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La Mediterranée médiévale


Un espace d'échanges et de conflits à la croisée de trois civilisations.

Un espace de tensions

Un espace de diversité politique et religieuse

Un espace d'échanges

Diversité du monde Musulman

Un Empire Byzantin en déclin?

Une chrétienté latine qui s'affirme

La Mediterranée, un espace de tensions

Bernard de Clairvaux et la deuxième croisade

Des échanges culturels importants

Le commerce en Mediterranée

Venise: une puissance commerciale et militaire

Un Empire Byzantin en déclin?

Consignes:


1) A partir des liens proposés donnez les caractéristiques:

-> De l'organisation politique

-> De l'organisation religieuse

de l'Empire Byzantin.


2) A partir des textes et des liens proposés, évoquez ensuite les évolutions sociales et économique de cet Empire.


3) A partir des textes et des liens proposés, décrivez enfin les rapports qu'entretiennent l'Empire Byzantin et la Chrétienté Latine.

Le sac de Constantinople le 13 avril 1204


Partis pour reprendre Jérusalem aux musulmans, les croisés, menés par les Vénitiens, attaquent et pillent Constantinople, la capitale de l'Empire Byzantin. L'auteur est un administrateur et historien Byzantin, témoin des événements.


"Tenant leurs chevaux qui étaient accoutumés au tumulte de la guerre, au son de la trompette et l'épée nue, [les ennemis] se mirent à piller les maisons et les églises. [...] Ces précurseurs de l'Antéchrist [...] s'emparaient des vases sacrés pour en arracher les pierreries et les autres ornements et ils en faisaient des coupes à boire! [...]


Quant à la profanation de la Grande Eglise1, comment en parler sans frémir? ils fracassèrent la table de l'autel qui était faite de diverses matières précieuses [...] et ils se la partagèrent avec tous les autres trésors nombreux et splendides de l'église [...]. C'étaient là les hommes qui avaient pris la croix sur leurs épaules et jurés sur elle et sur les Saintes Écritures de traverser la terre de chrétiens sans verser le sang [...], de ne lever leurs armes que contre les Sarrazins2, de ne les rougir que du sang de ceux qui avaient pillé Jérusalem [...]. Il est bien clair que sous couvert de défendre le Saint-Sepulcre, c'étaient des enragés contre le Christ."


Nicétas Choniatès (1155-1215), Histoire.


1. Sainte Sophie

2. Musulmans



La grandeur de Constantinople


Eudes de Deuil, abbé de Saint Denis et compagnon de la croisade du roi Louis VII en 1147, exprime sa fascination pour la ville fondée par Constantin


"Constantinople, gloire des Grecs, riche de réputation mais plus riche encore d'argent, s'érige en triangle comme la voile d'un vaisseau. Dans l'angle intérieur s'élèvent Sainte Sophie et le palais de Constantin qui abrite une chapelle où on honore les reliques sacro-saintes. la ville est entourée de deux cotés par la mer. En venant vers la ville, nous observons à droite le bras de Saint Georges1 et à gauche un certain golfe s'avance sur environ quatre milles.

On a fondé là le palais dit des Balchernes2; celui-ci apparaît de dimensions modestes mais d'un art somptueux et gracieux [...] il contemple successivement la mer, les campagnes et la ville. Son extérieur est presque incomparable de beauté; l'intérieur dépasserait vraiment ce que je pourrai dire. partout, sa paroi est revêtue d'or et couverte de marbres de couleurs variées artistement travaillées; et je ne sais ce qui lui confère plus de prix ou de beauté, son art subtil ou ses matériaux précieux. Le troisième coté du triangle urbain donne sur les champs, mais il est muni d'un mur double et de tours étirés sur près de deux milles entre la mer et le palais. [...]

Byzance domine dans tous les domaines car comme elle dépasse les autres villes en richesses, elle les surpasse aussi en vices. Elle possède de nombreuses églises, Sainte Sophie, inégalable par la grandeur, non par le décor, admirables de beauté et vénérables en raison de leurs reliques."



Eudes de Deuil, La Croisade de Louis VII, roi de France, livres IV et V, 1148


1. Nom donné à la Mer de Marmara par les Latins

2. Palais où les Empereurs résident fréquemment.



Diversité du monde musulman

Consignes:


1) A partir du lien proposé, donnez les évolutions politiques du monde musulman.

Vous insisterez sur les rivalités et les divisions au sein de cet espace.

ATTENTION: Il ne faut pas faire la liste de toutes les dynasties mais essayer de mettre en avant les évolutions des différents espaces de pouvoirs.

ATTENTION 2: Sur le lien, cliquez bien sur "monde islamique"


2) A partir du lien proposé et des textes, donnez les caractéristiques religieuses du monde musulman.

-> Les tensions au sein de l'Islam (Sunnites et Chiites)

-> Le statut des autres religions.


3) Enfin vous soulignerez le rayonnement de la culture musulmane au Moyen Age.

