Want to make creations as awesome as this one?

Transcript

Cliquez sur chacun des portraits pour découvrir les témoignages

Ils réagissent au plan annoncé par le gouvernement

« Trop d’incohérences et de flou »

«  Pas de surprise  »

«  Pas de réponse à long terme pour aider les entreprises  »

« Le déconfinement est un soulagement  »

« Je vais devoir travailler avec un masque »

« On en espérait davantage sur les aides »

« Il fallait généraliser le port du masque »

«  On va attendre le mois de juin  »

« On y vois plus clair »

« C’est une bonne nouvelle »

« Faire preuve de bon sens »

« Ce plan me va bien, il est pragmatique »

«  On table sur une clientèle locale »

« Nous verrons bien !»

Les transports en commun ont été abordés au même titre que les écoles ou les entreprises par le Premier ministre et avant ce discours Patrice Belvègue avait deux attentes en tant que coprésident de l’Association dauphinoise des usagers du train (Adut) : « J’attendais d’avoir des précisions sur le télétravail et les modalités pour prendre le train lors du déconfinement. Pour la première, j’ai été fixé mais j’espère surtout que les entreprises vont jouer le jeu du télétravail au maximum, ce qui réduira le nombre d’usagers obliger de prendre le train pour aller travailler. »Pour lui, si le déconfinement est en vigueur le 11 mai, « les trains ne devraient pas être bondés, les gens devraient toujours travailler de chez eux ». Avec les annonces de condamner un siège sur deux ou encore de laisser les transports en commun aux personnes allant travailler, Patrice Belvègue pense aux usagers.« Il va falloir faire preuve de bon sens. Ne pas s’asseoir les uns à côté des autres. La SNCF ne va pas condamner tous les sièges je pense, donc les voyageurs devront faire attention. Le port du masque, c’était obligatoire, mais encore faut-il que les usagers le portent bien », note-il avant de poursuivre. « Ce qui n’a pas été précisé, c’est surtout le comportement à aborder dans les gares par exemple. Comment se croiser dans les escaliers, sur les quais, etc. »Des points restent encore flous pour le coprésident de l’Association dauphinoise des usagers du train (Adut), comme le fait de réserver à l’avance son train pour respecter le nombre d’usager à l’intérieur, ce qui est « impossible pour le 11 mai sur les TER, car il n’y a pas de système pour réserver, explique-t-il.Quentin VILLAIN

À la sortie des écoles, c’est elle qui attend Clara et Nathan. Lydie Noraz est depuis cinq ans la nounou de ces deux petits Romanais âgés de bientôt 5 et 8 ans. Elle récupère à 16 h 30 quatre fois par semaine la fratrie et ses propres enfants Antoine et Lily-Rose. Alors avec le déconfinement, elle a déjà prévu son plan de bataille.« Ils passeront tous à la douche directement après l’école. On fera le goûter après », lâche cette énergique quadragénaire. « L’objectif : que personne ne contracte ce foutu virus ! », martèle la Drômoise. D’autant que le message est déjà bien passé avec ses propres enfants comme avec ceux qu’elle garde. « Les parents de Clara et Nathan ont géré cette période de confinement et les ont sensibilisés aux gestes barrière. Ils savent qu’ils devront garder leur distance avec moi, Antoine ou Lily Rose. Je suis persuadée que les enfants peuvent comprendre. Ces quarante jours ont permis à tout le monde de « s’éduquer à cela », souligne-t-elle.D’ailleurs, à l’heure des retrouvailles entre les quatre copains, Lydie a prévu d’initier tout le monde au « check avec le pied » pour se dire bonjour. Un moyen comme un autre de rire de cette situation sanitaire inédite. Reste à savoir si le 11 mai sonnera le retour des enfants à l’école à Romans. « On a compris que le déconfinement se fera par étapes et en fonction de l’épidémie sur le département. Nous verrons bien ! » conclut-elle un brin, philosophe.« Je regrette simplement que l’on n’autorise pas le port du masque pour les enfants en primaire. On devrait laisser le choix à leurs parents. C’est réconfortant et rassurant… » En attendant, c’est par téléphone qu’elle prend des nouvelles de « ses » petits qui languissent leur nounou et leurs copains…C.R.

