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S'engager pour libérer la France

Première STMG1 Lycée Jean Michel - Lons-le-Saunier

La classe au travail, aux Archives départementales du Jura, le 18 janvier 2018. Photo © E Pauly, DR Le webdocumentaire "S'engager pour libérer la France" a été réalisé en Enseignement Moral et Civique, par la classe de Première STMG1 du lycée Jean Michel de Lons-le-Saunier, pendant l'année scolaire 2017-2018. Il reprend le thème du Concours National de la Résistance et de la Déportation de la session 2018. Il a été encadré par la professeure d'histoire géographie EMC de la classe, Madame Flamand. Il n'aurait pas pu voir le jour sans l'aide précieuse des professeures documentalistes du Lycée jean Michel, Mesdames Caron et Girault. Nous les remercions pour leur dévouement et leur patience. Nous remercions chaleureusement Monsieur Pauly, professeur d'histoire Géographie, chargé des animations pédagogiques aux Archives Départementales du Jura à Lons-le-Saunier pour son accueil, son travail d'encadrement et d'aide lors de nos recherches. Nous tenons également à remercier Madame Bouvresse professeure d'histoire Géographie, les élèves de troisième trois et l'administration du collège Rouget de Lisle pour leur accueil et leur encadrement lors de la visite de l'exposition "la dissidence en Guadeloupe et Martinique".

Situation de la France entre 1940 et 1945

La libération du territoire La libération de Grenoble, 22 août 1944,  Anonyme, Musée de la Résistance et la déportation de l'Isère © Creative commons Les prémices de la libération commencent à l’automne 1942, la France libre se renforce militairement afin de participer aux premiers combats de la libération et de s’illustrer auprès des Alliés. Le général de Gaulle œuvre ainsi auprès des Anglo-Américains afin de ne pas être écarté des grandes opérations. La libération militaire de l’été à l’automne 1944 devient effective à partir des débarquements de Normandie le 6 juin et de Provence le 15 août 1944. Elle est d’abord le fait d’opérations militaires alliées qui repoussent les troupes allemandes, avec difficultés en Normandie mais beaucoup plus facilement en Provence. Les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) ont contribué à la libération de façon inégale selon les régions. Des opérations de guérilla et de sabotage sont organisées par les FFI afin de désorganiser les Allemands. Le déclenchement du soulèvement national devient possible grâce à l’afflux massif de nouveaux volontaires. Face à la menace, l’Etat français et l’occupant allemand réagissent avec des répressions brutales. Des actions ciblent spécifiquement les civils afin d’instaurer un climat de terreur et de priver la Résistance du soutien de la population. L’effet obtenu est inverse. A l’automne 1944, les troupes régulières françaises renforcées par l’engagement de dizaines de milliers de FFI et d’autres volontaires participe à la libération de différentes zones régionales et particulièrement du nord-est et l’est de la France. La fin 1944 semble l’aboutissement d’années de combats et de sacrifices. Cependant, les allemands tiennent encore des poches du territoire national sur les côtes de l’Atlantique, la mer du nord et sur les massifs alpins. En 1945 la totalité du territoire métropolitain est libéré. Très tôt, des résistants se projettent dans l’après-guerre pour poser les bases d’une France nouvelle : réformes politiques, institutionnelles, sociales, économiques et scolaires, les champs de réflexion sont variés et les projets pluriels. Dans son programme, le CNR (Conseil National de la Résistance) prévoit la restauration de la République et la reconstruction politique, économique et sociale du pays. Les résistants, au sortir de la guerre, espèrent prendre une place active dans la reconstruction politique du pays. Certains s’engagent dans la vie politique, d’autres y renoncent ou choisissent d’autres formes d’actions. Source : Fondation de la France Libre, S'engager pour libérer la France, 2017

La Franche-Comté est divisée en deux par la ligne de démarcation. Elle est partagée entre la zone interdite et la zone libre. La ligne de démarcation traverse la forêt entre Arbois et Poligny, suit la voie ferrée des Rousses à Champagnole. Elle passe également par Chaussin, Saint- Laurent-en-Grandvaux ainsi que Morez. Cette situation particulière favorise le développement d’activités clandestines pour passer entre les deux zones et la Résistance.