Une brillante civilisation


"C'est elle (Al-Fustat)1 la capitale de l'Egypte, celle qui éclipse Bagdad, celle dont s'enorgueillit l'islam, celle où toute l'humanité vient commercer: plus considérable que Bagdad, elle est l'entrepôt du Maghreb, le dock de l'Orient, le marché achalandé. On ne saurait trouver parmi les ville plus populeuse qu'elle: des grands et des cheiks2 nombreux, des marchandises et des spécialités merveilleuses, de bon souks, des marchés clos plein d'élégance et de splendeur. Dans tout l'islam, on ne trouve pas pus fréquenté que les assemblés de la grande mosquée, plus magnifiques que les vêtements de ses habitants, plus abondant en navires que son port. Elle offre des nourritures fines, des assaisonnements délicats, des douceurs à bon marché [...]. Leurs maisons ont quatre étages, même cinq, ce qui les rend pareilles pour la hauteur à des minarets. Une seule maison peut abriter jusqu'à deux cents âmes.


Al-Mogadassi, voyageur de la fin du Xe siècle, La Meilleure répartition pour la connaissance des provinces.


1. Situé à proximité du Caire actuel

2. Chefs de tribus ou titre décerné aux sages vieillards.



Averroes rencontre l’émir almohade1 en 1166


"La première chose que me dit l'émir des Croyants fut: "Que pensent-ils du ciel? - en se référant aux philosophes - Est-il éternel ou créé?" La confusion et la crainte s'emparèrent de moi et je commençais à inventer des échappatoires et à nier que la philosophie m'ait jamais intéressée. [...] Mais l'émir des Croyants, comprenant ma crainte et ma confusion, commença à commenter ce qu'il m'avait demandé, mentionnant ce qu'avaient dit Aristote, Platon et tous les philosophes et présentant en outre les objections des penseurs musulmans contre eux; je me rendis compte qu'il avait une mémoire (et une connaissance) telle que je n'aurais crus que l'on puisse trouver. [...] Il poursuivit en me tranquillisant de cette façon à ce que je parle [...]; et lorsque que je me retirai, il ordonna que l'on me fasse don d'une somme d'argent, de vêtements d'apparat et d'un coursier [cheval]."


Cité dans Pierre Guichard, L'Espagne et la Sicile musulmanes aux XIe-XIIe siècles, PUL, 2000.


1. Dynastie qui règne au Maghreb et dans la péninsule Ibérique aux XIIe-XIIIe siècle

Le statut des chrétiens et des juifs en terre d'Islam


A la fin du XIIe siècle, Saladin, fondateur de la dynastie ayyoubide, reconquiert une partie des Etats latins d'Orient, dans lesquels vivent, depuis des siècles, de nombreux chrétiens parfois persécutés.


"Quand nous avons ordonné que les dhimmi1 revêtissent les signes distinctifs qui les différencient dans leur apparence des musulmans, et que cela fut établi selon les exigence de la Loi divine manifeste et pure, il nous parvint qu'une bande d'irresponsables et de voyous s'étaient attaqués aux dhimmi en paroles et actes détestables [...]. Nous avons désapprouvé cela et nous nous devons d'interdire de dire ou de faire de telles choses. [...]

Garder et protéger les dhimmi, s'abstenir de leur nuire et de les harceler, ne pas leur causer de préjudice, ne pas leur intenter de mauvais procès et ne pas s'écarter à leur sujet du droit chemin, ne pas modifier la justice qui leur est garantie, ne pas troubler les bienfaits dont ils sont abreuvés [...], que leur sang et leurs biens inviolables soient protégés. Celui qui contrevient à cet ordre suit en cela la voie des opposants."


Décret sur le statut des dhimmi d'Alep, rédigé en 1183.


1. Statut juridique inférieur des minorité religieuses monothéistes

Une chrétienté Latine qui s'affirme

Consignes:


1) A partir du lien et des textes proposés, expliquez l'organisation politique qui caractérise l'Occident chrétien.

ATTENTION 1: Sur le lien, cliquez bien sur "occident chrétien"


2) Expliquez ensuite le développement économique.


3) Et enfin comment l'Eglise affirme son autorité sur la Chrétienté

Les privilèges accordés aux Vénitiens en 1082


Après la victoire sur les Normands en 1081, le basileus (titre porté par l'empereur Byzantin) veut remercier ses alliés Vénitiens sans qui la victoire n'aurait pas été possible.


"Personne n'a ignoré ce que firent les fidèles Vénitiens [...] et comment ils ont offert pour nous aider d'innombrables combattants marins; et comment ils ont vaincu avec leur propre flotte [...]. C'est pourquoi en récompense de tels services, ma Puissance impériale a bien voulu, selon la teneur de ce présent chrysobulle, [leur donner] les boutiques, qui sont dans le quartier de Pérama1, avec plusieurs étages, [...].

Elle leur a aussi accordé de commercer avec toutes les marchandises dans toutes les régions de la Romanie2 [...] et dans la Grande Ville elle même, et plus simplement dans toutes les régions qui sont sous le pouvoir de notre pieuse mansuétude sans avoir à fournir [...] toutes les taxes que doivent les commerçants. [...] En effet, ils auront le droit d'acheter tout ce qu'ils veulent, en restant exempts de tout versement."


