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la Nouvelle-calédoniedans la premiÈre guerre mondiale1914-1918

Une photographie rare représentant des mobilisés calédoniens aux côtés d'engagés volontaires kanak en uniforme.

Coll. I. Kurtovitch

FrançoisAlbani

KalepoWabete

Parcours de deux soldats calédoniens

Soldats calédoniens avec leurs marraines de guerre. Coll. L-J. Barbançon

François Albani

L'ultime bataille

Kalepo WABETE, tirailleur de Tiga

pourun voyagesans retour

tokanod

au front

"honneur aux braves"

LA RÉCONCILIATION DES MÉMOIRES

Cimetière de Flavigny-le-Petit dans l'Aisne.

Monument aux morts, place Bir-Hakeim. Ville de Nouméa

Le Gange quitte le port de Nouméa. Coll. S. Boubin-Boyer.

Tirailleurs kanak. Coll. MVN

Engagé volontaire

Kalepo, originaire de l'île de Tiga, est jardinier à Nouméa lorsque le recrutement des Kanak commence à Lifou en février 1916. Il a 27 ans.Un mois plus tard, il s'engage à la place de son frère qui vient de se marier. Kalepo est lui aussi amoureux. Il porte tatoué sur son avant-bras, le prénom de sa bien-aimée, originaire de la tribu de Druéulu. Kalepo incorpore le Bataillon des tirailleurs du Pacifique, créé à Nouméa, le 3 juin 1916.

Le recrutement des indigènes

En 1914, les Kanak sont reconnus comme "sujets de la République" et non citoyens. À ce titre, ils ne sont pas mobilisables mais peuvent s'engager en tant que volontaires. Le recrutement commence en janvier 1916. Le gouverneur Repiquet doit lever un bataillon d'indigènes calédoniens.

le tirailleur de tiga

Cliché BRAY, ANC

Les premiers "volontaires" affluent à Nouméa, centre de mobilisation du Pacifique.

Coll ANC

Tirailleurs kanak en instance de départ pour le front devant l'ancienne direction de l'Administration pénitentiaire transformée en caserne (croisement des rues Georges Clemenceau et de la République).

Contingent de tirailleurs kanak sur le quai de Woolloomooloo à Sydney.

Le Bataillon des tirailleurs du Pacifique est également surnommé "bataillon de la roussette", animal dessiné au centre du fanion.

Pourquoi s'engagent-ils? Certains sont désignés par leurs chefs, d'autres sont encouragés par les prêtres ou les pasteurs. Beaucoup sont attirés par des promesses ou tout simplement par le désir de partir en guerre. Après guerre, les tirailleurs ne se verront attribuer, ni la citoyenneté française, ni la restitution de leurs terres promises par les recruteurs.

À partir du 4 août 1917, le jeune Kalepo effectue sa première campagne au sein du Bataillon Mixte du Pacifique. Cette campagne se passe à l’arrière du front dans les départements de l'Aube et de la Marne. Il s'agit pour les soldats de suivre un entraînement militaire mais également de construire et réparer des tranchées et des lignes télégraphiques.Le 8 novembre 1917, les soldats du Bataillon Mixte du Pacifique partent pour l'hivernage dans le Sud de la France.

Le 9 juin 1918, Kalepo et environ six cents hommes vont combattre sur le front lors d'une seconde campagne. Ils participent aux combats de l'Oise et surtout de l'Aisne.

Kalepo au sein du bataillon

Deux semaines avant l'armistice, Kalepo participe à la poursuite des Allemands lors de la bataille de Vesles-et-Caumont sur la dernière des défenses allemandes : la ligne Hundig.

Quand la guerre se termine pour François le 5 septembre 1916 à Barleux, elle vient de commencer pour Kalepo. Nous sommes le 11 août 1916. Kalepo débarque du Gange, à Marseille, avec le deuxième contingent d'Océaniens, en direction du front.

Le Bataillon du Pacifique passe les rudes mois d'hiver dans le Sud de la France, au climat plus sain et moins humide pour les hommes. Ils participent notamment au chargement des bateaux pour ravitailler l'armée d'Orient.

Le front de l'Ouest à la fin de la guerre.

Fanion des tirailleurs du Pacifique.

Les hommes du Bataillon Mixte du Pacifique se retrouvent en première ligne, lors de la bataille de la Serre (du 20 au 30 octobre 1918), pour la prise du village de Vesles-et-Caumont puis de la ferme du Petit-Caumont, dans l'Aisne.

