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Jacques CheminadeContre « la finance » Le fondateur du parti Solidarité & Progrès se bat depuis quarante ans contre « l’occupation financière ». « Aujourd’hui, ce sont les plus hardis qui sont les plus sages. » À 76 ans, Jacques Cheminade a bâti son programme « de combat » sur cette conviction. Le fondateur du parti Solidarité & Progrès se bat depuis quatre décennies contre l’ennemi qu’il promet de vaincre, « un conglomérat d’intérêts financiers opérant depuis la City de Londres et Wall Street ». Cet énarque, ancien haut fonctionnaire au ministère de l’économie et des finances, a quitté l’administration en 1981 pour « mieux combattre la mondialisation financière et l’oligarchie qui la contrôle » et s’est déjà présenté deux fois à l’élection présidentielle. Premiers actes de son futur quinquennat : exiger une conférence internationale sur la dette et le système monétaire international, un « nouveau Bretton Woods pour examiner la légitimité des dettes » ; sortir de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan ; refonder une Union resserrée avec quelques pays « harmonisant réellement leurs politiques économiques, budgétaires et fiscales » autour de grands projets à l’échelle de l’Europe, de l’Eurasie et du monde. Jacques Cheminade prône notamment une politique de coopération avec les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui « ont en commun la volonté d’échapper au monétarisme atlantiste ». Afin d’avancer « vers un ordre du monde fondé sur du physique et de l’humain », le candidat distingue trois domaines de développement : l’espace (mise en valeur de la Lune et exploration de Mars), les océans (grand nettoyage des déchets) et l’Afrique (création d’un ministère de la coopération, du codéveloppement et de l’immigration).

Jean-Luc Mélenchon La révolution par la VIe République Jean-Luc Mélenchon appelle à un changement de République pour « donner le pouvoir au peuple ». « La priorité pour nous, c’est de donner le pouvoir, tout le pouvoir, au peuple », écrit Jean-Luc Mélenchon dans son livre programmatique « L’Avenir en commun » (Seuil). Celui qui s’était déjà présenté en 2012 sous l’étiquette du Front de gauche, après avoir quitté le PS en 2008, a choisi à 65 ans de s’engager à nouveau dans la bataille pour dénoncer une démocratie malade : il faut en « finir avec le système de la caste médiatico-politique et de la monarchie présidentielle ». Le leader de la France insoumise propose ainsi de convoquer une assemblée constituante pour passer à une VIe République et un régime parlementaire. « Rendre le pouvoir au peuple », tel est le leitmotiv du programme du candidat de la gauche radicale. Le député européen dénonce une Union européenne qui « n’a pas voulu écouter les refus des peuples depuis le référendum français de 2005 ». Dans un premier temps, Jean-Luc Mélenchon envisage une sortie « concertée » des traités pour négocier de nouvelles règles. Si cela échoue, la France quittera l’UE et construira « d’autres coopérations ». Pas question pour l’eurodéputé de rester dans une Union où les « peuples sont soumis à la dictature des banques et de la finance ». Jean-Luc Mélenchon appelle aussi à repenser notre modèle de développement. « La définanciarisation de l’économie est une condition incontournable de la transition écologique », écrit-il. Le candidat prône enfin une « planification écologique », avec en particulier une sortie du nucléaire et un développement de l’économie de la mer.

Jean Lassalle Résister à la « mondialisation financière » Pour Jean Lassalle, l'État doit reprendre la main face aux marchés financiers. « Le monde bascule sous nos yeux, emporté par une spéculation financière devenue folle, sans contre-pouvoirs », écrit Jean Lassalle dans Un berger à l’Élysée (Éditions de la différence). À 61 ans, le député des Pyrénées-Atlantiques qui a été membre de la direction du MoDem avant de prendre ses distances avec François Bayrou, fait le constat d’un « État dépecé, mis à la merci de la mondialisation financière ». Pour Jean Lassalle, l’État doit reprendre la main sur les marchés. Il évoque plusieurs pistes, dont l’entrée au capital des entreprises du CAC 40 à hauteur de 10 % ; « avec un droit de vote double, cela suffirait pour enlever aux fonds de pension étrangers leur contrôle sur les sociétés », explique-t-il dans son livre. Aux yeux du candidat, l’Europe a aussi sa part de responsabilité dans la domination des marchés sur le politique. « Elle laisse les plus grandes banques racketter les États et les contribuables », assure-t-il. Si le candidat se dit européen, il appelle à repenser l’Union qui se « désagrège comme un édifice lézardé ». La « France a besoin de retrouver des marges d’action politiques et financières », ajoute-t-il. Enfin, celui qui avait fait une grève de la faim en 2006 pour protester contre la délocalisation d’une usine de sa circonscription 65 km plus loin dans le bassin industriel de Lacq, se pose en défenseur des élus locaux. Dénonçant le redécoupage des régions, il estime que « la commune doit retrouver sa liberté de décision sur tous les sujets d’intérêt local ».