Situation territoriale de la France pendant la seconde guerre mondiale Soldats allemands à Bordeaux Source de la photographie : Deutsches Bundesarchiv En mai 1940, l’Allemagne lance une offensive contre les Pays-Bas, la Belgique et la France. Grâce à la technique du Blitzkrieg, l’armée allemande pénètre rapidement sur le territoire néerlandais, belge, puis français. A l’issue de cette offensive, la France subit une défaite militaire. Le maréchal Pétain, nommé à la tête du gouvernement français le 16 Juin 1940, demande l’armistice à l’Allemagne dès le 17 Juin. Il est signé le 22 Juin. Les conditions d’armistice sont très dures pour la France. L’Allemagne occupe la zone Nord de la France, les côtes de la Manche et de l’Atlantique. La zone sud dite « libre », gouvernée par le régime de Vichy est séparée de la zone occupée par une ligne de démarcation, véritable frontière à l’intérieur du territoire. L’Allemagne annexe à son territoire l’Alsace Lorraine. A l’intérieur de la zone occupée les Allemands ont délimité une zone dite « interdite » conçue comme un espace futur de colonisation allemande. Le 11 Novembre 1942, la zone libre est envahie par les Allemands et les Italiens à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord, c’est la fin de la zone libre, la France est quasiment entièrement envahie et la ligne de démarcation est supprimée en mars 43.

S'engager pour faire quelque chose

Avant l’engagement, la révolte Au lendemain de 1940, une poignée de personnes éparpillées sur tout le territoire français refuse de se soumettre malgré l’armisticeDes représentants de l’autorité légale désobéissent aux ordres. Des individus isolés s’attaquent par ailleurs à l’armée allemande en pratiquant des sabotages principalement en région parisienne et dans les zones côtières du nord-ouest.Ces gestes, pour ceux qui échappent à la répression, peuvent constituer la première étape vers un engagement futur de longue durée. S’organiser pour agir en urgence Dans les premiers mois de l’occupation, des groupes se constituent et inversent leurs formes d’action pour répondre à des situations concrètes, en fonction des lieux où ils se trouvent et de leurs capacités.Il faut privilégier l’aide aux militaires français et alliés prisonniers et la collecte des renseignements pour aider les Anglais. Source : Fondation de la France Libre, S'engager pour libérer la France, 2017

S'engager dans les colonies La dissidence est la Résistance au régime de Vichy développée dans les colonies françaises et notamment dans les îles des Antilles dès la signature de l’armistice en juin 1940. Les raisons de la dissidence sont nombreuses : - Opposition au régime de Vichy et à l’application zélée et brutale du programme de Révolution Nationale dans les Antilles : révocations, persécutions, emprisonnements arbitraires et tortures ; exclusions de noirs, républicains, franc-maçons, juifs et étrangers. - Suppression des libertés : la presse est censurée, des livres sont supprimés, le courrier est surveillé, l’écoute d’émissions radios étrangères interdite et réprimée, les réunions populaires telles que carnavals et bals sont interdites, le rhum est interdit. - Les problèmes de ravitaillement à cause du blocus anglo-saxon … La dissidence débute dès fin juin, juillet 40. Des hommes politiques et une avocate prennent position en faveur de la poursuite du combat aux côtés des Alliés : les socialistes et communistes Paul Valentino, Constant Dahomé et Gerty Archimède en Guadeloupe et Victor Sévère et les élus en Martinique. La dissidence prend plusieurs formes. Le combat par les mots pour interpeller les esprits : - l’écoute clandestine des radios Alliées, dans les lieux publics, bars, places, stades. - l’inscription sur les murs de slogans contre les Allemands ainsi que contre les hommes et le régime de Vichy, appelant à des commémorations, en faveur du Général de Gaulle et de la France libre. - la lacération d’affiches officielles du Régime de Vichy ou de portraits du maréchal Pétain Des Manifestations naïves et spontanées : port de la croix de Lorraine, refus de se découvrir pendant une cérémonie officielle, policiers nargués. Des Manifestations collectives et populaires malgré l’interdiction : détournement de slogan pendant un match de foot (vive le goal /vive de Gaulle), organisation de bars clandestins avec rhum. La Lutte clandestine pour la libération de l’île. A partir de l’été 43, un soulèvement permet la libération des îles par elles-mêmes. Certains dissidents sont intégrés aux Forces Françaises Libres : ils signent un engagement depuis les îles anglaises qu’ils ont rejointes. Ils sont ensuite affectés à diverses fonctions selon leurs compétences (Forces Navales françaises Libres, Forces Aériennes Françaises Libres, Unités d’élites… Les femmes sont affectées au bureau de recrutement FFL…). A partir d’octobre 1942, ils sont envoyés aux Etats-Unis. Après une sélection, ils sont envoyés au camp de Fort Dix (New Jersey) puis sont intégrés au Premier Bataillon des Antilles (BA1) puis au Bataillon MA5 qui participe à la libération de la France. Source : Visite de l’exposition de l’ONAC-VG, La dissidence en Martinique, en Guadeloupe, temporairement installée au collège Rouget de Lisle, à Lons-le-Saunier, mercredi 28 février 2018.