La prise de Vesles-et-caumont

Le village est atteint à 9h du matin et enlevé, malgré la résistance de l'ennemi. À 10h, Petit-Caumont est pris à son tour à la baïonnette.Mais à 17h, l'ennemi réagit et engage une puissante contre-attaque menée par de forts effectifs et de nombreuses mitrailleuses, au niveau de la ferme du Petit-Caumont.

L'assaut, le 25 octobre 1918

La ferme du Petit-Caumont

Kalepo est "tué à l'ennemi" dans la nuit du 25 au 26 ocobre 1918 lors de cette violente contre- attaque allemande. Il décède au poste de secours du groupe des brancardiers. Avec lui, trente-deux tirailleurs kanak, cinq Niaoulis et dix Tahitiens meurent au champ d'honneur.Dès le 26 au soir, le Bataillon Mixte du Pacifique est placé en réserve à la ferme d'Etrepoix.

Coll RIMAP

Le 27, le général Ferradini passe en revue le Bataillon et remet les décorations méritées lors des derniers combats.C'est la fin des opérations actives pour le Bataillon Mixte du Pacifique.

Le 10 décembre 1918, une citation collective à l'ordre de la Xème armée est décernée au Bataillon Mixte du Pacifique. "Le 25 octobre 1918, sous les ordres de chef, le commandant GONDY, s'est porté d'un élan et sous un violent bombardement, à l'attaque du village de Vesles-et-Caumont et fortement occupé et garni de mitrailleuses dont il s'est emparé de haute lutte. continuant sa progression au son de la charge sonnée par tous les clairons du bataillon, a enlevé la ferme du Petit-Caumont et, se jetant vers sa droite, s'est emparé d'un appui important. Fortement contre-attaqué dans la soirée, a maintenu intacte la position conquise. Dans la journée, a fait cinquante prisonniers, trente mitrailleuses lourdes et légères et deux fusils antitanks." JORF Du 10 décembre 1919.

En bleu: les positions du BMP avant l'assaut. En rouge, les positions reprises à l'ennemi.

"Mort pour la france"

Après deux inhumations provisoires, Kalepo est enterré le 2 août 1924, au cimetière militaire de Flavigny-le-Petit dit de "La Désolation" dans l'Aisne, entouré de deux autres tirailleurs kanak.

Un soldat exemplaire

À leurs côtés, reposent plus de cinq mille autres combattants français ou allemands, Niaoulis et tirailleurs kanak dont beaucoup ont péri dans le « dernier quart d'heure » de la guerre.

" Bon fusilier tirailleur, il a fait preuve d’un grand sang froid au cours des bombardements et tirs de barrage subis par la compagnie les 28 et 29 août 1918. »

Tout au long de son engagement, Kalepo s'est distingué par un comportement exemplaire.

Un mois avant sa mort, Kalepo reçoit une citation à l’ordre du Bataillon :

Il est également décoré d'une haute distinction militaire, la Croix de guerre avec étoile de bronze. Celle-ci sera remise à sa famille à titre posthume, en 2004.

Le site "Mémoire des Hommes", du ministère de la Défense, héberge une base de données contenant 1,4 million de fiches numérisées de soldats décédés durant la Grande Guerre et ayant reçu la mention "Mort pour la France".

Sur le lien ci-contre, vous pouvez retrouver la fiche d'un soldat de la Première Guerre mondiale, en complétant les rubriques.

"Mort pour la France" est une mention honorifique ajoutée à l'état civil d'une personne, pour récompenser son sacrifice au service de la France.

Croix de guerre avec étoile de bronze. Cette dernière récompense une citation à l'ordre du bataillon.

Après la guerre, vient le temps du souvenir et des commémorations.

Dans chaque tribu, une simple stèle ou une plaque est posée à l'intérieur d'une église ou sur le mur d'un temple. Au carrefour des villages, on érige une colonne, en l'honneur des soldats disparus. À Nouméa, une première stèle est réalisée en 1921, au cimetière du 4è Km, pour les Nouméens, morts à la guerre. Dix-neuf soldats calédoniens sont inhumés au pied de cette colonne dédiée "Aux morts pour la Patrie."

En 1924, à Nouméa, est érigé le monument aux morts en hommage aux Calédoniens et Néo-Hébridais. Si le nombre de Kanak tués par district y est inscrit, aucune identité des disparus n'est alors indiquée.

