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Transcript

Comment opère la magie du conte africain ?

Séquence - La Belle histoire de Leuk-le-lièvre, Senghor et Sadji, Edicef

objectif : raconter un conte africain dans la tradition de l'arbre à palabres.

Proposé par Laïla Methnani - www.lettresnumeriques.com

Critères de réussite :

Je mets le ton et je sépare les voix de la narration et celles du dialogue.

Je parle de manière audible : j’articule, je joue sur le volume, sur le rythme.

Je marque la ponctuation en faisant des pauses et en laissant des respirations dans l’histoire.

Je mets en scène ma lecture : accompagnement rythmique, gestes, jeu avec le public, etc…

Les contes en ligne ...

Les contes à raconter :

1. L'arbre qui voulait rester nu. 2. La création du monde. 3. Bakoudouba la tourterelle.4. La hyène et le singe.5. La case des jours de pluie.6. La croix du sud.7.La guerre entre les quadrupèdes et les oiseaux.

8. La queue des animaux.9. Le cimetière des éléphants.10. Le feu et l’eau.11. Le Marabout vicieux.12. Le soleil, la lune et le vent.13.Le Roi des Échos.14. Mourou la panthère et la chèvre.15. Pourquoi y a-t-il tant d’idiots de par le monde ? 16.L’histoire des trois sourds.

L’arbre qui voulait rester nu.

Il était une fois un arbre. Au beau milieu d’un verger, il était sorti de terre, petite pousse verte et fragile se confondant avec les herbes alentours. Curieux de tout, il regarda bien vite le monde qui l’entourait, les fleurs qui s’ouvraient le matin et se refermaient le soir, les oiseaux qui sifflaient en sautant de branche en branche, le paysan qui venait tôt le matin cueillir les fruits des arbres, les graminées qui ondulaient sous la caresse des vents...Ah !, il le trouvait beau ce monde autour de lui, il avait envie lui aussi de participer à cette beauté, de trouver sa place dans cette harmonie.Une année s’écoula et, ayant grandi, il était devenu un petit rameau portant quelques tiges. Il se rendit compte qu’il n’était pas un brin d’herbe comme il l’avait crû tout d’abord, mais un arbre et se mit à observer plus attentivement ses aînés.Il les trouvait si grands, si beaux recouverts de leurs feuilles et de leurs fleurs ; il fût si émerveillé de voir toutes ces fleurs se transformer en fruits, il fût si attendri des soins attentifs que leur apportait le paysan, mais...

Mais, se regardant, il s’aperçut que son écorce ne ressemblait à aucune de celles qui les habillait, que ses branches n’avaient pas la même forme que les leurs. Alors, il eût peur, peur de n’être pas assez grand, peur de n’être pas assez beau, peur de ne pas porter assez de fruits, il eût peur que les autres, pommiers, poiriers, mirabelliers... n’acceptent pas sa différence et il décida de ne produire ni feuille, ni fleur, ni fruit.C’est ainsi que les années passèrent, à chaque printemps, son tronc s’épaississait, s’allongeait, de nouvelles branches poussaient, mais... ni feuille, ni fleur, ni fruit.Pour ne pas se trouver nu face aux autres, il s’était depuis son jeune âge laissé peu à peu recouvrir par un lierre grimpant, par des liserons et par des bouquets de gui : ne sachant à quoi il pourrait ressembler, il se couvrait d’une beauté qui n’était pas la sienne.

L’arbre qui voulait rester nu. (suite et fin)

Le jardinier plus d’une fois projeta de le couper pour en faire du bois de chauffage, mais trop occupé par ailleurs, il remit chaque fois cette tâche à plus tard. Un matin pourtant il vint, armé d’une grande hache et commença par couper le lierre qui enserrait l’arbre. Du lierre, il y en avait tellement que cela lui prit toute la journée et qu’une fois de plus, il remit l’abattage à plus tard. Cette nuit là, un petit ver parasite piqua le liseron qui en mourut aussitôt et le lendemain, les oiseaux du ciel apercevant le gui vinrent le picorer.Il ne restait plus de l’arbre au milieu du verger qu’un tronc et des branches : il ne restait plus que l’arbre au milieu du verger.S’apercevant soudain de sa nudité et ne sachant par quel artifice la couvrir, il se décida enfin à laisser pousser tout au long de ses branches de belles petites feuilles d’un vert tendre, à laisser éclore au bout de chaque rameau de mignonnes petites fleurs blanches contrastant joliment avec le brun de la ramure et le vert du feuillage.

Le paysan sur ces entrefaites revint avec sa hache et découvrant à la place du tronc inutile un magnifique cerisier, ne trouva plus aucune raison de le couper. Il le laissa donc, trop heureux du miracle qui s’était produit. Depuis ce jour, l’arbre vit heureux au milieu du verger, il n’est pas comme les autres, ni plus beau, ni plus grand, mais tout aussi utile. Il a compris que ni la texture de l’écorce, ni le tracé des branches, ni la forme des feuilles, ni la couleur des fleurs n’ont d’importance : seuls importent les fruits qu’il porte et que nul autre que lui ne peut porter. Aussi, tous les ans, à la belle saison, les enfants du paysan viennent avec une échelle et, s’éparpillant dans sa ramure, se gavent de ses fruits et le réjouissent par leurs rires. N’ayons pas peur des fruits que nous pourrions porter, car nul autre ne pourra les porter pour nous, mais chacun pourra s’en nourrir. N’ayons pas peur des fruits que nous pourrions porter. Car chaque fois que nous les refuserons, il manquera quelque-chose dans le monde ; n’ayons pas peur des fruits que nous pourrions porter, car chacun d’eux permettra de faire grandir la Vie et l’Amour que Dieu nous a donnés.

La création du monded’après "Le cycle de la vie ou comment le monde fut créé"

Il y a très, très longtemps, au tout début du premier commencement, un lézard et un oeuf ont eu envie de manger du raisin. Ils partent donc dans la brousse et cherchent un beau raisinier (arbre à petits fruits rouges et sucrés). Ils cherchent beaucoup, ils cherchent longtemps et finissent par trouver un beau raisinier chargé de fruits. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le lézard est dans les branches. L’œuf, lui, a du mal. Il essaye de grimper mais il n’y arrive pas. Le lézard descend alors et l’aide. Il soulève l’œuf et le pose par derrière. Il pousse, il pousse et réussit enfin à le hisser dans les branches. Et là, tous les deux se mettent à manger du raisin. Ils en mangent tant et tant qu’ils en ont plein la panse, ils ne peuvent plus avaler un seul grain. Ils décident de redescendre. L’œuf a du mal, il roule, il glisse. Il crie au lézard qui est déjà en bas depuis un moment :- Fais-moi un tas de terre molle et de feuilles au pied de l’arbre, comme ça si je tombe, je ne me casserai pas !

