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pas de côté à ...

Saint-Nazaire : la bande sonore de la ville

Une marche en centre-ville Nazairien avec Raphaëlle Duquesnoy, designer d'espaces sonores & artiste acousticienne, proposée par l'ADDRN.

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3. Les halles centrales : entrez dans la bulle ! Marqueurs sonores : un vendredi en début d’après-midi, c’est le brouhaha feutré du rangement qui se termine et le va-et-vient des balayeuses qui domine l’espace sonore… valorisant l’acoustique particulière du bâtiment. J’aime les marchés, ils donnent l’atmosphère d’une ville et l’accent de ses habitants. Les Halles de Saint-Nazaire offrent une ambiance feutrée, une impression de cocon favorisée par les hautes voûtes à shed conoïdes qui réverbèrent et atténuent les éclats de voix et le brouhaha général. Un jour de marché, c’est une atmosphère agréable et conviviale, un fond sonore constant, non agressif, parfois ponctué d’improvisations musicales ou des appels d’un commerçant. L’extrait sonore proposé mêle des enregistrements des marchés du vendredi et du dimanche, à l’intérieur et l’extérieur des Halles.

2. Le parking des halles : un îlot de calme, y sommes-nous encore en centre-ville ? Marqueur sonore : chant d’oiseaux et vent dans les arbres, une sensation sonore « qualitative » d’un espace sans qualité ? Où suis-je ? Dans un jardin, une arrière-cours, loin de la ville, en pleine périphérie commerciale ? Les sons de la ville paraissent lointains, la quiétude domine, en décalage avec la configuration spatiale du lieu…et sa fonction unique de parking.

4. Square Delzieux : une balade en quartier résidentiel Marqueur sonore : le « drone » de l’usine Cargill, une présence discrète mais constante, bien connue du Nazairien, morceau du « paysage sonore » du centre-ville, qui rappelle son identité industrielle. Le square est calme, désert avant l’heure de la sortie des écoles… les fenêtres ouvertes des immeubles voisins laissent entendre quelques sons familiers. Mais ce qu’on remarque tout de suite, en tendant l’oreille, c’est une note régulière, une soufflerie métallique, semblable au son d’un bourdon ou d’une musique ethnique expérimentale… on appelle ce type de son un « drone », et celui-ci provient de l’usine Cargill. Si l’odeur qu’elle dégage marque régulièrement le paysage olfactif local, c’est ce son particulier qui participe d’une « identité sonore » nazairienne.

5. La base sous-marine : à bâtiment unique, atmosphère sonore unique ! Marqueur sonore : un paysage sonore mélangé, qui rappelle la proximité du port, de l’océan, et d’une ville en chantier. On reconnaît là Saint-Nazaire ! Arrivant du boulevard, passant et bruyant, on observe d’abord la résonance du cocon de béton, avant de se retrouver face au bassin : formidable mélange de sons, mouettes, clapotis de l’eau, écho des pas, « bip » de recul des engins de chantiers qui démolissent actuellement les hangars en friche (et rappellent la mutation de la zone depuis 20 ans, qui se poursuit !), ponctué par temps de brouillard des cornes de brume des bateaux,….

6. La friche des anciens frigos STEF : testez l’écho ! Marqueur sonore : entre le blockhaus STEF et la base résonne un écho qui se propage de manière étonnante… Une particularité acoustique bien locale, qui en rappelle d’autres à Saint-Nazaire : espaces ouverts, rues larges, calme ambiant… permettent aux sons de se propager, et se répercuter lorsqu’ils rencontrent ici ou là le béton ou la pierre. Le calme, « luxe » spécifique aux villes moyennes ? « Si vous en avez marre du bruit, allez vous installer à Rodez ! » a répliqué un jour Bertrand Delanoë, maire de Paris, lors d’une réunion publique… la grande métropole bruyante, la ville moyenne ennuyeuse ? Toutes les villes moyennes partagent-elles le même silence, ou se distinguent-elles avec leurs propres paysages sonores ? A Saint-Nazaire en tout cas, on commence à en distinguer les contours…

7. Place de l’Amérique latine : esplanade aujourd’hui, nouvel espace public demain ? Marqueur sonore : deux usages se distinguent et se mêlent en fond sonore : le va-et-vient des voitures, les échos des jeunes qui occupent la place, et y écoutent de la musique. Une esplanade en cœur de ville… on s’attendrait à y entendre le « son de la vie » : des éclats de voix de jeux pour enfants, les discussions de passants, de l’animation… La place est vaste, les sons lointains, et encerclés de rues passantes, on entend surtout les voitures. Comme le sol de pavés, l’acoustique y est froide et brute, loin de dégager un sentiment confortable, intime. Et si on imaginait la place autrement, à quoi ressemblerait son fond sonore ?

8. Le Ruban Bleu : l’artifice sonore ne trompe pas, nous ne sommes pas dans une rue commerçante ordinaire ! Marqueur sonore : la bande musicale d’ambiance, une « muzac » qui n’est pas conçue par hasard… A ciel ouvert, dans la continuité des rues du centre-ville… mais vous êtes bien dans un centre commercial, qui s’isole de la ville en créant sa propre ambiance sonore, comme dans un bâtiment fermé. La « muzac », fond sonore normé, rythmé et aseptisé, met en condition le consommateur qui sommeille en chaque passant…

1. le Paquebot : un café au bord de l’eau ? Marqueur sonore : les fontaines, un rideau sonore ? Axe routier (5 000 véhicules par jour avenue De Mun) ou cœur du centre-ville piétonnier ? Attablé à la terrasse du café, on prend le soleil en profitant d’une ambiance sonore plutôt agréable, avec la fontaine comme « rideau sonore ». De ce fond acoustique homogène ressortent des chants d’oiseaux mêlés aux bruits de moteur… on est contraint d’hausser la voix pour s’entendre !