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Transcript

Un roman de la reconstruction

Sur les traces numériques de Magnus

Index

1. Sujet2. Objet3. Destinateur4. Destinataire5. Opposants6. AdjuvantsBilan

Présentation du projet

SUJET

1

Instagram - Maëlle

Aesthetic - Maria

Gif animé - Adèle

"Il porte sur chaque chose, chaque personne, dont ses parents, un regard plein de candeur et d'étonnement, examinant tout avec minutie. Le regard d'un convalescent qui a frôlé la mort et qui réapprend à voir, à parler, à nommer les choses et les gens. A vivre. L'année de ses cinq ans, il est tombé gravement malade et la fièvre a consumé en lui tous les mots, toutes ses connaissances fraîchement acquises." (Fragment 2, p. 15)

"Magnus est un homme d'une quarantaine d'années, large d'épaules, au visage anguleux. Il boite d'une jambe. Il émane de lui une impression de robustesse et d'accablement, de solitude extrême. Iceberg est l'autre nom de la rose." (Résonances, p. 219)

"Magnus est un homme d'une trentaine d'années, de taille moyenne, aux épaules massives, au visage taillé à la serpe. Il émane de lui une impression de puissance et de lassitude. Ses yeux, brun mordoré virant parfois à l'ambre jaune, sont enfoncés dans l'ombre des orbites, ce qui lui donne un regard singulier - de rêveur en sentinelle." (Résonances, p 143)

OBJET

2

Snapchat - Coraline

Instagram - Anna-Catharina

Snapchat - Enora Cor

Twitter - Adèle

YouTube - Brieuc

Facebook - Clara

Google - Suzon

Google - Maëlle

Ajouter un titre

Gif - Mona

YouTube - Léo

Instagram - Coraline

« Magnus. Alias Magnus. Sous ce vocable fantaisiste, il décide d’entrer enfin dans l’âge d’homme. » (Fragment 12, 106)

« Magnus ?... Qui est Magnus ? demande May penchée vers Adam » (Fragment 12, 105)

« Il ne lui reste aucun souvenir, sa mémoire est aussi vide qu’au jour de sa naissance. Des ombres néanmoins la parcourent parfois, venues il ne sait d’où. » (Fragment 2, 15)

« Moi qui suis nommé, de grâce nommez-moi. » (Litanie, 242)

Destinateur

3

SnapchatCoraline

Gifs Maria

Facebook - Suzon

YouTube - Théodore

« instant néant » (Fragment 1 94)

« Hambourg, à l’heure de Gomorrhe. » (Fragment 1, 93)

« instant zéro » (Fragment 1, 95)

« Il ne sait plus rien de lui-même, il confond son corps et celui de l’ourson aux yeux de renoncules. Il ne sait plus rien de l’humanité, il confond la voix humaine et le fracas des explosions (…). Il ne sait plus rien de sa langue (…) » (Fragment 1, 95)

Destinataire

4

Recherches web - Youna

Spotify - Manuel

« Il éprouve un grand froid, une brûlure, les sensations se confondent, une flamme glacée lui éclate en plein cœur et ondoie dans ses membres, ruisselle le long de sa colonne vertébrale, explose sans un bruit dans sa tête, exactement comme en cette nuit d’été à Hambourg, quand la femme qu’il pense avoir été sa mère lui a brusquement lâché la main pour danser avec la mort. ». Le voilà « lesté de souvenirs très denses ». (Fragment 15, 135)

« lesté de souvenirs très denses, plombé de deuils, il est brûlé de remords et d’impuissance. » (Fragment 25, 223)

Opposants

5

Recherches Google Images - Londres

Achats en ligne - Léo

YouTube - Vienne

YouTube - Bergen-Belsen

Instagram - Youna

SMS - Jeanne

Gif - Adèle

« La voix d’un maître de la nuit » (22)

« une douceur qui pue la mort » (207)

« Vous chantez encore très bien, Docteur Clemens Dunkeltal, pour un homme mort depuis plus de trente années. Il est vrai que vous avez plusieurs voix de rechange : celles d’Otto Keller, de Helmut Schwalbenkopf, de Felipe Gomez Herrera. Sans compter, bien sûr, les voix volées à vos milliers cde « patients » de Dachau, de Sachsenhausen, de Gross-Rosen et de Bergen-Belsen. » (Notule, 213)

« il porte un soleil nocturne dans sa poitrine » (23)

Instagram Coraline

Streaming - Anna-Catharina

Message répondeur - Enora

Instagram - Manuel

Facebook VienneClara

Snapchat VienneMensye

« Si, en jugeant, ce qui m’importait réellement était l’anéantissement du mal, je chercherais le mal là où il me menace réellement : en moi-même. » (citation de Dietrich Bonhoeffer, Fragment 20, 178)

« Magnus a tout perdu pour s’être trop fougueusement, présomptueusement, improvisé détective et vengeur. Il s’est précipité avec l’impulsion d’un bélier enragé fonçant sur un obstacle plus dur que son front. » (Fragment 25, 221-222)

« Il y a en lui de l’ours et du bélier. » (Fragment 9, 74)

