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Transcript

Aux yeux d'Élodie Mielczareck, le portrait présidentiel possède une "dimension philosophique". "La pendule [qui est celle du conseil des ministres, NDLR], symbole du temps qui passe, fait penser à une vanité modernisée décrivant la vacuité de l'existence. Les livres, qui représentent la connaissance, peuvent également s'inscrire dans ce genre pictural." Selon l'Élysée, le livre ouvert à gauche de l'image est les "Mémoires de guerre" de Charles de Gaulle, et les livres fermés sous l'horloge sont "Le Rouge et le Noir" de Stendhal et "Les Nourritures terrestres" d'André Gide. Le tout en Pléiade.

Élodie Mielczareck : "Les photos de ses prédécesseurs étaient prises soit dans le palais, soit hors du palais. Ici, avec la fenêtre ouverte, on est à l'intérieur, 'et en même temps' à l'extérieur. Le procédé témoigne de la dichotomie à laquelle obéit cette photo, qui réunit divers éléments contradictoires. Nous pouvons également y voir une mise en abyme."

Pour Élodie Mielczareck, la position d'Emmanuel Macron comporte deux dimensions. "L'une, institutionnelle, statutaire, présente un président au centre de la composition, en incarnation du pouvoir suprême. L'autre, plus chaleureuse, montre un Emmanuel Macron devant le bureau, comme s'il accueillait le spectateur."

"La photo est réussie sur le plan formel", juge Élodie Mielczareck. "Contrairement à la photo de François Hollande par Raymond Depardon qui était de style 'réaliste', ce portrait joue sur les codes esthétiques, avec une composition symétrique, ainsi que des jeux de couleur et de lumière."

La conclusion d'Élodie Mielczareck : "Le portrait est à mes yeux réussi : sur le fond, il présente des ressorts dichotomiques qui permettent de rassembler des éléments contradictoires mais complémentaires ; sur la forme, il présente le chef de l'État dans une composition symétrique, avec une position centrale. En somme, cette photo semble symboliser la position politique d'Emmanuel Macron, qui se veut au centre de l'échiquier."

"Le drapeau européen est particulièrement valorisé", estime Élodie Mielczareck. "Placé à droite de l'image, il clôt le sens de lecture. Une manière de montrer que l'Europe représente l'avenir."

Les smartphones, savamment disposés par Emmanuel Macron lui-même avant la séance photo, font partie des nombreux éléments référentiels de l'image, commente Élodie Mielczareck. "Les téléphones portables posés sur le mobilier de l'Élysée s'inscrivent dans une logique de réunion des contraires. C'est la rencontre de deux dimensions temporelles, de l'ancien et du nouveau monde." À noter également : le reflet de l'encrier à coq sur le téléphone situé au-dessus.