Les orphelins de La Varenne, juillet-août 1944
Amélineau Stéphane
Created on February 29, 2020
More creations to inspire you
ASTL
Presentation
ENGLISH IRREGULAR VERBS
Presentation
VISUAL COMMUNICATION AND STORYTELLING
Presentation
GROWTH MINDSET
Presentation
BLENDED LEARNING
Presentation
INTRO INNOVATE
Presentation
SUMMER ZINE 2018
Presentation
Transcript
Les orphelins de La Varenne
Avant-propos
Avant-propos
1995
J'étais un jeune enseignant documentaliste de 25 ans, affecté pour mon premier poste dans un lycée professionnel d'enseignement catholique sous contrat à Joinville-le-pont, dans le Val-de-Marne. C'était tout près du quartier de La Varenne à Saint-Maur-des-Fossés, dans cette banlieue cossue où je suis né et ai grandi. Mon chef d'établissement d'alors, monsieur Halimi, vint m'apporter au CDI 10 exemplaires de ce livre sous le bras. Lorsqu'il les déposa sur mon bureau, je n'aurais jamais imaginé que cette tragédie révélée à moi dans cet ouvrage allait croiser plusieurs fois mon chemin par des sentiers inattendus.
Collection privée (Stéphane Amélineau)
Les Orphelins de La Varenne : 1941-1944 fut publié cette année-là assez confidentiellement par le Groupe Saint-Maurien contre l'Oubli(1), un collectif de personnalités locales (historiens, responsable de la communauté juive de la ville, déportés, enfants de déportés, résistants, professeurs, prêtre ou issu du milieu associatif de défense des Droits de l'Homme). Elles étaient toutes engagées par une volonté commune de sensibiliser et informer les jeunes sur le souvenir de 28 enfants juifs. Ils avaient entre 3 et 13 ans ce 22 juillet 1944, arrêtés à l'orphelinat de la rue Saint-Hilaire et à la pension Zysman rue Georges Clémenceau par le SS Aloïs Brunner et ses hommes avant d'être déportés avec sept membres du personnel encadrant. Ils furent assassinés à Auschwitz-Birkenau début août 44, seul un adulte accompagnant survécut.
En plus de l'évidence du sujet à faire partager à nos collègues et à nos élèves, d'autres raisons motivaient mon chef d'établissement, de confession juive, à me donner ce livre : il me savait très sensible à l'histoire de la Shoah car nous avions souvent de longues conversations sur ce sujet ; et le prêtre du lycée, père Philippe Clément, faisait parti du collectif qui enquêta sur ce drame.
Je m'étais littéralement immergé dans ce livre, relisant plusieurs passages dont les lieux avaient pour moi une réelle signification. Je m'imprégnais des noms et des destins encore peu connus de ces 28 enfants privés d'avenir parce que Juifs. Je pleurais de soulagement en découvrant qu'un 29ème enfant, un certain Albert Szerman, alors âgé de 8 ans, avait échappé miraculeusement à la montée dans les autobus confisqués par les SS pour suivre ses camarades terrorisés par les hurlements allemands. Tous ces enfants, et leurs visages pour la plupart encore inconnus, étaient gravés dans le marbre de ma mémoire malgré la poussière du temps qui s'accumulait.
De poste en poste, de déménagement en déménagement jusque dans l'Aisne, le livre accompagnait mes mutations dans ma bibliothèque personnelle, bien serrée pendant des années entre d'autres ouvrages amassés sur la Shoah. Je ne le rouvris qu'en 2013...
2013
Je travaillais à la rédaction de mon livre : La Shoah en Soissonnais, journal de bord d'un itinéraire de Mémoire. Mon enquête dans l’Aisne m’avait amené de manière imprévisible, un jour de juillet 2013 dans une petite commune du département, à Crouy, où j’interviewais Bernard Létoffé, le fils du policier (Charles Létoffé) qui avait sauvé et caché des Juifs chez lui, à Soissons, pendant l'Occupation. Cela faisait deux ans que je sillonnais les chemins de cette mémoire tue du Soissonnais pour préparer mes lycéens à se confronter aux pages tragiques de notre Histoire locale. J’avais déjà croisé bien des destins insoupçonnables dans ma quête de ce passé à faire passer dans mes projets pédagogiques en tant que professeur documentaliste. Ce que révéla alors mon interlocuteur à la fin de notre entretien dépassa mon entendement. Je n’en revenais pas.
Depuis le début de notre conversation, l’épouse de Bernard Létoffé avait été discrète, intervenant humblement pour que l’on ne manqua de rien entre boissons chaudes et petits biscuits. Pourtant, Ginette avait reçu le 20 mai 2012 à Crouy, à titre posthume, pour son oncle et sa tante Henri et Solange Ardourel, la médaille des Justes parmi les nations. Ils avaient caché et sauvé un enfant juif : Albert Szerman ! Je sursautais, à en tomber à la renverse.
"- Mais oui, ça y est !" M’exclamai-je alors en raccordant mes souvenirs de lecture au propos de monsieur et Madame Létoffé. "Je me rappelle bien l’histoire de cet orphelinat", poursuivais-je, "et le drame de ces enfants raflés en juillet 1944, quelques semaines avant la Libération. Le SS Aloïs Brunner est aux orphelinats Juifs de la région parisienne ce que Klaus Barbie a été pour les enfants d’Izieu ; des antisémites forcenés et « jusqu’au-boutistes » de la « solution finale de la question juive ». Depuis plus de vingt ans j’ai ce livre dans mon bureau, Les Orphelins de La Varenne 1941-1944, écrit par le collectif du Groupe Saint-Maurien contre l’Oubli. Il raconte cette tragédie. Je l’ai lu bien des fois. C’est incroyable ce que vous m’apprenez !"
Deux mois après, je rencontrais pour la première fois Albert Szerman à Paris, et replongeais dans la tragédie de l'orphelinat. Depuis, une amitié sincère s'est tissée entre nous. Je le convainquis de reprendre contact avec le centre Hillel (centre de la communauté juive de La Varenne, l'ancien orphelinat), de partager ses souvenirs, de les écrire et d'aller témoigner auprès des enfants des écoles de la capitale ou de la proche banlieue. Je commençais également à écrire un second livre : L'orphelin de la crèmerie Ardourel que j'achevai en 2015 (jamais publié mais diffusé en feuilleton sur mon site internet : itinéraires de Mémoires sur la Shoah).
