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La France défaite et occupée, régime de Vichy, collaboration et résistances 1940-1944

Bienvenue dans un outil d'exploration de la France sous l'Occupation. Vous allez naviguer dans des espaces dédiés à la documentation sur cette période, entre collaboration et résistances. Ceci est un espace interactif, qui comprend texte, image et vidéo.

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Ce support pédagogique a été conçu par Estelle Gilet, professeure d'Histoire, Géographie et EMC au collège Rabelais de Poitiers, pour les classes de 3e, concernant le chapitre "La France défaite et occupée, régime de Vichy, collaboration et résistances". Les fiches d'activités qui accompagnent ce support d'exploration sont disponibles dans la rubrique correspondant au chapitre sur ce padlet Pour toute question, ou remarque, n'hésitez pas à me contacter : estellegilet59100@hotmail.fr

De la défaite à l'instauration de l'Etat français, et à la collaboration

Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne. L'état-major français, dans sa majorité, est certain de l'efficacité de la ligne Maginot, ligne de fortifications construite après1918 pour se protéger d'une éventuelle attaque allemande. Les soldats restent donc stationnés derrière cette ligne défensive. Cette guerre qui n'en est pas une est surnommée "la drôle de guerre". Emblème des troupes de la ligne MaginotCependant, en mai 1940, l'armée allemande déclenche une offensive fulgurante, à l'aide de son aviation et de son artillerie, une offensive de pénétration rapide et de destruction. C'est la Blitzkrieg (guerre-éclair). Les troupes britanniques et françaises subissent des pertes importantes et sont en déroute. C'est la débâcle. 10 millions de Français fuient l'avancée des troupes allemandes ; on appelle ce phénomène l'exode.

Le 10 juin, sous l'effet de l'irrépressible avancée des troupes de la Wehrmacht, le gouvernement français quitte Paris pour Tours. Il ira peu de temps après s'installer à Bordeaux. Le 14 juin, l'armée allemande entre dans Paris. Tous les drapeaux français sont confisqués et remplacés par des drapeaux à croix gammée. Paris se met à l'heure de Berlin. Un couvre-feu est mis en place de 21h à 5h du matin. Des troupes allemandes défilent sur les Champs Élysées, rituel qui deviendra quotidien sous l'Occupation pour marquer la domination nazie dans les esprits. Des soldats allemands contemplent la Seine

Discours radiodiffusé, prononcé par le maréchal Pétain le 17 juin 1940, pour annoncer aux Français son accession au poste de Président du Conseil, après la démission du gouvernement de Paul Reynaud et son intention de faire cesser les combats. Pétain est alors vu par la population comme un héros de la 1ère Guerre Mondiale, malgré sa responsabilité dans les erreurs stratégiques qui ont conduit à la débâcle. « Français, « A l'appel de Monsieur le président de la République, j'assume à partir d'aujourd'hui la direction de la France. « Sûr de l'affection de notre admirable armée qui lutte, avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires, contre un ennemi supérieur en nombre et en armes. « Sûr que par sa magnifique résistance elle a rempli nos devoirs vis à vis de nos alliés. « Sûr de l'esprit des Anciens Combattants que j'ai eu la fierté de commander. « Sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur. « En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. « C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat. « Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. « Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n'écouter que leur foi dans le destin de la Patrie. »

La maréchal Pétain fait signer, le 22 juin, l'armistice avec l'Allemagne nazie. La signature se déroule dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, dans le wagon mémoriel conservé depuis 1918, où avait été signé l'armistice marquant la défaite de l'Allemagne en 1918. Le choix du lieu marque une volonté d'humiliation et de revanche.

Le 10 juillet, le Parlement, à une très large majorité, vote une loi constitutionnelle qui donne les pleins pouvoirs au maréchal Pétain pour réviser la Constitution. C'est la fin de la IIIe République, mais aussi la fin de la démocratie. Pétain instaure un Etat autoritaire, nomme l'Etat français, souvent surnommé "Vichy", en raison du nouveau siège du gouvernement français. Une du "Petit Dauphinois" du 11 juillet 1940

Le 24 octobre 1940, Pétain rencontre A. Hitler à Montoire-sur-le-Loir. Leur discussion engage la France sur la voie de la collaboration entre l'Etat français et l'Allemagne nazie. Une collaboration économique (qui signifiera bien souvent le pillage et les privations), mais aussi idéologique et politique.