Aujourd'hui, au pied du soldat de bronze, se dressent deux plaques commémoratives sur lesquelles on peut lire: " À nos morts 1914-1918." Gravés dans le marbre, apparaissent enfin les noms des tirailleurs kanak, aux côtés de ceux de leurs frères d'armes. Parmi eux, figure celui de Wabete Kalepo.

Coll. L-J. Barbançon

À ses enfants disparus, le pays reconnaissant

Monument aux morts de Bourail avant que la statue ne soit détruite par le cyclone de 1932. Coll. Missions, ANC.

Le monument aux morts de la Nouvelle-Calédonie et des Nouvelles-Hébrides a été érigé à l'origine à l'intersection de la rue de Sébastopol et du boulevard Cassini (Avenue de la Victoire). Il a été déplacé depuis, sur la place Bir-Hakeim, en face de l'ancienne caserne. Sur sa façade Ouest, le nombre de morts pour chaque tribu. Coll. Musée de la ville de Nouméa.

François Albani assiste aux commémorations de l'armistice, le 11 novembre 1924, au monument aux morts de Nouméa. Mutilé à la bataille de Barleux, il se déplace à l'aide d'un fauteuil roulant.

Bilan des pertes de la Grande Guerre: 193 mobilisés, citoyens français et 382 engagés kanak.

Le 2 novembre 2017, le soldat Kalepo est exhumé du cimetière de Flavigny-le-Petit, où il reposait depuis près d'un siècle.C'est un évènement attendu de longue date par la famille, qui a fait le voyage pour recevoir les restes mortuaires de son ancêtre. Lors de la cérémonie d'hommage, les honneurs militaires lui sont rendus par des

De la terre de Picardie...

le retour au pays

...à la terre de Tokanod

Entre le 8 et 10 novembre 2017, plusieurs cérémonies militaires et coutumières se déroulent à Paris puis à Nouméa. Le 11 novembre, jour de commémoration de l'armistice, un hommage particulier lui est rendu place Bir-Hakeim. Le jour même, le tirailleur retrouve sa terre de Tokanod, sur l'île de Tiga, où il était né en 1889.

anciens combattants et des soldats du 94è régiment d'infanterie de Sissonne, basé dans l'Aisne.

L'île de Tiga avait envoyé trois des siens sur le front de la Grande Guerre. Kalepo est le seul à ne pas être revenu.

Inhumation de Kalepo sur sa terre de Tokanod.

François ALBANI, Niaouli de Nessadiou

UNE COLONIE SI LOINTAINE

DES NOUVELLES DE LA VALBONNE

L'ÉPREUVE DU FEU

COURRIERSDEPOILUS

DE NOUMÉAÀ MARSEILLE

LA GUERRE S'EST TERMINÉE À BARLEUX

Le camp de la Valbonne. Coll.LG.Viale.

Des soldats calédoniens dans une tranchée. Coll.Dorbritz

Carte-lettre adressée à monsieur Hagen, commerçant à Nouméa. Coll. I. Kurtovitch

Départ du Sontay, le 23 avril 1915. Coll. S. Boubin-Boyer.

L'appel sous les drapeaux

En 1914, la Nouvelle-Calédonie est une colonie peu peuplée (58 098 habitants), isolée et éloignée de la métropole.La nouvelle de la guerre n'est connue que le 5 août 1914. À cette date, débute le recrutement des mobilisés, qui ne concerne, au départ, que les citoyens français.

François Albani est né en 1893 à Nessadiou (Bourail). C'est le second d'une famille de quatre enfants : Ursule, l'aînée, François, Victor et Louis.Il est âgé de 9 ans quand son père disparaît. Il quitte l'école très jeune. Les cartes qu'il enverra plus tard, révèleront une orthographe approximative. En 1914, François a 21 ans. Il est donc mobilisable.

Fils de concessionnaire

La colonie se mobilise

Coll. L-J. Barbançon

Coll. LG.VIALE

Il compose alors, avec 712 hommes, le premier contingent de Niaoulis, Tahitiens et Néo-Hébridais qui gagne la métropole en 1915 pour renforcer les régiments d'infanterie coloniale (RIC).

Deux groupes de citoyens sont mobilisables 1° Les Français, nés en Métropole. 2° Les Français, nés en Nouvelle-Calédonie, qui se désignent eux-mêmes sous le nom de "Niaoulis".

Rassemblement du contingent à la caserne Gally-Passebosc à Nouméa, le jour du départ.

