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Vendredi 22 mars 2019 - Lycée Augustin Thierry (Blois)

Programme de sciences numériques et technologie (SNT) de seconde générale et technologiqueLes réseaux sociaux

Formation de formateurs

1. Ce que l'expression "réseaux sociaux" désigne2. L'expérience du "petit nombre" à l'épreuve des RSN 3. L'analyse des réseaux sociaux : une méthodologie quantitative4. Panorama des réseaux sociaux en 20195. Focus sur les pratiques des jeunes socionautes6. La fabrique de l'identité7. Quelques principes d'"hygiène numérique"8. Les données, l'or noir du 21e siècle ? 9. Zoom sur les cyberviolences10. Les réseaux sociaux sont-ils une menace pour la démocratie ?

Sommaire

Le réseau social, en tant que « forme d’organisation de la vie collective » (Dominique Cardon), est au fondement de l’interaction et des échanges humains. Loin de s’ancrer simplement dans la sphère d’internet, les réseaux sociaux occupent une place fondamentale au sein de nos relations professionnelles, familiales, locales ou encore institutionnelles. Retour sur les généalogies des réseaux sociaux...

Ce que l'expression "réseaux sociaux" désigne...

Pierre Mercklé, 2016

"Un réseau social [...] peut être défini provisoirement comme constitué d'un ensemble d'unités sociales et des relations que ces unités sociales entretiennent les unes avec les autres, directement, ou indirectement à travers des chaînes de longueurs variables. Ces unités sociales peuvent être des individus, des groupes formels d'individus ou bien des organisations plus formelles, comme des associations, des entreprises, voire des pays"

"L'analyse des réseaux sociaux est une approche sociologique, fondée sur l'étude de la théorie des réseaux appliquée aux réseaux sociaux. La théorie des réseaux sociaux conçoit les relations sociales en termes de nœuds et liens. Les nœuds sont habituellement les acteurs sociaux dans le réseau mais ils peuvent aussi représenter des institutions, et les liens sont les interactions ou des relations entre ces nœuds". (Wikipédia)

Les réseaux sociaux, un nouveau concept, une vieille histoire

Dominique Cardon, février 2015

"Lorsqu'on dit réseau social, il faudrait dire réseau social de l'Internet, parce qu'en fait il y a deux généalogies. Il y a une généalogie qui est liée au monde de l'Internet, du web et des technologies numériques dans lequel [le réseau social de l'internet] est apparu à partir de 2004 - 2005, mais il y en avait des prémices bien avant. L'idée que le web 2.0 a inventé le réseau social n'est pas juste"

Le rôle pionnier de Skyblog en France

Le site est lancé le 17 décembre 2002 par la radio française Skyrock. La simplicité de la mise en page et de l'interface d'administration lui vaut un certain succès auprès des débutants, principalement des adolescents et des jeunes adultes, francophones.

L'anthropologue britannique Johan A. Barnes est considéré comme le premier à avoir utilisé la notion de "réseau social".

Pierre Merklé, 2011

"Après avoir séjourné deux ans, au début des années 1950, à Bremnes, une petite ville de 4 600 habitants située sur une île sur la côte Ouest de la Norvège, l'anthropologue britannique John A. Barnes (né en 1918) publie en 1954, dans Human Relations, un article qui va devenir un classique et avoir une grande influence. L'objectif de Barnes est de rendre compte de l'organisation sociale d'une petite communauté à travers l'ensemble des relations que ses membres entretiennent les uns avec les autres [...]. Il a introduit formellement la notion dans le domaine des Sciences Sociales [...]

De John Barnes, "inventeur" des réseaux sociaux à ...

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... à Facebook

The Social NetworkBande-annonce 2 VFFilm américain de David Fincher sorti en 2010

Les RSN se trouvent au cœur du web 2.0 et peuvent être définis suivant deux entrées : Danah Boyd et Nicole Ellison définissent le réseau social numérique avec une logique technique comme « un service web permettant aux individus de construire un profil public ou non créé par une combinaison de contenu et, d’autre part, d’articuler ce profil avec d’autres » (Boyd & Ellison, 2007). Alexandre Coutant et Thomas Stenger (2009) proposent une approche complémentaire orientée « usages » privilégiant la circulation de l’information. [Les réseaux sociaux numériques] « constituent des services web qui :

  • permettent aux individus de construire un profil public ou semi-public au sein d'un système,
  • permettent de gérer une liste des utilisateurs avec lesquels ils partagent un lien,
  • permettent de voir et naviguer sur leur liste de liens et sur ceux établis par les autres au sein du système,
fondent leur attractivité essentiellement sur les trois premiers points et non sur une activité particulière. » (Coutant & Stenger, 2009.)