S'engager par patriotisme La Résistance a commencé le 18 Juin 1940, avant même la signature de l’armistice par le Maréchal Pétain et s’est terminée après La Libération en 1944. Certains se sont engagés par des actes patriotiques. Par exemple Charles Strume a écrit à sa maman : il lui dit qu’il est parti du Jura pour aller en Angleterre. Il veut rejoindre les Forces Françaises Libres du général de Gaulle pour vaincre l’Allemagne et libérer la France. Il est arrêté avant de passer la frontière espagnole. Plus tard, il diffuse des tracts « de nature à exercer une influence fâcheuse » , action pour laquelle il a été condamné à 4 mois d’emprisonnement. En septembre 1941 André Fressoz exprime bruyamment des positions contre le régime de Vichy en public dans les cafés qu’il fréquente. Il crie : « vive de Gaulle, à bas Pétain ». Suite à des dénonciations, il est convoqué plusieurs fois au commissariat. Finalement, le tribunal correctionnel de Lons-le-Saunier le condamne à 4 mois de prison le 03 Avril 1941 pour « propos de nature à exercer une influence fâcheuse sur le moral de l’armée et de la population ». Des tracts appellent au patriotisme et à la Résistance. Par exemple, après l’instauration du Service du Travail Obligatoire en février 1943, les Communistes distribuent des tracts à Lons-le-Saunier pour que les jeunes n’aillent pas travailler en Allemagne et prennent le maquis. Alors que la commémoration de l'armistice de 1918 est interdite par l'occupant allemand dès 1940, pendant la nuit du 10 au 11 Novembre 1943, à Lons-le-Saunier et Saint-Claude, de nombreuses inscriptions ont été faites, au goudron ou à la craie, sur divers immeubles et trottoirs. A Saint-Claude, on lit « avis aux traîtres », « à bas Pétain », « Vive De Gaulle », « A bas Laval » et des tracts sont distribués dès le 10 novembre au soir. Ils appellent les femmes à manifester le lendemain devant le monument aux morts à onze heures. Enfin, au petit matin, une gerbe est déposée par des inconnus devant ce monument. A Lons-le-Saunier, un drapeau français avec la croix de Lorraine est hissé sur un haut sapin dans une propriété à côté des fromageries Bel. Ces actes témoignent d'un engagement patriotique. Sources : Archives Départementales du Jura (ADJ) : Rapports des Renseignements Généraux Cotes 304 W 49 - 304 W 129 - 332 W 51 Photos : © E Pauly, DR