Emmanuel Macron Concilier liberté et protections Le programme de ce nouveau venu en politique emprunte aux traditions libérale et sociale-démocrate. À 39 ans, Emmanuel Macron se présente pour la première fois à la présidentielle et même à une élection tout court. Sous le slogan « Libérer la France, protéger les Français », le programme de celui qui se définit « et de gauche et de droite » emprunte aux traditions libérale et sociale-démocrate. L’ancien ministre de l’économie reprend des recettes scandinaves visant à donner plus de flexibilité aux entreprises dans l’organisation du travail, en misant sur la négociation sociale, tout en sécurisant le parcours professionnel de chacun, en particulier à travers une relance de la formation continue. Il veut aussi remettre en chantier la réforme des retraites dans le but d’unifier les régimes et d’individualiser la constitution des pensions, tout en conservant un financement par répartition. Autre conciliation des contraires : le « candidat des classes moyennes », comme il se définit, veut associer vertu budgétaire, avec 60 milliards d’économies, et investissements publics (pour 50 milliards). L’ex-conseiller de François Hollande à l’Élysée se place ainsi dans la continuité de la ligne sociale-libérale du quinquennat pour en amplifier les réformes économiques et sociales. Il cherche en même temps à s’en démarquer par une approche proeuropéenne plus résolue, une certaine prudence politique sur les sujets sociétaux (lire La Croix du 13 mars) et une volonté marquée de limiter l’emprise de l’État. Autonomie, responsabilisation, décentralisation et mobilité servent à cet égard de mots clés à ses mesures pour l’éducation, les quartiers pauvres ou la santé.

Marine Le Pen La France et les Français d’abord Pour la présidente du Front national, la nature supranationale de la construction européenne porte atteinte à la souveraineté nationale. « Rendre sa liberté à la France » est le premier objectif que se fixe Marine Le Pen, 48 ans. La présidente du Front national entend donc prioritairement remettre en cause aussi bien l’existence d’une monnaie unique européenne que la libre-circulation des personnes au sein du marché unique, le principe de primauté du droit européen sur les droits nationaux ou la compétence exclusive de l’UE dans les négociations commerciales internationales. Concrètement, Marine Le Pen envisage un plan A (renégociation des traités), puis un plan B en cas d’échec : un référendum de sortie de l’Union. Celle qui ambitionne de rassembler tous les « patriotes », après avoir obtenu 18 % en 2012, n’a toutefois pas le monopole des idées souverainistes. D’autres volets de son programme constituent en revanche des spécificités du lepénisme, en particulier la suppression du droit du sol et la « préférence nationale ». Elle veut ainsi réserver les logements sociaux prioritairement aux Français et mettre en place une « taxe additionnelle » sur l’embauche d’étrangers. La fille de Jean-Marie Le Pen a en revanche progressivement écarté d’autres fondamentaux du FN (remise en cause de l’IVG, rétablissement de la peine de mort). Économiquement, son programme allie soutien aux TPE-PME et orientation anti-libérale avec des mesures protectionnistes à l’échelon national, le retour à 60 ans de l’âge de départ à la retraite (avec 40 annuités de cotisations) ou encore le retrait de la loi travail.