Définitions

Le réseau décentralisé organise les informations dans plusieurs serveurs.Exemple : les membres du Fediverse (Mastodon similaire à Twitter, Diaspora similaire à Facebook...

Le réseau centralisé concentre toutes les informations dans un lieu unique.Exemples : Facebook, Twitter, YouTube, Instagram...

En fonction de leur architecture technique

Les différents types de réseaux sociaux

Explosion des usages

Un exercice difficile et controversé

2003

2001

1999

1995

MySpace

Blogger

Wikipédia

Une brève chronologie des premiers réseaux sociaux

Classmates

Facebook en français

Reportage 13 heures le journal France 211 mars 2008 (durée : 1min. 50s.)Source : Ina.fr

Chronologie des réseaux sociaux

Pour étudier cette structure sans limite, les chercheurs ont imaginé différentes stratégies.

Comment étudier les réseaux sociaux ?

"Le Web est social de par sa nature car il cherche à créer des liaisons entre les êtres humains" (Antonio Casilli, 2013)

L'expérience du "petit monde" de Milgram à l'épreuve des RSN

Un exemple d'analyse de la théorie des réseaux

Stanley Milgram est un psychologue américain qui a réalisé plusieurs expériences aux Etats-Unis. "L'expérience du petit nombre" est l'objet d'une étude menée en 1967. Les prémices de l'expérience remontent à 1929. Frigyes Karinthy, un journaliste hongrois. Milgram a établi une moyenne de 5 à 6 intermédiaires ("les 6 degrés de séparation") entre 2 individus aux Etats-Unis. Son étude tend à montrer que chacun est relié à n'importe quel individu par une courte chaîne de relations sociales (6).

Théorie > Stanley Milgram et l'expérience du "petit monde"

Pierre Mercklé, 2016.

"De cette expérience, et de celles qui suivirent, réalisées aux Etats-Unis selon des protocoles similaires, Stanley Milgram a conclu, que dans une société de masse, pratiquement tous les individus étaient reliés les uns aux autres dans un vaste réseau [...] Un des résultats des expériences du "petit monde" est donc de démontrer l'absence de clôture des réseaux - résultat que plusieurs simulations ultérieures ont confirmé et étendu à l'échelle de la planète entière [Rapoport, Yuan, 1989; Barabási, 2002 ; Watts, 2003]. "

Les internautes sont de plus en plus proches malgré le développement d'Internet. Les réseaux sociaux semblent rétrécir le monde.

Des chercheurs de l'Université Eötvös Loránd de Budapest, en Hongrie ont tenté de vérifier la même théorie aux messages transmis via Twitter. L'étude publiée en 2014 révèle que le nombre de sauts nécessaires pour aller d’un individu à un autre est compris entre 3 et 6.

En 2011, le réseau social Facebook s'est amusé à calculer le degré de séparation de ses utilisateurs. Et le résultat était une moyenne de 4,74 personnes. En2016, Facebook a annoncé que le chiffre était tombé à 3,57 personnes.

Et dans une société mondialisée et connectée ?

Pierre Mercklé, 2016.

"Il revient à Barnes d'avoir inventé la notion de "réseau social", et à Milgram d'avoir, peut-être le premier, fait l'effort de démontrer empiriquement quelques-unes de ses intuitions. Pour autant, il serait abusif de les considérer comme les "pères fondateurs" de l'analyse des réseaux sociaux [Watts, 2003]. En réalité, il est d'usage de remonter un peu dans le temps, au début du XXe siècle, pour trouver les racines de ce courant : le "précurseur" le plus systématiquement convoqué est en effet le philosophe et sociologue allemand Georg Simmel (1858 - 1918 [Forsé, 2002] "

"Deux développements vont être fondamentaux pour la méthodologie de l'analyse des réseaux sociaux : ceux de la théorie des graphes d'une part, et ceux de l'application de l'algèbre linéaire aux données relationnelles d'autre part." (Pierre Mercklé, 2016)

L'analyse des réseaux sociaux : une méthodologie quantitative

Eric Dagiral, 2018.

