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VIVRE SES REGLES A LA RUE

Episode 1 - Belgique

Episode 1 : Vivre ses règles à la rue (Belgique)

A Bruxelles, plus de 3000 personnes sont sans abri et vivent dans les rues de la capitale belge. Parmi elles, les femmes seraient plus de 800, représentant près d'un tiers des personnes SDF de la ville. Un chiffre qui ne cesse d'augmenter, année après année, comme dans les autres capitales européennes. Dans la rue, le quotidien des femmes est un véritable calvaire. Elles sont invisibles, vulnérables, en marge de la société, chaque journée est une lutte pour survivre. La grande majorité des lieux dédiés aux personnes sans abri sont mixtes, les femmes les fuient. Manque d'intimité et agressions, y compris sexuelles, sont malheureusement habituels dans ces structures. L'accès à l'hygiène est une problématique majeure. D'autant plus, qu'une fois par mois, la majorité d'entre elles ont leurs règles... En Belgique comme ailleurs, les protections périodiques coûtent entre 5 et 10 euros par mois. Trop chères à acheter, elles sont remplacées par du papier journal ou des tissus usagés. Infections et problèmes gynécologiques en sont les principales conséquences... Mais savoir comment les femmes sans abri vivent leurs règles à la rue est une question qui n'intéresse pas les pouvoirs publics, peu les citoyens et à laquelle tentent de répondre tant bien que mal les associations.

Episode 1 : Vivre ses règles à la rue (Belgique)

La précarité menstruelle existe aussi dans les pays riches

Episode 1 : Vivre ses règles à la rue (Belgique)

Le concept de la précarité menstruelle est de plus en plus utilisé. Il exprime la difficulté de nombreuses femmes, précaires, étudiantes, sans abri, à se procurer chaque mois les protections hygiéniques nécessaires pendant leurs règles. Mais cette réalité n’est, elle, pas du tout nouvelle. De plus en plus d'associations la considèrent et tentent d'y répondre, mais jamais de la même façon. [suite...]