Dans ce discours radiodiffusé du 30 octobre 1940, Pétain rend compte de sa rencontre avec Hitler et explique sa politique de collaboration. « Français, « J’ai rencontré, jeudi dernier, le Chancelier du Reich. Cette rencontre a suscité des espérances et provoqué des inquiétudes ; je vous dois, à ce sujet, quelques explications. Une telle entrevue n'a été possible, quatre mois après la défaite de nos armes, que grâce à la dignité des Français devant l'épreuve, grâce à l'immense effort de régénération auquel ils se sont prêtés, grâce aussi à l'héroïsme de nos marins, à l'énergie de nos chefs coloniaux, au loyalisme de nos populations indigènes. La France s'est ressaisie. Cette première rencontre entre le vainqueur et le vaincu marque le premier redressement de notre pays. » « C'est librement que je me suis rendu à l'invitation du Führer. Je n'ai subi, de sa part, aucun «diktat», aucune pression. Une collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J'en ai accepté le principe. Les modalités en seront discutées ultérieurement. » « A tous ceux qui attendent aujourd'hui le salut de la. France, je tiens à dire que ce salut est d'abord entre nos mains. A tous ceux que de nobles scrupules tiendraient éloignés de notre pensée, je tiens à dire que le premier devoir de tout Français est d'avoir confiance. A ceux qui doutent comme, à ceux qui s'obstinent, je rappellerai qu'en se raidissant à l'excès, les plus belles attitudes de réserve et de fierté risquent de perdre de leur force. » « Celui qui a pris en mains les destinées de la France a le devoir de créer l'atmosphère la plus favorable à la sauvegarde des intérêts du pays. C'est dans l'honneur et pour maintenir l'unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d'une activité constructive du nouvel ordre européen que j'entre aujourd'hui dans la voie de la collaboration. Ainsi, dans un avenir prochain, pourrait être allégé le poids des souffrances de notre pays, amélioré le sort de nos prisonniers, atténuée la charge des frais d'occupation. Ainsi pourrait être assouplie la ligne de démarcation et facilités l'administration et le ravitaillement du territoire. » « Cette collaboration doit être sincère. Elle doit être exclusive de toute pensée d'agression, elle doit comporter un effort patient et confiant. L'armistice, au demeurant, n'est pas la paix. La France est tenue par des obligations nombreuses vis-à-vis du vainqueur. Du moins reste-t-elle souveraine. Cette souveraineté lui impose de défendre son sol, d'éteindre les divergences de l'opinion, de réduire les dissidences de ses colonies. » « Cette politique est la mienne. Les ministres ne sont responsables que devant moi. C'est moi seul que l'histoire jugera. Je vous ai tenu jusqu'ici le langage d'un père : je vous tiens aujourd'hui le langage du chef. Suivez-moi ! Gardez votre confiance en la France éternelle ! »

L'heure des choix ...

Si la plupart des Français tente de vivre tant bien que mal pendant la guerre, malgré les nombreuses privations matérielles et privations de liberté, certains et certaines font des choix plus engagés. Deux voies s'offrent à eux :

RESISTER -->

<-- COLLABORER

Résister

La Résistance extérieure : De Gaulle et les FFL

La Résistance intérieure : FFI, FTP, maquisards ...

Le lendemain du discours radiodiffusé de Pétain qui appelle à cesser les combats, De Gaulle, réfugié à Londres, lance un appel à poursuivre la guerre et à ne pas capituler. Ce texte est vu comme fondateur de la Résistance extérieure, même si peu de personnes l'ont entendu ce jour-là. "Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres." Discours du 18 juin du général De Gaulle

Dans les troupes armées des FFL (Forces Françaises Libres), 60% des soldats sont des hommes issus de l'empire colonial français. Il sont, pour beaucoup, engagés volontaires. Ils viennent principalement d'Afrique de l'Ouest et du Maghreb. Soldat tchadien des FFL

Jeune préfet de Chartres, Jean Moulin résiste à sa manière. Il rejoint De Gaulle à Londres, qui lui donne pour mission, à partir de 1942, d'unir la Résistance intérieure en vue d'une plus grande efficacité, et d'une prochaine libération de la France. C'est en partie grâce à lui que naît le CNR (Conseil National de la Résistance). Identifié et capturé par la Gestapo, il meurt en juillet 1943 des suites des tortures qui lui ont été infligées. Jean Moulin

Le drapeau des Forces Françaises Libres est constitué des 3 couleurs habituelles, et de la croix de Lorraine.