S'engager pour informer : les tracts et la presse

La publication de tracts puis de journaux clandestins s’impose à la plupart des mouvements de résistance, pour diffuser des informations auxquelles les Français n’ont pas accès et faire connaitre leurs idées. L’imprimeur du journal clandestin « La libre Comté » témoigne des précautions prises et des difficultés rencontrées. Il est propriétaire de la société « Imprimerie et cartonnage du Haut-Jura » à Morez. Ses premiers travaux pour la Résistance datent de septembre 1943, sur des feuilles volantes. Le matériel choisi servait uniquement pour les tracts afin d’éviter tout type de recoupement : la typographie et le matériel utilisés n’étaient pas les mêmes que pour l’impression officielle. Il y avait une très grande diversité de documents imprimés : liste des collaborateurs, tracts, puis des brochures et à partir de novembre 1943, des journaux clandestins « Libération », « Franc-tireur » etc… Ce travail clandestin était réalisé sans perturber le travail habituel de l’imprimerie pour ne pas être soupçonné. Les Résistants devaient se déplacer de plus en loin pour parvenir à avoir du papier et pour pouvoir imprimer en toute sécurité. Pour se procurer du papier il fallait se diriger dans les ateliers de typographies et des machines. Il fallait renter discrètement afin de pouvoir s’intégrer dans les ateliers. L’homme avait une équipe composé de personnes pour écrire ainsi qu’une autre partie qui se procurait le papier. Comme les travaux d’imprimerie étaient interdits, il était donc dans l’obligation de se faire très discret. Par deux fois l’activité clandestine a failli être repérée. Une première fois, l’officier de la Kommandantur chargé de la censure arrive bien plus tôt que prévu pour contrôler le contenu de la première épreuve du journal hebdomadaire local, alors qu’une partie du personnel travaille clandestinement dans la cave. Le sang froid de l’imprimeur et de son personnel évite qu’il les découvre. La seconde fois, trois individus en civil, peut-être la Gestapo, entrent juste avant la fermeture et en font rapidement la visite. Une fois imprimés, les exemplaires de journaux clandestins partaient par la SNCF, cachés sous des étiquettes d’envois conventionnels avec la complicité du chef de gare de Morez et de quelques agents. Lorsqu’il y avait suppression de trains, c’est un transporteur routier de la région, notoirement collaborateur, qui a véhiculé ces journaux, sans le savoir. En dernier recours c’est la voiture « gazo » utilisée pour le ravitaillement qui était utilisée : elle avait l’autorisation de circuler partout. Sources : Fondation de la France Libre, S'engager pour libérer la France, 2017 Archives Départementales du Jura, cote 108J62 : témoignage d'Alexis Lintanff, imprimeur de la "Libre-Comté" à Morez