Florence Long est présidente du conseil local de la FCPE, au lycée de l’Arc à Orange. Comme tous les parents d’élèves elle attendait avec impatience d’en savoir un peu plus quant au retour dans les établissements scolaires.« On y voit un peu plus clair quand même », explique-t-elle, soulagée. Depuis plusieurs jours les questions liées aux transports scolaires, à la cantine, au volontariat tournaient en boucle dans sa tête.« On est en lien avec le proviseur du lycée de l’Arc et on va attendre maintenant la fin du mois de mai pour voir le point d’étape. Déjà, de savoir que les enfants vont rentrer à des dates différentes est rassurant. Il me semble que ce sont les plus jeunes qui ont le plus souffert de l’enseignement à distance, c’est normal que ce soit eux qui retournent en cours en premier », poursuit Florence Long. Qui a aussi bien conscience que cela correspond à la tranche d’âge qui ne peut pas encore se garder toute seule à la maison.« Les syndicats de parents d’élèves restent quand même mobilisés dans les établissements scolaires pour surveiller quelles décisions seront prises. L’évolution de la crise sanitaire peut aussi encore faire changer les dates ». Sans compter que le retour à l’école ne se fera que sur volontariat.« Avant l’allocution, de nombreux parents étaient fermes et ne voulaient remettre leurs enfants à l’école. Je ne sais pas dans quelle mesure ce qui a été annoncé peut faire changer d’avis ».

« J’aurai préféré retourner en cours, avec un apprentissage mieux dispensé. On va attendre de voir d’ici le mois de juin si on peut retrouver nos salles de classe », regrette Thomas Saffer, élève de terminale ES au lycée de l’Oiselet, à Bourgoin-Jallieu. « Certains ont des problèmes de connexions ou des environnements familiaux compliqués. Moi j’arrive à suivre mais ce n’est pas simple pour toutes les matières. » Néanmoins, le lycéen de 17 ans, reconnaît qu’une reprise aurait été compliquée.« Nous sommes plus de 2 000 en comptant les élèves, les enseignants et le personnel. Les gestes barrières ou les distances de sécurité n’auraient pas été facilement tenables », pense-t-il. En entendant parler de quelques élèves par classe, et pas en primaire par exemple, il a cette interrogation : « Comment seront choisis ces élèves au lycée ? Avec quels critères ? Ces interrogations peuvent se poser si les classes sont limitées. »Des lycéens peuvent être inquiets pour le bac, pas Thomas : « Je ne me faisais pas trop de soucis pour avoir mon bac avec l’examen final. Avec le contrôle continu, ça devrait aller aussi. Dans la classe, on se demande surtout comment va être noté notre 3e trimestre. Certains travaux à la maison vont compter, d’autres non, et une note pour l’assiduité doit être donnée. Le problème de cette note, c’est que tous les élèves ne peuvent pas suivre de la même manière les cours avec des problèmes informatiques par exemple », conclut-il.

Chef du service neurologie à Montélimar (Drôme), le Dr Cherif Héroum reste perplexe suite aux annonces du Premier ministre. Sur la question des masques d’abord : « Il aurait fallu généraliser le port du masque », estime le médecin, et pas le réserver aux transports en commun.Il est convaincu que la population a pris conscience qu’il « est naturel de se protéger » au même titre qu’elle est désormais « conditionnée au lavage des mains et à la distanciation sanitaire », comme on le constate déjà dans les grandes surfaces.Par ailleurs, il juge « scandaleux » que la distribution des masques ne soit pas financée par l’État alors que, dans le même temps, le gouvernement « dégage des milliards pour de grandes entreprises ». Allusion à l’aide de 7 milliards d’euros apportée à Air France.« Des réserves sur la capacité à tester »Autre « réserve » du neurologue drômois, elle concerne la capacité de la France à tester la population dans les proportions annoncées par Édouard Philippe dès le 11 mai. « Le niveau de prestation me paraît élevé, dit-il, [alors que] l’approvisionnement en réactifs est l’un des maillons faibles du moment ». Les réactifs sont ces produits qui permettent d’identifier la présence du virus, or ils sont recherchés par tous les pays du monde.Au contraire, le praticien applaudit le déconfinement différencié des départements en fonction du degré de contamination et ne serait pas surpris que la région Auvergne Rhône Alpes, « ni sous-impactée, ni touchée comme le Nord-Est », fasse l’objet d’une vigilance.Plus largement, le Dr Héroum veut croire que la gestion de cette crise, qui a selon lui révélé les « limites de l’hyper-centralisation », aboutira « à une décentralisation opérationnelle des décisions » de l’État, mettant davantage à contribution les échelons régionaux, départementaux et municipaux sous la houlette des préfets.C’était dans un sens un peu le propos du Premier ministre devant l’Assemblée nationale hier…Joël AUDRAN