Le lézard fait comme son ami le lui a demandé, un tas de terre et de feuilles mais il glisse, au beau milieu, une grosse pierre. L’œuf tombe et se casse en mille morceaux. Le lézard se met à rire, il rit comme un fou, quand une herbe coupante vient lui trancher le cou ! Plus de lézard ! L’herbe coupante se met à rire, elle éclate de rire quand un feu la brûle. Plus d’herbe ! Le feu se met, à son tour à rire, il hurle de rire quand l’eau vient l’éteindre. Plus de feu ! L’eau se met à rire, elle rit aux larmes quand les animaux sauvages viennent la boire. Plus d’eau ! Les animaux sauvages se mettent alors à rire, ils rient à gorge déployée quand les chasseurs viennent les tuer. Plus d’animaux sauvages ! Ce sont les chasseurs qui rient maintenant. Ils rient de toutes leurs dents quand la mort vient les tuer. Plus de chasseurs ! C’est au tour de la mort de rire, elle s’étouffe de rire quand la vie vient la foudroyer. Plus de mort ! La vie ne peut pas s’empêcher de rire, elle rit de bon cœur quand Dieu vient la détruire. Plus de vie ! Le monde, lui-même, est anéanti. Dieu est très sérieux. Il n’a pas ri, ni même souri. Et quand le vieux monde est complètement anéanti, Dieu crée un nouveau monde, celui-là même où l’on vit, vous et moi, aujourd’hui, ici.Cela s’est passé comme ça, et pas autrement.

- Kolitkoto ! Kolitkoto ! Kolitkoto ! J’ai une fille à marier ! J’ai une fille à marier ! Ainsi chantait tous les jours Bakoudouba la tourterelle. - Et que demande-tu comme dot ? lui demanda Odro la Perdrix. - Je donne ma fille à qui ramène sur la Terre Vrandjandja la pluie Mirage. - Vrandjandja la pluie Fugitive ? s’écria la Perdrix. Vrandjandja qui coupe soudainement le chemin du voyageur, s’approche quand il vient, fuit quand il arrive, parfois le surprend par derrière , le poursuit, l’essouffle puis disparaît du ciel quand il atteint un village ? Je ne prétendrais jamais à la main de ta fille. Et Odro s’en alla. Les autres animaux vinrent nombreux et tous impuissants repartirent la tête basse. Téré alla trouver la Mygale son oracle. - Bakoudouba la tourterelle propose sa fille à celui qui ramène sur la terre Vrandjandja la pluie insaisissable, lui confia-t-il.

- Chevauche l’arc en ciel et coupe la route à Vrandjandja. Tu la captureras pour la ramener docilement sur la Terre, suggéra l’araignée terricole. Téré se rendit à la source du ruisseau, rencontra l’arc en ciel et lui fit part de son projet. - La pluie Mirage est partie pour l’autre bout de la terre et reviendra après Apépé la Lune de la disette. Dès qu’elle s’annoncera, viens me chevaucher, nous la poursuivrons pour la dompter. Lengoa la Lune du renouveau suivit Apépé et Vrandjandja arriva. L’Arc en ciel emporta Téré haut dans le ciel, joignit les deux bouts de la terre, retint sous sa voûte la Pluie vagabonde qui pour échapper à cette étreinte s’abattit sur la terre en grosses gouttes intermittentes et perlées. Téré épousa la fille de Bakoudouba. Et depuis lors, captive de l’homme, Vrandjandja revient chaque année arroser la terre pour annoncer en même temps l’arrachage de l’arachide et le ramassage des courges. Symbole de la force et de l’unité parce qu’il supporte la voûte du ciel et l’empêche de tomber sur le Monde dont il unit les deux extrémités, l’Arc en ciel restera l’animal totémique le plus connu et le plus vénéré des Hommes.

Bakoudouba la tourterelle

La hyène et le singe

Depuis plusieurs jours, Gbongo l’Hyène hurlait de faim. Elle décida d’aller rencontrer Emblé la Mygale pour lui confier son malheur.- Prends un tambour, une marmite, du feu et va trouver les Singes, lui dit l’Oracle.L’hyène réfléchit longuement, prit un tambour, une marmite et se dirigea vers un bois où Bacouya le Cynocéphale avait l’habitude de descendre avec les siens. Gbongo remplit sa marmite d’eau, la posa sur un feu doux et se mit à battre frénétiquement le tambour. Les Singes arrivèrent nombreux.- Je viens des confins chargés d’un procédé qui rend invulnérable, leur lança-t-elle. Il me suffit seulement de vous faire cuire longtemps dans cette marmite.Joignant l’acte à la parole, elle sauta dans le vase. Quelques instants plus tard, elle bondit en criant :- Approcher sans méfiance, les amis ! Venez vous faire cuire pour résister aux maladies, à l’étreinte de Mourou la Panthère et aux flèches meurtrières de l’Homme cet ennemi connu.Les singes s’approchèrent tous à l’exception d’un jeune mâle : Kpa, cerveau de la bande qui sur une branche grimaçait.- Et maintenant, un à un, sautez dans la marmite, fit-elle maintenant le couvercle du vase ouvert.Dix gros mâles s’y précipitèrent. D’un geste rapide, l’hyène rabattit le couvercle et attisa le feu. Les autres singes s’éparpillèrent avec des cris gutturaux.Apprenez, chers amis, que dans ce vaste domaine sans loi qu’est la brousse, seule l’intelligence rend invulnérable, lança la méchante bête aux fuyards ! ! !

La case des jours de pluie, conte burkinabé

Toutes les bêtes de la brousse se réunirent, disant qu’elles allaient faire une grande case à cause de la pluie. Mais le lièvre refusa de venir, disant qu’il était malade, chaque fois qu’on l’envoyait chercher. Cependant, on termina la case et trois jours après la pluie commença à tomber. Le lièvre accourut au grand galop pour s’y réfugier, mais les autres bêtes l’en chassèrent, indignées. Le lièvre resta donc dehors, exposé à la pluie, puis le soleil revint et toutes les bêtes se dispersèrent dans la brousse pour aller chercher leur nourriture. Le lièvre, de son côté, se procura une très grosse flûte. Cinq jours après, la pluie commença à tomber. Le lièvre arriva en courant et entra le premier dans la case avec son instrument. Il chercha un coin où il se cacha bien. Cependant, les autres bêtes entraient à leur tour. Quand elles y furent toutes, le lièvre se mit à jouer de la flûte avec violence, ce qui effraya tellement les bêtes qu’elles s’enfuiret en s’écrasant. Dehors, cependant, elles finirent par s’arrêter et on se demanda : « Qu’y avait-il dans la case ?