Faute de navire disponible, le départ du premier contingent est tardif. François Albani embarque à bord du Sontay, le 23 avril 1915 et met le cap sur l'Australie.

À bord du sontay

Deux mois sont nécessaires pour rejoindre Marseille dans le sud de la France. Le voyage est ponctué de plusieurs escales,

qui offrent aux hommes distractions et découvertes.Le Sontay accoste à Marseille le 26 juin 1915. François rejoint alors son régiment près de Lyon pour plusieurs mois, avant d'être envoyé au front.

Entre 1916 et 1917, trois autres départs de renforts vers la France auront lieu, mêlant Niaoulis et tirailleurs du Bataillon du Pacifique.Au total, 948 citoyens français et 978 engagés volontaires en majorité kanak, partent pour les différents fronts.

Deux mois de traversée

Les soldats embarquent à bord du Sontay, le 23 avril 1915. Coll LG. VIALE

Dès son arrivée, François Albani rejoint le camp de la Valbonne , près de Lyon, pour y suivre un entraînement militaire. Les Niaoulis sont peu considérés par les gradés. Ils souffrent du froid et de maladies comme la rougeole, qui les affaiblissent.

De nombreux soldats témoignent dans leurs lettres, de la dureté des conditions de vie et des exercices physiques éprouvants.

C'est durant ces périodes d'entraînement, au camp de la Valbonne, et de repos, à Saint-Maurice-de-Gourdans, qu'il écrit à ses proches restés en Nouvelle-Calédonie.

À l'issue de ces mois d'instruction, François incorpore le 6è régiment d'infanterie coloniale et sera placé en première ligne de front, comme tous les coloniaux qui servaient de renforts aux régiments d'infanterie.

Coll. L-J. Barbançon

Coll. L-J. Barbançon

Sept mois d'entraînement

Les tentes du camp de la Valbonne. Coll.ANC

Carte de François Albani à son frère, sa soeur et son beau-frère. Orthographe respectée Saint-Maurice-de-Gourdans, le 20 juillet 1916 Chers frère, sœur et bau-frère, Je vous écris ces quelque ligne pour vous dire que je me porte toujours bien et qui en soi de même pour vous autre. Tous les dimanche, je vais chez le frère à papa. Chère sœur, je n’est pas reçu de tes nouvelle. Je pance que Louis travaille et qu’il a une bonne place. Il faut dire au neveu et à la poulette qu’il mes crive une petite carte. Dans le pays où nous somme, il fait froit. Le matin, on gèle et la journée, on crêve de chaud. On fait 9 heure d’exercice par jours. Il fait jour à 3h du matin et il fait nuit à 8 h½ du soire. Cher sœur, je ten dit pas plus long pour le moman car il fait nuit. Je termine ma carte en vous embrasant tous. Ton frère qui t’èmme pour la vie et Louis. François Albani

Carte de François Albani à ses parents Orthographe respectée La Valbonne, le 19 août 1915. Jeudi Cher parant, Je vous écris ces quelques ligne pour vous données mes nouvelles. Je suis toujours en bonne santée et j’espère qu’il en soi de même pour vous autres en bonne santé touse. Cette carte et la veille du dépar de Saint-Maurice-de-Gourdans. La Valbonne, c’est chique d’un côté, mes de l’autre, ces mauche. À Saint-Maurice-de-Gourdans, y avais des fruit à volonté, lait, fromage, mes la Valbonne, il y a rien de tous sa. Ces plus pres pour prendre le train, ces tous. Dimanche, j’ai été chez monsieur Pradier avec ton frère et nous avons était au parc d’or et y avais une fète : la fête de musicien. musique française, italienne, suisse est des jeus, course de vélos. Et le soir, j’ait dîner chez monsieur Pradier. Ce sons des brave geans. Un copain m’avais donné des operqules est je lui ai donné. Elle était contante ma demoiselle Pradier. Sa lui a fait plaisir, ainci qu’à ces parants. François Albani

Lire la lettre de Alphonse Tuband du 26 septembre 1916 dans "COURRIERS DE POILUS".

L'enfer de barleux

Barleux est le nom d'un petit village de Picardie dans le nord de la France. C'est aussi le nom d'une des batailles de la grande offensive de la Somme menée conjointement par les Français et les Britanniques en 1916. Mais Barleux, c'est surtout le nom d'une bataille qui a marqué la mémoire des Calédoniens.