1. Quartier de Constantinople

2. Autre nom de l'Empire Byzantin



La cérémonie de l'hommage


"Les vassaux du comte de Flandres firent hommage de la façon suivante: le comte de Flandre demanda à son futur vassal s'il voulait devenir son homme sans resserve et celui-ci répondit "je le veux"; puis ses mains étant jointes dans celles du comte qui les étreignit, ils s'allièrent d'un baiser.


En second lieu, celui qui avait fait l'hommage engagea sa foi en ces termes: "je promets d'être fidèle à partir de cet instant au comte Guillaume sans tromperie". Il jura cela sur la relique des saints.


Ensuite le comte donna son investiture1 à tous ceux qui, par ce pacte, lui avait promis sécurité et fait hommage par serment."


D'après Gilbert de Bruges, Histoire du meurtre de Charles le Bon, Comte de Flandre, 1127.


1. Son fief


La punition du vassal félon


"Quiconque sera requis par son seigneur de participer à une expédition, et aura la hardiesse de ne pas arriver en temps utile, ou négligera d'envoyer à sa place quelqu'un d'autre, ou ne fournira pas au seigneur une demi année du revenu de son fief, perdra son fief; le seigneur pourra reprendre son fief et en disposer.

Si le fils du vassal a offensé le seigneur, que le père amène son fils faire réparation au seigneur ou bien qu'il se sépare de son fils; sinon, qu'on le prive de son fief."


D'après Frédéric Barberousse, Législation sur les fiefs, 1152.

Une Eglise qui s'affirme:


1- L’Église romaine a été fondée seulement par le Seigneur.

2- Seul le pontife romain a le droit d'être appelé universel.

3- Lui seul peut déposer et absoudre les évêques. [...]

12- Il est lui consenti de déposer les empereurs .[…]

13- Sa sentence ne peut être réformée par personne (ses décisions ne peuvent être modifiées) et lui seul peut réformer celles de tous.

19- Il ne peut être jugé par personne. […]

22- L’Église romaine ne s'est jamais trompée et, comme l'atteste l’Écriture, elle ne se trompera jamais. [...]

26- Celui qui n'est pas d'accord avec l'Eglise romaine n'est pas considéré comme catholique.

27 - Le pape peut libérer les sujets du serment de fidélité fait aux indignes.


"Dictatus papae" de Grégoire VII 1075


La Paix de Dieu


"Je n'envahirai pas les églises. Je n'assaillirai pas les clercs et les moines ne portant pas d'armes, je ne m'emparerai pas de leurs biens. je ne m'emparerai pas du paysan, de la paysanne, des serviteurs et des marchands. Je n'incendierai ni ne détruirai les maisons, à moins que je n'y trouve à l'intérieur un chevalier qui soit mon ennemi et en armes.

Celui qui ne respecterai pas cette paix à partir d'aujourd'hui, qu'il soit excommunié, qu'il n'entre plus dans l'église avec les chrétiens jusqu'à ce qu'il jure cette paix".


Serment proposé aux chevaliers par l'évêque à Verdun sur le Doubs, vers 1020.

La Mediterranée, un espace de tensions

Consignes:


En vous aidant du lien et des textes proposés, expliquez les différents conflits opposants chrétiens et musulmans.


1) Vous expliquerez ce qu'est la Reconquista et ses différentes étapes


2) Expliquez ensuite ce que sont les Croisades.

-> Définissez ce qu'est une Croisade,

-> Expliquez qui sont les croisés

-> Donnez les dates et les objectifs de la première Croisade

-> Expliquez ce que sont les Etats Latins d'Orient.


ATTENTION 1: Sur le lien, cliquez bien sur "la Reconquista" et "les Croisades".


3) Expliquez ensuite la réaction musulmane et la notion de Jihad.


4) Donnez rapidement les objectifs et les résultats des croisades suivantes.


5) Insistez sur la rupture entre Chrétiens Latins et Byzantins suite au sac de Constantinople.

Le sac de Constantinople le 13 avril 1204


Partis pour reprendre Jérusalem aux musulmans, les croisés, menés par les Vénitiens, attaquent et pillent Constantinople, la capitale de l'Empire Byzantin. L'auteur est un administrateur et historien Byzantin, témoin des événements.


"Tenant leurs chevaux qui étaient accoutumés au tumulte de la guerre, au son de la trompette et l'épée nue, [les ennemis] se mirent à piller les maisons et les églises. [...] Ces précurseurs de l'Antéchrist [...] s'emparaient des vases sacrés pour en arracher les pierreries et les autres ornements et ils en faisaient des coupes à boire! [...]


Quant à la profanation de la Grande Eglise1, comment en parler sans frémir? ils fracassèrent la table de l'autel qui était faite de diverses matières précieuses [...] et ils se la partagèrent avec tous les autres trésors nombreux et splendides de l'église [...]. C'étaient là les hommes qui avaient pris la croix sur leurs épaules et jurés sur elle et sur les Saintes Écritures de traverser la terre de chrétiens sans verser le sang [...], de ne lever leurs armes que contre les Sarrazins2, de ne les rougir que du sang de ceux qui avaient pillé Jérusalem [...]. Il est bien clair que sous couvert de défendre le Saint-Sepulcre, c'étaient des enragés contre le Christ."