La stratégie de De Gaulle avec les FFL, est, bien sûr, de continuer le combat pour libérer la France, notamment depuis l'empire colonial. Mais c'est aussi, très vite, de faire oublier la défaite de 1940, et d'inclure, lorsque la victoire sera là, la France dans le camp des vainqueurs, aux côtés des USA, de la Grande Bretagne et de l'URSS.

Le groupe Manouchian est un groupe de résistants communistes faisant partie des FTP-MOI (Francs-Tireurs Partisans - Main d'Oeuvre Immigrée). Il est principalement constitué d'étrangers, parfois juifs, qui s'engagent volontairement contre le nazisme en pratiquant des assassinats et des sabotages. Repéré, 23 membres du groupe sont arrêtés et exécutés par fusillade, à l'exception d'Olga Bancic, seule femme du groupe, qui sera décapitée. Voici les noms des membres exécutés :

  • Celestino Alfonso (AR), Espagnol, 27 ans
  • Olga Bancic, Roumaine, 32 ans (seule femme du groupe, décapitée en Allemagne le 10 mai 1944)
  • Joseph Boczov [József Boczor; Wolff Ferenc] (AR), Hongrois, 38 ans - Ingénieur chimiste
  • Georges Cloarec, Français, 20 ans
  • Rino Della Negra, Italien, 19 ans - Footballeur du Red Star Olympique
  • Thomas Elek [Elek Tamás] (AR), Hongrois, 18 ans - Étudiant
  • Maurice Fingercwajg (AR), Polonais, 19 ans
  • Spartaco Fontano (AR), Italien, 22 ans
  • Jonas Geduldig, Polonais, 26 ans
  • Emeric Glasz [Békés (Glass) Imre], Hongrois, 42 ans - Ouvrier métallurgiste
  • Léon Goldberg, Polonais, 19 ans
  • Szlama Grzywacz (AR), Polonais, 34 ans
  • Stanislas Kubacki, Polonais, 36 ans
  • Cesare Luccarini, Italien, 22 ans
  • Missak Manouchian (AR), Arménien, 37 ans
  • Armenak Arpen Manoukian, Arménien, 44 ans
  • Marcel Rajman (AR), Polonais, 21 ans
  • Roger Rouxel, Français, 18 ans
  • Antoine Salvadori, Italien, 24 ans
  • Willy Schapiro, Polonais, 29 ans
  • Amédéo Usséglio, Italien, 32 ans
  • Wolf Wajsbrot (AR), Polonais, 18 ans
  • Robert Witchitz (AR), Français, 19 ans
Après leur exécution, l'armée allemande produit une affiche de propagande les présentant comme des assassins, nommée "L' Affiche Rouge". L'affiche n'aura pas l'effet escompté puisque de nombreux passants anonymes déposerotn des fleurs au bas de l'affiche, ou y écriront "Morts pour la France". En 1955, 10 ans après la fin de la guerre le poète Aragon écrivit le poème "Strophes pour se souvenir", en leur hommage. Léo Ferré reprit ce poème pour le mettre en musique magnifiquement : Un témoignage très émouvant qui nous reste de l'engagement de ces hommes qui crièrent "La France !" en mourant est la lettre que Missak Manouchian écrivit à sa femme Mélinée avant d'être fusillé : Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense.Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.Manouchian Michel. P.S. J'ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M. M.