"Particulièrement central, le rôle des mathématiques contitue un point riche d'incidences méthodologiques pour toutes ces disciplines [sociologie, psychologie, biologie], à travers la théorie des graphes. Celle-ci offre la possibilité de représenter visuellement, graphiquement la structure d'un réseau : un ensemble de points ou de noeuds reliés et éventuellement interconnectés entre eux, et dont les positions et distances peuvent ainsi faire l'objets de calculs."

Un outil de l'analyse structurale

La théorie des graphes

"La théorie des graphes est la discipline mathématique et informatique qui étudie les graphes, lesquels sont des modèles abstraits de dessins de réseaux reliant des objets. Ces modèles sont constitués par la donnée de « points », appelés nœuds ou sommets (en référence aux polyèdres), et de « liens » entre ces points ; ces liens sont souvent symétriques (les graphes sont alors dits non orientés) et sont appelés des arêtes " (Wikipédia)

Cours complet

Cours proposé par le CNAM accessible en ligne "Fouille de graphes et réseaux sociaux"

Pierre Mercklé, 2016.

"L'apport méthodologique de la théorie des graphes est double : d'une part les graphes donnent une représentation graphique des réseaux de relations, qui facilite leur visualisation, permet la mise en lumière d'un certain nombre de leurs propriétés structurales ; d'autre part, la théorie des graphes développe un corpus extrêmement riche de concepts formels permettant de mesurer un certain nombre de propriétés des relations entre éléments."

Pour découvrir le tutoriel

Suivre et modéliser une conversation sur Twitter avec Gephi

Pour télécharger le logiciel libre

Selon l'anthropologue britannique Robin Dunbar, le nombre d'amis avec lesquels on peut entretenir une relation suivie est d'environ 150 personnes (étude publiée en 1992). Cette limite est inhérente à la taille de notre néocortex. Au-delà du nombre de Dunbar, les interactions sont trop compliquées pour assurer une confiance mutuelle et une cohérence du groupe. D'autres chercheurs comme Russel Bernard et Peter Killworth ont donné un autre nombre en 1998 : 290 personnes. Le sociologue américain Matthew Salganik en 2010 a atteint le chiffre de 610 personnes. Ce nombre double tous les 10 ans. Les réseaux sociaux sont des "rallonges cognitives" (Antonio Casili)

Qu'est-ce qu'un ami sur un réseau social ? Peut-on avoir des centaines d'amis ? Quelle est la taille des réseaux personnels ?

Allons plus loin...

La thèse du déclin de la sociabilité soutenue par Robert D. Putnam, dans son ouvrage retentissant intitulé Bowling Alone (2000) se vérifie-t-elle avec le développement des réseaux sociaux numériques ?

2.6.2 Socialisation, désocialisation ou sur socialisation

Quels sont les effets des réseaux sociaux sur la socialisation et la temporalité pour les êtres humains ?

Le lien numérique à l'ère d'Internet avec Antonio CASILI et Francis JAURÉGUIBERRYConférence captée et réalisée par l'Esenesr (2012-2013)

Les liens faibles sont les vecteurs les plus forts du développement de la diversité de l'information qui circulent sur les réseaux sociaux (Bakshy, 2012)

  • Le friending, porté à son paroxysme par le succès planètaire de Facebook ;
  • Le bridging ou la construction de nouveaux liens non redondants ;
  • Le bonding ou le renforcement de liens existants.

Les réseaux sociaux numériques et la théorie de la force des liens

"Les effets d'homophilie peuvent être interprétés comme une "ségrégation douce" qui fabrique de l'entre-soi par le jeu des affinités et de la socialbilité" (Michel Grossetti, 2018)

Les réseaux sociaux numériques favoriseraient l'homophilie sociale

Saison 1 - Episode 6 Le journal du moi

VIDEO

"Do Not Track" est une série documentaire personnalisée consacrée à la vie privée et à l'économie du Web. Réalisée par Brett Gaylor Les 7 épisodes ont été publiés entre le 14 avril et le 15 juin 2015.