2020
Deux professeurs du collège Valdahon dans le Doubs réalisent depuis le début de l’année scolaire 2019/2020 avec 10 élèves volontaires un travail remarquable sur l’itinéraire d'un petit garçon juif, Alain Jurkiewicz (ou Jurkowitsch) qui avait tenté avec sa maman de passer la frontière suisse. Arrêtés et envoyés à Drancy d'où la mère fut déportée. Les recherches de ces enseignants ont découvert qu'Alain avait été confié à l'UGIF après la déportation de ses parents et envoyé à l'orphelinat de La Varenne. Il fit parti des 28 enfants raflés le 22 juillet 1944.
L'un des professeurs me contacta par mail pour la raison suivante :
"J'ai découvert à travers votre blog, itinéraires de Mémoire sur la Shoah, que vous étiez en contact avec Albert Szerman.
Nous cherchons des informations sur la vie à l'orphelinat et sur Alain pendant cette période (nous venons de retracer son périple depuis la Belgique via la Franche Comté jusqu'à l'orphelinat). Nous aimerions, si possible, rentrer en contact avec Albert Szerman ou avec quelqu'un possédant des informations sur cet été 1944. Cela nous permettra de compléter notre biographie".
Les contacts furent pris. Je décidais à nouveau de rassembler tout ce que j'avais appris depuis ces longues années et de l'état des connaissances aujourd'hui sur la tragédie des orphelins de La Varenne, en particulier sur ces jours irréparables entre le 22 juillet et le 3 août 1944, de l'arrestation à l'arrivée du convoi n°77 sur la bahnrampe de Birkenau où furent sélectionnés les enfants pour les chambres à gaz.
Afin d'aider ces professeurs et leurs élèves, je leur apporte cet outil en ligne pour éclairer un peu plus leur formidable et nécessaire projet.
Nota bene : Tous les lecteurs avertis (proches ou descendants des enfants de La Varenne, historiens) par ce sujet pouvant m'apporter des corrections historiques étayées sont les bienvenus.
Stéphane Amélineau, 7 mars 2020
(1) : Il fut réédité et augmenté aux éditions L'Harmattan en 2012. Je remercie monsieur Dluto, directeur du centre Hillel, de me l'avoir offert après nos entretiens en 2013.
L'orphelinat et la pension Zysman de La Varenne
Origines
Source : Groupe Saint-Maurien contre l’oubli. Les orphelins de La Varenne 1941-1944, Le Vieux Saint-Maur Editeur, 1995.
L'orphelinat et la pension Zysman de La Varenne
1942-1944
UGIF
Témoignages sur la vie à la pension et à l'orphelinat de La Varenne
L’Union générale des Israélites de France est un organisme créé par une loi française du 29 novembre 1941. Sa mission est d’assurer la représentation des Juifs auprès des pouvoirs publics, notamment pour les questions d’assistance, de prévoyance et de reclassement social.
Tous les Juifs demeurant en France sont tenus d’y adhérer, les autres associations juives ayant été dissoutes et leurs biens donnés à l’UGIF. Le rôle de cet organisme a soulevé beaucoup de controverses, notamment à cause de son légalisme qui a transformé les bureaux de l’association ou les maisons d’enfants qu’elle patronnait en véritables souricières particulièrement vulnérables aux rafles de la Gestapo.
Source : Fondation pour la mémoire de la Shoah, enseigner la Shoah, lexique [Enligne]
http://www.enseigner-histoire-shoah.org/outils-et-ressources/lexique/ugif.html
La Vie dans les Maisons d'enfants de La Varenne
(Juillet 1942-juillet 1944)
Extraits : Groupe Saint-Maurien contre l’oubli. Les orphelins de La Varenne 1941-1944, Le Vieux Saint-Maur Éditeur, 1995, p.95-100
Après le traumatisme provoqué par la Rafle du Vel'd'hiv', la vie reprend son cours dans les maisons d'enfants. A l'extérieur, les drames se poursuivent, et l'angoisse ne quitte pas les esprits dans les familles juives, tant à Saint-Maur que dans toute la France.
A la pension Zysman :
[.../...]
Une nourriture correcte est assurée aux enfants. Pour cela la pension dispose de suffisamment de ressources. Aux produits obtenus contre des tickets d'alimentation, on ajoute ceux achetés dans des fermes de Chennevières [de l'autre côté de la Marne, en face de La Varenne] : pommes de terre, légumes, lait, etc. D'autre part, on cultive en potager le jardin autour de la maison.
De plus, règne souvent dans la pension une ambiance joyeuse. On prépare des fêtes comme celle de Hannouka (Fêtes des lumières. On allume des bougies pendant huit jours pour commémorer la victoire de la foi sur l'emprise étrangère) ou de Pourim (Fête commémorant la délivrance des Juifs de Perse, au VIè siècle avant notre ère, menacés d'extermination), pour lesquelles les enfants sont traditionnellement choyés. On n'oublie aucun anniversaire. Chacun a droit à son gâteau avec les traditionnelles bougies. De plus, les enfants jouent des saynètes, et les plus doués récitent des poèmes appris avec soin. De cette ambiance, une rescapée, Betty Wrzacki, devenue Mme Ettel, se souvient encore aujourd'hui (au début des années 1990, elle était passée par la pension Zysman) : "Pour Hannouka, Louise (Zysman, fille des gérants de la pension) nous avait appris l'Hymne à la joie, et nous avons fait spectacle. Le soir, ensemble, nous avons mis nos chaussures dans l'infirmerie ; et le lendemain matin nous étions tous très curieux de savoir ce qu'il y avait dedans. Nous avons été très heureux de découvrir que chacun avait un jouet".
A l'orphelinat :
Des enfants rescapés, devenus adultes, évoquent pour l'Orphelinat une ambiance comparable à celle de la pension Zysman. Sans doute trouve-t-on moins d'intimité dans les deux grands dortoirs du bâtiment de la rue Saint-Hilaire que dans les petites chambres du pavillon de la rue Georges Clemenceau. Mais les mêmes rapports d'affection lient les enfants et adultes, particulièrement à l'époque de la première directrice, Cécile Grinberg, en poste jusqu'au 1er juillet 1943 (Paulette Levy lui succéda).
Stéphane Amélineau : extrait d'entretiens avec Albert Szerman en 2013.
Avant-Propos : Les parents d'Albert ont été arrêtés lors de la rafle du Vel'd'Hiv et déportés dans le convoi n°9 du 22 juillet 1944 vers Auschwitz où ils périrent. Albert, alors âgé de 6 ans, était chez sa nourrice. Dès ce jour, Albert fut placé de pensions en orphelinats des foyers de l'UGIF à Paris et en banlieue.