La Résistance intérieure naît dès 1940, mais de façon marginale. Résister, c'est risquer la mort, la torture, la déportation. C'est surtout après 1943 que le recrutement de la Résistance va s'accroître ; c'est la date à laquelle l'occupant allemand impose le STO (Service du Travail Obligatoire), qui contraint de jeunes Français à partir travailler en Allemagne. Ces derniers sont nombreux à refuser ; pour cela ils rentrent dans la clandestinité et rejoignent la Résistance. Divers courants politiques existent dans la Résistance : les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur), FTP (Francs-Tireurs Partisans). Leurs motivations sont parfois divergentes : patriotisme, haine des Allemands, internationalisme, lutte contre le nazisme et le fascisme ... Ils s'organisent en réseaux, pour pratiquer le renseignement, le sabotage, évasion de prisonniers, les assassinats ciblés, ou en mouvements, qui ont pour objectif de sensibiliser et d'appeler la population à la résistance (menant aussi parfois des actions militaires). Petit à petit, ils travaillent en lien avec les FFL de Charles de Gaulle, gérant la réception d'armes et d'agents parachutés, exfiltrant des pilotes, attaquant des convois allemands stratégiques. Pour vivre clandestinement et préparer leurs opérations militaires, les résistants se replient dans des maquis, comme celui du Vercors ; ce sont des zones difficiles d'accès à partir desquelles ils mènent des actions de guerilla contre l'occupant. Plaque commémorative dans le maquis du VercorsSans appartenir à des réseaux, des Français font aussi acte de résistance isolée, en refusant un ordre allemand, en traçant le "V" de la victoire sur un mur, ou en cachant des enfants juifs. Des FFI lors de la libération de Paris

La Résistance passe aussi par l'écriture et l'impression de tracts et de journaux clandestins. C'est ainsi que naît le journal Libération, issu du mouvement Libération-Sud, 2e plus puissant mouvement en zone Sud. Le journal s'imprime à plus de 200 000 exemplaires.Une du journal Libération du 1er mars 1943

Poète surréaliste, Robert Desnos décide très tôt de s'engager dans la résistance. Ainsi, il écrit dès 1940 à Youki, sa compagne : « J'ai décidé de retirer de la guerre tout le bonheur qu'elle peut me donner : la preuve de la santé, de la jeunesse et l'inestimable satisfaction d'emmerder Hitler.» A partir de 1942, il fait partie du réseau AGIR, auquel il transmet des informations confidentielles parvenues au journal, tout en fabriquant par ailleurs de faux papiers pour des Juifs ou des résistants en difficulté. Malgré sa conscience du fait que le réseau ait été infiltré, il continue son engagement, qui le conduit à être arrêté en 1944. Après sa déportation dans divers camps, il meurt au camp de Theresienstadt en 1945, peu après la libération du camp par l'Armée Rouge et les partisans tchécoslovaques. Dernière photographie connue de R. Desnos au camp de Theresienstadt (homme assis profil droit)Au-delà de son engagement dans des actions radicales, il a aussi écrit des poèmes de résistance dans des journaux clandestins ou des revues clandestines de littérature engagée, tels que celui-ci : "Ce cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la bataille !Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit,Voilà qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant de salpêtre et de haine.Et qu’il mène un tel bruit dans la cervelle que les oreilles en sifflent,Et qu’il n’est pas possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la campagne,Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et au combat.Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par les échos.Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la France.Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces cœurs,Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des falaisesEt tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d’ordre :Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colèresEt des millions de Français se préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur imposera.Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour la liberté au rythme même des saisons et des marées, du jour et de la nuit. Robert Desnos, 1943 (paru dans L’Honneur des poètes)

Militant communiste, Guy Môquet est tout d'abord arrêté pour distribution de tracts hostiles au régime de Vichy et aux Allemands. Suite à un attentat de résistants sur la personne d'un officier des troupes d'occupation, les Allemands décident de fusiller des Français en guise de représailles. Les autorités françaises proposent les noms de militants communistes ou syndicalistes pour les fusiller ; parmi ces noms, celui de Guy Môquet. Il meurt fusillé en compagnie d'autres prisonniers. Il n'avait alors que 17 ans.

Les femmes dans la Résistance, un rôle longtemps méconnu

Lucie Aubrac

Rose Valland

Olga Bancic

Marie-Claude Vaillant-Couturier

Joséphine Baker

Germaine Tillion

Elise Rivet

Denise Vernay

Danielle Casanova

Berthy Albrecht

Anna Marly

Les femmes se sont engagées dans la Résistance armée, dans une proportion moindre que les hommes. Leur rôle a souvent été sous-estimé. Elles se sont engagées dans les services de transmissions (radio, messages cryptés) : Elles ont pris part aux combats des FFL, notamment en Afrique du Nord au sein de la 2e Division de Blindés "Rochambeau", pour soigner les soldats sur le front Elles se sont aussi investies dans la résistance intérieure, en hébergeant des résistants en fuite, en diffusant des tracts, en passant des messages, mais aussi parfois en participant à des sabotages ou des attentats.