« On s’attendait à pouvoir rouvrir le 11 mai et c’est une bonne nouvelle. Je pense quand même que tout le monde a bien compris que ce n’était pas terminé et que les clients feront attention. »Lise-Marie Dolenc est libraire chez Passerelles à Vienne en Isère. Avec l’autre gérante, elles ont mis en place un drive et comptent bien continuer d’utiliser cette méthode malgré l’annonce de réouverture des commerces par le Premier ministre : « On va ouvrir normalement le matin de 9h30 à 13h30 du mardi au vendredi à partir du 12 mai et jusqu’au 31 mai dans un premier temps. On continuera le drive l’après-midi car ça marche très bien. On sera également ouvert le samedi toute la journée. » Une nouvelle organisation donc qui passera aussi par les masques et les gestes barrières : « Notre magasin est assez grand on va pouvoir accueillir dix personnes à la fois. On mettra des masques à disposition des clients qui n’en ont pas mais on compte sur les gens quand même pour bien jouer le jeu. On a aussi ce qu’il faut comme vitres de protection. » Tous les salariés ne reprendront pas le 11 mai : « On va reprendre progressivement et s’adapter, c’est le bon côté d’être indépendantes. On est contentes mais inquiètes de voir comment ça va se passer ». La chaîne du livre va aussi doucement se remettre en marche : « Pour l’instant on ne pouvait que livrer nos stocks, là on va pouvoir de nouveau commander aux éditeurs. Et si Amazon peut rester un peu fermé c’est encore mieux pour nous. »L.P.

« Ce n’est pas une demi-reprise qui va nous sortir du quasi-effondrement guettant certains commerces. »Dans la présentation du Premier ministre, l’opticien Florian Louveau, président de l’association des commerçants d’Aix-les-Bains (Savoie), en espérait davantage « sur les aides que nous pourrons continuer à recevoir ». Car derrière les vitrines de la cité thermale, « certaines situations sont très tendues, » partagées entre recours à l’emprunt garanti et dépôt de bilan qui guette.« À part le chômage partiel qui fonctionne bien, l’accès aux aides, comme celle des 1 500 euros, est déjà compliqué. Et sur ce point, le Premier ministre n’a pas donné de dates. »Rouvrir maintenant, mais avec quelles perspectives ? « Après le 11 mai, il va falloir se préparer à travailler avec des protocoles sanitaires stricts, dit-il, pour respecter la loi, comme pour rassurer les clients. Le syndicat des opticiens a déjà rédigé un guide de 35 pages sur les actions à respecter. » Encore faudra-t-il que la clientèle revienne. « Notre activité de commerçants est liée au local comme au tourisme. Nous avons imaginé pas mal d’opérations (bons cadeaux, drive…) pour développer cet aspect local. On espère que les gens vont se tourner davantage vers le commerce de proximité qu’auparavant… »P.-E.B.

Le 14 mars dernier, Jean-Pierre Nicolas était sur les rives de la rivière Auzène, entre Saint-Julien-du-Gua et Saint-Sauveur-de-Montagut, en Ardèche, pour l’ouverture annuelle de la pêche, sa passion favorite.À 89 ans, bon pied, bon œil, bénévole à l’association locale La Loche depuis plus de 30 ans, à Privas, et cycliste invétéré, il ne s’attendait manifestement pas à ce que quelques jours plus tard soient décrétées les mesures de confinement liées au Covid-19.« Ce fut compliqué et contraignant, oui et non », dit-il. « Nous vivons en appartement avec mon épouse et il me manque le vélo, la pêche et mon jardin qui est aux Ollières-sur-Eyrieux. Après, je m’impose chaque jour une promenade d’une heure sur les hauteurs du Montoulon, à Privas, pour garder la forme. Je n’ai pas spécialement peur mais ce qui m’effraie, ce sont les connaissances qui sont décédées du virus ou tombées malades. Je reste prudent ».Suite aux annonces du Premier ministre hier après-midi, il ne cache pas son contentement : « Ça va être un soulagement. Déjà, avec des copains, on a envisagé de reprendre nos cannes à pêche. On ira sans doute sur le plateau ardéchois, sur les bords de la Loire. Et puis, j’ai envie d’enfourcher à nouveau mon vélo pour escalader la vallée du Mézayon et pousser jusqu’au col de la Fayolle ou à Mézilhac, si j’ai les jambes. Je ne serai hélas pas sur L’Ardéchoise que j’ai courue à 15 reprises. Tout cela me manque ».Cependant, au-delà de ces aspects ludiques et divertissants, Jean-Pierre Nicolas tient à retenir une leçon de cette période de confinement : « Ce qui m’a surpris et m’a fait plaisir à la fois, ce sont les mouvements de solidarité qui se sont manifestés auprès des personnels soignants de nos hôpitaux et de nos Ehpad. C’est le plus beau métier du monde et ils sont malgré tout les sous-gradés de la vie courante. Et subitement, on s’est mis à découvrir qu’ils avaient un rôle majeur dans notre quotidien. Il y aura des choses à retenir et à se rappeler. »Michel LOUIS