- Je souhaiterais revenir sur votre passage dans l’orphelinat Lamarck[1] de Paris en 1943. On vous a transféré vers l’orphelinat de La Varenne parce que vous étiez souffrant échappant ainsi pour la troisième fois à une arrestation, n’est-ce pas ?
- Oui, Lamarck, dans le 18e arrondissement. J’avais une pleurésie et je fus envoyé à La Varenne parce que l’orphelinat était doté d’une infirmerie. Le lendemain de mon départ, tous les enfants ont été arrêtés. Des enfants qui étaient avec moi. Il y a une plaque là-bas, comme il y a une plaque à La Varenne. Je suis le seul rescapé de là et de là !
Le 10 février 1943, une vaste rafle est organisée dans les établissements de l’UGIF : hospice, hôpitaux, orphelinat. Une fois de plus la police française s’enfonce davantage dans l’irréparable. Quelques jours auparavant, à la demande des autorités allemandes, elle avait donné les adresses et les effectifs de ces centres et se chargea elle-même des arrestations. Parmi eux, celui de l’orphelinat de la rue Lamarck où se trouvait encore la veille le jeune Albert. La police livra au camp de Drancy 22 enfants de 4 à 15 ans[2].
- Cette arrestation eut lieu le 10 février 1943, lui rappelai-je, et dans votre témoignage écrit, et publié en 1995 par le Groupe Saint-Maurien Contre l’oubli, vous précisiez : « On m’a transféré à l’orphelinat [de La Varenne] où j’ai vécu de début 1943 au juillet 1944 ». Donc, vous avez quitté l’établissement parisien le 9 février 1943.
- Oui ça doit être ça car je suis resté au moins une année à La Varenne. D’une grande partie de 43 à juillet 44. J’ai des images floues mais je me rappelle que les monitrices étaient très maternelles, très gentilles. Elles nous faisaient chanter. Cela a été une période calme, plus sereine jusqu’au jour des arrestations.
[1] Ce centre d’accueil de l’UGIF pour enfants Juifs était d’abord au 16, rue Lamarck (18e), puis au 70, avenue Secrétan (19e) à partir du 21 avril 1944 (Klarsfeld, Serge. Le Calendrier de la persécution des Juifs en France 1940-1944. FFDJF, 1993. p.1066).
[2] Klarsfeld, Serge. Le Calendrier de la persécution des Juifs en France 1940-1944. FFDJF, 1993. p.745.
L'orphelinat et la pension Zysman de La Varenne
.
La rafle du 22 juillet 1944
.
En cette fin juillet 1944, la situation est particulièrement instable. Les Alliés, qui ont débarqué depuis le 6 juin, progressent vers la capitale. Le 20 juillet, un attentat contre Hitler et une tentative de putsch ont échoué; les responsables de la Gestapo, arrêtés par les militaires de la Wehrmacht, sont relâchés.
Aloïs Brunner, commandant du camp de Drancy, profite de la confusion pour poursuivre jusqu’au bout sa folie meurtrière. Il envoie ses commandos dans les maisons de l’UGIF de la région parisienne, qui hébergent les enfants juifs fichés par les nazis, et « rafle » des centaines d’enfants, dont 18 nourrissons.
Source : Collectif des enfants, petits-enfants, familles proches ou amis de déportés du convoi 77. Histoire et composition du Convoi n°77 [En ligne] convoi77.org
Dans la nuit du 21/22 au 25 juillet 1944, 250 enfants des foyers de l'UGIF sont ramenés par la Gestapo à Drancy : 21 de Montreuil, 28 de La Varenne, 88 de Lamarck/Secrétan (Paris), 40 de Louveciennes, 8 de la rue des Rosiers (Paris), 28 de la rue Vauquelin (Paris), 17 de Neuilly-sur-Seine, 19 de Saint-Mandé.
Source : Serge Klarsfeld. Le Calendrier de la persécution des Juifs de France 1940-1944. FFDJF, 1993, p.1057-1058
A la Pension Zysman, 57 rue Georges Clemenceau :
La veille de la rafle, six ou sept enfants avaient été évacués de la Pension dans un camion vers un centre de personnes âgés à Boulogne-Billancourt (région parisienne). Paul Curtz, l'un de ces enfants évacués témoigna. Il pense que s'ils ont été sauvés c'était du fait qu'ils étaient des "enfants libres", non répertoriés sur les listes que détenaient la Gestapo. Paul Curtz se souvient des plus âgés de ce groupe évacué :
Paul Curtz, lui même :
Jancu Curtz avec son épouse Nelly Lucie et leur fils Paul. Source : Mémorial de la Shoah
Le papa Jancu Curtz a été déporté à Auschwitz par le convoi n°38 du 28/09/1942. Arrêté lors de la rafle des « juifs roumains » du 24 septembre 1942 à Paris. Sa maman, Nelly, après avoir travaillé en usine, et de par sa connaissance de la langue allemande est devenue l’une des deux secrétaires de Kurt Schendel (du service antijuif de la Gestapo chargé des relations avec l’UGIF). En novembre 1943 elle confie Paul à la Pension Zysman. Il fréquenta avec un camarade, Jacques Hopensztand, l’école de Champignol (quartier de Saint-Maur, comme La Varenne) de la rue Carpeaux tandis que les autres enfants étaient scolarisés sur place.
Paulette Galek 13 ans et sa sœur Monique Galek 9 ans
Elles habitaient 269 rue du faubourg Saint-Antoine, Paris 11e. Leur papa, Szyja Galek, avait été déporté dans le convoi n°3 du 22 juin 1942.
Alice Krauze 13 ans
dont la soeur Blima (17 ans) sera arrêtée dans le foyer de la rue Vauquelin à Paris et déportée dans le convoi 77
Blima Krauze (source : Mémorial de la Shoah, coll. Serge Klarsfeld).
Albert Tchiprut (12 ans) et son frère Victor habitaient au 8 rue Popincourt, Paris 11e. Leur papa, David Tchiprut, avait été déporté dans le convoi n°3 du 22 juin 1942.
David Tchiprut au pied des marches, à gauche du réverbère. ; Source : Mémorial de la Shoah
Dans la nuit du 21 au 22 juillet 1944, il ne restait alors que 10 enfants à la pension, avec la directrice Paulette Levi et la cuisinière Lucie Lithuac. Le témoignage du film des événements provient d'une voisine habitant le pavillon contigu à la pension. Vers 4 ou 5 heures du matin cette dame avait été réveillée par le bruit de véhicules freinant devant sa maison : trois autobus. Deux Allemands en uniforme et des civils à leurs ordres avec brassard étaient présents. On conduisit les enfants et le personnel de la pension dans le premier autobus. On jeta par la fenêtre matelas, couvertures, linge que l'on entassa dans les deux autobus suivants. On y empila aussi de la vaisselle.