François Albani est envoyé en renfort, au sein du 6è régiment d'infanterie coloniale, en première ligne de front, pour participer aux opérations de la Somme. Le 5 septembre 1916, à Barleux, deux attaques d'une puissance de feu extrême - bombardements, tirs d'engins des tranchées, corps-à-corps - font échouer les contre-attaques ennemies. Au cours d'un de ces assauts, François Albani a les jambes en partie déchiquetées par un tir d'obus. Il doit attendre le lendemain pour être secouru. Seule la présence d'un trou d'eau boueuse lui permet de s'abreuver et de rester en vie. Pour lui, la guerre est terminée.

Dans les tranchées de Barleux

Les Niaoulis dans la bataille de la Somme

Coll. L-J. Barbançon

Si Barleux ne fut pas une bataille décisive dans la grande offensive de la Somme, elle reste dans les mémoires des familles comme le "tombeau des Calédoniens".

En 1919, une citation récompense "cet excellent soldat, dévoué et courageux, toujours volontaire pour les missions dangereuses. Lors des combats devant Barleux (...), a montré un mépris absolu du

François Albani reçoit plusieurs décorations militaires prestigieuses .

danger et résistant avec quelques hommes à de furieuses contre-attaques ennemies (...)"

Mutilé de guerre, François Albani part en convalescence dans le Jura pendant plusieurs mois. Durant cette période, il rencontre Jeanne, une infirmière, qu'il épousera en 1921.

De retour en Nouvelle-Calédonie, il ouvre sa propre horlogerie- bijouterie dans le centre ville de Nouméa.

En Haute-Savoie, il s'initie pendant deux ans au métier d'horloger.

Coll. Barthélémy

Entre le 4 et 5 septembre 1916, 24 Niaoulis tombent au champ d'honneur, 9 sont faits prisonniers et 2 sont portés disparus.

Croix d'officier de la Légion d'honneur

Croix de guerre avec palme de bronze, qui récompense une citation à l'ordre de l'armée.

Médaille militaire.

Médaille des blessés de guerre.

Croix du combattant.

Médaille interalliée.

Le 14 juillet 1933, François Albani est fait Officier de la Légion d'honneur par le colonel Chaveyron. À ses côtés, le révérend père Luneau. Coll. L-J. Barbançon

François Albani au côté de sa nièce, Ursule et de son épouse. Coll. L-J. Barbançon

François Albani devant son horlogerie-bijouterie à Nouméa. Coll. L-J. Barbançon

Croix d'officier du mérite combattant.

Médaille commémorative de la guerre de 1914-1918.

Lettres d'Alphonse Tuband à M. Hagen

Lettre de Paul Montchovet à Carlo Léoni

Lettre de Alphonse Tuband à M. Hagen, commerçant à Nouméa. Orthographe respectée Coll. I. Kurtovitch Camp de la Valbonne, le 26 septembre 1916 Cher Monsieur, Je suis toujours au camp de la Valbonne et je vous promets que je commence à en avoir par dessus la tête de cette vie de caserne. Pour faire passait le temps, je me suis mis à suivre le peloton des élèves caporaux. Le jour de l'examen, je suis sorti avec le numéro 1 avec 17 points et maintenant je suis caporal. Dans quelques temps je vais me présenter comme sergent. Je pense réussir aussi car quand on veut, on arrive toujours. Les officiers sont très mauvais pour nous, ils nous prennent même pour des sauvages. Il y a quelques jours, ils nous ont même dit que la Calédonie n'avait jamais rien fait pour la France. Malheureusement, notre cher pays a bien trop donner, car ici, ils se fichent de nous. J'espère ce petit mot vous trouvera en parfaite santé, ainsi que tous au magasin. Votre dévoué. A. Tuband

Lettre de Alphonse Tuband à M. Hagen, commerçant à Nouméa. Orthographe respectée Coll. I. Kurtovitch Le front le 21 février 1916, Cher Monsieur, Depuis que j'ai quitté Nouméa, je n'ai aucune nouvelle de vous et cependant je vous écris souvent. Dans la lettre que vous avez écri à Heister vous lui dite que vous n'avez pas de nouvelle de moi, cela m'étonne beaucoup. Comme Carlo a du vous le dire, je viens de voir Paris pour la 2ème fois. Pendant mon congé, je me suis très bien amusé, mais 7 jours c'est trop vite passé. Pendant mon séjour à Paris, j'ai été voir Burck, et j'ai visité les grands magasins. En ce moment je suis dans les tranchées face aux boches. Je dois y rester un mois et ensuite revenir en arrière pour marcher au printemps. A chaque instant, les balles sifflent et les canons grondent. Ce qui est le plus dangereux c'est de partir en patrouille. Pendant la relève, nous avons eu deux hommes de tués et six blessés. Enfin, j'espère passer mais 30 jours de tranchées sans aucune blessure. Je pense que ce petit mot vous trouvera en parfaite santé ainsi que tous au magasin. Bien à vous. A. Tuband Présentez mes amitiés à Mme Vve Hagen de ma part.

