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BoccaceDécaméron

Extraits de la première journée

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Scène du jardin, école hollandaise, 1490-1500, British Library Board

Boccace se trouve à Florence en 1348 lorsque la pandémie de peste noire frappe la ville. Dans le Décaméron, écrit vers 1350, il imagine et raconte le confinement volontaire de dix jeunes gens qui, fuyant la ville, se réfugient dans un château à la campagne et décident de se raconter des histoires pour passer agréablement le temps. Le recueil rassemble ainsi une centaine de nouvelles insérées dans le récit des journées de confinement.

Besoin d'un coup de pouce ?Boccace t'accompagne pendant la lecture :il suffit de cliquer sur son portrait.

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Portrait de Boccace, Détail d'une fresque d'Andrea del Castagno (vers 1450) ornant le réfectoire de l'ancien monastère Sant'Apollonia, à Florence.

Giovanni Boccaccio (en français Jean Boccace, ou encore Boccacio ou Boccace) est né en 1313 à Certaldo en Toscane et mort le 21 décembre 1375 dans sa ville natale. C’est un écrivain florentin.Son œuvre en toscan, notamment son recueil de nouvelles le Décaméron, qui eut un énorme succès, le fait considérer comme l'un des plus grands créateurs de la littérature italienne en prose, et un précurseur du genre de la nouvelle.Boccace est le fils illégitime d’un important homme d’affaires, Boccaccino di Chelino, originaire de Certaldo et résidant à Florence. À la fin de l'année 1340, après plusieurs séjours à Paris et un long séjour à Naples, il rentre à Florence dans une situation économique difficile. Il y rencontre le poète Pétrarque avec qui il se lie d'amitié.En 1348, Boccace assiste aux ravages que la peste noire provoque dans toute l'Europe. À la suite de cette pandémie, il rédige son chef-d'œuvre : le Décaméron. L'œuvre est un succès et se propage très largement après 1353.

Portrait de Boccace, Détail d'une fresque d'Andrea del Castagno (vers 1450) ornant le réfectoire de l'ancien monastère Sant'Apollonia, à Florence.

Florence au XIVème siècleFlorence est une ville toscane (Italie), fondée par les romains, Elle connaît un essor économique et artistique au moyen-âge, à partir du XIIème siècle, qui dura jusqu'au XVIe siècle. C'est également le berceau de la langue italienne moderne, fondée sur l'œuvre du poète Dante (1265-1321).L'économie florentine connaît au XIVe siècle un véritable essor, en particulier entre les années 1336 et 1340. Au cours de ces années, on s'affaire à achever les grands chantiers débutés lors du XIIIe siècle (cathédrale, vieux palais et remparts) et on en démarre de nouveaux : Orsanmichele, Loggia dei Lanzi, Loggia del Bigallo. La peste noire en 1348 frappe durement l'économie florentine en éliminant une grande partie de la population. Giovanni Boccaccio s'inspirera de cette catastrophe pour écrire son chef-d'œuvre, le Décaméron.

Pianta della Catena, anonyme, 1470, Florence

Je dis donc que les années de la fructueuse Incarnation du Fils de Dieu atteignaient déjà le nombre de mille trois cent quarante-huit, lorsque, dans la remarquable cité de Florence, belle au-dessus de toutes les autres cités d’Italie, parvint la mortifère pestilence (…). Quelques années auparavant, elle s’était déclarée dans les pays orientaux, où elle avait enlevé une innombrable quantité de vivants ; puis poursuivant sa marche d’un lieu à un autre, sans jamais s’arrêter, elle s’était malheureusement étendue vers l’Occident. La science, ni aucune précaution humaine, ne prévalait contre elle.

C’est en vain que, par l’ordre de magistrats institués pour cela, la cité fut purgée d’une multitude d’immondices ; qu’on défendit l’entrée à tout malade et que de nombreux conseils furent donnés pour la conservation de la santé.

« mortifère pestilence » est l’un des noms que l’on donnait alors à la peste noire.

vidée

Pianta della Catena, anonyme, 1470, Florence (détail)

Qui parle ? De quoi ? Où et quand ?

Réponse

Essaie de répondre par toi-même à ces questions en relisant le paragraphe si besoin.

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QCM

L'auteur, Boccace, qui a lui-même vécu la peste noire à Florence, raconte comment l'épidémie, qui avait commencé dans les pays orientaux, est arrivée dans cette ville en 1348, malgré toutes les précautions prises par les magistrats et les hommes de science.

