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LECTURED'IMAGES

Précision

Lors de ce diaporama, pour passer à la diapo suivante, ou revenir en arrière, vous pouvez :- utiliser les flèches à droite de la diapo.- utiliser les flèches de déplacement du clavier.Si vous apercevez, en haut à droite ce petit logo cela signifie que la diapo comporte des éléments interactifs (souvent une photo ou une icône), déplacez alors votre souris sur ces éléments, le curseur se transformera en main et l'animation se lancera soit automatiquement, soit en cliquant. Il peut y avoir plusieurs éléments interactifs.

Qu'est ce qu'une bonne photo ?

Cela ne s'explique pas. Pourquoi aime-t-on plus un plat qu'un autre, pourquoi préfère-t-on un style de musique à un autre. Il ne faut pas chercher à tout expliquer. Ce qui est important, c'est le ressenti, l'histoire que ça nous raconte, à quoi ça nous ramène. Souvent, lors d'atelier de lecture d'images, quand on demande aux participants de choisir une photo qui leur plaît et d'argumenter, ils commencent par "J'ai choisi cette image parce que ça me rappelle…"

Qu'est ce qu'une bonne photo ?

Tout dépend aussi du contexte : contexte personnel (dans quel état d'esprit est-on lorsqu'on regarde la photo ?) et contexte de présentation de l'image (les autres images qui l'entourent).Sur ce dernier point, l'effet Koulechov est un exemple très parlant.

L'effet Koulechov

Cette expérience, imaginée par le réalisateur soviétique Lev Koulechov, montre que le fait d'associer des images différentes à une même image peut changer totalement le sens de la première image.

La même image, de l'acteur Ivan Mosjoukine, vient se positionner face à l'image d'un mort, puis à celle d'une assiette de soupe et enfin à celle d'une femme allongée sur un sofa. Du fait de la juxtaposition des deux images, le visage pourtant impassible de l'acteur, exprime respectivement la tristesse, la faim et le désir.

Qu'est ce qui fait une bonne image ?

L'appareil photo ?

Non évidemment. On fait de bonnes photos avec des tablettes, des téléphones etc… Il est difficile maintenant, de faire la différence entre argentique et numérique quand on voit un tirage. D'ailleurs de nouvelles modes consistent revenir aux procédés anciens, mais il ne faut pas non plus le présenter comme un gage de qualité, ce n'est pas une fin en soi. On peut faire un parallèle avec la musique : quand on aime un morceau, on ne s'intéresse pas au modèle ou à la marque des instruments. Certes, un musicien préfèrera jouer sur tel ou tel instrument, mais la personne qui écoute ne verra pas la différence. L'important est le résultat. Il n'y a pas, non plus, de honte à trafiquer son image avec des logiciels. En revanche, les manipulations doivent être un moyen et pas une fin. Le traitement appliqué ne doit pas être le sujet.

Qu'est ce qui fait une bonne image ?

Le sujet ?

Non plus. Un grand photographe, Garry Winogrand a dit "L'important n'est pas la chose que l'on photographie, mais de quoi cette chose a l'air une fois photographiée". On peut aimer les chats et pas les araignées (ou l'inverse mais c'est plus rare !). Mais on voit plus de bonnes photos d'araignées que de chats dans des expos, des concours, sur des forums. Ce n'est pas le sujet qu'on juge.

"Faire une bonne photo, c'est rendre extraordinaire un moment ordinaire" (Henri Cartier-Bresson.)

Qu'est ce qui fait une bonne image ?

La lumière ?

Bien sûr. Puisque photographier c'est "écrire avec la lumière", cette dernière revêt une importance capitale.Cela ne veut pas dire qu'il faut qu'il fasse toujours soleil pour avoir une bonne photo, mais il faut que la lumière soit adaptée à ce qu'on veut faire passer. Elle permet de rendre une ambiance gaie ou triste, des points lumineux vont attirer l'œil et guider la lecture de l'image.

Qu'est ce qui fait une bonne image ?

La composition ?

