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Enseigner, ce n'est pas remplir un vase, c'est allumer un feu

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Aristophane (445 à 386 av JC)

Aristophane (445 à 386 av JC)

Le point de vue de Daniel Favre

Le petit d’homme est naturellement motivé pour expérimenter, recommencer.

Nul besoin de récompenses exogènes, de menaces ou de pressions : l’apprentissage fait d’emblée l’objet d’une motivation endogène puisque notre cerveau est ainsi constitué

    Il y a 3 systèmes de motivation

    1-Le système de motivation de sécurisation 2-Le système de motivation d’innovation 3-Le système de motivation de sécurisation parasitée ou d’addiction

    SM1= motivation de sécurisation SM2= motivation d'innovation

    Le SM1 et le SM2 sont à la fois opposés et complémentaires puisque c’est lorsque l'on se sent en sécurité et accepté que l'on peut prendre le risque de l’apprentissage.Grandir c'est le SM1 qui diminue au profit du SM2.Si l’élève ne peut accéder au plaisir de réussir son apprentissage il lui reste le plaisir de l’addiction.

    Le système de motivation de sécurisation (SM1)

    Il est prédominant au début de la vie. Il concerne notre sécurité dans la stabilité et le connu. Lorsque le SM1 est activé nous sommes en référence externe puisqu’un tiers intervient pour satisfaire nos besoins (affection, reconnaissance) ou éventuellement créer des frustrations. Ex : l’élève qui exprime son plaisir en disant « Je suis content car mon enseignant m’a dit que j’ai progressé » ou sa frustration « Je lève la main mais il ne me voit pas ».

    Le système de motivation de sécurisation (SM1)

    Il est prédominant au début de la vie. Il concerne notre sécurité dans la stabilité et le connu. Lorsque le SM1 est activé nous sommes en référence externe puisqu’un tiers intervient pour satisfaire nos besoins (affection, reconnaissance) ou éventuellement créer des frustrations. Ex : l’élève qui exprime son plaisir en disant « Je suis content car mon enseignant m’a dit que j’ai progressé » ou sa frustration « Je lève la main mais il ne me voit pas ».

    Le système de motivation d’innovation (SM2)

    Le plaisir a pour origine les conduites par lesquelles nous gagnons en autonomie. Nous surmontons les difficultés, nous faisons preuve de création et d’innovation. Il est indissociable d’une position de responsabilité. Le sujet est en référence interne (contrairement au SM1). Ex : l’élève qui exprime son plaisir « Je suis content parce que je sens que je progresse » ou sa frustration « J’ai raté le saut à 1m80 que je m’étais fixé ».

    Le système de motivation d’addiction

    Dans le 3° système le plaisir est associé à la recherche et au maintien de la dépendance. Des « programmes étrangers » acquis pendant l’enfance entraînent la répétition d’actes ou de pensées limitant le développement de l’autonomie. Ce sont des injonctions verbales ou non verbales de type hypnotique qui parasitent notre identité.

    Le système de motivation d’addiction

    Ex : Tu es nul en mathématiques. Si je suis persuadé d’être nul, je ne m’affronte plus aux apprentissages ou le moins possible car cela est trop désagréable. Si l’on me force, si l’on me menace, je vais m’y mettre mais avec peu d’entrain et les résultats insuffisants vont me conforter dans la certitude que je suis nul.

    Le système de motivation d’addiction

    Il ne sert à rien de répéter à un élève qu’il est compétent si l’instruction interne qui le parasite n’est pas neutralisée. Là est la limite de l' enseignant qui ne peut se substituer au psychologue. Néanmoins il peut répondre à l’élève qu’il a sans doute des raisons de penser cela (postulat de cohérence) mais qu’en tant qu’expert de l'éducation, il n’y croit pas.

    C’est attribuer à chaque être humain de« bonnes raisons », des raisons réelles et légitimes d’agir comme il le fait ou de ressentir ce qu'il ressent. Pratiquer ce postulat diminue l’agressivité.

    Le système de motivation d’addiction

    Nous pouvons repérer la personne sous l’influence de la motivation d’addiction à travers les expressions qu’elle emploie. Il y a une exagération entre l’émotion affichée et les évènements. Ex : « Je déteste lever la main et ne pas être immédiatement interrogé », « J’ai horreur des gens qui prennent souvent la parole ». Cette personne exprime probablement une peur ancienne « je ne suis pas important pour les autres ».

    Le système de motivation d’addiction

    La situation d’apprentissage va pouvoir apporter une remédiation si elle peut restaurer le SM1 afin que l’élève puisse prendre le risque de l’apprentissage et en savourer ses fruits : le plaisir de la motivation d’innovation (SM2). Si l’enseignant peut permettre aux élèves de se sentir plus en sécurité dans les dispositifs d’apprentissage et s’il devient inventif pour « allumer des feux » en motivation d’innovation, il devient alors possible de cesser de démotiver les élèves.

