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Enseigner le lexique du cycle 1 au cycle 3 : oui, mais comment ?

  • Comment se fixe le vocabulaire ? Les différentes mémoires
  • Comment la mémoire enregistre-t-elle une information ?
  • Les 3 domaines lexicaux
  • Les facteurs qui favorisent la mémorisation

  • Comment se fixe le vocabulaire ? Les différentes mémoires

Les mémoires expliquées aux enfants

On parle aussi de "mémoire de travail". Elle permet de retenir, en moyenne, 5 à 7 éléments pendant un temps relativement court (environ 30 secondes). Par exemple, en lecture, elle est déterminante car il faut garder en mémoire les premiers mots pour traiter les suivants et accéder à la compréhension de la phrase puis du texte. Les éléments stockés brièvement permettent un accès à la mémoire à long terme.

Appelée aussi "mémoire autobiographique", elle est liée aux événements personnels, aux souvenirs. Elle est en lien avec l'inconscient qui filtre ce qui est "affectivement" possible de se rappeler. Plus l'enseignant va créer des situations motivantes dans un environnement bienveillant et sécurisant, meilleure sera la mémorisation.

La mémoire sémantique sert à gérer les connaissances que nous avons du monde: des mots, des concepts, des savoirs... Elle est rapide, automatique et verbalisable, par exemple : "Notre région s'appelle la Bretagne."

La mémoire perceptive (ou sensorielle) est la mémoire de l'interprétation et des sensations procurées par nos cinq sens : la vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher et le goût.

La mémoire procédurale permet d'acquérir des savoir-faire, de les stocker et de les reproduire de façon automatique et peu consciente. Elle est indispensable pour stocker les apprentissages sans encombrer notre mémoire "quotidienne", elle libère de l'espace pour de nouveaux apprentissages. Elle a l'inconvénient de stocker sans les analyser, des procédures qui pourraient être inadéquates. Par exemple, lorsqu'ils apprennent, les enfants peuvent intégrer des automatismes inadéquats de la lecture ou de la gestion des quatre opérations. Et ces automatismes sont bien difficiles à modifier !

2. Comment la mémoire enregistre-t-elle une information ?

  • L'encodage

  • Le stockage

  • La récupération

L'encodage est la première étape du processus de mémorisation, c'est-à-dire l'acquisition de l'information. Elle permet, grâce à des représentations mentales, de conserver les caractéristiques essentielles des informations à retenir, elle en garde le sens général et condensé.

Le stockage de l'information ou rétention est la seconde étape qui permet de mémoriser les mots de façon hiérarchisée, organisée, en réseau d'où l'importance de faire mémoriser en même temps des mots synonymes, des termes appartenant au même champ lexical, à la même catégorie... Une information mémorisée sous une double forme, verbale et visuelle, est mieux mémorisée. La rétention permet également d'oublier ce qui a été mémorisé et de libérer de l'espace dans la mémoire de travail.

La dernière étape de récupération permet à l'individu de mettre en œuvre ou de restituer ce qu'il a acquis. Il s'agit donc de retrouver l'accès à l'information dont on a besoin. Cette étape est capitale pour la mémorisation, elle implique généralement 3 types de processus:

  1. Le rappel libre évoqué spontanément. Le rappel indicé : si un enfant ne retrouve pas un terme, l'enseignant peut lui rappeler le contexte, l'endroit où a été écrit ce mot, la catégorie, un synonyme...
  2. La reconnaissance: dans une série de termes donnés, on sélectionne le terme recherché, c'est le principe des QCM qui contourne le problème de récupération pour ne jouer que sur le stockage.
  3. Le réapprentissage
On a plus d'informations en mémoire que l'on ne peut en récupérer. D'où l'importance des outils récapitulatifs qui donnent à voir les mots appris et qui constituent une sorte de mémoire extérieure permettant de consolider les acquisitions. L'effort conscient de récupération de l'information dans la mémoire est bien plus efficace que les lectures successives ou les répétitions orales. L' interrogation des élèves sur le contenu d'une séance ou d'une séquence donne de meilleurs résultats qu'un apprentissage "par cœur".