Qui parle ? A) C'est l'auteur, Boccace, qui parle en son nom propre, parce qu'il a été témoin de la peste. B) C'est un journaliste en reportage à Florence. C) C'est l'incarnation du fils de Dieu. De quoi ? A) Des relations diplomatiques avec les pays orientaux. B) De la peste noire contre laquelle les hommes de science et les magistrats n'arrivent pas à lutter. C) De la stupidité des magistrats. Où et quand ? A) Dans les pays orientaux au XXIème siècle. B) En Italie, dans la ville de Florence, en 1348. C) En Occident, pendant l'Antiquité.

Ce qui donna encore plus de force à cette peste, ce fut qu’elle se communiquait des malades aux personnes saines, de la même façon que le feu quand on l’approche d’une grande quantité de matières sèches ou ointes. Et le mal s’accrut encore non-seulement de ce que la fréquentation des malades donnait aux gens bien portants la maladie ou les germes d’une mort commune, mais de ce qu’il suffisait de toucher les vêtements ou quelque autre objet ayant appartenu aux malades, pour que la maladie fût communiquée à qui les avait touchés.

Huilées

Enterrement de victimes de la peste à Tournai, détail d'une miniature des Chroniques et annales de Gilles le Muisit, abbé de Saint-Martin de Tournai, Bibliothèque royale de Belgique. © Wikimedia

Quelles ressemblances peux-tu trouver entre l’épidémie actuelle de covid-19 et l’épidémie de peste noire en 1348 ?

Réponse

Essaie de répondre par toi-même à cette question en relisant les deux premiers paragraphes si besoin.

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QCM

Tout comme le Covid-19, la peste noire s'est répandue d'Est en Ouest sans que le contrôle des frontières n'empêche sa propagation. D'après Boccace, la contamination par la peste se fait, comme pour le covid-19, en approchant les malades sans protection adaptée, et en touchant des objets contaminés. Mais à la différence des hommes de science du XIVème siècle, les scientifiques d'aujourd'hui ont davantage de moyens pour comprendre le mode de propagation de la pandémie et lutter plus efficacement.Par exemple, en ce qui concerne la peste, la propagation se faisait en réalité par la piqûre de puces ayant été infectées par des rats. Mais les médecins de l'époque ne le savaient pas.

Le contrôle des frontières n'a pas empêché l'épidémie de se répandre d'Est en Ouest : Covid-19 : VRAI ou FAUX Peste noire : VRAI ou FAUX La maladie se transmet en approchant les malades sans protection et en touchant des objets qu'ils ont touchés. Covid-19 : VRAI ou FAUX Peste noire : VRAI ou FAUX Les scientifiques ne peuvent rien contre l'épidémie. Covid-19 : VRAI ou FAUX Peste noire : VRAI ou FAUX

De ces choses et de beaucoup d’autres semblables, naquirent diverses peurs et imaginations parmi ceux qui survivaient, et presque tous en arrivaient à ce degré de cruauté d’abandonner et de fuir les malades et tout ce qui leur avait appartenu ; et, ce faisant, chacun croyait garantir son propre salut. D’aucuns pensaient que vivre avec modération et se garder de tout excès, était la meilleure manière de résister à un tel fléau. S’étant formés en sociétés, ils vivaient séparés de tous les autres groupes. Réunis et renfermés dans les maisons où il n’y avait point de malades et où ils pouvaient vivre le mieux ; usant avec une extrême tempérance des mets les plus délicats et des meilleurs vins ; fuyant toute luxure, sans se permettre de parler à personne, et sans vouloir écouter aucune nouvelle du dehors au sujet de la mortalité ou des malades, ils passaient leur temps à faire de la musique et à se livrer aux divertissements qu’ils pouvaient se procurer.

D’autres, d’une opinion contraire, affirmaient que boire beaucoup, jouir, aller d’un côté et d’autre en chantant et en se satisfaisant en toute chose, selon son appétit, et rire et se moquer de ce qui pouvait advenir, était le remède le plus certain à si grand mal. (…) Quelques-uns, d’un avis plus cruel, comme étant par aventure le plus sûr, disaient qu’il n’y avait pas de remède meilleur, ni même aussi bon, contre les pestes, que de fuir devant elles. Poussés par cette idée, n’ayant souci de rien autre que d’eux-mêmes, beaucoup d’hommes et de femmes abandonnèrent la cité, leurs maisons, leurs demeures, leurs parents et leurs biens, et cherchèrent un refuge dans leurs maisons de campagne ou dans celles de leurs voisins.