S'engager par la lutte armée

Robert Courville Robert Courville, né le 13 septembre 1922 à Lyon dans le 6ème arrondissement, était un résistant Français. Il a appartenu à la compagnie de Desmoulins jusqu’à sa dissolution. Elle était rattachée au mouvement « combat » qui était un grand mouvement de résistance dans toute la France. Nous savons que dans cette compagnie il a été sous la responsabilité de Desmoulins, Edmond Haas et Paul Desautel. Il avait 21 ans quand il s’est engagé dans la résistance après s’être évadé du chantier de jeunesse de Crotenay en Juin 1943. Ces chantiers étaient une organisation paramilitaire Française du régime de Vichy ayant existé de 1940 à 1944. C’était un lieu d’embrigadement de la jeunesse Française. Après son évasion, il contacte Edmond Haas, de Courlaoux, pour l’aider à « se soustraire aux autorités de Vichy et aux Allemands ». Celui-ci lui établit une fausse carte d’identité et de travail. Il l’envoie se cacher avec d’autres dans le maquis / refuge « du pré à la française » créé par Paul Guyod, dans les bois entre Saint-Maurice et Prénovel. Edmond Haas le fait revenir à Courlaoux chez sa soeur en mars 1944. Il participe au transport des armes parachutées dans le secteur de Bletterans vers le dépôt de la tuilerie de Savigny. Puis Il distribue le journal Combat dans le secteur de Courlans, Condamine, Courlaoux en Avril-Mai 1944. Le 6 juin 1944, le jour du débarquement en Normandie, il rejoint le reste du groupe à l’ancienne maisonnette SNCF de la Levanchée ou ils attendent les ordres du district de Beaufort (Pigeon). A partir de cette date, la résistance accentue le harcèlement de l’armée allemande pour retarder l’arrivée des troupes en Normandie. Les activités de Robert Courville en juin - juillet, au sein de son groupe s’inscrivent dans cette stratégie. Entre le 13 juin 1944 et la libération de Lons-le-Saunier, il prend part à de nombreuses actions de résistance au sein de la compagnie de Desmoulins : protection des volontaires civils qui abattent des arbres sur la nationale, (13 juin), embuscades (le 17 juin vers Cressia puis le 13 juillet 44 aux Roches d’Augea). Le 27 juin 1944, il participe au sabotage de la voie ferrée entre Beaufort et Cousance. Puis, le lendemain, il participe au déraillement du train de Lyon au pont de Changea. Le 14/15 juillet 1944, le groupe attaque des véhicules Allemands à Ugna, 8 officiers allemands ont été tués. Le 4 aout 1944, Robert Courville protège son groupe pendant la destruction du pont SNCF de Cuiseaux, et le 9 aout, pour le pont SNCF de Cousance. Le 16 aout 1944, ils mènent une embuscade au Bois-du-Roi. Le 18 aout 1944, ils attaquent un train blindé entre Orbagna et Vercia. Puis, le 25 et 26 aout 1944, dans le cadre de la libération de Lons-le-Saunier ils attaquent la garnison allemande. L’opération commence la nuit afin d’éviter une contre-attaque de l’ennemi et un combat dans les rues de la ville. Les caractéristiques de l’action sont : la brutalité, la rapidité et la surprise. Leur but est d’asséner à l’ennemi un choc moral qui le désempare et l’oblige à quitter la ville rapidement. Le 26 août Lons-le-Saunier est libérée. Suite à sa participation à la libération de Lons-le-Saunier, Robert Courville continua de résister dans le groupe Desmoulins jusqu'à sa dissolution. Suite à cela il reprit le court de sa vie, se maria, eut des enfants et fut ouvrier dans une usine de meubles à Lons-le-Saunier. Sources : - Archives Départementales du Jura, cote 271W109 - André Robert, Jura 1940-1944 Territoires de Résistance, Editions du Belvédère, 2016 Photo : © Clémentine Jaillet, DR

S’engager par la lutte armée Dans les premières semaines qui suivent la défaite, des individus manifestent le refus de l’occupation ou la méfiance pour le nouveau régime de Vichy. Mais les actions isolées ont une portée limitée. Peu à peu, des groupes se composent d’animateurs déterminés à agir. En 1941, malgré la répression de plus en plus efficace et les mesures de sécurité indispensables, le recrutement ne peut plus être arrêté.

  • Exemple : Jacques Stosskopf :
Il s’est engagé dans une résistance multiforme suite à l’armistice, qu’il considère comme une rupture déshonorante de la promesse faite aux britanniques de ne pas signer de paix séparée. Il a été chef de construction de la base sous-marine de Keroman. Il a aussi été contrôleur technique SNCF. Il pouvait donc circuler partout pour ainsi diffuser la propagande. Arrêté en février 1944, il est abattu au camp de Struthof en septembre. Les liens tissés entre les 2 résistances (Français libres et Résistants) sont d’ordres intellectuels et moraux . Pour le Général de Gaulle, la priorité est de créer ses réseaux de renseignements pour affermir sa position par rapport aux Britanniques. Tisser des liens entre l’intérieur et l’extérieur est une priorité pour les Résistants pour des raisons pratiques (moyens matériels pour se développer). En 1942, une première mission de Jean Moulin, envoyé par De Gaulle, accélère le rapprochement entre les divers mouvements de zone sud. Ils acceptent de coordonner leurs actions sous la coordination de la France Libre. Les liens tissés par l’intérieur et l’extérieur sont symbolisés par le changement d’appellation le 14 juillet 1942 : la France libre devient la « France combattante. » Fin 1942, le débarquement allié en Afrique du Nord provoque l’occupation de la zone sud par les Allemands et les Italiens. Il y a alors un rapprochement entre le PCF et les mouvements non communistes, jusque-là en désaccord sur la lutte armée, pour faire face au Service du Travail Obligatoire en Allemagne. Au premier trimestre 1943, les mouvements de la zone nord se rallient à De Gaulle. Les trois grands mouvements de la zone sud (Libération-Sud, Franc-Tireur et Combat) fusionnent dans les Mouvements Unis de la Résistance. Le 27 mai 1943, le CNR présidé par Jean Moulin, représentant De Gaulle, rassemble les délégués des mouvements, syndicats et partis traditionnels. Il a pour objectifs de coordonner les actions de la résistance intérieure pour lutter contre l’occupation et supprimer le régime de Vichy et restaurer une République démocratique. Source : Fondation de la France Libre, S'engager pour libérer la France, 2017