- Je n’en sais rien, je n’en sais rien », répondaient les bêtes. L’éléphant ordonna alors à l’outarde d’aller voir ce qu’il y avait. Quand l’outarde arriva, le lièvre se remit à jouer de la flûte avec fureur et l’outarde, se sauvant, alla dire que la chose effroyable était toujours dans la case. L’éléphant eut alors l’idée d’envoyer le chat qui, marchant sans bruit, pourrait arriver à la hutte sans donner l’alarme et verrait prudemment ce qu’il y avait dedans. Le chat se cacha au bord de la porte et entendit de nouveau le bruit, le lièvre soufflant sans fin dans sa flûte. « Il n’y a pas moyen de rentrer, dit le chat. La chose redoutable fait toujours du bruit. » L’éléphant alors envoya la hyène. En approchant de la case, celle-ci entendit du bruit et se sauva sans même aller jusqu’à la porte : « Je suis entré dans la case, dit-il, et la chose a voulu me donner un coup de lance. Je me suis enfui, elle m’a poursuivi, mais n’a pas pu m’attraper. Enfin, bref, je suis sain et sauf et me voici.

-S’il en est ainsi, dit l’éléphant, il faut abandonner la case. N’y allons donc plus. » De ce jour, les animaux abandonnèrent la case au grand profit du lièvre qui en fit son lieu de refuge ordinaire pour les jours de pluie.

La croix du sud , conte zoulou

Le jour où naquit le petit Kamalama, un orage terrible ravageait la forêt. Les éclairs zébraient le ciel, la foudre frappait, les arbres tombaient. On dit qu’un destin sinistre guette l’enfant né au cours d’une telle tornade, et qu’il mourra avant qu’une année ne s’écoule, avant la nouvelle saison des pluies. Voilà pourquoi le sorcier Nkotsi passa toute la nuit à faire de la magie : il voulait conjurer le mauvais sort qui planait sur le nouveau-né. On considérait Nkotsi comme un puissant sorcier, réputé pour son art dans toute la contrée. Malheureusement, comme il fut le premier à répandre ces bruits, le père de Kamalama ne lui faisait pas confiance. Aussi décida-t-il d’invoquer directement le Dieu du Feu en personne qui était l’arrière-grand-oncle de son oncle. Il lui adressa des prières ardentes pour qu’il sauve son fils. Le Dieu du Feu lui dit : " Je vais protéger ton enfant, mais je n’ai pas le pouvoir de contrarier le destin. Il ne mourra pas d’ici un an, avant la nouvelle saison des pluies et vivra heureux jusqu’à l’âge de quinze ans. C’est alors que Kamalama devra mourir. Après sa mort, il brillera comme une étoile dans le firmament. " Et il en fut ainsi. Kamalama était le plus beau et le plus courageux des adolescents du village. Tous l’aimaient et sa vie s’écoulait, heureuse et insouciante.

La croix du sud , conte zoulou

Gonflé d’orgueil, le sorcier Nkotsi racontait à qui voulait entendre que sa puissante magie avait eu raison des desseins des dieux. Le Dieu du Feu fut très en colère contre Nkotsi. Plusieurs fois, il fut sur le point de le punir pour ses paroles sacrilèges mais le père de Kamalama parvint toujours à l’amadouer : " Puissant dieu, ne punis pas le sorcier. Il a fait tout ce qu’il a pu pour préserver mon fils du mauvais sort. Il ne peut pas savoir que c’est ta volonté et non ses sortilèges qui ont décidé du destin de Kamalama. " Quinze années passèrent. La réputation de la magie de Nkotsi parvint jusqu’au roi de ce pays. Il convoqua Nkotsi dans la capitale, auprès de lui. Celui-ci fut très heureux de l’honneur que le roi lui faisait. Il s’en alla donc dans la grande ville, accompagné de Kamalama. En se présentant devant le souverain, Nkotsi ne se prosterna pas dans la poussière comme le faisaient tous les autres, mais resta debout.

Le roi fut outré par tant d’audace : " Pourquoi ne te prosternes-tu pas, sorcier ? " " Je suis un trop puissant sorcier pour tomber dans la poussière devant toi, ô roi ! " répondit Nkotsi. Le visage du roi s’assombrit : " Et qu’as-tu accompli de si exceptionnel pour te considérer comme un grand magicien ? " " Qu’ai-je accompli ? Ceci par exemple ! " Nkotsi saisit la main de Kamalama : " Ce garçon est né le jour où une terrible tornade ravageait la forêt. Tu n’ignores pas, roi, qu’il était de ce fait condamné à mourir un an après, avant l’arrivée de la nouvelle saison des pluies. Malgré cela, moi, le plus grand sorcier de ce pays, j’ai réussi à obtenir, grâce à un charme puissant, qu’il reste en vie et qu’il soit beau et en bonne santé. " Le visage du roi restait sombre. Soudain, Kamalama qui n’avait pas encore le droit de prendre la parole devant les femmes, s’adressa à lui : " Ne le crois pas, ô roi ! Ce n’est pas lui qui m’a sauvé la vie, mais le Dieu du Feu en personne, arrière-grand-oncle de mon oncle. C’est au contraire mon père qui a sauvé la vie du sorcier dont la suffisance et l’orgueil l’auraient tué depuis longtemps. "

La croix du sud , conte zoulou

Le roi entra dans une grande colère : " Comment osez-vous parler ainsi devant votre souverain ? Votre audace vous coûtera la vie à tous les deux ! " Kamalama lui répondit : " Je sais que je vais mourir. Je dois mourir à quinze ans, et le sorcier Nkotsi mourra avec moi. Toi, orgueilleux roi, tu vas par contre vivre très longtemps, tourmenté par l’angoisse et la terreur ! " Sur ce, Kamalama écarta ses bras et tomba en arrière comme terrassé par une lance. Le sorcier s’affaissa au même moment, les jambes coupées. Tout le monde fut saisi de frayeur, le roi lui-même tremblait comme une feuille. Le soir, il fit allumer de grands feux funéraires. Avant que les guerriers ne se missent à danser autour des brasiers, de nouvelles étoiles apparurent dans le firmament. Les plus grandes formaient un jeune homme aux bras écartés, les plus petites un amas semblable à un cadavre recroquevillé. Montrant les étoiles, le roi s’exclama : " Kamalama Nkotsi ! " Il s’enfuit, épouvanté. Depuis ce jour, la Croix du Sud est appelée dans cette contrée constellation Kamalama Nkotsi.