Boccace, Le Décaméron, XVe siècle, France Paris, BnF, département des Manuscrits, Français 239 fol. 1

Quelles sont les différentes attitudes décrites par l’auteur face à la pandémie ?

Réponse

Essaie de répondre par toi-même à cette question en relisant le paragraphe si besoin.

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QCM

Face à l'épidémie de peste noire qui sévit en 1348, beaucoup d'habitants de Florence abandonnent les malades à leur triste sort : - Certains s'enferment chez eux, se nourrissant très peu pour ne pas avoir à sortir, et renonçant à prendre des nouvelles de l'extérieur. - D'autres sortent en bandes pour faire la tournée des tavernes, boire, manger et s'amuser, en se moquant de la mort qui les menace. - D'autres, enfin, s'enfuient à la campagne.

Repère les bonnes réponses : Face à l'épidémie de peste noire en 1348, certains habitants de Florence... A) ...s'enferment à l'intérieur de leurs maisons en mangeant et buvant très peu pour ne pas avoir besoin de sortir, et sans prendre de nouvelles du monde extérieur. B) ...regardent des séries télévisées toute la journée. C) ...font la tournée des tavernes pour boire, manger et s'amuser sans se soucier de l'épidémie. D) ...abandonnent les malades à leur triste sort. E) ...fuient la ville pour se réfugier à la campagne. F) ...achètent de grandes quantités de papier toilette.

Après avoir fait préparer toute chose opportune , et être convenus de l’endroit où ils entendaient aller, (…) (sept) dames avec leurs servantes et (…) trois jeunes gens avec leurs domestiques, étant sortis de la ville, se mirent en route. Ils ne dépassèrent pas deux milles sans être parvenus à l’endroit primitivement choisi par eux. Cet endroit était situé sur une petite montagne éloignée de toutes nos routes, et couverte d’arbustes variés et de plantes au vert feuillage. Au sommet était un palais avec une belle et vaste cour au milieu, des appartements, des salles, des chambres toutes plus belles les unes que les autres, avec des prés tout autour et de merveilleux jardins. Il y avait des puits aux eaux fraîches ; des caves pleines de vins de prix, chose mieux disposée pour des buveurs intrépides que pour des dames sobres et honnêtes. Le palais était soigneusement nettoyé ; dans les chambres les lits étaient faits, et la joyeuse compagnie, à son arrivée, trouva non sans plaisir tous les appartements garnis et jonchés d’herbes odoriférantes et de toutes les fleurs que la saison pouvait produire.

À peine arrivés, ils s’assirent, et Dioneo, qui entre tous, était un jeune homme plaisant et plein d’esprit dit : « — Mesdames, votre instinct, bien plus que notre sagacité , nous a conduits ici. Je ne sais ce que, dans votre pensée, vous entendez y faire ; pour moi, j’ai laissé toutes mes idées au dedans des portes de la ville, alors que j’en suis sorti il n’y a qu’un instant avec vous. C’est pourquoi, ou bien disposez-vous à vous divertir, à rire ou à chanter avec moi — je dis tout autant qu’il convient à votre dignité — ou bien permettez que j’aille retrouver mes idées et que je rentre dans la cité si éprouvée. »

utile

intelligence

Miniature (XVe siècle) extraite du Décaméron de Boccace, traduit par Laurent de Premierfait. (Bibliothèque de l'Arsenal, Paris.)

Comment est décrit le lieu où les jeunes gens arrivent ?

Réponse

Essaie de répondre par toi-même à cette question en relisant le paragraphe si besoin.

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QCM

Le paragraphe donne une description très positive de l'endroit où se réfugient les jeunes gens. En effet, de nombreux termes mélioratifs sont utilisés : des noms ("palais", "jardins", "plaisir"), des adjectifs ("belle", "vaste", "fraîche", "odoriférantes"...), des groupes nominaux ("vins de prix", "toutes les fleurs que la saison pouvait produire"). Le champ lexical de la nature ("arbustes", "plantes", "vert feuillage", "prés"...) est très présent, accompagné de celui des plaisirs des sens : la vue ("vert feuillage", "chambres toutes plus belles les unes que les autres"...), l'odorat ("herbes odoriférantes", "fleurs"...), le goût ("vins de prix", "buveurs intrépides"), le toucher ("eaux [...] fraîches", "lits [...] faits"...)... Le mot "merveilleux" peut également faire penser à un endroit magique ou féérique, dans lequel tout semble miraculeusement prêt pour accueillir "la joyeuse compagnie".