(source : Groupe Saint-Maurien contre l’oubli. Les orphelins de La Varenne 1941-1944, Le Vieux Saint-Maur Éditeur, 1995, p.115-116)
A l'orphelinat, 30 rue Saint-Hilaire :
Avant la rafle, des enfants ont aussi quitté l'orphelinat. Une dizaine également, dont la petit Robert Sebbah, 6 ans, et non sa petite soeur Allia car elle était infectée par la gale.
La rafle frappe en effet l'Orphelinat la nuit même où elle s'abat sur la pension Zysman. Elle se produit dans un climat de plus grand effroi : l'Orphelinat est cerné et les S.S ordonnent son évacuation, mais les enfants, gagnés par la panique, refusent de descendre. Alors les S .S, pour montrer leur détermination tirent sur la façade à l'arme automatique.(La trace des balles marqua le bâtiment jusqu'à sa destruction en 1982).
Dix huit enfants terrorisés sortent de l'Orphelinat. On les fait monter dans un autobus, ainsi que cinq femmes membres du personnel. Cependant, l'une d'elle persuade les Allemands qu'elle n'est pas juive. On l'autorise à partir.
(source : Groupe Saint-Maurien contre l’oubli. Les orphelins de La Varenne 1941-1944, Le Vieux Saint-Maur Éditeur, 1995, p.118-119)
Témoignage d'Albert Szerman, seul orphelin survivant de la rafle, lors de notre premier entretien en 2013 :
- Pour les évènements du mercredi matin 22 juillet 1944, je voudrais reprendre, si vous le permettez, votre témoignage : « J’ai eu la chance d’en réchapper parce que j’étais à l’infirmerie. Une personne non juive, employée à l’Orphelinat, m’a emmené chez elle… ». Pouvons-nous revenir sur les circonstances et la manière dont vous avez été soustrait, pour la quatrième fois, d’une arrestation ?
- Cette femme qui était une employée non juive de l’orphelinat habitait au-dessus. Elle m’a pris dans la file des enfants qui attendait pour monter dans les autobus parce que j’étais souffrant ; j’avais des coliques. Elle m’a emmené chez elle pour me soigner rapidement en disant que quand j’irai mieux je redescendrais pour me remettre avec les autres. Mais comme je n’ai pas été mieux tout de suite, il lui a fallu certainement qu’elle me garde plus longtemps que prévu. Et entre temps les enfants sont partis. La voilà l’explication ! Moi, je les ai vus partir dans ces autobus par la fenêtre de chez cette dame, c’était sur une hauteur. C’est là que j’ai eu mes cheveux blancs en une nuit tellement j’ai hurlé de peur. J’ai vu et entendu les autres enfants qui hurlaient. Les SS tiraient, emmenaient les meubles, ils emmenaient tout…
- D’autres témoignages parus dans le livre disent que les Allemands tiraient pour effrayer les enfants qui ne voulaient pas descendre… c’est abominable !
- Mais oui, absolument ! Le directeur du centre Hillel, quand j’y suis allé dans les années 70, il ne voulait pas croire que j’étais le seul rescapé parce que pour lui tout le monde était mort. Je lui avais dit : « Vous n’avez qu’à regarder sur la façade, au-dessus de la porte d’entrée, vous allez voir des impacts de balles ». Alors il a pris son échelle, il a été voir et il a vu les impacts de balles. Il m’avait répondu : « Je vous crois ». En plus je lui avais déjà décrit les lieux. Je lui avais dit qu’il y avait une salle qui s’enfonçait dans la terre. On voyait une vitre qui allait diminuant. Il y avait des graviers tout autour et c’était la salle de réfectoire. La particularité c’est qu’il y avait dans cette salle de réfectoire, au mur, une trappe qui s’ouvrait. C’était de la cuisine d’où on faisait rentrer les chaudrons. Il confirmait mes propos : « Oui, il y a toujours cette trappe ». Il voulait avoir une preuve plus forte. Je lui précisais qu’à l’arrière de l’orphelinat il y avait une autre entrée qui était condamnée avec un cadenas rouillé sur une porte. Personne ne pouvait ni entrer ni sortir. « Oui, c’est vrai », répondit-il. Cette porte existait toujours. Il avait admis que je ne fabulais pas. Pour lui, tout le monde était mort ! Pas de rescapé ! Personne ! Alors moi je lui ai déclaré de but en blanc que je suis le seul rescapé. Il pensait au départ que je lui racontais des salades. Mais à propos des impacts de balles, alors ça il n’en revenait pas.
L'orphelinat et la pension Zysman de La Varenne
.
Cahier des mutations du camp de Drancy (Mémorial de La Shoah/Archives nationales F9/5788) Avec l'aimable autorisation de la direction des archives du Mémorial de la Shoah (Reproduction interdite).
Les enfants et les encadrants au camp de Drancy 22-31 juillet 1944
.
Concernant l’orphelin qui intéresse les collégiens du Doubs et leurs professeurs : JURKOVITSCH Alain (R = Réintégré) matricule 25603 K(ommando) Drancy, escalier 8 étage 3 (8.3)
(R = Réintégré) C’est-à-dire que ces enfants avaient déjà été internés au camp avec leurs parents en 1942, puis libérés par l' l’UGIF avant d'être "réintégrés" lors de la rafle des 21-25 juillet 1944.
Observations sur cette archive :
Les 28 enfants de La Varenne et les 7 encadrants sont arrivés au camp de Drancy le 22 juillet 1944, ont été enregistrés le 23 juillet 1944 (exceptée Raphaëlle Chetblum, enregistrée à la date du 22).
Un interné, André Warlin, raconte dans son livre l'Impossible Oubli (1),l'arrivée et le séjour des enfants au camp de Drancy :
" Par une nuit claire, étoilée, nous distinguons de loin, le bruit des autobus qui se succèdent à une cadence rapprochée, les coups de sifflet annonçant les arrivées. Les autobus arrivent les uns après les autres. Nous ne voyons pas tout de suite les nouveaux arrivants. Mais bientôt, à notre effroi indescriptible, nous entendons les voix pétillantes et jacassant de petits enfants tout seuls sans père ni mère. Il y en a de tout petits de deux ans qui traînent leur misérable baluchon. Ils pleurent. Ils n'ont pas eu le temps de s'habiller, on les a arrachés de leur lit, les bousculant.
Ça et là, une femme les accompagne, les traînant à ses trousses, les poussant devant elle.