Lettre de Paul Montchovet à Carlo Léoni. Extraits. Orthographe respectée Coll. I. Kurtovitch La Valebonne le 10 aout 1915 Cher Carlo C'est avec le plus grand plaisir que j'ai eu la satisfaction de me retrouver un instant avec vous, en vous lisant (...) Jamais jusqu'alors, je n'ai trouvé une seule journée de tranquillité. Quel changement du tout au tout à bord du bateau, vie monotone pendant deux mois malgré toutes ces nouvelles choses qui sont venu changer et éclaircir mes idées. Toutes ces grandes villes comme Sydney, Marseille, Lyon me sont que partiellement connues (...) Je n'ai encore rien pu trouver qui puisse rivaliser avec notre petit patelain de Nouméa (...) Pour le moment nous sommes campé au camp de la Valbonne, petit village dans le département de l'Ain, afin d'y subir un entraînement, d'acquérir une endurance et une instruction militaire suffisante je l'espère pour nous défendre contre ces bêtes brutes. Et nous permettre de prendre part à une fin, à une paix honorable et qu'avec l'aide des voeux des amis et des connaissances de Nouméa, nous ayons tous le bonheur, la grande satisfaction, l'honneur de remettre le pied sur notre sol de Calédonie après avoir accompli noblement et saintement notre tâche de Français Niaouli. (...) Surtout ne prenez pas le Sontay ni même un bateau des Mess. Maritimes. Je vous laisse cher Carlo sur ces réflexions qui je souhaite de tout coeur se réaliseront. Certain que votre santé se sera rétablie et que cette lettre vous trouvera ainsi que Madame Colardeau et tous ces Messieurs du magasin en une parfaite santé. Meilleurs souvenirs à tous, à l'année prochaine. Un ami qui pense à vous. P. Montchovet. .

Paul Montchovet

Une patrouille revenant de l'exercice. Revue Panorama, 1968. Coll. E. Idoux

galerie de photos

Collection Louis-Georges VIALE

Tirailleurs kanak en formation, rassemblés dans la cour de l'actuel lycée Lapérouse à Nouméa, avant leur départ pour la métropole.

Rassemblement du second contingent, composé essentiellement d'engagés volontaires kanak, devant la caserne Gally-Passebosc à Nouméa, 4 juin 1916, avant l'embarquement sur le Gange.

Sur l’ardoise tenue par un clairon, on peut lire « Tirailleurs du Pacifique ».

Les soldats calédoniens, néo-hébridais et tahitiens embarquent à bord du Sontay, le 23 avril 1915.

Soldats du Bataillon Mixte du Pacifique, au repos, dans un village français. Carte photo du soldat Émile Castex adressée à ses parents et datée du 4 juillet 1918, " jour de l'indépendance des États Unis » écrit-il.

Ce dossier a été réalisé principalement à partir des travaux de l'historienne Sylvette Boubin-Boyer, auteur de la thèse, De la Première Guerre mondiale en Océanie: les guerres de tous les Calédoniens, 2001. En ce qui concerne le soldat Kalepo, les principales informations sont extraites de la conférence "Hommage au tirailleur kanak, Kalepo Wabete", tenue conjointement par Ingrid Utchaou, directrice des Archives et des historiens Sylvette Boubin-Boyer et Ismet Kurtovitch, au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, le 12 octobre 2017 (Introduction de Jacques Wabete). Sources documentaires et illustrations :Collections Archives de la Nouvelle-Calédonie (ANC) et Musée de la Ville de Nouméa.Collections particulières :- Louis-José Barbançon- Ismet Kurtovitch- Louis-Georges VialeQuatre modules de la série Le Chemin des drames, réalisée par Joël Kasarhérou en 2014.Plusieurs reportages de Nouvelle-Calédonie la 1ère de novembre 2017.Article du journal l'Union du 3 novembre 2017.

Nathalie Barbançon, enseignante en Histoire-Géographie au collège Edmée Varin d'Auteuil. 2020