"Les médias sociaux occupent une place prépondérante dans le quotidien de milliards d’utilisateurs, attirant la convoitise des géants numériques US, mais également asiatiques. Des médias sociaux toujours plus puissants, mais également toujours plus critiqués, à l’image de Facebook avec l’affaire Cambridge Analytica qui risque de marquer une date dans l’histoire du web" (Fred Cavazza, 2018)

Panorama des réseaux sociaux en 2019

Global Internet use 2019

Fred Cavazza, 2018

Panorama des réseaux sociaux

Un panorama dominé par 5 acteurs

LINK

Chaque jour, 43 millions de Français se connectent sur Internet. Ils y passent en moyenne 1 heure 37 minutes. Plus de la moitié de ce temps est passé sur leur smartphone. Dans sa dernière étude L' Année Internet 2018, Médiamétrie a passé au crible les comportements des Internautes.

Etude publiée le 14 février 2019

L'année Internet 2018

Etude Médiamétrie

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Médiamétrie, L'Année Internet 2018, 14 février 2019

"En 2018, la croissance de l'Internet a été largement tirée par le mobile. En France, le smartphone est devenu l'écran numéro un pour se connecter avec 34 millions de mobinautes qui surfent chaque jour depuis leur téléphone. Chez les plus jeunes, le mobile-only est la tendance émergente : 60 % des 15-24 ans naviguent uniquement sur leur smartphone. Cette domination du mobile entraîne une modification du mode de connexion. 90 % du temps sur mobile est passé sur des applications (18 par mois en moyenne), les 10 % restant étant répartis sur les sites mobiles (56 sites par mois en moyenne)."

Médiamétrie, L'Année Internet 2018, 14 février 2019

"Les réseaux sociaux s’imposent comme 1ère activité sur internet : ils représentent 1/5 du temps passé sur internet et 1/3 chez les 15-24 ans. Chaque jour, 30 millions de personnes se rendent sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, chaque génération possède son réseau de prédilection."

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67% des français diplômés du supérieur sont socionautes

  • 84% des 12-17 ans
  • 96% des 18-24 ans
  • 82% des 25-39 ans
  • 58% des 40-59 ans

42 ans moyenne d'âge du socionaute

  • 60% des femmes
  • 59% des hommes

TYPOLOGIE

VS 29% des non diplômés

59% des Français sont sur les réseaux sociaux

"Ils ont entre 15 et 25 ans et ils ont grandi avec Internet. Ils participent massivement aux réseaux sociaux, et le web a révolutionné leur façon de regarder le monde et de s'y projeter. Emergence d'une "identité numérique expressive", conversation en continu, productions artistiques amateurs, culture lol, raids de hackers, actions protestataires, attachement à une économie du gratuit : se dessinent ainsi de nouveaux profils psychologiques, une façon inédite de vivre ensemble et de s'organiser..." (Monique Dagnaud, 2011)

Focus sur les pratiques des jeunes socionautes

La majorité numérique est fixée à 15 ans en France

Rappel

LINK

Les 15-24 ans lui consacrent 18 minutes par jour. Beaucoup de jeunes ne considèrent pas YouTube comme un réseau social.

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Les réseaux sociaux préférés des jeunes

Facebook est en perte de vitesse. 17% des jeunes ont supprimé leur compte Facebook en 2018. 50% des jeunes âgés de 16 à 18 ans n'utilisent pas Facebook.

Instagram et Snapchat sont les réseaux sociaux favoris ex-aequo des jeunes avec 73% de taux d'utilisation devant Facebook et Twitter.

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SEARCH

De nouvelles applications chez les jeunes

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"Twitch est une plate-forme collaborative américaine qui permet de regarder des vidéos [...] Sur YouTube, les vidéos sont éditées et montées en amont, puis stockées sur la plate-forme de Google, alors que sur Twitch, il s'agit de retransmissions en direct"

L'image conversationnelle chère aux ados vise à entretenir le lien et susciter une réaction. Thu Trinh-Bouvier décrypte le phénomène du « Parlimage »

WATCH

"L'image, le verbe du 21e siècle"

"En plus d’être intense, l’image est le langage le plus signifiant immédiatement. En cela, elle répond aux enjeux de la modernité, et c’est pour cette raison que les réseaux sociaux comme, Instagram, Pinterest ou Snapchat connaissent un tel usage et une telle valorisation. Aujourd’hui, pas moins de 3 milliards d’images sont échangées chaque jour sur Internet et 30% des recherches sur Internet commencent sur Google Image !"

LINK

Usages

Les jeunes cherchent toujours de nouveaux lieux de socialisation en ligne. Dans un moment de leur vie où ils sont en recherche d’identité, les adolescents utilisent également les réseaux sociaux car cela leur permet de se sentir importants, juge la chercheuse (danah boyd)

EXPOSITION DE SOI, IDENTITE NUMERIQUE, ESTIME DE SOI, EXPRESSION DE SOI

Les jeunes sont des internautes comme les autres.