Nicétas Choniatès (1155-1215), Histoire.


1. Sainte Sophie

2. Musulmans



L'appel du pape Urbain II à la première croisade


Le 27 novembre 1095, le pape Urbain demande de partir secourir les chrétiens d'Orient.


"Il importe que, sans tarder, vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays d'Orient, et qui déjà bien souvent ont réclamé votre aide. En effet, comme la plupart d'entre vous le savent déjà, un peuple venu de Perse, les Turcs, a envahi leur pays. [...] ils s'étendent continuellement au détriment des terres des chrétiens [...]. Ces Turcs détruisent les églises; ils saccagent le royaume de Dieu. Si vous demeuriez encore quelque temps sans rien faire, les fidèles de Dieu seraient encore plus largement victimes de cette invasion. Aussi je vous exhorte et je vous supplie - et ce n'est pas moi qui vous y exhorte, c'est le Seigneur lui même - à persuader à tous, à quelques classe de la société qu'ils appartiennent, chevaliers ou piétons, riches ou pauvres, par vos fréquentes prédications, de se rendre à temps au secours des chrétiens et de repousser ce peuple néfaste loin de nos territoires. [...]

A tous ceux qui y partiront et qui mourront en route, que ce soit sur terre ou sur mer, ou qui perdront la vie en combattant les païens, la rémission de leurs péchés sera accordée. [...] Qu'ils aillent donc au combat contre les Infidèles."


Foucher de Chartres, Histoire du pèlerinage de Jérusalem, XIIe siècle.

Le Jihad


Al-Sulamî, un juriste de Damas, est l'un des premiers à prêcher le jihad contre les croisés.


"Une partie des Infidèles assaillit à l'improviste l'île de la Sicile 1, mettant à profit les différends et les conflits [qui y régnaient] ; de cette manière [les Infidèles] s'emparèrent aussi d'une ville après l'autre en Espagne 2. Lorsque des informations se confirmant l'une l'autre leur parvinrent sur la situation perturbée de [la Syrie] dont les souverains se détestaient et se combattaient, ils résolurent de l'envahir. Et Jérusalem était le comble de leurs vœux.
Examinant le pays de Syrie, ils constataient que les États y étaient aux prises l'un avec l'autre, leurs vues divergeaient, leurs rapports reposaient sur des désirs latents de vengeance. Leur avidité s'en trouvait renforcée, les encourageant à s'appliquer [à l'attaque]. En fait, ils mènent encore avec zèle le djihad contre les musulmans ; ceux-ci en revanche font preuve de manque d'énergie et d'esprit d'union dans les guerres, chacun essayant de laisser cette tâche aux autres. Ainsi [les Francs] parvinrent-ils à conquérir des territoires beaucoup plus grands qu'ils n'en avaient eu l'intention, exterminant et avilissant leurs habitants. [...]

Le Coran, la tradition et l'unanimité des docteurs de la Loi, tous sont d'accord, avons-nous prouvé, que la guerre sainte est un devoir collectif lorsqu'elle est agressive, et qu'elle devient un devoir personnel dans les cas spécifiés ci-dessus. Ainsi est-il établi que la lutte contre ces troupes revient obligatoirement à tous les musulmans qui en sont capables, à savoir (eux qui ne sont atteints ni de maladie grave ou chronique, ni de cécité ou de faiblesse résultant de la vieillesse). Tout musulman n'ayant pas ces excuses, qu'il soit riche ou pauvre et [même] fils de parents [vivants] au débiteur, doit s'engager contre eux et se précipiter pour empêcher les conséquences dangereuses de la mollesse et de la lenteur, qui sont à craindre."


Al Sulami, Incitation à la guerre sainte, 1105

1. Les Normands prennent Palerme en 1072 et achèvent la conquête de l'île en 1091.

2. Prise de Tolède en 1085, occupation de Valence en 1094 ; villes de l'Èbre entre 1094 et 1100.

Bernard de Clairvaux et la IIe croisade

Consignes:


En vous aidant du lien et des textes proposés, expliquez le rôle de Bernard de Clairvaux dans le déclenchement de la 2nd Croisade, le déroulement et les conséquences de celle-ci.


1) Vous présenterez Bernard de Clairvaux et ses actions avant la 2e Croisade.


2) Présentez ensuite la forme que prend son engagement en faveur de la 2nd Croisade


3) Racontez le déroulement de la 2nd Croisade et les raisons de son échec.


4) Expliquez les conséquences de celle-ci pour les Latins et les Musulmans en insistant sur le rôle de Saladin.


Saint Bernard justifie la violence des Croisades.