C’est officiel : depuis deux semaines. Il n’y aura pas de huitième édition de l’Outdoormix Festival, Covid-19 oblige. Alexandre Besseau, co-directeur de l’événement qui se déroule normalement à Embrun (Hautes-Alpes), s’il salue la performance de l’homme et son discours responsable, n’en regrette pas moins certaines incohérences.« Pour moi, le flou demeure pour un grand nombre d’acteurs économiques qui ne savent pas trop où ils vont et à qui on refuse des crédits pour pouvoir survivre. Je m’inquiète pour les terrasses, les restos et pour les confrères de l’événementiel qui ont fait le choix courageux de reporter leur manifestation sur une période de septembre qui semble toujours aussi bâtarde. On risque de voir un an de dates concentré sur un seul mois. Sans compter qu’il y aura sans doute une limitation des distances autorisées pour pouvoir se rendre sur un de ces lieux. Et puis, le mois de septembre ce n’est pas le mois de juin, de juillet ou d’août, il n’y a pas la même disponibilité des Français ».Au final, Alexandre Besseau se félicite aujourd’hui d’avoir fait le choix d’annuler pour ne pas avoir à vivre avec son équipe une angoisse permanente jusqu’à septembre, sans même savoir si l’organisation à cette époque serait possible. Un report qui n’aurait sans doute abouti, au mieux, qu’à un demi-succès.

« J’ai trouvé qu’il n’y avait pas beaucoup de nouvelles annonces », lâche d’entrée Jean-Marc Behm. À la tête de la société de communication Jour 8, et président de l’association d’entreprises Carpensud, à Carpentras (Vaucluse), Jean-Marc Behm relève qu’Edouard Philippe a mentionné, à plusieurs reprises, les collectivités et les préfets, pour mettre en place la sortie de confinement.« C’est extrêmement important car ils sont à l’écoute et connaissent le terrain. » Sur le plan économique, le Carpentrassien note que « demeure la problématique du tourisme et de la culture, deux domaines qui ne vont pas se relancer de suite. L’annulation du Festival d’Avignon par exemple impacte de nombreux secteurs. »« Une seconde vague serait une catastrophe »L’association Carpensud regroupe 135 TPE et PME spécialisées dans des domaines divers. « Nous avons tous les cas de figure, certaines sont à l’arrêt, d’autres ont mis en place le télétravail… » Sur le territoire vauclusien, Jean-Marc Behm souligne « l’adaptabilité » et la « capacité d’imagination » des chefs d’entreprise qui sont « une force ».Il relève par exemple la mise en place de système de livraison par les restaurateurs et les producteurs locaux, ou l’initiative de la fablab La Gare numérique de Carpentras, qui a activé son réseau pour la création de visières et d’ouvre-portes destinés au personnel de santé. « Les consommateurs favorisent les circuits courts, ce qui permet aux entreprises de conserver une petite trésorerie. Cela, il faut le garder après la crise », martèle Jean-Marc Behm, favorable depuis longtemps à une stratégie économique de territoire plus globale, à l’échelle du département plus que d’une ville.Mais la préoccupation principale des entrepreneurs, c’est l’après. Un point qui n’a pas été évoqué par Edouard Philippe souligne Jean-Marc Behm.« Un certain nombre de mesures ont été mises en place, mais la question se pose sur le long terme, d’ici huit mois ou un an. Les aides vont s’arrêter, les sociétés auront-elles les moyens de se relancer ? Les vraies difficultés vont apparaître après l’été, en fonction de la saison ou plutôt de la non saison, car notre département je le répète, vit en partie du tourisme. »Pour Jean-Marc Behm, un premier bilan pour les entreprises pourra être établi à l’automne. Tout cela bien sûr en gardant un œil sur la situation sanitaire du département. « S’il y avait une seconde vague, ce serait une catastrophe économique et humaine »Sophie MOREAU