3. Les trois domaines lexicaux

  • Le domaine sémantique : le sens d'un mot, la polysémie, la synonymie, l'antonymie...
  • Le domaine morphologique : la dérivation et les compositions
  • Le domaine historique : l'étymologie, l'emprunt aux langues anciennes et savantes

Guide pour enseigner le vocabulaire Micheline Cellier

4. Les facteurs qui favorisent la mémorisation : quelques principes didactiques

La mémoire ne retient que ce qu'elle comprend.

La mémorisation s'inscrit dans un projet motivant et porteur de sens.

La mémoire fonctionne d'autant mieux qu'on associe la nouvelle information à du connu.

La mémoire est efficace lors d'activités reflexives.

La mémoire retient ce qui est stucturé : importance des outils.

La mémoire a besoin de réactivation.

La mémoire a besoin d'utiliser plusieurs accès.

La base de la mémorisation est la compréhension des données à enregistrer. Elles doivent tenir compte des réalités des enfants et de leur environnement. Pour être mémorisés, les mots doivent être travaillés en contexte c'est-à-dire dans la phrase. C'est par rapport à un environnement lexical et syntaxique qu'ils prendront sens d'où l'importance également de varier les contextes. Par exemple, la construction syntaxique d'un mot peut faire changer le sens: jouer avec quelqu'un, se jouer de quelqu'un, jouer une pièce..

Il n'y a pas de mémorisation efficace du lexique sans projet de réutiliser les mots dans des situations qui font sens pour les enfants. D'où l'importance de verbaliser et de faire verbaliser: Qu'allons-nous faire ? Dans quel but ? Comment allons nous faire ?... Toutes les situations qui vont permettre aux enfants d'être actifs, d'échanger, d'argumenter, de coopérer... en variant les modalités à travers les dessins, les mimes, les manipulations, les jeux...seront source de motivation et favoriseront l'apprentissage.

Le savoir se construit si l'on fait du lien avec des connaissances antérieures: ce que l'on est en train d'apprendre et ce que l'on sait faire déjà. Il est donc essentiel de privilégier l'enseignement explicite. On peut relier un mot à sa famille, à d'autres mots appartenant au même champ lexical, à des synonymes, des antonymes... faire des liens interdisciplinaires.

Un certain nombre de recherches ont montré que le développement du vocabulaire chez l'enfant d'âge scolaire dépend de ses connaissances morphologiques et plus particulièrement de l'habileté à manipuler les informations morphologiques des mots. Cette conscience morphologique permet de déterminer le sens d'un mot nouveau jamais lu ou entendu. L' articulation syntaxe et vocabulaire est primordiale car elle permet de faire le lien entre la construction et le sens.

La mémoire retient ce qui est organisé et non ce qui est éparpillé. Le classement logique en catégories et sous-catégories est un puissant moyen de mémoriser car il permet de mettre les mots en relation les uns avec les autres. Il est important donc de penser des outils qui vont:

  • garder trace de l'apprentissage lexical
  • être des supports de mémorisation, des référents qui permettront de réactiver régulièrement les termes rencontrés et de consolider les acquis
  • constituer des banques de mots indispensables pour la production d'écrit
Ces outils doivent être créés pour les élèves: avec eux ou par eux selon les âges. Ils sont évolutifs et non figés. Ils sont structurants, bien organisés et ils sont multiformes (fleurs, arborescences..., affichages, classeurs...)

Pour que la mémorisation se fasse, il faut permettre de réactiver les savoirs régulièrement en s'exerçant et en proposant des contextes variés. Il s'agit de trouver des situations qui permettront de réemployer les mots de façon motivante. Attention cependant, la mémoire a besoin de pauses, il faut savoir aussi ménager des temps de "décantation".

Plus les canaux de réception sont variés (visuel, auditif, verbal...) plus l'information a de chance d'être mémorisée. Différentes entrées seront donc indispensables :

  • les jeux sensoriels (objets concrets à toucher, goûter, sentir...) ou les jeux qui permettent de découvrir, de catégoriser, d'associer ou de réactiver les mots appris en s'inspirant de l'improvisation théâtrale
  • l'importance de l'entrée dans l'écrit dès la petite-section car l'écrit permet de fixer le langage