Évidemment ! Tout d'abord un petit exercice.L'escalier ci-dessous monte-t-il ou descend-t-il ?

Si vous avez répondu "ça dépend"… bravo ! Mais dans notre civilisation occidentale, nous lisons de gauche à droite et beaucoup de personnes auront dit "il monte". Notre regard entre inconsciemment par le coin en haut à gauche d'une image et se dirigera ensuite en fonction de lignes plus ou moins apparentes sur la photo, ou sera attiré par des zones lumineuses. Il faut tenir compte de cette composante pour faire en sorte que l’œil du spectateur circule bien dans l'image. Nous verrons quelques exemples plus tard.

Qu'est ce qui fait une bonne image ?

La composition.

Un élèment important de la composition est la célèbre règle des tiers : des lignes divisant l'image en trois sont tracées horizontalement et verticalement, elles indiquent les lignes de force de l'image et leurs intersections en sont les points forts.

Qu'est ce qui fait une bonne image ?

La composition.

Un autre élèment à prendre en compte est l'importance des divers plans : une succession de plans (premier plan, sujet, arrière-plan, par exemple) va donner plus d'impact à l'image, va permettre de situer la scène, de placer l'image dans un contexte, de faire circuler le regard, de l'empêcher de sortir de l'image.Voici une photo de Sébastiao Salgado.

Sans premier plan :

Sans arrière-plan :

Qu'est ce qui fait une bonne image ?

L'instant décisif

Saisir le bon moment, ce fameux instant décisif, c'est aussi ça qui fera toute la différence entre une photo banale et "la" photo. Cet instant décisif, cher à Henri Cartier-Bresson guide le travail de nombreux photographes, encore à l'heure actuelle. Pour exemples, nous allons voir deux photos de Steve McCurry, le célèbre photographe connu pour son portrait de la jeune afghane.

Qu'est ce qui fait une bonne image ?

L'instant décisif

Photo : Steve McCurry.

Juste au moment où les pieds du personnage montant les escaliers ne touchent pas le sol, comme s'il était en suspension.

À noter que la règle des tiers est respectée à la perfection. Le visage du personnage est sur un point fort, sa jambe droite et son médaillon sur une ligne de force, les jambes de celui qui monte les escaliers sont aussi sur une ligne de force, le bout de son pied sur un point fort.

Qu'est ce qui fait une bonne image ?

L'instant décisif

Photo : Steve McCurry.

Pas la peine de faire de grand discours pour démonter l'importance de l'instant décisif sur cette image.

Ici aussi, la règle des tiers est parfaitement respectée. L'épaule du personnage au premier plan finit sur la ligne de tiers gauche. Le moine qui est contre le mur est sur la ligne de tiers haute, et sa main gauche, sur la ligne de tiers droite.. Le groupe de moines assis est inclus dans le tiers central.

Mais l'importance des plans est aussi frappante. Voyez ce que donnerait la photo sans arrière plan.

Et voyez ce qu'elle donnerait sans premier plan. Et pourtant, bon nombre d'entre nous, au moment de faire la prise de vue, auraient attendu de n'avoir plus personne devant l'objectif pour faire la photo. Or cette image en deviendrait alors presque banale.

Qu'est ce qui fait une bonne image ?

La conjonction de tous ces critères

Nous venons de le voir avec les photos de Steve McCurry, si on réussit à conjuguer lumière, instant décisif, règle des tiers, échelonnement de plans, on obtient des images marquantes.Terminons avec l'analyse d'un autre image qui respecte ces critères.Il s'agit d'une photo de Willy Ronis : Rose Zehner lors des grèves aux usines Citroën en mars 1938.

Les plans et la règle des tiers : Le premier plan comprend des protagonistes de dos, notamment la femme au manteau noir, la plus présente dans cette masse sombre… elle se situe au premier tiers vertical, la ligne de ses épaules coïncide avec une ligne de tiers. Le deuxième concerne Rose Zehner qui harangue les ouvrières. Elle est exactement située dans une zone délimitée par les lignes de tiers. L'arrière-plan composé du reste des ouvrières, de face, mais aussi du décor (tuyaux, murs bruts…) qui permet de contextualiser la scène… nous sommes dans un décor industriel, une usine. Le tuyau de l'arrière-plan est situé pile sur une ligne de tiers.