Repère les adjectifs présents dans le paragraphe : A) belle B) moche C) vaste D) étroit E) merveilleux F) décevant À quelle valeur correspondent-ils ? A) valeur méliorative B) valeur péjorative Quels champs lexicaux sont présents ? A) La maladie B) La nature C) Les plaisirs des sens (vue, goût, toucher, odorat) D) La fatigue E) La peur

Locus AmoenusCette expression en latin qui signifie "lieu agréable" est utilisée depuis la Rome antique et encore aujourd'hui pour désigner un lieu paradisiaque dans une oeuvre littéraire.Le "locus amoenus" est souvent utilisé comme une métaphore pour désigner la poésie et le plaisir des mots.Coup de pouce interprétation :Dans le Décaméron de Bocacce, le lieu dans lequel se réfugient les jeunes gens est-il un locus amoenus ?

réponse

Le palais dans lequel se réfugient les jeunes gens correspond à la définition du "locus amoenus". En effet, la nature qui l'entoure est paradisiaque : "couverte d'arbustes variés et de plantes au vert feuillage", "avec des prés tout autour et de merveilleux jardins", et "des puits aux eaux fraîches". De plus, le palais lui-même semble féérique, tout y est prêt pour accueillir les réfugiés : il est "soigneusement nettoyé", "dans les chambres les lits étaient faits", "tous les appartements garnis et jonchés d'herbes odoriférantes et de toutes les fleurs que la saison pouvait produire", et on y trouve jusqu'aux "caves plaines de vins de prix." Cette description contraste très fortement avec l'évocation de la peste qui ravage la ville. Ce "locus amoenus" peut être interprété comme une métaphore du réconfort qu'apporte à l'auteur le plaisir de raconter et de décrire.

Essaie de répondre à cette question par toi-même, en relisant le paragraphe si besoin.

Manuscrit du Décaméron, échevinage de Rouen, vers 1465 (détail)

À quoi Pampinea, comme si elle avait également chassé tous ses soucis, répondit joyeusement : « — Dioneo, tu parles très bien ; il faut vivre en une fête continuelle ; ce n’est pas un autre motif qui nous a fait fuir ces tristesses. Mais pour ce que les choses faites sans mesure ne peuvent durer longtemps, moi qui ai eu la première l’idée de former une si belle société, je songe au moyen de nous entretenir en joie. Je pense qu’il est nécessaire de choisir parmi nous un chef que nous honorerons, et auquel nous obéirons comme étant notre supérieur, et dont l’unique pensée sera de nous disposer à vivre joyeusement. Et afin que chacun éprouve le poids de cette sollicitude , ainsi que le plaisir de la souveraineté, et, étant choisi d’un côté et de l’autre, ne puisse inspirer aucune jalousie, je dis que ce fardeau et cet honneur doivent être confiés à chacun de nous pour une journée. Le premier sera nommé à l’élection par nous tous.

Pour ceux qui suivront, lorsque l’heure de vesprée s’approchera, ils seront élus au bon plaisir de celui, qui, ce jour-là, aura possédé le pouvoir souverain. Et celui ou celle que nous aurons reconnu pour chef, pendant tout le temps que durera son pouvoir, ordonnera et disposera toute chose, le lieu où nous nous tiendrons, et la façon dont nous aurons à vivre. » Ces paroles plurent beaucoup, et d’une seule voix, ils l’élurent reine pour le premier jour.

parce que

de manière déraisonnable

responsabilité

prière du soir

Ludovico Ceffini, enlumineur XVème siècle, BNF département des manuscrits, Italien 63, folio 10 verso

Quelles décisions les jeunes gens prennent-ils ? Pourquoi ?

Réponse

Essaie de répondre par toi-même à ces questions en relisant le paragraphe si besoin.

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QCM

Pour organiser leur petite société confinée, les jeunes gens décident de faire tous l'effort de rester joyeux malgré le contexte triste. Pour organiser leur vie de manière raisonnable, ils décident de désigner un roi et d'occuper cette fonction chacun à tour de rôle. Chaque soir, le roi désignera son successeur pour le lendemain. C'est pampinéa qui est élue reine le premier jour. sa mission est d'organiser la première journée, et de garder tout le monde joyeux.