La guerre entre les quadrupèdes et les oiseaux

Un jour, la guerre fut déclarée entre les quadrupèdes et les oiseaux. Les oiseaux choisirent l’autruche pour chef, les quadrupèdes se placèrent sous le commandement de l’éléphant, du lion et de la panthère. Alors que les oiseaux se rangeaient pour aller au combat, l’autruche leur conseilla : " Mes amis, mes petites ailes ne me permettent pas de voler devant vous et d’assumer le commandement. Cependant, je vais vous donner un bon conseil. Voici mes trois oeufs. L’aigle prendra le premier pour le casser sur la tête de l’éléphant. Le faucon s’envolera avec le second pour le fracasser sur la tête du lion. Le marabout en fera autant avec le troisième sur la tête de la panthère. Lorsque nos ennemis verront couler le jaune sur la tête de leurs chefs, ils penseront que c’est leur cervelle et s’enfuiront sans demander leur reste. Nos alliées, les abeilles, se jetteront alors sur l’éléphant, le lion et la panthère et ce sera la victoire ! " Un petit lézard entendit ces propos. Il se hâta de les rapporter au lion qui prit la chose à la légère : " À la guerre, on ne se bat pas avec des oeufs d’autruche ! "

La guerre entre les quadrupèdes et les oiseaux

Cependant, les oiseaux obéirent à leur chef. L’aigle vola le premier à la rencontre des quadrupèdes. Dès qu’il aperçut l’éléphant, il lui cassa l’oeuf sur la tête. La hyène trottait à côté de l’éléphant. Voyant le jaune couler, elle le prit pour de la cervelle. Effrayée, elle se mit à crier : " Hélas ! hélas ! l’éléphant se meurt ! " Un instant après, le jaune coulait aussi sur la tête du lion et de la panthère. C’en fut trop pour la pauvre hyène. Morte de peur, elle prit ses jambes à son cou, imitée aussitôt par les autres animaux. Les abeilles attaquèrent alors les trois chefs quadrupèdes et les obligèrent à se replier. Le coq, redoutable guerrier des oiseaux, donna la chasse à la hyène. Au moment où il était sur le point de la saisir dans ses serres et de lui fracasser le crâne à coups de bec, la hyène se coula dans sa tanière. Le coq se posta devant l’entrée et attendit. La hyène se tint coite dans son trou. Au bout de quelque temps, cependant, lorsque tout redevint calme, elle rassembla tout son courage et regarda à l’extérieur. La queue de son terrible ennemi s’agita devant son nez et la hyène rentra vite dans son trou.

La guerre entre les quadrupèdes et les oiseaux

À la fin, le coq en eut assez d’attendre. Il arracha trois de ses plus belles plumes, les planta devant la tanière et s’en alla. Lorsque la hyène risqua un nouveau coup d’oeil au-dehors, elle revit le panache du coq. Elle essaya encore et encore, mais chaque fois, elle recula, effrayée par les plumes. Ainsi, elle finit par mourir de faim dans son trou.

La queue des animaux

Jadis, les animaux n’avaient pas de queue. Le cheval ne pouvait pas chasser les mouches, l’écureuil sans queue avait du mal à sauter de branche en branche, le renard était bien moins beau et ne parlons pas du lion ! Le sage roi des animaux, le lion, prit la décision de remédier à cette situation. Il réfléchit pendant longtemps à la façon dont il allait s’y prendre et à la fin, il fit appeler le renard pour lui demander conseil. " Tous les animaux ne peuvent pas avoir la même queue ", estima le renard. " Je sais cela, moi aussi ", répondit le lion. " Mais comment départager les animaux sans se montrer injuste ? " Le renard réfléchit un instant, puis déclara : " C’est simple. Ceux qui arriveront les premiers recevront les plus belles queues. " Le lion acquiesça : " C’est une excellente idée. Cours vite dans la forêt et préviens tous les animaux qu’ils doivent se présenter à midi, au bord du ruisseau, pour la distribution des queues. " Le renard transmit le message et courut vite vers le ruisseau pour arriver le premier. Il fut suivi de près par le cheval, l’écureuil, le chat et le chien qui arrivent toujours les premiers quand on distribue quelque chose. Vinrent ensuite les autres animaux : l’éléphant, le cochon et le lièvre se présentèrent les derniers.

La queue des animaux

Lorsque tous les animaux furent réunis dans la clairière, le lion se mit à distribuer les queues. Il se servit d’abord lui-même : ce fut une superbe queue, longue et dorée, terminée par un plumeau. Ensuite, le lion attribua de très belles queues bien touffues au renard et à l’écureuil. Le cheval opta pour une magnifique queue en crin. Le chien et le chat reçurent encore des queues fort présentables, mais les animaux qui arrivèrent les derniers, se trouvèrent bien démunis. L’éléphant eut une maigre cordelette avec quelques soies au bout. Il en fut si navré qu’il en porte aujourd’hui encore la trompe basse. La queue du cochon était fine comme un ver de terre. Il la fit boucler pour la rendre plus jolie. Le pauvre lièvre resta sans queue. Le chien et le chat commencèrent à se disputer pour savoir lequel d’entre eux avait la plus belle queue. À la fin, le chien attrapa le chat et lui arracha d’un coup de dents l’extrémité de la queue. Le chat s’enfuit dans l’arbre et depuis ce jour, il préfère se sauver devant le chien. Le lièvre ramassa le bout de la queue du chat et le colla sur son derrière. Ceci explique pourquoi la queue des lièvres est si petite.

Le cimetière des éléphants

Autrefois, le peuple des éléphants vivait au bord de la rivière Sankourou. Il avait pour roi le puissant et sage Khoro. Un jour, le petit tisserin se posa sur la défense de Khoro et lui raconta, tout effrayé : " Hélas, puissant Khoro ! c’est terrible ! Une foule d’êtres noirs à deux pattes est arrivée dans notre pays. Ils possèdent de drôles d’objets qui tuent. Ils s’étendent partout et dévastent tout sur leur passage. " Khoro sourit : " Je connais ces êtres. Ce sont les hommes. Ils sont petits et ne sont pas très forts. Leurs armes ne peuvent pas transpercer l’épaisse peau des éléphants. " Cependant, peu de temps après, Khoro cessa de sourire. Les hommes noirs n’étaient ni très grands, ni très forts, mais ils étaient nombreux. Certes, leurs armes ne pouvaient transpercer l’épaisse peau des éléphants. Toutefois, une flèche bien lancée pouvait tuer un éléphant si elle le frappait à l’oeil. Les hommes brûlaient les forêts pour en faire des champs. En outre, une terrible sécheresse éprouvait le pays. Les éléphants se trouvèrent aux abois. Ils mouraient de faim et par les armes des hommes noirs. C’est alors que le puissant Roi des Éléphants rassembla ses sujets et leur dit : " Cette terre n’est plus bénie des dieux. La famine et les hommes noirs nous font souffrir. Nous devons partir d’ici.

