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Transcript

Améliorer son texte

oui mais comment ?

Un extrait du travail d'Audrey

Les trois sœurs Watkins ne tenaient plus en place, chacune d’entre elles s’imaginait déjà épouser le fils de Lord Handerson et ainsi bénéficier de toutes ses richesses. - Il faut absolument que je me trouve une tenue splendide qui plaira au fils Handerson dit l’ainée, qui était déjà en train de se diriger vers sa mère. - C’est moi qui aurai la plus belle robe ! dit la cadette en souriant à sa sœur. - Vous oubliez un détail chères sœurs, dit la troisième fille Watkins, le fils Handerson ne nous connait pas, alors nous devrions plutôt trouver une excuse pour nous rendre au château de Blenkinsop. Allons demander à notre mère d’organiser une promenade dans les bois alentours, nous pourrions faire semblant de nous être égarées. - En voilà une bonne idée ! répondirent ses deux sœurs. Les trois filles Watkins partirent alors demander à leur mère de faire une sortie dans les bois. - Mais vous n’y pensez pas, nous n’avons pas dîné et la nuit commence déjà à tomber. Nous pourrions en rediscuter demain. Au revoir Mrs Barrett, dit-elle à son invitée qui au même moment s’en allait. Merci pour cette visite et pour cette incroyable nouvelle. - Avec grand plaisir Mrs Watkins, merci pour le thé et bonne fin de journée. Au même moment, un bruit sourd retentit et toutes les personnes présentes dans la maison se précipitèrent dehors. Un jeune cavalier avait été désarçonné par son cheval, qui lui s’en allait au galop.

1. Ce que j'aime dans cet extrait

  • l'agitation, le bruit qui règne dans la scène,
  • l'omniprésence de Mrs Watkins, qui prouve que Telma a tout compris du personnage,
  • l'ambiance défilé de mode, la beauté des costumes et leur contraste de couleurs, la succession des descriptions.
On sent venir le coup de théâtre... Il y a un fort potentiel dans ce premier travail.

2. Ce que je voudrais...

  • corriger quelques phrases incomplètes dans la deuxième partie du texte,
  • enrichir le vocabulaire : retirer "détectable" et ces sons "aigus" que je trouve agressifs, "bellement" qui n'est vraiment pas très heureux, ajouter quelques adjectifs par ci par là...
  • remettre un peu d'ordre dans les informations sans retirer l'agitation ambiante,
  • accentuer le mouvement : utiliser l'espace (en haut, en bas, etc...),
  • accentuer également l'omniprésence de Mrs Watkins, grâce à l'emploi du "on" qui va mettre le lecteur en position d'invité dans l'histoire,
  • retirer les éléments africains des coiffures et leur donner une allure plus anglaise,
  • accentuer la découverte progressive des trois jeunes filles. Les magnifier encore. Créer un parallélisme pour mieux rompre ce parallélisme à la fin et mettre ainsi en valeur la benjamine.
Attention, j'ai fait un anachronisme (c'est-à-dire un défaut dans la réalité chronologique de l'histoire), j'ai parlé de "star de cinéma" à une époque où le cinéma n'existait pas. J'ai jugé que mon effet était plus important que ce détail. Mais normalement c'est compris comme une erreur. Note à Telma : Il va sans dire, Telma, que tu peux lire et t'en imprégner. Mais il faut impérativement ne pas y revenir au moment de procéder à tes corrections afin de t'approprier ta propre écriture. Tu me suis ? ;) C'est un exercice très difficile que de se libérer de ses modèles. Et je sais que je te tends un vrai piège en te proposaant une correction. Mais, quand tu sauras faire, tu seras une vraie Grande.

3. Le résultat après passage d'une fée

Huit coups annoncèrent le début du bal et déjà les familles se pressaient aux portes de Blenkinsop Castle. Mrs Watkins, surtout, s'affairait. On la voyait partout. Debout, retouchant une pince dans le dos. Accroupie, lissant ici le pli d'une robe ou essuyant là une nouvelle fois le cuir d'une chaussure pourtant impeccable. Portée par l'émotion de voir ses filles si élégamment vêtues, dont l'une était probablement promise au mariage tant espéré, sa voix de crécelle résonnait dans le hall. On pouvait ainsi profiter, malgré le brouhaha, de ses derniers conseils de posture, de marche, de politesse ou de timidité feinte. L'aînée, dans une longue robe de mousseline bleu marine prolongée d'une traine, marchait avec une distinction incomparable. Ses cheveux noirs coiffés sur le côté étaient délimités par une tresse. On eût dit une reine. La cadette, cintrée dans une longue robe de soie rouge sang, dont le bas évasé était terminé par une fine dentelle aussi raffinée que discrète, ondulait davantage. Ses cheveux châtains tombaient en une cascade de boucles qui encadraient son visage délicieusement rond et généreux. On eût dit une star de cinéma. La benjamine, enfin, dans une sobre robe de satin blanc surmontée d'une cape, s'avançait avec une innocence désarmante. Elle semblait marcher pieds nus tant elle avait de grâce naturelle. Ses cheveux blonds, souplement regroupés en chignon, soulignaient la candeur de son sourire. Sa beauté n'avait pas de nom.