Adjuvants

6

YouTube - Suzon

YouTube - Brieuc

Gif animé - Maria

Instagram - Jeanne

Twitter - Pauline

Instagram - Maëlle

Recherches web - Enora

Twitter - Alexia

« Juan Preciado est son double, son guide dans les décombres de la mémoire, dans le labyrinthe de l’oubli.» (Fragment 10, 83)

« Elle le remet au monde une seconde fois, par la seule magie de la parole. (Fragment 2, 15)

« Il était une fois … L’imaginaire est l’amant nocturne de la réalité » ( Intercalaire, 250-251)

Frère Jean = « Un farfadet qui court les bois en jouant avec des abeilles, et qui folâtre avec des mots enluminés comme les pages d’un antique missel. Magnus a l’impression d’avoir été introduit subrepticement dans un conte. Un conte désuet intercalé par inadvertance dans le roman décousu de sa vie. » (Fragment 28, 249)

« I have a dream. Les rêves sont faits pour entrer dans la réalité, en s’y engouffrant avec brutalité si besoin est ». » (Fragment 10, 83)

Snapchat Comala - Elea

Snapchat Mexique – Anna-Catharina

SMS Bazoches Coraline

Soundcloud - Suzon

« Des mots gifles, des mots crachats ; il les voit rouler en gros caillots de sang dans la gueule rosâtre d’un hippopotame bâillant jusqu’à la béance. Il les sent gargouiller dans sa gorge, embourber sa salive. Il se met à frapper le sol de son bâton pour faire taire ce brouhaha visqueux. » (Fragment 27, p. 238)

« Une exhalaison de silence. (…) Un rapt charnel et mental d’une délicatesse foudroyante. » (Fragment 0, p. 257)

« il entend sa propre voix dont bizarrement il ne reconnait ni le timbre ni l’accent, et il ne sait d’où lui viennent les paroles dures qu’il profère d’un ton heurté. (…) Mais il les émet, comme un dormeur émet des gémissements ou des paroles confuses dans son sommeil. (…) « Tout en vous me dégoûte… » (Fragment 19, p. 166-167)

Facebook - Clara

Twitter - Youna

Message répondeur - Clara

YouTube - Suzon

SMS - Coraline

Streaming - Maria

Instagram - Maëlle

YouTube - Théodore

Instagram - Coraline

Instagram - Jeanne

Instagram - Maëlle

Snapchat Coraline

YouTubeAnna-Catharina

Instagram - Coraline

Instagram Maëlle

Instagram Manuel

Aesthetic Maria

« … à la question qui depuis des années le tourmentait - « May m’a-t-elle aimé ? Et moi, l’ai-je aimée ? Ai-je jamais aimé qui que ce soit ? - Magnus a reçu une réponse : un oui profond et calme. » (Fragment 22, p. 192)

Instagram - Coraline

Instagram - Maëlle

SMS Maria

« Lothar Schmalker n'a rien possédé, et il a donné en abondance son dénuement reçu. » (Résonances, 197)

« Lothar Benedikt a déposé son infirmité entre les mains-vides- de Dieu. » (Résonances, 198)

« Je dois avoir la certitude d'être entre les mains de Dieu et non celle des hommes. Alors tout devient facile, même la privation la plus dure. L'important, c'est que tout ce qui m'arrive trouve en moi la foi...», avait écrit le prisonnier Dietrich Bonhoeffer. » (Résonances, 198)

« Lothar adresse à Magnus la question qu’il différait depuis le début de leur conversation. Il lui demande s’il est croyant. « Il m’est déjà assez difficile d’avoir foi en moi-même et en les autres. » A cette réponse biaisée, Lothar réplique en souriant que la foi en Dieu relève du même acte aventureux, et souvent éprouvant, que la foi en l’homme. » (Fragment 17, p. 149)

Instagram - Maëlle

Snapchat - Elea

YouTube Suzon

Moteur de recherches - Mona

« Moi, je ne suis qu’un tout petit Jean, et l’Ange du Verbe m’a fissuré la lèvre en me clouant son secret sur ma bouche. Mais depuis quelque temps, je sens qu’il bouge ce secret … » (fragment 28, p. 247)

« … quelqu’un avait volé la statuette de la Vierge, dans la clairière pù il avait installé son rucher. Sur le coup, ce vol l’avait affligé, puis il avait réfléchi et était arrivé à la conclusion que, finalement, le vide lui allait bien, à cette niche cambriolée, et il avait décidé que l’absence de cette statuette célèbrerait dorénavant Notre-Dame du Vide. » (fragment 29, p. 263)

Une quête réussie ?

