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Gérôme représente le combat des gladiateurs à un moment crucial : Le vainqueur regarde la foule pour connaître le sort du gladiateur vaincu : - la vie, si la majorité a le pouce levé - la mort, si la majorité a le pouce baissé. Sa posture, le pied écrasant le cou du vaincu, le torse bombé, le visage tourné vers la foule montrent sa fierté. Le vainqueur est un mirmillon : c'est un gladiateur dit "lourd" : avec un équipement important. Il a souvent un poisson sur son casque. Cette scène a été inventée par Gérôme, mais ne représente pas la réalité historique : En fait, la foule ne mettait pas à mort les vaincus. Les gladiateurs étaient des sportifs, longuement entraînés, qui coûtaient cher à leur propriétaire. Si on pouvait les soigner pour qu'ils fassent d'autres combats, on les soignait. Ils n'étaient exécutés, en dehors de l'arène, que si le médecin considérait qu'ils étaient trop gravement blessés pour survivre.

Au second plan, ces femmes vêtues de blanc sont des Vestales : des prêtresses qui consacrent leur vie à la déesse Vesta et à l'entretien du feu sacré, qui symbolise Rome. Elles sont sacrées et elles ont des places au 1er rang pour tous les spectacles, par respect pour leur rang. Gérôme les représente déchaînées, réclamant la mort du gladiateur par leur pouce baissé, une attitude bien contraire à leur rang et au calme qui doit être le leur habituellement...

Au second plan, l'Empereur siège dans la loge impériale. Il est en train de manger et sa posture impassible, lasse, presque ennuyée, s'oppose à celle des Vestales et à celle du reste du public. Il est entouré de symboles impériaux, pour que le spectateur l'identifie rapidement : - Une couronne de lauriers dorée - La couleur rouge, plus précisément la pourpre, exclusivement réservée à l'Empereur et sa famille. - L'aigle : l'emblème de l'Empire romain, qui devient ensuite le symbole de l'Empire de Napoléon.

Jean-Léon Gérôme est un peintre et sculpteur français du XIXème siècle. Ses tableaux représentent essentiellement des scènes orientalistes (inspirées des pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord), mythologiques, historiques et religieuses. C'est l'un des peintres les plus connus du Second Empire. Après avoir connu un succès et une notoriété considérables de son vivant, son hostilité violente vis-à-vis des peintres avant-gardistes, et principalement des impressionnistes, le fait tomber dans l'oubli après sa mort. Son œuvre est redécouverte à la fin du XXème siècle. Gérôme appartient au courant dit "académique". Qu'est-ce qu'un courant (ou un mouvement) artistique ? Un mouvement artistique est un groupement d’artistes (peintres, sculpteurs, architectes, musiciens, auteurs…) qui partagent les mêmes idées, et qui ont un même projet esthétique (c’est à dire qu’ils partagent les mêmes goûts, qu'ils ont les mêmes idées et opinions sur la façon de créer). Chaque mouvement artistique correspond à une période historique. Gérôme appartient donc au courant académique :

  • intérêt pour le dessin plus que la couleur
  • travail en particulier sur les corps, sur le nu
  • imitation des anciens, des grandes œuvres classiques
  • imitation le plus possible de la nature.

Deux gladiateurs ont déjà été tués : la couleur de leur peau le montre symboliquement : ils sont grisâtres. De plus, ils ne sont plus déjà des hommes à part entière : ils sont devenus anonymes, on ne voit plus leur visage, tourné vers le sable ou caché par leur casque brillant.

Le gladiateur reconnaît sa défaite par un signe particulier : il lève les trois premiers doigts. Il s'agit d'un rétiaire, qu'on reconnaît facilement par son équipement particulier, tombé au sol, dans le sable : le trident et le filet.

Le tableau s'intitule Pollice verso : littéralement Le pouce tourné vers le bas. Jean-Léon Gérôme a réalisé cette huile sur toile en 1872. Elle est conservée par le Phoenix Art Museum, aux Etats-Unis. Il s'agit d'un moyen format puisque la toile mesure environ 1 mètre x 1,50 mètre. Ce tableau a inspiré plusieurs films et on raconte que c'est en voyant une copie de cette peinture exposée aux États-Unis que Ridley Scott a envisagé de réaliser un peplum : Gladiator. Pourquoi ce tableau est-il célèbre ? Il faut savoir que, au 19ème siècle, les connaissances sur l'Antiquité sont moins importantes qu'aujourd'hui. L'archéologie n'en est qu'à ses débuts, et on se contente des textes, parfois faussés, en particulier concernant les auteurs chrétiens, pour s'imaginer le mode de vie des Romains. Pendant longtemps, les combats des gladiateurs ont été présentés comme très violents, cruels et barbares, où des centaines d'hommes et d'animaux étaient tuées. Ce tableau est la parfaite illustration de l'image que l'on se fait des combats de gladiateurs à cette époque. On sait maintenant que ces combats ne se passaient pas exactement ainsi...

A l'arrière-plan, on peut voir le Colisée, rempli d'une foule de spectateurs. Tous attendent la fin du combat et semblent demander la mort du gladiateur vaincu. Pas de point de fuite, pas de ciel, le décor du Colisée remplit le tableau, comme dominant le groupe de gladiateurs.

Des rais de lumière, que filtrent le velum -sorte d'ancêtre du store banne qui permet aux spectateurs de profiter du spectacle sans souffrir du soleil- rythment le mur d'enceinte de l'arène. La couleur dorée de la lumière rappelle la couleur des casques des gladiateurs et guident le regard des spectateurs essentiellement vers les Vestales.

Gérôme n'en est pas à son premier essai : il a déjà représenté une première fois, en 1859, un combat de gladiateurs, dans le tableau Morituri te salutant, "Ceux qui vont mourir te saluent". Ce titre fait référence, à la soi-disant phrase prononcée par les gladiateurs avant le combat (Dans les faits, c'est inexact, encore une fois !) Ce tableau n'a pas rencontré le même succès, certainement pour plusieurs raisons : le moment choisi n'est pas le même : nous sommes au début du combat, alors que des esclaves enlèvent les cadavres du combat précédent. C'est un moment avec moins de tension. Les proportions ne sont pas les mêmes non plus : aucun gladiateur ne se distingue dans ce groupe resserré de gladiateurs, la foule est moins visible, comme lointaine, et on peut voir qu'une part importante du tableau est occupée par le velum et le ciel. En bref, on s'ennuie un peu en regardant ce tableau, comme l'Empereur, les Vestales et la foule...

Gladiateurs, entre légende et réalité...

Au cinéma : des combats violents, sanglants, sans règle, avec des acrobaties et qui durent très très longtemps.

Une reconstitution historique, beaucoup plus fidèle a la réalité historique, mais c'est moins palpitant !

Si tu veux aller un peu plus loin dans l'univers des gladiateurs :