On les parque dans les escaliers vides, improvisant des couches pour eux, les tassant à plusieurs dans les lits infestés de punaises. Le camp entier est en émoi (…)
Le lendemain, disciplinés, sages, ayant l'habitude d'obéir, de souffrir, ils vont tous en rang au réfectoire, tenant dans leurs petites mains des bols trop grands, et jouant avec leurs cuillères. Ceux de cinq ans s'occupent de ceux de trois ans. Du reste ,ils sont mûrs et savent s'adapter. Ils connaissent la vie, la persécution, la souffrance. Ils ont été séparés de leurs parents, le plus souvent déjà déportés, la plupart lors de la rafle du Vel'd'Hiv. Ils savent qu'ils sont juifs, c'est même la seule chose qu'ils savent, ignorant souvent jusqu'à leur nom. Ils savent qu'ils sont en danger, ayant entendu parler depuis leur naissance des camps de la déportation. Tout petits, ils ont l'instinct de conservation comme des petits animaux. Ils essaient de fuir le danger. On en retrouve un dans une niche de chien. "Je veux être un chien," dit-il " puisque les chiens ne sont pas déportés".
(1) : André Warlin, L'impossible oubli. Éditions La pensée universelle, Paris, 1981.
L'orphelinat et la pension Zysman de La Varenne
Jacob Freidine : petite biographie du seul survivant des encadrants de La Varenne, déporté dans le convoi n°77.
.
Déportation vers Auschwitz-Birkenau (Convoi 77) 31 juillet - 3 août 1944
.
Albert Szerman : l'histoire du seul orphelin rescapé le jour de la rafle à travers mon récit écrit entre 2013 et 2014 "L'orphelin de la crèmerie Ardourel".
.
.
Photographies : Stéphane Amelineau, 2013
Denise Holstein, à droite portant l'étoile jaune avec des orphelins du foyer de Louveciennes. Source : Mémorial de la Shoah
Denise Holstein avait 18 ans quand, arrêtée au Centre d'enfants de Louveciennes, elle fut déportée. Dès son retour, en 1945, elle a relaté son expérience. Voici ce que fut le voyage des enfants vers Auschwitz :
[Du camp de Drancy, 31 juillet 1944] l'autobus nous emmena dans une petite gare près du camp. Là es wagons à bestiaux nous attendent, à l'intérieur on avait déjà accumulé le ravitaillement, les seaux et même des matelas, et il fallut entasser encore 60 personnes dans le petit espace resté vide. Tant bien que mal, nous logeons les pauvres 48 gosses d'un côté du wagon et de l'autre, les 12 grandes personnes se casaient sur les ballots et à côté du ravitaillement.
A midi, le convoi s'ébranla. Nous étions 1 300 personnes que l'on emmenait vers l'inconnu. La première journée ne fut pas trop terrible, mais le soir, quand il fallut coucher tous ces enfants dans le noir, les cris commencèrent, nous ne pûmes dormir une minute : les enfants avaient chaud, ils avaient soif et l'air veanit à manquer, les ouvertures étaient toutes petites. Le soir même, nous traversions le Rhin et nous quittions le pays. Malgré tout, le moral était bon, il le fallait, nous avions les enfants et nous n'avions pas à nous lamenter. Nous chantions des chants de route et d'espoir. Le voyage dura deux jours et demi et ce fut le commencement de la souffrance. Le ravitaillement était merveilleux mais nous ne pouvions rien avaler, nous avions tous soif. Les enfants pleuraient, il fallait les consoler, les faire patienter jusqu''à ce que nous bourreaux veuillent bien nous laisser descendre pour remplir nos récipients d'eau. Ayant le brassard rouge, je pus, aux quelques arrêtes, descendre avec le docteur et en même temps respirer un peu d'air pur, boire à ma soif et me laver un peu. Il commençait à y avoir un peu de calme dans le train, les enfants s'endormaient lorsque le train s'arrêta.
Nous entendons des cris en allemand, on ouvre les portes, le voyage était terminé [ nuit du 2/3 août 1944]. Des hommes vêtus du costume de bagnards, la tête rasée, prennent les enfants dans les bras pour les faire descendre du train ; les pauvres petits étaient pour la plupart nus et sans chaussures ; ils étaient apeurés devant ces hommes à l'allure inconnue pour eux, et dont la grosse majorité était des étrangers. Parmi ces hommes était un jeune homme avec de grands yeux bleus, habillé, malgré le costume à rayures, d'une façon impeccable ; de suite je m'adresse à lui, il ne pouvait être autre chose qu'un Français ! Il me répondit entre les dents pour que les autres ne le voient pas parler : "Remonte dans le train. Je ne peux pas te parler ici.". Je lui obéis et il vient et me dit out de suite ce qu'était ce camp : la nourriture, juste de quoi ne pas mourir de faim, pas de place pour s'étendre la nuit, tout le temps des appels et, me dit-il, surtout, en descendant du train, ne prends pas de gosses dans tes bras. Je lui demandais de suite pourquoi, il me répondit : " Tu comprendras d'ici quelques jours". Je ne comprenais vraiment pas ce qu'il voulait dire. "Tu vois, me dit-il me montrant les gosses, ça va faire du savon". Il venait de me dire qu'il était au camp depuis deux ans, je le pris alors pour un fou. Je lui demandais s'il ne connaissait pas des Holstein qui soient au camp, en souriant, il me répond : "Nous sommes peut-être plusieurs millions dans ce camp, et je te conseille de ne plus demander des nouvelles de ta famille et surtout de ne plus y penser".
J'étais assez angoissé en descendant du train mais ne voulus rien dire à mes camarades, il serait bien temps de l'apprendre par la suite. En descendant, je vois une petite fille pleurant toute seule, je n'avais pas le cœur de la laisser ainsi, je la pris donc par la main et marchais un moment, lorsqu'à côté de moi, je reconnais le Français avac lequel je venais de parler ; il me répéta sur un ton tout à fait autoritaire "Tu ne comprends pas ce que je t'ai dit pour les enfants !". Le coeur serré je laisse donc cette petite qui n'était plus seule, mais au milieu de la foule, et je m'écartais pour aller retrouver deux jeunes filles marhant ensemble sans enfants.
Il faisait nuit noire, des projecteurs éclairaient la route. Le train s'était arrêté à l’intérieur du camp ; il n'y avait pas de gare. Nous longions le train, lorsqu'en travers de la route, plusieurs Allemands faisaient le service d'ordre : envoyaient les uns à droite où se trouvaient des camions, et les autres, dont je faisais partie, vers la gauche. De suite nous remarquons que tous les enfants étaient allés vers les camions, ainsi que les femmes âgées, et toutes les personnes portant des enfants dans les bras.
