du fond du cœur. Ce n’est pas seulement sa femme qu’il voit dans l’être pardonné, c’est aussi sa fille. Ainsi tu me paraîtras dans l’avenir, petit être effaré, sans boussole. Ne te préoccupe de rien, Nora. Sois franche avec moi, pas davantage, et je serai à la fois ta volonté et ta conscience… Tu te tais… Tu ne t’es pas couchée… tu t’es rhabillée ?


Nora, avec ses vêtements de la journée.

Oui, Torvald, je me suis rhabillée.


Helmer.

À cette heure pourquoi ?


Nora.

Je ne dormirai pas cette nuit.


Helmer.

Mais, ma chère Nora…


Nora, regardant sa montre.

Il n’est pas tard encore. Assieds-toi, Torvald, il faut que nous causions.


Helmer.

Nora, que veut dire cet air grave ?


Nora.

Assieds-toi, la conversation sera longue. Nous avons beaucoup à causer.

Helmer s’assied en face d’elle.

Helmer.

Tu m’inquiètes, Nora, je ne te comprends pas.


Nora.

Tu dis bien, tu ne me comprends pas, et moi non plus, je ne t’ai pas compris jusqu’à cette nuit. Ne m’interromps pas, écoute ce que je te dis. Il s’agit de régler nos comptes.


Helmer.

Dans quel sens ?


Nora, après un silence.

Nous voici l’un en face de l’autre. Quelque chose n’éveille-t-il pas ton attention ?


Helmer.

Que veux-tu dire ?


Nora.

Voilà huit ans que nous sommes mariés. Réfléchis un moment. N’est-ce pas la première fois que nous deux, mari et femme, nous causons sérieusement ?


Helmer.

Sérieusement, oui… mais quoi ?


Nora.

Huit ans ont passé et plus encore depuis que nous nous connaissons. Et jamais il ne s’est échangé entre nous un mot sérieux sur un sujet grave.


Helmer.

Pourquoi t’aurais-je fait part de mes préoccupations, quand je savais que tu ne pouvais me les enlever.


Nora.

Je ne parle pas de préoccupations. Ce que je veux dire c’est que jamais en rien nous n’avons regardé ensemble le fond des choses.


Helmer.

Mais voyons, ma chère Nora, est-ce là une occupation pour toi.


Nora.

Voilà bien le fait, tu ne m’as jamais comprise. Vous avez toujours été très injustes envers moi, papa d’abord et toi ensuite.


Helmer.

Quoi ! tous les deux ! Mais il n’y a personne qui t’ait aimée autant que nous.


Nora, secouant la tête.

Jamais vous ne m’avez aimée. Il vous a paru agréable d’être en admiration devant moi ni plus ni moins.


Helmer.

Voyons, Nora, que veut dire ce langage ?


Nora.

Je te le dis, Torvald. Quand j’étais avec papa, il m’exposait ses idées et je les suivais. Si j’en avais d’autres qui me fussent personnelles, je les cachais, parce que cela ne lui aurait pas plu. Il m’appelait sa poupée et jouait avec moi comme je jouais avec les miennes… Ensuite je suis venue chez toi.


Helmer.

Tu emploies des expressions singulières pour parler de notre mariage.


Nora, sans changer de ton.

Je veux dire que des mains de papa je suis passée dans les tiennes. Tu as tout arrangé à ton goût, et je partageais ton goût ou je le laissais croire, je ne puis le dire au juste. Peut-être l’un et l’autre. Maintenant quand je regarde en arrière, il me semble que j’ai vécu comme les pauvres au jour le jour. J’ai vécu les pirouettes que je faisais pour t’amuser, Torvald, mais cela allait à ton but. Toi et papa, vous avez été bien coupables envers moi. C’est vous qui êtes responsables que je ne sois bonne à rien.


Helmer.

Tu es incompréhensible, Nora, et ingrate. N’as-tu pas été heureuse ici ?


Nora.

Jamais, je croyais l’être, mais je ne l’ai jamais été.


Helmer.

Comment, tu n’as jamais été heureuse ?


Nora.

Non, j’étais gaie, cela oui. Tu étais si gentil pour moi. Mais notre maison n’était qu’un salon de fête. J’ai été grande poupée chez toi, comme j’avais été petite poupée chez papa et nos enfants à leur tour ont été mes poupées. J’aimais à te voir jouer avec moi, comme les enfants s’amusaient à me voir jouer avec eux. Voilà ce qu’a été notre union, Torvald.


Helmer.

