Want to make creations as awesome as this one?

Transcript

L'analyse de la crise par les économistes

Cette crise exceptionnelle a non seulement obligé les hommes politiques à essayer de nouveaux remèdes, mais elle a aussi interrogé les économistes qui ont dû trouver des explications. Elles sont nombreuses et différentes selon les écoles de pensée

Pour les libéraux

Pour les marxistes

Cette crise apparaît comme du « pain béni », qui conforte l'analyse marxiste du capitalisme et annonce sa disparition prochaine.

Cette crise apparaît comme du « pain béni », qui conforte l'analyse marxiste du capitalisme et annonce sa disparition prochaine. Cette thèse va être défendue par E. Varga (au nom de la Ille Internationale) dans La Crise économique sociale et politique rédigée en 1934. Pour cette analyse il s'agit bien d'une crise de surproduction capitaliste (correspondant à l'analyse marxiste classique), mais son caractère exceptionnel tient au fait qu'elle se fait sur un fond de crise générale du système (dépression chronique en Grande-Bretagne, difficultés de l'économie allemande); dans cette crise le caractère monopoliste du capitalisme bloque les processus usuels de reprise. La crise doit donc favoriser le processus révolutionnaire conduisant à la fin du capitalisme, prophétie qui se révélera infondée pour les 40 années qui suivent. D’après A. Marcel, J. Taieb, Les crises économiques

Le problème des économistes libéraux c'est que cette crise donne de l'eau au moulin des détracteurs du capitalisme et des partisans de l'intervention de l'État, il leur faut donc que cette crise soit accidentelle.

Les premières analyses libérales sont présentées dans le livre de l'économiste anglais Robbins : La Grande Dépression 1929-1934. Pour lui la gravité de la crise est due au fait que les mécanismes de marché ont été entravés par les séquelles de l'économie de guerre que l'on n'a pas totalement démantelée, comme le développement de la négociation collective du crédit à la consommation. De plus, les années 1926-1929 ont été celles d'une politique monétaire trop expansionniste (bien que les prix aient baissé, ils auraient dû selon lui baisser plus). Il lui apparaît donc que seule la rigueur et les rétablissements des mécanismes de marché permettront de retrouver les voies de la prospérité. Le grippage des mécanismes de marché comme explication de la crise va être développé par Jacques Rueff à propos du marché du travail. Pour lui, le chômage et la poursuite de la crise sont liés à la rigidité des salaires à la baisse. Cette rigidité est liée au poids des syndicats, mais aussi à l'existence d'allocations de chômage qui empêchent l'ouvrier d'accepter des baisses de salaire. Les salaires baissent donc moins que les prix, ce qui détériore les profits des entreprises et les poussent à réduire l'investissement et la production et donc l'emploi. D'où le slogan « Allocation-chômage cause du chômage » et la thérapeutique reposant sur la baisse des salaires pour sortir de la crise. À côté de ces explications, l'analyse libérale la plus classique est celle qui lie la crise à de mauvaises politiques monétaires, c'est la thèse développée par M. Friedman à propos des États-Unis. Pour lui c'est la politique aberrante du système de réserve fédérale qui a transformé une crise ordinaire en crise catastrophique. En effet, le caractère dramatique de la crise est dû à la chute de la masse monétaire liée aux faillites bancaires mais aussi au fait que dans ce contexte les déposants accélèrent leur retrait, ce qui augmente encore la baisse de la masse monétaire. La FED aurait dû empêcher cette chute en intervenant plus activement. Cette analyse est discutable, elle suppose une efficacité des politiques monétaires et des autorités monétaires qui n'est pas assurée. En outre, on peut très bien interpréter la chute de la masse monétaire comme conséquence et non comme cause de la chute des revenus et de la crise. Des auteurs comme B. Bernanke (l'actuel président de la FED) mettent l'accent sur le rôle du crédit en expliquant que la baisse de la masse monétaire est due au fait que les faillites bancaires ont empêché certaines entreprises de trouver les crédits nécessaires, ce qui les a conduit à réduire leurs investissements et leur production, voire à déposer le bilan. D'après A. Marcel, J. Taieb, Les grandes crises

Pour les keynésiens

Dans une large mesure, la pensée économique de Keynes est née de la crise de 1929 ; son œuvre majeure, La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie est de 1936.

Dans une large mesure, la pensée économique de J. M. Keynes est née de la crise de 1929 ; son œuvre majeure, La théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie est de 1936, il est lui-même intervenu dans les années 1930 pour critiquer les politiques de déflation et proposer la relance. Son analyse, en prenant le contrepied de l'analyse libérale traditionnelle, va montrer que l'économie capitaliste n'est pas nécessairement stable et surtout que le libre jeu du marché peut conduire à une situation durable de sous-emploi où le chômage est involontaire et dû à une insuffisance de la demande qui n'a aucune raison de se combler spontanément. Pour Keynes, une baisse des salaires nominaux entraînerait immédiatement une baisse de la demande et donc de la production des entreprises et de l'emploi. Dans ce cadre théorique, une épargne trop importante et une consommation trop faible (liées à une mauvaise distribution des revenus, trop en faveur des riches qui épargnent beaucoup) peuvent très bien mener à une situation de dépression chronique du type de celle de 1929. Pour Keynes et les keynésiens une intervention de l'État est donc nécessaire en utilisant des politiques de relance et ils vont donc donner une justification théorique aux nouvelles politiques suivies. Cette relance passe avant tout par l'utilisation de l'arme budgétaire, en augmentant les dépenses et en laissant se creuser le déficit, de façon à injecter une demande supplémentaire dans l'économie ; elle doit s’accompagner d'une politique monétaire de taux d'intérêt faibles favorisant la création monétaire. De plus une action sur la distribution des revenus est jugée nécessaire pour stimuler la consommation et c'est le keynésien Beveridge qui sera à l'origine de la Sécurité sociale en Grande-Bretagne. Pour la plupart des keynésiens, l'utilisation des politiques de relance de façon plus systématique en 1929 aurait évité la crise, dont l'ampleur est pour eux due à des mauvaises politiques économiques (trop de déflation et pas assez de relance). Cette interprétation qui est devenue généralement admise dans les années 1960 est cependant discutée et on peut se demander si en fait ces politiques auraient suffi pour résoudre les problèmes. D’après A. Marcel, J. Taieb, Les crises économiques

Home

Milton Friedman

Karl Marx

John Maynard Keynes