JOUER, CREER, VOIR, S'INFORMER, PARTAGER

Pour danah boyd, « les réseaux sociaux sont un endroit où les jeunes peuvent se retrouver avec leurs amis. Il faut prendre ça comme un espace public dans lequel ils traînent. »

SE RETROUVER ENTRE PAIRS, ECHANGER DES EXPERIENCES, DEVELOPPER DES RELATIONS

On observe dans la génération d'adolescents des années 2000, qu'on a indûment appelé Digital natives (Prensky, 2001) des différences d'usages et de maîtrise autorisant toujours à parler d'une "stratification sociale des pratiques numériques des adolescents" (Mercklé, Octobre, 2012). Il existe une inégale distribution de la digital literacy (Chen, Wellman, 2005), autrement dit des compétences techniques et la maîtrise des usages communicationnels (dont fait partie la "netiquette").

A noter

"Cette nouvelle économie relationnelle pose aussi de nombreux défis. Elle introduit d’abord une logique du calcul dans les relations sociales des individus : course au nombre d’amis, fabrication d’une image de soi avantageuse, utilisation opportuniste des « amis » numériques. Elle renforce les logiques de réputation qui exacerbent les inégalités sociales et culturelles entre ceux qui parviennent à construire un réseau de contact large et hétérogène et ceux qui restent enfermés dans un espace relationnel réduit et homogène. [...] Mais un des principaux effets de ces nouveaux usages est l’affaiblissement, au moins symbolique, de la frontière entre l’espace public traditionnel et celui de la conversation ordinaire" (Dominique Cardon, 2010)

La fabrique de l'identité

  • Invention de soi (Kaufmann, 2004)
  • Production de soi (Cardon, Delaunay-Téterel, 2006)
  • Design de la visibilité (Cardon, 2008)
  • Exposition de soi (Granjon, Denouël, 2010)

Les réseaux sociaux numériques révolutionnent-ils la notion d'identité ?

  • la persistance
  • la searchability, littéralement la capacité à être recherché (et donc retrouvé)
  • la reproductibilité : ce que j’ai dit, publié, posté, photographié, filmé peut être recopié et replacé dans un univers de discours totalement différent et donc être mal compris ou mal interprété ;
  • les « audiences invisibles » : la majorité des publics et des destinataires de mes messages est absente au moment même de leur formulation. Ces quatre paramètres donnent lieu à des situations d’énonciation et de discours radicalement altérées qui s’inscrivent dans un autre espace-temps que celui de nos relations non connectées. Un espace-temps qu’il nous faut apprendre à apprivoiser

S’inscrire sur un réseau social en prétendant préserver son intimité est un non-sens. Si le Web est un espace public, les réseaux sociaux ne constituent en aucun cas un espace privé. Danah Boyd, chercheuse américaine spécialiste de ces questions, parle à leur propos d’espaces « semi-publics ». Elle pointe quatre paramètres constitutifs de ces réseaux qui entretiennent la confusion entre espace public et espace privé :

Rappel

Dominique Cardon, 2008

"L’identité numérique est [...] une coproduction où se rencontrent les stratégies des plateformes et les tactiques des utilisateurs. "

D'après les travaux de Fanny Georges (2010)

Calculée

Agissante

Déclarative

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Les 3 composantes de l'identité numérique

Elle se compose de chiffres, produits du calcul du Système, qui sont dispersés sur le profil de l’utilisateur (comme : le nombre d’amis, le nombre de groupes).

Elle est constituée des messages répertoriés par le Système, concernant les activités de l’utilisateur (exemple : « x et y sont désormais amis »).

Elle se compose de données saisies directement par l’utilisateur, notamment au cours de la procédure d’inscription au service (exemple : nom, centres d’intérêt, amis).

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Dominique Cardon a montré que les réseaux sociaux numériques ont modifié les articulations entre sphère publique et sphère privée. Différentes dimensions de l’identité numérique ont émergé.