Le cimetière des éléphants

Nous irons vers le soleil couchant. Notre route sera droite, comme l’était jusqu’à présent notre vie. Nous passerons sur tout ce qui se trouvera sur notre chemin, que ce soient les marécages ou les hommes noirs. Nous sommes peut-être un petit peuple, mais chacun de nous est plus fort que dix fois dix singes. Nous atteindrons notre but. Il n’en reste pas moins que ce pays a toujours été notre terre. Aussi, nous y reviendrons quelques jours chaque année, le premier mois qui suit la saison des pluies. Ainsi, nos enfants la connaîtront, les vieux et les malades pourront y vivre leurs derniers instants. " Ainsi parla le puissant Khoro, et il en fut comme il dit. Le passage des éléphants ressembla à celui d’une tornade : les arbres furent arrachés, les champs piétinés, les villages détruits. Beaucoup d’hommes périrent. La force des éléphants était effrayante. Cela s’est passé, il y a longtemps, très longtemps, mais chaque année, les éléphants continuent à emprunter le même chemin pour montrer leur ancienne patrie à leurs petits et pour que les vieux puissent y mourir. Depuis ce temps, on ne trouve plus de cadavres d’éléphants dans la forêt car ceux-ci vont mourir sur les bords de la rivière Sankourou. Là se trouve leur cimetière bien que personne ne sache l’endroit exact.

Le feu et l’eau

Domvoro le tourbillon eut pour fille Eyi la Bourrasque et décida de la marier à qui labourerait toute la surface de la terre en une lune. De Téyé le Roitelet à Bamara le Lion, les prétendants se succèderent. Après quelques heures, parfois quelques jours de besogne, épuisés, ils se retiraient impuissants, vaincus. La nouvelle parvint à Kono l’Hippopotame qui alla trouver sa sœur l’Eau. - Donvoro le tourbillon donne sa fille à qui aura labouré en une lune la surface du globe, lui confia-t-il. - Je recouvrirai la plus grande partie de la terre, tu n’auras qu’une infime parcelle à travailler, lui répondit l’eau. Kono l’Hippopotame se présenta chez Donvoro. Le Feu le suivit quelques instants après. - Réussirez vous dans cette entreprise où même Bamara le Lion et M’Bala l’éléphant ont échoué ? Leur demanda Domvoro d’un ton sarcastique. Vexé, le Feu se retira. Kono l’Hippopotame se mit au travail. Au même moment et à quelques lieues seulement, l’Eau courait vers le bout de la terre, noyant tout, inondant tout. La Lune se trouva au milieu de sa course. Kono l’Hippopotame acheva sa besogne. Il avait gagné le pari et allait épouser la fille de Domvoro.

Le feu et l’eau (suite)

Au moment où il s’apprêta à partir avec sa fiancée, le feu arriva tout essoufflé. Rouge de colère, il cracha dans l’herbe. Des étincelles jaillirent. De longues flammes naquirent, gagnèrent la brousse, dévorant, calcinant tout sur leur passage. Terrorisé, l’Hippopotame abandonna sa fiancé et voulut rejoindre sa sœur l’Eau. Le Feu se lança à sa poursuite. L’Hippopotame atteignit l’eau. Le Feu voulu le rattraper. Les animaux frémirent dans toutes les brousses et se rassemblèrent pour décider du sort de l’Homme. - Sans groin, comment cherchera-t-il sa nourriture ? Grogna Bengué le Phacochère. - Il est nu comme un ver et mourra de froid glapit N’Zakoua le Chacal. - Sans piquant, il reste sans défense, claironna Birlou le Porc-épic. - Sans sabots saura-t-il éviter les épines ? beugla Agoua le Buffle. - Sans carapace, il n’affrontera jamais les intempéries, chevrota Damango la Tortue. Durant les débats, Bacouya le Cynocéphale gardait le silence. Son mutisme enerva la foule. - Pourquoi ne dis-tu mot ? fit Gbongo l’hyène à l’adresse du singe à gueule de chien -Coupez la queue à Bacouya le Cynocéphale, qu’il se tienne debout. Vous verrez qu’il ressemble à cet être qui nous préoccupe ici, compléta Ouala le Lapin - Cet être est l’animal le plus fort, le plus intelligent, le plus rusé, lança sentencieusement Bacouya. - Ne répète pas ce que tu as dit barrit M’Bala l’Eléphant. Plus fort, plus intelligent, plus rusé celui là alors qu’il n’a ni groin comme Bengué le Phacochère, ni poil comme N’Zakoua le Chacal, ni piquant comme Birlou le Porc-épic, ni sabot comme Agoua le Buffle, ni carapace comme Damango la Tortue ? - Lançons-lui un défi approuva Mourou la Panthère. Qu’il nous apporte de l’eau ficelée dans un panier, je lui accorde ma fille en mariage. Que Bacouya lui apporte la nouvelle !

Le feu et l’eau (suite)

Sautant d’une branche à l’autre, Bacouya atteignit le repère de l’Homme.- Salut, Animal ! fit-il. - Salut, habitant des branches, répondit l’homme. - Les animaux se sont rassemblés pour parler de toi. Ils te demandent de leur apporter de l’eau ficelée dans un panier. Ils t’offrent une fille en mariage. - Il me faut au préalable la ficelle que je désire tresser avec de la fumée. Bacouya transmit la réponse de l’Homme aux animaux, qui effrayés, s’éparpillèrent.