Le chant des partisans, des paroles de J. Kessel et M. Druon, et une musique d'Anna Marly.

Collaborer

La collaboration policière et militaire

La collaboration économique

Un régime réactionnaire et autoritaire

La collaboration dans le génocide des juifs et des Tsiganes

Des Français s'engagent volontairement dans la LVF (Légion des Volontaires Français) pour combattre sous l'uniforme allemand sur le Front de l'Est pour lutter contre le communisme et par sympathie pour le régime nazi.Affiche de recrutement pour la LVF

L' Etat français crée la Milice, une police politique sur le modèle de la Gestapo, qui pourchasse les résistants et les militants communistes ou syndicalistes. Arrestation de maquisards par des Miliciens dans le Limousin en 1944

Le nouveau régime mis en place à Vichy est autoritaire ; c'est une dictature personnelle du Maréchal Pétain. C'est la fin de la démocratie : les partis politiques sont interdits, ainsi que les syndicats. La presse est censurée, et l'opposition vivement réprimée, par exécution, emprisonnement, déportation. Par sa propagande, fondée sur le culte du chef, Pétain entend imposer son idée de la Révolution Nationale : il veut restaurer un ordre moral fantasmé, incarné par la religion catholique, la famille traditionnelle et les supposées valeurs du monde rural. Il fait reposer la responsabilité de la défaite sur un supposé complot "judéo-maçonnique" et communiste.

Le régime de Vichy est patriarcal, il entend restaurer un ordre moral traditionnel. Pour Pétain, les femmes doivent rester au foyer, adopter une attitude pudibonde et se réaliser dans la maternité. C'est tout naturellement qu'il instaure la fête des Mères.

Un extrait de la propagande antisémite du régime de Vichy, qui passe aux actualités au cinéma.