Le design de la visibilité, un essai de cartographie du web 2.0

Olivier Ertzscheid, 2013

"Complément parfois pesant de l’identité numérique, la réputation numérique ou « e-réputation » correspond à ce que l’on dit de moi. Elle peut également constituer ma « marque » (on parle alors de personal branding). Elle est nécessairement subjective et fluctuante. Reposant sur l’image perçue mais également sur la confiance ou la crédibilité accordée, elle peut se déconstruire aussi rapidement qu’elle est longue à établir et à instaurer."

"Parmi les mesures techniques que les entités publiques ou privées doivent prendre pour garantir la sécurité de leurs systèmes d’information, on qualifie les plus simples et élémentaires d’entre elles d’hygiène informatique, car elles sont la transposition dans le monde numérique de règles élémentaires de sécurité sanitaire." (ANSSI, 2019)

Quelques principes d' "hygiène numérique"

Audio

"Nouveau monde. Pratiquons l'hygiène numérique", France Info, avec Jérôme ColombainMis à jour le 01/06/2018 publié le 01/06/2018 Durée : 2min. 50s.

Focus sur ... LES AGREGATEURS DE MOTS DE PASSE

La Netiquette

La nétiquette est une règle informelle, puis une charte qui définit les règles de conduite et de politesse recommandées sur les premiers médias de communication mis à disposition par Internet. Il s'agit de tentatives de formalisation d'un certain contrat social pour Internet.

"Nos données personnelles sont la matière première sur laquelle des géants tels Google, Amazon, Apple ou Facebook contruisent leur modèle et assurent leur richesse. Quand Big Brother rime avec big business." (Les Echos, 7 mars 2013)

Les données personnelles, l'or noir du 21e siècle ?

Les Echos, 7 mars 2013

" "Facebook n'a pas été créé pour être une entreprise mais pour remplir une mission sociale : rendre le monde plus ouvert et connecté. " Ainsi parlait récemment Mark Zuckerberg, PDG et fondateur du réseau social le plus fréquenté au monde. On peut dire que le jeune homme de 28 ans a atteint son objectif : près de un milliard de Terriens partagent volontiers des tranches de vie avec leurs amis, « likant " leurs préférences, commentant leurs coups de coeur, signalant leur présence ici ou là... Chacun jugera le paradigme de Zuckerberg à l'aune de ses convictions et de son expérience. Mais neuf ans après sa naissance, Facebook est bel et bien une entreprise et son patron est milliardaire. Cotée, elle aligne des revenus en hausse régulière et prospère sur un modèle économique assez simple dans son énoncé : butiner les informations numériques laissées dans notre sillage pour en faire un miel vendu aux annonceurs. Un étudiant autrichien, Max Schrems, qui a eu la curiosité de demander le relevé de son activité sur Facebook a reçu... 1 222 fichiers ! Les coordonnées d'une personne se retrouvent en moyenne dans environ 400 fichiers, pointe également Alex Türk, ancien président de la Cnil."

Trailer

VIDEO

"Nothing to hide" (2017) est est un documentaire franco-allemand de Marc Meillassoux et Mihaela Gladovic, qui s'intéresse aux effets de la surveillance de masse sur les individus et la société.

Quels sont les modèles économiques des réseaux sociaux ?

"Comment Twitter, Facebook, Pinterest et les autres gagnent-ils de l’argent ? La plupart des plus ou moins grands sites de médias sociaux sont en effet gratuits pour l’utilisateur ; les sources de revenus sont donc à trouver ailleurs." (Le Blog du Modérateur, 2018)

Facebook change ses CGU pour la 3e fois

Retour sur le scandale Cambridge Analytica

Instagram, les CGU expliquées à un enfant de 8 ans par une juriste

Site d’aide à la compréhension des CGU des principaux acteurs du numérique

Retour sur les CGU

"Les conditions générales d'utilisation (CGU) sont un document contractuel régissant les modalités d’interaction entre le fournisseur d'un service et ses utilisateurs" (Wikipédia)

Modification des paramètres de profil par défaut au fil du temps

Pour consulter l'article interactif (Matt Mckeon, mai 2010)

L'évolution de la vie privée sur Facebook

Le Monde, 8 août 2018

Les Echos, 8 août 2018

La Croix, 8 août 2018

La violence en ligne peut prendre différentes formes : "exclusion", "flaming", "dénigrement", "slut shaming", "usurpation d’identité", "outing", "happy slapping", "sexting", "revenge porn", "trolling"... Ces cyberviolences peuvent aussi bien être exercées entre jeunes qu’entre adultes.