Le Marabout vicieux

Tous les hommes sur la terre étaient bons, avaient les mêmes chances, réussissaient dans les mêmes entreprises. Pourquoi sont-ils devenus différents ? Je m’en vais vous expliquer l’origine des qualités chez les hommes. Il était une fois, un marabout qui eut une jolie fille à qui il donna le prénom defatima. Fatima enflamma le coeur de tous les célibataires de notre contrée par sa beauté et son charme. Tous les garçons en âge de se marier se faisaient la concurrence pour sa main. Les peuls apportaient fréquemment du lait et des veaux au père. Les bambaras venaient cultiver son champs et lui donnaient une partie de leur récolte. Les maninka lui offraient des captifs et les julas beaucoup de cauris. Le marabout était donc très gâté grâce à la beauté et au charme de sa fille. Il tomba alors dans le vice de la facilité. Les quatre tribus bambara, peul, jula et maninka envoyèrent chacune leur délégation avec le néccessaire pour demander la main de Fatima à son père, le marabout. Il accepta les propositions des quatre délégations promettant à chacune la main de sa fille. Etonnés par l’attitude du marabout, les membres des quatre délégations se mirent à redoubler de talents pour arracher l’offre. A leur demande, le marabout annonça les noces de sa fille. Ils devenait de plus en plus inquiet avec l’approche des échéances. La veille du mariage, Dieu lui envoya un ange vu qu’il multipliait les sollicitations et restait tard sur sa natte de prière. Il expliqua ses angoisses à l’ange qui les rapporta à Dieu.

Le Marabout vicieux (suite)

Il était un grand marabout , respecté et craint dans toute la contrée. Ses prières furent exhaussées. Dieu lui envoya l’ange avec le message suivant : il lui ordonna d’enfermer sa fille dans une case en compagnie de trois animaux : un âne, un chat et un chien. Le lendemain, il ouvrira la case et prendra la décision qui lui semble la meilleure. Le marabout exécuta les recommandations divines. Aux premières lueures de l’aurore, il alla frapper à la porte de la case en appelant Fatima. Il entendit quatre voix identiques lui répondre en choeur. Il cassa la porte et se retrouva en face de quatre filles identiques et il ne put reconnaître sa vraie fille des autres. Les quatre filles furent données en mariage et chaque délégation est répartie avec sa Fatima. Les convives ne purent pas cacher leur étonnement et le marabout gagna encore en estime et sa renommée rayonna encore plus loin. Mais une chose l’intriguait : à quel tribu avait-il donné sa vraie fille ?A cause de son vice, Dieu le punit et il ne le saura jamais. Il mourut très tôt d’angoisse et ne put savourer les cadeaux auxquels il prétendait.D’après Kassaé Mady Texte adapté par Zoé A. OUANGRE

Le soleil, la lune et le vent

Une fois, le Soleil, la Lune et le Vent sont allés dîner chez leur oncle Tonnerre et leur tante la Foudre. Leur mère, l’Etoile la plus lointaine, est restée à la maison. Le dîner était somptueux, avec les mets les plus délicats et les vins les plus rares. Le Soleil et le Vent dévoraient, s’empiffraient, sans penser un instant à leur mère. La douce Lune, elle, dès que l’on servait un plat, en cachait une parcelle sous son ongle - la Lune a des ongles très longs, très beaux. Ils touchent la terre et vous les appelez "les rayons de lune". Quand le Soleil, la Lune et le Vent sont rentrés chez eux, l’Etoile lointaine, leur mère, leur demanda : - Comment était le festin ? Racontez-moi ce que vous avez bu et mangé... Et que m’avez-vous apporté en cadeau-souvenir ? - J’ai mangé beaucoup de très bonnes choses, répondit le Soleil. Mais, naturellement, je ne me souviens plus de ces plats. J’étais là pour les apprécier, par pour en parler ensuite ! - Moi, je me suis régalé ! dit le Vent. Il y avait quantité de bonnes choses. Quant à les décrire, j’en suis bien incapable. J’étais venu pour m’amuser, pas pour faire une liste de ce qu’on servait ! Alors la Lune dit : - Mère, apporte un plat ! Elle a secoué au-dessus du plat ses ongles si beaux, si longs. Et il y eut sur le plat tout un repas, le plus délicieux que l’on pouvait imaginer.

Le soleil, la lune et le vent (suite)

Alors l’Etoile lointaine s’est tournée vers son fils le Soleil et lui dit : - Tu n’as pensé qu’à ton plaisir. Tu es avide et égoïste. Tu en seras puni. Tes rayons brûlants feront fuir les hommes, l’herbe verte jaunira en te voyant et à l’heure où tu viens au milieu du ciel, tout ce qui vit, hommes et bêtes iront se cacher de toi. C’est pourquoi les rayons du soleil de l’Inde sont si implacablement brûlants.L’Etoile lointaine s’est tournée vers son fils le Vent : - Toi aussi, tu n’as pensé qu’à t’amuser. Tu n’as pas songé un instant à ta mère. Pour te punir, tu auras un souffle ardent qui dessèche et rend la respiration difficile. Et les hommes te fuiront en te maudissant. C’est pourquoi le vent chaud de l’Inde est si pénible, si étouffant.Alors l’Etoile lointaine s’est tournée vers sa fille la Lune, et elle a dit : - Toi qui pensais à faire partager ton plaisir, toi ma douce et tendre fille, tu auras une lumière paisible et rafraîchissante et les hommes béniront ta douce clarté ! Et voilà pourquoi sont si fraîches, douces et belles les nuits de lune ! Et à présent vous savez tout sur le Soleil, la Lune et le Vent. Vous savez pourquoi ils sont ce qu’ils sont et tels que vous les connaissez.Extraits de "LUDA - 365 contes de gourmandise" chez Hatier (Inde)

Le Roi des Échos

Un homme alla dans la forêt pour défricher un bout de terrain, brûler les broussailles et préparer " Qui est là ? " " C’est moi ", répondit l’homme. " Que fais-tu ? " " Je débroussaille. " " Attends, je vais t’aider. Je suis le Roi des Échos, et je vais t’envoyer cent de mes sujets. " Sitôt dit, sitôt fait. Le Roi envoya à l’homme cent échos qui débroussaillèrent le terrain en un tournemain. L’homme se félicita de cette aubaine : " Avec une aide pareille, tout va pour le mieux ! " Quelque temps après, les broussailles une fois sèches, l’homme se rendit dans la forêt pour les brûler et pour amender son champ avec les cendres. À peine eut-il le temps d’allumer le feu qu’une voix se fit entendre : " Qui est là ? " " C’est moi ", répondit l’homme. " Que fais-tu ? " " Je brûle les broussailles pour amender mon champ avec les cendres. " " Attends, je vais t’aider ! " C’était encore le Roi des Échos. Il envoya à l’homme trois cents échos qui se mirent aussitôt à l’oeuvre. En un tournemain, ils brûlèrent toutes les broussailles. Sa terre amendée, l’homme s’en félicita : " Avec une aide pareille, tout va pour le mieux ! " Les pluies commencèrent. L’homme saisit un pot rempli de millet et s’en alla au champ pour semer. À peine commença-t-il sa besogne que le Roi des Échos se fit entendre : " Qui est là ? "" C’est moi. " " Que fais-tu ? " " Je sème le millet. " " Attends, je vais t’aider. " Et le Roi lui envoya en aide neuf cents échos. Les semailles furent terminées en un tournemain. " Avec une aide pareille, tout va pour le mieux ! " se félicita notre homme.