"Pour les chevaliers du Christ, au contraire, c'est en toute sécurité qu'ils combattent pour leur Seigneur, sans avoir à craindre de pécher en tuant leurs adversaires, ni de périr, s'ils se font tuer eux-mêmes. Que la mort soit subie, qu'elle soit donnée, c'est toujours une mort pour le Christ : elle n'a rien de criminel, elle est très glorieuse. Dans un cas, c'est pour servir le Christ ; dans l'autre, elle permet de gagner le Christ lui-même : celui-ci permet en effet que, pour le venger, on tue un ennemi, et il se donne lui-même plus volontiers encore au chevalier pour le consoler. [...]
Car ce n'est pas sans raison qu'il porte l'épée : il est l'exécuteur de la volonté divine, que ce soit pour châtier les malfaiteurs ou pour glorifier les bons. Quand il met à mort un malfaiteur, il n'est pas un homicide, mais, si j'ose dire, un malicide. Il venge le Christ de ceux qui font le mal ; il défend les chrétiens. [...]

Qu'ils soient rejetés loin de la cité du Seigneur, ceux qui commettent l'iniquité, ceux qui s'efforcent d'enlever les inestimables richesses que Jérusalem réserve au peuple chrétien, ceux qui veulent souiller les Lieux saints et s'approprier le sanctuaire de Dieu. Que les deux glaives des fidèles soient levés sur la tête des ennemis, pour détruire quiconque s'élève contre la foi de Dieu, c'est-à-dire celle des chrétiens, "pour que les nations ne disent pas: où est leur Dieu ?" "


Saint Bernard, De laude novae militiae, cité par Jean Richard,
dans L'Esprit de croisade, Paris, 1969.

Bernard de Clairvaux et l'échec de la 2nd Croisade


"Vous me [dites] les craintes que vous inspire l'état du pays que le Seigneur a honoré de sa présence, ainsi que les dangers qui menacent une ville arrosée de son sang. Oh! Malheur à nos princes chrétiens! Ils n'ont rien fait de bon dans la terre sainte, et ils ne se sont hâtés de revenir chez eux que pour se livrer à toutes sortes de désordres [...]. impuissants pour le bien, ils ne sont, hélas! que trop puissants pour le mal. Pourtant j'espère que le Seigneur ne rejettera pas son peuple et n'abandonnera pas son héritage à la merci de ses ennemis; son bras est assez puissant pour le secourir et sa main toujours riche en merveilles; l'univers reconnaîtra qu'il vaut mieux encore mettre sa confiance en Dieu que dans les princes de la terre."


Bernard de Clairvaux, Lettre à son oncle André, chevalier du Temple, vers 1148

L'échec du siège de Damas par un chroniqueur musulman


"Cette année là parvinrent des nouvelles selon lesquelles le roi des Francs arrivait dans leur pays. Il y avait avec lui plusieurs de leurs grands seigneurs, en nombre incalculable. Ils se dirigeaient vers le territoire de l'Islam, après avoir lancé un appel dans tous leurs territoires. [...] On disait que leur nombre atteignait un million de fantassins et de cavaliers, et même plus [...]. Les Francs dirigèrent leur marche vers Damas avec leurs troupes réunies, leur courage et leurs armures. [...] Les Francs se mirent à couper les arbres pour faire des retranchements et à détruire les ponts [...]. Le lendemain, les habitants de Damas firent une sortie et attaquèrent l'ennemi. [...] De nombreux archers à pied arrivèrent de plusieurs lieux, ce qui augmenta le nombre de musulmans [...]. Les musulmans l'emportèrent et infligèrent de grosses pertes à leurs adversaires. [...] Les Francs recevaient quantité de renseignements sur les armées musulmanes qui se ruaient à la guerre sainte: ils se convainquirent que l'affaire tournait à leur perte, au désastre et à l'anéantissement. ils fuirent en désordre, abandonnés de Dieu et vaincus."


Ibn al-Qalanisi, Histoire de Damas, 1154-1160


Des echanges culturels importants

Consignes:


En vous aidant du lien et des textes proposés, montrez que la Méditerranée est un espace de brassage culturel.


1) Montrez les liens qui existe entre la culture gréco-romaine et la culture musulmane au début du Moyen Age


2) Mettez en évidence les contacts culturels et les savoirs transmis entre Chrétiens et Musulmans.


3) Présentez les lieux où se transmettent ce savoir et les moyens employés.


4) Donnez un exemple de mélange des cultures



Les pratiques médicales occidentales


Le témoignage d'un médecin arabe sur les pratiques médicales occidentales, rapporté par un prince syrien, Usâma ibn Munqidh (1095-1188) dans son autobiographie Des enseignements de la vie, nous offre un portrait partial mais fouillé des Francs. Un médecin syrien témoigne de l'intervention d'un médecin occidental.


