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Le département du Cher dans une France défaite et occupée

Fabien Joubert, collège J. Dumas, Nérondes

Faire face aux difficultés quotidiennes

L'essentiel de la population est préoccupé par des conditions de vie rendues difficiles par l'Occupation.

Colonne allemande défilant dans Nérondes (été 1940)

Collection particulière Mme MALLET et M PALISSON

La ligne de démarcation

En juin 1940, à l'instar des autres départements français, les habitants du Cher sont plongés dans un climat de confusion et d'inquiétude. Au choc que représente l'arrivée des troupes allemandes par le nord du département et le passage de milliers de réfugiés qui fuient en direction du Sud, les habitants du Cher subissent de plein fouet les conditions de l’armistice (22 juin 1940). Ces dernières font du Cher un département coupé en deux par la ligne de démarcation (voir cartes). Le Cher Nord est ainsi placé sous le contôle des autorités allemandes dès la fin du mois de juin 1940. Le Sud, en zone libre, connait l’occupation allemande à partir de novembre 1942. Malgré l'invasion en 1942, la ligne de démarcation est maintenue jusqu'en . 1943. Son franchissement nécessite un ausweis (voir doc.1).

Doc. 1 : ausweis

Une ligne qui accentue les difficultés quotidiennes

Doc. n°2: Pétition adressée par les habitants de la commune de Subdray, en zone occupée

Doc. n°3: Lettre adressée par le maire du village de la commune de Raymond au sous-préfet de Saint Amand

Doc. n°4: Ordonnance allemande du 4 octobre 1940 contre le franchissement illicite de la ligne de démarcation publiée dans L'Oeuvre du 18 octobre 1940

Contenu de l'ordonnance : " En vertu des pleins pouvoirs qui m'ont été conférés par le Führer (...), j'ordonne ce qui suit: Sera punie toute personne qui franchit sans autorisation la ligne de démarcation ou qui transfère dans la zone inoccupée des marchandises ou des moyens de paiement sans l'autorisation prescrite. (...)"

Faire face au rationnement

Doc. 5 : Le rationnement du pain. Echo des marchés du Centre n° 82 du 20/10/1940 AD 36 - 1 PER 90

Doc. 6 : carte de rationnement pour le pain.

Doc. 7 : subir le rationnement

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Afin d'organiser le ravitaillement et d'éviter la pénurie, les Français sont divisés par les autorités en sept catégories. La carte ici présente était destinée aux "consommateurs de 12 ans et sans limite d'âge se livrant personnellement aux travaux agricoles" (catégorie C). Les premières cartes furent distribuées dès octobre 1940 pour les produits de base. La ration journalière pour le pain oscillait entre 100 et 350 grammes selon les catégories.

Collaborer ou résister

Si l'essentiel de la population est préoccupé par des conditions de vie difficiles et adoopte un coportement "attentiste", une partie des Français fait en revanche le choix de collaborer avec l'ennemi ou de résister à celui-ci et au Régime de Vichy.

Pierre Paoli, agent français de la Gestapo à Bourges

Berty Albrecht, résistante française

Michel Desbruères: être gendarme et résistant

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Pierre Paoli (1921-1946)

Doc. n°8 : Biographie de Pierre Paoli

Doc. n°9 : Vidéo sur l'engagement de Paoli au service de la Gestapo

Doc. n°10 : Vidéo sur le rôle de Paoli dans le massacre des puits de Guerry

Doc. n°11 : témoignage de Lucienne Cherrier, épouse de Marcel Cherrier, résistant