Être lycéen et s'engager

Durant la seconde guerre mondiale (39-45), le lycée Rouget de Lisle a été un lieu de résistance pour les jeunes. On trouve les premières traces d’actes spontanés de résistance dans les registres des conseils de disciplines du lycée dès l’automne 1942. Des tracts circulent au lycée Rouget : en 1942 un élève est surpris en train de recopier un tract (Elève Petot). Le 11 novembre 1942 des élèves appellent à faire une minute de silence (manifestation des jeunes), l’inspecteur refuse, ils réussissent à faire cette minute de silence et le conseil de discipline établit que ce n’est pas pour des raisons politiques mais juste pour faire du désordre, l’élève Bergerot est le meneur. Dans la soirée du 19 Mars 1943, des élèves Toussaint, Guyennot, Syre et Bereaud se sont introduits dans la cour du lycée pour y hisser le drapeau national. Les élèves sont finalement identifiés et le lycée organise un conseil de discipline pour les sanctionner. Ils prétendent qu’ils n’avaient pas l’intention de se livrer à une manifestation à caractère politique en agissant ainsi. Les types d’exclusion sont de 3 à 15 jours et définitifs pour les tracts (politiques, résistance…). Un élève, Toussaint, est exclu définitivement. Il est lourdement sanctionné. Dans la nuit du 11 au 12 mai 1943, le portrait encadré du maréchal Pétain est décroché de salles du lycée des garçons, retiré du cadre et découpé. Pour cela les élèves Duroux et Bayle ont été exclus. Les élèves Duret, Delperron, Grebot, ont été exclus pour des durées allant de 3 à 8 jours en raison de leur attitude. Les agents Bouly et Fluchot ont été renvoyés pour avoir mal effectué leur surveillance de nuit. Les agents Uny et Dufour ont été l’objet d’un blâme. Sources : Archives Départementales du Jura Photographie : © Roman Dard, DR