François Fillon Résolument libéral Pour François Fillon, « l’urgence » est de « libérer » l’économie. Insistant sur sa « cohérence philosophique », celui qui, à 63 ans, se voit affaibli par sa mise en examen (emplois présumés fictifs de sa famille) déroule un programme libéral, avec un recul du périmètre d’un État « recentré sur la sécurité, la justice, la lutte contre le terrorisme et la défense ». Le code du travail sera notamment réduit aux seules « normes sociales fondamentales », tout le reste – dont le temps de travail – étant renvoyé à la négociation dans les entreprises. Son objectif est de « revenir vers le plein-emploi » (taux de chômage de 7 %), d’atteindre l’équilibre des comptes publics (100 milliards de dépenses en moins, non-remplacement de 500 000 départs à la retraite d’agents publics) et de ramener le niveau des dépenses publiques sous le seuil de 50 %. Le libéralisme de François Fillon n’est toutefois pas ultra. Sur les retraites, par exemple, il entend reculer l’âge légal de départ à 65 ans sans remettre en cause le système par répartition. De même qu’il a finalement renoncé à privatiser une partie de l’assurance maladie. La marque libérale est également contrebalancée par un conservatisme sociétal : port de l’uniforme pour les écoliers ou collégiens, fin de l’adoption plénière pour les couples homosexuels, etc. Enfin, François Fillon prévoit d’un côté l’augmentation de deux points du taux normal de TVA, de l’autre un abattement forfaitaire généralisé des cotisations sociales salariées, un relèvement du plafond du quotient familial et une revalorisation des petites retraites et pensions de réversion.

Benoît Hamon Pour une « République bienveillante » Le candidat socialiste veut être « utile pour le quotidien des Français ». « Les sujets que portent les Français sur le travail, l’air que l’on respire, ce que l’on mange… ces questions-là sont centrales, explique Benoît Hamon. Je veux m’occuper de tous ces sujets un peu invisibles. » Développées dans un manifeste, Pour la génération qui vient (Éd. Équateurs), les solutions du candidat socialiste, 50 ans, désigné dans le cadre de la primaire à gauche, s’articulent autour d’une nouvelle vision du travail (taxe sur les robots, congé-formation, incitation aux 32 heures), d’un renforcement de la démocratie (mise en place d’un « 49-3 citoyen », instauration de la VIe République) et d’une conversion écologique (interdiction des perturbateurs endocriniens et pesticides, sortie du diesel, fermeture des réacteurs nucléaires en fin de vie, 50 % d’énergies renouvelables). Sa relance de l’économie passe par le « Made in France », credo repris à Arnaud Montebourg, et un soutien au pouvoir d’achat. Outre une revalorisation du smic et des minima sociaux, Benoît Hamon veut augmenter la feuille de paie des actifs dont les revenus sont inférieurs à 2 200 € par un « revenu universel d’existence ». Promoteur d’une « République bienveillante », il fait du maintien des services publics une arme anti-FN, proposant par exemple de garantir « un panier de services publics à moins de 30 minutes », de créer 250 000 places en crèches, d’ouvrir le droit aux allocations familiales dès le premier enfant ou d’instituer une allocation « bien vivre en Ehpad ».

Philippe Poutou En finir avec le capitalisme Philippe Poutou entend être le porte-voix des ouvriers et des « travailleurs ». Philippe Poutou, 50 ans, se présente pour la seconde fois à l’élection présidentielle sous la bannière du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Ouvrier à l’usine Ford de Blanquefort (Gironde), où il est l’un des délégués CGT, il entend être le porte-voix des ouvriers et des « travailleurs », qu’il estime aujourd’hui divisés. Son slogan de campagne, « Nos vies, pas leurs profits ! », reprenant celui d’Olivier Besancenot (« Nos vies valent plus que leurs profits ») résume l’esprit de son programme. Pour « en finir avec les injustices, la précarité, le chômage », il invite à « rompre avec les politiques actuelles » à travers une série de mesures radicales : passage aux 32 heures, smic à 1 700 € net, interdiction des licenciements, gratuité des services publics, où il veut créer un million d’emplois. Pour résoudre la crise des mal-logés, il prévoit de réquisitionner les 2,6 millions logements vides. Il entend en finir avec la « course aux profits » par une « réappropriation sociale des secteurs clés de l’économie » dans le domaine de la banque, du transport, de la communication, de l’industrie pharmaceutique. Mais aussi de l’énergie, afin de répondre aux « urgences climatique et écologique » : face au « capitalisme qui détruit la planète », il propose un plan qui aboutirait à 100 % d’énergies renouvelables en 2050. Son combat vise aussi le « tout sécuritaire », le racisme, l’islamophobie et la « persécution des migrants ». Il en appelle à instaurer une « solidarité sans frontières » et à construire un « socialisme du XXIe siècle » qui supprimerait notamment… la présidence de la République.