Document n°9: notice biographique de Pierre Paoli rédigée par Michèle Jacquet et Jean-Claude Bonnin, extraire de La Résistance dans le Cher , 2008, CD-rom "Pierre Paoli est né le 31 décembre 1921 à Aubigny-sur-Nère dans le Cher. Son père exerce e métier d'herboriste et sa mère est modiste. Au départ, rien ne prédispose ce petit commis de perception à devenir l'un des plus sinistres tortionnaires de la Gestapo. Certaines rencontres et fréquentations vont l'amener à s'enagager très jeune dans la voie de la Collaboration avec l'occupant. Grâce à sa connaissance de l'allemand, Pierre Paoli est admis en qualité d'interprète aux services de la Gestapo, rue Michel de Bourges à Bourges, le 31 mars 1943. Il sort très vite de son rôle d'interprète et commence rapidement à procéder à des interrogatoires et à des arrestations. Le 14 août 1943, il est victime d'un attentat à Aubigny-sur-Nère. Blessé, il se remet assez rapidement. La véritable période d'activité de Paoli à la Gestapo se situe du 5 novembre 1943 au 6 août 1944. Il fait preuve d'une très grande habileté et jouit de la confiance de ses chefs. Il a à son service les indicateurs de Dreyer, responsable du renseignement à la Gestapo, les Feldgendarmes de tout le département du Cher, les miliciens de Bourges et de Saint-Amand-Montrond et certains éléments de la Wehrmacht. Il procède à son gré à des arrestations, à des tortures, à des crimes caractérisés. Il inflige des tortures diverses à ses victimes : gifles, coups de pied, coups de nerf de boeuf, de ceinturon ou de cravache préludent souvent à des supplices plus raffinés (traitement par la machine électrique, pendaison la tête en bas, douche glacée, baignoire, par exemple). Le bilan est terrible : trois cents arrestations, deux cents séances de torture et un rôle dans la tragédie des puits de Guerry.Le 6 août 1944, il quitte précipitamment Bourges avec la Gestapo et des fascistes français dont " Rissler " (Roger Picault) et va commettre de nouveaux forfaits dans les Ardennes. Après les nouveaux crimes dont il s'est rendu coupable dans l'Est, il fuit vers l'Allemagne. Après l'effondrement du Reich, Paoli est appréhendé le 16 mai 1945 par la police britannique, à Flensburg, localité allemande proche de la frontière danoise. Il ne sera livré à la justice française qu'en janvier 1946 et conduit plus tard à Bourges où les dates de son procès seront fixées aux 2 et 3 mai 1946. Il est alors condamné à mort par la cour de justice de Bourges. Transféré à Nancy, il est condamné à nouveau à la peine capitale à l'issue d'un second procès. Immédiatement ramené à Bourges, il est passé par les armes le 15 juin 1946 à cinq heures du matin à l'endroit même où les Allemands exécutaient les patriotes."

Document n°11: Déposition de Lucienne Cherrier au procès Paoli "Arrêtée par la Gestapo le 26 novembre 1943 à St-Martin d'Auxigny, je fis connaissance avec le sinistre Paoli qui, après m'avoir renversée sur le sol, me traîna pendant une dizaine de minutes, puis me passa les menottes. Conduite le soir rue Michel de Bourges, je fus immédiatement passée à la torture par Paoli en personne, qui, pour se mettre le coeur à l'ouvrage, absorbait de fortes rasades d'alcool. C'est ainsi que pendant 8 jours, Paoli voulant m'obliger à donner des indices sur mon mari et d'autres personnes, me fit subir les tortures les plus horribles. Les mains attachées derrière le dos, soulevée à 30 cm du sol, je reçus de grands coups de pied...on me frappa avec un nerf de boeuf sur la tête, les reins. Quand je perdais connaissance, mon bourreau me donnait des soins pour me ranimer et recommencer le supplice jusqu'à 3 fois par séance. Par moment, Paoli me brûlait les doigts ou les joues avec sa cigarette. A d'autres instants, comme je ne voulais pas parler, il partait dans une rage folle et me frappait à coups redoublés sur le cou, le dos jusqu'à ce que je m'affaisse évanouie. Il lui arrivait aussi de me passer une corde au cou menaçant de me pendre. A de nombreuses reprises, il m'appliquait le revolver sur la tempe pendant de longues minutes. Pendant 8 jours, les menottes étroitement serrées ne quittèrent pas mes poignets. Le 3° jour je n'ai encore reçu aucune nourriture, juste une cuillérée à café d'eau au début de l'interrogatoire et, comme je ne parlais pas, les tortures recommençaient. Le troisième jour, on me servit une soupe appétissante dans de la très belle vaisselle. Je devais manger toute une assiettée de soupe sans en faire tomber ou je serais battue ; j'avais les menottes, il m'était difficile de porter la cuillère à ma bouche mais quand j'étais prête à y arriver, le sinistre Paoli me poussait dans le dos, la soupe tombait et j'étais battue. Je subis aussi le supplice de la goutte d'eau qui consiste à être attachée sur une planche ; une gamelle percée est placée au-dessus du front et l'eau tombe, goutte à goutte pendant trois quart d'heure, c'est abominable, on se sent devenir folle. J'ai subi aussi la torture par le courant électrique. J'ai eu les mains liées pendant les huit jours que je suis restée à la Gestapo ; j'avais tellement soif que je léchais les murs de ma cellule pour me rafraîchir la bouche. Mes doigts gonflés par l'insuffisance de la circulation du sang étaient frappés fréquemment avec une règle par Paoli, ce qui provoquait des souffrances atroces. Paoli m'avait dit : " puisque tu ne veux pas parler, je te ferai devenir folle " et il projetait ma tête contre le mur, m'assommant à chaque fois. Comme le bandit parlait de me fusiller à chaque séance, j'en arrivais presque à souhaiter la mort car j'étais au bout de mes forces. Les coups avaient provoqué sans doute des lésions aux reins ou à la vessie car pendant plus d'un mois j'urinais du sang pur ".