Etre fonctionnaire et s'engager

Charles GRANDJEAT est né en 1897 à Contamine-Sarzin en Haute-Savoie. Charles Grandjeat sera successivement inspecteur primaire à Thiers et Châteauroux, avant d’être nommé inspecteur d’académie du Jura à Lons-le-Saunier. Il est profondément républicain et laïc. On est en 1940. La politique du régime de Vichy est contraire aux valeurs républicaines de Charles Grandjeat. On trouve trace de son engagement dans des archives départementales du Jura, en 1942, à l’occasion de l’affaire des portraits de Pétain au Lycée Rouget de Lisle. A travers ses rapports au préfet qui relatent les faits et les sanctions données, on comprend qu’il retarde la divulgation de l'affaire, la minimise et cherche à protéger l'administration et les élèves du lycée. Le maquis commençe à se mettre en place, particulièrement après la décision de Laval du 13 février 1943 de fournir à l’Allemagne de jeunes travailleurs français (STO). L’inspecteur d’académie n’hésite pas : il protègera, autant qu’il le pourra, ceux qui dépendent de lui et leurs familles. Lucide et avisé, Charles Grandjeat n’ignore pas que dans une petite ville comme Lons-le-Saunier, beaucoup de choses finissent par se savoir. Charles Grandjeat est dans le collimateur de la police allemande. Il l’est d’autant plus qu’il vient souvent dans les locaux mêmes de la gestapo plaider en faveur de ses personnels soupçonnés ou accusés. Dans le temps qui précède son arrestation, il y vient plusieurs fois par semaine. Lors d’une de ses dernières "visites", il commentera : "la prochaine fois ils ne me laisseront pas repartir". Un moment décisif est celui de la rafle des instituteurs de l’école Saint-Désiré à Lons-le-Saunier puis l’arrestation du proviseur du lycée Rouget-de-Lisle et de son secrétaire. L’inspecteur d’académie est soumis à des interrogatoires de plus en plus fermes qui finissent par des menaces : "pour les défendre ainsi, c’est que vous êtes d’accord avec eux". Cela conduit d’abord à l’arrestation à son domicile le 18 juin 1944 vers 21-22 heures. Sa famille ne l’a plus revu. Charles Grandjeat est incarcéré à la prison de Lons-le-Saunier. Le 2 août 1944 il quitte Lons pour Lyon où il est enfermé au fort Montluc jusqu’au 11. De là, probablement par le dernier train de déportés au départ de Lyon, il est dirigé sur le camp de Struthof-Natzweiler d’où il repart en septembre, pour arriver à Dachau. Photo : © LF, DR Sources : Archives Départementales du Jura Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation : http://www.afmd.asso.fr/Charles-Grandjeat-Resistant-et.html

Jean Moulin, né le 20 juin 1899 à Béziers et mort le 8 juillet 1943 près de Metz, était préfet d'Eure-et-Loir et résistant français. Il devient chef du cabinet du Ministère de l’Air du Front populaire en 1936. Ses qualités et son dévouement lui valent d’être nommé préfet d’Aveyron en 1937, puis d’Eure-et-Loir en 1939. Le 22 Juin 1940 les Allemands occupent la France. Ils intiment alors l’ordre au préfet de signer un « protocole » accusant, à tort, les soldats noirs de l’armée française, de massacres de civils. Jean Moulin refuse de signer et est menacé par les autorités allemandes. Il est passé à tabac. Il tente de se trancher la gorge par peur de céder. Le 2 novembre 1940, Jean Moulin est révoqué par le gouvernement de Vichy, victime de l’épuration administrative qui vise les fonctionnaires de la IIIe République. Avant de quitter son poste, Jean Moulin se fait confectionner une fausse carte d’identité au nom de Joseph Mercier, signe évident de sa détermination à poursuivre le combat dans la clandestinité. Il rencontre en zone sud des chefs de groupes de résistants. En septembre 1941 il quitte Marseille clandestinement et le 25 Octobre il rencontre le Générale de Gaule. Celui-ci le nomme délégué pour la zone sud, et le charge de la création d’une armée secrète et de la coordination des mouvements de Résistance. Jean Moulin devenu Rex dans la clandestinité, est parachuté avec Raymond Fassin et Joseph Monjaret dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942. Il est porteur de fonds et de matériel de transmission pour la Résistance. Il convainc Frenay (Combat), d’Astier de la Viguerie (Libération), Levy (Franc-Tireur), de rassembler leurs forces militaires au sein d’une armée clandestine dont le chef est le général Delestraint (alias Vidal). Le 22 octobre, de Gaulle nomme Rex président du Comité de coordination qui devient le directoire des Mouvements Unis de la Résistance (26 janv. 1943) et lui confie une mission d’importance majeure, la création d’un Conseil de la Résistance, sorte de parlement clandestin réunissant mouvements, syndicats et partis. Le 27 mai, en séance extraordinaire, dans Paris occupé, Jean Moulin réunit les 16 participants du Conseil de la Résistance qui reconnaissent de Gaulle comme le chef du futur gouvernement provisoire. Dans ce geste fort, il faut voir l’instauration de l’État clandestin dans la capitale française. Le 21 juin 1943 il est arrêté dans la banlieue de Lyon et conduit au siège de la Gestapo de Lyon où il est torturé, puis transféré à la Gestapo de Paris. Il meurt dans le train qui le transporte en Allemagne le 8 juillet 1943. Source : Exposition Jean Moulin, une vie d’engagements, ONAC-VG, exposée temporairement au lycée Jean Michel, Lons-le-Saunier en novembre - décembre 2017 Composition personnelle comprenant le dessin Wikipédia libre de droit de Rama