Il y a quelques vérités dans ce que tu dis… Bien que tu exagères et que tu grossisses beaucoup les faits. Mais dorénavant tout changera. Le temps du plaisir est passé ; celui de l’éducation commence.


Nora.

L’éducation de qui ? La mienne ou celle des enfants ?


Helmer.

Les deux, Nora.


Nora.

Ah ! Torvald, tu n’es pas homme à m’élever pour faire de moi la véritable épouse qu’il te faut.


Helmer.

Et c’est toi qui dis cela ?


Nora.

Quant à moi, quelle préparation ai-je pour élever des enfants ?


Helmer.

Nora !


Nora.

Ne le disais-tu pas tout à l’heure, ne disais-tu pas qu’il y a une tâche que tu n’osais pas me confier ?


Helmer.

Je l’ai dit dans un moment d’irritation. Maintenant tu vas t’en servir comme de tremplin ?


Nora.

Mon Dieu, tu l’as très bien dit. C’est une tâche supérieure à mes forces. Il y en a une autre à laquelle je dois m’appliquer auparavant. Je veux penser d’abord à m’élever moi-même. Tu n’es pas homme à me faciliter ce travail. Il faut que je l’entreprenne seule. Voilà pourquoi je vais te quitter.


Helmer, se levant d’un bond.

Quoi ! que dis-tu ?


Nora.

J’ai besoin d’être seule pour me rendre compte de moi-même et de tout ce qui m’entoure. Voilà pourquoi je ne puis demeurer avec toi.


Helmer.

Nora ! Nora !


Nora.

Je veux partir tout de suite. Cette nuit je trouverai asile chez Christine.


Helmer.

Tu divagues. Tu n’as pas le droit de partir, je te le défends.


Nora.

Dorénavant tu ne peux rien me défendre… J’emporte tout ce qui est à moi. Je ne veux rien recevoir de toi ni maintenant ni jamais.


Helmer.

Mais que veut dire cette folie.


Nora.

Demain je pars pour mon pays. Là je pourrai vivre plus facilement.


Helmer.

Aveugle que tu es, pauvre créature sans expérience !


Nora.

Je tâcherai d’acquérir de l’expérience, Torvald.


Helmer.

Abandonner ton foyer, ton mari, tes enfants. Tu ne penses pas à ce que l’on va dire.


Nora.

Je n’y puis penser. Je ne sais que ce qui m’est indispensable.


Helmer.

Ah ! c’est irritant. De sorte que tu manqueras à tes devoirs les plus sacrés.


Nora.

Qu’appelles-tu mes devoirs les plus sacrés ?


Helmer.

Tu as besoin que je te le dises ? Est-ce que ce ne sont pas tes devoirs envers ton mari et tes enfants ?


Nora.

J’en ai d’autres non moins sacrés.


Helmer.

Tu n’en a pas. Quels sont ces devoirs ?


Nora.

Mes devoirs envers moi-même.


Helmer.

Avant tout tu es épouse et mère.


Nora.

Je n’y crois plus. Je crois que je suis avant tout un être humain, avec les mêmes droits que toi, ou que du moins je dois tâcher de l’être. Je sais que la majorité des hommes te donnera raison et, que ces idées sont imprimées dans les livres, mais maintenant je ne puis penser à ce que disent les hommes et à ce qu’ils impriment dans les livres. Je ne sais rien, mais je vais tout tirer de moi-même. Il faut que je forme moi-même mes idées là-dessus, et que j’essaye de m’en rendre compte.


Helmer.

Quoi ! Tu ne te rends pas compte que ton poste est au foyer. N’as-tu pas un guide infaillible sur ces questions ? N’as-tu pas la religion ?


Nora.

Hélas ! Torvald, je ne sais pas exactement ce que c’est que la religion.


Helmer.

Tu ne sais ce que c’est.


Nora.

Je ne sais que ce que m’a dit le pasteur Hausen en me préparant à la confirmation « La religion c’est ceci, cela et le reste. » Quand je me trouverai seule et affranchie, j’examinerai cette question comme tant d’autres. Je verrai si le pasteur disait vrai, ou du moins si ce qu’il m’a dit était vrai par rapport à moi.


Helmer.

Oh ! voilà qui est inouï d’une femme si jeune !… Mais si la religion ne peut te servir de guide, laisse-moi au moins sonder ta conscience, car je suppose que tu as du moins du sens moral, ou est-ce que cela te manque aussi, réponds ?


Nora.