« L’intime et l’hygiène sont des sujets très tabous » Le concept de la précarité menstruelle est de plus en plus utilisé. Il exprime la difficulté de nombreuses femmes, précaires, étudiantes, sans abri, à se procurer chaque mois les protections hygiéniques nécessaires pendant leurs règles. Mais cette réalité n’est, elle, pas du tout nouvelle. De plus en plus d'associations la considèrent et tentent d'y répondre, mais jamais de la même façon. Les protections hygiéniques coûtent cher, plusieurs euros chaque mois selon le pays. De nombreuses femmes, étudiantes, travailleuses pauvres, sans abri, n’ont pas les moyens d’acheter tampons ou serviettes périodiques, indispensables lors des règles. C’est ce qu’on appelle la précarité menstruelle. La notion commence à émerger dans le débat public et est de plus en plus abordée. Mais souvent, c’est sous le prisme de l’étonnement. « Habituellement présente dans les pays en voie de développement, la précarité menstruelle existe aussi dans les pays riches » rapportait France Info dans un article sur son site internet. « Un jour, j’ai croisé dans le métro une femme sans abri, elle n’allait pas très bien, je lui ai demandé ce dont elle avait besoin. Elle m’a dit qu’elle avait ses règles mais rien pour se changer » témoigne Véronica Martinez, co-fondatrice de l’association BruZelle. « Elle m’a expliqué que c’était très mal distribué dans les centres d’accueil et donc quasiment impossible de s’en procurer chaque mois ». En effet, la plupart des associations agissent sur le terrain de la nourriture, des vêtements et du logement. Jusqu’en 2016 et la création de BruZelle, aucune association ne s’était dédiée spécifiquement à la collecte et distribution de protections périodiques. « Nous collectons et composons des trousses de 20 serviettes hygiéniques, et uniquement des serviettes pour des raisons de commodité pour les femmes vivant dans la rue » détaille Valérie Machiels, co-fondatrice de l’association BruZelle. « Nous distribuons ensuite à des associations partenaires, notamment Rolling Douche ou DoucheFlux, qui offrent un service d’hygiène aux personnes sans abri ». ©Rougir Sang Honte - 2018 Le Samu Social de Bruxelles met dans ses structures d’accueil, des tampons et serviettes à disposition des femmes accueillies. « Mais l’hygiène n’est pas forcément la priorité » confie Melissa N’Guessan, coordinatrice sociale au Samu Social de Bruxelles. « Notre enjeu est de créer un lien avec les personnes qui viennent dans nos centres pour mettre en place un accompagnement sur le long terme. L’intime et l’hygiène sont des sujets très tabous ! C’est pour cela que nous ne les obligeons pas à se laver quand elles viennent, pour ne pas les effrayer ». Le sujet est d’autant plus délicat à aborder que de nombreuses femmes à la rue se servent de ce manque d’hygiène comme d’une protection. « Elles ne se lavent pas, ne sont pas belles, ne sentent pas bon, pour éviter de se faire agresser » détaille la coordinatrice sociale. « C’est donc très difficile de travailler sur cette question, liée à leur sécurité ». Au-delà de la fourniture de protections hygiéniques, la discussion est donc difficile à avoir avec les personnes accompagnées. « Par exemple, on sait que chez les femmes de communautés africaines, elles sont nombreuses à utiliser des serviettes faites maison, mais on ne sait pas du tout comment elles les lavent » confie Jessy Grelissen, assistante de direction opérationnelle au Samu Social. « En fonction des cultures, le sujet est encore plus tabou à aborder ! ». ©Samu Social de Bruxelles Mais toutes les femmes sans abri ou en grande précarité ne se rendent pas dans les centres, que ce soit le Samu Social, les accueils de jour ou les hébergements d’urgence. La quasi totalité de ces lieux sont mixtes, augmentant le risque d’agression, et rebutant par le manque de propreté. Quand elles ne trouvent pas de protections hygiéniques, dans les centres de jour qu’elles fréquentent ou par le biais d’associations comme BruZelle, papier toilette, morceaux de journaux ou vêtements usagés les remplacent. Conséquence, des risques d’infection en tout genre. L’association bruxelloise Infirmiers de rue utilise par exemple l’hygiène et la santé comme une méthodologie pour sortir de la rue des personnes sans abri. « Les hommes et les femmes que nous accompagnons sont dans des états assez déplorables, vivant à la rue depuis plusieurs années » décrit Koen Van den Broeck, responsable de la communication. « Notre travail est de les rendre à nouveau conscients de leur santé, de leur corps et de leur hygiène. Une fois le lien établi nous les orientons vers un réseau de services existant pour prendre une douche, laver leurs vêtements ou se faire soigner ». Les menstruations sont alors abordées comme d’autres problèmes médicaux. « Nous ne distribuons pas explicitement des bandes hygiéniques » poursuit le représentant d’Infirmiers de rue. « Nous allons plutôt encourager les femmes à aller dans les structures où elles sont distribuées. C’est très important pour nous car il y a des services disponibles, et pour sortir les femmes de la rue, il faut les obliger de façon soft à sortir de leur situation, à se prendre en main ». L’association refuse de gérer les problématiques une par une et au coup par coup, et milite pour une solution globale pour sortir les personnes de la rue. Les règles, comme d’autres problèmes de santé, peuvent ainsi servir de levier pour que les femmes renouent avec des services d’accompagnement. ©Rougir Sang Honte - 2018 Problème à part entière, question d’hygiène ou problématique de santé comme une autre, chaque structure gère à sa façon les menstruations. Tabou profondément ancré chez de nombreuses femmes, l’accès à des serviettes mais également à des toilettes propres pour se changer sont des questions essentielles pour le droit de chaque femme. Seule solution globale, pour laquelle militent de nombreuses associations en Europe : la gratuité des protections hygiéniques pour toutes. Seule l’Ecosse a pour l’instant franchi le cap.

« L’intime et l’hygiène sont des sujets très tabous »

Episode 1 : Vivre ses règles à la rue (Belgique)

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A la rencontre des femmes SDF

Etre une femme et vivre dans la rue, c’est passer le plus clair de son temps à se cacher. Se cacher des regards, d’éventuelles agressions. Dans les squats, les recoins d'immeubles, les centres d'hébergement de jour... C’est même parfois cacher qu’on est une femme. Aller à leur rencontre dans les rues de Bruxelles, c'est arpenter les endroits les plus chics et touristiques évidemment. C'est prendre le temps de regarder autour de soi, les approcher brièvement pour leur proposer un peu d'aide, un peu de protection, au moins pour leurs règles [A écouter ci-dessous...]

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J'aimerais que BruZelle disparaisse. Ça signifierait que les protections hygiéniques sont devenues gratuites...

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Véronica Martinez, co-fondatrice de l'association BruZelle

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BruZelle, pour que les règles ne soient plus taboues

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Production originale : Rougir Sang HonteRéalisation : Flora Cortes et Juliette Loiseau