3. Le résultat après passage d'une fée

Les trois sœurs Watkins ne tenaient plus en place. Chacune d’entre elles s’imaginait déjà épousant son Prince charmant. « Quelques bijoux de grande valeur, une jolie fourrure d’hermine, voilà ce qu’il me faut ! s’exclama aussitôt l’aînée. - Une tenue splendide, c’est là le plus important, voyons ! Mais où donc se trouve mon miroir ? », renchérit la cadette. Plus concrète et fort douée de sens pratique, la benjamine proposa plutôt d’organiser la rencontre. Ne pourraient-elles faire une promenade dans la forêt de Blenkinsop ? s’y égarer tout à fait par hasard ? Attendre que « quelqu’un » - et qui donc cela pourrait-il bien être en cet endroit du monde ? - ne leur apporte secours puis refuge ? De son côté, Mrs Watkins finissait de congédier poliment son invitée, tant elle était pressée de saisir cette incroyable opportunité de combler son espérance : marier une de ses filles à une des plus grandes fortunes d’Angleterre. Soudain, à l’extérieur du manoir, retentit un bruit sourd…

Un extrait du travail deTelma

Huit coups annoncèrent le début du bal, et déjà les familles se pressaient aux portes de Blenkinsop Castle. Parmi toutes ces familles, Mrs Watkins était détectable de loin grâce à sa voix qui portait, mêlée à l’émotion de voir ses filles si bellement vêtues, sa voix de plus en plus dans les aigus en donnant de derniers conseils de posture, marche, politesse… Puis lissant avec les mains les robes de ses filles, l’ainée une longue bleue marine en mousseline, accompagnée d’une traine. Elle avait pour coiffure les cheveux ramenés sur le côté, délimités par une tresse africaine. La cadette, une longue robe rouge sang en soie, munie de dentelle. Sa coiffure était simple : elle avait bouclé ses cheveux châtains qui tombaient en cascade sur ses épaules. La benjamine, une longue robe blanche simple en satin accompagnée d’une cape. Sa coiffure était composée d’une vingtaine de tresses africaines se regroupant en un chignon parfait.

1. Ce que j'aime dans cet extrait

Le gros potentiel d'amélioration. Merci, Audrey, parce que le fond y était mais, dans la forme, tu me permets vraiment de montrer tout le travail de la langue soutenue que je viens de poster sur le blog.

2. Ce que je voudrais...

  • épurer le propos : enlever tout ce qui n'est pas indispensable, transformer une bonne partie du dialogue en récit,
  • travailler avec la banque mots et améliorer le choix des verbes de parole (surlignés en gris)
  • faire un clin d’œil aux adultes, qui ont bien compris que le début imposé jouait avec la notion de "Prince charmant", en appelant les choses par leur nom mais en employant le sens figuré (en violet dans le texte),
  • affiner et rectifier, dans les paroles rapportées des ainées, la différence de personnalité affichée dans le début imposé (l'une le voulait riche, l'autre beau),
  • transformer une partie du discours direct en discours narrativisé puis en discours indirect libre (toute la réplique de la benjamine) pour montrer combien le discours indirect libre, ainsi mis en valeur, apporte de vivacité au récit quand on le maitrise (en vert dans mon texte) ,
  • ajouter un soupçon d'ironie (surligné),
  • travailler l'ordre dans la phrase (dernière phrase du texte) : compléments circonstanciels (en rouge), inversion du sujet (en bleu) ; vous pourrez voir comment de tous petits efforts d'écriture produisent de très gros effets.
Note à Audrey : Comme pour Telma, il faut que tu te libères de mes propositions. Va lire les leçons du blog, fais quelques exercices d'application après m'avoir lue. Et, seulement après, corrige ton texte, tu seras plus indépendante ainsi.

Je tente un coup de baguette magique sur deux extraits d'élèves....Suis l'ordre des numéros du texte pour découvrir ce qui s'est passé avec le texte de Telma, puis avec celui d'Audrey. Parfois un simple passage de souris ouvre une fenêtre, sinon, il faut cliquer.

Lorsqu'on a une bonne idée et un premier jet, il ne faut jamais s'en contenter...c'est un peu comme si Cendrillon s'était contentée de rester en haillons plutôt que d'avoir recours à sa fée marraine pour aller au bal ;)