Que veux-tu, Torvald ? Il m’est difficile de te répondre. Je ne sais, je ne vois pas clair là-dedans, je ne sais qu’une chose, c’est que mes idées sont complètement distinctes des tiennes. Je vois aussi que les lois ne sont pas ce que je croyais, mais que ces lois soient justes, cela je ne puis l’admettre. Qu’une femme n’ait pas le droit d’éviter un souci à son vieux père moribond, et de sauver la vie à son mari, cela n’est pas possible.


Helmer.

Tu parles comme une enfant. Tu ne comprends rien à la société à laquelle tu appartiens.


Nora.

Non, non, je n’y comprends rien, mais je puis m’enquérir et me rendre compte de qui a raison de la société ou moi.


Helmer.

Tu es malade, Nora. Tu as la fièvre, et je crois même que tu n’as pas ton bon sens.


Nora.

Cette nuit je me trouve plus alerte d’esprit, plus sûre de moi que jamais.


Helmer.

Et c’est avec cette sûreté, cette lucidité que tu abandonnais ton mari et tes enfants ?


Nora.

Oui.


Helmer.

Cela ne peut avoir qu’une explication.


Nora.

Laquelle ?


Helmer.

Tu ne m’aimais pas.


Nora.

C’est vrai. C’est en effet le nœud de tout.


Helmer.

Nora ! Et c’est ainsi que tu me le dis ?


Nora.

Je le regrette, Torvald, parce que tu as été bon pour moi. Mais qu’y faire ? Je ne t’aime pas.


Helmer, faisant des efforts pour demeurer calme.

De cela, je suppose, tu es aussi parfaitement convaincue.


Nora.

Absolument. Et c’est pour cela que je ne veux pas rester ici davantage.


Helmer.

Et comment peux-tu m’expliquer comment j’ai perdu ton amour ?


Nora.

C’est très simple. C’est l’œuvre de cette nuit, quand j’ai vu que le prodige attendu ne se produisait pas, alors j’ai compris que tu n’étais pas l’homme que je croyais.


Helmer.

Explique-toi, je ne te comprends pas.


Nora.

Pendant huit ans j’ai attendu tranquillement. Je savais parfaitement que les prodiges ne s’accomplissent pas tous les jours. Enfin, ce moment d’angoisse est arrivé. « Maintenant le prodige va s’accomplir » me disais-je. Tant que la lettre de Krogstad a été dans la boîte aux lettres, je n’ai pas pensé une minute que tu serais obligé de subir les exigences de cet homme. Je croyais fermement que tu lui dirais : « Allez et publiez tout. » Et quand cela serait arrivé !…


Helmer.

Ah ! oui… quand j’aurais livré ma femme à la honte, au mépris…


Nora.

Quand cela serait arrivé, j’étais tout à fait sûre que tu allais te présenter pour répondre de tout, en disant : « C’est moi le coupable ! »


Helmer.

Nora !


Nora.

Tu vas dire que je n’aurais pas accepté un pareil sacrifice. C’est vrai. Mais à quoi aurait servi mon affirmation à côté de la tienne. Eh bien ! c’était là le prodige que j’espérais avec terreur et pour l’éviter, je voulais mourir.


Helmer.

Nora, j’aurais travaillé avec plaisir pour toi jour et nuit, et j’aurais subi toutes espèces de privations et de peines, mais il n’y a personne qui offre son honneur pour l’être qu’il aime.


Nora.

Des milliers de femmes l’ont fait.


Helmer.

Oh ! Tu penses comme une enfant, et tu parles de même.


Nora.

Soit ! Mais tu ne penses pas, tu ne parles pas comme un homme que je puisse suivre. Une fois rassuré, non sur le danger qui me menaçait, sur celui que tu craignais, toi tu as tout oublié. Je suis redevenue ton oiseau chanteur, la poupée que tu étais disposé à porter dans tes bras comme avant et avec plus de précautions, puisque tu avais découvert que j’étais plus fragile. (Elle se lève.) Écoute, Torvald. À ce moment il m’a paru que j’avais vécu huit ans dans cette maison avec un étranger, et que j’avais eu de lui trois enfants. Ah ! je n’y veux pas penser. Cela me donne envie de me déchirer moi-même.


Helmer, sourdement.

Je le vois hélas ! je le vois. Il s’est ouvert entre nous un abîme, mais dis, Nora, ne peut-il se combler ?


Nora.

Telle que je suis maintenant, je ne puis pas être ta femme.


Helmer.

Je puis me transformer.


Nora.

Peut-être, si on t’enlève ta poupée.


Helmer.

Me séparer de toi ! de toi, non, non, Nora. Je ne puis me résigner à cette idée.


Nora, se dirigeant vers la porte de droite.

Raison de plus pour en finir.