Dès octobre 1940, le statut des juifs créé des conditions discriminatoires pour les personnes de confession israélite. Ce statut est modifié le 2 juin 1941. Exclusion de la fonction publique et de fonctions électives, accès limité par numerus clausus à l'université ainsi qu'à certaines professions libérales en forment le contenu. Plus tard, le gouvernement fonde un Commissariat général aux questions juives. Carte d'identité 1940 Sur les cartes d'identité apparaissent des notions liées à une pseudo science de la morphologie du visage (voir dans la partie en haut à droite).Evasion Au moment de la débâcle, des soldats français furent faits prisonniers et travaillèrent dans les zones spéciales du Nord de la France : rattachée au commandement allemand de Bruxelles ; zone interdite ; zone annexée ou réservée. Pour s'évader d'une fabrique de savon où il travaillait comme prisonnier de guerre, mon grand-père a utilisé une fausse carte d'identité délivrée par les premiers réseaux de Résistance. Dès juillet 1940, en réalité, les juifs sont exclus de la fonction publique. Les enseignants juifs doivent abandonner leurs classes à la rentrée. La première ordonnance allemande "relative aux mesures contre les Juifs" est prise le 27 septembre 1940 et concerne la zone occupée. Les Juifs qui ont fui la zone nord ne peuvent y retourner et les familles qui y demeurent doivent se faire recenser. Un cachet est apposé sur la carte d'identité. "L'article 4 comporte un aspect économique : tout commerce dont le propriétaire est juif doit être désigné comme "entreprise juive" par une affiche spéciale rédigée en langue allemande et française". Adam Rayski, futur chef des MOI dans la région parisienne commente dans les termes suivants ces événements : "ça sentait le Moyen Age". Toujours durant l'été, les Juifs sont l'objet d'une odieuse campagne de propagande dans la presse. La population reste sans voix, trop occupée à subvenir à ses besoins. Parmi les réactions les plus détestables, celle de la famille Lissac, qui, dès le 2 août 1940, fait passer une annonce dans la presse pour rétablir une "vérité" : "Lissac ne saurait sans malveillance être confondu avec Isaac, nom israélite par excellence". Le 3 octobre 1940, le Conseil des ministres de Vichy décrète le premier statut des Juifs. Suit une série de mesures restructives, dont une liste de fonctions et mandats interdits aux Juifs : haute administration, grands corps de l'Etat, etc. Ils se voient également bannis de certaines professions comme le journalisme, la littérature, le cinéma, le théâtre, les arts, etc. S'ils peuvent continuer à exercer des professions libérales, c'est en tenant compte d'un numerus clausus fixé à 2%. Les Juifs titulaires de la carte de combattant de 1914-1918, ou cités lors de la campagne 1939-l940 ou encore décorés de la Légion d'honneur, pourront continuer à exercer leurs fonctions à condition toutefois qu'elles soient subalternes. Quelques intellectuels s'insurgent contre ces positions, comme Jean Guéhenno écrivant à la date du 19 octobre 1940 : "Le gouvernement de Vichy publie ce matin le statut des Juifs en France. Nous voilà antisémites et racistes [...]. Je me sens plein de honte." Les commerçants doivent coller sur leurs vitrines les affiches jaunes "Entreprise juive" ; offusqués, certains ajoutent à côté qu'ils ont été des héros de guerre et sont de bons patriotes. Les entreprises sont aryanisées. Des administrateurs provisoires sont chargés de gérer entreprises et immeubles appartenant à des Juifs. Ces mesures économiques conduisent à paupériser la communauté juive. En juin 1941, l'accès aux universités est également soumis à un numerus clausus. En zone occupée, les vexations se multiplient : interdiction de posséder un poste de radio, d'avoir le téléphone, de sortir de chez soi entre 20 heures et 6 heures, l'obligation de faire ses courses entre 15 et 16 heures. Le décret de mai 1942 institue à partir du 7 juin le port de l'étoile jaune pour tout juif âgé de plus de 6 ans. Les Parisiens compatissent souvent. Les Juifs ne peuvent plus fréquenter les établissements de spectacle. Nombreux sont ceux qui fuient vers la zone libre. Une étape est franchie dans la descente aux enfers lors de la grande rafle parisienne du 16 juillet 1942 avec le concours de la police française : 12 884 personnes sont arrêtées (46 % des Juifs étrangers et apatrides), 3 031 hommes et surtout 5 802 femmes et 4 051 enfants. Les camps d'internement sont des endroits sordides où la mortalité est importante en l'absence d'hygiène. La contribution de Vichy à la déportation n'est plus à démontrer, la rafle du Vel d'hiv en apporte la preuve. D'après Dominique Veillon, Vivre et survivre en France, Payot

La police française collabore à l'arrestation des juifs et des Tsiganes en France. Ils sont arrêtés, puis concentrés dans des camps d'internement, tels que Drancy, en région parisienne, ou Rivesaltes, dans le Sud, avant d'être déportés vers les campas de concentration et d'extermination de l'Est de l'Europe. La police française s'illustre notamment de la plus sombre des manières en pratiquant la rafle du Vel d'Hiv' en juillet 1942. Des déportés au camp de RivesaltesDes déportés au camp de Drancy

L'Etat de Vichy met en place le STO voulu par l'Allemagne nazie. Le principe en est simple : pour que des soldats prisonniers français puissent être libérés, de jeunes Français doivent prendre leur place en allant travailler en Allemagne. Cette mobilisation ds forces vives de la nation scandalise les Français. Affiche de propagande pour le STO

Des Français, dont le nombre est assez difficile à déterminer, mais probablement assez nombreux, ont participé aux campagnes de délation volontaire menée par les autorités allemandes et françaises. En dénonçant des juifs, des résistants, ils les envoient à la mort, à la déportation. Leurs motivations sont économiques, politiques, parfois intimes. Ils en espèrent toujours une récompense financière.

Si certains artistes de cabaret et de cinéma ont résisté, dans l'ensemble, le monde du spectacle a continué son activité. Certains amassent des fortunes, quitte à flirter avec l'occupant. Ce spectacle permanent à Paris a-t-il pour fonction de redonner espoir aux Français, ou au contraire, à les endormir de distractions légères pour oublier la botte du régime nazi ?

En France, pendant l' Occupation, et avec l'aval du régime de Pétain, 76 000 juifs ont été déportés dans les camps d'extermination. Parmi eux, 1/3 étaient des citoyens français. Plus de 8 000 étaient de enfants de moins de 13 ans. Seuls 2 500 sont revenus vivants. Soit 3%.