Bilan

Spotify - Léo

Vente en ligne - Brieuc

Facebook - Clara

Recherches Google - Maëlle

"Il marche beaucoup - décantation au pas à pas" YouTube Suzon

Pinterest - Coraline

Sur nos traces numériques

EXTRAITS D'UN ARTICLE DE LOUISE MERZEAU SUR "L'INTELLIGENCE DES TRACES" « Automatiquement générées par la moindre de ses activités, les traces que l’individu dépose sont pour la plupart non intentionnelles. Traitées comme symptômes, elles le dépossèdent du sens de ses agissements. Traitées comme données quantitatives, elles se détachent et le désagrègent dans le jeu des calculs algorithmiques. Ainsi indexé, l’individu-data se retrouve dans un monde sans oubli, où tout est documenté. La réappropriation va consister à transformer cette logique du stockage en écriture mémorielle. Cela suppose que soit d’abord restauré un droit de désactiver les traces afin de les soustraire aux effets de la décontextualisation. Doivent ensuite se développer des pratiques d’adoption, par lesquelles les utilisateurs transforment les traces déposées en traces récoltées. Afin de ne pas se laisser enfermé dans sa propre traçabilité, l’individu doit enfin recourir à la médiation de collectifs mémoriels pour donner aux traces une dimension documentaire ou patrimoniale. Développer cette compétence numérique revient à anticiper sa traçabilité au lieu de la subir : faire trace, pour substituer à l’identité le plein exercice d’une présence. » « Produisant une infinité de notations infinitésimales, la traçabilité numérique fait de chaque individu un personnage borgésien : tel Funes, l’usager des réseaux enregistre d’innombrables détails aussi exacts que futiles, alimentant une anti-mémoire sans oubli. » « L’enjeu, on l’aura compris, porte sur le passage du stockage des données à la constitution de mémoires. » « Inversant le rapport séculaire entre mémoire et oubli, la documentation intégrale des identités prive les individus comme les collectifs d’une fonction essentielle : celle d’organiser le mémorable. L’enregistrement s’effectuant par défaut, c’est désormais l’effacement des traces et non leur conservation qui exige volontarisme, dépense et savoir faire. Après avoir réclamé un devoir de mémoire, les sociétés modernes se préoccupent donc aujourd’hui d’un droit à l’oubli. » « Pour restaurer une culture de la mémoire, l’oubli doit s’articuler avec des pratiques d’adoption, par lesquelles les utilisateurs retrouvent l’exercice d’un droit de sélection. » « Sur ces plateformes, chacun peut se recréer un lieu propre où agencer les objets trouvés au gré de sa navigation. Par le système de « l’épinglage », ces services permettent non seulement de mettre de côté ses trouvailles, mais plus fondamentalement de transformer les traces déposées en traces récoltées. Le produit de ces extractions n’est pas soustrait à l’espace où se pratiquent les collectes. » « À l’heure où les contenus semblent immédiatement et indéfiniment disponibles, cette « culture anthologique » (Doueihi, 2008) n’a pas pour objectif de sauvegarder des objets menacés de disparition. La thésaurisation ne se pense pas ici comme archive, mais bien comme mémoire. La raison de ces collections est tout entière dans le geste d’élection qui prélève un fragment du flux pour se l’approprier et le signaler aux autres comme trace identitaire. Les réserves ainsi produites ne traitent pas du passé, mais du partage et du projet. S’ils paraissent grossir encore les stocks de données, ces agrégats s’opposent donc en fait à l’hypermnésie numérique, par la réaffirmation d’un pouvoir de sélection. » « Plutôt que de restreindre ou protéger ses données, l’internaute a donc intérêt à faire trace, c’est-à-dire à inscrire ses empreintes dans une communauté, un contexte et une temporalité. Pour s’affranchir de l’algorithmie profilaire qui cloisonne les univers informationnels, la traçabilité doit être reconnectée à des collectifs mémoriels. » « Dans toutes ces opérations, le passage des traces individuelles au patrimoine concourt à la formation d’une compétence numérique qui est aussi une littératie mémorielle. » « À ce jour, l’immobilisme craintif des programmes et des règlements, relayé par l’hypocrisie des mass media, empêche de recentrer l’apprentissage de la lecture et de l’écriture autour de cette culture des traces. » « Le défi consiste à se donner les moyens de regagner une expertise mémorielle aujourd’hui accaparée par quelques firmes, dont l’intérêt est de confiner l’usage dans le présent perpétuel de la consommation » « À cette anticipation statistique des manières d’agir, nous devons donc opposer une anticipation réflexive, où c’est le sujet qui projette l’exploitation de ses traces. Le fonctionnement même de la traçabilité numérique incite à passer ainsi d’une gestion du passé à une gestion de l’avenir. » « Développer une compétence numérique revient donc de plus en plus à anticiper le devenir trace de sa présence en ligne. » « Aux utilisateurs, revient la responsabilité de déployer des formes de réflexivité équivalant à écrire ses traces, avec tout ce que cela implique de partage, de mémoire et de jeu. « « A travers les principes d’adoption, de médiation et d’anticipation, on a tenté d’indiquer quelques-unes des directions que peut prendre cette réappropriation de nos traces. Reste à généraliser et institutionnaliser ces pratiques encore expérimentales, si l’on veut que l’environnement numérique nourrisse un nouvel humanisme. » Louise Merzeau. L’intelligence des traces. (extraits) Intellectica - La revue de l’Association pour la Recherche sur les sciences de la Cognition (ARCo), Association pour la Recherche sur la Cognition, 2013, 1 (59), p.115-135