    Les principales à retenir...

    18 clés pour favoriser l'apprentissage

    Rectifier un erreur de notre culture

    Clé n°2

    Nous sommes encore dans une culture qui transmet l’idée erronée que les émotions n’ont pas leur place à l’école. Le cœur et la raison ne sont pas dissociés. L’état émotionnel de l’élève infère en permanence dans le traitement des informations. Il n’y a donc pas de traitement cognitif indépendant du fonctionnement émotionnel.

      Réconcilier émotion et cognition

      Les capacités de notre cerveau ne sont pas figées

      Vivre c’est changer et changer c’est apprendre

      La capacité à percevoir dépend des expériencespréalables et de l’état émotionnel.

      Le cerveau ne s’use que si l’on ne s’en sert pas

      Les expériences vécues par l’individu déterminent enpartie sa capacité à percevoir le présent

      Il existe un danger à laisser s’installer chez les jeunes ces 2 égalités Facilité = Plaisir Difficulté = Déplaisir Faute d’endurance à l’effort, ces futurs adultes se priveraient du plaisir que procure la réussite aux apprentissages et ainsi se démotiveraient.

      Le cerveau récompense l'apprentissage

      Clé n°3

      Le cerveau de l’homme et de nombreux mammifères est organisé pour fournir des « récompenses biologiques », en particulier sous la forme de dopamine, à l’individu qui explore et qui résout des problèmes ou surmonte des difficultés.

      En fonction du lien indissociable entre émotion et cognition, apprendre va donc engendrer des émotions. Différentes selon les personnes, selon si l’apprentissage est à son début, ou en cours ou se termine. Tant que l’apprentissage n’est pas terminé, les frustrations s’accumulent à chaque « raté ». Ces frustrations résultent du fait que nous prenons conscience que nous ne sommes pas tout puissants.

        Il y a 2 types d’émotions et de motivations opposées et complémentaires lors de l’apprentissage : la frustration et le plaisir de réussir Dans un premier temps favoriser l’apprentissage va consister à permettre à l’apprenant de prendre conscience des multiples émotions associées à la déstabilisation cognitive en créant un climat de sécurité, sans contrôle, sans compétition où l’on tâtonne, explore et expérimente.

        Dans un deuxième temps favoriser l’apprentissage consistera à faire reconnaître à l’apprenant la satisfaction ressentie en situation de réussite.

        Au risque de l'addiction

        Clé n°4

        L’appréhension nous habite lorsque la situation, par sa nouveauté, demande de changer, de faire ce que l’on n’a jamais fait, à l’occasion d’un apprentissage par exemple. Si l’élève ne peut accéder au plaisir de réussir son apprentissage il lui reste le plaisir de l’addiction.

        Favoriser l’apprentissage consistera surtout à éviter, en multipliant les contrôles et les notes, de trop placer l’élève en référence externe. L’important étant de ne pas le détourner de sa référence interne : le plaisir d’explorer, d’apprendre, de gagner en l’autonomie (comme le petit d’homme qui apprend à marcher).

        Le risque est grand que la référence externe (la note, le jugement des autres) prennent le pas sur la référence interne. Les apprenants ignorent alors les émotions qu’ils peuvent ressentir et ne se motivent que si c’est noté.

        Expliquer comment on apprend

        Clé n°6

        Pendant la période de déstabilisation cognitive (rencontre avec un problème à résoudre dont je n’ai pas encore la solution) pas de contrôles notés mais uniquement des évaluations formatives avec feedbacks sur les erreurs. Le contrôle durant cette période peut être vécu comme une trahison ou une incohérence entre l’enseignant qui aide et celui qui met en échec. Ce n’est plus le cas lorsque la notion nouvelle a été acquise.

        Prendre les commandes

        Clé n°7

        La « cabine de pilotage» qui permet d’avoir une prise sur le temps, l’espace et les émotions ce sont nos lobes frontaux. Cette structure nerveuse nous donne la possibilité de prendre conscience des choses.

        6 fonctions

        Une prise sur le temps : 1-Les lobes frontaux nous permettent d'évoquer ce qui n’est pas présent (le visage d’un parent, d’un ami), de nous souvenir d’une odeur, d’un bruit. Grâce à eux nous voyons sans nos yeux, nous entendons sans nos oreilles, comme dans nos rêves. 2-Ils nous permettent d'échapper à la répétition et donc d'apprendre (c'est à dire de changer de système de représentation). 3-Ils nous permettent de nous représenter l’avenir et d'élaborer des projets

        Une prise sur l'espace: 4- Ils nous permettent de déclencher une séquence motrice. Il existe 2 sortes de mouvements : les mouvements hétéro déterminés « allez à la page … », « faites l’exercice … » et les mouvements auto déterminés « quand vous le déciderez …» « quand vous pensez avoir compris, choisissez un exercice et inventez une méthode personnelle pour vous rappeler cette définition dans 6 mois ». 5-Ils nous permettent de diriger et de maintenir l’attention. 6- Ils nous permettent une prise sur nos émotions : les lobes frontaux peuvent inhiber le fonctionnement du cerveau affectif et réciproquement.