S'engager, aider les combattants

Le docteur Jean Michel (de son vrai nom Jean-Marie-Vital Michel et surnommé « le docteur du maquis »), né le 14 juillet 1908 à Vuillecin dans le département du Doubs, a suivi des études secondaires à Dole dans le Jura et à Versailles avant de fréquenter la Faculté de médecine de Lyon où il s'est spécialisé en chirurgie. C’est un médecin et chirurgien de l'hôpital de Lons-Le-Saunier, dans le département du Jura. Pendant la bataille de 1940 le docteur Jean Michel soigne les soldats blessés et seulement en 1942 il commença à soigner les résistants après la demande faites par le docteur Perodin auprès de ce dernier. Le 14 mai 1944, un groupe de la police allemande vient à Saint Didier pour chercher du fromage, du beurre. Un groupe de résistants, les ayant aperçus, décide de les attaquer. Au cours de cette attaque, le chef des résistants, Jean-Paul Guyot, alias Guérin est gravement blessé. Il est alors transporté clandestinement à l'hôpital où le docteur Michel le soigne. La police allemande, informée de l’implication du médecin, arrête le docteur Jean Michel à son domicile, rue de Villeneuve (aujourd’hui rue du Docteur Jean MICHEL), dans la nuit du 24 au 25 avril 1944. Emmené à la caserne Bouffez, puis interrogé et torturé, son corps fut retrouvé le 27 avril dans les bois de Pannessières, près de Lons le Saunier, abattu de deux balles. http://www.leprogres.fr/jura/2016/04/26/le-massacre-du-25-avril-1944-dans-les-memoires https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Michel_(1908-1944) http://www.lyc-jean-michel.ac-besancon.fr/spip.php?article101 Photos : © LF - JD, DR

Les « Dames de Villevieux » résidaient à Paris et venaient pendant leurs vacances à Villevieux dans leur maison de famille. Elles se sont réfugiées au village, en 1940 après le début de la guerre. Elles ont eu un rôle important dans la résistance. Leur action a débuté en juillet 1942. Le fromager, Fernand Mariller, chargé d’organiser les atterrissages des avions anglais, les contacte. Il recherche des gens fiables pour accueillir les passagers partant ou arrivant d’Angleterre. Lorsque le drapeau tricolore, qu’il a installé en l’honneur du 14 juillet, a été mangé par une vache, la remarque de Cécile Bergerot « seule une vache ou un pétainiste a pu commettre ce délit » l’a décidé à les solliciter. Leur grande maison avec un grand jardin clôturé par un mur convenait bien pour l’accueil des résistants. Ainsi, sans connaitre leurs identités, les dames ont offert leur hospitalité à différentes personnalités de la résistance. « Max » alias Jean Moulin a séjourné deux fois chez les trois sœurs. Elles ont également logé le général d’Astier de la Vigerie, le général Delestraint. Elles ont reçu le couple Aubrac pendant les quelques jours qui ont précédé leur départ pour Londres, alors qu’ils étaient activement recherchés. Elles ont aussi abrité des aviateurs anonymes, des journalistes et des gendarmes et bien d’autres encore. Enfin, elles ont accueilli les résistants blessés soignés par le docteur Jean Michel et le docteur Perrodin, médecins à l’hôpital de Lons-le-Saunier. Photo : © Romane Hubert, DR

Presse d'imprimerie ayant permis la diffusion d'information entre RésistantsPièce de la collection du Centre National Jean-Moulin de Bordeaux