Le Roi des Échos (suite et fin)

Lorsque le millet se mit à germer, l’homme se rendit au champ pour arracher les mauvaises herbes. Le Roi des Échos ne tarda pas à l’appeler : " Qui est là ? " " C’est moi. " " Et que fais-tu ? " " J’arrache les mauvaises herbes. " " Attends, je vais t’aider. " Mille échos accoururent et arrachèrent toutes les mauvaises herbes en un tournemain. Une fois de plus, l’homme se félicita : " Avec une aide pareille, tout va pour le mieux ! " Lorsque le millet se mit à lever, l’homme alla au champ pour chasser les oiseaux qui venaient le manger. Dès son arrivée, le Roi des Échos cria : " Qui est là ? " " C’est moi. " " Que fais-tu ? " " Je chasse les oiseaux pour qu’ils ne mangent pas mon millet. " " Attends, je vais t’aider ! " Dix mille échos accoururent et chassèrent jusqu’au dernier oiseau. L’homme s’en alla en se félicitant : " Avec une telle aide, tout va pour le mieux ! " Des jours passèrent. L’homme arriva au champ. Il cueillit quelques épis et les goûta pour voir si son millet était mûr. Et le Roi des Échos appela : " Qui est là ? "" C’est moi. " " Que fais-tu ? " " Je cueille quelques épis et je goûte mon millet pour voir s’il est mûr. " " Attends, je vais t’aider. " Aussitôt, cent mille échos accoururent, cueillirent tous les épis et les mangèrent. L’homme s’en alla tristement, sans se féliciter. Cette fois-ci, il se garda bien de dire : " Avec une aide pareille, tout va pour le mieux ! "

Mourou la panthère et la chèvre

Les exploits sanguinaires de Mourou la panthère étaient devenus si populaires dans la brousse que le gibier se faisait rare. Le portrait du félin, son allure, ses habitudes étaient identifiés, communiqués aux oiseaux, aux reptiles, aux herbivores et aux rongeurs. Partout où le carnivore passait, tous fuyaient devant lui. Ainsi privée de nourriture, Mourou la panthère mourait lentement. Maigre, chancelante sur ses pattes affaiblies, elle décida un jour d’aller habiter le village de l’Homme.Elle l’atteignit la nuit et fut accueillie par le chat qui veillait. Elle fut logée dans le creux d’un vieux tronc à proximité de l’enclos de la Chèvre. A l’aube, le chat vint saluer sa visiteuse chargée d’un plat de souris. Mourou avala ce plat avec dégoût. Durant les jours qui suivirent, elle eut à se contenter de plats de la même espèce, parfois de poulets ou de quartiers de viandes dérobées.- Il me plaît mon neveu de connaître les mœurs de tes cohabitants, sollicita l’étrangère auprès de son hôte.- L’Homme mon maître, enchaîna-t-il, est l’animal le plus rusé et le plus intelligent. Il marche sur deux pattes, possède un bâton qui tonne et foudroie de loin. Le Chien qui ressemble au Loup suit le maître sur ses traces et surveille le village. Il a des crocs puissants. Le Cheval aussi grand qu’un Zèbre sert de monture au maître. Il a des coups de sabot meurtriers. L’Ane, fort, trapu, sert de bête de trait. La Vache, apparentée au Buffle donne du lait. Le Porc, dodu, massif et agressif, à l’allure du sanglier lui donne sa chair. De tous, seule la Chèvre est inoffensive et accueillante.

Mourou la panthère et la chèvre (suite et fin)

Mourou se lécha les babines satisfaite.- J’irais donc visiter la Chèvre. Elle y alla.- Salut ! Paisible animal, fit-elle. Je viens solliciter ton hospitalité.-Sois le bien venu dans ma maison, O gros chat répondit la chèvre. Tu vivras de mon lait.La panthère et la Chèvre vécurent ensemble pendant des mois. Décidée à exécuter un odieux projet qu’elle mûrissait, Mourou demanda à partir.- Avant de te quitter, scellons une amitié dans le mélange de sang, suggéra-t-elle à sa bienfaitrice. Je ferai une saignée à ton cou, une autre à l’une de mes pattes. Nous recueillerons le sang que nous mélangerons pour boire tous les deux. Par cette alliance, les tiens et les miens connaîtront la paix et l’entraide durant des siècles.Sans méfiance, la Chèvre tendit le cou. D’un coup de mâchoire, la Panthère l’étrangla et l’emporta toute saignante. Depuis lors, Mourou la Panthère ne cesse de visiter la nuit les enclos à chèvres pour renouveler cette alliance.