Denise Holstein fut sélectionnée avec 282 autres femmes pour entre dans le camp, ainsi que 291 hommes. Tous les autres, dont les enfants, furent immédiatement gazés.
(Source : Serge Klarsfeld. Le calendrier de la persécution des Juifs de France 1940-1944. Editions FFDJF, 1993. p. 1083-1085).
Wolf AGREST né le 21 octobre 1933 à Nancy. (Orphelinat Saint-Hilaire).
Sa maman, Golda BORNSTAJN née AGREST, fut déportée dans le convoi n°42 du 6 /11/1942. Pendant l’occupation ils s'étaient réfugiés à Savigny-sous-Faye dans la Vienne (86). Le père se nommait Gabriel.
(Source : Yad Vashem, témoignage déposé par Rosa Boréal, l’épouse du demi-frère de Wolf en 1998).
Une cousine (branche maternelle), Liki, fut également déportée dans le convoi 77. Elle était à l’orphelinat Vauquelin. Elle avait 16 ans. Pendant l’occupation elle vivait aussi à Savigny-sous-Faye.
(Source : Yad Vashem, témoignage déposé par Rosa Boréal, belle-sœur de Liki, sœur du mari du témoin. Rosa Boréal est l’épouse d’un fils de Golda issu d’un second mariage).
André KANE né le 25/10/1939 à Saint-Quentin (Aisne) (Pension Zysman)
André Kane, né à Saint-Quentin le 25 octobre 1939, où il habitait 40 rue des Glatiniers. À 3 ans, à Pithiviers, ses parents lui sont arrachés. Son père Abraham est mentionné dans le fichier des entrées à Drancy. Il n’apparait sur aucune liste des convois. Sa mère, Golda, a été déportée le 31 août 1942, six jours après son arrestation par la compagnie de gendarmerie de l’Aisne. André avait un grand frère, Léon (Leib), né en 1929 à Lodz. Il fut arrêté et déporté dans le convoi n°40 du 4/11/1942. Léon avait 13 ans. André a été libéré avec sa sœur Renée de Drancy à la demande de l’UGIF. Après sa libération, en 1942, ils furent hébergés par son oncle, puis à la pension Zysman pour André et l’orphelinat de Neuilly pour Renée jusqu’à la rafle du 22 juillet 1944. A Drancy, André retrouva sa sœur.
(Source : Stéphane Amélineau. La Shoah en Soissonnais : journal de bord d’un itinéraire de Mémoire. Le Manuscrit/Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Coll. Témoignages de la Shoah, 2017).
(Source : Groupe Saint-Maurien contre l’oubli. Les orphelins de La Varenne 1941-1944, Le Vieux Saint-Maur Éditeur, 1995).
Alain JURKIEWICZ (ou Jurkovitsch) né le 02/06/1936 à Etterbeek (Belgique) (Orphelinat Saint-Hilaire)
Paul JAKUBOWICZ (ou JACOBOWITZ) né le 5/06/1938 à Strasbourg (Pension Zysman)
Source : Mémorial de la Shoah/Coll. Michèle Jakubowicz Fraiberger
Max Jakubowicz, prisonnier de guerre et de Rose Jakubowicz, déportée d'Angers vers Auschwitz par le convoi 8 du 20/07/1942.Paul était le frère de Michèle Jakubowicz-Fraiberger.
Pendant la guerre Paul vécut avec ses parents à Tours au 75 rue Desvergne.
Paul est interné à Drancy en octobre 1942. Son père était prisonnier de guerre en Allemagne dans un stalag. N’ayant pu mettre la main sur les papiers justifiant le statut de son papa, il ne put être déporté au camp de Bergen-Belsen où il n’y avait pas de sélection à l’arrivée. Les femmes et enfants juifs de prisonniers de guerre étaient internés comme otages. Beaucoup ont pu survivre.
Sources : Mémorial de la Shoah + témoignage de Paul Curtz.
Jacques HOPENSZTAND né le 31/03/1934 à Paris. (Pension Zysman).
Témoignage de Paul Curtz avec qui il était à la pension Zysman à La Varenne au 57 rue Georges Clémenceau fin 1943, début 1944. « Il avait de grands yeux marron de biche craintive ». Paul Curtz.
Emmanuel HOLZ né le 6 mars 1940 à Nancy. (Orphelinat Saint-Hilaire)
Source : Collection Serge Klarsfeld.
Emmanuel était le plus jeune d’une fratrie de 6 enfants séparés de leurs parents en novembre 1941, détenus au camp de Poitiers pour être confiés à leurs grands-parents jusqu’au décès du grand-père. Les trois aînés (David 13 ans, Joseph 11 ans, Jacques 10 ans) se retrouvèrent à l’orphelinat Secrétan (Paris XVIIIe), Myriam (8 ans) et Paul (7 ans) furent hébergés dans l’orphelinat de Louveciennes, puis Emmanuel (4 ans) dans celui de La Varenne. Ils se retrouvèrent tous dans l’escalier 6 de Drancy avant leur dernier voyage après la rafle des orphelinats le 22 juillet 1944. Leur papa, Moïse, avait été déporté dans le convoi n°8 du 20 juillet 1942 vers Auschwitz et leur maman, Blima, dans le le convoi n°36 du 23 septembre 1942.
Note biographique sur le frère aîné d’Emmanuel
Par la classe de 3ème B du collège Jules Ferry de Neuves-Maisons en Lorraine, sous la direction des enseignantes, Blandine Binetruy et Christine Labrunye.
Collection Serge Klarsfeld.
Photographie de la famille Holz (probablement en 1941)
Berthe ALTER 5 ans née le 20/09/1938 à Paris (Orphelinat Saint-Hilaire)
Charlotte ALTER 4 ans née le 2/05/1940 à Paris (Orphelinat Saint-Hilaire)
Les deux sœurs habitaient 17 rue Ferdinand Duval Paris 4e.
(Source : Mémorial de la Shoah).
Isaac RACHOW né le 16/10/1936 à Paris (Pension Zysman) .
Il vivait avec ses parents à Aubervilliers, son père Chaïm, tailleur, sa maman Rywka et un frère, Sylvain né en 1932 . Ils semblent tous avoir été arrêtés lors de la rafle du Vel’d’Hiv. Il sont envoyés à Pithiviers. Son père est déporté de ce camp dès le 17 juillet dans le convoi n°6, ainsi que sa maman le 7 août 1942 dans le convoi n°16. Les deux garçons sont amenés ensuite à Drancy après l’autorisation de Berlin à déporter les enfants à partir de la mi-août. Sylvain a été déporté dans le convoi n°25 du 28 août 1942 quant à Isaac, il a pu être libéré le 24 octobre 1942 et confié à l’UGIF.
