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Transcript

par adèle

Le Jeu de l'amour et du hasard

Présentation

Le Jeu de l'amour et du hasard est une comédie écrite par Marivaux. Elle fut jouée pour la première fois le 23 janvier 1730 à l'hôtel de Bourgogne. C'est la pièce de Marivaux la plus célèbre, tant en France qu'à l'étranger.

Monsieur Orgon souhaite fiancer sa fille Silvia. Celle-ci, inquiète de ne pas tomber sous le charme de Dorante à qui elle est destinée, demande à son père de se travestir en Lisette, sa servante, et que celle-ci prenne sa tenue. Ainsi, elle souhaite pouvoir mieux observer le comportement de Dorante. Son père, venant de recevoir une lettre indiquant que son futur gendre a eu la même idée que sa fille, accepte et se réjouit d'assister à ce jeu de rôle. Ce contexte laisse alors place à différentes formes de comiques, à une opposition des classes sociales, à l'apologie de l'amour sincère et naturel ainsi qu'au travestissement des sentiments de certains personnages.

Résumé

"Un mari porte un masque avec le monde et une grimace avec sa femme"

J’ai choisi cette citation car l’idée de masque m’intéresse. Silvia explique ici à Lisette que certains maris donnent une image d'eux en société qui est à l’opposé de celle qu’ils infligent à leurs proches : "Oui, fiez-vous-y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d'heure après pour faire place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l'effroi de toute une maison. Ergaste s'est marié ; sa femme, ses enfants, son domestique, ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu'il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n'est qu'un masque qu'il prend au sortir de chez lui. " Je pense que ce masque est universel, le mari n’est pas son seul usager. Cette phrase m’a interpelée car son apparente simplicité me semble en réalité cacher un aspect important du comportement humain. Si notre masque est différent selon notre environnement et les personnes qui nous entourent, alors quand sommes - nous réellement nous-même ? Ici se pose alors la question de l’identité d’un être, d’une personne qui ne semble alors ne pouvoir se définir qu’à travers la relation : relation à soi et à d’autres semblables ou identiques à soi. L’identité est-elle un masque ? Finalement le mari ne montre pas plus son identité devant sa femme qu’en société, il se contente de changer de masque. De plus, plusieurs philosophes, écrivains et même peintres ont déjà évoqué et étudié la notion de masque et d’identité , parmi eux Victor Hugo qui écrit : « Les hypocrites les plus doux sont les plus redoutables. Les masques de velours sont toujours noirs. » lorsque Sénèque pense que « Personne ne peut porter longtemps le masque ». De plus, René Magritte est connu pour ces portrait sans visage, sans identité ?

Crise personnelle

Le Jeu de l'amour et du hasard est une pièce qui met en scène une crise personnelle car plusieurs personnages (Silvia, Dorante, Arlequin et Lisette) sont confrontés à des dilemmes. L'obstacle à l'amour chez Marivaux, n'est pas extérieur mais réside dans l'amour propre des personnages. D’abord, Silvia et Dorante pensent trahir leur famille en tombant amoureux de ceux qu’ils prennent pour des servants. Ils sont confrontés au même dilemme et pourtant leurs réactions sont différentes. Silvia décident de nier ses sentiments par principes, elle ne peut pas imaginer se fiancer à un homme qui n’est pas de son rang social. Par suite d'un préjugé, d'un quiproquo, d'un malentendu, de déceptions antérieures, elle ne veut pas reconnaître qu'elle est amoureuse. Quant à Dorante, il choisit d’avouer et d’assumer son amour interdit au risque d’être renier par son père. Tout deux font un choix mais l’issue ne les comblent pas, ils sont dans la tourmente et tentent de raisonner selon leurs valeurs et leurs sentiments, ils finissent par se battre contre eux-même. Ensuite, Lisette et Arlequin sont moins attachés aux principes. Arlequin ne semble pas se préoccuper des conséquences et des jugements que pourraient entraîner ses fiançailles avec Lisette qu’il croit être Silvia. Quant à Lisette, elle est plus indécise car la situation lui impose de choisir entre sa fidélité envers ses maîtres et les sentiments qu’elle a développé pour Arlequin qu’elle croît être Dorante. Ces crises personnelles prennent fin lorsque les identités sont révélées. Elles forment une critique de la société car les principes qu’elle impose rendent impossible l’expression de certains sentiments. Finalement, leurs sentiments sincères les mènent vers la vérité. Les personnes qui s'aiment se retrouve malgrés les travestissements et finissent par haïr les personnes à qui ils croyaient être destinés : "Dis-moi qui tu aimes, je te dirai qui tu hais", Victor Hugo.

MONOLOGUE IMAGINAIRE Acte I Scène 11

Lisette.

1. formidable: qui inspire de l'effroi2. ennui: chagrin violent, désespoir3. amitié: forte affection; amour4. traverser: contrarier, s'opposer5. généreux: de race noble; courageux6. injure: injustice7. jaloux de : attaché à, désireux de8. appété aux dames : coureur9. succès: résultat bon ou mauvais10. énerver: ôter l'énergie, affaiblir11. accident: sort heureux ou malheureux12. hasard: danger13. imbécile: faible, sans force

- J’ai à parler à Monsieur Orgon. Mais si je lui avoue que pensera t-il de moi ? Je serai rejetée et de ma fidélité il commencera à douter. Cette image ne m’apporte que pensées formidables(1) et ennui(2). Mais je ne peux continuer à nier cette amitié(3). Mon ambition n’était pourtant pas de l’ordre de la séduction mais certains sentiments en ont décidé autrement. Mon rôle était simple, aider ma maîtresse à cerner son fiancé. J’ai échoué et Silvia se sentira trahie lorsque je lui aurai annoncé, je le comprends d’ici. Mon but n’était pourtant pas de la traverser(4). J’aime celui auquel elle est promise et par cet affront je me verrai démise. Si l’amour ne semblait pas réciproque je ne risquerai pas mon allégeance à mes maîtres. Là est le problème, la situation est toute autre. Je me dois d’accepter ces sentiments, si je ne le fais pas c’est à Dorante, un homme généreux(5), que sera faite l’injure(6). Si j’ose et m’expose, celui pour qui je me bats me percevra t-il autrement dans mon réel habillement ? Je suis jalouse de(7) la confiance que m’a démontrée Silvia en me prêtant son nom, à présent je la trahis en aimant à sa place. Je ne lui vole rien puisqu’elle ne le désire. Elle ne semble pas être tombée sous son charme et le voit comme un appété aux dames(8). Mon esprit est comblé, puis aussitôt torturé par ce succès(9). Cette situation m’énerve(10) et m’enlève ce que l’amour m’avait apporté. Je me sens imbécile(13) de subir ce que j’aie créé. Je n’aurais pu imaginer que ce déguisement provoque un tel accident(11). Il est maintenant trop tard, je découvre cet hasard(12). De ce fardeau je doit me délester . Ils ne se voient ni ne se comprennent. A présent je dois annuler ma peine.Allons parler à son père !