        Notre liberté réside dans la possibilité qui nous est donnée de sortir de l’impulsivité = c’est l’intelligence émotionnelle. La bonne santé psychologique c’est de pouvoir constater les mouvements du curseur (je me sens mal / je me sens bien). Il est d’autant plus important d’être en contact avec ses émotions que leur intensité dépend de notre perception du monde. Les émotions peu intenses n'inhibent pas les lobes frontaux. C'est quand l’intensité des émotions augmente que les lobes frontaux commencent à être inhibés et le sentiment de perdre le contrôle survient.

        Un élève qui est en souffrance a des difficultés à :

        -se représenter ce qu’on lui demande -changer de représentation ou de comportement (= apprendre) -élaborer des projets -se prendre en main -rester attentif -contrôler ses émotions Son seuil de tolérance à la frustration est très bas. Cet élève n’est pas en état d’apprendre.

        Muscler l'attention

        Clé n°9

        Le test des 15 objets de Pillon

        Muscler l’attention

        On pourra demander aux élèves quels sont les gestes mentaux qu’ils doivent effectuer pour percevoir l’image. Leurs réponses tourneront autour de « Il faut surligner l’objet, faire disparaître les autres ». Ainsi on pourra leur dire « C’est cela être attentif et l’attention c’est comme un muscle, cela se travaille. Vous pouvez développer la vôtre pour mieux réussir »

        Construire et utiliser sa feuille de route

        Clé n°10

        Pour piloter tout commandant de bord a besoin de repérer le point de départ et le point d’arrivée pour construire sa feuille de route. Il en est de même pour l’élève. C’est l’enseignant qui va lui permettre de repérer un point de départ et lui indiquer un point d’arrivée en réalisant une évaluation diagnostique.

        Elle permet à l’élève d’avoir une idée claire de ce qu’il sait faire, des compétences et des connaissances qu’il doit acquérir. Pour l’enseignant c’est une photographie précise de la classe. La feuille de route doit planifier les objectifs atteignables. Elle est réalisée pour apporter des informations, définir des étapes.

        Quant à l’évaluation formative, si l’erreur n’est plus associée à la faute mais considérée comme naturelle, l’élève sera demandeur d’évaluations. Il ne travaille plus pour le professeur mais a besoin du professeur, « de la personne ressource », expert dans sa discipline. Avec cet allié, il va pouvoir cocher sur sa feuille de route des objectifs atteints avec une satisfaction en motivation d’innovation.

        Décontaminer les pratiques pédagogiques

        Clé n°11

        L’erreur n’est pas une faute, c’est une information

        On ne peut apprendre sans se tromper le terme erreur vient du latin « errare »= « aller au hasard ». Il est importantde séparer, « de rendre étanches » les situations d’apprentissage et les situations de contrôle. Ainsi les élèves expérimentent, tâtonnent, commettent des erreurs sans risque.

        Il faut créer une rupture avec le langage quotidien. Tous les mots qui introduisent les notions de bien et de mal ne doivent plus être associés à des jugements sur l’élève ou sur sa production. L’élève n’est pas bon ou mauvais, il a produit les résultats attendus ou ne les a pas encore produits. Le travail, comme les notes, n’est pas « bon, excellent ou décevant », les objectifs sont atteints ou pas encore.

        Il est fréquent que les enseignants disent à leurs élèves qu’ils ont « le droit à l’erreur » mais ne s’accordent pas ce droit à eux-mêmes. Cela n’échappe pas aux élèves. Leur demande n’est pas d’avoir des enseignants parfaits. Les élèves ne peuvent pas s’identifier à un adulte parfait et infaillible pour grandir.

        Accompagner l'apprentissage

        Clé n°13

        Sécuriser l’apprentissage et « restaurer la motivation de sécurisation »

        Etre vigilant sur les points suivants : -le sens, la place, la fréquence des contrôles -le statut de l’erreur -l’équilibre entre référence externe et interne -le partage avec l’élève de la responsabilité des apprentissages. -les moqueries en classe.

        En période de « déstabilisation cognitive » l’enseignant doit faire savoir à ses élèves, qui dans cette période doutent, qu’il est conscient de leur situation et qu’il ne les « lâche » pas.