"On me présenta un chevalier qui avait une tumeur à la jambe et une femme atteinte de consomption. Je mis un emplâtre au chevalier, la tumeur s'ouvrit et s'améliora ; je prescrivis une diète à la femme pour lui rafraîchir le tempérament. Mais voici qu'arrive un médecin franc, lequel déclare : "Cet homme ne sait pas les soigner !" et, s'adressant au chevalier, il lui demanda : "Que préfères-tu ? Vivre avec une seule jambe ou mourir avec les deux ?" Le patient ayant répondu qu'il aimait mieux vivre avec une seule jambe, le médecin ordonna : "Amenez-moi un chevalier solide et une hache bien aiguisée."
Arrivèrent le chevalier et la hache tandis que j'étais toujours présent. Le médecin plaça la jambe sur un billot de bois et dit au chevalier : "Donne-lui un bon coup de hache pour la couper net !" Sous mes yeux, l'homme la frappe d'un premier coup, puis ne l'ayant pas bien coupée, d'un second ; la moelle de la jambe gicla et le blessé mourut à l'instant même. Examinant alors la femme, le médecin dit : "Elle a dans la tête un démon qui est amoureux d'elle. Coupez-lui les cheveux !" On les lui coupa et elle recommença à manger de leur nourriture, avec de l'ail et de la moutarde, ce qui augmenta la consomption. "C'est donc que le diable lui est entré dans la tête", trancha le médecin, et saisissant un rasoir, il lui fit une incision en forme de croix, écarta la peau pour faire apparaître l'os de la tête et le frotta avec du sel... et la femme mourut sur-le-champ. Je demandai alors : "Vous n'avez plus besoin de moi ?" Ils me dirent que non et je m'en revins après avoir appris de leur médecine bien des choses que précédemment j'ignorais."


Usâma ibn Munqidh, Des enseignements de la vie. Traduits et commentés par André Miquel, Imprimerie nationale, Paris, 1983

Le voyage de Gérard de Crémone à Tolède


Tolède est un célèbre centre de traduction en latin de la version arabe des textes grecs anciens, du Coran et d'ouvrages d'écrivains arabes et persans.


"Pour éviter que les ténèbres du silence ne viennent cacher maître Gérard de Crémone, [. ..] ses compagnons ont soigneusement dressé la liste de toutes les œuvres qu'il a traduites, dans le domaine de la dialectique comme de la géométrie, de l'astrologie comme de la philosophie, de la médecine comme des autres sciences [...].
L'amour de l' Almageste 1, qu'il ne trouvait pas chez les Latins, le poussa à Tolède. Il y vit une grande abondance d'ouvrages en langue arabe sur toutes les disciplines [. ..], il apprit l'arabe pour pouvoir les traduire; s'appuyant à la fois sur sa science et sur sa connaissance de la langue [...] jusqu'à la fin de sa vie, il n'a cessé de traduire de I'arabe, le plus clairement et intelligiblement qu'il a pu tous les livres qu'il jugeait les plus fins, dans la plupart des disciplines, pour les remettre à la latinité comme à une héritière chérie."


Éloge funèbre de Gérard de Crémone (1187),
cité dans Jean Favier, Archives de l'Occident, Tome 1, Fayard 1992.

La ville de Cordoue


"La ville de Cordoue est la capitale et la métropole d'al-Andalus, c'est le siège du califat musulman. Les qualités des habitants de Cordoue sont trop célèbres pour qu'il soit nécessaire d'en faire mention et leurs vertus trop évidentes pour qu'on puisse les taire. Ils conjuguent splendeur et beauté. Ce sont les plus grands savants de cette contrée et des modèles de piété. Ils sont renommés pour la pureté de leur doctrine, la probité de leurs gains, la beauté de leur apparence qu'il s'agisse d'habits ou de monture, l'élévation de leur intérêt pour les assemblées et les rangs, et leur maîtrise des mets et boissons. Ils sont, de plus, doués du caractère le plus aimable et des manières les plus dignes d'éloges. Cordoue ne manqua jamais de savants illustres ni de personnages distingués. Ses marchands sont riches et possèdent des biens abondants, ils vivent dans l'aisance et ont des montures somptueuses. Ils sont mus par une noble ambition."


Al-Idrîsî, Nuzhat al-mushtaq fî ikhtirâq al-âfâq,
encore appelé Livre de Roger. Sicile, 1154.

Chapelle du palais de Palerme, édifiée par le roi Roger II, 1130.


Le plafond de cèdre et les étoiles à huit pointes sont d'inspiration arabe; les mosaïques d'or sont byzantines et le plan à trois nefs, latin. La calligraphie arabe se mêle aux inscriptions en grec et latin.

L'héritage de la civilisation arabe


"Pour l'envahisseur apprendre la langue du peuple conquis est une habileté ; pour ce dernier apprendre la langue du conquérant est une compromission, voire une trahison. De fait, les Franj ont été nombreux à apprendre l'arabe alors que les habitants du pays, à l'exception de quelques chrétiens, sont demeurés imperméables aux langues des Occidentaux. On pourrait multiplier les exemples, car, dans tous les domaines, les Franj se sont mis à l'école arabe, aussi bien en Syrie qu'en Espagne ou en Sicile. Et ce qu'ils y ont appris était indispensable à leur expansion ultérieure. L'héritage de la civilisation grecque n'aura été transmis à l'Europe occidentale que par l'intermédiaire des Arabes, traducteurs et continuateurs. En médecine, en astronomie, en chimie, en géographie, en mathématiques, en architecture, les Franj ont tiré leurs connaissances des livres arabes qu'ils ont assimilés, imités, puis dépassés. Que de mots en portent encore le témoignage : zénith, nadir, azimut, algèbre, algorithme, ou plus simplement "chiffre". S'agissant de l'industrie, les Européens ont repris, avant de les améliorer, les procédés utilisés par les Arabes pour la fabrication du papier, le travail du cuir le textile, la distillation de l'alcool et du sucre – encore deux mots empruntés à l'arabe. On ne peut non plus oublier à quel point l'agriculture européenne s'est elle aussi enrichie au contact de l'Orient : abricots, aubergines, échalotes, oranges, pastèques... La liste des mots "arabes" est interminable."


Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes,
éditions Jean-Claude Lattès, Paris, 1983.

Eglise de la Martona à Palerme



Knight, Souvenirs des Sarrasins et des Normands. Gravure d'après G. Moore.
BnF, Estampes et Photographie (Ub 58 Fol Pl XXII)


Le commerce en Méditerranée

Consignes:


En vous aidant du lien et des textes proposés, expliquez l'importance du commerce en Méditerranée.


1) Quels sont les produits échangés en Méditerranée?


2) Quelles sont les principales routes commerciales?


3) Comment les produits sont-ils échangés?


4) Montrez que le commerce est aussi un moyen de pacifier les relations entre Chrétiens et Musulmans



Traité entre le sultan mamelouk Qalâwûn et la République de Gênes (13 mai 1290)


La dynastie des mamelouks règne que l'Egypte et la Syrie de 1250 à 1517


I. Que tous les Génois soient garantis dans leur personne et leurs biens dans les territoires que possède et possédera le sultan, ainsi qu'en cas de naufrage.

II. Qu'ils aient libre circulation, y compris en Syrie, même lors des expéditions militaires du Sultan [...]

VIII. Les Génois doivent acquitter à la douane d'Alexandrie, sur les marchandises pesées, 12% et ce seulement après vente faite et prix touché. [...]

XI. Aucun Génois ne doit être forcé de vendre les marchandises apportées; s'il désire les remporter, il le peut sans droits à payer. [...]

XVII. Que les Génois aient des magasins suffisants, fermant à clé, et que la douane affecte des gardiens.

XVIII. La douane n'a aucune autre taxe à leur faire payer, ni les agents chargés de visiter les navires. [...]

XXV. Qu'aucun Génois ne soit obligé d'acheter d'autres marchandises que celles qu'il veut.


C.Cahen, Orient et Occident au temps des croisades, Aubier, 1983.


Le commerce dans les Etats latins d'Orient


L'auteur de ce journal de voyage, Ibn Jubayr est un musulman. Il passe par la ville d'Acre sur la route de son pèlerinage.


"Le va-et-vient des caravanes d'Egypte vers Damas à travers le pays franc ne fut pas interrompu ainsi que celui des musulmans de Damas à Acre. on n'empêchait aucun marchand de commercer, ni ne l'inquiétait. les chrétiens font payer une taxe aux musulmans qui traversent leur territoire, ceux-ci jouissant d'une sécurité extrême; les marchands chrétiens versent aussi en territoire islamique une taxe sur leurs produits, l'entente régnant entre eux et l'équité étant de rigueur en toutes circonstances. Les hommes de guerre s'occupent de leurs conflits pendant les autres sont en paix [...].

Nous arrivâmes le matin à Acre. On nous conduisit vers la douane qui est un caravansérail réservé au logement des caravanes. Devant la porte, on vit [...] des secrétaires chrétiens de la douane [...]. Ils écrivaient et parlaient l'arabe. [...] Les marchands déposèrent leurs marchandises dans le caravansérails et logèrent dans la partie supérieure. [...]

Acre est la capitale des Francs en Syrie, l'escale des bateaux aussi grands que des montagnes, le port que fréquentent tous les navires, comparable par son importance à celui de Constantinople, le rendez vous des vaisseaux et des caravanes, le lieu de rencontre des marchands musulmans et chrétiens venus de tous les horizons. Ses places et ses rues sont si animées qu'on ne peut y mettre un pied."


Ibn Jubayr, Voyage, 1184-1185

Contrat entre un marchand marseillais et un marchand égyptien


"Sachant tous que moi, Alfaquin, sarrasin d'Alexandrie, confesse et reconnais que j'ai reçu à titre d'achat à crédit de toi, Bernard de Manduel, 2 quintaux d'aloès1 et 1 quintal et 80 livres de casse2 et 2 centenier de corail, pour lesquels je te dois 135 besants3 de bonne monnaie vieille et de juste poids, renonçant en toute connaissance de cause à toutes réclamations pour biens non reçus. Ces 135 besants de bonne monnaie vieille et de juste poids, libres de douane et de toutes charges, je promets par contrat de les remettre à toi Bernard ou à ton représentant qualifié à Ceuta4, dans le délai de 20 jours après que la nef Le Faucon ait accosté en ce port. Pour cette dette, je mets en gage toutes les marchandises énumérées supra que j'ai reçues de vous pour la valeur de 135 besants, de sorte que si, au terme du délai prévu, je ne les paye pas, qu'il te soit permis, de ta seule initiative, de mettre en vente ledit gage en sa totalité et de d'en faire ce qu'il te plaira jusqu'à ce qu'il te soit donné satisfaction au sujet des 135 besants, selon ce qui est dit plus haut. De mon coté, je promet de bonne foi et sous la garantie de tous mes biens, de respecter ces engagements."