Source : Mémorial de la Shoah.
Armand SZWALBERG né le 5 février 1934 à Paris (Orphelinat Saint-Hilaire)
David SZWALBERG né le 4 mars 1935 à Paris. (Orphelinat Saint-Hilaire)
Madeleine SZWALBERG née le 20 novembre 1936 à Paris. (Orphelinat Saint-Hilaire)
Armand à gauche et David à droite. Source : Collection Serge Klarsfeld.
Source : Mémorial de la Shoah/Coll. Fabrice Szwalberg. Madeleine avec l’un de ses frères, Georges. Celui-ci semble avoir échappé à la déportation.
Laja Szwalberg est née en 1902 à Silleiow (Pologne). Elle s'était mariée avec Joseph Szwalberg. Ils ont eu quatre enfants (Armand né en 1934, David né en 1935, Madeleine née en 1936, et Georges). Ils habitaient 5 impasse des Amandiers à Paris, 20e. Joseph a été déporté par le premier convoi du 27/03/1942 à Auschwitz où il périt le 23/04/1942. Laja étaitt cuisinière à l'hôpital Rothschild. Ses enfants étaient pensionnaires à l'orphelinat de La Varenne.
Laja fut internée à Drancy le 24 juillet 1944. Le fit-elle volontairement lorsqu’elle apprit l’internement de trois de ses enfants ? Ils ont été déportés ensemble par le convoi 77.
(Source : Mémorial de la Shoah).
Suzanne STERBER née le 22/10/1938 à Paris (Pension Zysman) (R Drancy 8.3)
Au camp de Pithiviers après la Rafle du Vel’ d’Hiv, ses parents lui avaient été arrachés. Elle fut ensuite conduite à Drancy. L’UGIF la libéra et obtint sa garde.
(Source : Groupe Saint-Maurien contre l’oubli. Les orphelins de La Varenne 1941-1944, Le Vieux Saint-Maur Éditeur, 1995).
Paulette STERBER, née le 4/05/1937 est décédée au camp de Pithiviers le 16 /09/1942. Sœur ?
Mendel STERBER déporté de Beaune-la-Rolande dans le convoi n°15 du 5/08/1942. Père ?
Chana STERBER déportée de Pithiviers dans le convoi 16 du 7/08/1942. Mère ?
Source : Mémorial de la Shoah : 4 des 5 noms orthographiés STERBER gravés sur le mur des noms.
Jacques TABAK né le 02/08/1936 à Metz. (Orphelinat Saint-Hilaire)
Jacques avait un grand frère, Joseph (13 ans) qui était à l’orphelinat Secrétan à Paris. Ils se retrouvèrent au camp de Drancy le 22/23 juillet 1944. Pendant l’occupation, ils se réfugièrent à Mareuil en Charente. Lors de la rafle d’Angoulême du 8 octobre 1942, leurs parents, d’origine tchèque, Salomon et Leah (Laja), ont été arrêtés et déportés à Auschwitz dans le convoi 40 du 4/11/1942.
(Source : pages de témoignage du Yad Vashem déposé par Julia Ghisalberti en avril 2019. Julia est la petite cousine de Jacques et Joseph).
Bernard TATTENBAUM (ou Tajtelbaum) né le 24/07/1939 à Paris (Pension Zysman)
Il a connu les camps d’internement, a été libéré de Drancy le 24 octobre 1942 à la demande de l’UGIF qui en obtint la garde. Son père, Jankiel avait été déporté par le convoi n°2 du 5 juin 1942 parti de Compiègne et sa mère Sura, par le convoi n°14 du 3 aout 1942 parti de Pithiviers.
(Source : Groupe Saint-Maurien contre l’oubli. Les orphelins de La Varenne 1941-1944, Le Vieux Saint-Maur Éditeur, 1995).
(Source : Mémorial de la Shoah).
Edouard WAJNRYB (ou Wajryb) né le 11/08/1939 à Neuilly-sur-seine (Pension Zysman)
Source : Collection Serge Klarsfeld
Édouard était le fils de Salomon Wajnryb et Suzanne née Kouchelevitz. (Témoignage de Paul Curtz). A Pithiviers il fut séparé de ses parents. Envoyé à Drancy, il en fut retiré par l’UGIF en avril 1943.
(Source : Groupe Saint-Maurien contre l’oubli. Les orphelins de La Varenne 1941-1944, Le Vieux Saint-Maur Editeur, 1995).
Michel WESTREICH né le 24/02/1940 à Metz. (Pension Zysman)
Source : Collection Serge Klarsfeld
Michel avec sa maman Zlata, déportée dans le convoi n°40 du 4/11/1942.
Michel fut retiré de Drancy par l’UGIF le 31 mai 1943. Sa maman, Zlata, et son papa Abraham avaient été déportés dans le convoi n°40 du 4/11/1942.
Henriette ROCHWERG née le 02/11/1896 à Paris (Surveillante générale à l’Orphelinat Saint-Hilaire).
Henriette Rochwerg, [Collection particulière Annie D'Enfert avec son aimable autorisation].
Henriette Riomann est née dans le 18ème arrondissement de Paris le 2 novembre 1896. Ses parents, Salomon Riomann et Sarah Rothmann étaient originaires de Kiev en Ukraine. Son père était depuis cordonnier, sa mère marchande des 4 saisons. En 1925, à 28 ans,Henriette épouse Salomon Rochwerg, ébéniste et brocanteur. Salomon était né à Ozarow en Pologne et habitait en France depuis 1914. Ils eurent une fille unique, Irène, née en 1926.
Henriette était la surveillante générale de l’orphelinat créé par l’UGIF (Union générale des Juifs de France) situé à la Varenne dans le Val de Marne, au 30 rue saint-Hilaire.
Le samedi 22 juillet 1944 une rafle frappe l’orphelinat. Sur ordre du capitaine SS Aloïs Brunner, des nazis et des collaborateurs, envahissent l’orphelinat. Dans un chaos indescriptible, les enfants juifs âgés de 4 à 11 ans sont arrêtés et conduits au camp de Drancy. Ils seront déportés le 31 juillet 1944 avec le personnel d’encadrement dont Henriette Rochwerg, par le convoi n° 77 et assassinés à Auschwitz quelques jours après.