Parmi les propositions ci-dessous, repère les décisions prises par les jeunes gens : A) Ils décident de rester toujours joyeux. B) Ils décident que chacun fera ce qu'il voudra. C) ils décident de nommer chaque jour un roi différent auquel ils devront obéir. D) Ils décident que tout tout le monde doit être le roi à son tour. E) Ils décident qu'un nouveau roi sera élu chaque matin; F) ils décident que la mission du roi sera d'humilier les autres. G) Ils décident d'élire Pampinéa pour le premier jour.

Puis ils s’en allèrent en un pré où l’herbe était verte et haute et qui était partout abrité du soleil. Là, un doux zéphir s’étant mis à souffler, il s’assirent tous en rond sur l’herbe, suivant l’ordre de la reine qui leur parla ainsi : « — Comme vous voyez, le soleil est haut et la chaleur est grande, et l’on n’entend d’autre bruit que le cri de la cigale, là haut, parmi les oliviers. Aller en quelque autre lieu serait, pour le moment, certainement une folie. Ici l’endroit est beau, et nous sommes au frais. Il y a, comme vous voyez échiquiers et des échecs, et chacun peut, selon qu’il lui fera plaisir, prendre son amusement. Mais si en cela mon avis est suivi, ce n’est pas en jouant — car au jeu l’esprit d’un des partenaires est mécontent, sans que l’autre partenaire ou ceux qui regardent jouer éprouvent beaucoup de plaisir — mais en racontant des nouvelles, ce qui peut donner du plaisir à tous, que nous passerons cette chaude partie de la journée.

Chacun de vous n’aura pas achevé de dire sa petite nouvelle, que le soleil sera sur son déclin et, la chaleur étant tombée, nous pourrons, là où il nous sera le plus agréable, aller prendre divertissement. Pour quoi, si ce que je dis vous plaît — et je suis disposée à suivre à cet égard votre bon plaisir — faisons ainsi. Si cela ne vous plaît pas, que chacun, jusqu’à l’heure de vesprée, fasse ce qui lui conviendra le mieux. » Les dames, ainsi que les hommes, approuvèrent la proposition de raconter des nouvelles.

Giovanni Boccace, Décameron, vers 1350, extraits de la « première journée »

vent d'ouest

Manuscrit du Décaméron, échevinage de Rouen, vers 1465

Pourquoi Pampinéa préfère le récit des nouvelles plutôt que les jeux ?

Réponse

Essaie de répondre par toi-même à cette question en relisant le paragraphe si besoin.

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QCM

Pampinéa préfère le récit des nouvelles aux jeux car raconter des nouvelles permet à tout le monde, autant celui qui raconte que ceux qui écoutent, de prendre du plaisir en même temps, alors qu'aux jeux, il n'y en a qu'un qui s'amuse à la fois.

Pampinéa préfère les récits de nouvelles aux jeux car... A) ... elle perd tout le temps aux échecs. B) ... la météo ne permet pas de jouer dehors; C) ... raconter des nouvelles permet à tout le monde, autant celui qui raconte que ceux qui écoutent, de prendre du plaisir.

Relecture silencieuse

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Il Decameron di G. Boccacci, con alcuni disegni a penna. Membran. XIVème siècle, bibliothèque nationale de France. Département des manuscrits. Italien 482

Musiques (dans l'ordre d'apparition des extraits) :In taberna quando sumus, Arte factumSu la riviera, anonyme XIVème siècle, polyphonie vocale contenue dans le codex Rossi, Italie, Ensemble Oxyton.En wiifliijc beild ghestadt van sinne, Anonyme, XIVème siècle, Ensemble Servir Antiquo.Requiem pour Anne de Bretagne, Antoine de Févin, 1514, Doulce mémoire, Denis Raison Dadre.Virelai, Guillaume Machaut, XIVème siècle, interprète : Douce Dame Jolie.Ductia, anonyme, XIIIème siècle, Arte Factum.Orbis Factor, Kyrie pour le couronnement d’Alienor d’Aquitaine, 1304, Ensemble Organum.Su la riviera, anonyme XIVème siècle, polyphonie vocale contenue dans le codex Rossi, Italie, Ensemble Oxyton.

Essaie de résumer chaque paragraphe en une seule phrase.