Elle sort et revient avec son manteau, son chapeau et un petit sac de voyage qu’elle pose sur une chaise près du guéridon.

Helmer.

Nora, pas encore, pas encore. Attends demain.


Nora, mettant le manteau.

Je ne puis passer la nuit sous le toit d’un étranger.


Helmer.

Mais nous pouvons vivre par la suite comme des frères.


Nora, mettant son chapeau.

Tu sais bien que cela ne durerait pas longtemps. (Jetant le châle sur ses épaules.) Adieu, Torvald, je ne veux pas voir les enfants. Je sais qu’ils sont dans des mains meilleures que les miennes. Dans ma situation actuelle je ne puis pas être une mère pour eux.


Helmer.

Mais un jour, Nora, un jour ?


Nora.

Que te répondre ? J’ignore ce qu’il en sera de moi.


Helmer.

Mais, quoiqu’il en soit de toi, tu es ma femme.


Nora.

Écoute, Torvald, quand une femme abandonne le domicile conjugal comme je le fais maintenant, les lois, dit-on, affranchissent le mari de toute obligation envers elle. En tout cas, je t’en tiens quitte, il n’est pas juste que tu sois enchaîné quand je ne le suis pas. Pleine liberté pour tous les deux ! Tiens, voici ton anneau. Rends-moi le mien.


Helmer.

Cela aussi ?


Nora.

Oui.


Helmer.

Le voici.


Nora.

Merci. Maintenant tout est fini. Je te laisse les clefs. La femme de chambre est au courant de tout, mieux que moi. Demain, après mon départ, Christine viendra emballer tout ce que j’ai apporté ici. Je veux qu’on me l’envoie.


Helmer.

Tout est-il fini ! Tu ne veux donc plus penser à moi, jamais, Nora !


Nora.

Bien sûr, je penserai souvent à toi, et aux enfants, et à la maison.


Helmer.

Puis-je t’écrire ?


Nora.

Non, jamais, je te le défends.


Helmer.

Oh !… mais je puis t’envoyer…


Nora.

Rien, rien.


Helmer.

T’aider si tu en as besoin.


Nora.

Je te dis que non… Je n’accepte rien d’un étranger.


Helmer.

Nora, ne serai-je jamais plus pour toi qu’un étranger ?


Nora, prenant le sac de voyage.

Ah ! Torvald, il faudrait pour cela le plus grand des prodiges.


Helmer.

Lequel ?


Nora.

Il faudrait nous transformer tous deux au point… hélas ! Torvald, je ne crois plus aux prodiges.


Helmer.

Mais moi je veux y croire ! Dis, quel est ce prodige ?… Nous devons nous transformer tous deux au point que…


Nora.

Au point que notre union devienne un véritable mariage. Adieu !

Elle sort. On entend se fermer la porte de la rue.

Mon personnage le moins aimé :

Le personnage que j'ai le moins aimé dans cette pièce de théâtre est torvald, le mari de nora. Il fait tout pour donner l'image d'un homme parfait aux yeux de tous, mais en réalité ce n'est pas le cas. On pourrait croire que c'est le mari idéal mais il prend souvent sa femme pour une idiote qui n'a rien d'autre à faire que d'agir à ses ordres. il est désagreable avec sa femme et ne la respecte pas. Je n'aime pas son comportement.

Crise personnelle :

Dans cette pièce on peut parler de crise personnelle car Nora, le personnage principal, s'est enfermée dans une bulle depuis qu'elle est mariée à Torvald. En effet, cela fait huit longues années qu'elle exécute les ordres que ce dernier lui donne. Il la méprise avec de doux surnoms comme « ma petite alouette » ou « mon petit écureuil » pour donner l'impression d'un amour sincère, or il l'appelle souvent ainsi lorsqu'elle s'aventure un peu trop dans ses affaires. Elle se résout alors à écouter son mari sans se rendre compte qu'elle lui est soumise. Cette crise personnelle se résout avec la prise de conscience de Nora, lorsqu'elle réalise que depuis toujours elle a été traitée comme une poupée.

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Théâtre image :

J'ai décidé de prendre la photo de telle sorte que l'on comprenne bien la détermination de Nora. Pour ce faire, j'ai montré son élan pour son départ imminent avec un pas décidé avec des bottines pour montrer qu'elle s'est enfin retrouver et prête à trouver un avenir meilleur. Il est dit qu'elle se rhabille, alors le manteau ici montre qu'elle est sur le point de sortir de chez elle. Et enfin, le sac fait référence à ses affaires qu'elle a réuni pour s'en aller.