Contrat conclu à Marseille le 2 avril 1227 entre Bernard de Manduel, marchand de Marseille et Alfaquin, marchand d'Alexandrie. L. Blancard, Documents inédits sur le commerce de Marseille au Moyen Âge, Marseille, 1884.


1. Plante asiatique dont on tire un médicament

2. Écorce de cannelle

3. Monnaie dont le nom vient de "byzantin"

4. Ville du nord du Maroc actuel.

Venise, une puissance commerciale et militaire

Consignes:


En vous aidant du lien et des textes proposés, expliquez l'importance de Venise dans le commerce Méditerranéen.

ATTENTION: sur le lien proposé, cliquez sur "le commerce", "en méditerranée".


1) Situez et localisez Venise


2) Présentez les différents lieux de pouvoir et de commerce à Venise


3) Sur quels espaces s'étend l'empire économique vénitien? Quels sont les produits échangés par les marchands vénitiens?


4) Comment la République vénitienne s'impose-t-elle en Méditerranée? A partir de quand commence son déclin?





Accord entre l'empereur byzantin et Venise (1082)


"Ma Majesté Impériale a bien voulu, suivant la teneur de ce présent chrysobulle, que les Véntiens reçoivent chaque année, au temps de fêtes, un revenu de 20 livres et que cet argent soit distribué dans leurs propres églises suivant leurs volontés. [...] En plus, elle leur donne aussi les magasins qui sont dans le quartier réservé de Perama [...] et trois débarcadères maritimes, délimités au même endroit. [...] elle leur a aussi accordé de commercer toutes les marchandises dans toutes les régions de la Romanie1 [...] sans qu'ils aient à payer de droits d'aucune sorte pour aucune transaction."


Chrysobulle d'Alexis Comène en faveur de Venise, mai 1082


1. La Romanie désigne l'Empire Byzantin

Des marchands vénitiens débarquent à Cambaet



Des marchands vénitiens débarquent à Cambaet grâce à une échelle

Marco Polo, Le Livre des merveilles du monde, 1298. Copié vers 1410. Manuscrit enluminé sur parchemin (43 x 30 cm). BnF, Manuscrits (Fr 2810 fol. 86v)


La prise de Constantinople par les croisés en 1204 offre aux marchands vénitiens de nouveaux marchés. Ils peuvent enfin commercer avec l'Extrême-Orient sans l'intermédiaire des marchands musulmans. La fameuse "route de la soie" leur est désormais ouverte. Celle-là même que le célèbre marchand vénitien Marco Polo emprunte en 1271 pour une aventure qu'il racontera dans le Livre des merveilles. Les marchands vénitiens débarquent ici leurs marchandises au port de Cambaet, en Inde, grâce à une échelle. L'échelle a servi à désigner par extension le port de commerce (les échelles de la Corne d'Or à Constantinople, les échelles de Barbarie en Afrique du Nord…).

Venise, une ville au cœur de la Méditerranée


"Ici, toute chose qui existe et que l'on souhaiterait acheter se trouve, c'est l'une des choses les plus merveilleuses de Venise. De là, on accède au pont du Rialto, qui fut construit en 1458 et qui est une prouesse avec ses boutiques qui, parce qu'elles sont bien placées, se louent à prix d'or. Et sous ce pont se trouvent des chaînes que l'on peut ouvrir pour laisser les navires entrer à Venise ou en partir. Sous ce pont coule le Grand Canal et à proximité se trouve le fondaco [comptoir] des Allemands, où ils habitent et font leur commerce [...]. Dans ce quartier se trouve l'île de Rialto, qui est le lieu le plus riche du monde. Premièrement sur le canal, il y a nombre de boutiques, qui sont tenues par des seigneurs, puis on arrive à la rive du Fer, qui s'appelle ainsi car on y vend du métal. A la fin du pont du Rialto se trouve l'office public où on pèse toutes les marchandises vendues. Au cœur du quartier Dorsoduro se trouve un lieu - appelé la Punta - où se trouvent des magasins immenses où toutes les galères, nefs et tous le autres navires de toutes tailles débarquent leurs marchandises, sauf le vin, qui va à l'estimation pour être estimé, et le sel, qui va dans son magasin spécifique".


Marino Sanudo, De origine, situ et magistrabus urbis Venetiae, 1484-1570

Repères:


1082: l'empereur byzantin accorde des avantages commerciaux aux Vénitiens en échange de leur aide militaire


1104: Venise construit l'Arsenal, un grand port militaire


1123-1124: les Vénitiens aident les Francs à prendre le port de Tyr aux musulmans


1171: les Vénitiens sont expulsés de l'Empire Byzantin qui veut réduire son influence


1204: Venise détourne la quatrième croisade vers Constantinople


1244: le sultan d'Egypte accorde des privilèges commerciaux aux Vénitiens.