Son mari et sa fille Irène survécurent à la Shoah
(Source : Annie D'Enfert, petite-nièce d'Henriette Rochwerg, avec son aimable autorisation).
Alliah SEBBAH 3 ans née le 2 /11/1940 (Orphelinat Saint-Hilaire).
Elle avait un frère, Robert (6 ans en 1944) qui fut évacué avant la rafle. Il témoigna dans Le Mensuel (magazine municipal du Blanc-Mesnil) n°29 de juillet-août 1993 : « Une nuit, des résistants nous ont enlevés. Les résistants nous ont emmenés à pied. Les grands portaient les petits ». Une dizaine d’enfant selon lui.
Ces enfants « non bloqués », c’est-à-dire qui n’avaient pas été déjà internés à Drancy en 1942 lors des arrestations de leurs parents, sont partis avec l’accord de l’UGIF.
Alliah n’a pu être emmenée, laissée à l’orphelinat car elle était alors infectée par la gale.
(Source : Groupe Saint-Maurien contre l’oubli. Les orphelins de La Varenne 1941-1944, Le Vieux Saint-Maur Editeur, 1995).
Raphaël BENDERSKI né le 5/06/1938 à Nancy (Pension Zysman).
Source : Collection Serge Klarsfeld
Simon BERNSTEIN né le 23/03/1936 à Sedan (Orphelinat Saint-Hilaire)
Régine BERSTEIN née le 09/12/1937 à Sedan (Orphelinat Saint-Hilaire)
Bernard BERSTEIN né le 25/07/1939 à Sedan (Orphelinat Saint-Hilaire)
Leur papa s’appelait Isidore, né le 23/06/1907 à Moukatchevo, sujet de l’empire Austro-hongrois, devenue tchèque après la première guerre mondiale (aujourd’hui ukrainienne).
Sous l’occupation ils vivaient à Niort. Il a été déporté dans le convoi n°42 du 6/11/1942 avec sa femme Frieda et trois de leurs enfants, Salomon 4 ans, Serena 10 ans et Yolande 11 ans.
(Sources : Mémorial de la Shoah/Yad Vashem)
Maurcie FIX né le 2/09/1933 à Paris et sa sœur Christiane née le 3/01/1936 à Paris
(Orphelinat Saint-Hilaire)
Source : Mémorial de la Shoah/Coll. Raikovic
Maurice et Christiane étaient issus d’une famille juive d’Odessa en Crimée par leurs grands-parents maternels. Ils sont arrivés en France en 1912 avec leur fille aînée, Marie. Il eurent ensuite un garçon et deux filles. Ils s’installèrent au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne actuel), confectionnant et vendant des casquettes pour les ouvriers. L’aînée qui deviendra la maman de Maurice et Christiane, avait un caractère colérique, « Marie la folle » comme la surnommait ses sœurs et frère. Elle était d’un tempérament instable, psychologiquement fragile mais tout de même en mesure de mener une vie autonome, aux risques et périls de ceux qui les entourent ! Des marieurs professionnels, témoigna Monique Raikovic, cousine de Maurice et Christiane, lui ont trouvé un conjoint, un orphelin juif, plutôt gentil garçon qui, très vite n’a pu que prendre la fuite, laissant derrière lui deux très jeunes enfants, Maurice et Christiane, mes cousins. La guerre de 1939-1940 puis l’occupation et la collaboration avec les Nazis sont venues bouleverser l’histoire de cette famille. Marie était incapable de s’occuper des enfants. Les grands-parents les confièrent à une nourrice qui les déclara comme juifs. Un jour, des gendarmes sont venus les chercher pour les confier à l’orphelinat de La Varenne.
A lire dans son intégralité, le Témoignage de Monique Raikovic (2018). Les enfants de Tante Marie. Les Amis d’Odessa 1914-2017 [En ligne] https://www.amis-odessa.fr/monique
Justine FRIEDRICH née le 14/04/1938 à Paris (Pension Zysman)
Source : Mémorial de la Shoah/Coll. Berthe Ertel. Lieu : Pension Zysman 1943.
Sa maman (Chewa ou Szjwa), arrêtée à Poitiers où elle s’était réfugiée, fut déportée dans le convoi n°42 du 6/11/1942.
(Source Yad Vashem : page de témoignage de Paul Curtz)
Roberte CARACO née le 26/11/1921 à Paris (Orphelinat Saint-Hilaire)
Raphaelle CHELBLUNS (ou Chelblum) née le 31/08/1926 à Paris (Orphelinat Saint-Hilaire). Sa sœur Myriam fut également arrêtée au centre de Louveciennes.
Paulette LEVI née le 12/11/1914 à Paris. Directrice de la pension Zysman.
Source : Mémorial de la Shoah/Coll. Gaston Emile Lévy-Tilley
Source : Association convoi 77 (présidée par Georges Meyer). Paulette Levi. Convoi 77 [En ligne]
Lucie LITHUAC, née HAAS, le 01/10/1896 à Paris (Cuisinière à la Pension Zysman)
Olga KAHAN (ou Kahn) né le 24/11/1925 à Paris (Orphelinat La Varenne).
Source : Mémorial de la Shoah
Sa sœur Myriam, née en 1923, fut également arrêtée au centre de Louveciennes. Toutes les deux étaient assistantes auprès des enfants. Leur père, Leib, arrêté dès 1941, interné à Compiègne, puis Drancy, fut déporté dans le convoi n°59 du 2 septembre 1943.
(Source : Yad Vashem).
Stéphane Amélineau. Albert Szerman, l'orphelin de la crèmerie Ardourel. (Récit)
Albert Szerman et ses parents, 1942.
(collection privée, Albert Szerman)
Albert, son épouse et moi-même lors de l'une de nos rencontres (Paris, 2015).
Jacob FREIDINE né à Paris le 11 janvier 1914. (Économat de la pension Zysman et de l''orphelinat Saint-Hilaire).
Source : Coll. DAVCC
Note biographie de Jacob Freidine
(Source : Association convoi 77 (présidée par Georges Meyer). Jacob Freidine. Convoi 77 [En ligne] par Vincent SZUKALA, étudiant en M1 Archives 2017-2018, sous la direction de la Professeure Marie-Anne MATARD-BONUCCI, Université Paris 8, Vincennes-St Denis).
Renée GRUMBERGER née le 1/06/1936 à Metz (Orphelinat Saint-Hilaire)
Jean GRUMBERGER née le 4/06/1937 à Metz (Orphelinat Saint-Hilaire)
Rolande GRUMBERGER née le 11/08/1938 à Metz (Orphelinat Saint-Hilaire)
(Source : Mémorial de la Shoah).