Le sens de lecture : Le regard entre habituellement dans l'image en haut à gauche. Il est guidé par le premier tuyau. Arrivé au milieu de l'image, il est attiré par cette lueur qui tombe du puits de lumière et est ainsi conduit au sujet principal, Rose Zehner, également située dans une zone plus lumineuse La direction de son regard et le mouvement de son bras vont inciter l'œil du spectateur à poursuivre vers la droite, tout en longeant le tuyau d'arrière-plan. Avant que le regard ne sorte de l'image, il est attiré, juste en dessous par l'autre zone plus claire, plus lumineuse que représente l'ouvrière à droite. Cette dernière regarde le personnage principal vers lequel nous sommes redirigés. Par cet échange de regard entre ces deux principales protagonistes, il s'instaure un dialogue qui fait que notre œil circule dans l'image et n'en sort pas. Et si nous étions tentés d'en sortir par le haut ou la gauche, notre regard est "bloqué" par des masses sombres (le toit en haut, les personnes habillées en sombre en bas à gauche… d'où l'importance de ce premier plan).

L'instant décisif : Le photographe a choisi cette photo, pour les raisons évoquées ci-dessus, mais aussi pour le fameux "instant décisif". À cet instant, Rose Zehner lève le bras, favorisant la composition de l'image dont nous venons de parler, mais elle a aussi la bouche grande ouverte, ce qui souligne l'aspect oratrice qui harangue ses camarades. Au même instant, l'ouvrière de droite dont le corps est pourtant orienté vers nous, tourne la tête pour regarder celle qui parle.

Alors, pour anticiper LA question "Pfff, mouais, mais tu crois qu'il a pensé à tout ça en faisant la photo ?", voici ce qu'on peut répondre. - oui, un peu, parce que Willy Ronis n'était pas le dernier des guignols en matière de photo. - oui aussi, mais pas en faisant la photo, en la choisissant. - oui aussi, au moment du tirage. Il y a aussi une part de chance, car je ne pense pas qu'il ait demandé aux protagonistes de se positionner de telle ou telle manière. La femme à droite, par exemple, sa position parfaite est un coup de bol, mais il a su le saisir. Donc s'il n'a pas fait la photo correspondant à tous ces critères, il a choisi celle qui avait le plus de potentiel pour répondre à ces critères, et l'a travaillée au laboratoire (de nos jours, ce serait à l'ordinateur) pour qu'elle y réponde encore plus. D'où l'importance du moment du choix des photos (dire "editing" quand on veut faire le malin, parce que l'anglais, ça fait plus sérieux quand on fait de la photo !).

Et maintenant qu'on sait tout ça ?

Et on n'oublie pas, non plus, que tout ce qui vient d'être dit n'engage que l'auteur de cette présentation et que le but de la photo est de se faire plaisir, de s'autoriser toutes les audaces et de laisser s'exprimer sa créativité. !

Et bien on n'oublie pas le côté subjectif du jugement que l'on peut avoir sur une photo, comme cela a été dit au début.Si tous les critères (lumière, composition...) que nous venons d'évoquer pourront aider à faire une "bonne" photo, il faut se dire que ce sera une "bonne" photo parce qu'elle correspond à des "critères officiels"... une image consensuelle en quelque sorte.Car une photo qui ne respecte en rien ces critères pourra tout de même provoquer une émotion au spectateur, selon l'état d'esprit, la sensiblité du dit spectateur.D'ailleurs, je pense que si une photo respectant les fameux critères évoqués peut nos plaire, même beaucoup nous plaire, si une qui ne les respecte pas nous plaît aussi, notre enthousiasme n'en sera que plus fort.Cliquez sur les icônes ci-dessous, et vous verrez des images que personnellement, j'adore, et pourtant...

Antoine d'Agata

Michael Ackerman

Terry Richardson