Réponse

Essaie de faire l'exercice par toi-même sur un brouillon. Tu peux relire un paragraphe en cliquant sur les numéros ci-dessous :

1

2

3

4

5

6

1. En 1348, la peste noire venue d'orient arriva à Florence sans que ni les scientifiques ni les magistrats ne parvinssent à l'arrêter. 2. Le simple fait de fréquenter les malades ou de toucher leurs affaires provoquait la contamination. 3. Les habitants de la villes abandonnaient les malades : certains s'enfermaient dans leurs maisons, d'autres en profitaient pour sortir, boire et s'amuser, d'autres encore s'enfuyaient à la campagne. 4. Sept jeunes femmes et trois jeunes hommes se donnèrent rendez-vous dans un magnifique palais à la campagne pour y passer agréablement le temps loin de la peste. 5. Pampinéa proposa que chacun soit désigné comme roi à tour de rôle pour organiser les journées et entretenir la joie, et c'est ainsi qu'elle fut élue le premier jour. 6. La reine réunit les jeunes gens dans un pré ombragé et proposa que chacun raconte une histoire afin que tout le monde puisse prendre plaisir à écouter, ce que tous acceptèrent gaiement.

Quelle est l’atmosphère du texte ? Plutôt sombre ? Plutôt joyeuse ?

Réponse

Essaie de répondre par toi-même à ces questions en relisant le texte dans son ensemble si besoin.

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Aide

La première journée du Décaméron de Boccace est-elle dominée par une atmosphère plutôt sombre, ou plutôt joyeuse ? Dans un premier temps, le contexte de la pandémie de peste noire plante un décor très sombre. Ainsi, l'impuissance des humains face à ce désastre est affirmée dès le début du texte : "poursuivant sa marche d'un lieu à un autre, sans jamais s'arrêter", "aucune précaution humaine ne prévalait contre elle", "en vain"... Dans le paragraphe 2, la comparaison avec un incendie incontrôlable donne la mesure de cette impuissance : "de la même façon que le feu quand on l'approche d'une grande quantité de matières sèches ou ointes." Les champs lexicaux de la maladie, de la mort, de la peur et du mal sont omniprésents : "enlevé une innombrable quantité de vivants", "malade", "le mal", "la maladie", "les germes", "mort commune", "peur", "cruauté", abandonnaient", "si grand mal", "cruel"... C'est donc une atmosphère très sombre qui envahit le texte dans les premiers paragraphes. Toutefois, la deuxième partie de l'extrait, à partir du quatrième paragraphe, se caractérise par la présence des champs lexicaux du bien être, de la beauté, de la joie et des plaisirs : "vert feuillage", "un palais avec une belle et vaste cour au milieu", "de merveilleux jardins", "des puits aux eaux fraîches", "des caves pleines de vins de prix", "la joyeuse compagnie", "plaisir", "toutes les fleurs que la saison pouvait produire", "divertir", "rire", "chanter", "joyeusement"... La description du lieu dans lequel les jeunes gens se réfugient correspond à celle d'un lieu paradisiaque (un locus amoenus) dans lequel ils organisent une vie commune destinée à entretenir la joie. Le récit de nouvelles à tour de rôle est choisi par tous comme l'activité "qui peut donner du plaisir à tous" (paragraphe 6). C'est donc une atmosphère à la fois douce et joyeuse qui domine à la fin du texte. Ainsi, le récit de cette première journée est marqué par une forte opposition entre d'une part la ville envahie par la maladie, la mort, et le mal, et d'autre part le palais merveilleux et ses jardins paradisiaques au sommet d'une colline, où les jeunes gens forment une petite société joyeuse, égalitaire et respectueuse de tous. Ce "locus amoenus" peut être interprété comme une métaphore de l'écriture elle-même qui permet à Boccace de prendre de la hauteur par apport à l'expérience vécue de la peste, et du plaisir que lui procure le fait d'imaginer et de décrire un refuge merveilleux pour ses personnages. On peut également interpréter ce lieu agréable comme la matérialisation du plaisir que chacun peut trouver, en toute circonstance, à raconter ou écouter des histoires, et du refuge que cela constitue.

Conseil 1 : Tu peux t’aider en relevant des champs lexicaux. Conseil 2 : Tu peux t'aider en montrant l'opposition entre la ville repoussante et le palais merveilleux. Conseil 3 : Tu peux proposer une interprétation de la métaphore du "locus amoenus".