« On est toujours dans l’expectative ! », s’exclamait Olivier Greber, président de la Compagnie des guides de Chamonix, ce mardi soir. Celle-ci doit fêter ses 200 ans l’an prochain et compte près de 190 guides de haute montagne et 60 accompagnateurs de moyenne montagne. Le discours d’Édouard Philippe, quoi qu’assez précis sur de nombreux points, n’a pas franchement clarifié les choses pour le milieu du tourisme et des loisirs. Et d’ailleurs, le Premier ministre avait prévenu en introduction : ce n’est pas encore le moment.À la compagnie, le personnel au chômage technique ronge son frein et la direction s’organise à minima pour la suite. « On a très peu de nouvelles réservations et beaucoup d’annulations, notamment des étrangers. On a remis en avant des produits plus locaux autour de la randonnée comme le tour des Fiz ou le tour des Aiguilles rouges, raconte celui qui est entré dans la compagnie en 1991. Le tour du mont Blanc où il faut passer par l’Italie et la Suisse n’est pas à l’ordre du jour… On table sur une clientèle très locale vu que les déplacements entre régions sont pour l’instant compromis. »L’autre nœud du problème, ce sont les refuges, soumis au régime des hôtels. Vont-ils pouvoir ouvrir ?« Si la clientèle vient d’ailleurs, elle devra bien se loger, rappelle-t-il. On a quand même la chance à Chamonix de compter de nombreuses courses possibles à la journée grâce aux remontées mécaniques. »Le mont Blanc, produit phare, est notamment conditionné à l’ouverture des refuges de sa voie normale. En attendant, l’activité sportive individuelle devrait être autorisée en fonction des départements.« Les guides vont au moins pouvoir reprendre l’entraînement en vue de cet été », suggère Olivier Greber. Pour les activités de montagne plus à risque, le président pense que le préfet précisera bientôt les bonnes pratiques notamment en repoussant celles-ci à une période ultérieure.Maëlle LE DRU

Pierre Bechet est maire de la commune de Rumilly en Haute-Savoie (16 000 habitants). Il ne s’est pas représenté à la mairie pour effectuer un 3e mandat mais doit rester en fonction jusqu’aux prochaines élections municipales. « Le Premier ministre m’a surpris par la précision de son discours. Globalement, ce plan de déconfinement me va bien ». Deux notions ont particulièrement plu au maire : la progressivité et la territorialisation au niveau du département. « Cela permettra d’être beaucoup plus opérationnel. Le déconfinement ne peut pas être le même d’un département à l’autre au regard des situations sanitaires souvent très différentes ». Pierre Bechet apprécie aussi que le gouvernement s’appuie sur des indicateurs précis pour prendre ses décisions et définir le cadre général. « J’approuve le côté pragmatique de la méthode. Comme, par exemple, faire un point toutes les trois semaines en fonction de l’évolution de la situation. » Mais le fait de trop s’appuyer sur les collectivités locales a son revers selon le maire. « Il ne faut pas tomber dans ce travers – que les maires connaissent bien — et qui consisterait pour l’État à se reposer sur les collectivités… quand il ne sait plus comment faire. » L’élu revendique que les communes soient associées aux prises de décisions et ne comprend pas pourquoi on ne leur laisse pas plus de liberté notamment pour rendre obligatoire le port du masque. « Je suis tenté aujourd’hui de me rapprocher du préfet pour prendre un arrêté qui va dans ce sens ». Le maire devra aussi gérer la rentrée scolaire. « 15 élèves par classe, cela doit être viable d’autant plus que tous les parents n’enverront pas leurs enfants à l’école ». Il étudie la possibilité d’ouvrir des accueils périscolaires sécurisés pour les enfants qui ne pourraient pas suivre les cours si la classe est complète. Et permettre ainsi aux parents d'aller travailler. « La question se pose de savoir comment seront « triés » les enfants mais ça c’est de la responsabilité de l’Éducation nationale ». Dominique CHEUL