Berty Albrecht (1893-1943)

Doc. n°12 : Berty Albrecht, notice biographique rédigée par Jean-Claude Bonnin et extraire de La Résistance dans le Cher, 2008, DVD Rom

"Berty Wild, née le 15 février 1893, titulaire depuis 1912 d'un diplôme d'infirmière exerce dans les hôpitaux militaires pendant la Première Guerre mondiale. Après la guerre, elle épouse un banquier hollandais : Frédéric Albrecht. Le couple vit d'abord en Hollande, puis s'installe à Londres en 1924. De retour en France, elle réside à Paris (1931) et y fonde une revue : Le Problème sexuel où elle défend le droit des femmes à l'avortement. A partir de 1933, elle s'occupe des Allemands fuyant le régime nazi et, quelques années plus tard, elle viendra en aide aux Espagnols républicains réfugiés. En 1934, elle fait la connaissance de Henri Frenay. En octobre1936, Berty Albrecht devient surintendante d'usine. En juin 1940, elle est affectée à l'usine Fulmen de Vierzon. A Vierzon, elle aide de nombreux réfugiés et évadés à passer clandestinement la ligne de démarcation. Dès novembre 1940, elle commence à dactylographier les premiers bulletins du mouvement Les Petites Ailes . Elle est à nouveau à cette époque en liaison avec Henri Frenay. En mai 1941, elle s'installe à Lyon. C'est là que, en 1942, sous la direction d'Henri Frenay, le mouvement Combat naît de la fusion de Vérités et de Libertés. En janvier 1942, Berty Albrecht est arrêtée par la police française et relâchée. Nouvelle arrestation fin avril 1942 : elle est condamnée à six mois de prison. Ayant simulé la folie, le 28 novembre 1942, elle est internée à l'asile psychiatrique de Bron, où un commando de Combat la libère le 23 décembre 1942. En février 1943, elle rejoint Frenay à Cluny et reprend ses activités dans le mouvement Combat. Arrêtée le 28 mai 1943, par la Gestapo à Mâcon, elle est emprisonnée au fort Montluc à Lyon puis à Fresnes. Elle est découverte, par une gardienne allemande de la prison, morte par pendaison, dans sa cellule, le 31 mai 1943. Son corps sera retrouvé en mai 1945 dans le jardin potager de la prison de Fresnes".

Albrecht Betty

Michel Émile DESBRUÈRES

Doc. n°13 : Michel Emile Desbruères, notice biographique rédigée par Didier Arnold est extraite du site des archives départementales du Cher

"Michel Émile DESBRUÈRES est né le 13 janvier 1908 à Pruniers (Loir-et-Cher). Il s'établit comme cultivateur à Chezal-Benoît (Cher). Il est appelé sous les drapeaux en mai 1928. Affecté au 156e RI, il participe à l'occupation de la Rhénanie jusqu'au 14 octobre 1929. Il est libéré le lendemain. En 1930, il s'engage dans la garde républicaine mobile. Fin 1931, il intègre la gendarmerie. Pendant la campagne de France, il est affecté à la 9e DI. Lors de l'occupation, il est chauffeur suppléant de la voiture de liaison à la compagnie de gendarmerie du Cher. Le capitaine Muraton (arrêté par les Allemands le 16 juin 1944 et déporté à Neuengamme), adjoint du commandant de compagnie, témoigne de l'aide que lui a apporté Michel Émile Desbruères pour le passage en zone libre de courrier, de prisonniers évadés, d'aviateurs alliés ou de jeunes gens désirant s'engager en Afrique du Nord. Michel prévient également de nombreux jeunes, notamment de Bourges et de Fussy, de leur désignation pour l'Allemagne dans le cadre du STO. Il leur conseille de quitter leur domicile et facilite leur passage en zone libre ou leur entrée au maquis. (...) Il prend sa retraite de la gendarmerie en 1947 et se retire à Saint-Doulchard où il travaille comme secrétaire de mairie, puis secrétaire général."Didier Arnold, http://www.archives18.fr/article.php?laref=1530&titre=michel-desbru-es-gendarme-et-resistant

Michel, sa femme Germaine et leurs enfants, Jack et Micheline en 1936