Nathalie Arthaud Contre les licenciements Pour sa deuxième campagne présidentielle consécutive, la porte-parole de Lutte ouvrière n’a pas changé de ligne. À 47 ans, se présentant comme une « candidate communiste », Nathalie Arthaud continue à défendre un « programme de lutte » résolument d’extrême gauche, tourné contre le capitalisme et la grande bourgeoisie. La représentante du trotskisme, qui a pris le relais d’Arlette Laguiller en 2008 pour « faire entendre le camp des travailleurs », milite ainsi en premier lieu pour l’interdiction des licenciements. Afin de « faire disparaître le chômage », cette professeur d’économie dans le secondaire veut aussi imposer que le travail soit réparti entre tous. Elle réclame une augmentation de 300 € pour tous et refuse que subsiste le moindre salaire ou la moindre pension de retraite inférieurs à 1 800 € net par mois. Pour elle le secret bancaire, commercial et d’affaires n’a pas lieu d’être. Sa disparition favorisera « le contrôle des travailleurs sur les entreprises ». Celle qui s’est éveillée au militantisme au moment de la famine en Éthiopie est par ailleurs favorable à l’arrivée de migrants. La chef de file de LO ne ménage personne dans son combat. Ni la gauche de gouvernement, ni la droite, ni le Front national, ni Emmanuel Macron, ni même Jean-Luc Mélenchon, dont l’émergence a contribué à réduire le poids électoral de son courant politique. Seul Philippe Poutou, du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), est épargné. Elle estime enfin qu’une complète séparation des Églises et de l’État est un préalable aux libertés élémentaires, notamment celles des femmes.

Nicolas Dupont-Aignan Pour le peuple Le président de Debout la France entend « rendre le pouvoir aux Français ». Nicolas Dupont-Aignan, 56 ans, se revendique du gaullisme et porte un projet souverainiste : défense de la souveraineté du peuple sur le plan intérieur et de la souveraineté nationale à l’extérieur. Le maire de Yerres et député de l’Essonne propose quatre référendums. Le premier concerne la « révolution institutionnelle » qu’il souhaite, avec notamment la réduction du nombre de parlementaires et la création d’un référendum d’initiative populaire dès lors qu’un projet est soutenu par 500 000 inscrits sur les listes électorales. Les trois autres consultations portent sur le rétablissement des frontières nationales, l’instauration de « l’impunité zéro » et la « refondation de l’école ». En outre, il entend recourir de manière systématique au référendum lorsque « l’indépendance nationale est en jeu ». L’ancien membre du RPR puis de l’UMP, qu’il a quittée en 2007, prône une renégociation des traités européens afin de « retrouver la maîtrise de nos lois, de nos frontières, de notre budget ». Concernant l’euro, l’énarque entend passer d’une monnaie unique à une monnaie commune mais n’évoque pas explicitement dans son programme un retour au franc. Le candidat, qui avait recueilli 1,79 % des suffrages exprimés en 2012, souhaite également présenter aux chefs de gouvernement européens un projet de traité alternatif pour « instaurer une Europe des nations et des projets à la carte ». En cas d’échec des négociations, la sortie de l’Union européenne sera soumise à un référendum.

François Asselineau Pour un « Frexit » Sous les couleurs de l’Union populaire républicaine, François Asselineau veut marquer sa différence. Cet inspecteur des finances de 59 ans, passé par plusieurs cabinets ministériels sous le gouvernement Juppé, veut mettre au cœur de la campagne le seul sujet essentiel à ses yeux : l’indépendance nationale. Partisan d’un « Frexit », il promet d’initier la sortie de l’UE, de l’euro et de l’Otan dès son arrivée au pouvoir. Se déclarant « ni de droite, ni de gauche », il revendique un programme directement inspiré du Conseil national de la résistance face à une « classe dirigeante qui ne croit plus à la puissance de la France ». Il est temps, selon lui, de redonner à la France sa capacité de choisir ses alliances et ses coopérations, notamment avec la Russie, la Chine, les mondes arabe, latino-américain ou encore africain. Sur le plan intérieur, François Asselineau veut un État fort et social, fondé sur une nouvelle Constitution soumise par voie référendaire. Pour lutter contre les « féodalités financières », l’ancien élève d’HEC propose la constitutionnalisation de certains services publics et un programme de nationalisations, totales ou partielles, dans les domaines du gaz, de l’électricité, de l’eau ou encore des médias, avec la renationalisation de TF1. Il assume ainsi un programme « à des années-lumière de tous les autres ». Plus, il y voit la force de sa candidature, citant volontiers ce proverbe chinois : « C’est quand un pays est en proie au chaos qu’apparaît un responsable intègre. »