Cela fait près de quinze ans que Gwenaëlle Ginet travaille dans les crèches du nord de la Drôme. Son quotidien : vivre au rythme des tout-petits âgés de moins de 3 ans. Les couches, le biberon, les dodos, les chagrins, les rires aussi, les premiers pas et les repas partagés sur de toutes petites tables font partie de son univers.« On a bien compris que nous devrions reprendre le 11 seulement si notre territoire fait partie des départements à moindre risque. J’ai compris aussi que je vais devoir travailler avec un masque toute la journée », explique l’auxiliaire de puériculture.« Je m’interroge sur la mise en pratique des mesures annoncées. Se laver les mains ? On ne fait que ça en tant que personnel de la petite enfance. Nous sommes tout le temps au contact, en face-à-face avec l’enfant. Ce n’est pas possible de ne pas le toucher. Cela fait partie de notre métier. Ma crainte, ce serait plutôt le retour chez moi, à la maison, où j’ai deux enfants et mon père âgé de 70 ans ».Gwenaëlle attend désormais d’en savoir un peu plus sur l’organisation de la crèche Couleur Grenadine de Pont-de-l’Isère où elle exerce son travail.« Nous accueillons 20 enfants par jour. Comment va-t-on passer à 10 comme demandé par le Premier ministre ? », s’interroge-t-il. Professionnelle et passionnée, la Drômoise s’adaptera aux consignes et fera le mieux possible, « dans l’intérêt des enfants ». Car c’est ça, selon elle qui doit primer.Carole RAYNAUD

Il n’a pas vraiment été étonné. « Tout a été très consensuel, et on n’a pas appris grand-chose de nouveau » estime Lionel Bernard, enseignant de CE2 de l’agglomération grenobloise. Édouard Philippe a bien contredit quelques dates envisagées mardi dernier par son ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, mais « sur le fond, on s’attendait à tout ça » résume l’enseignant.« La seule inconnue, ce sont les modalités d’application, et il faudra surveiller ça de très près ». Car, estime-t-il, « le gouvernement ne tient pas compte de la réalité du terrain : faire des classes à 15 élèves, ce ne sera pas possible partout. Il faut des écoles suffisamment grandes pour dédoubler les salles. Ou alors il faudra diviser le temps d’enseignement par deux, que certains élèves viennent le matin et d’autres l’après-midi ? On ne sait pas comment tout cela va s’organiser, il n’a pas été précis là-dessus. Pareil pour la cantine, ou pour les récrés : on va faire comment ? ». Ces contingences matérielles devraient être abordées « entre le 4 et le 11 mai, quand les inspecteurs d’académie vont se pencher dessus. Ils vont avoir du boulot ! ».Un intérêt limité ?Comme beaucoup d’enseignants, Lionel Bernard n’est en tout cas « pas rassuré » par cette rentrée le 11 mai. « Certains collègues ont des fragilités, et cette question des risques est dans toutes les têtes. Beaucoup de parents sont inquiets, eux aussi. Les gestes barrières en primaire, personnellement je n’y crois pas ! Cette organisation va être très compliquée, pour parvenir à assurer la sécurité sanitaire de tous. Et encore, dans mon école, c’est plus facile, mais dans certains secteurs, certains quartiers, ce sera bien plus délicat ».En matière de pédagogie, l’enseignant est également sceptique sur l’intérêt de ces dernières semaines de classe : « Selon moi ça ne changera rien. L’année est acquise. Comme l’a dit le ministre, l’essentiel était de garder le contact entre élèves et école, de ne pas casser le lien. Mais du côté du programme, on avait fait l’essentiel. La décision est surtout économique… ».Reste l’aspect social de cette reprise. Là, Lionel Bernard admet que « cela va aider certaines familles, et certains enfants. Car des disparités existent, et elles ont été visibles pendant ce confinement. J’étais en lien avec eux : certains enfants n’ont rien fait, ont décroché, alors que d’autres étaient boostés par la situation. Les premiers auront besoin de nous ».Des élèves, il en a d’ailleurs croisés cette semaine, venus récupérer des livres. « Oui, ils sont contents de retrouver bientôt leurs copains. Mais ils étaient aussi contents de profiter de leurs parents ! Ils ont pris des habitudes : la rentrée ne va pas être facile ». En effet…Isabelle CALENDRE