Pourquoi y a-t-il tant d’idiots de par le monde ? conte Peul

Autrefois, il y avait beaucoup moins d’idiots qu’aujourd’hui. Quand il s’en trouvait un quelque part, aussitôt on le chassait du village. Aujourd’hui, par contre, il faudrait chasser la moitié du village et encore, cela ne suffirait pas. Mais comment se fait-il qu’il y en ait tant ? Voici comment les choses se passèrent : Un jour, trois idiots qu’on avait chassés pour leur bêtise se retrouvèrent à une croisée de chemins et se dirent : " Peut-être arriverons-nous à quelque chose d’utile en réunissant l’intelligence de trois têtes stupides. Et ils poursuivirent leur chemin ensemble. Peu de temps après, ils arrivèrent devant une cabane d’où sortit un vieil homme. " Où allez-vous ? " demanda celui-ci. Les idiots haussèrent les épaules : " Là où nous porteront nos jambes. On nous a chassés de chez nous pour notre bêtise. " Le vieux répliqua : " Alors, entrez. Je vais vous mettre à l’épreuve. " Il avait trois filles tout aussi bêtes et se montrait donc compréhensif. Le lendemain, il demanda au premier idiot : " Va à la pêche ! " Et au deuxième : " Va dans les fourrés et tresse des cordes ! " Puis au troisième : " Et toi, apporte-moi des noix de coco ! " Les idiots prirent un carrelet, une hache et un bâton et se mirent en route. Le premier s’arrêta au bord d’une mare et se mit à pêcher. Quand son carrelet fut plein, il eut tout d’un coup soif. Il rejeta tout le poisson dans l’eau et rentra boire à la maison. Le vieux lui demanda : " Où sont les poissons ? " " Je les ai rejetés à l’eau. La soif m’a pris et j’ai dû vite rentrer pour me désaltérer. " Le vieux se fâcha : " Et tu ne pouvais pas boire à la mare ? " " Tiens, je n’y ai pas pensé. " Pendant ce temps, le second idiot avait tressé un tas de cordes et se préparait à rentrer. Il s’aperçut qu’il n’avait pas de corde pour les attacher. Alors, il courut en chercher à la maison. Et le vieil homme se fâcha encore : " Et pourquoi n’as-tu pas attaché ton tas avec l’une des cordes ? " " Tiens, je n’y ai pas pensé. " Le troisième idiot grimpa sur un cocotier et montra les noix de coco à son bâton : " Tu vas jeter par terre ces noix, compris ? " Il descendit et commença à lancer le bâton sur le cocotier, mais il ne fit tomber aucune noix. Lui aussi rentra à la maison bredouille et une fois de plus, le vieux se fâcha : " Puisque tu étais sur le cocotier, pourquoi n’as-tu pas cueilli les noix à la main ? " " Tiens, je n’y ai pas pensé. " Le vieux comprit qu’il n’arriverait à rien avec les trois sots. Il leur donna ses trois filles pour femmes et les chassa tous. Les idiots et leurs femmes construisirent une cabane et vécurent tant bien que mal. Ils eurent des enfants aussi bêtes qu’eux, les cabanes se multiplièrent et les idiots se répandirent dans le monde entier.

L’histoire des trois sourds

C’est l’histoire d’une femme. Elle était sourde, tellement sourde qu’elle n’entendait rien. Tous les matins elle portait son enfant sur son dos et elle se rendait à son champ. Elle avait un immense champ d’arachides. Et un matin qu’elle était là, tranquillement à travailler dans son champ, arrive un monsieur. Un monsieur tellement sourd qu’il n’entendait rien. Et ce monsieur cherchait ses moutons. Ecoutez-bien ! Il s’adressa à la dame : - « Madame, je cherche mes moutons, leurs traces m’ont conduit jusqu’à votre champ. Est-ce que vous ne pourriez pas m’aider à les retrouver ? D’ailleurs, on les reconnaît bien mes moutons, parmi eux, il y a un mouton blessé. Madame si vous m’aidez à retrouver mes moutons, je vous donnerez ce mouton blessé vous pourrez toujours vous en servir. »"Mon champ s’arrête là- bas !"Mais elle, n’ayant rien entendu, rien compris, elle a pensé que ce monsieur lui demandait juste jusqu’où son champ s’arrêtait. Elle se retourna pour lui dire : - « Mon champ s’arrête là-bas. »

L'histoire des trois sourds - suite

Le monsieur a suivi la direction indiquée par la dame et par un curieux hasard il trouva ses moutons en train de brouter tranquillement derrière un buisson. Tout content il les rassembla et est venu remettre à la dame le mouton blessé. Mais celle-ci, n’ayant rien entendu, rien compris, elle a pensé que ce monsieur l’accusait d’avoir blessé son mouton. Alors elle s’est fâchée : - « Monsieur, je n’ai pas blessé votre mouton. Allez accuser qui vous voulez mais pas moi. D’ailleurs des moutons, je n’en ai jamais vus. » Le monsieur quand il a vu que la femme se fâchait, il a pensé que cette femme ne voulait pas de ce mouton mais qu’elle voulait d’un mouton plus gros. Et à son tour, il se fâcha : - « Madame, c’est ce mouton que je vous ai promis. Il n’est pas du tout question que je vous donne le plus gros de mes moutons. » Tous les deux il se fâchèrent, ils se fâchèrent à un tel point qu’ils finirent par arriver au tribunal. Et le tribunal dans cette Afrique d’il y a longtemps, cela se passait sur la place du village, à l’ombre d’un grand arbre, l’arbre à palabres le plus souvent un baobab. Et le juge, lui qui était en même temps le chef du village il était là entouré de tout ces gens qu’on appelle les notables. La dame et le monsieur sont arrivés tout en continuant leur querelle.

L'histoire des trois sourds - suite et fin

Et après les salutations c’est elle qui parla la première : - « Ce monsieur m’a trouvé dans mon champ, il m’a demandé jusqu’où mon champ s’arrêtait. Je lui ai montré et j’ai repris mon travail. Ce monsieur est parti et quelques instants après il est revenu avec un mouton blessé m’accusant de l’avoir blessé. Or moi je jure que des moutons j’en ai jamais vus. Voilà pourquoi on est ici monsieur le juge. » C’était au tour du monsieur :- « Je cherchais mes moutons, dit-il, et leurs traces m’ont conduit jusqu’au champ de cette dame. A cette dame j’ai dit que si elle m’aidait à retrouver mes moutons je lui donnerais un d’entre eux mais j’ai bien précisé le mouton blessé. Elle m’a montré mes moutons, c’est ce mouton blessé que je lui ai donné. Elle veut un mouton plus gros. Pensez-vous que je vais lui donner le plus gros de mes moutons à deux pas de la fête des moutons ? » Le juge se leva. Il était aussi sourd qu’un pot. Et quand il a vu l’enfant sur le dos de sa mère il a pensé qu’il ne s’agissait là que d’une petite querelle de ménage. Alors il s’adressa au monsieur : - « Monsieur. Cet enfant est votre enfant. Regardez d’ailleurs comment il vous ressemble. A ce qu’il me semble vous êtes un mauvais mari. Et vous madame, des petits problèmes comme cela. Ce n’est pas la peine de venir jusqu’ici étaler ça devant tout le monde. Rentrez chez vous ! Je souhaite que vous vous réconciliez. » Ayant entendu ce jugement, tout le monde éclata de rire. Et le rire contamine le juge, la dame et le monsieur. Que firent-ils ? Ils éclatèrent de rire bien que n’ayant rien compris. Et c’est à partir de là que le conte pose sa question : Le conte voudrait savoir, lequel de ces trois est le plus sourd ?La LeçonIl vaut mieux ne pas se dépêcher de donner une réponse. On conseille quelque part en Afrique, d’avoir le cou aussi long que celui du chameau, afin que la parole avant de jaillir puisse prendre tout son temps.

Afrique au coeur de l'oralité

Magie du conte

Moralité

Il vaut mieux ne pas se dépêcher de donner une réponse. On conseille quelque part en Afrique, d’avoir le cou aussi long que celui du chameau, afin que la parole avant de jaillir puisse prendre tout son temps.