Zoom sur les cyberviolences

La cyberviolence se définit comme un acte agressif, intentionnel, perpétré par un individu ou un groupe aux moyens de médias numériques à l'encontre d'une ou plusieurs victimes.

  • Elle recouvre des réalités et des phénomènes variés :
  • les propos diffamatoires et discriminatoires ou à visée diffamatoire ou discriminatoire ;
  • les propos humiliants, agressifs, injurieux ;
  • la divulgation d’informations ou d’images personnelles (volées et/ou modifiées et/ou choquantes) ;
  • la propagation de rumeurs ;
  • les intimidations, insultes, moqueries, menaces ;
  • les incitations à la haine ;
  • l’usurpation d’identité, le piratage de compte...
Elle amplifie et prolonge des phénomènes tels que moquerie, brimade, insulte, discrimination, violence physique, etc., voire exclusion du groupe de pairs, élément essentiel de la sociabilité juvénile, ou encore le harcèlement.

Cyber-violence, de quoi parle-t-on ?

Définition

  • la capacité de dissémination en un seul clic d'un message vers un large public ;
  • le caractère incessant de l'agression (24h sur 24 et 7 jours sur 7) ;
  • la difficulté d'identifier l'agresseur et d'agir sur lui une fois les messages diffusés ;
  • le sentiment d'impunité et la facilité offerts par l'anonymat.

La cyberviolence a des spécificités propres :

Boîte à outils

Le droit à l’effacement : supprimer vos données en ligne

Téléchargez tout ce que vous avez publié en un clic !

Une publication gênante sur les réseaux sociaux, signalez pour supprimer !

"Un certain nombre d'internautes ont pris très tôt argument des effets potentiels d'Internet [...] pour y voir le ferment possible de l'avénement d'une nouvelle forme de démocratie politique. Cette utopie politique technophile, à la fois, et sans contradiction, libérale et libertaire, voit en effet dans Internet un vecteur de démocratisation de l'accès à l'espace public, dans la mesure où l'anonymat facilite la prise de parole et où l'outil permet l'égalité formelle des participants au débat politique [...] Internet n'aurait en réalité pas engendré cette poussée démocratique" (Pierre Mercklé, 2016)

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Les réseaux sociaux sont-ils une menace pour la démocratie ?

Les 20 compétences incluses dans le modèle

Ce papillon est inspiré du nouveau cadre de référence pour les compétences en matière de culture démocratique (RFCDC) du Conseil de l'Europe sur l'éducation à la citoyenneté numérique, "Compétences pour une culture de la démocratie - Vivre ensemble sur un pied d'égalité dans des sociétés démocratiques et culrurellement diverses " (Avril 2016, p. 11-14)

Compétences pour une culture de la démocratie

RESSOURCES

  • Cardon Dominique, « Les réseaux sociaux en ligne et l’espace public », L'Observatoire, 2010/2 (N° 37), p. 74-78. URL : https://www.cairn.info/revue-l-observatoire-2010-2-page-74.htm [consulté le 8 mars 2019]
  • Georges Fanny, « Représentation de soi et identité numérique. Une approche sémiotique et quantitative de l'emprise culturelle du web 2.0 », Réseaux, 2009/2 (n° 154), p. 165-193. DOI : 10.3917/res.154.0165. URL : https://www.cairn.info/revue-reseaux-2009-2-page-165.htm [Consulté le 8 mars 2019]
  • Cardon Dominique, « Le design de la visibilité. Un essai de cartographie du web 2.0 », Réseaux, 2008/6 (n° 152), p. 93-137. DOI : 10.3917/res.152.0093. URL : https://www.cairn.info/revue-reseaux1-2008-6-page-93.htm [Consulté le 8 mars 2019]
  • ERTZSCHEID, Olivier. Qu’est-ce que l’identité numérique ? Enjeux, outils, méthodologies. Nouvelle édition [en ligne]. Marseille : OpenEdition Press, 2013 (généré le 8 mars 2019). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/oep/332>. ISBN : 9782821813380. DOI : 10.4000/books.oep.332

Références électroniques

Références complémentaires

LINK

A l'occasion de la sortie du Mooc Class'Code sur l'enseignement SNT - Sciences Numériques et Technologie, des conférences d'introduction aux 7 axes thématiques abordés dans le programme scolaire sont proposés par l'unversité de Nantes.

WATCH

S'initier à l'enseignement en Sciences Numériques et Technologie

Parcours de formation à distance

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